Alors qu’ils se plaçaient face à la rue, près à déchaîner la fureur alchimique sur les hordes qui tenteraient de forcer le passage et au besoin, paré à se replier derrière la ligne de guerriers des clans, ou à aller renforcer un autre point sensible de ce secteur. Pendant ce temps, les Brise-fers de la cloches se relayaient toujours, tout en guettant du haut du clocher les éventuels troupes ennemies ou traîtresses, passant d’un registre à l’autre et alors que les dracs se mettaient en place, le célèbre chant de « C’était la fille d’un Halfling » envoyait ses notes dans les airs, et avec deux-cents soixante couplets, elle risquait de tenir encore un bon moment, même si les vivants éloignés ne l’entendront pas et que les morts ne s’y intéresseront pas.
Hagin et ses nains, éloignés du reste de leur unité entonnaient tristement mais avec détermination, un chant pour exalter la célèbre endurance de leur légendaire peuple:
Oh Dawi, si tu savais
Tout le mal que l'on nous fait.
Oh Dawi, si je pouvais
Toute nos rancunes, les solder...
Même si le chant n'avait cette douleur que pour lui, il ne pouvait s'empêcher de songer à la chute de Khazad d'acier, la forteresse de son clan, son foyer. Le clan tout entier, ainsi que les familles de mineurs avaient fait un choix simple, mais si tragique. La forteresse ancestrale des Murdacier avait pris le parti de se sacrifier pour couvrir la fuite des derniers nains, et jusqu'au bout, ils luttèrent, côte à côte, haches et pioches dressées dans un ultime affrontement contre la mort elle même, un affrontement perdu d'avance. Durak tomba sur les remparts, sa tête décapitée roulant aux pieds de son fils aîné, Dwimbar, qui tentait de protéger son propre fils Thorak avec l'aide de sa femme. Snorri gisant une arquebuse à la main et Kuvi, Kuvi qui mourut taillée en pièce par la horde après qu'elle ai plantée la lame de sa pioche dans le crane d'une liche, ralentissant à peine la horde funèbre.
En repensant à ces horreurs, à ces rancunes inassouvies, la rage monta une fois de plus dans la gorge du dernier des Murdaciers et aux chiens nécrotiques souhaitant la fin des vivants au profit de la non-mort, à leurs osts déliquescents, il n'avait qu'une seule offrande, qu'un seul adieu:
- "Hache levée, barbe dressée! Subissez le courroux des Murdaciers!"
"Kazuk Kazuk Kazuk"
Posté près de ces rangers et de ces guerriers nains, dont les clans s'affichaient avec une fierté presque insolente en ces temps de malheur sur des boucliers bariolés de couleurs et d'emblèmes endémiques au peuple souterrain, le seul ayant droit à ce titre. Il n'avait aucune confirmation de son intuition, mais ses poils se hérissaient et ce n'était pas du fait des morts. Parfois, au travers de la brume, il voyait une forme se faufiler, ça et là, sifflant et instinctivement, il empoignait sa hache. Il y avait des skavens dans cette ville et on entendait au loin les hurlements gutturaux d'infâmes grobis. C'était peut être la fin des temps, mais il y a toujours des rancunes à assouvir...