Cela faisait des jours qu'ils étaient sur la traque. Zania s'était échappée, malgré tout le soin qu'ils avaient mis pour garder celle ci sous les barreaux, le temps de l'affaire. À cheval, ils avaient cavalés. Partout dans les forêts, dans les collines, dans les campagnes.... Partout dans le Suddenland !
Cette traînée avait de la ressource... Assez pour jeter dans les pieds de la répurgatrice et son
fidèle assistant Ludwig, dans bandes de mutants et de brigands. Ainsi, la terrible pécheresse, bien qu'à pieds, leur avait échappée à moult reprises, sacrifiant sans une once de regret ses larbins pour gagner du temps.
Le seul point positif dans toute cette histoire était que si la cultiste venait à leur glisser des doigts, un sang impur avait déjà abreuvé moult sillons de la bonne terre impériale. Les récoltes de l'année promettaient d'être exceptionnelles...
Arrivés à Kerg, Alicia estima qu'ils avaient rattrapés leur retard sur la fugitive et ordonna-t-a la milice locale d'effectuer des contrôles aux portes de la bourgade. Ils avaient un descriptif de la cultiste. Elle ne pourrait pas quitter la ville sans se prendre une hampe de hallebarde dans le ventre.
Ou du moins était ce ce que l'on aurait pu penser. Mais c'était sans compter sur la date du jour. Sonnstil. Le festival d'été. La fête battait déjà son plein dans la matinée avec les commerçants ouvrant quelques étals, les habitants dansants, parfois gauchement, parfois non, au son des instruments des troubadours, couronnes de fleurs pour les jeunes filles dansant dans un ballet, sous la halle marchandes reconvertie en cette journée d'été pour y faire danser les jeunes gens.
Ailleurs, on buvait de la piquette, de la bière à la framboise, des liqueurs, du vin.... Sur la place du marché, quelques entrepreneurs inventifs avaient des jeux pour les rares pigeons assez naïfs, ou niais, pour y participer. Ils étaient concurrencés par le cirque de Zavattaniel qui avait fait une halte dans la bourgade. Tout l'art des forains pour attirer le chaland était déployé sur place. Ici une stryganienne qui, bien qu'ayant quittée le bel âge, restait attractive, vous lisait la bonne aventure, sous l’œil attentif d'un cul terreux bossu de Sylvanie. Là, un cœur de choristes nordlanders lançaient des chants épiques aux passant. Plus loin, une femme aux formes généreuses et aux lourdes (et coûteuses) robes de soies et de laine défiait au bras de fer un vieil homme aux cheveux blancs avec un regard dépressif et deux épées au dos, tandis que l'animal de compagnie de l'aristocrate, une fillette rousse, plate, comptait les pièces. Dans une roulotte voisine, un forain qui s'était vu offert par la nature de puissantes cordes vocales, prétendait montrer à qui voulait bien payer une modique somme, deux lézards capables de parler, dont l'un utilisant un distillateur d'alcool. Une attraction pour les crédules, bien évidemment. Ailleurs, il y avait deux tiléens discutant du matérialisme dialectique et de la baisse tendancielle des taux de profit jugée inévitable qui viendrait mettre fin aux oligopoles bourgeois et ainsi causer la chute du capitalisme sous le poids de ses propres contradictions et enfin laisser place à la « rivoluzione » ! le tout sous le regard brillant d'un certain Anton. Une sorte de nobliau local intéressé par la cuisine tiléenne, quoi que puisse être comme met ce « rivoluzione ».Quoiqu'il en soit, la discussion prit fin lorsque l'un des deux tiléens, celui à la plus grosse, moustache bien entendu, se fit voler son chapeau.
Prêteurs, vendeurs d'indulgences, marchands de tapis... Les opportunistes habituels étaient également présents.
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Sigmar. Toute cette agitation... Toute cette activité...''
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Est une belle occasion de s'amuser.''
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L'endroit rêvé pour s'échapper. Zania doit chercher à intégrer ce crique.''
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Nous allons donc nous mêler à la foule et profiter goulûment de l'évènement.''
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Ou du moins faire comme si, pour mieux mystifier la proie.''
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Mais aujourd'hui c'est mon tour.''
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Mais aujourd'hui c'est ton tour.... Cette pauvre âme priera pour la rédemption de la tienne...''
Ignorant le sacerdoce de la béni oui oui avec qui elle était obligée de partager ce corps, la cultiste se tourna vers son
dévoué partenaire qu'elle apostropha pour
lui ordonner de confier sa monture et son chapeau au troisième larron de leur groupe, recruté récemment. Une elfe étrange, tourmentée, taciturne.
Leur palefrenière s'en alla donc avec les quadrupèdes et les chapeaux vers l'auberge la plus proche, tandis qu'Alicia restait avec Ludwig.
Cher ami, commença la cultiste, tout sourire, pour s'adresser à Ludwig, en essayant de moduler peu à peu sa voix pour la faire correspondre à celle de cette bigote de sigmarite qui lui servait de moitié, pourrais tu enlever cette grimace de ton visage s'il te plaît ? Tu retrouveras ton chapeau bien aimé ce soir. Je sais bien que tu n'aimes pas montrer ton début de calvitie au tout venant mais... Nan. Je plaisante. Plus sérieusement, se reprit elle d'un ton plus dur, plus... froid.
Voilà le plan. On se mêle à la foule, comme un jeune couple en tous points semblable aux autres. La cultiste s'attend à ce qu'on débarque armes aux poings, tirant partout sur tout le monde et en mettant le feu derrière nous. On la prendra par surprise en agissant plus discrètement que la dernière fois. Tatatatata... lui dit elle en le faisant taire, majeur sur les lèvres
J'ai manquée de prendre un mauvais coup et ton cheval a été blessé à l'occasion, nous faisant perdre du temps. Donc tu oublies s'il te plaît.
Sa moitié avait à nouveau mal pris les sages recommandations allant de soit qu'elle lui avait pourtant fournie gracieusement, lui qui semblait avoir du mal avec le bon sens. Peut être que les nulniens avaient vraiment du mal à s’accommoder à la campagne wissenlando-suddenlandaise ? Quoiqu'il en soit, Ludwig essaya d'offrir un sourire avenant, mais qui était en réalité plus proche d la grimace ou du sourire de psychopathe qu'autre chose, mais elle allait devoir s'en contenter.
C'est donc un jeune homme relativement mal à l'aise, au sourire effrayant, une espèce de sociopathe agoraphobe, en compagnie d'une magnifique jeune femme pétillante de vie accrochée au bras de son cavalier, qui déambulaient dans cette bourgade pittoresque, achetant quelques pommes d'amour, dégustant des crêpes puis galettes saucisses vendues à prix imbattables par un homme du nord musculeux et huileux... S'ils n'avaient pas été en public, elle l'aurait croqué à pleines dents mais su se retenir de le faire place séante. Non, elle le ferait la nuit tombée... En attendant elle pourrait déguster cette délicieuses saucisse....
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Mhmmm. Miam. Viande de jeune pucelle cette saucisse. Par-fait.''
Mais ils échangèrent aussi quelques danses sous la halle pendant de longues minutes pour Ludwig, un bref instant pour Alicia. Son âme sœur avait un jeu de pieds mauvais à souhait mais cela n’empêchait pas la cultiste de continuer, ses pieds semblant avoir une endurance à toute épreuve. La danse au son des lyres puis des claquements de mains était entraînante, puis vint une danse stryggani ou estalienne, elle n'aurait su dire, mais le rythme de la danse devint instantanément démoniaque. Un instant lent et doux, l'autre violent, rapide, passionné. Là, son sociopathe adoré semblait plus à l'aise étrangement....
Et ils continuèrent à tenir leur rôle ainsi durant toute la soirée jusqu'à ce que Ludwig, vanné, déclara que toute la journée avait été perdue et quitta Alicia pour reprendre les recherches à « sa façon », manquant de peu de faire une scène.
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Tu ne me quittes pas Herr. Personne ne me quitte. Tu es peut être misérable chien galeux, mais tu es mon misérable chien galeux rien qu'à moi et à personne d'autre.... Et c'est moi qui te lâches. Mais rassure toi, tu pourras revenir me supplier de reprendre l'enquête ensemble, et j'accepterais après que tu m'aies léché les bottes pendant un bon moment....''
Retournant à l'auberge, la cultiste n'eut pas, pour son plus grand malheur, l'occasion de taper la croûte. Le vendeur de galettes semblait avoir fermé boutique. Dommage.... C'est avec un superbe coucher de soleil dans son dos qu'Alicia alla à son lieu de repos. L'astre solaire disparaissait dans le ciel, colorant l'ozone d'une teinte orangée, virant de plus en plus sur le sang à mesure qu'il fuyait Morslieb et Manslieb.
C'est légèrement en sueur qu'Alicia arriva à l'auberge du chat pourpre. Effluves de bières, grillades et sueur vinrent titiller son odorat alors qu'elle ouvrait la porte du lieu. On savait visiblement s'amuser sur place, à en juger par les tables de jeu, les rigolades entre clients et le barde au fond jouant une chanson de geste endiablée. Le siège de Tyr Sog peut être ? Le lieu pouvait être un repère des adeptes du dieu des voleurs que ça n'en aurait pas étonné Alicia qui, pour plus de sécurité, vérifia si les chevaux et les selles dans l'écurie n'avaient pas été volés, avant de retourner dans la salle commune, prendre la clé de sa chambre et monter l'escalier vers celle ci. La chambre qu'elle avait était double. Regardant le numéro de sa clé, elle se dirigea vers la chambre correspondante qu'elle partageait avec la cadette du groupe -car Ludwig leur avait clairement fait comprendre qu'il ne pouvait pas dormir quand il y avait deux femmes dans la même pièce que lui- puis ouvrit lentement la porte de la chambre six, sans un bruit, afin de ne pas réveiller son occupante qui semblait très fatiguée par ces derniers jours de cavalcade.
C'est sur pensées très empathiques qu'Alicia franchi donc le pas de la porte pour ensuite la refermer tout aussi doucement qu'elle l'avait ouverte puis se diriger vers son lit.... Et tomber bras ballants devant le spectacle qu'elle avait en face des yeux. La palefrenière était en effet avec une autre personne. Une femme. Nue. Et leurs mouvements corporels successifs laissaient aisément deviner la nature de leur relation qui était tout sauf platonique. Le flirt et la séduction étaient bien loin, remplacés qu'ils étaient par un sport bien plus physique, et tout plaisant à regarder pour la servante du prince des plaisirs qu'elle était. Deux corps noyés l'un dans l'autre. Une mêlée où chacune cherchait à dominer l'autre... Il était inutile de se livrer à d'autres descriptions ou de réfléchir davantage à la signification de cette union, ce spectacle. La seule chose à faire était de s'intégrer à cette fusion de corps brûlants, ne demandant qu'un peu d'attention....
La nuit fut torride. Pour Ludwig car il étouffait de chaud. Pour l'inquisitrice et sa mystérieuse partenaire, la troisième duelliste ayant rendue les armes à cause de sa fatigue quelques heures auparavant, la nature de la chaleur fut autre. C'est au petit matin qu'Alicia se réveilla, allongée au dessus d'un corps divinement agréable au toucher, d'une douceur exquise. Et d'un visage.... D'un visage... Un visage familier. Très familier. Zania....
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Jackpott ! Le beurre, l'argent du beurre et le superbe cul de la fermière. Tu sais comment récompenser ta fidèle Slaanesh.''
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Nous tenons cette raclure d'hérétique ! Il est temps de l'absoudre de ses péchés envers le très haut....''
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Une agréable occasion de rabattre le clapet de cet oiseau de mauvais augure de Ludwig... Il va adorer.''
À cheval sur sa monture de la nuit dernière, la cultiste s'étira longuement les bras puis fouilla la pièce du regard, éclairée qu'elle était par de faibles rais de lumière qui passaient à travers les volets de bois.
Une elfe nue, extrêmement fatiguée, étendue sur le sol, son sexe caché par un drap mais le reste de son corps de fée complètement mis à nu par l’œil de la cultiste qui n'en perdait pas une miette, ailleurs dans la pièce, des draps dans tous les sens, salis de fluides corporels divers, des habits jetés pelle-mêle, quelques sacoches... Si elle se souvenait bien, celles ci contenaient divers choses dont... Des menottes de fer. Sur la pointe des pieds, Alicia se vêtit d'une légère chemise puis sorti les entraves des sacs de cuir, sans faire claquer les chaînes métalliques, puis glissa doucement les poignets de Zania dans les anses de l’outil qui lui même était passé autour d'un des pieds du lourd lit en bois de chêne sur lequel sommeillait la fuyarde.
La cultiste dormait toujours, son esprit perdu dans quelques rêveries inconnues, quand Alicia, vêtue à la va vite, s'aventura dans le couloir. Ludwig était dans la 5 si elle se souvenait bien.
Entrebâillant légèrement la porte de son
aimé, elle s'avança sur la pointe des pieds dans la pièce, jusqu'à ce qu'elle soit face au lit de
Lud'. Sauf qu'il était vide. Se précipitant en bas, elle ne trouva trace de lui dans la salle commune encore peu fréquentée à cette heure ci. Par contre dans l'écurie... Il manquait le cheval de son sociopathe préféré. Le garnement avait eu l'idée, stupide bien évidement, de la laisser en plan pour continuer l'enquête seul. Alors qu'elle avait sous la main la fuyarde qu'ils traquaient depuis des jours. Et qu'elle s’apprêtait à lui remettre.... Tant pis. La journée débutait et elle n'allait certainement pas la perdre en maugréant contre le premier imbécile venu. Elle avait moyen de passer du bon temps, faire une conversion...
approfondie, de sa palefrenière et puis un petit sacrifice sanglant, pour faire bonne mesure. Les travaux pratiques n'avaient, après tout, jamais fait de mal à quiconque. Enfin sauf à la matière première mais on allait quand même pas militer pour un traitement moins cruel envers les rats pendant qu'on y était. Si ? Non. Oui.... La journée ne faisait que commencer...
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L'auteure n'ayant pas eu les droits de la Ludwig Von Hoffenbach Corporation, toutes les apparitions de Ludwig dans ce récit, et les descriptions qui sont faites de lui sont purement fictives. Il en va de même pour tout pj qui pourrait se reconnaître dans quelques personnages apparaissant dans ce récit.