[Geralt] Le Démon de Fiel

Les Plaines Sombres couvrent la majeure partie des Terres Sombres. C'est par là que le passage vers Cathay et Inja est le plus facile, mais pas le moins risqué.

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[MJ] Le Grand Duc
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Message par [MJ] Le Grand Duc »

Le soleil n'était pas encore levé mais une couleur pâle colorait déjà le ciel tandis que les lunes jumelles disparaissaient peu à peu. On pouvait facilement penser que c'est à cette heure ci, entre chien et loup, que les Sentinelles étaient le plus calme. Mais bien au contraire, l'endroit fourmillait d'une activité plus fiévreuse encore qu'à l'ordinaire, car c'est à l'aube que les caravanes reprenaient la route. Ce matin, c'était le maître-marchand Donatello di Morisini et sa suite qui étaient sur le départ pour le Vieux Monde, avec quelques deux cent mules, chameaux, yaks et chariots chargés de marchandises exotiques et de vivres pour le voyage. Cet impressionnant convoi était encadré par de nombreuses compagnies de mercenaires et d'aventuriers, des hommes prêts à tout pour récupérer quelques miettes des recettes démentielles qui allaient être générées si tous les biens arrivaient à bon port. L'expédition charriait également son lot de commerçants, d'artisans, de diplomates et d'agents divers. Cette caravane extraordinaire ressemblait à une ville mouvante en pleine effervescence et dont les habitants vérifiaient une dernière fois leur équipement et leurs affectations avant de prendre la route. Ils étaient si nombreux qu'ils occupaient toute l'aire d'entrée des Sentinelles à eux-seuls et Geralt et ses compagnons durent slalomer entre les mercantis et les bêtes de somme pour se mettre en chemin.

Car l'heure était aussi au départ pour les chasseurs. Les directives du Loup Blanc avaient été suivies à la lettre, comme d'habitude. Klaus avait acheté des mules pour faire office de monture et un yak pour le bât, avec l'assurance d'être remboursé de moitié si il ramenait les bêtes en bon état à leur ancien propriétaire. Il avait aussi emmené son chien, un petit roquet au poil rêche répondant au nom de Karl-Franz. Cet animal était détestable à bien des égards et semblait partager le mauvais caractère de son maître, mais son flair et ses dons de pisteur en avaient fait un atout de valeur lors des contrats précédents. Amar, quant à lui, s'était procuré les toiles de la Drakwald dont il avait parlé la veille, ainsi que la chaîne commandée par Geralt. Cette dernière avait été assemblée toute la nuit durant et avait coûté une petite fortune, car un maillon sur trois était en argent. Hirohito avait fait un passage dans les différentes échoppes d'apothicaires et d'alchimistes que contenaient les Sentinelles. La plupart de ces commerçants étaient des charlatans, mais le nippon connaissait les bonnes adresses. Il revint avec ce qu'il pu glaner : deux fioles supplémentaires de feu liquide, trois bombes à fumée, des bandages et des onguents ainsi qu'une petite collection d'antidotes contre le venin des scorpions, serpents à sonnette et autres bestioles qui rôdaient dans les environs. Le mystérieux guerrier s'excusa de ne pas avoir trouvé plus de matériel mais présenta tout de même à Geralt trois espèces de seringues en bois noir. Selon celui qui lui les avait vendu, il suffisait de se piquer le bras avec et d'appuyer sur le piston pour qu'une substance se répande dans le sang et décuple momentanément la vitesse et les réflexes. Mog, enfin, s'était simplement présenté avec une carcasse de porc écorchée et ouverte en deux négligemment jetée sur l'épaule. Il pria ses collègues de noter la maîtrise dont il faisait preuve pour ne pas l'engloutir d'un coup, et il feignit de ne pas se rendre compte qu'il manquait un jambon sur l'animal.

C'est ainsi qu'ils se mirent en route vers le Sud et s'enfoncèrent dans les canyons rouges et poussiéreux du Désert Hurlant. Sartak le hobgobelin les guidait, monté sur son loup géant. Le peau-verte restait à distance du groupe, montant et descendant la piste. Il disparaissait parfois pendant plusieurs heures pour réapparaître au détour d'une ravine ou d'un escarpement rocheux. Venaient ensuite les humains de la bande montés sur les mules et flanqués de Mog le Tranchoir monté sur son fidèle rhinox, Grugru, que le colosse dirigeait à coups de baffes. Les cavaliers encadraient ainsi le yak de bât qui portait les vivres et le matériel, dont trois tonnelets de poudre noire.

Les deux premiers jours du voyage furent longs et assommants. Seuls au milieu de ce territoire inhospitaliers, les chasseurs étaient la proie de l'ennui et des vents cinglants. Ils se couvrirent le visage, la tête et les épaules dans de vastes chèches pour se protéger des rafales de poussière et de la morsure du soleil. Les nuits, à l'inverse, étaient glaciales et il fallait s'abriter dans des renfoncements rocheux pour échapper aux bourrasques. Tous se serraient alors auprès du feu, à l'exception de Sartak qui dormait comme un animal, roulé en boule contre son loup dans un creux non loin. Mais les hommes de Geralt étaient aguerris et supportaient sans mal ces conditions extrêmes. Ils parlaient peu, concentrés sur la suite à venir, et avalaient leur dîner avant de désigner les quarts de guet et d'aller se reposer dans leurs couchages en cuir rembourrés de laine.

Ils n'en étaient pas à leur première sortie. C'était une compagnie dure et austère, car la franche camaraderie était réservée aux soirs de taverne. Ici, dans les étendues sauvages et arides du Désert Brûlant, seuls survivaient ceux qui faisaient preuve de résilience et de professionnalisme. Cette tension permanente laissait peu de place aux plaisanteries ou à l'étourderie. C'est ainsi qu'Amar arrêta Crispin au dernier moment alors que ce dernier allait se glisser dans son sac pour dormir, le premier soir. L'arabéen attrapa le couchage et le retourna avant de l'agiter vivement, faisant tomber sur le sol une dizaine de petits scorpions noirs. Il les écrasa méthodiquement et secoua la tête avec condescendance en regardant le jeune sorcier, lui lâchant quelques mots dans sa langue natale qui n'avaient certainement rien d'amicaux.

Crispin, au demeurant, faisait preuve d'une détermination remarquable pour un bleu. Il ne s'était pas plaint une seule fois, se rendait utile dès qu'il le pouvait et apprenait vite. Observateur, il comprit rapidement, par exemple, qu'il valait mieux se servir dans les vivres prévus pour la soirée avant que Mog ne passe par là – son estomac criant famine toute la nuit durant l'ayant probablement aidé à arriver à cette conclusion. Le jeune homme prenait l’initiative de desseller les mules et débâter le yak lorsqu'il était temps de monter le camp. C'est aussi lui qui s'occupait de trouver du bois et d'allumer le feu, faisant naître ce dernier d'un simple effort de la pensée. Klaus n'aimait pas le voir utiliser la magie, arguant que cela le mettait mal à l'aise, tandis que l'ogre grommelait quelque chose comme "le feu c'est sacré, petit homme devrait pas y toucher, ça va faire des histoires". Toutes ces activités ne manquaient pas d'épuiser la nouvelle recrue, aussi dormait-elle à poings fermés, quand bien même Mog n'était pas loin et ronflait plus fort encore que son rhinox.

C'était la deuxième nuit dans le désert et, si l'on en croyait leur guide, les marécages n'étaient plus qu'à quelques lieues. Bientôt, ils entreraient sur le territoire du Démon de Fiel. Pour l'heure, tous dormaient sauf Geralt et Hirohito. C'était le quart du premier, et le second lui tenait simplement compagnie, assit en tailleur, son sabre posé sur les genoux. Cela faisait plus d'une heure qu'ils étaient assis sans parler de part et d'autre du feu, le regard perdu dans les braises et l'esprit seulement perturbé par les ronflements de la troupe et les cris des animaux nocturnes qui évoluaient autour du campement.

- "Le petit tient le coup." dit simplement Hirohito, brisant le long silence qui s'était installé entre les deux chasseurs. Il jeta un regard vers la forme endormie de Crispin, et sur laquelle sommeillait sans gêne aucune l'irascible Karl-Franz. "Peut-être ne t'es-tu pas trompé sur son compte. Le feu est vivace en lui. Il a de l'ambition."

Il y eu un ricanement non loin, et le nippon ramassa lentement un caillou pour le lancer vers l'origine du bruit. Une hyène couina quelque part dans l'obscurité et le calme revint rapidement.

- "Ce n'est pas l'or qu'il veut, c'est l'aventure." Ses yeux en amande se vissèrent dans ceux de Geralt. "Toi non plus ce n'est pas l'or que tu veux, Loup Blanc." dit-il. Il semblait y avoir une interrogation dans son affirmation.



Pour ce qui est du Désert Hurlant, je l'imagine un peu comme la Monument Valley aux Etats-Unis : rocailleux et rouge.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Geralt
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Message par Geralt »

Ainsi donc, comme l'avait convenu Geralt, ce fut aux premières lueurs du jour, que le groupuscule du loup blanc se mit en route, quittant les douceurs exotiques des sentinelles pour se confronter au dur climat du désert hurlant.
Désormais la vie et l'activité que l'on pouvait trouver aux Sentinelles, laissa peu à peu place à un paysage lunaire, d'où émanait un silence constant et inquiétant, seulement brisé par les brides du vent.
En ce lieu, tous étaient mortels et dangereux... charognards, serpents, scorpions... une faune qui, pour les non initiés, pouvait causer votre perte.
Le groupuscule progressa donc dans ce sinistre décor, à dos de monture, obligé de batailler face aux éléments, le sable couplé au soleil ardent, brûlant et irritant leur peau. Heureusement les chasseurs de monstre étaient des habitués du désert, mais pourtant, tous et Geralt comprit avaient appris à quand même le craindre, ne relâchant jamais leur attention, car ici le danger était omniprésent et le jeune Crispin en avait été le premier témoin, lorsque désireux de se reposer dès que possible à la première nuit passé, sa vie fut sauvé par Amar qui agitant le sac de couchage du jeune sorcier, en fit sortir quelques scorpions, ayant profités de seulement quelques minutes d'inattention et ainsi pouvoir si faufiler.

Dans tous les cas, le mage de feu, malgré les appréhensions que lui portait une majeur partie du groupe, quand à son manque d'expérience, parvenait néanmoins à plutôt bien s'adapter à sa nouvelle situation. Malgré les aléas du voyage, jamais on ne l'entendait se plaindre, et il était aussi volontaire que désireux d'apprendre, tout ce qui peut être un jour, lui sauverai la vie.
Son comportement confortait donc les premières impressions du loup blanc, à savoir qu'il avait donc bel et bien entraperçu un potentiel certain chez le gamin.

Désormais seul l'avenir pourrait décider, si la flamme que le chevalier renégat avait vu en Crispin, parviendrait à se transformer un jour en un véritable brasier.

Ce fut lors de la seconde nuit que par ailleurs, Hirohito confirma lui aussi avoir décelé chez le mage ce même potentiel. La flamme de la volonté et de l'ambition brûlait en lui, animé par une jeunesse désireuse de croquer une vie d'aventure... un sentiment que Geralt avait sans doute bien connu des années auparavant, et cela le guerrier Nippon ne se gêna pas de le faire remarquer indirectement à son camarade aux cheveux blanc.

Ce fut donc autour d'un feu de camp, dans les ténèbres de la nuit et sous la surveillance des étoiles, que les deux combattants s'engagèrent dans une enrichissante conversation.
Comme première réaction, les paroles de Hirohito firent sourire Geralt tandis que son regard se perdait devant les flammes dansantes du brasier.


«Comme à ton habitude Hiro... Ta perspicacité est sans doute ce que je préfère chez toi»

Prenant un bâton au sol, il trifouilla le cœur du brassier pour en raviver les braises

«Tout le monde sait que l'argent ne m'intéresse pas... en deux ans, je suis parvenu à me faire un nom dans cette sombre région, la plupart des richesses récoltées auraient sans nul doute permis de me voir vivre de beaux jours et de construire quelque chose... et pourtant... je dépense tout ce que j'ai dans des femmes, de l'alcool, de la drogue... simples plaisirs de la vie ? Absolument pas... ce sont pour moi les seuls moyens d'échapper à mes propres fantômes»

Il se perdit alors dans les limbes de son esprit, se remémorant la vie qu'il avait pu avoir, avant celle ci...

"Ce que je veux... je n'en sais rien... l'amour ? La mort ? Un nouveau foyer ? Une nouvelle vie ? Une raison d'être ? Qu'est ce qui m' anime encore réellement ?... Si tu connais quelqu'un capable de me répondre, je serais heureux de l'écouter."

Il afficha un sourire à Hirohito, avant de reposer son regard sur le jeune Crispin endormi.

«Le gamin à tout pour réussir, du talent, de l'envie... il connait aussi la souffrance et la cruauté de la vie, les marques sur son visage et son regard ne trompe pas... mais nous connaissons tous le jeu injuste de la destinée. Arrivera t'il à devenir quelqu'un ? L'avenir le dira.»

Instinctivement, l'un des poing de Geralt se referma, ses paroles refaisant émerger en lui, le douloureux souvenir de la perte de Nathalie, jeune Bretonnienne, à qui il avait voulu faire rejoindre l'Ordre de la couvée du corbeau, du temps où il en était lui même encore membre. Mais la destinée prometteuse de la jeune femme avait été brisé en quelques secondes... en grande partie par la faute du chasseur de monstre...

Laissant alors s'écouler de longues minutes de silence, ce fut cette fois Geralt qui se permit de le briser à nouveau.


«Ainsi donc.. une fois ce travail terminé, tu en finiras avec cette vie pour rentrer chez toi... Je pensais que les hommes comme nous, n'avaient nul par où rentrer ? On ne pratique pas la vie qui est la notre, au sein des Sentinelles, quand quelque part... un foyer nous attend... Ai je tort ?

Malgré les bonnes relations qu'entretenaient les deux hommes, chacun ne connaissait presque rien du passif de l'autre. Était ce le bon moment pour en savoir plus sur Hirohito ?! La curiosité du loup blanc lui faisait penser que oui :

«Tu n'as jamais racon... ou plutôt je ne t'ai jamais demandé quel était ton histoire ? Tu es tout de même très loin de ta terre natal, plus que moi d'ailleurs.»
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 06 oct. 2018, 21:20, modifié 2 fois.
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Re: [Geralt] Le Démon de Fiel

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Hirohito écouta Geralt sans l'interrompre, resserrant son châle autour de sa nuque. C'était un homme calme et discret, qui ne parlait que lorsque il avait quelque chose à dire. Peut-être avait-il deviné le trouble qui habitait le cœur du Loup Blanc et l'engageait, par sa remarque à priori anodine, à se poser les bonnes questions pour mieux se connaître lui-même.

Lorsque son interlocuteur lui rendit la pareille, le nippon répondit tout d'abord avec un long silence, un de plus. Son regard plongea dans les braises rougeoyantes tandis qu'il réfléchissait, éternellement impassible.

- "Tu n'as pas tort, Loup Blanc." finit-il par dire. "Aucun foyer ne m'attend."

Il défit machinalement le chignon qui retenait ses cheveux poivre-sel pour le renouer plus proprement, un geste que Geralt l'avait vu faire des dizaines de fois. Il y avait en Hirohito une rigueur du corps et de l'esprit qui était rare chez les mercenaires que l'on pouvait rencontrer aux Sentinelles ou même dans le Vieux Monde. Là où ces derniers étaient généralement sales et grossiers, le nippon était toujours respectable. Lorsqu'ils s'adonnaient aux pires excès les soirs de paie, Hirohito s'isolait pour méditer, assis en tailleur loin du vacarme des tavernes. Il était cultivé et raffiné, et seules les longues traques dans les étendues sauvages semblaient avoir un effet sur lui, lorsque des traits fatigués lui barraient le visage et qu'une barbe de quelques jours lui rongeait les joues.

Mais le nippon était aussi un redoutable combattant, faisant preuve d'une fureur et d'une absence totale de pitié qui pouvaient en déconcerter plus d'un. Au combat, il maniait son sabre avec une légèreté inouïe, déployant une agilité et une rapidité à faire pâlir le plus véloce des elfes. Geralt l'avait vu massacrer à lui seul une bande entière de bandits qui avaient eu le malheur de s'en prendre aux chasseurs alors que ces derniers rentraient d'une battue aux abords des Montagnes des Larmes. Hirohito les avait découpés un à un dans une chorégraphie presque hypnotisante, comme si le temps s'était ralenti. Le Loup Blanc l'avait vu donner la mort avec une cruauté certaine, tranchant bras et jambes avant d'achever ses ennemis agonisants. Son visage était alors tordu par une haine pure, une violence qui bouillonnait en lui et explosait dans des gerbes de sang. L'instant d'après, il était redevenu impassible et essuyait calmement sa lame avec un de ces plis en papier dont il semblait avoir une réserve infinie.

Après de longues minutes sans esquisser un geste, il remonta la manche de sa tunique jusqu'au coude. Son avant-bras était enroulé de bandelettes en lin qu'il dénoua méthodiquement pour dévoiler une horrible cicatrice : un symbole inconnu de Geralt, composé de traits organisés dans un encadrement, visiblement marqué au fer rouge sur la peau nue. La lumière des braises projetait des ombres dansantes sur cette chair torturée.

- "J'ai été banni par mon peuple." dit simplement le guerrier en montrant la marque à Geralt. "Je suis le fils d'un seigneur de mon pays et j'étais connu parmi les miens comme un grand chevalier, digne du nom de son clan. Mais nos dieux ont puni mon arrogance et j'ai succombé à 渇き*, la soif de sang."

Il se tut à nouveau, plus longuement encore que précédemment. Ses yeux étaient rivés dans le feu tandis qu'il enroulait les bandelettes autour de son avant-bras et baissait sa manche, reprenant sa position parfaitement statique.

- "Une nuit, la folie a aveuglé mon esprit et j'ai assassiné ma femme et mon fils. Parce que j'étais un prince, je n'ai pas été exécuté, mais banni à jamais de la terre de mes ancêtres. J'ai erré des années durant dans le monde, cherchant la mort tandis que la démence me gagnait. Mais les dieux ont veillé sur moi car ils avaient d'autres desseins. Je gisais inconscient après un combat contre les bêtes de Ghir, dans la péninsule d'Ind. Des prêtres m'ont trouvé et amené dans leur temple en ignorant qui j'étais vraiment. Ils m'ont soigné et m'ont nourri. J'ai vécu plus de dix saisons à leurs côtés, et ils m'ont appris à combattre la soif de sang. Je sais désormais que mon destin est de retourner dans ce temple et d'y méditer pour le reste de mes jours."

Il se tut, cette fois définitivement. Quand bien même Geralt avait beaucoup appris sur ce voyageur tourmenté, il n'en apprendrait pas plus cette nuit là.



*Shinokawaki
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Re: [Geralt] Le Démon de Fiel

Message par Geralt »

Les quelques minutes qui suivirent, permirent donc au loup blanc d'en savoir un peu plus sur le guerrier oriental. Leur rencontre n'avait été par le passé que le simple fruit du hasard, le loup blanc ayant engagé Hirohito, un peu de la même manière qu'il avait pu le faire avec Crispin, peu de temps après son arrivée aux Sentinelles deux années auparavant.
Geralt avait donc ainsi découvert un homme à la culture plutôt particulière, un esprit calme et en même temps très vif, le combattant du royaume du Nippon, agissant souvent avec méthodologie et réflexion, ne parlant jamais pour rien dire, et ayant forgé par l'entrainement aussi bien son corps que son esprit.
Et pourtant, c'est à travers le combat, que Geralt avait été le plus impressionné par cet homme… Il était d'une précision et d'un talent mortel presque parfait, ayant un style que le loup blanc n'avait jamais vu auparavant malgré ses nombreux combats au sein de l'Empire. Hirohito était le genre de combattant dont la dextérité aurait même pu faire pâlir de jalousie certains combattants elfiques. Mais surtout… C'était la rage qui animait au combat cet homme, qui avait toujours étonné le chevalier renégat… Car derrière cette façade d'homme calme, se cachait aussi un homme accro au goût du sang, sans pitié et étant capable d'ôtez des vies sans la moindre sourcillement. Le Loup blanc lui même avait pu être témoin de ce genre de spectacle sanglant.

Quoiqu'il en soit, Hirohito se livra l'espace de quelques minutes alors, expliquant qu'il avait été banni de sa patrie suite à sa soif de sang devenu trop grande. De prince, il s'était retrouvé à être l'assassin de sa propre famille, recouvrant sa lame du sang de sa propre femme et de son fils… Ayant tout perdu, il erra alors tel un fantôme, dans les sombres contrées du monde, à la recherche de la mort… Mais le destin lui accorda une nouvelle chance, lorsqu'il fut recueilli dans un temple, où on lui enseigna à maitriser ces pulsions meurtrières. C'était à ce temple que le guerrier oriental comptait rentrer une fois la chasse terminé… Cet endroit ayant désormais une place importante dans sa vie, il était temps pour lui de rangée son épée, et de retrouver une ville plus calme…

Une fois son histoire terminée, le loup blanc laissa le silence de la nuit reprendre ces droits, en aucun cas il ne se serait permis de continuer à questionner ou même juger le récit de son compagnon, il ne le connaissait que trop bien, sachant qu'il s'était déjà énormément livré, il ne pourrait désormais plus rien obtenir de lui.

Fouillant dans sa veste, il en extirpa une petite chaine de métal, avec à son extrémité un pendentif de métal, représentant un corbeau. Il observa le petit objet, le montrant dans le même temps à Hirohito.


"Auparavant, j'étais membre d'un Ordre puissant et sacré dans ma contrée, dont le but était de protégé l'humanité des pires abominations de la nuit. L'Ordre était devenu mon foyer, ma famille… J'étais talentueux et respecté, et mon nom devint rapidement connu au sein des royaumes des hommes… Le loup blanc… L'un des meilleurs lame de l'Empire qu'ils disaient… Symbole d'espoir pour ceux qui se pensaient abandonné...

Mais là ou on avait appris l'humilité… Je me laissais bien vite envahir par la vanité, l'arrogance, … Celle de penser que je serais toujours en mesure de protéger seul ce qui devait l'être… Et cela mes ennemis l'utilisèrent contre moi… A force de voyager à travers un voile de ténèbres, on fini soit même par être dévoré par celui ci… Je devins un danger pour les miens, trahissant mes convictions, me laissant tenter par les forces obscurs que j'avais toujours jurer d'affronter. De "héros" je devins un condamné à mort… Désormais traqué par mes propres frères et sœurs d'armes…
Désormais je suis un paria de l'Empire, considéré pour beaucoup comme mort, mon nom n'est plus qu'un souvenir dans l'esprit des gens… J'ai perdu beaucoup de ceux que j'aimais… Amitié, amour, foyer… J'ai dû tirer un trait sur tout ceci. Désormais je n'ai plus aucune attache, et plus personne ne m'attends…"


Dans ses explications, le loup blanc étaient restés intentionnellement assez flou, il avait été désireux de se livrer un peu… Cela faisait deux ans qu'il n'avait ne serait ce qu'évoqué quelques brides de son passé. Rangeant le pendentif dans sa veste, il conclut par ces quelques mots :

"J'ignore si les hommes comme toi et moi on réellement droit à une seconde chance… Et peut être que dans ce temple dont tu m'as parlé, tu as trouvé la tienne… De mon coté, je suis toujours à la recherche d'une potentielle rédemption …"

C'est alors que le chevalier renégat retrouva son silence habituel, laissant la nuit s'écoulé, sous le crépitement des flammes…
Je te donne ici la répartition de l'équipement qu'on a acheté plus tôt :

Fioles de feu : une pour Hirohito et une pour Amar

Fumigènes : Une pour moi, une pour Hiro et une pour Klaus

Bandages et onguents : Alors vu que tu n'as pas donné de quantité, j'aimerai dans la logique répartir le tout avec l'équipe entière, que au moins chacun de nous aient les moyens de se donner les premiers soins.

Antitodes : Je vais confier cela à Amar, vu sa contrée d'origine, il doit s'y connaître dans le domaine des poisons.

Seringues en bois noir : J'en donne une à Hirohito, les deux autres seront pour moi.

La chaine en argent : Le moment venu elle sera sous la responsabilité de Mog, vu son gabarie et sa force, elle ne le gênera pas.

L'explosif : Ce domaine sera sous la responsabilité de Klaus.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 06 oct. 2018, 21:20, modifié 1 fois.
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Re: [Geralt] Le Démon de Fiel

Message par [MJ] Le Grand Duc »

La femme aux cheveux rouges courrait dans la plaine sombre. Geralt essayait de la rattraper, à bout de souffle, mais il la vit s'écrouler et sa chair se transforma en poussière tandis qu'elle hurlait. Bientôt il ne restait plus d'elle que des os fumants. D'autres arrivaient de toute part : des vieillards, des hommes, des enfants. Ils fuyaient tous quelque chose mais mordaient la poussière autour du Loup Blanc, disparaissant au milieu des cris et des bourrasques de cendres. Le chevalier ne pouvait pas bouger, ses pieds étaient vissés dans le sol. Il ne pouvait qu'assister, impuissant, au massacre qui se déroulait sous ses yeux. Ils étaient des dizaines à succomber, des centaines, bientôt des milliers, et la plaine se recouvrit de leurs os. Les cieux tonnaient et des éclairs déchiraient les nuages tandis que les âmes des trépassés pleuraient en chœur, vrillant l'esprit de Geralt comme autant d'aiguilles. Il y eut un croassement sinistre et un corbeau gigantesque se posa non loin. Il était de la taille d'un château. Et les ossements aussi, soudainement. Ou était-ce le Loup Blanc qui venait de devenir minuscule ? L'oiseau de mauvaise augure fixa ce dernier de son œil blanc et vide. Ce n'était pas un vulgaire corbeau, c'était un dieu. Il jugeait Geralt, le maudissait. Il croassa à nouveau tandis qu'un autre éclair fendait l'air et réduisait le chevalier en poudre.



Image


Geralt se réveilla en sursaut, couvert de sueur et le souffle court. A quelques pas de là, Klaus, dont c'était le tour de garde, le regardait avec un air interrogateur. Ce n'était qu'un mauvais rêve.







Ils arrivèrent dans les marécages le lendemain. Le paysage changea drastiquement en quelques heures à peine, passant des gorges arides et escarpées à une vaste étendue de tourbières fumantes ponctuées de collines rocheuses et de bosquets lugubres. On pouvait distinguer, au loin, la rivière Ruine qui serpentait vers le Sud pour déverser ses eaux polluées dans le delta.

Il fallut bientôt abandonner les montures. Le terrain n'était absolument pas praticables pour elles et leur poids ne faisait que rendre la marche plus dangereuse. Les sables mouvants abondaient dans la zone et il était facile de s'y laisser engloutir sur le dos d'une mule. Les bêtes furent parquées dans un abri troglodyte en bordure des premières narses. Il n'y avait plus qu'à espérer que les chasseurs les retrouveraient vivantes à leur retour. Mog y laissa Grugru, ce qui augmentait considérablement les chances de survie du petit troupeau. Seul Sartak resta sur le dos de loup géant, le prédateur étant assez léger pour pouvoir continuer. Avant d'abandonner les animaux à leur sort, les chasseurs récupérèrent le matériel dont ils allaient avoir besoin pendant la mission. Outre leurs armes, leurs protections et leur outillage habituel, ils se divisèrent les fioles, les seringues et les fournitures de soin. Mog portait la chaîne autour de l'épaule comme s'il s'était s'agit de simple corde, ainsi que la carcasse de porc ramenée depuis les Sentinelles et qui commençait à embaumer, et deux des tonnelets de poudre. Klaus portait le troisième.

C'est ainsi chargés qu'ils s'enfoncèrent dans le marais. Sartak semblait alerte et concentré, marquant de nombreuses pauses pour repérer la piste ou humer longuement, à l'aide de son long nez crochu, l'air fétide qui se dégageait de la terre détrempée. Le hobgobelin guidait ses clients sur des voies invisibles pour ceux qui ne connaissaient pas les lieux. Ces sentiers secrets serpentaient entre les eaux saumâtre des étangs et les mares de boue grise où clapotaient de grosses bulles à la membrane épaisse.


- "Ici, terre chaude, brûlant'." disait-il en pointant un doigt vers ces piscines de vase.

Comme pour ponctuer les dires du peau-verte, des geysers explosaient parfois non loin, faisant siffler l'air et gicler la bourbe.


On pouvait parfois apercevoir un daim ou un phacochère au détour d'un bouquet d'arbres morts auxquels pendaient de longues traînées de mousse. Mais à part ces rares animaux -qui disparaissaient rapidement dans les vapeurs stagnantes- les seules témoignages de vie céans étaient, paradoxalement, les ossements que l'on devinait au milieu des herbes hautes et des joncs. Parfois, les os étaient anormalement nombreux sur une même parcelle de terre meuble. Alors Sartak se recouvrait le visage d'un bout de tissu en intimant à ceux qui le suivaient de faire de même. "Pa respiré, toxik" disait-il. En effet, certaines mares étaient bordées de fumerolles aux couleurs vives et étranges et l'air qui tourbillonnait autour était malsain. Crispin semblait y être plus sensible que les autres, et il manqua plusieurs fois de s'évanouir et de tomber dans la tourbe acide qui bordait la piste.

Leur guide mena les chasseurs à travers ce cloaque nauséabond toute la journée durant, usant les nerfs des compagnons de Geralt. Les essaims vrombissants de moustiques n'aidaient en rien et on pouvait ruglièrement entendre Klaus jurer dans sa barbe alors qu'il se mettait une autre grande claque sur la nuque, Karl-Franz dans l'autre main. Amar, quant à lui, était ouvertement suspicieux vis à vis de Sartak. Il fallait une confiance aveugle pour suivre le détestable peau-verte dans ce labyrinthe de pièges mortels. Or si il ne fallait faire confiance à personne ... c'était bien à ce peau-verte. L'arabéen informa aussi Geralt de ses inquiétudes quant à la carcasse que trimbalait Mog : son état de putréfaction avançait, ainsi que l'odeur qui s'en dégageait. Amar pensait que cette dernière allait peut-être attirer le Démon de Fiel plus tôt que prévu, lorsque les chasseurs ne s'y attendaient pas.

Mais aussi désagréable puisse-t-elle être, cette première journée dans le marécage se déroula sans incident majeur. Le soleil commençait à décliner à l'horizon lorsque le groupe arriva dans une mangrove étouffante, beaucoup plus boisée que les tourbières qu'il venait de traverser. Sartak désigna cet endroit pour dresser le bivouac et passer la nuit. Il annonça qu'ils entreraient sur le territoire du Démon le lendemain. Comme à son habitude, le hobgobelin s'éloignait avec son loup à la recherche de son propre trou. Geralt et ses compagnons s'installèrent sur un petit espace plat entre les arbres et au dessus des mares, où la terre était un peu plus stable qu'ailleurs. Les vêtements étaient trempés par la sueur et l'humidité ambiante, et collaient au corps d'une manière tout à fait insupportable. Le feu allumé par Crispin n'y faisait rien et le matériel semblait impossible à sécher. Klaus couvrit les mèches des tonnelets de poudre, par précaution. Le quarts furent donnés pour la nuit et ceux qui n'étaient pas de garde essayèrent d'aller se coucher, bercés par le tintamarre des batraciens et des insectes nocturnes.




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- "Tchhhhhht, réveillez vous. On a de la visite." murmura Amar, dont c'était le tour de garde.

Tous s'éveillèrent sur le champ, portant machinalement les mains à leurs armes avant même d'essayer de comprendre ce qu'il était en train de se passer.

L'arabéen était accroupi un genou au sol, son long fusil à crosse d'ivoire épaulé et pointé vers les brumes de la mangrove, devant lui, légèrement en contrebas du bivouac. A ses pieds, Karl-Franz l'intrépide était déjà en train de grogner dans la même direction.

La tension monta d'un coup autour du feu de camp mourrant, dans le silence le plus absolu. Karl attrapa son fauchon et son bec-de-corbin, faisant un signe de tête à Hirohito pour que ce dernier surveille leurs arrières au cas où ils étaient déjà encerclés. Le nippon dégaina son katana sans un bruit, gardant le fourreau dans l'autre main, et se mit en position pour faire face à la direction opposée à Amar. Mog attrapa l'énorme sabre qui lui donnait son surnom et le tira de son étui en cuir pour le poser sur son épaule, prêt à découper quiconque surgirait du brouillard. Crispin jeta un regard à Geralt comme pour lui demander où se positionner, tandis que Sartak était absent.


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Le vacarme de la faune nocturne retentissait toujours, mais le Loup Blanc était un chasseur expérimenté. En tendant l'oreille, Geralt pouvait discerner le bruit de pas qui avançaient en direction du bivouac , quelque part entre trente et quarante mètres face à la bouche du fusil d'Amar. Les pas étaient réguliers et résonnaient avec un bruit de succion, comme s'ils étaient fait dans un fond d'eau ou de la boue. Selon ses estimations, les créatures qui approchaient étaient une dizaine si bipèdes, deux ou trois si quadrupèdes. A l'impact des pas dans le sol, pas plus lourds qu'un petit cheval, et à une allure de marche normale.

- "Ca sent la charogne." grogna Mog après avoir inspiré profondément.

Pour info, voici le type de fusil dont est équipé Amar, et qui correspond en jeu à un fusil long du Hochland : https://www.expertissim.com/fusil-alger ... e-12184836
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Geralt
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Re: [Geralt] Le Démon de Fiel

Message par Geralt »

******



Geralt courut à travers les plaines sombres, les nuages dans le ciel étaient sombres et terrifiants, pourtant en plein jour, aucun rayons solaires ne pouvaient parvenir à percer ce voila opaque.
Au loin, il vit une silhouette féminine, arborant de longs cheveux rouges, véritable couronne de feu. Qui était elle ? Il était incapable de discerner son visage dans l'immédiat.


"Karla ?!" Murmura t'il, comme si pour lui cela était une évidence.

Continuant à s'élancer, il tenta de rattraper celle qu'il pensait connaître, sa respiration haletante, se greffant sur le rythme élevé de son cœur suite à l'effort qu'il était en train de fournir… Car oui, bien qu'il tentait de courir aussi vite qu'il le pouvait, les muscles de ses jambes le brulant même… Jamais il ne parvint à rejoindre la jeune femme, qui semblait elle aussi fuir quelque chose… A moins que ce ne soit Geralt à qui elle tentait d'échapper.
Puis elle tomba… Son corps se brisant dans un flot de poussière de chair au moment où elle toucha le sol, et tandis que le chasseur de monstre se jeta là où elle venait de disparaître, il ne resta d'elle que des os fumants…

Qu'est ce que cela voulait bien dire ? Ou était il ? L'incompréhension s'empara alors de l'esprit du chevalier renégat, tandis que au fond de lui même, il sentit une étrange sensation, une sorte de déchirement qui lui faisait penser… Que ce qu'il venait d'arriver à la jeune femme… Était d'une façon ou d'une autre, de sa propre responsabilité…

C'est alors que l'ambiance calme et sombre de la plaine, laissa place à une scène de panique général, autour de lui, des dizaines, des centaines, puis des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, courraient dans tous les sens, tentant d'échapper à une menace, que Geralt n'arrivait pas à discerner. Les cris de peur et de désespoir se mélangèrent alors aux grondements de l'orage, comme ci cette terre maudite était soudainement frappée par l'apocalypse elle même…
Le Loup blanc voulu faire quelque chose, aider les gens autour de lui, mais son corps en était alors incapable, il était totalement tétanisé, et dans l'incapacité de se mouvoir.
Le sol jonché d'une poussière noir, laissa bientôt place à une marée de crâne et d'os… Les malheureux disparaissant tous dans un nuage de poussière de chair, comme la jeune femme aux cheveux rouges un peu plus tôt. Et bientôt… La plaine entière devint un immense tombeau…
Les cris des âmes damnées transpercèrent les oreilles du loup blanc, celui ci se maintenant la tête, car ayant l'impression que les milliers de voix étaient en train de percer de toute part son crâne avec leurs hurlements.

Cauchemar ou non… Ce moment aussi affreux était il, lui sembla alors si terrifiant, si réel… Qu'il aurait tout donné pour qu'il cesse immédiatement.

Il vit alors un immense corbeau se poser non loin de lui, dans un croassement sinistre et inquiétant, observant le chevalier renégat de son œil blanc et vitreux… Et alors, le loup blanc se sentit l'espace d'un instant jugé et maudit… Cet animal, n'en était pas un… Et le loup blanc prononça alors un nom qu'il n'avait plus dis depuis deux ans déjà…


"Morr ?!"

Comme simple réponse, il y eut un grondement, et le ciel le frappa d'un éclair, réduisant le corps de Geralt à l'état de poussière…



******



Il se réveilla alors en sursaut, sous le regard interrogateur de Klaus dont c'était le tour de garde, mais le loup blanc ne prêta pas attention à son camarade, il tenta déjà de calmer l'angoisse qui venait de s'emparer de lui... Ce cauchemar... Si réel ... Et si mystérieux... Il n'en avait plus fait de ce genre depuis l'époque de la traque d'Agabius...
La main tremblante, le loup blanc se calma alors au bout de longues minutes, se rallongeant dans son sac de couchage, tentant de se remettre de ses émotions, et pourtant quand il ferma les yeux à nouveau, sachant pertinamment que tous ceci n'avait été au fond qu'un mauvais rêve... Il garda cette horrible sensation que très bientôt... Quelque chose d'horrible allait bientôt arriver...


Le lendemain, les paysages rocheux et désestiques laissèrent place à un tout autre décor, la végétation se faisant bien plus présente et dense, signe qu'ils approchaient des marécages.
Ce qui était prévisible arriva, et comme Geralt l'avait anticipé, les montures du groupe furent rapidement incapable de les emmener plus loin, au risque de s'enfoncer et de disparaître dans les nombreuses tourbières mortels des environs. Le matériel fut donc alors répartit comme convenu au sein de l'équipe, et c'était désormais à pied que le groupuscule allait devoir continuer leur voyage.

Malgré la rudesse des éléments et du climat qu'ils avaient affronté au sein du désert hurlant, la traversée des marécages fut un enfer bien plus pénible encore, l'humidité des environs mélangée aux différentes odeurs de cadavre d'animaux s'étant retrouvés piégés dans ce milieu naturel, était insupportable. Sans compter les horribles moustiques qui proliféraient ici, et qui se faisaient un malin plaisir à se nourrir du sang des nouveaux arrivants dans leur terrain de chasse. Enfin, au fur et à mesure des heures, la fatigue commença à les gagner, la progression devenant bien plus difficile qu'ils n'auraient pu le penser, la boue et la vase ralentissant chacun de leur mouvement...

Heureusement, le hobgoblelin Sartak était en mesure de les guider dans ces terres sauvages, et malgré les réticences du groupe à lui faire totalement confiance, le loup blanc pouvait tout de même noter, les efforts qu'il tentait de fournir pour les mener à leur objectif. Sans aucun doute, l'idée d'être récompensé par la gemme mauve que Geralt lui avait promis y était pour quelque chose. Sans lui, rien ne disait qu'ils auraient pu être en mesure d'éviter tous les pièges naturels de la région...

Puis les ténèbres de la nuit recouvrir alors la région, obligeant le groupuscule de chasseur à faire halte et à se reposer.

Ce fut alors dans le courant de la nuit, que Amar donna l'alerte, semblant avoir discerné quelque chose dans le voile d'obscurité mélangé à la brume des environs. Le chien de Klaus grogna alors, semblant avoir lui aussi détecté quelque chose qui était en train de se diriger lentement vers eux.
Le groupe s'arma naturellement, attendant de voir le danger qui pouvait bien fondre sur eux, arborant une position défensive à 360 degré, afin d'éviter toute attaque surprise, pouvant venir d'un endroit duquel ils ne s'attendraient pas.

De son coté, Geralt était le seul à ne pas avoir dégainé encore l'une de ses armes, il ferma les yeux, se concentrant, et parvint à discerner les bruits de pas des intrus de la zone... Ils étaient plusieurs... Entre quatre et dix créatures, approchant calmement vers eux à travers les fonds d'eaux environnant...
Sentant regard de Crispin peser sur lui, le loup blanc fit signe au mage de rester au milieu du groupe, tandis que celui ci se dirigea d'un pas calme et assuré vers Amar qui était prêt à faire feu à tout moment, sur un éventuel danger entrant dans son champs de vision. Posant sa main sur l'épaule de l'Arabéen, il lui donna pour consigne :


"Ne tire pas... On ne ferait qu'attirer l'attention sur nous... Et qui sait ce que nous serions capable de réveiller dans ces marécages."

Les paroles de Geralt étaient à ce moment le fruit de sa longue expérience, si combat il y avait, mieux vallait éviter d'utiliser pour le moment des armes à feu, car même si ils étaient les chasseurs... la moindre erreur pourrait les transformer en proie.
Fouillant dans sa veste, Geralt en extirpa une fiole.


"Fermez tous les yeux l'espace de quelques secondes."

Sans plus d'explication, il laissa les autres membres du groupe lui faire confiance et s'excuter. Attendant le bon moment, il lança alors la petite fiole dans la direction où il avait pu identifier l'arrivée des créatures, puis il ferma également les yeux. C'est alors qu'au bout de quelques secondes, un flash aveuglant et lumineux frappa la zone.
Le but de la manoeuvre n'était aucunement de chercher à voir avec précision ce qui arrivait sur eux, mais plutôt d'effrayer les créatures. Le loup blanc par son expérience venait de miser sur une théorie : La menace était sans aucun doute de petites créatures, agissant sous la force du nombre et de la discrétion, et naturellement équipé pour voir dans la nuit... En sommes des créatures d'ordinaires plutôt craintifs et répugnant la lumière du jour.

Désormais, Geralt se concentra alors à nouveau, cherchant à déceler à nouveau les bruits de pas qu'il avait entendu plus tôt... Etait il parvenu à faire fuir les créatures ?

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Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 08 oct. 2018, 16:40, modifié 1 fois.
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Geralt, Chevalier renégat de l'Ordre du corbeau

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Re: [Geralt] Le Démon de Fiel

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Tous les chasseurs fermèrent les yeux lorsque la fiole vola dans les airs pour disparaître dans la brume. Le bruit de verre brisé se fit entendre au même moment qu'un puissant flash illumina la mangrove l'espace d'une seconde. Il fut immédiatement suivi de glapissements et les bruits de pas s'éparpillèrent soudainement pour s'éloigner de manière précipitée.

- "Je me demande bien ce qu'on avait en face de nous." maugréa Hirohito tandis que Amar relevait son fusil.
- "Cété lé tribu dé marécaj'." croassa Sartak qui venait de sortir d'un buisson. "Y viennent voir koi vou vouloir. Et pi voir si ils peuv' vou mangé."
- "T'étais où, vermine." gronda Klaus en le menaçant de son fauchon. Le hobgobelin se ratatina face à la menace de la lame et l'humain courroucé devant lui. "Ca va pas m'plaire si tu disparais dès qu'ça sent la merde. Si tu les connais si bien que ça tu vas aller dire à tes p'tits copains que la prochaine fois qu'ils trainent dans les parages on leur fait un deuxième trou du cul."
- "Cé pa mé kopains ! Eux mangé Sartak aussi. Eux mangé é pillé tou ceu ki perdre dan marécaj'."
- "Tiens toi tranquille petit vert. Parler d'manger ça me met en appétit." grogna Mog le Tranchoir en montrant ses dents pointues. "Si ça continue vos histoires, c'est moi qui vais bouffer tout l'monde."

Les sages paroles de l'ogre restaurèrent le calme dans le campement. "Lé tribu dé marécaj" ne semblaient plus vouloir s'approcher des chasseurs, aussi ces derniers essayèrent-ils de trouver un peu de repos malgré la chaleur, l'humidité, les moustiques et le vacarme des batraciens.

La marche à travers cette forêt moite reprit le lendemain matin. Elle s'avéra tout aussi pénible que la veille, sinon plus car la végétation dense ajoutait un aspect étouffant à la promenade. Plus personne ne parlait, trop occupé à garder son calme et à ne pas faire de faux-pas dans la vase. D'énormes coléoptères vrombissaient parfois autour des chasseurs. Ressemblant à des libellules de la taille d'un rat, ils essayaient de se poser sur les marcheurs pour leur sucer le sang. Klaus et Amar les écrasaient de coups de poings rageurs, Hirohito les tranchait de son sabre tandis que Mog les gobait tous ronds et se servait de leur dard comme cure-dent. Crispin, exécédé par ces bestioles, incanta un sort à voix basse et envoya une boule de feu en plein milieu d'un essaim, le transformant en cendres. Klaus se retourna violemment et menaçant de lui en coller une si il recommençait à utiliser la magie pour rien et seul Amar empêcha le mercenaire de décocher une beigne au jeune sorcier.

Sartak guidait le groupe, toujours juché sur son loup au poil mité par la gale. Le peau-verte suivait les pistes étroites qui slalomaient entre les étangs et les bosquets denses, attentif au moindre bruit. A en croire la position du soleil, il dirigeait les chasseurs vers l'Est. Il s'arrêtait parfois, pointant silencieusement son doigt crochu vers un emplacement quelque part dans les taillis au loin. Les chasseurs pouvaient alors y voir des formes rougeâtres et vaguement humanoïdes qui les observaient de loin, à l'abri des massifs de fougères et des troncs couverts de mousse.


- "Ceu dé marécaj'." lâchait alors Sartak avant de reprendre la route. "Y nou suiv' depui le matin."

Le soleil avait déjà amorcé sa descente dans le ciel lorsque les traqueurs sortirent enfin de cette forêt suffocante. Ils se retrouvèrent au bord d'une falaise escarpée. Derrière eux, le mur de végétation dont ils venaient de sortir, et devant eux, à quelques trente mètres en contrebas, s'étendait une nouvelle étendue marécageuse dénuée d'arbres. Et au delà, après peut-être trois lieues de tourbières fumantes, la rivière Ruine s'écoulait mollement vers le Sud. C'était là que Geralt et ses compagnons devaient échanger le Démon capturé contre leur récompense.

- "La-ba ! La tanièr' du Démon." s'excita Sartak en pointant un lacis épais au milieu du marécage.

En plissant les yeux, on pouvait dicerner ce qui ressemblait à une cavité sombre au milieu des ronciers et des vapeurs fétides.




Image


- "Maintnan ... z'y fo descendr' !" continua le hobgobelin en montrant la falaise sur laquelle ils se trouvaient.

Quand bien même les chasseurs avaient fait l'erreur de ne pas emporter de cordes depuis les Sentinelles, les lianes épaisses qui pendaient depuis le bord jusqu'au marécage en contrebas suffiraient certainement. Mog se pencha vers le rebord et poussa un grognement.

- "Pour les demi-portions ça va. Pas pour moi. Et toi, avec ta bête, tu vas descendre où". S'interrogea l'ogre.
- "Jfé le tour pi j'retrouv' chasseurs en ba." répondit Sartak en désignant le rebord de la corniche, qui s'affaissait au loin. "Si toi m'suivr' marcher prendr' un jour en plu."
- "Si tu es suffisamment bien attaché, je pense que nous pouvons te faire arriver en bas, Mog." considéra Amar.

Les chasseurs se tournèrent vers Geralt. C'était à lui de trancher : descendre par la falaise, faire le tour ou se séparer en deux groupes, chacun prenant un chemin différent pour arriver dans les marais en contrebas.
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Re: [Geralt] Le Démon de Fiel

Message par Geralt »

Le stratagème du loup blanc avait fonctionné, l'explosion lumineuse avait eut pour effet de faire fuir les créatures qui avait tenter d'infiltrer leur bivouac de fortune.
La derniere chose que l'on pu entendre, ce fut les bruits de glapisements dans l'eau provoqués par les fuyards.

Tous alors se demandèrent ce qui avait bien pu tenter de les approcher. Et ce fut le hobgobelin Sartak qui, sentant le danger passé, se décida à sortir de sa cachette pour répondre aux interrogations du groupe.
Le peau verte les désigna comme étant <<les tribus des marécages>>... Créatures humanoïdes, semblent ils curieuses et avides de s'en prendre à ce qui pouvait entrer dans leur territoire... La définition même des charognards... Et maintenant, Geralt le savait bien, si il était parvenu à les faire fuir cette nuit, sans doutes ces choses n'avaient elles pas dit leur dernier mot...
Les minutes qui suivirent ne furent qu'un échange musclé entre Sartak et Klaus, ce dernier ne faisant aucunement confiance au guide, qui au moment du danger n'avait pas perdu une seconde pour fuir. Le chevalier renégat de son côté se mura dans le silence, observant le peu de chose qu'il pouvait discerner dans la nuit noir, l'air songeur...
Le loup blanc le savait, si tout se déroulait comme prévu, ils arriveraient sur le territoire du démon de Fiel dès demain, et à ce moment, les choses sérieuses allaient pouvoir commencer...

La traversée du lendemain, fut tout aussi difficile que celle du jour précédent, la végétation étant toujours plus dense, la progression n'en était que plus longue et épuisante. Une nouvelle fois, Sartak montra tout son talent en guidant le groupe à travers ce labyrinthe naturel qu'était ces marais. Mais ils n'étaient pas seul en ce lieu reculé du monde, de petits yeux les observaient dans l'ombre, analysant sans aucun doute avec convoitise, ces visiteurs inopportuns, bien loin de chez eux...


"Ne prêtons pas attention à eux... Ils attendent sans aucun doute le bon moment pour frapper. Une fois sur le territoire du démon de Fiel, ils devraient se tenir à distance, sans aucun doute ont t'ils apprit à craindre le maître de ces marais..."

Reprenant la progression, il ne fallu plus longtemps au groupe pour enfin quitter la dense végétation, et ainsi voir se présenter devant leur yeux, un paysage plus lugubre encore ... La rivière ruine était désormais à portée, ainsi que le reste du marais désormais composé en majeur partie de ronce, de bois morts et de tourbieres fumantes... Et ce fut un sourire aux lèvres et avec une pointe d'excitation que Sartak désigna de son doigt crochu, une cavité sombre au milieu du marais... L'antre de la bête...

Désormais l'objectif était tout près, et les chasseurs de monstres s'imaginèrent déjà avec leur récompense en main... Des tas de gemmes mauves qui les rendraient à coup sûre, plus riche qu'ils ne l'avaient jamais été.
Mais un nouvel obstacle se dressait devant eux, et c'était à Geralt de prendre la décision adéquate pour la suite . En effet une falaise d'une trentaine de mètre leur barrait maintenant la route, depuis laquelle il faudrait trouver un moyen de descendre pour pouvoir continuer... Si cet itinéraire était le plus rapide, il était aussi le plus risqué, n'ayant pas de corde, il faudrait dès lors user de la végétation pour arriver en bas. Si la chose était faisable pour Geralt, Amar, Klaus, Crispin et Hirohito... Elle l'était beaucoup moins pour Mog et son imposant gabarit, ainsi que pour Sartak et son loup, qu'il ne comptait nullement abandonner derrière lui...

Le loup blanc s'avança alors en bordure de falaise et posa un genou au sol, analysant les environs. Il prit une décision :


"Ne mélangeons pas vitesse et précipitation... Nous ne sommes pas tenu par des délais particuliers. Nous ferons donc le tour, quitte à rallonger d'une journée notre route. Je refuse de prendre le risque de voir l'un de nous faire une chute mortel... Quand à nous séparer... Cela serait donner aux créatures des marais l'occasion de s'en prendre à nous. Pour parvenir à mettre à bien mon plan, j'ai besoin que tous arrivent sur le territoire du démon à son plein potentiel... La moindre perte pourrait réduire drastiquement nos chances de réussite"

Le loup blanc avait donc tranché, et il fit signe au hobgobelin de reprendre la tête, de telle sorte à contourner la falaise.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 12 oct. 2018, 11:27, modifié 1 fois.
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Re: [Geralt] Le Démon de Fiel

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Sartak s'étrangla face à la réaction de Geralt.

- "Mé ici territoir' du Démon ! Si vou pa descendre ici ... vou passé prochain' nuit..."

Il n'eut pas le temps de terminer que Klaus avait braqué son pistolet droit vers lui, l'interrompant derechef.

- "Ecoute moi bien p'tite raclure : si on te dit qu'on fait le tour, on fait le tour. Tu fermes ta gueule et tu nous montres le chemin. Et la prochaine fois que tu la ramène, je te fais sauter la cervelle. C'est compris ?"

Le hobgobelin avala difficilement sa salive et fit faire volte-face à son loup pour reprendre la route, non sans jeter un regard assassin aux chasseurs.

Le petit groupe se mit à nouveau en branle, suivant la piste qui longeait la falaise surplombant l'étendue marécageuse. De là haut, les chasseurs pouvaient garder un œil sur le lacis que Sartak avait désigné comme la tanière de leur proie, loin au milieu des tourbières et des bosquets rabougris. Des nuages de brume pestilentielle tournoyaient ça et là et des vautours planaient haut dans le ciel. La marche dura jusqu'au crépuscule. Au loin, l'escarpement s'affaissait peu à peu en une série de collines écorchées qui rejoignaient la topographie des marais en contrebas. C'est probablement là bas que les amenait Sartak. Sur leur gauche se dressait la forêt qu'ils venaient de quitter, épaisse et obscure.

L'odeur de la carcasse que portait Mog commençait à devenir très forte. Les effluves de charogne enveloppaient les chasseurs. L'ogre ne semblait pas dérangé outre mesure mais les autres étaient désormais obligés de se couvrir le nez de leurs chèches pour ne pas rendre leur dernier repas.


- "Mog ce soir t'ira dormir dans ton coin." l'avertit Amar. "Je sais pas qui de toi ou de cette saleté empeste le plus, mais c'est hors de question que je dorme à moins de vingt mètres de vous."
- "HA ! Vous n'êtes que des lopettes. Tout l'monde sait qu'une bonne viande est une viande faisandée." dit-il, goguenard. "D'ailleurs ..." Il arracha une patte de la carcasse du porc et se mit à la grignoter en marchant. "Dé-li-cieux." Amar mima un haut-le-coeur.
- "Avec tes conneries, on aura plus d'appât d'ici demain. Ce s'rai dommage qu'on doive t'utiliser toi, hein ?" lança Klaus.
- "Euh ... Attendez." les interpella Crispin depuis l'arrière de la file.
- "Quoi encore, la bleusaille se sent indisposée ?" railla le mercenaire impérial en se retournant.
- "Non ... mais là, dans la forêt ... Ecoutez."

Tous s'arrêtèrent immédiatement, soudainement aux aguets.

Et en effet, les taillis du sous-bois que les chasseurs longeaient depuis plus heures semblaient s'agiter. Il était difficile de voir quoi que ce soit tandis que la nuit tombait, mais les branches basses et les larges feuilles des plantes des marais bougeaient et craquaient avec un rythme étrange. Puis ils les entendirent : des piaillements excités et des cris stridents qui s'élevèrent des frondaisons, comme un essaim d'oiseaux tapageurs en approche. Bientôt la cacophonie s'intensifia et des branches craquèrent de toute part, sur une longueur qui dépassait celle du groupe.


- "Cé lé tribu dé marécaj' ..." murmura Sartak de sa voix chevrotante. "Y son v'nu nou cherché !"

Les chasseurs étaient acculés contre la falaise et les marécages en contrebas, et firent face au mur végétal qui se dressait face à la piste. Ils dégainèrent leurs armes et se préparèrent au combat tandis que leur guide talonnait son loup pour courir se mettre à l'abri.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Geralt] Le Démon de Fiel

Message par Geralt »

La réaction de Sartak avait été des plus étrange, et ce point de détail n'avait pas échappé au loup blanc, l'idée de contourner la falaise et donc d'allonger d'une journée entière le trajet ne rassurait en rien le hobgobelin… Avait il dans l'idée de piéger les chasseurs de monstres à un endroit précis ou bien l'idée de devoir potentiellement se balader de nuit sur le territoire du démon de Fiel, le terrifiait t'il à ce point ? Pour l'heure, le chevalier renégat préféra croire en sa deuxième hypothèse.
Mais face aux craintes du peau verte, Klaus tenta de se montrer rassurant à sa façon en menaçant de son arme à feu le malheureux guide, qui se recroquevilla sur lui même dans une posture de soumission. Le loup blanc tenta alors de calmer le jeu.


"Klaus, inutile de te montrer si intimidant. Il fera ce que nous lui dirons de faire, et nous avons besoin de lui ici…"

Même si personne ne faisait confiance au guide de part sa nature perfide, nul ne pouvait mettre en doute son utilité dans ce groupe, car même pour un pisteur expérimenté comme Geralt, être capable de trouver l'antre du démon dans une telle région aurait certes été possible, mais bien plus long et surtout bien plus dangereux qu'en compagnie du Hobgobelin. Quoiqu'il en soit, ces quelques mots suffirent à calmer les esprits… pour le moment.

Ils reprirent donc la route, empruntant les chemins sinueux bordant la falaise, le loup blanc profitant du relief pour garder un œil sur le lacis que Sartak avait désigné comme étant la tanière de leur cible… Au vue du terrain, Geralt savait désormais qu'il devait absolument garder l'initiative d'action contre la bête, et ainsi pouvoir mettre en place son piège, ce qui permettrait au groupe de grandement augmenter ses chances de captures… La crainte désormais, était d'être détecté par la créature avant que le plan de Geralt ne puisse être exécuté… Si le démon était bel et bien une stryge… Un combat frontal pourrait signifier de lourde perte pour le groupe.

Quoiqu'il en soit, un autre problème commençait à se faire sentir... La viande que transportait Mog, à l'origine destinée à appâter le démon de Fiel le moment venu, avait commencé sa phase de décomposition bien plus rapidement que ce que Geralt aurait pu prévoir, désormais une odeur nauséabond accompagnait le groupe partout où il se dirigeait... Si le premier problème était d'ordre olfactif et d'accoutumance pour les chasseurs de monstres, le loup blanc lui commençait à craindre que l'odeur puisse attirer bon nombre de créature désireuses de savourer un délicieux repas... N'ayant pas de solution à proposer sur le moment pour régler ce point de détail, il préféra ne pas s'immiscer dans la conversation dans laquel Mog, Amar et les autres s'étaient lancés...

Alors que jusqu'ici ils n'avaient croisé que peu de difficulté durant ce voyage, Crispin qui fermait la marche, fit soudainement remarquer, qu'il venait de détecter r une soudaine et forte activité venant des sous bois qu'ils longeaient depuis un bon moment déjà.
Le groupe se figea alors, les sens en éveil, et ils observèrent non sans une certain inquiétude, les nombreux mouvements que l'on pouvait apercevoir venant des bois, donnant l'illusion qu'ils étaient eux même vivants.

Geralt dégaina alors sa lame runique, et ce avant même les mises en garde de Sartak... Le loup blanc avait déjà deviné de quoi il s'agissait.


"Il semble que nos poursuivants soient plus téméraires que je n'aurais pu le penser... Préparez vous tous, j'ignore combien arrivent sur nous, mais ils vont sans aucun doute tenter de nous submerger. Pas de coup de feu ! On est bien trop près du territoire du démon..."

Car oui, si l'effet de surprise était la clé du plan de Geralt, il ne pouvait prendre le risque d'attirer le démon de Fiel ici et maintenant. Dans le même temps, il ne pouvait non plus prendre le risque de s'éterniser dans un combat contre "la tribut des marécages"... Ignorant pour l'heure le nombre exacte d'ennemi, le loup blanc avait dans l'idée de non pas chercher à tuer ses adversaires jusqu'au dernier, mais de les faire à nouveau fuir... Si user à nouveau d'une fiole de lumière éclatante, ne fonctionnerai plus, le loup blanc possédait une autre carte dans sa manche : Crispin...

"Crispin ! Le moment est venu de me montrer que j'ai bien fais de t'engager... Ces bois... Embrase les... Que le feu deviennent pour ces choses leur pire crainte."

Ignorant avec précision de quel puissance le mage de feu était capable, il fit confiance au gamin pour exécuter avec brio la tâche qu'il venait de lui être confié. Ignorant si il avait besoin de temps ou non, le reste du groupe en attendant adopta une formation défensive en arc de cercle face à la menace, fermant leur front arrière grâce à la falaise qui avait le bénéfice de leur donner une défense naturel contre toute tentative de contournement ou de submerssion total par un ennemi usant de la force du nombre

Un combat qui pourrait vite devenir mortel allait donc débuter tandis que la nuit commençait à tomber sur la région...


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Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 26 oct. 2018, 16:54, modifié 1 fois.
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Geralt, Chevalier renégat de l'Ordre du corbeau

For 12 | End 12 | Hab 14 (*+1) | Cha 8 (*+2) | Int 12 | Ini 14 | Att 14 | Par 14 | Tir 14 (*+1) | FOI 11 | NA 3 | PV 95/95
Fiche : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... che_geralt
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