Une heure plus tard, alors que l'aube se finissait et laissait place à un ciel nuageux, nos voyageurs se remirent en route. On crut à plusieurs moment sentir des gouttes de pluies, mais l'averse ne tomba jamais, ce qui était du goût de nos amis qui n'avaient certainement aucune envie de marcher dans la boue. En quelques pas ils furent à la frontière entre le microcosme des plaines fertiles et celui des terres désolées inhospitalières. Le contraste était saisissant: d'une herbe verte et dense parsemée d'arbres en bonne santé on passait à un territoire sans fin de roches stériles, de ravines, de très petites collines à peine plus hautes qu'une bosse, de broussailles en miettes et mer de gravier. L'endroit était tout entier dévolu à éradiquer la vie et on se demandait bien qui pourrait vouloir s'installer dans le coin.
Ils ne tardèrent d'ailleurs pas à le savoir: quatre individus surgirent d'une crête rocheuse et se posèrent devant la troupe. Ils étaient vêtus d'habits martiaux déchirés et sales, de mauvaise qualité. Seules leurs armes, des épées, haches, poignards et une arbalète, semblaient avoir été à peu près entretenues correctement.
Un d'entre eux s'avança, il tenait un fauchon court et une targe de bois cerclée de métal. Il parlait avec un accent local qui ne laissait aucun doute sur sa nationalité.
-"Messires, m'dame. Permettez-moi d'me présenter: ch'uis Gregor Mains-Froides II. L'seigneur légitime de ces terres. Et aujourd'hui z'allez aider un prince, alors soyez fier: vous allez me filer tout c'qui a de la valeur chez vous. Le pognon, la bouffe, les armes, tout. Merci d'vot collaboration avec l'prince, m'sires m'dame." |
-"L'précédent prince de Délivrance s'appelait aussi Gregor Mains-Froides. C'pas impossible que ça soit un d'ses fils..." |