[RP libre] Un éléphant dans un magasin de porcelaine

[Bolrok]

Le soleil était haut dans le ciel, éclairant tout de sa splendeur et de sa majesté flamboyante. Ses rayons réchauffaient l'air et emplissaient ce dernier d'un sentiment de bien-être et de sérénité. Sa présence seule rassurait tous ceux qui levaient les yeux vers lui, car en sa seule présence, les mortels savaient qu'ils étaient en vie. Mais... Quand une lumière brille intensément, les ombres qu'elle projette sont assurément immenses. Et quand la lumière vient du soleil, les ombres sont à la fois grandes et profondes, si profondes que les regarder même du coin de l'œil suffis à souffler cette sensation de chaleur pour quelque chose de plus froid, de plus viscéral. C'est ce que devait ressentir les mortels quand ils posaient le regard sur la forêt de la Drakwald, impénétrable, profonde, et pleine de dangers et d'horreurs qui se tapissent dans l'ombre de la forêt, autant que dans le cœur des mortels même si ces derniers ne les connaissent pas, les ignorent ou bien les côtoient.

Mais de son point de vue, cette forêt n'était pas malfaisante, bien au contraire. Bolrok l'avait vue de loin cette forêt car il était difficile de ne pas la voir. Cela faisait des années qu'il arpentait les terres de l'Empire, là où ces raclures d'Humains avaient foulés le Sol-de-sang par leurs structures et leur ordre. Il avait erré de par ces terres, suivant son instinct le plus profond et le plus bestial, se laissant guider par des intuitions surement offertes par ses sombres maîtres depuis qu'il avait quitté ce passage montagneux. Seul son instinct lui dis qu'il était arrivé dans la forêt de la Drakwald, car il ne parlait pas la langue des Hommes, et les quelques Hommes-Bêtes qu'il avait pu croiser se sont révélés de vrais Hommes-Bêtes, plus enclins au combat et au massacre qu'à donner des indications. Mais après de nombreuses saisons, il était arrivé, il le savait, il le sentait.

Depuis qu'il avait aperçu les arbres de cette forêt, voilà plusieurs jours, Bolrok n'avait pas dormi, et ses réserves de nourriture étaient presque totalement épuisées, ce qui le plongeait dans une colère sourde prête à exploser à n'importe quel instant sur absolument n'importe quoi. La fatigue et la faim le tenaillaient, et comme si cet étau ne suffisait pas, son désir de réduire en charpie, de trancher en deux et de sentir le sang des Hommes dans sa trompe, sous ses pieds et sur sa hache s'ajoutait à ses douleurs mentales. Les oiseaux turent leurs chants et le sentier que prenait Bolrok était dénué de leurs piaillements, mais le sol grouillait de rongeur. De la pitance bonne pour les change-peaux et les chiens, Bolrok ne s'abaisserait pas à manger ces charognes ambulantes. Pour se défouler, à la place d'un corps chaud et vivant, il frappa violemment un arbre, dont l'écorce vola facilement en éclat et dont le tronc fut enfoncé pour laisser la trace de son poing.

Bolrok finis par arriver devant un cours d'eau et fit une petite halte. Tout Minotaure qu'il pouvait être, son endurance était mise à rude épreuve depuis qu'il avait aperçu les arbres de la forêt et sa course, déjà épuisante, avait été alourdie par ce qu'il portait sur lui. Dans sa main droite se tient sa meilleure arme, la hache à deux mains qu'il avait obtenu sur le tertre dédié à ses sombres maîtres, à la suite d’un duel contre un Homme-Léopard, dont la peau fait désormais parti des trophées qu'il trimbale avec lui, dans son grand sac tenu en main gauche. Dans son dos se trouve un immense tonneau, dans lequel le bruit et l'odeur de l'alcool venait sans arrêt tenter Bolrok, mais s'y laissait aller aurait signifiait faire des pauses et assécher son contenu, alors que le laisser tel quel dans le tonneau venait ajouter à sa colère, mais cela l'avait aidé durant sa course. Le tonneau était sanglé à son dos grâce aux plusieurs mètres de chaines et au crochet qu'il avait gagné il y a de cela des années. Le noble usage de ce crochet devrait attendre encore un peu. Pour l'heure, Bolrok le détacha, faisant tomber le tonneau au sol, provoquant un bruit lourd quand il percuta le sol, proche de l'eau. Bolrok posa également son sac de trophée juste à côté avant de commencer à boire l'eau de la rivière.

L'eau était bonne, fraîche et presque transparente. Il but à grandes rasades, si bien qu'on aurait dit que le niveau de la rivière descendait de quelques millimètres à chaque fois avant de se remplir à nouveau. L'eau fit tellement de bien à Bolrok qu'il décida de mettre ses pattes dans l'eau également, lui qui était si peu habitué à cette sensation, il trouva cette dernière plaisante. Tellement en fait qu'il laissa tomber de lourds excréments dans la rivière, transportant à la fois l'odieux contenu de l'estomac de Bolrok et son odeur. Bolrok ne resta que quelques minutes les pattes dans l'eau avant d'en sortir et d'ouvrir son tonneau. L'odeur des différents alcools se fit immédiatement sentir dans la trompe de Bolrok et il laissa sortir un grondement guttural de satisfaction. Mais rapidement, l'odeur du vin fut supplantée par une odeur plus forte qui fit tourner la tête à Bolrok, celle du sang. Au cours de son voyage depuis le col, et lorsqu'il pouvait se permettre de le faire, il remplissait son tonneau d'alcool ainsi que de sang Humain. Le mélange faisait toujours tourner la tête à Bolrok qui entrait dans des états de rages impressionnants, même pour un Minotaure. Sa trompe alla rapidement tremper dans le mélange et se mis à mélanger le tout, Bolrok faisant preuve d'un immense effort de volonté pour ne pas commencer à boire... Mais finalement, pourquoi se retenir plus longtemps ? Il se mit à boire une rasade. Puis une deuxième, puis une troisième quand il ressortit sa trompe et referma le tonneau. Il commençait à respirer fortement et rapidement, ses muscles commençaient à hurler au carnage et il commença à chercher des yeux n'importe quoi qui pourrait lui servir d'adversaire.

C'est alors qu'il entendit le fracas des armes. Faible, lointain, surement à quelques kilomètres de là, mais il y avait combat. Dans un sursaut de raison il reprit ses affaires et se lança à la recherche de l'origine de ce bruit depuis trop longtemps recherché. Bolrok courut sauvagement, écrasant la végétation sur son passage, tuant insectes et rongeurs sur sa lancée sans même s'en rendre compte ou s'en préoccuper, les arbres eux même semblaient s'écarter de son chemin pour ne pas être broyés par sa masse en charge. Il ne lui fallut qu'une dizaine de minutes pour trouver l'origine de ce bruit, mais semblait-il qu'il arrivé après la bataille. La bataille en question avait été rapidement bouclée, et des dizaines de petits cadavres verts étaient étalés sur le sol, morts. Des peaux-vertes venaient de se tuer entre eux, surement pour l'obtention de cet endroit. Pas seulement la minuscule partie de la forêt, mais la grotte. Surement qu'une petite bande de peaux-vertes avaient élue domicile dans cette grotte, dissimulée aux yeux de tous à cause du fait qu'elle se trouvait cachée par trois troncs d'arbre, à moins que ce ne fut d'immenses racines car l'entrée de la grotte ressemblait à un arrondi fait de terre, d'herbes et de bois. Bolrok, déjà un peu aviné et à la recherche de combats qui semblaient déjà finis, écumé littéralement de rage sur place, quand il entendit de nouveau un bruit. Pas le fracas des armes cette fois-ci, mais une espèce de rire, de ricanement. Puis à cela venait s'ajouter l'odeur d'une nourriture. Cette fois, s'en était beaucoup trop. Il lâcha son sac, décrocha son tonneau, délaissa son crochet à chaînes, pris sa hache double en main et chargea dans la grotte en poussant un rugissement sauvage, terrible, et puissant au point que, une fois dans la grotte, l'écho rendu au monde semblait être celui d'un monstre antique qui s'éveille.

La grotte n'était pas très profonde, tout juste une dizaine de mètres de profondeur, mais elle était spacieuse. Elle était également gardée, mais ceux qui la gardait étaient des petits peaux-vertes, déjà épuisés et blessés de leur combat récent. Ils n'étaient que 12, 7 étant équipés de dagues poisseuses de sang, tandis que les autres possédaient des arcs qui semblaient avoir étaient fabriqués de leurs mains plutôt que par les Hommes. Leurs armures avaient également connu des jours meilleurs. Surement. Mais en l'état, leurs armures étaient toutes presque bonnes à jeter même si elles étaient en cuir. Ils étaient totalement désorganisés, épuisés et affaiblis par leur combat, aussi quand Bolrok entra dans la grotte en brandissant sa hache en l'air, en rugissant et en ayant l'air encore plus enragé qu'à la normale, les Gobelins étaient totalement pris par surprise, sans compter la peur qui vint les saisir quand ils se tournèrent pour faire face à un adversaire dont ils arrivaient à peine à la ceinture en levant les bras.

[Bolrok]

"- MMMMMMMMMMMMMAAAAAASSSAAAAACRRRRRRRRREEEEEEEEEEEERRRRR !!!!!!" Rugit Bolrok en langue noire.

Son rugissement pris la forme de celui d'un véritable monstre invincible, dénué de toutes formes de raisons et enragé. Ses pas faisaient dangereusement trembler les stalactites perchaient dans les hauteurs de la grotte, tandis que les petites marres d'eau générées par des mois d'humidité, se mirent à onduler sous le même effet. Son rugissement fut encore plus puissant, augmenté qu'il était par l'écho de la grotte, si bien que les oiseaux à des kilomètres s'enfuirent à tire d'ailes, ce que firent également les Gobelins. Enfin, tentèrent de faire.

Les peaux-vertes étaient totalement paniqués, ils se mirent à courir dans tous les sens, cherchant une issue qui ne se trouvaient que derrière le mastodonte qui était en train de les charger. Totalement en panique, aucun ne chercha à prendre en main une arme ou autre, si bien que quand le danger était à portée d'arme, cette dernière décrivis un arc de cercle qui trancha trois des petits êtres, répandant leurs carcasses et leurs sangs impies sur le sol, pendant que leurs congénères tentèrent de profiter de l'occasion pour se faire la malle en vitesse. Mais Bolrok n'en avait pas assez eu. La sensation de trancher ses adversaires l'avait rendu totalement fou, cette sensation lui avait horriblement manqué, et maintenant que l'occasion se présentait, elle pensait pouvoir prendre la fuite ?!

"- JAMAIS !!!!!!!!!!!" Rugit-il de nouveau, en attrapant une jambe de l'un des gobelins morts par la trompe pour l'envoyer sur ceux qui tentèrent de s'enfuirent.

La moitié de cadavre ne toucha personne, mais certains furent trop ralentis par le fait de devoir faire un petit saut pour ne pas tomber par terre, ce qui laissa le temps à Bolrok de venir rattraper les plus affaiblis, et de faire sentir le gout du sang peaux-vertes une nouvelle fois à sa hache, qui se gorgea du sang de cinq nouvelles victimes. Bolrok était en transe totale. L'odeur du sang avait totalement éveillé le monstre en lui, et cette sensation de trancher un corps en deux était la plus merveilleuse des sensations... S'en était orgasmique pour lui. Le carnage venait de commencer, mais les futurs massacrés courraient vite.

Il sortit en trombe de la grotte pour apercevoir un Gobelin en train d'essayer de se relever après être tombé au sol. Bolrok posa son pied sur la tête du Gobelin et appuya de toutes ses forces et un délicieux "SPLOCH" se fit entendre. Comme le bruit que faisait un Gobelin qui essayait de grimper les troncs d'arbre plutôt que de fuir droit devant, Bolrok planta sa hache dans le petit cadavre sous son pied, fit quelques pas rapides pour saisir son crochet à chaîne, se retourna et le lança sur le Gobelin. Le crochet ne se planta pas dans le gobelin, mais dans le tronc d'arbre que le gobelin escaladait. Le Gobelin réussit à s'enfuir, laissant Bolrok écumant de rage. Il poussa un hurlement de rage alors que tous ses muscles se contractaient, et se mit à tirer sur la chaîne. Le crochet finit par se décrocher après la deuxième tentative de Bolrok. Ce dernier laissa littéralement tomber le crochet au sol, repris sa hache à deux mains, et décida de passer ses nerfs sur les cadavres autour de lui.

Après avoir passé plusieurs heures à satisfaire ses besoins sur des cadavres de peaux-vertes, ne laissant de certains plus rien si ce n'est des doigts et des os, la rage de Bolrok fut finalement un peu calmée. Il prit le crochet à chaînes ainsi que son tonneau et ramena le tout à l'intérieur de la grotte. En soi, la grotte n'était pas bien grande, ni vraiment haute. Après quelques pas à peine, la grotte était un immense cercle d'une dizaine de mètre de diamètre, et son plafond devait à peine atteindre les quatre mètres. Un endroit assez petit, mais Bolrok ne pouvait pas vraiment se permettre de faire la fine bouche en matière de lieu de repos. Il déposa son tonneau dans un coin, sur lequel il déposa son crochet à chaînes, et ressortit de la grotte.
Il entreprit alors de ramasser les cadavres de peaux-vertes, une quinzaine en tout. La plupart finirent dans la grotte, tandis que d'autres avaient été empilés les uns sur les autres en une odieuse parodie de sanctuaire, dédié à ses divinités malveillantes. Durant le processus, il s'assura de marquer cet endroit comme étant le sien en laissant des traces de ses défenses contre les arbres proches tout en évacuant le contenu de sa vessie sur le sol, faisant immédiatement fuir les petits animaux qui se trouvaient proches de là.

Une fois cette affaire close, Bolrok retourna dans la grotte et s'assis lourdement à côté de son tonneau. Il commença ensuite à dévorer sauvagement les cadavres de peaux-vertes, les uns après les autres, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, même pas les os. Le goût était bon étrangement, mais rien ne valait la tendre et douce chaire d'un être Humain encore en vie. Mais cela attendrait, chaque chose en son temps et il était temps de faire une visite de son nouveau lieu de résidence.
Après plusieurs minutes de fouille, Bolrok amoncela ce qu'il avait trouvé : De la viande séchée et un peu de venaison qui disparurent rapidement ; De l'alcool et de la bière qui vinrent se mélanger au contenu du tonneau géant ; ainsi que de l'or et quelques armes, surement forgées par les Humains. Tout ce que Bolrok ne dévora pas ou ne bus pas, finis par être déposé au pied de son sanctuaire macabre afin d'honorer encore un peu plus ses sombres maîtres, et il n'oublie pas non plus de déposer certains autres trophées gagnés sur le chemin, d'autres cadavres ou ossements. Lui, n'avait besoin que de manger, boire, dormir et combattre. Toujours combattre. Mais maintenant, Bolrok s'en retourna de nouveau dans sa grotte, s'assis dans le fond, sa hache à deux mains, posée juste à son côté, et ferma les yeux pour pouvoir enfin dormir.

[Bolrok]

"- Ne dévorez pas leurs cœurs, ces Humains étaient trop faibles pour que nous puissions gagner quoi que ce soit d'eux ! Laissez-les aux chiens, nourrissez-vous plutôt de leurs boyaux, buvez leurs sangs ! Abreuvez-vous !!" Rugit le chef de la harde.

La nuit était agitée, comme chaque nuits après un combat contre les Humains, ou les peaux-vertes. Les cadavres étaient empilés près du feu tandis que les survivants étaient laissés au Chaman, afin qu’il les interroge pour ensuite les sacrifier sur l'autel des forces de la ruine. La boisson coula à flot, la nourriture était engloutie à grande vitesse et des Hommes-Bêtes moururent également, certains avaient du mal à comprendre où se trouvait leur place au sein de la harde, alors on le rappelait aux autres en faisant des exemples. Les chiens et les charognards volants arrivèrent bientôt pour se repaître de ce qui restait sur le sol ou sur les os dans des bruits de satisfaction, de grognement, de contentement et de menaces. La Harde avait élu domicile dans un renfoncement montagneux, assez bien dissimulé, et si des aventuriers venaient à suivre la fumée, ils ne trouveraient que la mort et la dépravation. La nuit était glaciale, mais le camp et ses occupants ne s'en occupaient pas le moins du monde, occupés à fêter leur victoire.

"- Dégage d'ici, le Gor !!" Hurla un homme-bête pachyderme, balançant sa hache à deux mains pour décapiter le Gor, qui eut le réflexe de baisser la tête et de cavaler plus loin du feu dans un glapissement d’hyène. "- La prochaine fois que j'te vois, je festoierais sur tes tripes, t'as pigé ?!"

La déclaration fut accueillie par nombreux rots et beuglements, et la fête repris. Bolrok en faisait évidemment partie, il avait combattu plus que bien lors de cette attaque, et il avait réussis à mettre en place une stratégie efficace alors que les combats faisaient rage. S’il n'avait pas ordonné la retraite pour faire tomber les Humains dans une embuscade, il y aurait eu plus de pertes de leur côté, et ils auraient manqués un sacré carnage. Pour fêter la victoire, la fête devait être entendue sur plusieurs kilomètres. Puis un autre Minotaure arriva vers Bolrok. Il était plus vieux, plus ancien, plus fort et avait une peau aussi solide que le fer. Un Hommes-Bête rhinocéros dont l'âge ne se comptait pas en années mais en nombre de champ de bataille connus posa une main écrasante sur l'épaule de Bolrok, qui pivota prêt au combat.

"- Le Chaman et le Chef veulent te voir dans la grande tente." Dit l'ancien Minotaure.

Bolrok était prêt à envoyer son poing dans la gueule de l'ancien Minotaure, mais la mention du Chaman le fit revoir son jugement. Bolrok n'en avait rien à faire du chef de la Harde, il le considérait comme de plus en plus faible et bientôt, il le défiera pour le contrôle de la harde. Mais le Chaman... Si le Chaman appelait, Bolrok répondrait car plus que la voix de la Harde, les Chamans partageaient les volontés et les désirs des Sombres Maîtres. Et bien con serait celui qui se risquerait à ne pas les écouter.
Bolrok se fraya un chemin jusqu'à la tente du chef de la Harde, chose qui fut des plus faciles car aucun Gor ne voulait se mettre sur son chemin. Bolrok était un Minotaure, un Minotaure particulièrement brutal qui plus est. Ce ne serait pas une première qu'il écrase un Gor sous son pied ou dans sa main pour faire passer un peu de la colère qui le ronge depuis qu'il est né. Cette colère était presque comme une aura dont il se drapait en tout temps, si bien qu'il avait simplement à être présent pour que des sueurs froides coulent le long de la nuque des Gors et autres Ungors présents, et ceux-ci s'empressaient de s'écarter de son chemin.

"- Ah. Bolrok, te voilà enfin." Dit le Chaman quand Bolrok entra dans la tente du chef.

Bolrok fis quelques pas dans la tente pour se placer en son centre et baissa respectueusement la tête face au Chaman. "- Chaman, vous m'avez fait appeler."

"- Il n'est pas le seul à l'avoir fait, Minotaure." Menaça le Chef de la Harde.

Bolrok releva la tête en direction du Chef. La tente du chef était la plus grande de la Harde, fabriquée avec les peaux des différents animaux que ces terres pouvaient accoucher, ainsi que des peaux de nombreux rivaux du Chef, elle était assez grande pour que Bolrok ne se sente pas cloisonné dans un endroit. Au fond de la tente, le Chef était debout juste devant ce qui lui servait de trône, fait avec le crâne d'une créature qui ressemblait à Bolrok dont il ne restait que les os blanchis et craquelés par le temps et le soleil. Le chef de la Harde, lui, était un immense Homme-Lion au pelage doré et à la crinière rouge, dont on ne sait si elle est naturelle ou si elle l'est devenue à cause des litres de sang qu'il a fait couler. Et qu'il continue encore à faire couler car, comme certaines armes, les griffes et les crocs du Chef ne s'émoussaient jamais. Le Chef se tenait bien droit, debout sur ses pattes arrière, mais prêt à bondir à n'importe quel moment. Quand les regards du Chef et de Bolrok se croisèrent, une tension s'installa l'espace de quelques instants durant lesquels des grognements et petits mugissements se firent entendre jusqu'à ce que Bolrok baisse légèrement la tête à son tour.

"- Chef, vous m'avez fait appeler." Répéta Bolrok.

Le Chef souffla fortement du nez avant de prendre la parole. "- Tu t'es battu de façon remarquable aujourd'hui. Tu mérites un petit quelque chose de la prise." Il fit signe à un Ungor d'apporter quelque chose.

Bolrok se tourna et vit un Ungor quelconque lui apporter des chaînes, liées à un crochet sur plusieurs mètres. Il se saisit du crochet à chaînes, l'observa quelques secondes avant de planter le crochet dans le crâne de l'Ungor et de tirer sur la chaîne pour le faire s'envoler dans la tente. Le cadavre s'envola sur plusieurs mètres avant de rouler sur les mètres qui restaient et même en dehors de la tente. Rapidement, les charognards se faisaient entendre, ainsi que le bruit caractéristique de mastications infâmes.

"- Merci, Chef." Dit simplement Bolrok à l'attention du Chef, qui pour toute réponse lui rendit un regard noir.

"- Bolrok." Dis le Chaman en allant pour sortir de la tente. "- Viens avec moi. J'ai à te parler seul à seul."

Bolrok avait tourné la tête pour bien entendre chaque mot du Chaman, puis se retourna vers le Chef pour lui rendre légèrement hommage avant de suivre le Chaman. Le Chaman était vieux, en fait il avait déjà l'air vieux aussi loin que Bolrok pouvait se rappeler, donc il n'était peut-être pas si vieux que ça. Le Chaman se déplaçait grâce à son bâton qu'il tenait à deux mains et s'appuyait lourdement dessus, l'une de ses jambes n'étant plus tout à fait utilisable. Le Chaman était un Homme-Bête Babouin, mais peu pouvaient le jurer car il portait constamment une grande veste blanche qui recouvrait tout son corps et une capuche, blanche également, venait lui couvrir la tête jusqu'au bout du museau, si bien qu'il fallait attendre un coup de vent qui semblait ne jamais venir pour voir le visage du Chaman, ou bien l'un des rares moments où il retire sa capuche et tends l'oreille, à l'écoute des murmures de leurs Sombres Maîtres.
Le Chaman trébucha, mais Bolrok arriva assez vite pour le rattraper et le remettre sur ses pieds. Le Chaman regarda le pachyderme plusieurs secondes derrière sa capuche avant de ricaner et de reprendre sa route, Bolrok à côté de lui. Si déjà les autres Gors s'écartaient à la venue de Bolrok, ils dégageaient maintenant totalement la voie. Tout le monde redoutait la colère de Bolrok, et tous savaient ce qui arriverait au premier qui se mettrait sur le chemin du Chaman alors que Bolrok était dans le coin. Un Ungor tomba à quelques mètres devant eux, déclenchant chez Bolrok l'envie immédiate de tester à nouveau son crochet à chaîne, mais l'Ungor était assez intelligent pour comprendre son erreur et fit mine de nettoyer le passage devant le Chaman, ce qui lui permis de vivre une soirée de plus. Le Chaman conduisit Bolrok de plus en plus loin du feu de camp, ils traversèrent les campements des Minotaures, des Gors, des Ungors et même au-delà, pour finalement sortir de la zone du feu de camp de la Harde. Les étoiles étaient brillantes d'un éclat vert ce soir, aussi vert que la mauvaise lune, car en cette soirée, elle était pleine. Une fois qu'ils furent assez loin, le Chaman s'arrêta, et Bolrok en fit autant deux mètres plus loin.

"- Bolrok, nos Maître m'ont parlé de toi." Dit le Chaman en se tournant vers Bolrok. "- Ils ont posés leurs regards sur toi lors de ta naissance même, j'étais là moi-même cette nuit, et depuis je n'ai cessé d'observer celui qui se nommait Bolrok et qui avait l'attention des dieux. Chaque jour était un test, aussi bien aux yeux de nos maîtres qu'aux miens. Et maintenant, voici venir la première épreuve que nos Maîtres te soumettent Bolrok, car ils m'ont accordé une vision te concernant."

Bolrok fixait le Chaman avec grand intérêt et respect. Il sentit l'excitation monté au fur et à mesure que le Chaman parlait. "- Que vous ont-ils dit, Chaman ?"

Le Chaman, sans quitter Bolrok des yeux, indiqua une direction. "- Pars. Pars très loin dans cette direction. Tu y trouveras un cadeau que nos maîtres te font. Remporte-le, et prouve que tu es digne du destin qu'ils te réservent. Échoue, et ils"

"- Il n'y aura pas d'échec, Chaman." Coupa Bolrok. Il s'approcha du Chaman jusqu'à être à portée de main. "- Il n'y aura pas. D'échec."

Le Chaman ria d'un rire dément et se mit à trembler d'excitation. "- Alors va ! Va ! Et remporte le trophée que tu promets de ramener avec toi !"

Bolrok regarda dans la direction que lui avait indiqué le Chaman et commença à se mettre en route. Ponk. Ponk. Ponk. Ponk... Ponk.... PONK !

Bolrok ouvris les yeux en grands, sortant immédiatement de son rêve pour entendre du bruit à l'entrée de sa grotte.

[Bolrok]

Ponk. Ponk. Ponk.
Le bruit était déjà proche et continué de se rapprocher. Bolrok se leva avec rapidité, sa hache à deux mains, tenue fermement et la colère dans les yeux. Celui qui avait troublé le repos de Bolrok allait finir en charpie, et son cadavre rejoindrai l'autel. Il leva sa hache et commença à charger vers la sortie en rugissant, l'écho de la grotte répercuta le rugissement, le transformant en un cri encore plus monstrueux et encore plus intimidant. Quand Bolrok sortie en trombe de sa grotte, il tourna immédiatement sur sa gauche, prêt à frapper et à déchiqueter. Mais il arrêta sa hache dans son mouvement, les yeux grands ouverts de surprise et de stupéfaction.
Cette sensation qu'il ressentait dans tout son corps, comme s’il baignait dans autre chose que de l'air, quelque chose d'encore plus fou, d'intangible et qui pourtant interagissez avec le monde entier... Cette odeur qu'il avait déjà sentie il y a maintenant de très nombreuses années, et qu'il pensait ne plus jamais sentir... Et, cette silhouette...

"- Eh bien, Bolrok. Tu montrais plus de respect la dernière fois." Dis la silhouette encapuchonnée sous son grand manteau blanc, avec un ton ricanant alors que la hache de Bolrok n'était qu'à quelques centimètres de sa tête.

Bolrok redressa promptement sa hache et la planta dans le sol avec rapidité et fureur pour ensuite baisser respectueusement la tête. "- Chaman Dooghur... Je... Vous... Euh..."

Le Chaman ria aux éclats en levant son museau vers le ciel. "- Tu sembles un peu perdu, Bolrok. Tu ne reconnais pas Dooghur ?"

"- Si ! Si, Chaman ! C'est juste que... Je ne pensais pas que vous..." Hésita Bolrok qui s'était redressé.

"- Que j'étais encore vivant ?" Et Dogghur ria de nouveau avant de reprendre la parole. "- Bolrok, il en faut bien plus pour tuer un Chaman qu'une simple petite armée de courts sur patte."

"- Et..." Tenta Bolrok, avec un infime espoir. "- Le reste de la Harde ?"

Dooghur retrouva son sérieux le plus total et parla lourdement comme Bolrok l'avait rarement entendu. "- Morts, tous jusqu'aux derniers. Ils étaient devenus trop faibles, guidés par un chef qui refusait de mourir. La Harde n'est que le reflet de la force du Chef, et la Harde était devenue... très faible."

Bolrok souriait, totalement satisfait par la mort de cette Harde de faiblards. "- Et comment avez-vous fait pour survivre, Chaman ?"

"- Rien ne saurait entraver l'avènement d'une nouvelle Harde. Et cette nouvelle Harde a besoin d'un Chaman." Dit-il en se désignant. "- Et d'un Chef puissant." Dit-il en désignant Bolrok.

Le pachyderme écarquilla les yeux de surprise. Il tremblait littéralement de tout son corps sous l'exultation et ne put s'empêcher de rugir au ciel tellement il était joyeux.

Dooghur frappe le sol de son bâton pour retrouver l'attention de Bolrok. "- Tu n'es pas encore Chef, Bolrok. Et tu n'as toujours pas fait tes preuves en tant que tel. Tu n'as pas de Harde, tu n'as pas d'alliés et tu n'as pas fait tes preuves dans ce sens aux yeux de nos maîtres."

Bolrok coupa son rugissement, occasionnant un petit bruit de trompe d'éléphant un peu étrange. Il reprit contenance, pris trois grandes inspirations pour se calmer un peu et dégagea sa hache du sol à une main. "- Je t'écoute, Chaman. Que dois-je faire ?"

"- Pour commencer, tu auras besoin d'un Chaman, car les Chamans sont les portes paroles de nos sombres maîtres. Heureusement pour toi, un Chaman que tu connais bien n'a désormais plus de Harde non plus. Cependant, il ne t’a pas encore reconnu comme étant digne de devenir un Chef de Harde."

"- Que dois-je faire pour que ce puissant Chaman en face de moi rejoigne ma Harde ?" Demanda Bolrok.

Dogghur pointa l'ouest de son bâton. "- Va dans cette direction. Tu trouveras de quoi faire tes preuves aux yeux de ce Chaman. Je saurais te retrouver après, Bolrok. Que ta hache fasse couler le sang de ces Humains."

Bolrok acquiesça et avant de partir retourna dans la grotte pour prendre son immense tonneau et son crochet à chaîne ainsi que ses affaires. Quand il ressortit de la grotte, le Chaman Dooghur avait totalement disparu. Bolrok jeta un coup d’œil à son petit autel, ainsi qu'au sac de trophée qu'il avait déposé devant. Il ouvrit le sac et balança tout son contenant autour de l'autel, ne reprenant que le sac en lui-même ainsi que la peau de léopard et partit en direction de l'ouest. Son ascension et sa destinée venaient de se mettre enfin en marche.

[Bolrok]

Bolrok courrait dans la forêt, mais à vitesse réduite car malheureusement ses énormes pattes n'étaient pas habituées au sol d'une forêt, bien plus accoutumées à un sol solide et sec, aussi il n'avait d'autre choix que de courir à petite allure. Son instinct et ses sens appréciaient cette forêt, mais ses pattes et son corps beaucoup moins. L'air était souvent frais, un peu humide et la rosée du matin venait immanquablement glisser sur son cuir. Il apprécierait bien plus un air sec, chaud et avec moins d'eau mais sa terre natale était loin et ses dieux avaient décidés qu'ici commencerait sa destinée.

Il courut avec son tonneau dans le dos jusqu'à ce que la nuit tombe petit à petit dans la forêt, les rayons du soleil se faisaient déjà de plus en plus rares tandis qu'ils prenaient la teinte cramoisie du crépuscule. Il commença à ralentir un peu son allure pour vérifier dans quelle direction il allait pour être certain de ne pas avoir dévié. A peine quelques secondes et il se félicita mentalement d'avoir suivis la bonne direction, et pour se récompenser, il s'autorisa à boire deux coups de trompe dans son breuvage. Le liquide était épais, collant et presque gluant, l'odeur qui se dégageait du tonneau était infâme et aurait fait vomir n'importe qui. Mais pour Bolrok, c'était de l'ambroisie. Il but goulûment et referma le couvercle, remis le tonneau dans son dos et repris sa course, une vigueur nouvelle habitant ses muscles monstrueux.

Il suivait encore le bon chemin quand un bruit l'arrêta net dans sa course. Il tendit les oreilles pour être sûr de ce qu'il entendait. Des branches qui craquent et un feu qui danse. Sa venait de l'ouest, légèrement vers le nord. Et ça... ça c'était le bruit que faisait une proie. Des Humains étaient proches, et ils avaient installés un feu de camp. Bolrok suivis les bruits qu'il entendait et finis par apercevoir les flammes du feu de camp à quelques deux cents mètres devant lui. Le feu de camp était au-dessus d'une pente légère, une position idéale pour voir venir les attaques d'un peu loin et l'endroit lui-même laissait passer assez de lumière de la lune pour y voir assez clairement. Bolrok, toujours caché par la forêt, décrocha son tonneau qui tomba lourdement sur le sol. Il vit alors les proies, elles étaient au nombre de quatre et elles étaient sur leurs gardes. Des Humains... Il serra sa hache et arracha presque le couvercle de son tonneau, qui alla percuter un arbre non loin dans un grand bruit, et plongea sa trompe dans le liquide écarlate. Il but jusqu'à ce le fond soit presque visible et chargea les Humains en poussant un cri terrifiant.

[Bolrok]

Les Humains avaient tous leurs armes à la main, prêts à se battre face à ce monstre hideux qui les chargés. Bolrok voulait sentir le sang des Humains sur son cuir et avoir la sensation de trancher des membres.

Utilisant l'avantage du terrain, un Humain saisit l'opportunité avec son épée pour donner un coup d'estoc rapide sur le bras gauche de Bolrok, tandis qu'un autre Humain, visiblement très semblable au premier, profita du fait que Bolrok rugissait la trompe en avait pour porter une estafilade sur cette dernière. Les deux autres attendaient à l'arrière, leurs armes tremblaient légèrement dans leurs mains car, même dans les légendes, aucune d'entre elles ne parlaient d'un monstre comme Bolrok.
Bolrok choisis de porter son attention sur l'Humain qui se trouvait le plus proche du feu de camp et d'un mouvement rapide et brutal de sa hache, il lui trancha les deux jambes. L'Homme cria de douleur et hurla quelques instants plus tard, car il venait de tomber dans le feu de camp alors que Bolrok rugis en se repositionnant face à ses adversaires avec un sourire féroce et autant fou que joyeux.

Désemparés par la mort immédiate de l'un des leurs, les Humains semblaient être devenus trop hésitants pour porter de véritables attaques.
Bolrok enragea que ces Humains ne lui proposent pas un défi au moins correct et attaqua celui qui avait osé attaquait sa trompe. La carrure de ce dernier n'était clairement pas guerrière, comparé à son frère, aussi il profita de son corps élancé pour esquiver un violent coup de hache qui était parti pour le trancher en deux au niveau du torse.

L'hésitation et le désarroi des deux frères finit par se dissiper et ils attaquèrent de concert le pachyderme. Le plus fort donna un coup bien placé dans le torse de Bolrok, tandis que l'autre lui fit une entaille dans le flanc. Le quatrième commençait à trembler de tout son corps, et à la lumière vacillante du corps en feu, des traits féminins étaient visibles.
La colère de Bolrok s'accentua dans les yeux de Bolrok, et ce moustique qui lui tournait autour commençait à usait sa patience. Au moment où ce moustique faisait un pas de côté sur la gauche de Bolrok, il lui asséna un coup de hache qui le cueillis en plein dans le torse. Son sang gicla sur le sol et il atterris lourdement sur le sol en crachant du sang par la bouche.

Voyant son frère pratiquement tranché en deux voler à côté de lui, le plus balèze cria de défi au monstre et le chargea en lui infligeant une vilaine entaille au bras. L'Humaine, peut-être à cause du cri de rage et de désespoir de l'autre, sortit de sa torpeur et attaqua avec son épée au niveau de la trompe de Bolrok.
Bolrok était tellement concentré par ce putain de moustique qu'il ne se protégeait même pas. Il s'avança vers l'homme agonisant et lui planta sa hache entre les deux yeux, alors qu'il était au sol, en larme et en sang, terrifié par la mort.

En voyant cet acte de barbarie infâme, les deux restants se ruèrent sur Bolrok. Ce dernier finit par prendre conscience de ses nombreuses blessures et voulut se défendre, mais les Humains avaient décidé de s'attaquer à ses jambes et lui tailladèrent les deux pattes. Il ne put les conserver que grâce à son pagne.
Bolrok voulut faire un pas en arrière, mais la douleur dans sa patte droite, celle que le frère du moustique avait touchée, le fis légèrement tituber et il perdit l'équilibre un instant.

Instant pendant lequel les deux auraient pu achever le pachyderme, mais le frère eut la mauvaise idée de regarder dans la direction de son frère et ne put porter son attaque car des larmes vinrent envahirent son champ de vision. L'Humaine, quant à elle, semblait profiter de l'instant pour reprendre son souffle.
Bolrok profita du fait que ses adversaires commençaient à s'épuiser pour appliquer le dernier recours : La fuite. Il rugit pour faire croire à ses adversaires qu'il allait charger, mais tourna rapidement les talons et pris le chemin inverse, dévalant la pente douce à toute allure.

[Bolrok]

La fuite de Bolrok n'avait rien à voir avec une fuite ordinaire. A cause de son épuisement et de ses blessures, il voyait presque totalement flou et ne prenait plus garde à où il posait ses pattes, et c'est ce qui lui permis de rester en vie car les deux autres étaient à sa poursuite. Il courrait, il sentait les racines se brisaient sous ses pattes, il sentait le monde trembler à chacun de ses pas. Il savait que les Humains pourraient le retrouver à la trace, sa propre discrétion n'étant pas son point fort, d'autant que ses blessures le faisaient saigner. Pas assez pour une hémorragie, mais les traces de sang qu'il laissait derrière lui étaient des plus visibles, même dans la nuit.

Il finit par revenir au niveau de son tonneau, qu'il avait plusieurs centaines de mètres de là, et se retourna, prêt à livrer de nouveau bataille. Mais après plusieurs secondes, il ne se passa toujours rien. Tous ses sens étaient aux aguets, mais à cause de son état, il mit du temps à interpréter ce qu'il sentait. Plusieurs odeurs se mélangeaient, celle du sang qui coulait de ses blessures, mais aussi un sang Humain, à une petite centaine de mètre de là où il se trouvait. Trop proche pour que ce soit son œuvre, donc quelque chose avait attaqué ses poursuivants. Quelque chose qui approchait. Ponk. Ponk.
Bolrok resta sur ses gardes jusqu'au moment où, sortit des ombres de la forêt, un manteau blanc apparut. Un grand manteau blanc, dont la capuche était retirée et pendait à l'arrière.

"- Ch... Ch... Chaman Dooghur... ?" Demanda Bolrok, à bout de souffle mais toujours sur ses gardes. Sa vision trouble l'empêchait de voir le visage de son interlocuteur, mais il était sûr qu'il souriait.

"- Le monde apprendra à te craindre. Le monde tremblera à chacun de tes pas. Les civilisations s'écrouleront sous l'impact de tes coups. Car tu es Bolrok, celui qui fait trembler le monde." Les paroles du Chaman semblaient résonner tout autour d'eux, comme si l'air lui-même vibrait sous les intonations du Chaman. "- Et tu as réussi mon test. Maintenant, le repos mérité t’attend. Dors, lèche tes plaies, ronge ta colère pour la transformer en haine et prépare-toi. Le monde ne va pas se mettre à trembler tout seul."

Malgré ces mots, Bolrok ne relâcha pas tout à fait sa vigilance, son combat et ses blessures avaient mis ses nerfs à vif et il mit un certain temps à se décontracter. Ainsi, il ferma les yeux et sombra dans le sommeil. Il s'écrasa lourdement sur le sol, brisant quelques racines d'arbres sous son poids et faisant même légèrement se soulever le lourd tonneau en bois presque vide, et finit par totalement s'endormir.

[Bolrok]

Les rayons du soleil apportaient la chaleur de la journée, tandis que les lunes apportaient leurs fraiches caresses. Combien de fois avait-il senti ces choses depuis qu'il était tombé ? Un jour ? Peut-être dix ? Il ne saurait pas le dire. Les rares moments où il avait été mis dans un tel état, Bolrok était à chaque fois tombé dans un état de sommeil si profond qu'il se croyait mourir. Le temps et les jours passaient au-dessus de lui sans vraiment le remarquer, et cela lui déplaisait grandement même s'il ne pouvait rien faire contre ça dans l'état dans lequel il était. Même les rêves de gloire, de sang, de carnage et de folles festivités ne venaient pas, éloignés par sa faiblesse. Il commença par ressentir de nouveau son propre corps, et il le regretta rapidement. Tout son corps lui faisait mal, ses muscles, ses blessures, son cuir, sa guérison... Tout lui était d'une douleur insupportable, mais il ne pouvait même pas bouger. Un temps indéfini plus tard, ses sens lui revinrent peu à peu. D'abord l'ouïe, et il entendit qu'il n'était pas seul. Cette voix, c'était celle du Chaman Dooghur. Les souvenirs lui revenaient petit à petit... Il avait réussi le test du vieux Chaman... Mais pourquoi ? Il avait été trop faible pour éliminer quatre humains, à peine deux avaient péris sous sa hache... Alors pourquoi ? Et cette voix-là... Bolrok ne la reconnue pas, mais il était sûr que ce n'était pas une voix d'Homme-Bête. Une voix Humaine. Qu'est-ce que ça voulait dire ?!

Son odorat revint relativement rapidement après, et il se mis à sentir des effluves familiers : Celle de son tonneau dans lequel on pouvait encore sentir le sang et l'alcool. L'odeur du fer de sa hache n'était pas bien loin, mais il ne la ressentait pas près de lui. Il sentit aussi l'odeur de cet Humain, il l'avait senti quand il se battait... Le Chaman avait-il un espion Humain dans le groupe qu'il avait attaqué ?
Puis vint le goût. Il avait un lourd gout de fer dans la bouche, surement son propre sang. Il avait beaucoup saigné lors de son combat, ces Humains avaient lourdement entaillés ses chaires mais heureusement, il sentait toujours ses extrémités et sa trompe. Il n'avait pas perdu de membres. Mais cela ne calma pas pour autant la rage qui bouillait en lui.

Au bout d'un long moment et au prix d'un gros effort, Bolrok ouvris lentement les yeux. Très lentement afin de ne pas se faire éblouir par le minuscule rayon de soleil qui était à quelques mètres de lui. Il se savait seul en cet instant, raison pour laquelle il fit cet effort qui le fit souffrir car montrer sa faiblesse était un signe avant-coureur de se faire prendre sa place. Et même s'il n'y a personne pour lui prendre sa place, son instinct le lui avait dicté. Au bout de peut-être deux heures, il finit par voir assez clairement où il se trouvait. Il était de retour dans sa grotte.

"- Comment... ?" Se demanda Bolrok. "- Dooghur n'a surement pas eu la force de me trainer jusqu'ici, il est si vieux... Comment..."

Pendant que la question commençait à causer des maux de tête à Bolrok, il regarda l'intérieur de sa grotte avec plus d'attention. Il était posé contre l'un des murs de la grotte, et ses plaies avaient été recouvertes de plantes, ou plutôt de plantes écrasées. Ses blessures le faisaient souffrir, mais il sentait que ses chaires guérissaient. Il y avait également un petit feu qui brulait doucement à côté de lui, et une fragrance s'éleva. Il sentait partir son mal de crâne et ses autres douleurs l'espace de quelques instants, avant que ces dernières ne reviennent. Dans le reste de la grotte, il y avait çà et là des plantes et des affaires que Bolrok associa au Chaman Dooghur. Mais il sentait aussi l'odeur de l'Humain dans la grotte.

"- Ah, voilà que le Tremble-Monde s'éveille de son sommeil !" Se fit entendre le Chaman à l'entrée de la grotte.

Bolrok le regarda et, surement à cause de son état proche d'une transe, eut un détail bien plus net qu'à l'accoutumée du vieux Chaman. Il se tenait aussi droit qu'il le pouvait, s'aidant de son bâton. En haut de ce bâton se trouvait une corde, au bout de laquelle pendait une boule de cristal noire. Cette boule de cristal était enroulée par quatre fois dans la corde, et des runes du chaos étaient gravées sur sa surface. L'allure de Dooghur ressemblait beaucoup à celle des Humains, et un Humain normal ne verrait surement qu'un vieil Humain très poilu, si ce n'était son visage. Son visage était pourvu d'un museau de babouin aux couleurs bleu vif, tandis que son œil valide était violet pourpre. Son autre œil était totalement noir, mais Bolrok ressentit un léger malaise quand cet œil se posa sur lui. Mais quelque chose était apparu depuis le col sur le corps de Dooghur... Des cornes. De magnifiques cornes avaient poussées sur le crâne du Chaman. Semblables à celles d'un cervidé, elles devaient mesuraient une vingtaine de centimètres et étaient en éventail face à Bolrok. Dooghur remarqua le regard de Bolrok et souris.

"- Tu as l'air d'avoir retrouvé la vue comme il faut. Bien, bien, très bien. Finalement cela aura été utile."

"- Chaman... Comment m'as-tu trainé jusqu'ici ? Et pourquoi je sens une odeur d'Humain ici ?" Interrogea Bolrok en essayant de faire le moins de mouvement possible.

"- Tout simplement parce que c'est un Humain qui t’a trainé jusqu'ici." Dis le Chaman. Il partit dans un ricanement en voyant la tête de Bolrok, et il se mit à parler dans la langue des Humains vers l'entrée de la grotte, d'un ton peut être autoritaire, Bolrok ne saurait le dire.

Une silhouette Humaine se dessina dans la lumière du soleil. La silhouette prit petit à petit une apparence reconnaissable au fur et à mesure qu'elle avançait lentement vers les deux Hommes-Bêtes. Bolrok oublia aussitôt ses douleurs et voulut se lever, l'écume à la bouche, mais le Chaman posa une patte presque Humaine sur son épaule.

"- Reste calme, Bolrok. Tes blessures ne sont pas encore guéries."

"- Rien à foutre ! J'vais m’la faire cette Humaine !!" Rugis Bolrok.

L'Humaine en question sursauta et commença à trembler de terreur devant le ton de Bolrok et l'aura sanguinaire qui commençait à emplir la grotte.

"- Elle a été utile, et elle continuera à l'être. Elle t’a trainé jusqu'ici, et elle connait bien cette forêt. En tout cas ses plantes. Sans ces connaissances, tu serais encore en train de saigner à mort." Dis tranquillement Dooghur.

Bolrok explosa. "- QUOI ?!"

Son rugissement bestial secoua les stalactites au plafond de la grotte, et l'un d'entre eux se décroche pour venir s'écraser à deux mètres de l'Humaine, qui fit un pas de côté en poussant un petit cri entre la surprise et la terreur. Elle tremblait encore plus que l'instant d'avant.

"- Bolrok, c'est ton chaman qui a parlé. Cette Humaine continuera à vivre quelques jours, le temps que tu sois guéri et qu'elle m'ait donnée les informations que je juge utile. Quand ce sera terminé, elle ne me sera plus utile." Assura Dooghur en examinant les blessures de Bolrok.

Bolrok gronda à l'adresse de l'Humaine, qui semblait prête à s'enfuir sur un simple mouvement de Bolrok. "- Très bien, Chaman... Mais dépêche-toi alors."

Dooghur finis d'examiner les blessures de Bolrok et retourna vers l'Humaine et ils commencèrent une discussion à sens unique. Mais les Hommes-Bêtes savaient communiquer autrement que par des mots. Les odeurs que dégagées Dooghur indiquées à Bolrok que son Chaman posait des questions, et que sa patience commençait à être à bout. L'Humaine, elle, était simplement terrifiée. Parfait, cela donnera du goût pour plus tard.

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Et ce plus tard, c'est une autre histoire. Fin de scénario.