Alicia n'aimait pas ce combat. Déjà elle n'aimait pas combattre tout court. Poignarder dans le dos, intriguer, arrêter, questionner, enquêter, menacer et intimider s'il le fallait, mais pas combattre. Il y avait toujours un facteur chance qui venait altérer les choses. Et Ranald n'était pas toujours de votre côté. Pour compliquer les choses, la personne qui lui faisait face était une véritable furie, une fanatique, peut être ulricaine au vu de sa réaction, qui semblait être prête à mourir pour sa cause. Foutus fanatiques. Impossible à raisonner.
Puis il y avait eu le coup de poing. Celui là, Alicia ne l'avait absolument pas vue venir. En plein dans le ventre; faisant plier en deux l'inquisitrice sous l'impact, lui faisant manquer son tir. Plutôt que d'abattre cette chienne de zélote d'une balle dans la tête, elle lui avait tirée dans la cuisse, pliée comme elle avait été par le coup dans son estomac. Ça et le fait que cette souillon se soit mise presque à poil dès le début du combat... Forcement ce corps plutôt agréable à l’œil, ces courbes tentantes... ça avait tendance à déconcentrer la slaaneshie. Ces douces formes, ce ventre plat, ces épaules minces, le tout avec ces cheveux de couleur changeante et ces ongles longs....
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ça lui disait quelque chose.... Quelques années auparavant oui.... Souvenirs souvenirs... Quand on leur enseignait les dangers du vieux monde, de ce à quoi ils auraient à faire face, traquer, combattre, et détruire... Bandits, mutants, sorciers, sorcier renégats, cultistes, déserteurs.... Et puis il y avait eu ce jour où, abattu par une fièvre d'enfer, leur instructeur avait été remplacé par ce dilettante de pervers tiléen qui leur avait parlé de sa "chaude et humide" bien aimée tiléenne, qu'il ne cessait de décrire en détail sans rien omettre du tout,.... Une si belle et douce chose dont on ne se lassait pas de la regarder, courtiser et caresser....
La terre de Tilée, ses joyaux et dangers, parmi lesquels on comptait divers saloperies que des hommes - et des femmes - meilleurs que lui même avaient du combattre.... Mais les pires, précisa-t-il avec son accent rageur qui lui donnait un air si comique avec sa petite moustache en balais brosse, c'étaient le "buveur de sangre", créature de mort et destruction, dont on ne parlait hélas jamais assez, même dans l'Empire, malgré le sort de la si proche Sylvanie.... Oui ! Le buveur de sangre, cette horreur maudite par Morr, avait manquée de détruire "el ame" de la Tilée. El nuestro qui fut responsable de si grand holocauste n'était pas venu d'el Norde, où se trouvent ces frusques et rachitiques barbares que sont les norses et les kurgans, mais des catacombes des "tombeaux anciens". Avides de la force des vivants, et non d'alcool comme toute personne sensée, ils étaient consumés par une rage sanguinaire et inhumaine, sans respect pour les conventions les plus élémentaires. Ces maledictores ne souhaitaient qu'une seule chose : la destruction de ce monde et des dieux ! Oui ! Ils osaient exiger qu'on les prie !
Ainsi, à la tête de l'ost de malheureux gisants pas assez bien protégés par les rites des prêtres du rêveur, ceux là arrachés des jardins du dieu, avaient marchés contre les vivants et portés le fer jusque dans les temples, et détruits de magnifiques cités du Sud....
Balayées les armées envoyées contre eux, terrassées et rejoignant les rangs, les héros bénis par la vierge à l'épée, et ne faisaient que renforcer les marcheurs qui se déversèrent sur la Tilée toute entière. Ils étaient dans les campagnes, dans les rues, sur les toits... Et même dans les antichambres ! Surtout dans les antichambres !
Mais par la grâce de Sigmar, ces impies furent balayés par les justes qui surent à temps s'unir, et surtout ne pas renoncer à lutter alors que tout semblait perdu, que combattre ce mal absolu d'apparence invincible semblait vain. Un mal d'autant plus terrible que ces créatures de la nuit étaient déguisées en humains. Oui ! De beaux atours, des belles faces, des corps de rêves, sans défauts, la conversation agréable.... Mais rien d'autre que des illusions que tout ça ! Car dessous se cachaient des bêtes moches et à abattre sans plus tarder ! Ils craignent le soleil, le feu, l'argent, la foy et le piment d’Espelette ! Surtout le piment d'Espelette ! Alors il faut en acheter, et, à défaut, s'armer de reliques s'il faut les combattre. Leur planter un pieu dans le cœur, et non entre les jambes, si l'on veut les tuer pour de bon. Brûler leur corps, non pas d'amour, mais de feu, pour les empêcher de revenir à jamais, et disperser les cendres aux 4 coins du monde dans des jarres fermées.
Et surtout. Surtout. SURTOUT ! ne jamais boire leur sang par accident, au risque d'en mourir en se tordant de douleur ! Jamais. Car leur sang est impie. Ils sont le mal absolu, et celui ci s'est incrusté dans leur chaire et leur sang.
Ils ne dorment pas, ne mangent pas, ne chient pas, ne sentent plus la douleur, sauf des blessures par la foy, le feu et l'argent, et leur vraie apparence est celle d'une bête inhumaine. Et pis que tout, ils se croient supérieurs et usent de maléfices noirs pour vous nuire. Ne les croyez jamais. Ils ne sont innocents de rien. Et s'ils le sont, alors oubliez votre haine, et contentez vous de les tuer, car leur nature abjecte les condamne à mort. Le repos éternel est la seule chose vraiment utile que vous puissiez leur offrir.
C'était à peu près tout ce qu'elle avait retenue de ce moment là, quand bien même c'était complètement à côté de ce qu'ils étudiaient sur le moment. Le reste, à propos de la cuisine, des mœurs et de la langue et des langues, elle n'en avait qu'un souvenir extrêmement lointain.
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"
Sigmar..."
"
Je t'ai dit de dorm...."
"
Ta gueule hérétique ! Tu ne sais ce que tu combats !!!"
Armée d'une résolution renforcée, celle des justes sûrs d'eux mêmes, la répurgatrice regarda cette chose impie qui lui faisait face. Elle devait mettre fin à ses souffrances.
Cesse de te débattre, laisse moi t'apporter l'absolution. Ce sera rapide. Ô pauvre chose, laisse moi t'emmener dans les bras de Morr, ô enfant de Sigmar.
Aussi incroyable que cela pouvait être, la zélote semblait réellement concernée par le bien de celle qu'elle pensait être une vampire, plutôt qu'une sorte de mutant ou autre, et c'était d'une voix douce, prononcée avec un visage plein de bienveillance, qu'elle lui disait ça. Alicia n'avait jamais eu autre chose à cœur que le bien de son prochain - tant que ce n'était pas un putain d'adorateur du chaos, un hérétique ou un salopard dont l'existence était une gageure pour l'Empire ou Sigmar - car elle n'était qu'amour et pitié envers les innocents. Et cette chose impie par sa nature, qui lui faisait face, qui l'avait attaquée, devait être horrifiée, effrayée de par le danger soudain qu'elle avait cru deviner en elle.
Souriant à cette infortunée du destin, comme une mère sourie à son enfant bienaimé, elle souhaitait sincèrement, de tout son cœur, mettre fin à ses souffrances, sa douloureuse existence dans le péché. Ce n'était là que faire preuve d'une pitié légitime. Vu qu'Alicia était encore en vie, son adversaire devait être trop jeune pour pouvoir avoir commit des actes encore trop maléfiques à l'égard du peuple élu. Sigmar était miséricorde. Il accordait une mort rapide et la moins douloureuse possible à ses ennemis. Quand il le pouvait. Et si ce n'étaient pas de saloperies d'hérétiques ou de cultistes à qui il ne fallait pas donner la mort que par le feu, après moult tortures.
La question était : la jeune femme face à elle saurait elle réaliser son erreur, et admettre la fausseté de son existence, acceptant ainsi la rédemption que lui offrait sincèrement la répurgatrice ?
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Tout en parlant, Alicia jette des pièces d'argent devant elle (histoire de pouvoir recharger tranquillement au tour suivant).