Le seigneur des chevaux

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L’île d’Ulthuan est la demeure des Hauts Elfes. Le continent insulaire des elfes est situé dans le Grand Océan de l’Ouest, entre le Vieux Monde et le Nouveau Monde. C’est un anneau de terres, entouré d’archipels dispersés. Durant la guerre civile entre les Hauts Elfes et les Elfes noirs, plus connue sous le nom de Déchirure, Ulthuan perdit une grande partie de ses terres nordiques.

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Le Voyageur
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Le seigneur des chevaux

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C’était Meleth IV, un étalon célèbre issu de la plus pure lignée chevaline, celle qui donna Malhandir au Prince Tyrion et qui descendait du légendaire Korhandir, le Père des Chevaux. Sa robe d’argent, son intelligence et son tempérament de feu étaient connus à travers les Dix Royaumes et les éleveurs payaient leur poids en or pour que leurs pouliches soient saillies par lui, le meilleur reproducteur du royaume d’Ellyrion.

C’était Meleth IV qui était étendu dans les herbes hautes de la prairie, ses crins lumineux frémissant devant l’orage qui s’annonçait. Son flanc était lacéré par de profondes blessures, sa panse ouverte laissait voir des entrailles noires et luisantes, son encolure portait la morsure sanglante d’une mâchoire démesurée. Le sang déjà séché imprégnait l’herbe et la terre autour de la carcasse. Cette dernière était celle d’un être si pur qu’aucun charognard n’avait encore osé s’en approcher. Seule une créature au cœur emplit de noirceur avait pu commettre un tel blasphème. La plaine, tout autour, semblait vide de toute vie. Les nuages s’assombrissaient à vue d’œil et fermaient peu à peu les puits de lumière qui tentaient encore de percer.

Le prince Idaril se tenait immobile auprès de la dépouille du cheval. Le vent frais qui se levait faisait voler ses cheveux blonds et sa cape brodée tandis que l’herbe de la prairie ondoyait comme la surface d’une mer brillante. Nulle émotion sur le visage glabre et impénétrable de l’Asur, et seuls ses poings refermés trahissaient les sentiments qui agitaient son cœur. Sa suite attendait derrière lui, silencieuse.

Meleth était ce que le prince avait de plus précieux. Plus qu’un bien, c’était un compagnon et un ami qu’il venait de perdre. Le lien qui les unissait était exceptionnel, même dans le royaume des seigneurs des chevaux. Idaril était agenouillé aux côtés de la pouliche dans la paille dorée de l’écurie lors de la naissance de l’étalon. C’est lui, et non ses serviteurs, qui avait aidé la jument à pouliner en tirant délicatement sur les antérieurs fragiles du nouveau-né pour le faire venir au monde. Se faisant, le prince récitait une prière apprise de son père, et que ce dernier avait apprise de son père avant lui. Ces incantations étaient celles de la langue des chevaux, connues seulement des anciennes dynasties ellyriennes. Le poulain de quelques heures, encore fébrile sur ses pattes, entendit le chant qui lui était consacré et lia instinctivement son destin à celui de l’elfe.

Idaril n’eut pas à le dresser, car ils allaient avec l’harmonie d’un seul être. Le prince montait Meleth sans rennes ni étriers et ils communiaient entre eux sans gestes ni paroles. Ensemble, ils parcoururent la terre, depuis les étendues gelées de Naggaroth jusqu’aux sables changeants de Nehekara. Ils connurent la guerre et livrèrent bataille aux confins du monde sans jamais se quitter. Les prouesses guerrières d’Idaril étaient renommées parmi ses frères Asurs et la seule vue de son étendard et des reflets de la robe de Meleth suffisaient à leur redonner courage lorsque leur volonté faiblissait. Au moment où le coursier était blessé, Idaril souffrait en son âme. Quand c’était Idaril qui chutait au sol blessé par quelque ennemi, alors l’étalon devenait incontrôlable et se battait violement pour protéger son maître. Mais rien ne plaisait plus à l’un et l’autre que leurs longues marches dans les prairies verdoyantes d’Ellyrion, leur foyer. Là, seuls au monde, ils se sentaient entiers. Meleth partait au galop et toute la noblesse de sa race se déployait alors, et il filait plus rapide que le vent, entraînant son cavalier dans une course effrénée.

L’orage gronda tandis que les nuages se refermaient sur le dernier faisceau de rayons, jetant définitivement leur ombre sur la plaine. Idaril tendit la main derrière lui sans quitter le cadavre des yeux.


- "Mon heaume. Mon arc. Ma lance." dit-il simplement.

Un écuyer en livrée blanche s’avança lentement et déposa la hampe d’une lance à pointe d’ithilmar dans la main du prince. Il lui donna aussi son arc enchanté et lui passa son heaume orné de plumes d’aigles avant d’en attacher la jugulaire. Idaril ne bougea pas d’un pouce. On lui amena un cheval issu de ses écuries, et sa garde se rapprocha de lui. C’étaient tous des vétérans, ayant servi des décennies au sein des glorieux régiments de Patrouilleurs. Le prince se retourna enfin, monta en selle et fit face à sa suite.


- "Faites quérir les meilleurs pisteurs de Tor Elyr et de la Combe des Lys. Qu’ils me rejoignent au pavillon de Belwen avant le crépuscule." Il jeta un dernier regard au cadavre de Meleth. "Je jure par Anath Raema, Addaioth et tous les dieux maudits du Cytharai, que je tuerai de mes mains le responsable de ce crime."

Et le prince Idaril talonna sa monture et fila en direction des contreforts de l’Echine du Dragon que l’on devinait au loin tandis que ses fidèles se dispersaient selon ses ordres, la mine assombrie par ces noires invocations. Bientôt, seule restait la carcasse de l’étalon le plus fameux d’Ellyrion. Laissé aux éléments dans les plaines qui l’avaient vu naître, Meleth allait bientôt nourrir la terre et ne vivre plus que dans les chansons des maîtres des chevaux.
Je ne suis qu'un voyageur
Sous le soleil et la pluie
Je ne suis qu'un voyageur
Et je retourne au pays

Je n'ai plus que mon cheval
Mon cheval et mes habits
Des habits qui me vont mal
Et je retourne au pays

J'ai couru le monde, mais ma raison
M'a dit que le monde, c'était ma maison

Je ne suis qu'un voyageur
Qui chemine dans la nuit
Et je sens battre mon coeur
Car je retourne au pays

J'ai quitté ma blonde, qui m'avait dit
Va courir le monde si c'est ça ta vie

Je ne suis qu'un voyageur
Elle ne m'a jamais écrit
Et maintenant ah j'ai peur
De retourner au pays

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