Les sorcières rêvent-elles de moutons Aetheriques?

[[MJ] Le Djinn]

Allez hop c'est parti, cette fois encore il y a une référence dans le titre et comme c'est pas dur, ce sera 1 XP pour celui qui me dit c'est quoi dans La Lampe Magique de Djinn.

Zyra serra sa pèlerine autour de ses épaules, et Dora contre sa poitrine. Il faisait froid, sombre, elle était seule et elle avait faim. Depuis combien de temps elle marchait en chantonnant sa berceuse à sa poupée, elle n'aurait sut le dire. La pluie avait commencé à tomber peu de temps après qu'elle aie laissé les victimes du dernier "incident", et elle ne s'était pas arrêtée depuis. Au début, la petite fille s'était amusée à sauter dans les flaques qui se créaient sur la route de terre. Elle joua aussi à attraper les gouttes avec la langue ou bien à slalomer entre elles pour ne pas être ñouillée. Mais maintenant qu'elle trempée jusqu'aux os elle ne trouvait plus ça très drôle. Et puis de toute façon, jouer toute seule c'était pas vraiment marrant. Ça aurait été mieux de jouer avec Tanya, mais elle n'était plus là. Elle ne serait plus jamais là. Il fallait maintenant devenir une grande, apprendre à se débrouiller toute seule. Trouver à manger, où dormir au sec, choisir une direction ... ces tâches lui incombaient maintenant.

Où allait-elle d'ailleurs ? C'était un autre mystère. Se contentant de suivre la route en cherchant un abri et à manger, elle n'avait pas la moindre idée d'où elle était. De toute façon, qu'elle aille au Nord, au Sud, à l'Est ou à l'Ouest, quelle importance ? C'était Tanya qui prenait les décisions quand il s’agissait de la route à suivre. Et encore une fois Tanya n'était plus là ... Tout ce que savait la jeune fille de leur but, c'était qu'elles allaient chercher quelqu'un capable de l'aider à maîtriser sa "capacité". Étant donné qu'elle ne savait pas à quoi pouvait bien ressembler une telle personne, ou même où il y avait le plus de chance d'en rencontrer une, elle avait autant de chance d'en trouver une sur une route forestière noyée sous les eaux que n'importe où ailleurs.

Soudain, elle se rendit compte que depuis tout ce temps qu'elle marchait, elle n'avait croisé personne sur la route. Était-ce étrange ou bien normal ? Était-ce bon ou mauvais signe ? Cela pouvait-être dû à la pluie, au fait que la route soit perdue au milieu de nul part, ou alors le signe d'un danger imminent. Des bandits les avaient attaqué, pourquoi ne recommenceraient-ils pas maintenant qu'elle était seule ?
Toutes ces questions sans réponse n'avaient aucune importance, il fallait qu'elle continue de marcher. Marcher pour trouver un village où elle pourrait acheter à manger avec l'argent des brigands morts et avoir un toit au dessus de sa tête.

Et c'est ce qu'elle fit, jusqu’à ce qu'elle entende des bruits de sabots devant elle sur la route. Ils ne faisaient pas beaucoup de bruit pour le moment, mais avec la pluie tous les sons étaient étrangement modifiés et elle voyait à peine à un jet de pierre devant elle, ce qui n'arrangeait rien. Elle avait donc surement le temps de se cacher dans les arbres bordant la route, ou de se préparer à la rencontre du mieux qu'elle le pouvait, mais elle ne pouvait en être sûre et certaine... Encore un doute dans une vie peuplée de mystères.

[Zyra]

Zyra c'était sentie tellement abandonnée sûr cette route désolée, qu'entendre le bruit des sabots fut une bénédiction pour elle. Même si elle savait que la plupart des gens étaient méchants, au moins, pendant quelques instants, elle se sentirait moins seule. S'arrêtant de marcher, elle s'adressa à sa poupée, elle savait très bien que celle-ci ne pouvait pas lui répondre, mais imaginer qu'ils parlaient lui permettait d'avoir l'impression d'avoir de la compagnie, ainsi qu'une confidente à qui elle pouvait confier ce qu'elle n'osait pas dire à sa soeur.

Mais non imbécile, si c'était des bandits, ils seraient venus des bois, et je doute qu'ils seraient à cheval, ça t'arrive de réfléchir parfois ?

Satisfaite d'avoir disputé sa poupée, et par la même occasion la partie d'elle-même qui avait formulé cette idée, elle reprit sa marche vers le bruit du galop, qui se faisait de plus en plus présent. C'est alors qu'une idée lui vint, et si elle essayait d'obtenir de l'aide auprès de ceux qu'elle allait rencontrer ? Comme cela elle serait moins seul plus longtemps, et pourrait peut-être récolter quelques informations sûr l'endroit où elle se trouvait. Elle savait qu'elle avait peu de chance que ça marche, car peu de personnes venaient en aide à leur prochain, mais comme disait souvent sa soeur, qui ne tente rien n'a rien.

Prenant l'air le plus misérable qu'elle put, elle rabattit la capuche de sa pèlerine en arrière, s'exposant ainsi à la pluie. Sa marche se fit titubante, comme si elle était à bout de force, ce qui était loin d'être son cas, ses années d'errances l'avaient beaucoup endurcies. Il faut dire également que boire les gouttes d'eau avait étanché sa soif tout en lui redonnant des forces. Elle avait même eu la présence d'esprit de remplir la flasque de métal qu'elle avait trouvé sûr les voleurs. Auparavant, celle-ci était remplie d'un fluide absolument répugnant qui lui avait arraché la gorge lorsqu’elle avait tenté d'y goutter. Lorsqu'il avait commencé à pleuvoir, elle c'était empressée de vider ce répugnant breuvage sûr le sol, avant de remplir la flasque en s'amusant du bruit que chaque goutte d'eau faisait en touchant le récipient.

Bien sûr, elle était morte de faim, mais elle ne se rappelait pas d'un seul jour où ça n'avait pas été le cas depuis sa naissance. Elle ignorait même la sensation de satiété, mais peut-être qu'elle finirait par la connaître, car elle était riche maintenant, beaucoup plus riche qu'elle ne l'avait jamais été. Avec ce qu'elle avait, elle pouvait sûrement se payer un bon repas dans une auberge. La venue des brigands n'avait pas été que négative, bien qu'échanger six couronnes d'or contre la vie de sa soeur fut un prix un peu trop élevé à payer.

Maintenant, sa mise en scène était quasiment prête, et elle se mit à chantonner d'une voix quelque peu enrouée.

Pourquoi m'a ton laissé seule,
Peut-être que tous m'en veulent,
Si personne ne veut de moi,
Pourquoi je reste là.

Pourquoi m'a ton laissé seule,
Il n'y a personne pour moi,
Jamais je n'aurais d'fauteuil,
Il faut qu'jme fasse à ça.

Je ne voulais pas,
Etre séparé d'elle.

Finalement, elle avait bien fait de ne pas se préserver du froid en utilisant son pouvoir, elle n'avait pas à mimer ses tremblements ni sa voix rauque. C'était d'ailleurs la première fois qu'elle ne se protégeait pas quand les circonstances l'exigeaient, et elle savait exactement pourquoi. Elle avait tellement mal dans son coeur qu'elle voulait que l'extérieur de son corps ressente lui aussi cette douleur. Egalement, lancer ce sort lui rappellerait trop son absence, car dans ces moments-là, sa soeur se serrait tout contre elle, pour qu'elle aussi bénéficie de la protection magique.

Avec un peu de chance, le ou les nouveaux arrivants la prendrait en pitié et s'arrêtaient.

[[MJ] Le Djinn]

Quand Zyra retira son capuchon et laissa la pluie ruisseler sur son visage. L'averse n'était pas une de ces violentes pluies d'orage, mais plutôt une brume fine qui s'insinuait partout et vous gelait les os en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ce qui finit de tremper Zyra. Cependant, peu à peu, les gouttes s'espacèrent et le soleil commença à percer derrière les nuages gris. Le paysage se découvrit alors, comme si tout n'avait été qu'illusion et que l'on venait de lever le voile couvrant la réalité.

Mais les bruits de sabots n'étaient pas le fruit de l'imagination fertile d'une petite sorcière en manque d'affection. Non, ils étaient réels, et ils se rapprochaient d'elle tout comme elle se rapprochait d'eux. Et elle put bientôt distinguer les grincement des roues d'une carriole. Mais comme la route était dans un virage, et que la forêt l'entourait de toutes parts, Zyra dût attendre le dernier moment avant de voir les mystérieux voyageurs.

Et soudain ils apparurent : deux humains adultes à première vue, au sexe indéterminable à cause des nombreuses couches de vêtements qu'ils portaient afin de se protéger du froid et des chapeaux à large bords les protégeant de la pluie. Ils conduisaient une charrette couverte tirée par un âne fatigué par le poids des années. Apparemment en pleine discussion, les deux silhouettes emmaillotées arrêtèrent leur attelage et se turent quand ils entendirent la contine de la fillette. Ils s'entre-regardèrent quelques secondes et une des deux silhouettes haussa les épaules. Ils se découvrirent alors, et Zyra put découvrir un couple d'humains âgés la dévisageant d'un air curieux. Après quelques secondes d'un silence pesant, l'homme s'adressa à elle :

"Salut gamine. Qu'est c'que tu fait là, toute seule à des lieues d'tout village ? Tu sais qu'c'est pos sûr la forêt ? Y a des bandits et des choses ... pires qu'les bandits qu'on dit par chez nous, pour pos attirer l'mauvais oeil. C'est pos un coin très chouette la Drakwald, et encore moins la nuit ..."

Il semblait sur le point d'en rajouter, mais la femme assise à côté de lui lui laboura les côtes d'un coup de coude qui arracha un petit cri rauque au vieil homme, et elle lui murmura -mais suffisamment fort pour que Zyra entende - :

"Chhhht ! Tais toi vieil imbécile bavard, tu vas faire peur à la ptiote ! T'es pos bien dans ta tête ?! Par Rhya, parler d'z horreurs d'la forêt à un enfant, t'es clairement pos net ! Et p'is d'abord tu t'es pos présenté, c'est pos correct ! On est pos des cochons." Puis elle continua en s'adressant à Zyra avec un grand sourire bienveillant : "Excuse mon imbécile de mari, ma chérie, y cause y cause... c'est tout c'qui sait faire. Bon alors moi c'est Hildegarde, et ce vieux toqué c'est Jürgen. On va au village de Stôckse. Et toi ma colombe, tu t'appelles comment ? Et comment t'es arrivée là ?"

Les deux parlaient très fort en temps normal - surement à cause de la surdité - et avec un accent que n'importe qui parlant le Reikspeil pouvait reconnaitre comme étant d'origine paysanne et la femme parlait à Zyra comme à une fillette de 3 ans.

[Zyra]

La vitesse avec laquelle la pluie s'arrêta avait quelque chose d'étrange, si bien que Zyra en vint à se demander si la magie n'avait pas quelque chose à voir là-dedans. Elle savait que c'était chose possible, elle-même en serait capable après un peu d'entrainement. Encore une connaissance qu'elle ne se rappelait pas avoir apprise, au début ça avait été très perturbant pour elle, mais cela lui était arrivée tellement souvent qu'elle avait finie par s'y habituer.

Elle n'eut cependant pas le temps de s’appesantir plus avant sur l'étrange phénomène, car son attention fut distraite par l'arrivée du chariot. Lorsque les deux silhouettes se découvrirent, elles révélèrent un spectacle d'une telle horreur que Zyra faillit faire demi-tour pour s'enfuir en hurlant. A la place, elle se contenta d'avoir un léger geste de recul, contemplant d'un air terrorisé ces visages couverts de plis et d'horrible crevasses. Ce qu'ils étaient moches, s'en était presque répugnant. Jamais Zyra n'avait vu de personnes âgées d'aussi près, car même à distance, elles lui avaient toujours faites peur. Auparavant, lorsqu'avec Tanya ils s'approchaient de l'une d'elles, elle avait toujours prit soin de se cacher le visage en se réfugiant contre sa soeur.

En tout cas, cela ne faisait que renforcer son désir de ne pas grandir, jamais elle ne supporterait de ressembler aux deux êtres qui lui faisaient face. Cependant, ils paraissaient gentils, Zyra pouvait compter sur le doigt d'une main les fois où quelqu'un c'était comporté de cette façon envers elle et sa soeur. Elle décida donc de ne pas se fier aux apparences, et d'essayer de rejoindre le vieux couple pour un petit bout de chemin. A bien y regarder, ils n'étaient pas non plus si horrible que ça, les morts en décompositions avaient une tête bien pire, et Ranald sait qu'elle en avait vu plus d'un.

Malgré la rancœur qu'elle possédait toujours envers sa bonne étoile, Zyra la remercia néanmoins pour avoir mit le couple sûr sa route, en plus, ils avaient une charrette. Mais face au déluge de questions qu'Hildegarde et Toqué (oui erreur volontaire) lui assénaient, que devait-elle répondre ? Zyra se rendit compte alors que c'était la première fois qu'elle s'adresserait vraiment à quelqu'un d'autre que sa soeur. Par le passée, c'était toujours Tanya qui avait joué les diplomates. Zyra avait tellement peur de faire une bêtise qu'elle resta un long moment coi, avant de finalement balbutier, les larmes lui venant aux yeux alors qu'elle se rappelait le triste évènement.

Je... j'étais avec ma soeur, des ... des bandits nous ont attaqué, ma soeur est ....morte, mais... moi, je suis toujours là.

Elle brandit ensuite sa poupée, ne souhaitant pas que les deux paysans sachent qu'elle essayait de les rejoindre parce qu'elle se sentait seule. Sa voix se fit alors beaucoup moins hachée alors qu'elle prenait de l'assurance.

Mais il y a Dora avec moi. Moi je me nomme Zyra, je cherche quelqu'un qui pourra me prendre sous son aile et m'apprendre des choses.

Lors de son petit discours, si Zyra avait dit la vérité, elle avait eu la présence d'esprit de cacher certains détails pour avoir l'air d'une petite fille normale. Il faut dire que mentir n'était pas dans sa nature, si elle comprenait le mot, elle avait encore du mal avec le concept, car pour elle, parler permettait uniquement de partager ce que l'on pensait avec quelqu'un d'autre, alors qu'elle était l'utilité de dire des mots que l'on ne croyait pas ?

Soudain, la jeune fille se rappela de l'étrange accalmie, et décida qu'il était temps d'y regarder de plus près. Sombrant dans un soudain mutisme, ses yeux se firent légèrement vitreux, tandis que son visage devint aussi expressif qu'une pierre. Elle savait ce qu'elle cherchait, une perturbation dans les vents de magie qui lui permettrait de trouver si quelqu'un d'aussi spécial qu'elle se tenait dans les environs. Si c'était le cas se serait forcément quelqu'un utilisant l'Aethyr, car d'après ce qu'elle savait, seul les contrôleurs de ce vent pouvaient produire un tel prodige, du moins s'il n'était pas naturel, ce dont la jeune fille doutait.

Code : Tout sélectionner

J'utilise Conscience de la magie pour détecter quoi que se soit d'anormal.

[[MJ] Le Djinn]

Test de Charisme x 2 (un pour convaincre chaque petit vieux) :
Jürgen (réussite sous 8 ) = 13, raté.
Hildegarde (réussite sous 8+1 parce qu'elle te prend en pitié : donc sous 9) = 3, t'as une copine du troisième âge !.

Après la tirade de Zyra, l'expression de Jürgen changea de visage à la vitesse à laquelle le temps venait de le faire. Il fronça les sourcils ce qui les fit se joindre en un seul bloc grisonnant et broussailleux et eut une moue qui ne laissait présager rien de bon. Il se tourna alors vers sa femme mais ne dit rien, se contentant de scruter son regard. Ils s'observèrent ainsi pendant un bref instant qui aurait dut paraître une éternité à Zyra si la petite fille n'eut pas été soudain prise d'inquiétude. Le changement de temps soudain avait éveillé son attention plus tôt : il y avait magie sous roche. Elle profita de cette pause inattendue pour tenter d'ouvrir son troisième oeil et de percevoir le vents, et en particulier Azyr, vent des cieux, de la clairvoyance et des prédictions, vers lequel elle avait toujours été attirée.

Test de Conscience de la Magie (réussite sous Int : 11, -1 au résultat avec chance si raté de 1 ou à 1 près de la réussite crit ou en cas d'échec crit, et je tire 1D3 caché pour savoir si t'as de la chance aujourd'hui) = 12 -1 = 11, réussite tout juste, et un point de chance cramé . Ressenti : les vents de magie sont légèrement turbulents, Azyr souffle à travers toi plus fort que d'habitude, mais ce n'est pas grand chose par rapport à ... (oups tu t'en souviens plus )

À peine avait elle eut le temps de ressentir l'énergie Aetherique soufflant aux alentours que Hildegarde prit la parole, mettant fin à la conversation visuelle avec son époux et du même coup à la concentration de la petite fille. Au bord des larmes, elle s'exprima d'une voix serrée par l'émotion, mais toujours en braillant :

"Mon pauv' p'tit bout d'chou ! C't'horribe ! Ces bandits n'perdent rien pour attendre, une fois à Stôckse on avertira la garde et y'z'iront les attraper pour les pend' haut et court !" Puis elle se fit une très légère pause, se calma un peu, et continua, son ton se faisant un peu pressant : "Pour l'moment, on va pos t'laisser là au beau milieu d'la forêt ma petite Zyra, les Dieux nous pardonnerai pas. Tu veux bien v'nir avec nous à Stôckse ? On va voir not' fiston qu'est herboriste là bas, y veut qu'on rencontre sa fiancé. J'suis sûre qu'tu l'aim'ra bien not' Rudolf, il est gentil, et bien comme y faut sous tout rapport. Il a même appris à lire avec un Arca ... Arche ... Archiviste ! C'est ça, un Archiviste ! J'sais pos c'que c'est, mais ça sonne rud'ment bien, ça sonne d'la Haute. Enfin bref j'te racont'rai plus tard on aura tout l'temps pour ça. Tu montes dans la carriole ma colombe ?"

Un grand sourire s'étala sur son visage, ce qui le rida un peu plus. Elle avait l'air de sincèrement vouloir aider la petite fille, mais pendant ce temps là Jürgen marmonnait en faisant une tête d'enterrement, et il chuchota (ou du moins essaya de chuchoter ...) à sa femme :

"Tu invites cette gamine alors qu'tu sais rien d'elle. Elle a survécu au bandits hein, mais comment ? Si ça s'trouve elle a des copains monstres dans la forêt et elle veut juste nous distraire ! Ou bien elle va nous égorger pendant la nuit pour nous voler tous nos sous ! Et quand j'pourrais t'dire "J'te l'avais bien dis" eh ben on s'ra des charognes pour les r'nards. Faut faire gaffe Mémé, elle est pas nette la morveuse !"

Ce à quoi Hildegarde répondis par un haussement d'épaules et un "Peuh, vieux parano" dédaigneux, et il recommença à marmonner pour lui même. Apparemment c'était Madame qui dirigeait le couple, et Monsieur n'avait qu'a obéir sans rien dire, chose somme toute banale chez le petit peuple. Il ne restait plus à Zyra qu'a faire son choix entre les dangers de la forêt et les effrayants petits vieux souhaitant l'aider.

[Zyra]

Si Zyra n'arriva pas à se concentrer aussi bien que d'habitude, c'était sûrement à cause de la présence du couple, mais elle atteignit néanmoins un état de conscience suffisant pour percevoir quelque chose. La façon dont l'Aethyr soufflait en elle avait changé, c'était comme si quelqu'un avait jeté un caillou dans un lac, et que les ondes créées ainsi atteignaient Zyra. Pouvait-elle les localiser ? Elle le pensait, il fallait juste qu'elle comprenne la façon dont la perturbation la frappait, et si elle y arrivait, alors elle était certaine de pouvoir en trouver l'origine. C'était une tâche difficile, si elle s'attardait trop, elle risquait de perdre les ondes créées en cours de route, car elles ne dureraient pas éternellement, mais si elle allait trop vite, elle risquait de dépasser le point d'origine sans s'en apercevoir. Il fallait donc user d'un savant dosage, ou la moindre erreur lui ferait perdre la piste. Elle commença donc à remonter la piste laissée par, il n'y avait maintenant plus aucun doute là-dessus, un pratiquant de l'Azyr.

C'est alors que le tonnerre résonna autour d'elle, la faisant revenir à la réalité aussi sûrement que si on lui avait jeté un saut d'eau glacé sur la tête. Ce bruit assourdissant qui venait de briser sa concentration était en fait produit par Hildegarde, qui lui parlait. Zyra se retint de justesse de pousser un cri de frustration, son visage exprimant une certaine contrariété mélangé à beaucoup d’excitation et de joie. Sa quête touchait à sa fin, après tant d'années, elle avait finalement trouvé quelqu'un comme elle, elle en avait les larmes aux yeux. Libre à Hildegarde de penser que c'était son discours qui la faisait réagir ainsi, la vérité était tout autre.

Toqué se mit à chuchoter assez fort pour qu'on l'entende dans un rayon de dix mètre, exprimant ses soupçons envers Zyra, au moment ou celle-ci commençait à intégrer les paroles de la vielle paysanne. Un herboriste ? Sa soeur lui avait dit que c'était parfois sous ce nom que se cachait un pratiquant de l'Aethyr, et apparemment il savait lire, peut-être était-ce lui l'auteur de l'éclaircie. C'était une piste à suivre, et la seule vu qu'elle n'était pas arrivée à localiser la source du phénomène aethéryque. Il fallait qu'elle réessaie pour être sûr qu'elle suivait le bon chemin, mais c'était impossible pour le moment, elle avait des choses à faire pour s'assurer de monter dans le chariot.

Les soupçons de Toqué étaient fondés, et la façon dont Zyra parlait n'avait surement fait que renforcer sa méfiance. Cependant, elle ne pouvait rien faire pour corriger son problème d'élocution, elle n'avait pas la moindre idée de comment était sensé s'exprimer une jeune fille de douze ans. Se gardant bien de dire que tout ce que les gardes risquaient de trouver, c'était des cadavres en décomposition à moitié dévoré, Zyra répondit tout d'abord à Hildegarde.

C'est très gentille à vous madame, je n'ai pas souvent rencontré des gens comme vous, c'est avec joie que j'accepte votre proposition.

Zyra sortit ensuite sa dague, la prit par la pointe, puis la tendit au vieil homme.

Tenez Monsieur Toqué, je serais bien en peine de vous égorgez sans ceci.

Elle eut alors un sourire d'une innocence telle qu'il serait criminel de ne pas tomber sous le charme.

Vous pourrez ainsi vous protéger des méchants monstres.

La jeune fille monta ensuite à l'arrière du chariot sans trop de difficulté, puis se roula en boule, faisant comme si elle s'endormait. Peut-être ainsi aurait-elle un peu de tranquillité et pourrait essayer de vérifier où était la source du sort, du moins s'il n'était pas trop tard. Ce Rudolf Paraissait une piste prometteuse, mais rien n'était. Ce qu'il était inconfortable de s'allonger dans des vêtements mouillés, elle aurait bien utilisé son pouvoir pour se sécher, mais vu la situation, c'était trop risqué, et puis, si jamais elle perdait le contrôle, elle ne voulait pas blesser le vieux couple, il valait mieux faire ce genre de chose quand elle était seule.

Les choses paraissaient enfin tourner en sa faveur, Zyra aurait tant aimé que sa soeur soit là pour en profiter, si seulement elle ne l'avait pas tuée. Elle se sentait toujours affreusement coupable d'avoir perdu le contrôle de son pouvoir, d'habitude avant de lancer un sort, elle prenait toujours ses distances, mais vu la situation, elle n'avait pas pu, elle avait réagi d'instinct, faisant jaillir un éclair de ses main une fois, deux fois, la troisième fois elle avait perdu le contrôle, et sa vie avait basculé. C'était étrange comment en quelques instants, tout pouvait changer.

J'écoute un peu le couple parler, puis je retente une conscience de la magie si je me sens assez tranquille et que les alentours sont suffisamment calmes pour me permettre de me concentrer.

[[MJ] Le Djinn]

Jürgen "Le Toqué" eut un mouvement de recul quand Zyra sorti la dague, mais quand il vit que la petite fille n'avait aucune intention agressive, il s'en saisit un peu brusquement. Hildegarde vit son mari s'écarter, ce qui lui fit dire dans un éclat de rire, bref mais tonitruant :

"Hé ben Pépé, t'as chassé des ours dans la montagne toute ta vie et maintenant v'la qu't'as peur d'une gamine perdue, trempée et sur'ment affamée ? Elle est bien bonne celle là !". Et après quelques instants de fou rire, elle se calma et lança à Zyra :" Allez t'occupe pas de lui, grimpes derrière et fais toi un peu d'place. Ah et puis t'es toute mouillée et crottée d'partout ... Bon on va te trouver quelque chose pour te tenir un peu plus chaud. Voyons voir, mmmmh... ça non, trop fin. Ça ? Oh non ça va être trop petit. Ah voilà ! quitte moi tes frusques et enroules toi là dedans, ça te tiendra au chaud jusqu’à ce qu'on te trouve que'qu'chose correct pour t'habiller. "

Tandis qu'elle parlait, elle fouillait dans un coffre posé derrière elle dans la charrette. La vieille mit de côté une cape et quelques habits de fourrure pour finalement sortir une épaisse couverture de bure marron. Après être montée, Zyra s'y enroula et fit mine de dormir, attendant que ses deux nouveaux compagnons de route cessent de faire attention à elle. Mais comme elle fermait les yeux, Hildegarde commença à chanter une berceuse.

Dors, dors, mon petit, Sur les reins des vagues La pie, lame de dague, A gagné son lit ! Dors, dors, ma fille, dors Les bluettes des champs, Les fées et le vent S’entrelacent dehors ! Nani, nani, nani, na Mon printemps, ma joie ! Ha ! Le temps imberbe, N’a plus sa cavale, Dorment les étoiles Sous les tiges des herbes ! Gosier d’argent, Le coq enchanteur, Respire le bonheur Des chansons d’antan !

Contrairement à ce qu'aurait crut Zyra, elle avait une voix douce et chaude quand elle chantait, une voix apaisante, presque hypnotique, qui lui fit oublier tous ses soucis. Son esprit n'était donc encombré d'aucune pensées inutiles quand elle décida de s'ouvrir aux vents de magie.

Jet de Conscience de la Magie(réussite sous 11) : 2, belle réussite. Dommage que t'aies eu qu'un point de chance pour la journée

Zyra sentit les vent beaucoup clairement cette fois, et détermina avec quasi-certitude l'origine de la perturbation magique. Elle provenait du Nord-Est, quelque part entre 15 et 20 milles de là où elle se trouvait et Zyra était maintenant convaincue que quelqu'un y utilisait la magie.
Après cet effort mental intense, elle se sentit épuisée et s'endormi brusquement en serrant Dora dans ses bras, terrassée par la fatigue, le froid et le chagrin. Elle ne se réveilla qu'à la nuit tombante. La carriole était en train de passer un pont qui surplombait un cours d'eau assez large. À à peine un furlong de là se dressait un bâtiment apparemment fortifié dont les torches entourant la porte scintillaient dans la pénombre naissante. Apparemment, Hildegarde et Jürgen avaient décidé de passer la nuit à l'abri entre des murs, que cela plaise à Zyra ou pas.

Je te laisse décrire ta perception de la magie, mais n'oublie pas qu'il n'y pas qu'Azyr de perturbé

[Zyra]

Cette berceuse, qu'est-ce qu'elle était jolie, cela lui rappelait quelque chose, un sentiment de réconfort, ainsi qu'une incommensurable tristesse. D'une certaine manière, l'air lui était familier, il lui rappelait la mélodie qu'elle n'arrêtait pas de fredonner constamment, sans pour autant se souvenir des paroles, ce qui l'obligeait à en créer de son cru.

Zyra se sentit si bien qu'elle faillit s'endormir, elle se reprit juste à temps, elle avait quelque chose à faire. Probablement grâce à la douce voix de la vieille paysanne, elle n'eut aucun mal à se concentrer, replongeant dans cet étrange état où sa perception aethérique était décuplée. Elle s’aperçut avec soulagement, que quoi qu’un peu affaibli, la perturbation dans les vents de magie était toujours présente. Cette fois-ci elle n’échouerait pas, il fallait qu’elle remonte à la source en utilisant l’Azyr comme point de départ tout en s’aidant des autres vents. C’était comme si elle marchait sûr un fil tendu au dessus du vide, et tout ce qui la maintenait debout, c’était une forte brise soufflant des deux cotés, se rencontrant à l’endroit ou Zyra avançait. Si elle ralentissait un tant soit peu, elle tomberait, de même si elle accélérait trop ou que la brise s’affaiblissait d’un coté ou de l’autre. Elle n’y avait pas fait attention la première fois, mais ce qu’elle ressentait avait quelque chose de familier, cela lui rappelait… elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus, et il faut dire qu’actuellement, c’était le moindre de ses soucis, elle ne fit donc plus attention à cette sensation, se concentrant uniquement sûr la piste qu'elle remontait.

Quel ne fut pas son soulagement lorsqu’enfin, elle arriva à la source. Sans le moindre doute, elle pouvait maintenant pointer son doigt dans la direction de la perturbation, elle savait même environ à combien celle-ci était. Elle ouvrit les yeux, se retrouvant face au ciel ou maintenant, le soleil brillait. Elle se rappela alors une phrase qu’elle avait probablement lu ou entendu. Le soleil se lève à l’Est, puis se couche à l’Ouest. De par la position de celui-ci, Zyra sut donc que le sorcier se trouvait au Nord-Est. Sentant le mouvement du chariot, elle pouvait dire que celui-ci n’avançait pas vraiment dans la direction souhaitée, mais comment savoir si ce n’était pas juste le chemin qui les forçait à agir ainsi ? Elle pensa un instant à sauter en marche pour aller rejoindre le point d’origine du sort directement, mais la fatigue qu’elle ressentait l’en dissuada, et puis, il y avait aussi les monstres dont le vieux Toqué lui avait parlé, ils devaient probablement êtres terrifiants et dangereux. Frissonnant, Zyra Serra sa poupée tout contre elle pour la rassurer, et si ces monstres étaient ceux dont lui avait parlé sa soeur ?

Mais même si elle restait dans le chariot pour le moment, il faudrait tout de même qu’elle se renseigne où était ce petit fils qu’ils allaient voir, pour voir si c’était bien lui à l’origine de toute cela, ou si au moins ils allaient se rapprocher de la perturbation. Oui, elle allait se renseigner, mais dans une minute, elle restait allongée un peu, tout cela l’avait épuisé, et si elle fermait les yeux, c’était juste pour ne pas que le soleil l’éblouisse. C’est ainsi, qu’avant même de s’en rendre compte, Zyra dormait à poing fermé dans un sommeil sans rêve, comme c’était son habitude.
La jeune fille se réveilla d’un coup, se redressant dans le chariot. Sa première crainte fut d’avoir perdu la piste, en effet, elle ne pouvait plus pointer du doigt l’endroit où le sort avait été lancé, et il était certain que maintenant, il était trop tard pour tenter de le localiser à nouveau. Il fallait qu’elle retrouve la bonne direction, vite. Elle se rassura bien vite lorsqu’elle vit que le soleil n’avait pas totalement disparu, ce qui lui permit de retrouver le nord-est. Elle remarqua alors qu’ils se dirigeaient vers un drôle de bâtiment, était-ce là qu’était leur petit-fils ? Ou était-ce juste une étape du voyage ? Dans le doute, elle dit une phrase prononcée depuis des siècles par une multitude d’enfants en voyage.

Quand est-ce qu’on arrive ?

Ce qu’elle était contente, elle se sentait approcher de son but, et ce soir elle dormirait au chaud, peut-être même qu’elle pourrait bien manger. Tout à sa joie, elle se leva puis se mit à danser, utilisant Dora comme partenaire. C’était sans compter sans un cahot, qui la fit tomber les quatre fers en l’air dans le fond du chariot. Aie, ça faisait mal, mais elle était toujours contente. Alors Hildegarde lui répondit, puis Jurgen Fit une nouvelle fois part de ses soupçons, après lui avoir répondu (voir poste suivant), elle ajouta

Est-ce que vous avez une carte ? J’aimerais savoir ou on est. Et eux, vous pensez qu’ils ont une carte ?

C’était maintenant son objectif principal, car cela lui permettait de repérer avec plus de précision d’où venait la perturbation, tout en lui permettant de savoir où elle était.

[[MJ] Le Djinn]

"Oui Oui, on arrive bientôt, on va à l'auberge là bas pour y passer la nuit", dit Hildegarde en levant un doigt vers la porte illuminée dans la nuit. "On y s'ra à l'abri du froid, et p'is même si on a pas beaucoup d'sous, y nous trouverons bien un croûton d'pain à grailler."

À côté d'elle, Jürgen émit un grognement d'approbation et ajouta :

"Ouaip, comme elle dit, à l'abri du froid .... et p'is des bêtes de la forêt surtout. Parce que c'est pos avec le cure-dents que tu m'as filé qu'on va se protéger d'quoi qu'ce soit, gamine. À moins qu't'ai aut' chose pour te protéger dont t'aurais pas causé ?"

La question resta en suspens quelques secondes avant que Zyra n'y réponde et enchaîne avec sa propre question à propos d'un carte. Alors le couple se retourna, dévisageant la mioche avec une expression d'incompréhension sur le visage. Et évidemment ce fut Jürgen qui trancha le silence pesant qui s'était établi :

"Une carte ? N'est pos des richards nous. Et d'toute façon j'vois pas c'qu'on en f'rait vu qu'on sait pos lire ni l'un ni l'aut'. Mais toi si ... comment qu'ça s'fait ? C'est d'jà pos banal d'trouver une gamine au milieu d'la Drakwald, alors trouver une gamine qui sait des trucs d'bourgeois, là c'est carrément louche ! Tu vois Mémé c'est comme j'te l'ai dit ! Elle est étrange la gosse et on aurait jamais du la prendre avec nous, elle va attirer l'mauvais oeil !"

À mesure qu'il parlait, Jürgen plissait de plus en plus les yeux comme si il essayait de voir à travers Zyra. Il semblait convaincu que la jeune fille allait les mener à leur perte, et l'exprimait haut et fort (TRÈS haut et TRÈS fort !). "Mémé" fusilla son mari du regard et lui mit une baffe derrière la tête :

" Calme toi Pépé, qu'on t'entend jusqu'à l'aut bout d'l'Empire. Si ça s'trouve elle a une bonne explication pas bizarre du tout. Alors ma grande, raconte nous comment t'as appris à lire les cartes ? "

[Zyra]

Zyra dévisagea Hildegarde, enfin autant qu'on pouvait dévisager quelqu'un te tournant le dos. Une auberge ? Une véritable auberge ? Zyra ne pensait pas que son rêve d'aller dans un de ces endroits se réaliserait aussi vite. C'est alors que Toqué rappela à Zyra à quel point il se méfiait d'elle, et lui posa une question bien embarrassante. La jeune fille se retrouva quelques instants sans voix, cherchant frénétiquement ce qu'elle devait répondre, elle ne pouvait pas dire la vérité, ou il était certain que l'attitude des deux paysans changerait du tout au tout. C'est ainsi que la jeune fille comprit enfin l'utilité de mentir. En effet, si elle ne s'adonnait pas à cette pratique très vite, il était certain qu'elle finirait sûr un bûcher, sa poupée brûlant avec elle. Si l'idée qu'elle se retrouve transformée en tas de cendre ne lui plaisait pas vraiment, que Dora subisse son sort lui était absolument insupportable. Elle se sentait étrangement liée à sa poupée, comme si sa vie dépendait d'elle.

Bon, si elle mentait, que devait-elle dire ? Il fallait trouver une histoire vraisemblable, qui expliquerait sa situation actuelle, et dissiperait les soupçons du vieux paysan. En effet, le principe du mensonge était que ceux qui l'entendaient pensent que c'était la vérité. Voyant que ça réponse tardait trop, Zyra décida de tenter de dire quelque chose en attendant qu'elle trouve cette fameuse histoire . Elle parla d'un ton ferme, quelque peu exaspéré, il faut dire que les soupçons de Toqué, aussi fondés soit-ils, l'irritaient.

Vous pensez vraiment que je me serais retrouvée toute seule, gelée jusqu'aux os sûr une route en pleine forêt si j'avais eu d'autres moyens de me défendre ? Si c'était le cas, alors ma ma...

Elle ravala les sanglots qui lui montaient aux yeux alors qu'elle pensait Tanya, mais cela n'empêcha pas sa voix de se briser un instant.

...soeur serait toujours en vie.

Elle se tut ensuite quelque secondes, cherchant à se reprendre, ce qu'elle finit par faire. Ainsi, elle avait fait son premier mensonge, elle avait en effet d'autres moyens de se défendre, et sa soeur était morte à cause de son pouvoir. C'était facile en fait, et cela lui avait donné le temps de trouver son histoire, qu'elle n'avait plus besoin de dire pour le moment, car elle avait répondu à la question de Toqué; elle décida donc d'enchaîner avec sa question.

Cela ne fit que renforcer les soupçons de Toqué à son égard, c'était donc si étrange de savoir lire ? S'en fut trop pour la petite fille, et même Hildegarde qui tenta de tempérer la situation ne la calma point. Il n'avait pas le droit de la juger ainsi, était-ce sa faute si elle était différente ? Elle allait lui clouer le bec. D'un ton tremblant, presque hystérique du fait qu'elle ne pouvait s'empêcher de penser à la mort de sa soeur en racontant son invention, elle s'exclama.

Si vous voulez tout savoir Monsieur Toqué, j'étais avec ma soeur, qui prend soin de moi depuis que je suis toute petite, on voyageait tranquillement, sans rien demander à personne. On s'était donné l'air pauvre pour éviter d'attirer l'attention, mais ça n'a pas marché, on s'est quand même fait attaquer. Elle s'est sacrifiée pour me donner le temps de m'enfuir.
J'ai appris à lire parce que ma soeur me l'a enseigné, elle gérait les affaires de mon père depuis sa mort, peu après celle de ma mère, et elle s'en sortait très bien, me donnant même de l'argent de poche. J'espère que ça vous suffit ? Mais si vous voulez en savoir plus n'hésitez pas.

Elle sa calma à une vitesse incroyable, elle en fut elle-même surprise, et c'est parfaitement maîtresse d'elle-même qu'elle ajouta.

Je pense avoir encore suffisamment dans ma bourse pour que l'on ait au moins un bon repas dans l'auberge où l'on s'arrêtera.

Cette pensée la fit saliver, suivit d'une surenchère de son ventre qui lui criait qu'il voulait se remplir.