[Ludwig] Celui qui a vu l'abime

La Sylvanie inspire la peur dans le reste du Stirland. Depuis la sombre ville de Tempelhof, qui n'a pas eu de prêtre de Morr attitré depuis 800 ans, jusqu'aux contreforts des Montagnes du Bord du Monde, entre le bief de l'Aver et le Stir, la plus grande région du Stirland est un lieu de terreur et d'obscurité. On dit que les fantômes y évoluent en toute impunité à la nuit tombée parmi les collines Hantées et que l'épais brouillard des bois sylvaniens emprisonne parfois les âmes, les obligeant à y errer à jamais. La portion orientale de la province est la plus désolée, là où d'anciens châteaux noirs sont juchés sur leurs pics escarpés comme des vautours scrutant les villes en contrebas.

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[MJ] Le Djinn
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[Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

Le printemps arrivait doucement sur Averheim. Les branches nues laissaient paraître les premières feuilles et le gris-brun de l'hiver laisserait bientôt place à la verdure. La cité de l'Averland était connue pour être prospère et en bonne santé économique malgré une situation politique instable. Les maisons, commerces ou auberges étaient solides, en pierres renforcées par du bois de bonne qualité en provenance de la province. Prévues pour résister aux invasions des peaux-vertes, les fortifications et fondations se montraient costaudes, dures et inflexibles. Pour autant la ville n'était pas plate. Elle s'était en fait constituée sur les flancs d'une large colline solitaire sur laquelle trônait la forteresse de l'Averburg, véritable joyaux couronnant la ville. Le palais était sublime même de loin: un véritable bloc de pierre, capable de résister aux plus puissants assauts sans même broncher. Des tours rondes aux toits coniques s'ajoutaient à l'aspect martial, relativisant une fonction militaire depuis longtemps sous-utilisée pour venir à un caractère plus classique de lieu de prestige.

Nul doute que lorsque Ludwig entra il fût frappé, lui qui avait pourtant connu la belle Nuln, par la puissance qui se dégageait de l'ensemble. Certes, Averheim n'était pas aussi sophistiquée que la capitale du Wissenland, sans doute moins cosmopolite également à voir la proportion d'humains comparée à la population non-humaine, inexistante à l'exception de rares halfings et un ou deux nains. Cela ne suffisait heureusement pas à tarir l'admiration que le voyageur pouvait avoir pour cette cité fière et noble qui se dressait, arrogante face aux montagnes de l'Est. Dans les rues, pour renforcer le sentiment martial qui régnait en maître, de larges patrouilles de soldats en vêtements or et noir défilaient, lances au poing. Des yeux indomptables témoignaient d'un entraînement violent et rigoureux les rendant capables d'arrêter sans sourciller tout adversaire, quel qu'il soit. Les hommes de l'Averland n'étaient pas à sous-estimer, c'était de connaissance commune.
Perdu sans doute dans ce décors aux allures martiales, von Hoffenbach déambulait dans les rues. Il avait récemment terminé une difficile affaire avec une inquisitrice qui ne lui avait pas laissée que de bons souvenirs. Maintenant il cherchait à oublier, certes, mais surtout à avancer. Avancer vers un but connu mais dont il redoutait l'aboutissement. Il voulait rejoindre Leicheberg pour retrouver un être cher, perdu peut-être dans les ténèbres. Pour cette mission, Ludwig serait seul avec son épée, abandonné dans une zone hostile à tout ce que le monde avait pu produire de bon et de juste.

Mais la justice n'existe pas dans le Vieux Monde. Il n'y a que la loi du plus fort, du plus cruel, et les cris infinis de ceux qui étaient trop faibles pour accomplir leurs ambitions.
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Ludwig Von Hoffenbach
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

C’était donc ça Averheim ? Tant de péripéties pour arriver jusqu’à ce lieu ; une étape nécessaire dans son voyage vers la Sylvanie. Cela faisait plus d’un mois qu’il avait quitté Nuln dans le but de retrouver son père. Il avait mis bien plus de temps que nécessaire pour arriver ici. Visiblement le destin s’attachait à mettre des embûches entre lui et les retrouvailles avec son paternel. Même dans la meilleure pièce de Detlef Sierck il ne se serait pas retrouvé mêler aux affaires d’un réseau d’adeptes de Slaanesh, au côté d’une Inquisitrice un peu dérangée. A croire que, pour le pire et le meilleur, le destin était plus ingénieux et original que le maestro du théâtre.

Ludwig avait été utile à l’Empire et à ses habitants pendant cette période. Il avait sauvé un jeune couple des griffes d’esclavagistes. Avec Alicia, l’inquisitrice, ils avaient ensuite traduits en justice ces derniers. Malgré ces bonnes actions Ludwig avait l’impression d’en avoir fait trop peu. A son goût, Alicia en fait bien plus que lui pendant cette affaire. Les souvenirs douloureux de sa dernière nuit à Nuln l’avaient tourmentés à tel point qu’il avait perdu ses moyens à plusieurs reprises. Alicia l’avait remarqué. Qui ne l’aurait pas fait ?

Au fur et à mesure des jours, ses tourments avaient commencé à s’estomper. Bien qu’émises dans un but contraire, les révélations de Zania avaient contribuées, au même titre que le temps, à sa guérison. Malheureusement celle-ci n’était pas encore totalement acquise. Alors qu’il croyait voir la fin du tunnel du désespoir, la surface de la mer du tourment, une rencontre, une seule, l’avait fait replonger. Cette rencontre avait eu lieu dans un bordel mal famé de la ville de Wissenburg, Le Doux Baiser. Remontant dans la hiérarchie du réseau slaaneshi, Ludwig avait eu vent d’une rencontre dans ce lieu de perdition et avait décidé de jouer le trouble-fête. Quelle erreur !

La femme qu’il rencontra dans ce bordel avait bien plus de ressources qu’il aurait pensé. Ses qualités d’escrimeuse et sa beauté allait bien au-delà de ce qu’il avait imaginé. Malgré tout, ce n’est pas les qualités de cette femme qui l’anéantirent, mais bien son propre défaut. La pitié. A deux doigts de la vaincre il fut submergé par cette pitié et par l’envie de la sauver d’elle-même, de la sauver de la damnation. Red Karla, surement son pseudonyme, n’eut pas ces états d’âmes. La suite était très flou dans l’esprit de Ludwig. Mais il savait que c’était à ce moment que tout avait basculé. Après avoir plongé dans l’inconscience et les délires, il fut tiré de son coma par une étrange sensation. A cette époque, il n’en connaissait pas la signification. Ce ressenti était celui de la douleur extrême. Si extrême pour les nerfs saturés que celle-ci ne retransmettait que d’infimes picotements au cerveau. Ludwig prit conscience de l’étendue de son erreur lorsqu’il vit son reflet dans une glace. Sa joue droite avait été ravagée, à tel point que les muscles faciaux étaient en contact direct avec l’air de la pièce. Pour clore ce spectacle sanglant, une larme de sang avait coulé de son œil gauche, laissant une traînée carmin dans son sillage. Le destin était décidément bien meilleur dramaturge que Detlef Sierck. Deux ans auparavant, Ludwig n’aurait jamais cru qu’il vivrait de pareils événements.

Les heures après le duel contre Red Karla furent rocambolesques. Quittant la « maison des plaisirs » en flammes, Ludwig erra dans les rues désertes de Wissenburg à la recherche d’une aide, inespérée en cette nuit sombre. Il tituba plusieurs heures comme un ivrogne, chutant à plusieurs reprises, au fur et à mesure que la douleur le lançait. Quittant cette ville de malheur difficilement, il finit par s’écrouler sur un chemin de terre boueux en pleine campagne, terrassé par la fatigue, la faim et la douleur.

Les souvenirs de Ludwig après cette terrible nuit furent plus conséquents, comme si la femme qu’il avait combattue l’avait droguée une fois vaincu. Si elle avait voulu se faire oublier, c’était raté. L’image de Red Karla était marqué au fer blanc dans l’esprit de Ludwig.

Le lendemain, il ne se réveilla pas sur le chemin boueux ou il avait sombré, mais sur une paillasse plutôt confortable. A peine levé il fit la connaissance des gens chez qui il était hébergé, de vieux éleveurs d’Averland, du nom de Carolus et Magda. Malgré les atroces blessures de Ludwig, ils ne posèrent que peu de questions à Ludwig. Comme si ces derniers avaient confiance en ce gamin qui avait bien 40 ans de moins qu’eux. Aux soins de ces adorables paysans, Ludwig fut remis totalement d’aplomb en deux semaines. A chaque jour qui passait sa douleur au visage décroissait. La cicatrice, elle, ne disparaissait pas. Il allait surement devoir porter ce stigmate toute sa vie. Cette blessure était pour lui comme un rappel de la violence de la vie et du coût d’une existence au service des autres. Malgré tout, l’esprit de Ludwig n’avait pas été si clair depuis bien longtemps. La pitié qu’il avait eue pour cette femme, il ne la regrettait pas. Jamais il ne regretterait d’avoir retenu son coup. Son intuition lui avait dit que l’absolution était encore possible pour elle. La stratégie de Ludwig avait été dangereuse, mais elle s’était avérée payante. Red Karla ne l’avait pas tué. Elle avait fui, laissant derrière elle quelque chose. Un aveu. La confession de la présence au plus profond d’elle d’une étincelle de vie, de pitié, d’humanité. Ludwig n’avait fait que payé le prix qu’avait fixé la face sombre de Red Karla, la face sombre de l’humanité. Ce stigmate n’était rien comparé à la possibilité de sauver une âme de l’abîme. Cette abîme, il l’avait vu dans les yeux de cette femme. Il l’avait combattue et il la recombattrait si c’était nécessaire. La seule chose qu’il ne s’expliquait toujours pas était la larme sanguine qui avait traversé sa joue après le duel. Effets d’une drogue, dérèglement lacrymal, signe divin ? Loin d’accaparer son esprit, cette question restait toujours glissée dans un coin de sa psyché.

Bien qu’il devait reprendre la route en direction de Leicheberg, Ludwig refusa de quitter ses « hôtes », ses « sauveurs » sans un quelconque dédommagent. C'était pour lui une obligation morale. Les moments passés par ces paysans à le soigner devaient être payés. Les actes d'humanité n'étaient pas à sens uniques. L'individualisme n'avait pas sa place dans la société que Ludwig rêvait. Ainsi, il prit le temps équivalent à sa convalescence pour aider les vieux éleveurs dans leur vie quotidienne. Les laissant s’occuper de leur petit cheptel, il s’attela à couper du bois pour la cheminée et à faire quelques réparations dans leur vieille chaumière. Au bout d’un mois au côté de Carolus et Magda, Ludwig décida de leur faire ses adieux. Les remerciant chaleureusement, il les quitta ému par leur hospitalité.

La route jusqu’à Averheim fut longue, mais très paisible. Alternant entre marche à pied et navigation sur l’Aver, Ludwig arriva dans la capitale régionale pour le début du printemps. Après un hiver rigoureux, les bourgeons apparaissaient sur les branches nues des arbres. Les animaux eux se remettaient à leurs activités des beaux jours. La nature entière se réveillait.

Averheim était une belle ville. Bien plus que le racontait les conteurs des tavernes de Nuln. La rivalité entre le Wissenland et l’Averland devait être grande pour que ces derniers travestissent la réalité à ce point. La cité pourtant bien mois raffiné que son homologue du Wissenland, respirait un air de noblesse. La majestueuse forteresse de l’Averburg qui trônait sur les hauteurs de la ville accentuait ce sentiment. Les averlanders semblaient favoriser le fonctionnel au décoratif. Mais ils faisaient ça avec tellement de goût que l’ensemble était plutôt harmonieux.

Ludwig flâna dans les rues d’Averheim plusieurs heures comme l’auraient fait des altdorfers en repos en province. Il ne reviendrait probablement plus jamais dans cette ville, et il n’était plus à l’heure près. Ludwig prit donc son temps. Baissant son capuchon à l’approche de chaque patrouille de la garde, il n’attira l’attention d’aucune. Par simple mesure de précaution, il agissait comme si la nouvelle de sa désertion du guet de Nuln avait fait écho jusqu’ici. Ce qui était peu probable. Et même si c’était le cas, les autorités d’Averland n’en avaient surement rien à faire. Sa désertion n’était pas la seule responsable de son attitude. Par pudeur ou peut-être même par honte, Ludwig répugnait à dévoiler son visage meurtri aux passants. Symbole des atrocités qu’il avait pu voir, il préférait en épargner les gens.

Une fois ses flâneries terminées, Ludwig se mit en route vers le port fluvial de la ville. Afin d’accélérer son rythme de voyage, il avait en tête de trouver une embarcation qui l’emmènerait au moins jusqu’au aux portes de la Sylvanie. Peut-être qu’il aurait de la chance et qu’une le transporterait jusqu’à Leicheberg. Mais Ludwig en doutait, les embarcations à direction de la Sylvanie se faisaient rares. Seuls les convois militaires, les convois de première nécessité ou les fous allaient se risquer jusque dans cette province maudite. Sa sinistre réputation permettait à elle seule de tenir les curieux à l’écart.

Déambulant sur les quais, Ludwig enquêta sur la présence d’une embarcation en direction de la destination souhaitée. Restant discret, capuchon sur la tête, il usa plus de ses oreilles et de ses yeux que de sa bouche. La mission qu’il avait de retrouver son père devait rester secrète. Les gardes noires n’étaient pas particulièrement appréciées par les populations. Encore heureux que les révélations de Zania n’aient pas été publiques… En cas d’extrême nécessité, il avait cette lettre officielle au fond de sa poche. Mais… pas sûr que ça marche pour autant. Ludwig n’avait aucune idée de comment les gens d’ici percevraient une lettre officielle du Stirland, traitant d’un individu du Wissenland. Contrairement à ce qu’il croyait dans sa jeunesse, l’Empire était très loin d’être homogène et uni. Continuant d’arpenter le quai et d’admirer les flots de l’Aver, Ludwig se tenait prêt à saisir la meilleure occasion d’embarquer pour la Sylvanie.
Modifié en dernier par Ludwig Von Hoffenbach le 12 févr. 2019, 01:30, modifié 1 fois.
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

Les docks d'Averheim, comme toute zone commerciale qui se respecte, étaient composés d'une multitude de petites entrées et cales dans lesquelles des barques d'importance variable venaient accoster. Si l'Aver n'était pas aussi grand et puissant que le Reik, fleuve principal de l'Empire par lequel toutes les richesses transitaient, il n'en restait pas moins une artère importante du commerce national. On y échangeait de nombreuses denrées et objets: des vins de Bretonnie, des bières naines en provenance des Voûtes, des légumes ou des viandes de qualité variables venant des champs proches du cours d'eau ainsi que quelques autres produits particuliers. Parmi ceux-là, évidemment, on ne saurait oublier les fours à chaux, les carcasses des équarisseurs et le fumier d'origine humaine que l'on appelait communément en ville "culture du gong". Tout la partie Sud-Est rassemblait ces trois écoeurantes marchandises. Des fosses étaient creusées derrière les bâtiments pour que la chaux, l'urine, l'urée et les viandes en décomposition venant des chevaux abattus se mélange en un fumier de grande qualité qui serait ensuite utilisé par les pays, les tanneurs et les maçons. Il était très difficile de respirer quand on passait non loin et tout le Geruch Weg était envahi par des relents constants de pourriture et de moisissure. Les ouvriers portuaires affirmaient qu'on s'y habituait rapidement, surtout après quelques verres d'eau-de-vie au Cheval Blanc ou au Cochon Jaune, les deux tavernes les plus célèbres du coin, mais rien n'était moins sûr.

D'ailleurs une véritable armada de tanneurs évoluait près de ces lieux pestiférés. Un peu en amont de la ville on distinguait en effet leurs lieux de travail où ils battaient, frottaient et cousaient le cuir afin de créer des vêtements raffinés pour la bourgeoisie. Leur travail semblait trouver bien peu de compassion auprès des locaux qui voyaient davantage la puanteur envahissant le port que le travail difficile accompli par ces hommes et femmes expérimentés.
Laissant de côté les considérations économico-sociales locales, Ludwig put apprendre qu'il ne partait que peu de navires vers la Sylvanie. Au mieux un par semaine pour les bons mois mais le plus souvent il n'en partait pas plus de deux en un cycle lunaire. Il s'agissait surtout de navires contenant des denrées céréalières qui seraient échangées contre des métaux ou des tubercules endémiques, régulièrement des compagnies mercenaires et autres individus louches prenaient le large à ces bords, allant accomplir on ne savait quelle mission en ces terres maudites. D'ailleurs le dernier bateau était parti l'avant-veille avec à son bord une quinzaine de reitres lourdement armés. Sans doute allaient-ils exterminer une ou l'autre des horreurs de la région. Le prochain voyage aurait lieu dans deux grosses semaines, s'il n'y avait aucun accident.
Retrouvant sa solitude et ses pensées en ville, Ludwig eut la mauvaise surprise d'entendre, au détour d'une rue:


-"ATTENTION! A COUVERT!"

Un objet le percuta de plein fouet et le jeta au sol. Il sentit des pattes griffues tenter de lui retirer sa capuche et une sorte de pince partir pour lui arracher la peau en cicatrisation qu'il avait à la joue. Heureusement la masse sur son visage fût retirée avant que des lambeaux de chair n'aient été arrachés. Une voix paniquée lui répondit:

-"Sigmar, Sigmar, Sigmar! Il ne vous a pas raté!"

L'homme d'âge mûr qui parlait était relativement grand, plutôt bien vêtu même si sa tenue semblait plutôt faite pour la vie à la campagne qu'en ville. Il portait un épais gant en cuir sur lequel trônait tout en arrogance un superbe volatile au plumage beige et blanc. Un capuchon de cuir était posé sur ses yeux et une petite cordelette l'attachait au gant. L'inconnu passa la main gauche valide dans ses courts cheveux blonds et se massa le front qu'il avait haut.

-"Milles excuses mon brave, Sigmurd est ma dernière buse des Voûtes et il a tendance à s'échapper pour chercher à manger... Il ne vous a pas fait mal au moins?"

S'il le lui avait demandé, notre héros aurait su qu'il avait en face de lui le renommé Aivon, ancien fauconnier personnel de Marius Leitdorf, feu Comte-Électeur d'Averland. Désormais sans souverain à servir il officiait à présent comme entraîneur pour les nobles et bourgeois argentés de la cité...
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Les recherches pour trouver un bateau à direction de la Sylvanie s’avérèrent infructueuses. Les quelques dockers auxquels il avait adressé la parole lui avait confirmé ses craintes. Il n’y avait pas plus d’un bateau par semaine. Et le dernier étant parti l’avant-veille, il n’y en aurait pas avant au moins deux semaines. Trois quarts du flux fluvial partait à l’ouest vers le Wissenland, et au-delà, vers le Stir, le Talabec et le Reik. Le quart restant était à destination du Mootland, de la Sylvanie, et de villages dont personne ne connaissait le nom. Tout cela n’arrangeait pas Ludwig qui commençait à s’exaspérer des embûches qui se mettaient entre lui et les retrouvailles avec son père. Prenant son mal en patience, il abandonna momentanément ses recherches et se dirigea tranquillement vers le Cochon Jaune, une taverne qu’on lui avait précédemment indiquée. Cette dernière n’avait pas l’air d’être des mieux famées, mais il y trouverait bien quelque chose de bon à se mettre sous la dent. Alors qu’il s’y dirigeait, l’imprévisible le percuta ; littéralement.

Violemment heurté, Ludwig roula à terre alors qu’une masse de plumes et de griffes s’agrippait à son visage. Plus il se débattait, plus les serres folles de cette chose tentaient de lacérer son visage déjà ravagé. Il n’évita la blessure que grâce à l’intervention du maître de cette créature, qu’il identifiait désormais comme un rapace.


- "Sigmar, Sigmar, Sigmar ! Il ne vous a pas raté ! "

Ludwig se releva difficilement, sans l’aide du présumé fauconnier. Partagé entre l’envie de lui apprendre la politesse et de le pardonner, il choisit finalement la deuxième option. Du temps avait coulé depuis cette terrible nuit d’Ulriczeit ou il avait quitté Nuln. Lors des premières semaines sa colère et sa honte l’avait rendu d’une susceptibilité terrifiante. Alicia en avait d’ailleurs soupé de nombreuses fois. Aujourd’hui il regrettait un peu les sautes d’humeur qu’il lui avait faite subir. Cette sombre phase de sa vie était finie. Ludwig voulait rebondir ; sortir du carcan dans lequel il s’était enfermé. Et cela commençait par ne pas recracher ses propres échecs à la face des gens qui lui adressait la parole.

D’autant que le gaillard blond qui se tenait devant lui avait l’air plutôt avenant. Son expression faciale montrait qu’il était profondément désolé de l’agression surprise de son oiseau de proie.

- "Milles excuses mon brave, Sigmurd est ma dernière buse des Voûtes et il a tendance à s'échapper pour chercher à manger... Il ne vous a pas fait mal au moins?"

A l’évocation du nom de l’oiseau, Ludwig détourna le regard de l’homme pour le rediriger vers le rapace. Cet oiseau était magnifique. Il avait déjà vu au cours de sa vie des spectacles à Nuln avec divers rapaces, mais jamais d’aussi prêt. Peu de gens avait dû en voir d’aussi prêt s’amusa Ludwig, maintenant détendu. L’animal n’était pas très grand, mais il imposait le respect et l’admiration. Son regard n’y était pas pour rien. Perché sur les épaules de son maître, Sigmurd le regardait d’un air hautain, presque carnassier. A tel point qu’il aurait pu croire s’être transformé en musaraigne et que le rapace avait décidé de faire de Ludwig son goûter. Le magnifique plumage de cet oiseau contribuait aussi à la majestuosité de Sigmurd. Rarement il avait vu des rapaces entièrement plumés de blanc et de beige comme celui-ci. Ses épaisses plumes semblaient être comme un lourd manteau blanc porté pour atténuer la rigueur de l’hiver. Bien loin de n’être qu’un pitoyable oiseau d’apparat, Sigmurd montrait à qui voulait bien le voir, ses longues griffes effilées. Ces lames acérées devaient être un calvaire pour les rongeurs, les lapins et les petits mammifères de campagne.

- Euh, non, non, ça va ! Plus de peur que de mal on dirait, dit Ludwig en souriant franchement et en remarquant qu’on lui avait posé la question plusieurs dizaines de secondes auparavant.

Prenant conscience que son visage était à nu, Ludwig revêtit nerveusement son capuchon pour dissimuler son visage meurtri aux passants. Dans le cas de l’homme et de l’oiseau, c’était déjà trop tard, tous deux avaient vu l'horrible cicatrice qui parcourait sa joue. Par chance, le fauconnier ne semblait pas s'en émouvoir plus que ça. Rassuré, Ludwig enchaîna pour éviter les questions indiscrètes.

- Enchanté ! Je m’appelle Ludwig. Et vous êtes, demanda-t-il en lui tendant la main. Bien que regardant l’homme les yeux dans les yeux, Ludwig resta prudent au cas où l’oiseau aurait décidé de faire une nouvelle embardée en direction de son visage.

- Enchanté Ludwig ! Et encore désolé. Je m’appelle Aivon. Je suis l’ancien fauconnier personnel de Marius Leitdorf, le feu Comte-Électeur d'Averland. Maintenant, sans activité à la cours, je dispense mes conseils en matière de fauconnerie aux nobles et au bourgeois argentés de la cité.

- Eh bien, noble métier que vous avez là ! C’est bien la première fois que je rencontre l’un de vos semblables. Votre Sigmurd est magnifique, bien qu’il ne semble pas m’apprécier beaucoup ! Il est à vous ? Ou à un vos clients?

- Je ne suis ici que de passage, mais il semblerait bien que je reste à Averheim plus longtemps que prévu. Si vous avez le temps, je peux même vous proposer d’aller échanger autour d’un verre. Je cherchais justement un endroit où me restaurer, avant de faire connaissance avec le charmant Sigmurd ! Si cela vous en dit !

Il était pour l’instant bloqué à Averheim ; au moins pour quelques jours, au pire pour quelques semaines. Il n’avait dans l’heure rien de particulier à faire, et échanger avec les locaux ne pouvait être qu’un avantage. Peut-être qu’Aivon pourrait l’aider à trouver un navire vers la Sylvanie, notamment grâce à ses contacts avec la bourgeoisie et la noblesse. En attendant qu’il discute un peu plus avec le fauconnier, Ludwig préféra rester discret sur son identité et ses motivations. Échanger pour l’instant sur la fauconnerie lui disait bien. C’était un milieu qu’il ne connaissait pas du tout et cela promettait d’être enrichissant avec une personne de cette pointure. Attendant la réponse à son invitation, Ludwig s’amusa à penser que Sigmurd n’avait lui aucune envie d’échanger "fauconnerie" avec le jeune homme. La buse des Voûtes le regardait d’un air sévère, la tête légèrement inclinée ; c’était plutôt perturbant…
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

Le dénommé Aivon eut un large sourire devant l'enthousiasme de Ludwig à l'encontre de l'animal qui l'avait pourtant agressé quelques minutes plus tôt. Quelque part il avait l'habitude: nombreux étaient les habitants du cru à s'émouvoir devant la beauté de ses bêtes. Bourgeois comme paysans affichaient une joie envieuse devant la noblesse autorisée à se pavaner avec de telles beautés. Apprenant que son interlocuteur était nouveau en ville et cherchait un endroit où se restaurait, le fauconnier trouva l'excuse parfaite pour se racheter des bêtises de son animal.

-"Ce ne sont pas les tavernes et les auberges qui manquent à Averheim, mais pour le premier verre je vous invite chez moi, j'ai de quoi boire et il faut que je repose Sigmurd avant que ses parents ne s'inquiètent."

Reprenant un air populaire en sifflotant, notre homme invita d'un mouvement de la main le répurgateur en devenir à le suivre. Ils traversèrent rapidement la cité, ici ou là Aivon donnait un conseil ou une indication, par exemple:

-"La taverne du Rince-Cochon je ne la conseille pas, très mal fréquentée."

-"Tous les matins sur la place publique les femmes viennent laver leur linge à la fontaine, si vous aimez les ragots c'est là qu'il faut aller, même si la présence d'un homme les surprendra sans doute."

-"Vous saviez qu'il n'y a plus de dynastie régnante sur l'Averland? Même des années après la mort du comte on se pose toujours la question de qui lui succèdera..."

Au bout d'une vingtaine de minutes de marche le duo arriva enfin à la maisonnette du fauconnier. Un peu à l'écart des autres lotissements, non-loin du château-fort qui surplombait la ville, la demeure semblait très bourgeoise au premier abord, la demeure d'un aisé suffisamment riche pour se payer un logement sans frivolité superflue près de la demeure de ses maîtres. De nombreux piaillements provenaient d'une extension accolée à la demeure. L'endroit ressemblait à une grange mais en plus petite, on y accédait par une porte solidement fermée et des fenêtres épaisses empêchaient de voir ce qu'y s'y tramait tout en apportant un peu de lumière. A l'intérieur de nombreux perchoirs et pigeonniers pendaient du haut-plafond, laissant voleter quelques peu la myriade de volatiles présents. Aivon semblait d'ailleurs les connaître tous par leur nom, les houspillant ou les félicitant à la volée:

-"Marin, je t'ai déjà dit de ne pas voler dans les plumes de Myriam! Ah Foudre tu as bien guéri! Cassis, toujours à ta place, tu es bien sage aujourd'hui!"

Il y avait de nombreuses espèces différente mais tous les volatiles étaient des oiseaux de proie à l'oeil vif et aux griffes acérées. Les plus grands aigles dédaignèrent d'ailleurs Ludwig quand ils le virent entrer. De la même façon que Sigmurd ils affichaient un ostensible mépris envers ces hommes marchant sur la terre ferme, représentant sans doute la demeure du bas-peuple à leurs yeux habitués aux hauteurs.
Aivon ôta son capuchon de cuir à Sigmurd et le reposa près de deux grands oiseaux. Contrairement à leur progéniture majoritairement beige, ceux-ci étaient complètement noirs avec des marques rousses sous les ailes. Le fauconnier, ravi d'avoir quelqu'un à qui expliquer, entrepris donc d'éclarcir la chose:


-"La couleur du pelage change chez la buse des Voûtes quand elle devient adulte. Sigmurd est encore petit, il grandira dans quelques semaines et récupérera le teint de son père - le beau que vous voyez là, il s'appelle Magnus - en même temps."

Entendant que l'on parlait de lui, le paternel poussa un piaillement sonore. Aivon eut un large sourire, lui caressa le haut du crâne et passa par une porte dérobée pour laisser Ludwig rentrer dans la maison. L'intérieur était commode mais pas très argenté. Il y avait le nécessaire et un peu de luxe mais pas de quoi toucher même de près la richesse du mobilier noble. Aucun domestique d'ailleurs, ni personne d'autre dans la maison. Aivon appela quelques fois:

-"Mathilde? Mathilde, ma chérie? Bon, elle doit être partie au marché. Je vais nous chercher du vin, installez vous dans la cuisine."

Comme tout intérieur impérial qui se respectait, la cuisine était composée d'une table entourée de quatre tabourets, d'un réchaud avec une casserole, quelques linges en lin, une bassine pour récurer les casseroles ainsi que d'autres accessoires quotidiens tels que les verres et les couteaux. Du pain de seigle trônait au centre de la table, noir et brun. C'était attendu: on ne se séchait pas les mains avec une serviette quand on était pas noble, on se nettoyait les doigts sur de la mie de mauvais pain qu'on donnait aux cochons ensuite. Enfin, aux oiseaux dans le cas présent…

Aivon remonta rapidement, deux bouteilles à la main.


-"Alors qu'est-ce que ce sera? Du vin brut ou du cidre? Il m'en reste un fond!"
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Ludwig Von Hoffenbach
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Acceptant avec enthousiasme l’invitation d’Aivon, Ludwig suivit ce dernier dans le dédale de rue de la capitale de l’Averland, tout en l’écoutant attentivement. La taverne du Rince-Cochon, une taverne mal fréquentée ? Dommage. Il avait entendu des vieux dockers parler de la bière blonde de haute fermentation qu’il servait là-bas et elle avait l’air aussi délicieuse que costaude. Tant pis. Surement qu’Aivon aurait d’autres boissons aussi bonnes capables de lui rincer le gosier.

Débouchant sur une place publique, Aivon pointa du doigt un groupe de femmes rassemblées autour d’une fontaine. Avant toute explication, Ludwig compris qu’il avait à faire à des commères de la pire espèce. Ces femmes piaillaient plus fort qu’une douzaine de pintades. En plus de leur discussion très sonore, ces dernières jetaient des coups d’œil à tous les passants et tournaient la tête à chaque bruit suspect, comme si elles étaient à l’affût du premier potin venu. Toutes semblaient plus investies dans leur commérage que dans leur corvée de linge. Lorsqu’elles posèrent les yeux sur Ludwig, il ne put s’empêcher de sourire. Il n’y avait rien de plus amusant que d’observer ces pipelettes. Ludwig garda la localisation de cette place dans sa tête car ses femmes pourraient lui être utiles par la suite. Peut-être que l’une d’entre elle aurait une idée pour hâter son périple en direction de la Sylvanie.

Lorsque le fauconnier l’amena sur LE sujet politique local, Ludwig préféra répondre de façon courte et évasive. Il n’arrivait pas à cerner les orientations politiques d’Aivon, et tant qu’il ne le saurait pas, il ne s’aventurerait pas sur ce terrain glissant. Même si ce brave homme avait été au service de Marius Leitdorf, il ne connaissait pas son point de vue exact sur la famille Alptraum. Dans l’esprit de Ludwig, bien que ressortissant du Wissenland, sa vision politique pour l’Averland était claire. Du moins elle s’était éclaircie suite à son séjour à Wissenburg. Les manigances mises en place par les Alptraum pour évincer les Leitdorf étaient honteuses et dégoutantes. Le cas Rodric Eberwald s’était montré particulièrement révélateur des agissements ignobles de cette famille averlandaise.

Au bout d’une vingtaine de minutes, Aivon et Ludwig arrivèrent devant la maison du fauconnier. Au lieu de rentrer directement, Aivon l’emmena dans une dépendance d’où émanait de nombreux cris de volatiles. Lorsqu’ils poussèrent la porte de ce qu’il semblait être une volière, les piaillements s’amplifièrent. Diable, qu’est-ce qu’il y avait du bruit. Ces oiseaux faisaient même plus de boucan que les commères de la place. Incroyable ! Ces volatiles, des rapaces pour la grande majorité étaient d’une grande diversité et d’une grande beauté. Il y en avait des dizaines dans la pièce. Ludwig ne s’y connaissait pas en espèce de charognards, mais il pouvait aisément les différencier de par leurs caractéristiques physiques. Certains étaient tout noirs, d’autres bruns, d’autres beiges. La forme de leur bec et de leurs serres aussi, différait. Déambulant au milieu d’eux, Aivon les appelait par leur prénom, comme si il parlait à ses propres enfants. Le fauconnier était d’ailleurs impressionnant, il semblait connaitre le nom de l’ensemble des rapaces de la volière.

Après une dizaine de minutes de visite et de conseils ornithologiques, Aivon invita Ludwig à rentrer dans sa maison ; celle ou les rapaces ne vivaient pas en maître. Contrairement à ce que s’attendait Ludwig, l’intérieur n’était pas plus luxueux que ça. Soit Aivon était quelqu’un de modeste, soit la mort de Marius Leitdorf et son changement professionnel avait impacté ses finances. Quoiqu’il en soit, cette cuisine respirait la chaleur et la propreté.

Lorsque Ludwig prit place il remarqua au centre de la table du pain mis à disposition, non pas pour manger mais pour se laver les mains. Cette pratique était courante dans les milieux aisés de l’Empire, bien que le concept était totalement étranger à la très grande majorité des citoyens de ce vaste pays. Ludwig avait connu ça lorsqu’il était plus jeune. Mais face aux problèmes familiaux et financiers suite au départ de son père, il n’avait jamais revu un pain servant à cet effet. La dure vie qui fut la sienne dans sa seconde jeunesse lui montra l’idiotie de cette pratique. Des milliers de gens mourraient de faim dans l’Empire, et une minorité argentée se servait de pain pour s’essuyer les mains. Cela faisait partie des nombreux paradoxes que comptait l’Empire. Une fois le pain sali, il était jeté aux cochons. Le pain n’avait en fonction des classes sociales pas la même valeur. Si peu de considérations pour des denrées alimentaires écœuraient Ludwig. Mais il en était ainsi. Il n’était ni un dieu, ni un représentant du pouvoir, il ne pouvait pas faire changer les petites manies qui nuisaient à l’ensemble de la société.


- "Alors qu'est-ce que ce sera? Du vin brut ou du cidre? Il m'en reste un fond!"

- Je prendrais avec plaisir un verre de cidre. Il parait qu’il s’en fait d’excellents en Averland.

Aivon partit quelques instants avant de revenir, un pichet de cidre à la main. Tendant son verre, le fauconnier servit une généreuse rasade à Ludwig. Après s’être lui-même servit, Aivon et Ludwig trinquèrent avant de lever le coude. Ce cidre brut était de très bonne qualité ; un bonheur à boire. Une légère saveur de caramel semblait transparaître de ce liquide doré qui pétillait.

- C’est un excellent cru que vous me sortez là Aivon !

D’une qualité certaine, cela n’empêcha pas Ludwig de boire le cidre aussi rapidement qu’il buvait de l’eau. Cette errance de la matinée dans les rues d’Averheim lui avait laissé le gosier sacrément en pente. Toutefois, afin de ne pas se montrer grossier, Ludwig reposa le gobelet doucement sur la table et ne demanda pas à ce qu’on le reserve. Le fauconnier finirait de toute façon bien par lui proposer une nouvelle rasade ! Mais qu’une seule, hein ! Ludwig n’avait pas l’intention d’abuser. Il se devait de garder l’esprit clair ; la suite des événements en dépendait.

- Vous avez un sacré nombre de rapaces dans votre volière. Jamais de ma vie je n’en ai vu autant. C’est un animal plutôt facile à apprivoiser ? Du moins à dompter ?

Amorçant la conversation avec le fauconnier autour d’une boisson de qualité, le temps avec Aivon défila. Ils parlèrent bien entendu de fauconnerie et d’ornithologie. C’était un professionnel et un pédagogue, l’écouter parler était agréable. Au fur et à mesure du dialogue, la conversation glissait doucement vers des sujets plus personnels, plus délicats. Comme la politique dans l’Averland, les raisons de la venue de Ludwig à Averheim, son objectif de voyage etc… Bien que l’homme face à lui était très accueillant et sympathique, Ludwig n’était pas très à l’aise de discuter avec un quasi-inconnu sur ces sujets-là. Toutefois le jeune homme devait trouver une solution pour rester le moins de temps possible à Averheim. Glaner des informations était nécessaire.

- Comme je vous l’ai dit, je ne suis que de passage en Averland. Je dois aller jusqu’en Sylvanie. Ludwig laissa un blanc volontaire afin d’observer la réaction de son interlocuteur.

- Je me suis balader dans la matinée sur les docks et on m’as affirmé qu’il n’y avait aucun bateau à direction de la Sylvanie, avant au moins deux semaines. Ça ne m’arrange pas vraiment. Vous ne connaitriez pas des moyens qui me permettraient de relier la Sylvanie plus rapidement.
Sentant que le fauconnier allait finir par lui demander les causes de son voyage en Sylvanie, Ludwig tenta maladroitement de rabattre la conversation sur la politique et la vie d’Aivon.

- Cela fait près de dix ans que Marius Leitdorf a trouvé la mort au Col du Feu Noir. La suite pour vous n’a pas été très compliquée pour vous ? Que pensez-vous de la situation politique actuelle, ici ? Ne répondez pas, si vous n’en avez pas envie, dit Ludwig pas très à l’aise.

Voilà ! Ludwig avait hésité, mais il avait jeté le pavé dans la mare. En fonction de la réponse d’Aivon, peut-être que Ludwig pourrait l’aider. Il avait des informations secrètes, hautement stratégiques qui pourraient intéresser le fauconnier. Ludwig avançait toutefois prudemment car ces renseignements pouvaient chambouler l’ensemble de la scène politique régionale actuelle. Et en conséquence, elles pouvaient aussi lui causer de sérieux ennuis. Certaines personnes influentes de l’Averland seraient prêtes à verser d’importantes sommes pour que ces renseignements ne soient pas divulgués et soient enterrés six-pied sous terre. Son seul avantage était que personne hormis Rodric Eberwald n’était au courant que Ludwig et l’inquisitrice Alicia savaient. Eberwald n’était pas une véritable menace car les deux compères avaient pris des mesures afin de faire payer Rodric au centuple si ce dernier tentait quelque chose de fâcheux contre eux. Ici c’était différent, il n’avait pris aucune mesure pour se prémunir de la famille Alptraum, si celle-ci venait à savoir qu’il savait. Il devait donc rester sur ses gardes. Une lame signée de la famille Alptraum pourrait rapidement se retrouver entre ses côtes s’il agissait sans réfléchir.
Ludwig Von Hoffenbach. Voie de l'Inquisition. Répurgateur.

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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

L'humeur d'Aivon était sans doute au beau fixe après cette rencontre fortuite. Il parlait des rapaces et le faisait bien. On sentait la passion qui l'animait et l'amour qu'il avait pour ces nobles créatures. Il aurait pu passer des heures à discourir sur leurs techniques de chasses, leur intelligence individuelle ou leur instinct collectif. Quelque part il estimait que les oiseaux avaient à apprendre aux hommes, notamment aux impériaux. Evidemment de tels propos n'étaient pas franchement partagés par les intellectuels et les différents temples qui, au contraire, mettaient l'humain comme créature choisie par les divinités. Encore que les prêtres de la foi antique n'aurait pas reniés ce genre de propos.

-"Je pense qu'on ne peut réellement apprivoiser un rapace. Ils sont toujours fiers et indépendants dans leur esprit. Mais on peut apprendre à être acceptés par eux. A partir de là l'entraînement devient une affaire de temps et de confiance…

Par exemple, tenez, j'ai entraîné Magnus à chasser les petits mammifères et à les ramener entiers, ainsi je peux partager avec lui et m'économiser des frais de bouche. Il me considère un peu comme un parent qui s'occupe de lui en échange de nourriture. Une harmonie, en somme."


Les verres se faisaient remplir et vider à la suite, bientôt la bouteille de cidre fût terminée. Son degré d'alcool était faible mais déjà les joues devenaient rouges. Aivon se raidit quelque peu en entendant parler de la Sylvanie. Comme tous les averlanders il détestait cette province et s'en méfiait comme de la peste.

-"Franchement qu'est-ce que vous allez vous perdre en Sylvanie? Il n'y a rien là-bas à part la pourriture et la mort! Rien de bon n'est jamais sorti de cette province et rien de bon n'en sortira jamais, je vous le dis! Mais si vous tenez tellement à y aller, je dois dire qu'il n'y a pas de moyen plus sûr que la barque. Vous pourriez y aller à pieds, vous arriveriez sans doute avant le prochain départ, mais le chemin est terriblement dangereux, à tel point que plus personne ne l'emprunte. Entre les dangers habituels et les bandes de maraudeurs venus du Nord et restés après la défaite de leur armée, parcourir les voies terrestres seul relève du suicide pur et simple."

Pour appuyer son propos il se replaça, penché, dans le dossier de sa chaise, d'un air déterminé. Quand Ludwig laissa momentanément tombé et relança sur le sujet de la difficulté à vivre de son métier, Aivon se contenta de hausser les épaules.

-"Ce n'est pas la fortune d'avant, oui... Mais il y a toujours des riches aristocrates qui veulent s'essayer à la pratique de la fauconnerie et mes services se monnaient très cher. J'ai su garder une certaine réputation dans le milieu. Quant à la situation politique... J'espère juste qu'elle va s'arranger rapidement, quel que soit le prochain comte-électeur. Nous ne pourrons pas rester éternellement sans chef défini."

Le fauconnier ferma les yeux quelques minutes et se plongea dans ses pensées. Il hésitait sur quelque chose, mais quoi? Après une vingtaine de secondes il demanda le plus simplement du monde, avec un sourire:

-"Il semble que vous n'êtes pas prêt de partir! Que diriez-vous de m'accompagner demain matin pour l'entraînement des oiseaux? Vous pourriez me donner un coup de main et apprendre à les reconnaître. Au moins ça vous occuperait."
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Aivon n’avait visiblement pas de solutions pour accélérer le voyage de Ludwig. Les routes à destination de la Sylvanie étaient trop peu sûres et les convois fluviaux trop peu nombreux. Heureusement le fauconnier était de très bonne compagnie, il était fort sympathique et son cidre, merveilleux.

La discussion entre les deux hommes s’enchainait. A la déception de Ludwig, Aivon ne semblait pas particulièrement politisé. Il ne semblait pas non plus très hostile aux Alptraum. Il avait visiblement été le fauconnier de Marius Leitdorf par opportunité ou par hasard, mais pas par conscience politique. Laissant les velléités d’ingérence politique de Ludwig de côté, Aivon redirigea la conversation sur la fauconnerie. C’était bienvenu, au moins, le sujet n’était pas glissant. Voyant le jeune homme désœuvré le temps qu’un bateau parte en direction de la Sylvanie, le fauconnier lui proposa d’assister le lendemain à un entrainement avec ses créatures ailées. Ludwig accepta gracieusement. L’expérience serait unique et enrichissante, et qui sait, peut-être que les connaissances qu’il apprendra lui serviront dans le futur.

Les deux hommes continuèrent leur conversation ornithologique un sacré bout de temps. La discussion était passionnante. Puis, sentant qu’il se faisait tard, que la femme d’Aivon allait bientôt rentrer et que l’heure du dîner approchait, Ludwig salua le fauconnier et disposa.

Dehors, la nuit était sombre et plutôt fraîche. Resserrant sa veste, Ludwig s’aventura dans les rues d’Averheim en grelottant. Par chance, Aivon lui avait indiqué une auberge pas trop loin où il aurait un lit et un couvert convenable le temps de son séjour dans la capitale averlandaise. Le temps de prendre un succulent ragoût de porc aux carottes et Ludwig rejoignit son lit. La chambre était très confortable pour une auberge de ce genre. Il y avait un grand lit douillet, une solide table en chêne pour écrire, une chaise ; et même une grande vasque en pierre dans laquelle il pouvait mettre de l’eau pour faire sa toilette. Il ne nécessitait rien de plus pour son séjour ici.

Ludwig dormit d’un sommeil de plomb. Après des mois de nuits agitées et cauchemardesques, il commençait depuis quelques temps à voir la fin du tunnel. Les cauchemars se faisaient plus rares, plus flous, moins précis. Mais quoiqu’il en soit, une femme semblait être gravée sur la face intérieure de ses rétines. Dès qu’il fermait les yeux elle lui apparaissait, tel un fantôme venant hanter son âme mortelle. Toutes les nuits, avant de s’endormir, une silhouette baignée d’une clarté vespérale venait se rappeler à lui. Bien qu’il ne la craignait pas, elle l’angoissait. Red Karla… sa némésis.

Ludwig Von Hoffenbach. Voie de l'Inquisition. Répurgateur.

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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

-4 pièces de bronze pour ta nuit d'auberge!
Les coqs chantèrent à travers les rues à l'aube, comme il était coutume. Averheim s'éveillait avec le soleil, tardif à cette période de l'année. Dans l'auberge divers commerçants, artisans de passage et saltimbanques aisés descendaient au rez-de-chaussée pour prendre leur petit déjeuner. Une soupe d'artichauts était offerte aux voyageurs dès le matin et le fumet qui en sortait était loin d'être désagréable. Dehors il avait neigé et le pavé était devenu glissant. Les ordures étaient sous la glace, leur odeur putride contenue par le froid et le gel. Dans les rues les échoppes ouvraient l'une après l'autre, les propriétaires passant souvent un coup de balais sur le pas de la porte afin d'éviter les traces sur les sols. De-ci, de-là, quelques mendiants tremblaient dans la neige, certains ne bougeaient même plus du tout.

Aivon était déjà fort occupé quand Ludwig arriva devant chez lui. Accompagné de ses trois acolytes, Félix, Hector et Arnaud, il sortait les rapaces qui seraient entrainées pour la mâtinée. Avec un sourire il salua Ludwig quand celui-ci fût en vue.


-"Ah, Ludwig! Ca me fait plaisir que vous soyez venu! Nous sommes en train de sortir les volatiles."

Ce matin onze oiseaux auraient le privilège de s'exercer. C'est avec une joie manifeste que le fauconnier en chef les faisait sortir de leur volière, non sans les avoir encapuchonnées avant afin qu'elles ne puissent s'envoler.

-"Voyez vous, les petites visières que je leur fais porter les aveuglent, ainsi ils ne tentent plus de s'envoler. Il faut qu'ils s'y habituent un peu au début mais ça va de suite mieux après quelques séances..."

Il énumérait les races et les noms d'oiseaux alors qu'ils les sortaient. On pouvait compter sur Flèche la chouette norse* aux yeux profonds et perçants, Carreau le faucon pèlerin, Maara la mignonne autour, Ar et Kan le duo de frères busards Saint-Ulric**, Morgane la milan impériale*** ou Frederik qui devait régner sur la volière en tant qu'aigle royal avec son envergure énorme d'un mètre cinquante. On comptait aussi le Grand Duc, qui n'avait pas d'autre nom que le sien, un frère et une sœur busards pâles nommés Azriel et Noda et finalement Sigmurd qu'on ne présentait plus!

-"J'ai pensé que ce petit et vous étiez partis en mauvais termes hier, il est temps de rattraper ça!"

Pour s'exercer il n'y avait meilleur endroit que les forêts en bordure de ville. Elles n'étaient généralement pas habitées par des monstres, ceux-ci ayant été chassés, mais restaient assez proches pour que même un oiseau dissident puisse retrouver son chemin en cas de fuite. On transportait les animaux sur des espèces de portes-armures à longue barre horizontale sur laquelle les rapaces étaient attachés, par mesure de précaution. Les plaines et collines alentours étaient couvertes de neige mais quelques maisons surgissaient ça et là, la cheminée fumante. Une fois sur un endroit assez dégagé, Aivon attrapa un gant de cuir très épais et l'enfila, de même il attacha plusieurs petits sacs remplis de bouts de viande à sa ceinture ainsi que divers accessoires. Les oiseaux attendaient patiemment leur tour, forts habitués à l'exercice.

-"Nous voilà placés... Alors, pour vous expliquer Ludwig, grossièrement on peut dire qu'il existe deux types d'entraînements pour nos oiseaux. Le haut vol et le bas vol. Lorsque l'on parle de haut vol c'est que la proie sera lâchée à l'oiseau quand il est déjà en l'air, quand on parle de bas vol c'est que la proie est lâchée quand l'oiseau est encore sur le gant. Habituellement les grands et puissants oiseaux préfèrent le haut vol, les plus frêles et plus rapides en ligne droite le bas vol."

Pour prendre l'exemple du haut vol il attrapa Flèche par les pattes et lui rendit la vue. La belle chouette lui lança un regard assassin, preuve qu'elle détestait être ainsi jouée. Avec un petit sourire entendu Aivon leva d'un geste sec son gant sur lequel l'oiseau était perché. Flèche s'envola alors et fit des cercles ascendants dans les cieux au-dessus de son maître.
Connaissant son métier, Félix prit en main une fronde et plaça dedans un bout de viande. Il le fit tournoyer avant de l'envoyer en l'air à pleine vitesse dans un long arc-de-cercle. Vive et rapide, Flèche se laissa tomber avant de piquer vers sa nouvelle proie qu'elle attrapa et dévora dans un même mouvement en plein vol. La scène était magnifique, tout en maîtrise. Aivon afficha un air satisfait et tendit son gant de cuir sur lequel la belle vint se poser pour finir son repas. Le fauconnier lui reposa un capuchon de suite.


-"Voilà ce qu'on peut faire avec un oiseau un peu habitué. D'autres, comme Grand Duc ou Frederik sont bien plus avancés encore. A côté de ça Sigmurd est encore en affaitage, c'est à dire qu'on l'entraîne à bien réagir en entraînement, cela demande beaucoup de travail et il y a encore pour quelques jours avant qu'il ne soit fin prêt… Enfin, vous voulez essayer avec Flèche? Je peux vous montrer les bases. Ne craignez rien c'est sans doute la moins farouche du lot."
*Chouette lapone
**Busard Saint-Martin
***Milan Royal
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

La matinée allait être frisquette. Il avait neigé dans la nuit et la température était à l’heure actuelle toujours dans le négatif. Bien qu’emmitouflé dans sa cape et le visage protégé par son chaperon, le vent glacial et acérée traversait ses vêtements jusqu’à sa peau. Grelottant, la peau parcourue de chair de poule, Ludwig se dirigea d’un pas décidé vers la demeure du fauconnier. La journée promettait d’être fort enrichissante, il avait hâte que l’entrainement avec les volatiles débute. Il n’avait aucune foutue idée de comment procéder, mais il était persuadé qu’Aivon allait être un très bon professeur. Les rapaces étaient des animaux peu rassurants pour la majorité des gens. Mais le fauconnier était un vrai passionné et il n’y avait nul doute qu’il ferait sortir le meilleur de ses oiseaux. Ludwig comprendrait alors peut-être pourquoi Aivon les aimait autant. De ce qu’il avait vu la veille, le fauconnier s’occupait de ses rapaces comme de ses propres enfants. Il subvenait à leurs besoins, il les éduquait, il les protégeait et il les chérissait. Ce niveau de passion pour les oiseaux était à la fois original mais aussi très touchant.

Lorsqu’il arriva chez son professeur pour la journée, ce dernier était occupé à sortir les rapaces de la volière avec trois collègues. Ses employés appris le jeune homme par la suite. Quoi qu’il ait pu arriver à Aivon après la mort de Marius Leitdorf, la santé financière de son entrepreneuriat était restée conséquente. Les trois gaillards du nom de Felix, Hector et Arnaud avaient visiblement de bonnes connaissances en fauconnerie, même si ils n’arrivaient pas à la cheville du maestro des oiseaux. Alors que les quatre hommes continuaient leur besogne, Ludwig resta à l’écart ne sachant pas trop comment se rendre utile. Il n’avait pas le gant nécessaire à la prise d’oiseaux. Les serres des rapaces étaient beaucoup trop acérées et c’était un coup à ce que sa main ressemble à sa joue droite. Sans possibilité d’aider, Ludwig ouvrit grand ses oreilles et entreprit de mémoriser le nom de tous les oiseaux du fauconnier en écoutant les conversations des professionnels. Par chance, qu’une dizaine furent sortis de la volière. Le seul que Ludwig reconnut avec aisance fut Sigmurd, son agresseur de la veille.

L’entrainement des oiseaux nécessitait de grands espaces. C’est ce pourquoi le petit groupe sortit de la ville afin de se poster dans la campagne environnante. Les alentours étaient magnifiques sous ce manteau neigeux. L’hiver avait été humide, mais doux dans l’ensemble. L’empire avait peu souffert du froid cette année. C’était d’ailleurs sans doute une des dernières gelées de la saison. Du moins il l’espérait pour les paysans car les bourgeons et les feuilles commençaient à peupler les branches nues des arbres. De fortes gelées pendant encore quelques jours pourraient mettre en danger les cultures fruitières et viticoles du pays.

L’exercice débuta. Aivon fit une démonstration à Ludwig pour lui apprendre les bases. Même si le jeune homme n’y connaissait rien, il pouvait voir que la maitrise du fauconnier était parfaite. Flèche, la chouette norse exécuta parfaitement la manœuvre qu’avait initié son maître. Après son vol, elle retourna sur l’épaule de son maître afin de finir le repas qu’elle avait agrippé en l’air. Ludwig sourit face à un si beau spectacle, jusqu’à ce qu’Aivon lui demande de le reproduire. Ludwig acquiesça en bégayant tandis que le fauconnier lui donna le gant nécessaire à la prise de Flèche. La chouette norse avait un regard peu avenant, qui était visiblement caractéristiques de son espèce. Son visage large, son bec acéré et ses grands yeux verts écarquillés auraient pu faire fuir les dieux du chaos eux-mêmes s’amusa Ludwig. Etrange que le chaos ait une telle emprise sur la Norsca d’ailleurs, avec de telles créatures dans les bois. A moins qu’il y en ait des pires…

Trêve de divertissement, Ludwig devait se lancer et ne pas se déconcentrer. Flèche pesait son poids. Le jeune homme ne se serait pas attendu à ce qu’un oiseau soit aussi lourd. Ludwig tenait la chouette d’une manière assez cocasse. Pas très rassuré et rechignant à approcher la créature de son visage, il la tenait à bout de bras, le plus loin possible de sa joue. Juste au cas où celle-ci aurait de mauvaises idées ! Ludwig voulait tenter la technique de haut vol, celle qui pensait être la plus utilisée pour la chasse aux petits mammifères. Le jeune homme laissa la filière attachée aux jets afin de se prémunir de toute mauvaise surprise. Avec cette précaution, Flèche ne pouvait s’échapper et la tentative de Ludwig ne pouvait pas finir en fiasco total. Heureusement, la chouette semblait docile. Prenant une grande inspiration, l’apprenti fauconnier tendit son bras devant lui afin que l’oiseau s’envole vers le ciel. Aivon attendait que Flèche soit stationnée dans les airs avant de lui lancer le morceau de viande rouge qu’il avait placé dans sa fronde. Ludwig avait essayé d’imiter le geste du fauconnier du mieux qu’il pouvait. Mais même lui pouvait voir que son geste manquait de finesse, de technique. Mais bon, tant que le résultat y était. Il aurait tout le temps d’affiner sa maîtrise par la suite.
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