[Lucrétia & Dokhara] Eaux de jouvence

Le Talabecland se trouve au coeur de l'Empire, et ses armées prennent souvent la forme de petites forces d'élites. Helmut Feuerbach est porté disparu, mais sa cour est toujours dans la Cité de Talabheim.

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Les chemins de la renaissance

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Les différentes pistes dansèrent devant les yeux de Lucretia, se drapant d’ombre et de lumière, scintillant de concert avec les gigantesques toiles d’araignée sur lesquelles perlait la rosée vespérale. Une centaine de silhouettes représentant le palefrenier se décomposèrent sur le tableau que formait la Drakwald, et se murent tout autour d’elle, s’éloignant du point central où se trouvait la Lahmiane. Certaines représentations de Hans louvoyaient entre les arbres, se perdant dans les confins de la forêt lorsque d’autres, d’une façon assez intrigante, grimpaient aux troncs, s’accrochant aux branches, parfois avec aisance, parfois avec difficulté. Quelques-unes agissaient dans la peur, une poignée avec résolution, et, çà et là, s’en dessinaient d’autres qui paraissaient blessées. L’Aethyr, dans sa manière si propre à elle de procéder, avait dépeint l’ensemble des possibilités du réel. Mais en fin de compte, il ne demeura plus qu’une seule et unique piste au regard de la vampire, alors que les centaines restantes avaient fini par faner et s’évanouir dans la nature. Celle d’un homme inconscient que l’on tirait justement au fond de cet antre lugubre et opaque qui se dressait devant Lucretia.

Certes, la piste semblait aussi fraîche que récente, mais la baronne de Bratian n’était pas assez folle pour s’y engager toute seule sans même savoir ce qui l’attendait véritablement de l’autre côté de ce labyrinthe de ronces tressées de toile. Devrait-elle affronter une araignée, ou bien toute une compagnie ? Elle n’en savait rien, mais était bien résolue à le découvrir.

De nouveau, elle se plongea dans les vents de magie qui tourbillonnaient imperceptiblement autour d’elle, et traqua toute trace de chaleur qu’elle pouvait repérer. L’emmagasinant dans son esprit à l’aide de sa volonté, la Lahmiane absorba l’énergie récupérée, la tassa, la martela, avant de la libérer du bout de ses doigts, la canalisant avec maîtrise et sérénité. De petites flammes jaillirent de ses mains, se précipitant directement sur ces débuts de toiles qui s’accrochaient au sol avant de s’élever le long des ronciers et des arbustes pour terminer en de gigantesques orgues arrimés en haut des cimes. Quelques brindilles commencèrent à roussir, les fils de soie se mirent à fondre, et le feu s’empara bientôt de plusieurs broussailles qui s’illuminèrent d’un millier de petites braises. Et les toiles continuèrent de se racornir et de se dissoudre sous l’effet de la chaleur.

Il s’agissait là de la visée première de la Lahmiane. Celle-ci, en agissant de la sorte, n’avait aucunement escompté la disparition entière du maquis, ce qui aurait pu révéler Hans, non. Son désir n’avait pas été autre que de défraîchir le terrain en vue d’un possible combat. Il était hors de question, pour elle, que de batailler avec ces véritables pièges à quelques cheveux de sa personne, manquant de l’engluer au moindre mouvement. Une autre idée s’était glissée dans son esprit ; les araignées n’appréciaient sûrement pas le feu, et ce dernier pouvait peut-être détenir la faculté de les obliger à se montrer, voire même à s’enfuir. Mais l’effet qu’elle obtint fut tout autre.

A peine s’était-elle fondue dans sa forme de corneille qu’un étrange hululement se fit entendre. Une seconde plus tard, et la totalité de la Drakwald se mit à lui répondre, dans ces mêmes sonorités graves et inquiétantes. Les sous-bois retentirent de ces vobulations en tout genre qui introduisirent l’apparition de gobelins. Un premier surgit de l’antre, un second descendit d’une liane, un troisième jaillit d’un talus, et, bientôt, ils furent près d’une petite dizaine à se masser tout autour du feu qu’avait provoqué la Lahmiane. Mais ce fut surtout l’entrée en scène de ce qui sembla être leur chef qui intrigua Lucretia. Un pan de toile frémit subtilement, ne laissant rien présager de ce qui allait arriver. Si l’on pouvait penser de prime abord, avec cet unique mouvement, d’un lapin venant de se prendre dans la toile, le monstre qui surgit alors détrompa cette hypothèse.

Une araignée de la taille d’un petit cheval, grosse, hirsute, aux quatre paires d’yeux capables de regarder tout autour d’elle, ou presque. Elle disposait d’une carapace épaisse qui lui protégeait son abdomen en deux parties, et avait été colorée selon les peintures de guerre de ce clan gobelin qui l’avait domestiquée. Tout, chez elle, transpirait l’ignominie et l’infect ; ses pédipalpes boursouflés, ses chélicères translucides à l’inquiétante teinte orangée, ou même sa capacité à se mouvoir à la verticale.

Le chef de clan, planté sur le dos de l’arachnide, sergenta ses troupes, leur demanda le pourquoi de tout ce tapage. Un de ses comparses, quoique d’un niveau certainement inférieur au sien, trouva le courage de lui expliciter son ressenti. D’après lui, il s’agissait de magie, une magie qui coïncidait un peu trop à son goût avec leur dernière capture humaine. Il devait assurément s’agir du palefrenier que recherchait Lucretia. Cette dernière, toujours perchée sur une branche, en hauteur, continua d’observer la scène.

Apparemment, les gobelins craignaient plus que tout les puissances aethyriques. A la simple énonciation du mot magie, ils se mirent à répéter le terme en un chuchotement effrayé qui se répandit comme une traînée de poudre dans la colonie, et chacun fut subitement pris de petits tremblements apeurés. C’en fut assez pour la tarentule, qui bondit de sa position pour empaler de ses crocs le trouble-fête, faisant instantanément taire les racontars. Le silence rétabli, le chevaucheur d’araignée scanda qu’il n’y avait point de magie dans les environs, et qu’un certain Gazak chassait des choz-roz sur pierre des morts. C’était à celui qui capturerait le plus de « choz-roz » qui deviendrait le nouveau chef. Le discours à peine achevé, la multitude de gobelins rassérénés se dispersa aux quatre vents, bien qu’il sembla à la Lahmiane qu’ils s’en allèrent tous du côté du tertre. Et comment aurait-il pu en être autrement ? Les choz-roz n’étaient pas autres que des humains, et la terre des morts, l’endroit où l’on inhumait les défunts. Le tumulus. Ainsi donc, Dokhara allait être en danger, se retrouvant seule, avec Marcus, contre une bonne dizaine de gobelins. Là, le choix s’imposait de lui-même.

La corneille battit puissamment des ailes pour rejoindre le campement.

Je vole le plus rapidement possible en direction du campement, tout en tâchant, alors que je suis dans les cieux, de repérer une destination sûre qui nous fera éviter les gobelins mais nous permettra d'arriver au fortin.
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Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
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Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
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- Sens Accrus
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AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
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Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
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- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
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- Fleur de salicaire
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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Les chemins de la renaissance

Message par Dokhara de Soya »


Elle avait finalement été chanceuse. Le chef du quatuor de peaux-vertes n'était pas intervenu pour épauler son compagnon aux peintures noires, et si elle l'avait toujours gardé à l'œil, elle n'eut pas à gérer deux attaques simultanées la visant pendant l'exécution de sa ruse.
Car le petit gobelin s'était bel et bien laissé avoir par sa supercherie. Il avait bondi aussitôt qu'elle avait simulé une perte d'équilibre, et avait payé le prix de son assurance. Poussée par son désir de vivre, occultant toute peur, l'ex-baronne avait frappé de toute sa colère la créature. Elle lut la surprise, la douleur puis la haine dans ses petits yeux mesquins, alors qu'il bondit en arrière, son sang giclant sur le sol. Il hurla ses imprécations, qui ne firent que réussir à éveiller ce qu'il y avait de plus mauvais chez Dokhara.

- Amène-toi que j'te saigne p'tit chiard, lui répondit-elle à travers ses dents serrées, qui composaient un sourire carnassier.

La peur continue de ces derniers jours avait étouffé cette part d'elle. Mais maintenant que sa vie était en danger, elle était à nouveau éveillée, comme si la chose que Lucrétia avait arrachée dans le Weiler n'était jamais partie, qu'elle n'avait été qu'endormie.
Elle jouait de nouveau de son appui sur sa jambe gauche, pour l'unique plaisir de laisser l'enivrante douleur fluctuer dans son corps. Chaque élancement ainsi produit était comme une décharge de plaisir alimentant son désir.
Dokhara se délectait des émotions du gobelin, son cœur battant soudainement la chamade devant le spectacle de sa souffrance haineuse. La cruauté dans ses yeux était d'une magnifique pureté. Elle avait envie de le blesser encore, de le taillader, de l'écorcher, de l'entendre à nouveau hurler et de le voir pleurer davantage. Elle voulait taillader sa peau, gouter son sang étrangement sombre, et voir ce visage non humain évoluer au gré de ses tortures. C'était la première fois qu'elle rencontrait un gobelin, il y avait tant d'expériences inédites à essayer avec ce petit corps chétif.

Elle fit un pas en avant, bien décidée à jouer avec son adversaire, oubliant totalement Marcus à quelques pas d'elle.

Malheureusement, le combat ne se poursuivit pas. Celui à la marmite, leur chef qui n'avait pas pris part aux affrontement, s'était tout à coup mis à piailler de panique, puis avait détalé à vive allure, n'hésitant pas à escalader le tumulus contre lequel était installé leur campement pour prendre la poudre d'escampette.
L'adversaire de Dokhara décida de suivre la décision de son supérieur, malgré toute la haine qu'il semblait porter à celle qui l'avait blessée. Il lui jeta un regard mauvais, qu'elle lui rendit en léchant à son tour le sang sur sa lame, mimant le geste provocateur du petit être quelques secondes plus tôt.

Il lui fallut un effort de volonté pour ne pas courir à la poursuite du peau-verte, son sang bouillant dans ses veines du désir de le blesser davantage. Mais un coup d'œil au campement et à Marcus lui permirent de lentement revenir à la réalité. L'homme d'armes était blessé, et elle aussi. Lucrétia et Hans étaient toujours en danger et... peut-être qu'eux-mêmes n'étaient pas encore tirés d'affaire.

- Marcus ! Attrape ta lance et planque toi ! S'ils ont fui, c'est que quelque chose qu'ils craignent arrive par ici , et ce n'est peut-être pas Lucrétia !

Avec sa jambe blessée, elle n'était pas certaine de pouvoir escalader le tumulus à l'instar des gobelins. Et Marcus avait lui aussi écopé d'un vilain coup, en témoignait son souffle haché et sa manière de tenir ses côtes d'une main. De toutes manières, fuir dans la direction de ces fourbes petites créatures était-il pertinent ? Il n'était pas forcément souhaitable de s'éloigner d'un danger inconnu pour en rejoindre un autre, les peaux-vertes ayant peut-être des congénères plus loin, voire des araignées géantes à leurs ordres.

Dokhara se rua vers l'arbre imposant le plus proche et se cacha derrière son tronc, à l'opposé de la direction crainte par les peaux-vertes. Elle ne savait pas ce que craignaient les gobelins, mais elle était prête à surgir sur quiconque s'approcherait, et à le transpercer de part et d'autre de son épée.

Elle-même n'avait pas peur. Au contraire, stimulée par sa précédente victoire, Dokhara espérait presque que ce n'était pas la lahmiane qui arrivait mais un autre ennemi, afin de pouvoir à nouveau faire couler le sang.


Depuis sa planque, Dodo tente de jeter quelques coups d'oeil discrètement afin de voir ce qui approche. Il s'agirait de ne pas zigouiller Hans par erreur :mrgreen:
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Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Les chemins de la renaissance

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

La jeune femme se remembra mentalement le chemin qu’elle avait suivi pour parvenir céans même, cachée dans ce ramage d’où elle avait pu contempler la scène qui s’était jouée en contrebas. Elle avait voleté un court instant avant de tomber nez à nez avec le ruisseau qu’avait dû repérer Hans lorsqu’ils s’étaient arrêtés la veille pour le campement. Puis, suivant celui-ci, elle avait remonté le léger courant pour parvenir à un petit étang dans lequel pataugeaient les deux montures, tétanisées par la peur. Là, la corneille avait suivi la piste de sang et d’odeur au travers des arbres et des futaies, ce qui l’avait conduite dans ce simulacre de clairière. En tout et pour tout, si elle ne prenait pas en compte l’esclandre entre les gobelins et l’apparition de l’araignée géante, le trajet n’avait pas dû s'éterniser plus que cinq minutes. Et, eu égard à la petite halte auprès de la bauge, le chemin n’avait pas été des plus rectilignes. Si fait, combien de temps lui faudrait-il pour revenir au campement ? Pas plus de deux ou trois minutes par la voie des airs. Quant aux gobelins, qui suivraient plus ou moins le même trajet mais qui rencontreraient leur lot de troncs, de racines, de fougères et autres obstacles, ils s’y rendraient certainement en une demi-dizaine de minutes.

La vitesse de la corneille, alliée à une trajectoire droite et directe, lui permettrait de parvenir au campement plusieurs minutes avant l’arrivée des gobelins. L’espace d’une seconde, elle songea à effectuer de nouveau ce détour pour aller quérir les chevaux esseulés dans l’étang. Et occulta presque instantanément cette idée. Les montures, elle se le rappelait, avaient été délestées de leurs fontes de selle, qui contenaient les potentiels objets de valeur nécessaires à leur trajet. Il lui aurait fallu, pour ce faire, s’éloigner de sa ligne de conduite pour aller les récupérer, ce qui équivalait à une perte de temps importante. Et elle n’en aurait été que plus conséquente encore sur le chemin du retour, les chevaux ne pouvant bien évidemment point voler. A ce rythme-là, il aurait été fort possible qu’elle arrivât après la guerre. Par ailleurs, deux autres montures étaient restées au campement, à condition que Marcus et Dokhara eussent réussi à les rendre plus dociles qu’elles ne l’avaient été en faisant leur apparition. Le capitaine de la garde et l’ancienne baronne pourraient alors les chevaucher pour s’esbigner de là. Quant à Lucretia, avec sa forme de corneille, elle ne nécessitait pas, finalement, quelque monture que ce fût.

Sa décision raffermie par toutes ces pensées, son plan de bataille bien en tête, la corneille s’envola à toute allure vers les cieux. La hauteur, par-delà les cimes des plus hauts arbres de la Drakwald, lui permit d’éviter les entrelacs des branches et le couvert des feuillages, lui assurant la trajectoire rectiligne dont elle avait tant besoin pour gagner ces précieuses secondes. Mais, également, ce gigantesque panorama qui s’offrit à elle, avec divers points de repère, la conforta dans la direction à prendre une fois parvenue au campement. Car il lui faudrait non seulement éviter les gobelins, mais aussi se frayer un chemin en oblique de manière à continuer dans la direction souhaitée ; le relais fortifié qu’avait repéré Marcus sur la carte. Ce refuge ne manquerait pas de constituer une étape importante dans leur voyage, maintenant qu’ils étaient sur le point de perdre une majeure partie de leur équipement, voire de leurs montures.

En moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, ou si peu, la Lahmiane se retrouva au-dessus du campement. Le volatile qu’elle incarnait plongea au travers des ramages, brisant branchages, trouant les feuilles, pour se réceptionner sur le sol. Là, la corneille s’environna de ténèbres grandissantes, avant de disparaître dans un écrin de fumée noire pour laisser la place à une jeune femme encapuchonnée, qui, l’œil alerte et l’épée à la main, observa vivement tout autour d’elle.

L’endroit était désormais désert à première vue. Mais un mouvement dans la périphérie de sa vision vint démentir la tranquillité apparente qui régnait sur le campement. Dokhara sortit de derrière un arbre, ayant certainement reconnu Lucretia. Le regard de cette dernière lorgna du côté de la jambe de sa consœur, laquelle avait vraisemblablement été touchée. Mais ce n’était rien à côté de l’état de Marcus ; si Dokhara pouvait encore se mouvoir sans trop de souci, il semblait bien que le capitaine de la garde peinât à respirer. Il se tenait le flanc, et une expression douloureuse s’était gravée sur les traits de son visage. Lucretia se serait bien attardée auprès de chacun d’entre eux afin de vérifier la gravité de leur blessure, mais le temps lui était compté. Elle devait aller au plus vite, sans prendre de gant.

« Au moins êtes-vous toujours en vie. Hans ne l’est plus, et une bonne vingtaine de gobelins, à vue d'œil, fonce sur nous. Ils seront là dans quelques minutes. Dokhara, allez préparer les montures. Je m’occupe de Marcus, puis vous rejoins. Ensuite, nous décamperons de là sur le champ. »

Lucretia avait préféré mentir sur la mort de Hans pour éviter de les lancer, notamment Marcus, dans une entreprise aussi risquée que perdue d’avance. Le palefrenier n’avait plus aucune chance de s'en sortir, et il aurait presque été cruel de leur faire miroiter une once d’espoir à son sujet. Là, dans l’instant immédiat, c’était leur survie à eux qui primait sur tout le reste. Et le restant de leur possession, afin d’assurer la continuité de leur voyage.

Tandis que Dokhara s’attelait à équiper les montures, la Lahmiane se tourna vers Marcus, posant sa main sur sa blessure. Invoquant la puissance de l’Aethyr, elle s’opiniâtra à rassembler quelque énergie que ce fût pour resserrer ses chairs, atténuer ses douleurs, et lui permettre de voyager avec davantage de sérénité. Il ne fallait en aucun cas qu’il fût un poids mort dans leur nouvelle fuite. Puis elle courut rejoindre son amante, en compagnie du capitaine de la garde, pour démonter les tentes si le temps le lui permettait encore, et seller les montures pour ses compagnons.

Par la suite, changement en corneille, une fois de plus, et j’ouvre la voie en suivant la route, ou la direction, que j’aurais repérée là-haut.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 02 sept. 2018, 14:21, modifié 1 fois.
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- Connaissance des démons

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Re: [Lucrétia et Dokhara] Les chemins de la renaissance

Message par Dokhara de Soya »

Conformément à ses doutes, la corneille qui s'était posée dans leur campement se métamorphosa pour laisser apparaître son amante. Un spectacle qui auparavant émerveillait Dokhara, mais qui aujourd'hui commençait à devenir coutumier - si autrefois la réalité de sa relation avec une vampire semblait impossible à assimiler, cette dernière semaine à se reposer sur ses dons de lahmiane avait permis de peu à peu faire du surnaturel une part de sa routine.

Dokhara s'était ruée hors de sa cachette, prête à prévenir Lucrétia du danger qui arrivait dans leur direction pour lui intimer de se mettre elle aussi en position d'embuscade, mais son expression sinistre l'en dissuada. Avant même que son amante ne prenne la parole, elle avait déjà deviné l'essentiel de ses propos juste en examinant ses traits. Elle venait de la direction du danger qui avait effrayé les gobelins. Sans Hans. Son explication ne fit que confirmer les terribles doutes qui déjà s'étaient insinués dans leurs esprits.

Encore.
Encore une fois.
Quelqu'un était mort pour elle.

Elle fut prise d'un vertige. Le paysage sembla devenir flou tandis qu'il se mit à tourner autour d'elle.

Cette nouvelle information ne fit qu'enrager davantage celle qui se sentait toujours plus coupable de la destruction que chacun de ses choix engendrait. Son poing se resserra sur son arme, tout comme ses mâchoires se crispèrent de colère. Un torrent d'émotions haineuses la traversa, et plus encore qu'auparavant elle ressentait le besoin de torturer ces ignobles créatures. De les dépecer lentement et les entendre couiner des heures durant. Elle leur arracherait des lamelles de peau avec une extrême lenteur, écraserait leurs yeux de ses doigts, arracherait leurs dents à la pince, défoncerait leurs os avec une masse. Elle les saignerait encore et encore, jusqu'à apaiser la douleur qui la rongeait. Car ce n'était plus le plaisir qui guidait ses émotions, seulement le besoin de fuir ses responsabilités, de s'abandonner à la violence pour ne plus ressentir le fardeau de son impuissance. Des dizaines d'hallucinations mettant en scène les tortures qu'elle réserverait aux gobelins traversèrent son esprit. Des manières de se rassurer, de réussir à retrouver confiance en elle en recréant un semblant de contrôle sur sa vie.

Son sang bouillait dans ses veines comme du feu en fusion. Ses deux pupilles lavande étaient redevenues deux braises ardentes alors qu'elle chercha le regard de Lucrétia, prête à protester, à hurler son désir d'en découdre.

Leurs pupilles se croisèrent, et des larmes brulantes coulèrent des yeux de l'ex-baronne.

Toujours la même situation.
Sa responsabilité, son comportement immature, sa colère vaine, ses pleurs.
Et Lucrétia qui la sauve, subissant les conséquences la tête haute.
Une spirale.

Elle hocha la tête en silence, puis rengaina son arme. Elle ne se battrait plus contre Lucrétia. La vampire était tout ce qui lui restait, la seule chose qu'elle avait encore espoir de ne pas perdre. Son esprit avait déjà accepté la destruction qu'elle semait, Hans n'était qu'une cendre de plus que ses flammes avaient incinéré. Il ne luttait plus que contre la crainte de perdre la seule et dernière chose qui comptait encore, et elle s'était promise de ne plus jamais s'opposer à son amante, de ne plus jamais lui donner une quelconque raison de se séparer d'elle.
Elle devait devenir comme elle. Surpasser ses émotions, garder la tête froide en toutes circonstances, ne compter que sur soi, ne pas être affecté par le présent qui n'est qu'un fragment ridicule d'une vie infinie.
Elle devait apprendre à être une lahmiane.

Elle courut jusqu'au campement, refoulant toutes ses émotions au fond d'elle, les étouffant en concentrant toute ses pensées sur Lucrétia. Comme un phare dans la nuit, elle mit mentalement la vampire au milieu du torrent rougeâtre de sa haine pour elle-même, et focalisa toute son attention sur ses émotions la concernant, laissant toutes les autres se noyer en arrière-plan.

Dans ce simulacre de sérénité, elle obéit aux ordres de sa consœur, d'abord en vidant au sol le contenu des fontes de selle des trois équidés manquants, pour le transvaser dans celles des deux autres. Les denrées pour sept jours de ravitaillement ayant été dévorées, ne restait que leur matériel de camping et leur fortune. Elle n'avait pas de temps pour déplier les tentes - aussi ne prit-elle que les sacs de toile contenant leurs couronnes, et leur matériel de couchage. Sans même y réfléchir elle ne se saisit que des affaires de Marcus et d'elle-même - Hans mort et Lucrétia veillant chaque nuit sans dormir, il était inutile de s'encombrer alors que des gobelins les traquaient.

Le tri effectué, elle rejoignit Liszt et Wagner afin de les calmer assez pour les seller sans danger. Il fallait partir sans tarder : les chevaux étaient devenus totalement incontrôlables à leur dernière rencontre avec des gobelins, mieux valait éviter qu'ils les aperçoivent une nouvelle fois.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 02 sept. 2018, 14:22, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


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Re: [Lucrétia et Dokhara] Les chemins de la renaissance

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Lucrétia incante Guérison des plaies : 7, réussi.

+1 xpm


Marcus accusa le coup et resta impassible à l’annonce de la mort de Hans. Avant d’être capitaine de la garde du –relativement- tranquille village de Bratian, Marcus avait servi au sein des armées provinciales du Talabecland. De ces années, il avait retenu un pragmatisme martial qui faisait de lui un élément de valeur dans le feu de l’action. Son ami et compagnon de voyage était mort entre les mains des gobelins. Peut-être même était-il encore en vie, soumis aux tortures de ces monstres vicieux. Et pour autant, Marcus obéit aux ordres de Lucrétia sans broncher.

Le vieux briscard s’avança vers la lahmiane et la laissa panser ses plaies grâce aux effluves réparatrices de la magie. Il regardait au loin ce faisant, vers la forêt, et ne prononça pas un mot. Le sort lancé par Lucrétia sembla le soulager physiquement cependant, et sa respiration se fit moins sifflante.

Chaque seconde comptait désormais. La rumeur des peaux-vertes perçait déjà depuis les bois sombres en contrebas, un mélange confus de cris excités, de hululements et de percussions primitives. Les deux chevaux restants furent harnachés au plus vite et leurs fontes de selle bourrées de tout ce qui pouvait rentrer. Les tentes furent abandonnées sur place, mais Marcus s’attarda une seconde près du sac de Hans. Il en vida le contenu au sol et ramassa le fameux béret à aigrette du palefrenier ainsi que sa blague à tabac, les fourra dans l’une des sacoches et sauta en selle. Dokhara faisait de même tandis que Lucrétia se métamorphosait à nouveau en corneille.

Débuta alors une course folle sur les pistes invisibles de la Drakwald. Marcus et Dokhara chevauchaient à bride abattue, guidés par un oiseau noir comme la nuit qui perçait parfois les frondaisons pour prendre de la hauteur et repérer le chemin à suivre. Les chevaux galopaient, la poitrine écumante, et dévalaient les pentes rocailleuses, fonçaient à travers les taillis épais et entre les arbres, sautaient par-dessus les ruisseaux et les troncs. Il s’agissait d’éviter les tourbières et les ronciers, ou le cœur des bosquets où les montures se seraient enlisées. Impossible de savoir si leurs poursuivants étaient proches ou non, mais la piste grossière que les deux cavaliers laissaient dans leur fuite n’était certainement pas difficile à suivre pour les habitants de cette forêt maudite. Cette cavalcade ne se fit pas sans heurts, et la blessure de Dokhara la lançait violemment à cause de l’agitation tandis que Marcus passa au-dessus de l’encolure de son cheval lorsque ce dernier s’arrêta net devant une gâtine qui surgit soudainement dans un lacet de la piste.

Lors de ses excursions dans le ciel, Lucrétia pouvait facilement repérer l’auberge fortifiée. Cette dernière tenait plus du château que du simple relais de coche et se dressait sur une éminence rocheuse dans le méandre déboisé d’une rivière agitée. La Drakwald, impénétrable, s’étendait de part et d’autre du fort, qui apparaissait alors comme un îlot de civilisation au milieu d’une mer végétale insondable et menaçante. Un simple ponton dominait une crevasse peu profonde et menait à un corps de garde en bois posé sur des fondations en pierre. Une palissade flanquée de tours et de constructions ceignait le rocher au centre duquel se trouvait l’auberge à proprement parler : un large bâtiment en pierre dont les créneaux et les meurtrières ne laissaient aucun doute quant à sa fonction défensive. Après le ponton, c’est une route vaguement pavée qui se lovait autour de l’escarpement jusqu’à la rivière, qu’elle longeait ensuite pour rejoindre probablement un axe plus important non loin dans la forêt.

C’est là que Lucrétia devait guider Dokhara et Marcus. Les voyageurs seraient certainement à l’abri des gobelins une fois derrière ces murs. Il ne restait plus qu’à espérer que pires dangers ne se trouvent pas à l’intérieur …

Les deux cavaliers continuaient de suivre le chemin ouvert par la corneille, les mains serrées sur les rennes de leurs montures. Ces dernières écumaient après deux heures d’un galop intense, leurs membres tremblaient et la vapeur leur montait de la croupe. L’auberge était désormais en vue et il ne leur restait plus qu’à descendre jusqu’à la rivière, la traverser à cheval et rejoindre la route qui montait sur le rocher. Mais c’est alors qu’ils s’engageaient sur la grève que le cheval de Dokhara manqua un pas et s’écroula en poussant un hennissement déchirant, envoyant sa cavalière rouler dans les graviers mouillés qui faisaient office de plage. La pauvre bête, exténuée, ne voulait plus se relever et ne tarda pas à rendre l’âme. Marcus aida probablement la jeune baronne à se relever, et lui proposa de lui laisser sa propre monture, ou de la partager pour pouvoir traverser la rivière. Il fallait porter les fontes de selle du cheval mort à la main, ainsi que le reste des sacs.

L’eau de la rivière était glacée et extrêmement claire, née de la fonte des neiges au sommet des Monts-du-Milieu. Le roncin épuisé qui portait désormais Marcus, Dokhara et tout le matériel de voyage levait la tête pour la garder à la surface, et ses sabots glissaient régulièrement sur les galets du fond, manquant de tous les faire tomber. L’eau montait jusqu’aux cuisses des cavaliers et recouvrait la blessure de la baronne. Causant une vive douleur au début, le froid finit presque par l’anesthésier.

Pendant ce temps-là, une trompe résonnait dans l’une des tours en bois qui ceignait l’auberge et une petite troupe traversa le ponton en vitesse et dévala le sentier de l’escarpement jusqu’au bord de la rivière dont émergeaient difficilement les voyageurs. Les hommes qui composaient cette troupe portaient pour la plupart un uniforme aux différentes teintes de vert ou de marron, avec quelques éléments en rouge ou en jaune comme des brassards ou des plumes. C’était un détachement de soldats hochlanders, dont la réputation de forestiers n’avait rien à envier à celle des talabeclanders. Ils expliquèrent rapidement être la force de garnison de l’auberge du Grand Duc, et demandèrent aux voyageurs ce qu’il se passait. C’est à cet instant que Marcus tomba de selle, dans les vapes, et qu’on le chargea sur un brancard tandis qu’on donnait une couverture à Dokhara pour qu’elle se sèche et se couvre. Et on les escorta jusqu’à l’auberge.

Lucrétia, quelle que soit sa forme, pouvait deviner, à l’orée de la forêt de l’autre côté de la rivière, de petits yeux vicieux qui épiaient la scène depuis les ombres.




Vous êtes donc en sécurité dans l’auberge. Marcus est complètement HS et semble avoir un peu de fièvre. On le met dans un lit. Je vous laisse interagir avec la garnison/le personnel/les clients (ces derniers sont peu nombreux, surtout des chasseurs/braconniers/charbonniers/bûcherons). La plupart des personnes présentes sont sympathiques, voir souriantes, et impressionnés de recevoir la visite de baronnes. Les questions pleuvent. Qui êtes-vous, pourquoi venez-vous vous perdre ici, que vous est-il arrivé dans la forêt, pourquoi ne pas passer par les routes plus sûres, etc.

Je vous laisse avec tout ça dans le prochain post. Et dites-moi bien où vous rangez l’or. Si questions, je reste dispo.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Lucrétia et Dokhara] Les chemins de la renaissance

Message par Dokhara de Soya »

Son palefroi fut digne de ce qu'elle attendait d'un ambleur élevé par Konrad Dorfmark. Tout comme Wagner, Liszt galopait à une allure vertigineuse dans la Drakwald, les arbres défilant à toute vitesse autour d'eux tandis qu'ils suivaient la corneille noire, seul repère dans un décor de verdure qui se répétait à l'infini devant eux. La forêt contenait de multiples dangers et leur allure ne permettait pas de les repérer avant de les rencontrer, aussi ne pouvaient-ils compter que sur Lucrétia pour leur faire prendre les chemins les plus surs.

Impossible de ne pas entendre les gobelins derrière eux malgré le bruit des sabots sur le sol. Les peaux-vertes n'essayaient nullement d'être discrets ; au contraire, ils semblaient vouloir faire le plus de boucan possible comme pour demander à toute la forêt de participer à cette course-poursuite. Néanmoins, ils semblaient au fil des minutes réussir à les distancer car le vacarme s'atténuait peu à peu derrière eux. Ils ne ralentirent nullement la cadence pour autant, les gobelins semblaient bien trop fourbes et vicieux pour abandonner aussi facilement des proies aussi alléchantes.

Combien de temps chevauchèrent-ils ainsi, épuisant leurs muscles et leurs montures ? Si Marcus avait pu bénéficier de la magie curatrice de sa maitresse, Dokhara avait cette fois du s'en passer et, l'adrénaline du combat passée, les élancements n'avaient plus rien d'agréable dans la douleur qu'ils prodiguaient régulièrement. Qu'elle serre sa cuisse contre l'animal ou qu'elle laisse pendre sa jambe, aucune position ne faisait oublier l'estafilade reçue.

Liszt tremblait d'épuisement lorsqu'ils sortirent enfin de l'étouffante chape d'arbres de la Drakwald pour apercevoir le refuge promis. Elle lui flatta l'encolure, chuchotant à son oreille qu'ils étaient presque arrivés, elle-même réconfortée d'enfin pouvoir retrouver un lieu civilisé et sécurisé après cette longue semaine dans la nature. Malheureusement l'encouragement ne suffit pas à faire retrouver à la monture son énergie, et alors qu'ils devaient franchir quelques mètres de gravier pour rejoindre la rivière les séparant de leur destination, le palefroi ne sut garder son équilibre sur les pierres glissantes sous ses sabots. Ratant un pas, il s'écroula en hennissant. "Par chance", Dokhara fut envoyée rouler à quelques pas de là, son épaule amortissant tant bien que mal le choc contre le sol. La situation aurait été bien pire si elle s'était retrouvée coincée sous son cheval mourant.

Elle saisit la main de Marcus, qui l'aida à se relever. La traction qu'il exerça lui prodigua une nouvelle douleur dans l'épaule, qui n'avait guère apprécié l'atterrissage. Elle tâta la zone sensible, comme pour s'assurer de n'avoir rien de cassé - néanmoins son absence totale de connaissances en médecine ne l'aidèrent guère à en être sure, même si tout semblait être à sa place.

Lucrétia avait repris sa forme humaine depuis qu'ils avaient quitté l'orée des bois. A côté de sa monture qui n'avait même plus la force de remuer, elle croisa le regard de sa consœur, et secoua lentement la tête. Même si leur objectif était en vue, Liszt terminerait sa route ici.

Sans un mot, tous trois conscients de ce qu'ils avaient à faire, ils s'approchèrent du cheval mourant et récupérèrent les fontes de selles qu'il portait. Le palefroi rendit son dernier souffle peu après, alors qu'ils se partageaient le poids de leurs sacs.

Elle monta sur le roncin épuisé de Marcus, qui n'apprécia guère après avoir galopé deux heures cette soudaine surcharge. Et pourtant, après un hennissement désapprobateur, il obéit aux ordres de Marcus, entrant peu à peu dans l'eau glacée de la rivière pour la traverser.
La vision de l'auberge fortifiée si proche d'eux permit à Dokhara de garder son calme alors que Wagner s'enfonçait dans l'eau glacée qui avait atteint ses jambes. Elle avait failli hurler comme une enfant au premier contact avec la rivière, et dut serrer les dents alors que le froid mordant vint s'en prendre à sa cuisse meurtrie. Elle fixa du regard sa destination, désormais si proche et pourtant encore si lointaine à rallier, Wagner avançant à pas prudents sur les galets sous-marins pour ne pas connaître le même destin que Liszt.
A leurs côtés, Lucrétia était à l'origine d'une bien curieuse vision. Ayant choisi de reprendre forme humaine, la vampire n'avait d'autre choix que de traverser l'eau glacée à pied, et cette dernière montait désormais jusqu'à son cou. Juchée sur Wagner, cela donnait l'impression que la tête de son amante flottait sur la rivière, progressant lentement à leurs côtés. Mais si la température de l'eau faisait souffrir Dokhara, Marcus et Wagner, ce semblait être une autre raison qui renfrognait le visage de sa comparse : toute vampire était-elle, le courant était trop fort et menaçait de l'emporter à chaque pas.
Sans un mot, Dokhara se coucha sur Wagner, enroulant l'un de ses bras autour de son encolure, l'eau venant ponctuellement lui réfrigérer le ventre désormais. Puis elle tendit son autre bras en direction de la lahmiane. De la même manière qu'elle lui avait offert une ombrelle à Talabheim, il n'y avait aucune demande dans son regard, aucune supériorité ni malice. Elle faisait ce qui devait être fait pour progresser, sans la moindre arrière-pensée. Ainsi accrochée à Wagner, elle pourrait servir d'ancre à Lucrétia et l'aider à progresser.

Après une nouvelle éternité, ils parvinrent de l'autre côté de la rivière. Quelques pas de plus, et ils rejoignirent le chemin de pavés qui reliait l'auberge au-dessus d'eux à une route crée par l'homme. Dokhara ne put retenir un soupir de soulagement alors qu'elle était si proche de rétablir le contact avec la civilisation.
La garnison de l'auberge du Grand Duc ne tarda guère à venir à leur rencontre, une petite troupe de soldats les ayant repéré pendant leur traversée. Lucrétia avait bien fait de ne pas rester sous forme de corneille, sa soudaine apparition aurait provoqué quelques complications.

Après avoir pris en charge Marcus qui s'était soudainement évanoui, et confié des couvertures à Dokhara et Lucrétia pour qu'elles se sèchent, les hochlanders les escortèrent le long du chemin de pavés qui serpentait jusqu'à l'auberge. Souhaitant attirer leur sympathie, elle exagéra son boitillement sur sa jambe blessée, simulant une douleur plus importante que ce qu'elle n'était vraiment. Les deux consœurs ne pouvaient se permettre de rester silencieuses auprès des hochlanders désormais curieux de connaître leur histoire, aussi Dokhara décida t-elle d'être leur porte parole. Elle avait vu l'éloquence de Lucrétia lorsqu'il s'agissait d'être une puissante baronne, mais elle ne savait pas si ses compétences sociales s'étendaient à prendre un autre rôle que celui-ci. La jeune impériale, en revanche, maitrisait cet art de par son expérience du terrain depuis ses quatorze ans.

Elle n'eut pas besoin de beaucoup se forcer pour que des larmes coulent de ses yeux lorsque l'un des hommes de la garnison s'enquit de leur histoire. Elle croisa son regard, et laissa toutes les émotions contenues de ces derniers jours s'échapper d'elle. Le secret de toute menteuse résidait dans l'utilisation détournée de la vérité pour créer des histoires convaincantes.

Elle tourna la tête vers Lucrétia, et lui fit un sourire, ses joues inondées de pleurs. Tout en lui adressant la parole, elle traça la forme du marteau de Sigmar sur son torse, touchant son nombril puis sa clavicule droite et gauche.

- Sigmar soit loué, nous sommes vivantes Ilsa ! Il a entendu nos prières, et nous a guidé jusqu'ici, je te l'avais dit !

Puis elle se tourna à nouveau vers le hochlander, sa voix tremblante d'émotion, comme si elle ne savait pas par quoi commencer.

- Je... m'appelle Frieda. Nous... nous sommes des pélerines, suivant la route de l'exode de Sigmar. Nous avons quitté Altdorf il y a vingt jours, prenant la route de l'Est, désireuses de montrer à notre Protecteur notre dévotion. Nous avons suivi le Talabec pour rejoindre Talabheim, mais en chemin j'ai...

Elle laissa un silence planer tandis qu'elle se mit à regarder ses pieds, comme honteuse de la suite des évènements.

- J'ai voulu faire un détour pour visiter Gruyden. On m'a dit grand bien des sanctuaires construits par les Auerbach en l'honneur de Sigmar, et je souhaitais voir le village dont la seule foi avait suffi à le protéger des hordes du Chaos lors de la guerre. Malheureusement, sur la route y menant, nous avons été attaqués par des gobelins. Une épreuve divine, destinée à tester notre foi. Comme tout sigmarite dévoué, Marcus, Ilsa et moi-même avons appris à nous défendre et conformément aux commandements de notre Dieu, nous avons pourfendu ces peaux-vertes puis avons pris à cœur de traquer les fuyards dans la Drakwald. C'était peut-être trop de zèle pour trois pèlerins : après une journée à nous enfoncer dans la forêt pour les pister, nous nous sommes totalement perdus, tandis que les teigneuses petites créatures avaient rejoint toute une horde d'entre eux qui nous a pris en embuscade, accompagnés d'immondes araignées géantes. Marcus a été blessé au flanc, moi à la cuisse. Que Sigmar nous pardonne, nous dûmes fuir ces monstres pour notre survie, et avons galopé à toute allure des heures durant à travers la Drakwald, totalement perdues, terrifiées par les cris qui nous poursuivaient inlassablement. Nous avons prié Sigmar, encore et encore, de pardonner notre lâcheté face à ces immondes créatures, et de nous guider vers un asile. Et nous sommes arrivés ici, devant vous.

Concluant son histoire alors qu'ils passaient le ponton permettant d'entrer dans l'auberge fortifiée, elle offrit un sourire radieux à ses interlocuteurs, celui d'une dévote persuadée d'avoir été guidée par son dieu jusqu'à la sécurité.

Son sourire ne put que persister alors qu'elle se retrouvait enfin du bon côté de la palissade en bois. Laissant son regard errer sur les tours de guet, les membres de la garnison y étant postés, puis sur l'imposante auberge en pierre vers laquelle elle se dirigeait, un sentiment de sécurité vint naturellement apaiser ses inquiétudes. Après sept mois à camper en pleine nature, n'ayant pour seule défense que la vigilance de Lucrétia, retrouver des murs de bois et de pierre était incroyablement réconfortant.

Son histoire, elle dut la conter encore et encore. Nombreux furent les curieux au sein de l'auberge, personnel comme clients, qui souhaitèrent savoir pourquoi deux femmes avaient bravé les dangers de la forêt. Étrangement à l'aise dès lors qu'il s'agissait de mentir, Dokhara répondit à toutes leurs attentes, choisissant de s'installer à une table au centre de la pièce et invitant tous les clients à s'asseoir à ses côtés, n'hésitant pas une seule seconde à payer repas et boissons à tous. Sigmar en personne l'avait guidée jusqu'ici, il était bien normal d'être généreuse envers l'établissement choisi par leur Dieu pour les protéger des peaux-vertes !
Une heure durant, elle monopolisa la parole, préférant limiter les interventions de Lucrétia. Il y avait sa crainte de voir la vampire trahir ses nobles origines en utilisation une formulation non adaptée à une simple roturière. Il y avait aussi la peur que Lucrétia ne puisse être à l'aise face à cette couverture nécessitant de témoigner d'une certaine foi, elle qui semblait très peu à l'aise en présence de tout symbole divin. Mais plus que ces raisons, Dokhara souhaitait surtout lui prouver qu'elle pouvait se montrer utile, qu'elle était capable de gérer telle situation. Cela faisait sept jours que de l'orientation à la protection, ils ne se reposaient que sur les forces de Lucrétia vingt quatre heures sur vingt quatre. Pour une fois, la jeune humaine pouvait prendre le relais, et offrir à la vampire un repos peut-être non nécessaire à son corps, mais au moins à son esprit qui n'avait jamais pu se laisser aller une minute.
Elle inventa la vie de Frieda et Ilsa, orphelines miséreuses du Reikerbahn District, sauvées par un prêtre guerrier de Sigmar alors qu'elles avaient failli se faire tuer par un groupe de gredins. Le prêtre avait vu quelque chose de prometteur en elles, avait été impressionné par leur fougue pendant le combat, et avait décidé d'en faire des initiées. Depuis lors, conscientes de leurs origines modestes, elles ne souhaitaient que faire leurs preuves, et ce pèlerinage était l'ultime moyen qu'elles avaient trouvé pour montrer à Sigmar leur gratitude et leur dévouement.
Utilisant ses propres expériences de vie, de ses errances dans ce quartier de truands à ses longues prières matinales dans le temple sigmarite d'Altdorf, il lui fut aisé d'utiliser ces connaissances pour donner une vraisemblance et une consistance rare à son récit.

Une fois la curiosité de la majorité assouvie, Dokhara simula une grimace de douleur, signalant qu'elle devait désormais les abandonner. Les gobelins n'avaient pas manqué de la blesser à la cuisse et elle devait désinfecter sa blessure maintenant, et prendre un peu de repos après toutes ses émotions. De plus, elle commençait à s'inquiéter pour Marcus qui ne les avait pas rejointes dans la salle commune.

Rejoignant le dortoir où le garde du corps avait été installé, Lucrétia et Dokhara tombèrent nez à nez avec un homme blond ayant la quarantaine, avec une épaisse barbe mal entretenue, aussi grasse que ses cheveux. Il avait la peau marquée par endroits, et une vilaine cicatrice témoignant d'un coup de griffe décorait sa nuque.
Assis au chevet de Marcus, il se leva en les voyant entrer et se présenta. Il s'appelait Franz, était un chasseur de la région, qui alimentait l'auberge en viande. Ayant l'habitude d'arpenter la Drakwald, il connaissait ses dangers et possédait plusieurs onguents naturels permettant de soigner ses plaies en cas d'incident. Il avait désinfecté les blessures du garde du corps de Lucrétia, dont il avait été surpris de voir la vitesse de cicatrisation. A ce commentaire, Dokhara dut faire un effort pour ne pas jeter un regard en coin amusé à sa comparse.
Néanmoins, il n'y avait pas matière à la gaudriole. Marcus était atteint d'une vilaine fièvre, son front était bouillant et son visage transpirant. Le chasseur était catégorique - il allait avoir besoin de repos. De beaucoup de repos.
Cette fois les deux baronnes se regardèrent bel et bien, échangeant une inquiétude muette. Elles ne pouvaient se permettre de rester stationnaires trop longtemps, pas avec tous les ennemis qu'elles avaient dans l'Empire. Si le baratin de Dokhara sur leur identité ferait l'affaire un moment, leur apparence pouvaient encore les trahir dès lors qu'un client se mettrait à décrire à la mauvaise personne l'histoire des pèlerines aux longs cheveux roux qui se reposaient à l'auberge du Grand Duc.

Le chasseur dut sentir qu'il était de trop dans la pièce car il prit alors la direction de la porte, marmonnant qu'il ne pouvait rien faire de plus pour leur ami et que désormais elles pouvaient rester à ses côtés. Dokhara le retint néanmoins, signalant qu'elle avait elle aussi besoin de ses onguents pour désinfecter sa propre blessure. L'état de Marcus s'annonçait déjà suffisamment problématique sans qu'elle aussi se mette à contracter une infection.

Franz comprenant bien qu'il ne serait autorisé à appliquer ses onguent sur le haut de la cuisse de la jeune femme, consentit à leur vendre quelques doses supplémentaires de ses produits. Cela pourrait après tout leur servir pour la suite de leur voyage, si elles venaient à rencontrer d'autres ennemis encore. Dokhara dut fournir un effort de volonté pour ne pas devenir morose à l'idée qu'elles étaient encore très loin du Kislev, et que pourtant déjà, sur les quatre voyageurs initiaux, l'un était mort, et deux autres étaient blessés.

A peine la porte du dortoir refermée, Dokhara la verrouilla puis ne perdit pas de temps pour s'asseoir sur un lit proche, avant de laisser glisser son pantalon en cuir le long de ses jambes.

- M'aiderez-vous ? demanda t-elle avec un sourire triste à Lucrétia.

Une envie contradictoire - des relents des tumultueuses émotions ressenties précédemment, mêlées à l'épuisement d'un voyage si difficile. Une pique séductrice prononcée avec trop peu de confiance dans la voix pour qu'on y croie vraiment.

La lahmiane se prêta cependant au jeu, et massa la plaie de Dokhara. Le contact faisait mal. C'était plaisant, la douleur éveillant l'esprit brumeux de l'ex-baronne qui se laissait aller à la mélancolie. La mort de Hans la hantait, et la vision de Marcus fiévreux à côté d'elles n'aidait en rien. Se concentrer sur la main froide de Lucrétia, sa paume massant sa plaie, les soudains élancement vrillant sa cuisse, douleur et caresse qui permettaient à son esprit de s'évader.

Une petite minute plus tard, Dokhara s'était relevée et rhabillée. Ni Lucrétia ni elle n'étaient d'humeur à badiner, et pourtant la fugitive ressentit le besoin de faire durer davantage le contact avec son amante. Elle l'enlaça, et l'embrassa timidement. Un baiser sans passion, mais une étreinte pourtant pleine d'émotions que Dokhara laissa se déverser. Elle avait besoin de réconfort, mais n'avait pas envie de parler, les mots tournoyant dans son esprit tous plus vides de sens les uns que les autres. Sentir la baronne de Bratian contre elle, ses bras autour de son corps, ses lèvres contre les siennes, c'était se rappeler pourquoi elle endurait tout ceci. Réveiller la flamme malmenée quelques instants, sentir son cœur battre à nouveau pour un bref moment de répit.
Leurs lèvres se quittèrent, mais lorsque Lucrétia fit mine de s'éloigner d'un pas, Dokhara resserra son emprise inconsciemment, se blottissant de toutes ses forces contre son amante. Confuse, elle la relâcha la seconde suivante, surprise de ses actes. Une part d'elle voulait profiter éternellement d'un moment de paix, voulait rester une enfant que sa mère protégeait de son corps, et c'est celle-ci qui avait pris le contrôle bien malgré elle.

- Je... je vais retourner dans la salle commune, bafouilla t-elle. Ils ont aimé ma petite histoire, mais maintenant que nous sommes acceptées, il nous faut encore remplacer nos pertes. Je vais tenter de me renseigner afin de trouver un cheval et une mule, éventuellement de meilleurs remèdes pour la fièvre de Marcus, et de nouvelles tentes pour la suite de la route. On se retrouve un peu plus tard.

Le rouge lui montant aux joues, Dokhara quitta la pièce sans plus de cérémonie.


***

Dokhara fit ce qu'elle avait annoncé à sa consœur. Après une heure à parler de Frieda et d'Ilsa, il était désormais temps de non plus prendre la parole, mais écouter autrui. Dokhara s'intéressa à chaque client, chaque membre du personnel, aubergiste comme garde. Elle écouta leur histoire attentivement, et appliqua les leçons apprises à la cour - tout homme aime avoir à ses côtés une femme qui s'intéresse à lui, ses histoires, qui l'écoute et sourit. Tout en continuant de jouer les pèlerines, la fugitive apprit à connaître les gens présents, et de temps en temps, elle prenait à son tour la parole pour poser une discrète question de ci de là. Tout d'abord sur où trouver le matériel qui leur manquait, puis plus largement sur les nouvelles de l'Empire, l'état des routes au nord comme au sud. Seul le nord-est l'intéressait bien entendu, mais elle ne le laissa jamais paraître, noyant la question à ce sujet parmi d'autres, plus insistantes, concernant les routes constituant l'Exode de Sigmar.

Plus tard dans l'après-midi, lorsque Lucrétia la rejoignit, Dokhara signala au bûcheron assis à sa table qu'elle devait s'entretenir avec sa consœur. Il lui fit un hochement de tête entendu avant de retourner à ses affaires, laissant sa place à la lahmiane.

- Il n'y a pas grand chose ici qui puisse nous être utile, lui murmura Dokhara, sinon la sécurité de leurs murs et les rations qu'on pourrait acheter. Pas d'équidé, et rien de mieux que quelques onguents maison pour Marcus comme ceux que Franz nous a confié. En revanche j'ai entendu parler d'un camp de stryganis plus loin sur la route qui possèderaient chevaux et remèdes miraculeux. Je ne suis pas sure qu'on puisse se fier à ces gens-là, et personne ici ne m'a recommandé de croire en, je cite, "ces voleurs et ces coupe-gorges". Mais... de par votre nature, vous pourriez sans doutes les convaincre sans difficulté. Leur campement n'est qu'à quelques battements d'ailes après tout. Je suis en terrain amical ici, je saurais me débrouiller seule. A dire vrai, votre absence me permettrait de noyer ma fatigue dans l'alcool sans crainte de votre regard inquisiteur.

Un sourire malicieux timide, mais plus franc que précédemment. Ce temps passé au milieu de visages amicaux, dans le confort et la sécurité de l'auberge forteresse avaient permis à Dokhara de retrouver un semblant de quiétude. Le spectre de Hans la hantait toujours, mais sa ferme décision de prendre exemple sur la lahmiane n'était pas qu'une idée passagère. Il n'y avait nulle place pour sa faiblesse dans ce voyage. Elle devait aller de l'avant, quoi qu'il lui en coute. Etre forte, autant que l'était la morte-vivante dont le cœur était éteint.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Les chemins de la renaissance

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Ils n’avaient pas le temps ; le danger leur collait au train, et chaque seconde comptait dans cette préparation à la fuite. Lucretia ne s’était point épanchée sur les circonstances de la disparition du palefrenier, pas davantage qu’elle avait tenté d’amoindrir la peine que chacun pouvait ressentir en choisissant ses mots avec soin. Pour une fois, elle ne s’était pas encombrée de longues et alambiquées expressions, pas de belle phrase ampoulée cherchant à vanter les mérites d’un Hans combattant jusqu’à la mort, non. Rien que le plus simple, le plus direct, et le choc de cette révélation les heurta chacun à leur manière.

Du coin de l’œil, la Lahmiane perçut l’expression de Dokhara, qui devint subitement distante, ailleurs, comme si elle chutait en arrière sans même s’en apercevoir. Marcus, quant à lui, accueillit la nouvelle avec son pragmatisme habituel, sans jamais rien montrer, si ce n’était, peut-être, un léger serrement de la mâchoire. Mais là encore, Lucretia, si elle nota tout cela, n’y fit pas plus attention que cela ; les ordres venaient d’être distribués, afin d’aller au plus vite, et elle escomptait bien à ce qu’ils se missent tous à la tâche. Ce qu’ils firent sans disgresser.

Après avoir très rapidement repris ses esprits et séché ces étranges larmes qui lui brouillaient le regard, l’ancienne baronne de Soya courut en direction du campement, vidant à même le sol le contenu des fontes de selle pour ne conserver que le plus important. Le tri s’avéra des plus simples ; toutes les provisions avaient déjà été consommées, et le matériel conséquent et encombrant, tel que les tentes, prendrait bien trop de temps à être démonté et plié. Aussi ne prit-elle que les objets de valeur, sous le conseil de la Lahmiane, afin de pouvoir continuer leur route et acheter par la suite ce qu’ils venaient de perdre à l’instant.

Marcus, de son côté, s’avança vers sa maîtresse, l’œil peut-être plus craintif et incertain qu’à l’annonce de la mort de son ami. Assurément avait-il compris ce qu’avait sous-entendu Lucretia lorsqu’elle avait affirmé qu’elle s’occuperait de lui. L’usage de la magie, à n’en pas douter. Ou pensait-il que cette formulation augurait quelque chose de plus sombre encore, ès qualités de Lahmiane que sa maîtresse était ? Et la douleur qu’il ressentait n’arrangeait en rien l’expression de son visage. Mais il s’approcha en dépit de toutes ses craintes, lui qui était un homme de guerre et d’acier, et non pas un homme d’esprit.

Marcus se crispa lorsqu’il sentit que toute l’attention de la vampire était focalisée sur cette main blanche qui recouvrait sa blessure au flanc. Et plus encore au moment où il perçut, d’une manière presque intangible, désagréable, une énergie invisible crépiter autour de lui, fourmiller sur sa peau. Il chercha du mieux qu’il le put à se constituer un visage de marbre, carrant les épaules, se raidissant comme un piquet, et fixa du regard un point lointain au travers de l’épaisse forêt. Que pour mieux tressaillir davantage, certainement, lorsque la fougère qu’il contemplait sans véritablement la voir se mit à dépérir sur place, à se flétrir pour se résorber sur place alors que les lèvres de sa plaie, elles, le démangeaient d’une vitalité toute retrouvée. Lucretia avait happé çà et là l’Aethyr dans ses plus proches environs, grappillant l’énergie vitale dont elle avait besoin au hasard afin de l’investir dans le corps poignardé du capitaine de la garde. Et la blessure avait à son tour fané, s’était desséchée, laissant la place à une peau certes plus épaisse et translucide, mais également bien plus saine. L’homme de main s’en trouva bien vite rassénéré, et sa respiration reprit un rythme bien plus léger et naturel. Cela en fut assez pour Lucretia, qui, voyant que sa consœur avait fini par récupérer tout le nécessaire et le plus vital, se précipita alors sur les montures afin de terminer de les préparer. L’instant d’après, ils furent tous prêts, et la Lahmiane se transforma une énième fois en corneille.

Sans prendre le temps de vérifier qu’ils la suivaient bien, elle fusa droit devant dans la forêt, longeant un tracé connu d’elle seule. Dans une série de bruissements d’où sembla exploser une multitude de feuilles, elle traversa ramages et couvert des arbres, arrachant branchages et brindilles, allant toujours plus loin. En dépit de la petitesse de sa taille, elle ouvrait la voie, concentrée sur la destination à suivre, et se focalisait tout aussi bien sur les différents sentiers qui s’ouvraient à elle que sur l’aperçu général des lieux, qu’elle avait gravé dans sa mémoire en revenant au campement. Bien que filant à une vitesse nonpareille au travers des futaies, elle entendait les montures de Marcus et de Dokhara qui battaient de leurs sabots ferrés les chemins salébreux de la Drakwald. A plus d’une reprise, Lucretia perçut les glissades maladroites d’un cheval sur un sol boueux lors d’un virage un peu trop serré, ressentit la crispation de leur cavalier lors d’un saut éperdu au-dessus d’un tronc couché, et discerna les chocs lourds provoqués par les retombées des équidés. Difficile de savoir si les gobelins les talonnaient de près ou de loin dans l’épaisse forêt ; ils ne pouvaient pas se retourner, trop concentrés sur leur fuite qu’ils étaient, et le moindre écart, la moindre inattention, aurait pu conduire l’un d’entre eux sur le bas-côté de la route ou tout droit contre un arbre. Seuls les hululements ininterrompus des créatures, qui retentissaient tout autour d’eux, leur permettaient plus ou moins d’estimer la distance qui les séparait de ceux qui les traquaient. De temps à autre, un cri rauque semblait survenir d’un bosquet à quelques pieds de là quand, l’instant d’après, un autre se faisait entendre, atténué, à l’autre bout de la forêt. En fin de compte, il s’agissait ni plus ni moins que de fuser à travers les bois en espérant creuser la distance entre eux et ces chétives mais bien trop nombreuses créatures. Ne pas savoir était sans aucun doute le pire ; l’on se contractait sur les selles en craignant à chaque seconde d’entrapercevoir la lance rouillée de ces humanoïdes, ou, pire, de sentir le choc tétanisant d’une lame vous fouillant le dos.

A plusieurs reprises, ils tombèrent face à face avec un obstacle, quel qu’il fût ; un étang, une mare, un mur de ronces, un sentier traitreux, un versant abrupt d’un petit plateau. Et à chaque fois, veillant à perdre le moins de temps possible afin de conserver l’avance sur leurs ennemis, la corneille s’envolait vers les cieux, perçant la frondaison de la Drakwald afin d’embrasser la vastité d’un gigantesque panorama qui s’offrit alors à elle, en haut. A chaque fois, le fortin paraissait plus proche ; à chaque fois, elle repiquait en direction du sol, retrouvant son groupe, et les menait vers un chemin détourné. Au fur et à mesure de ces diverses entreprises, l’avance fut non plus conservée, mais bien creusée ; les frétillements des gobelins paraissaient s’estomper, absorbés par le couvert des arbres, jusqu’à disparaître totalement. Mais, par acquit de conscience comme par simple prudence, jamais ne décélérèrent-ils l’intrépide rythme qu’ils s’étaient imposé.

Soudainement, la luminosité se fit plus intense, et les obligea à battre des paupières. Ils venaient tout juste de sortir d’un pan de la forêt, et les ramages de cette dernière ne les abritaient plus de la nitescence solaire. Là, un nouveau paysage s’offrait à eux. Juchée sur un promontoire rocheux, l’auberge se tenait là, entourée d’une palissade en bois surmontée çà et là de petites tours défensives. Environnée par un vert intense, elle n’était pas autre qu’un îlot de civilisation échoué au beau milieu d’un océan de sombre végétation. En contrebas coulait une rivière qu’il fallait franchir afin de rejoindre un petit sentier de pierre qui le lovait autour de l’escarpement rocheux. Ce ne serait qu’une fois parvenus de l’autre côté du cours d’eau qu’ils se trouveraient sains et saufs, définitivement.

S’ils pouvaient observer l’auberge fortifiée de leur position, la réciproque devait être tout aussi vraie ; les défenseurs risquaient de les apercevoir d’un instant à l’autre. Aussi Lucretia ne prit-elle aucun danger ; à peine fut-elle sortie de l’orée de la forêt qu’elle se métamorphosa, reprenant sa forme originelle. Il eût été des plus embarrassants que les tenanciers repérassent deux silhouettes humaines que pour en retrouver finalement trois sur le parvis de leur porte. Cela fait, ils avancèrent à découvert en direction de la rivière. Les chevaux, après pareille cavalcade, paraissaient au bout du rouleau, et pour cause ; leurs poils se couvraient d’une fine pellicule luisante qui n’avait rien à voir avec les flaques d’eau qu’ils avaient traversées, leurs yeux sortaient de leurs orbites, et ils écumaient intensément.

Ce fut à pas désormais lents et fatigués qu’ils progressèrent en direction de la grève, que l’une des montures n’atteignit jamais. Alors que ses sabots se posaient sur une terre ductile, la pauvre bête s’effondra sous le fardeau de son propre poids cumulé à celui de Dokhara. Le dernier hennissement qu’elle poussa couvrit sans peine le bruit de la chute, qui glaça le sang des trois membres du groupe. La baronne de Soya fut relevée par Marcus, lequel exprimait un air des plus inquiets en contemplant le cours de la rivière. Après une rapide inspection, l’eau s’avéra aussi rapide que glacée, descendant tout droit des neiges éternelles recouvrant les hauts sommets distincts qu’ils pouvaient contempler par-delà l’horizon. La traversée s’annonçait compliquée, d’autant plus qu’il leur était impératif de conserver l’ensemble du contenu des fontes de selle. S’ils parvinrent à entasser que plus encore quelques provisions dans les sacoches de la monture de Marcus, ils n’eurent pas d’autre choix que de porter à la main le reste. Lucretia s’arrêta toutefois afin de verrouiller de manière magique le petit coffret qui contenait les pierres précieuses. Pas question d’en perdre ne serait-ce qu’une par mégarde. Puis ce fut avec une allure incertaine qu’ils s’avancèrent vers les eaux tumultueuses.

Dokhara se tenait désormais juchée derrière le capitaine de la garde, sur un Wagner récalcitrant de prime abord, mais qui se plia malgré tout aux règles que lui imposaient les humains. Après leur dernière fuite éperdue, il semblait presque incroyable qu’il détenait toujours autant d’énergie pour supporter le double d’un poids qui l’avait déjà fort affaibli. Marcus et Dokhara tenaient dans leurs mains les sacoches de Liszt, s’accrochant du mieux qu’ils le pouvaient de leurs cuisses au roncin. Celui-ci, la tête haute, tâchant de la sortir hors de l’eau, luttait avec véhémence contre le courant qui menaçait de l’emporter. Lucretia, derrière eux, pouvait sentir les sabots ferrés qui glissaient sur les galets composant le lit de la rivière. Car la Lahmiane suivait la manœuvre, mais à pied. Si la froideur de l’eau ne l’importuna pas outre mesure, il en alla autrement de sa puissance. A son tour, elle batailla ferme contre la volonté débridée de ce bain bouillonnant. Elle devait faire preuve d’équilibre et de force, tentant de ne pas perdre pied tout en maintenant elle aussi une bonne partie de ses possessions. La baronne de Bratian ressentait le courant qui faisait pression sur sa vêture, devenue lourde et encombrante, et se retrouva soulagée en apercevant la main tendue de son amante. Elle s’y accrocha et se laissa guider, concentrée sur chacun de ses pas, tâtant du bout de ses pieds le sol traitreux et inégal d’un torrent tempétueux sorti de son lit. Puis ce fut chose faite ; après avoir atteint le milieu du cours d’eau, ils se mirent à gravir son versant opposé, jusqu’à sortir de la rivière, trempés et fatigués.

Pendant ce temps-là, les avait déjà rejoints une petite délégation envoyée par l’auberge fortifiée. Le grondement grave et rauque d’un cor avait annoncé leur arrivée, mais tous avaient été si focalisés sur leur tâche, s’efforçant de ne pas se faire emporter, que ce fut presque une petite surprise que de soudainement les voir apparaître devant eux. Les soldats, car c’en étaient, n’avaient pas l’air menaçants ; tout au pire donnaient-ils l’impression, eux aussi, d’être étonnés de découvrir trois personnes en des lieux aussi reculés. Et aussi mal en point. Car Marcus, lequel avait été gravement touché au flanc, choisit ce moment précis pour s’effondrer au sol, inconscient. Ayant encore en tête l’épisode où la monture de Dokhara avait fait de même, avant d’être laissée pour morte, Lucretia se porta à hauteur de l’homme pour en jauger son pouls. Le capitaine de son ancienne garde était toujours en vie. Pour le moment. La soldatesque ne perdit pas de temps ; s’emparant du corps inanimé, ils le hissèrent sur un brancard, et se mirent en route. Des couvertures furent cédées aux deux jeunes femmes afin qu’elles se séchassent sans attraper froid. Puis tous prirent le chemin du relais fortifié.

Les questions ne tardèrent pas à troubler le silence qui s’était imposé de lui-même. D’abord timides, elles fleurirent bientôt sur les lèvres des soldats, toujours aussi stupéfaits de constater la présence de deux femmes isolées au milieu de la Drakwald. La Lahmiane croisa le regard de sa compagne ; elles ne s’étaient pas concertées sur la marche à suivre lors de pareils interrogatoires. A dire vrai, elles n’avaient jamais pris le temps d’échafauder une histoire qui permettrait de justifier leur présence céans même. Mais comme toujours, Dokhara avait de la suite dans les idées.

Son visage se transforma subtilement, reprenant ces traits innocents et ingénus qui lui allaient si bien. Elle se courba légèrement, comme abattue par les dernières expériences, et força le boitillement issu de sa blessure. Après peu, ce fut au tour des larmes que d’abonder sur ses joues devenues roses, avant que le signe du marteau sigmarite ne fût tracé sur sa poitrine. Les voilà subitement transformées en pèlerines zélées de Sigmar.

Lucretia, désormais Ilsa, hocha vivement la tête suite aux explications de sa compagne, tâchant de conserver une expression aussi béate que stupide sur son visage sitôt que le mot Sigmar était prononcé. Alors qu’elle feintait un accablement durable et profond, ses traits se métamorphosaient subitement lors de l’évocation du dieu ; ses paupières se mettaient à battre avec candeur, son regard pétillait soudainement, ses pommettes se coloraient, et un doux sourire plein de félicité venait naître sur ses lèvres. La simple mention de cette déité ne la dérangeait aucunement ; elle-même aurait très bien pu conter l’histoire sans craindre d’être mal à l’aise, et pour cause. Les dieux, quels qu’ils fussent, ne puisaient leur force que dans la volonté et la foi de leurs croyants, et ni Dokhara ni Lucretia n’étaient connues pour être de véritables zélotes envers lui. A dire vrai, même un simple paysan, pourtant persuadé par l’existence de Sigmar, n’aurait pu la mettre à mal, car la force d’esprit de la Lahmiane surpassait amplement la certitude et la dévotion d’un simple homme. Et trottant aux côtés de Dokhara, la vampire écoutait les paroles de cette première.

Ainsi, elles n’étaient pas autres que des pèlerines un peu trop croyantes pour leur propre bien. Impétrées par la grâce de Sigmar, elles voyageaient avec la conviction que leur foi les sauverait de tous les dangers. Quittant Altdorf, Ilsa et Freda avaient fait route vers l’ouest, suivant le Talabec afin de rejoindre la capitale du Talabecland. Mais, traversant ainsi le Hochland, elles s’étaient mises en tête que de faire une halte du côté de Gruyden, petit village devenu emblématique après l’invasion d’Archaon. Alors que les hordes chaotiques avaient tout détruit sur leur passage, Gruyden faisait office de miraculé des dieux après avoir été épargné, et des autels plus opulents les uns que les autres avaient fini par fleurir entre les différentes masures du hameau. Il s’agissait ni plus ni moins d’une étape légitime et importante pour tout pèlerin qui se respectait.

Habilement, Dokhara utilisa leur dernier bissêtre pour falsifier la vérité et la fondre avec dextérité dans ce récit qu’elle s’était construit. Les gobelins les avaient attaqués en cours de route, et, de par les enseignements martiaux de Sigmar, le petit groupe avait su les repousser une première fois. Mais forts de cette victoire, ils avaient péché par orgueil, et s’étaient lancés à leur poursuite au cœur de la Drakwald. Les humanoïdes avaient rejoint les rangs de leurs confrères, leur nombre avait triplé, et les pèlerins s’étaient égarés avant d’essuyer une douloureuse riposte qui les avait mis en fâcheuse posture. Ilsa avait été touchée à la jambe tandis que Marcus, lui, avait vu la lance aiguisée d’une créature lui chatouiller le flanc, ce qui les avait forcés à battre en retraite. Et fuyant, galopant ventre à terre, Sigmar les avait amenés à ce refuge, dans sa bienveillance guerrière.

Le petit groupe, escorté par les hochlandais, passa sous le corps de garde défendant l’entrée de l’auberge. Un sentiment de calme et de sérénité les accueillit alors tandis que les lourdes portes de bois ferré se refermaient derrière eux. Nul gobelin ne viendrait les déranger en ce lieu. Cela dit, cette impression de quiétude ne tarda pas à se dissiper alors qu’elles progressaient jusqu’au bâtiment central. Une certaine effervescence contagieuse se dispersa aux quatre coins du fortin, et chaque garde posté sur une des tours de bois diminua sa vigilance constante pour braquer un regard curieux sur les nouvelles venues. Il en alla de même lorsqu’elles passèrent la porte de l’auberge ; une bonne demi-douzaine de paires d’yeux se tourna dans leur direction, suspendant leur mouvement pour les dévisager. Une attention dont se satisfit fort bien Dokhara ; transformée en phénomène de foire, elle invita le tout un chacun à s’asseoir à sa tablée, contant et recontant ses péripéties à qui voulait bien l’entendre.

Lucretia la laissa parler tout son saoul ; la jeune rousse semblait trouver dans ces fariboles un exutoire à toutes ses peurs, ses douleurs et ses incertitudes qui l’avaient traversée ces derniers jours. Elle se complaisait au milieu de cette foule, quand bien même les deux fugitives recherchaient-elles le plus de discrétion possible. Mais, après tout, allait-on encore les traquer au cœur de la Drakwald ? La réputation de cette sinistre forêt n’était plus à faire ; il était connu et reconnu que toute personne franchissant l’orée de ses bois profonds était d’ores et déjà à pleurer. L’Inquisition les considérerait-elle comme mortes et enterrées ? Difficile à dire, mais Lucretia ne se trouva pas la force de moucher l’étincelle de vie qui se rallumait progressivement dans le cœur de sa consœur, et la laissa dégoiser tout son bon vouloir.

Une fois la vie d’Ilsa et de Freda exposée en long, en large et en travers, déformée puis amplifiée, Dokhara simula une nouvelle fois la douleur croissante de la plaie qui lui balafrait la jambe, et chercha la quiétude apportée par un silence bienvenu. Elle se retira, et, en compagnie de la Lahmiane, entra dans la chambre où reposait un Marcus toujours inconscient. Elles tombèrent nez-à-nez avec un homme à la jeunesse passée, lequel se tenait au chevet du capitaine. Un guérisseur, pensa de prime abord Lucretia, qui se révéla par la suite être un chasseur prénommé Franz. Ce dernier écumait les alentours de la Drakwald afin de fournir à l’auberge la viande nécessaire qu’elle vendrait à ses potentiels clients. En sus de connaître la région, il avait dans sa besace tout un panel de potions et d’onguents capables de raffermir les chairs et de refermer les blessures. C’était à tout le moins comme cela qu’il les vanta, avant d’informer les deux jeunes femmes sur l’état de santé de leur compagnon. Mais guère besoin de diagnostic pour comprendre qu’il lui faudrait du repos ; un simple coup d’œil suffisait. Il avait la peau halitueuse et chaude, signe qu’une fièvre le dévorait de sa faiblesse apathique. La blessure, bien que partiellement soignée par la magie de Lucretia, avait causé bien des tourments au sein de son organisme, et seul le temps, désormais, serait en mesure que de le guérir complètement. La Lahmiane ne pouvant plus rien faire pour sa personne, il n’avait pas d’autre choix que de s’accrocher à la vie du mieux qu’il le pouvait. Et, eu égard à son état, Dokhara aussi bien que Lucretia ne seraient peut-être plus là pour veiller sur son sommeil. Il leur faudrait tôt ou tard aller de l’avant, quitte à le laisser derrière elles, entre de bonnes mains cependant. Un simple regard en direction de la jeune rousse suffit à la vampire pour comprendre qu’elles partageaient le même point de vue.

La baronne de Soya retint tout de même un instant le chasseur afin qu’il leur cédât quelques-uns de ses pots d’onguents. Mais l’échange ne fut pas gratuit ; elles durent se séparer de quelques sous, ce qu’elles firent bien volontiers. Dokhara nécessitait elle aussi des soins, et, ne sachant ce que la vie tout comme la Drakwald leur réservaient, il n’était pas impossible qu’elles s’en servissent encore par la suite. La vente achevée, l’homme quitta les lieux, laissant les deux jeunes femmes en tête à tête.

Dokhara s’assit sur un lit vide, et, tout en dévisageant Lucretia, abaissa lentement son pantalon. Une petite moue chafouine se lit sur le petit sourire que dessinèrent ses lèvres, mais l’étincelle éteinte de son regard fatigué démentait toute véritable envie de batifolage. Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’une provocation sans conviction aucune, en souvenir d’un temps passé qu’elles semblaient loin de pouvoir revivre. Et la Lahmiane elle-même ne se sentait pas tout à fait d’humeur quant au fait de se prêter à pareil jeu. Mais l’appétit venait en mangeant, disait-on, et elle s’appliqua à satisfaire la demande de sa consœur.

Mais de ces effleurements ne se retira aucun acte charnel, non. Point de soupir empli de langueur ou de lèvres que l’on mordilla, si ce ne fut pour retenir la douleur. Lucretia s’attela plutôt à empreindre ses gestes de douceur et d’attention, veillant à laver la plaie et à la recouvrir d’un de ces baumes aux propriétés curatives. Le remerciement fut toutefois présent ; lorsque la Lahmiane en eut terminé, Dokhara se leva que pour mieux embrasser son amante. Un baiser timide, léger, volé, sans véritable ferveur, mais qui en disait pourtant bien long. Une démonstration d’affection des plus simplistes mais pourtant des plus profondes et authentiques, qui amena la baronne de Bratian à enlacer avec douceur sa pupille tout en prolongeant l’espace de quelques secondes supplémentaires ce baiser. Elles se séparèrent par la suite, mais Dokhara ne sembla pas vouloir en rester là ; d’amante passionnée, quoiqu’un peu fébrile, elle se transforma en toute petite fille cherchant en Lucretia une protection maternelle. Là encore, durant un instant fragmenté, son armure se fendit avant d’éclater en mille morceaux, et elle ne fut plus rien d’autre que la jeune bachelette qu’elle avait feinte de ne plus jamais avoir été. Une ingénue, une damoiselle candide et rêveuse, que la Lahmiane vint serrer dans ses bras, tout contre elle, avant de lover sa joue dans son cou tout en lui caressant le dos.

Un contact que Dokhara trouva assurément reposant, réconfortant, mais une marque d’attention au travers de laquelle elle ressentit une certaine gêne. Devenue rouge pivoine, elle s’écarta de Lucretia, tentant de dissimuler son embarras. Puis, prétextant une histoire -qui pouvait très bien se révéler vraie-, elle quitta les lieux.

Lucretia demeura dans la pièce, entourée de silence, et veilla alors au chevet de Marcus. S’il venait à se réveiller, mieux valait lui remettre les idées en place avant qu’il ne commençât à leur donner du « Madame la baronne ». Et, parallèlement, Ilsa se mit à prier Sigmar sitôt que la moindre personne entrait dans la chambre, pour quelque raison que ce fût. Elle recommandait l’âme du capitaine de la garde à sa déité, quémandait son salut, et sollicitait force et vitalité. Mais Marcus ne semblait pas d’humeur à reprendre ses esprits ; Ilsa quitta à son tour les lieux pour s’en aller retrouver Freda.

Elle la repéra dans la grande salle de l’auberge, et s’assit à sa table, forçant presque l’un des hommes déjà attablé à les laisser en paix. Dokhara avait fureté çà et là du côté de tout le monde, récupérant les informations qu’elle avait jugées utiles pour la suite de leur voyage. Ainsi, il n’y avait pas grand-chose d’intérêt, céans même, si ce n’était bien évidemment les murs leur procurant un répit et une sécurité certaine. Quelques rations, à tout le moins, pouvaient être achetées, mais c’était là tout. Si les deux jeunes femmes désiraient véritablement emmener avec eux des montures et des onguents de qualité, il leur faudrait partir en quête des stryganis qui avaient élu domicile un peu plus loin sur la route. Et encore, rien n’était moins sûr ; d’après la plèbe locale, ces gens n’étaient que de fieffés voyous qui n’hésitaient pas à vendre leur parentaille pour alourdir leur escarcelle de quelques pièces.

C’était une idée osée et intrépide ; Lucretia hocha la tête en signe d’assentiment.

J’arrête là pour le moment, afin de poster ce rp qui m’aura pris du temps par manque de ce dernier. Je détaillerai par la suite, de manière narrative, le sommaire que je décris là :
Attendre la nuit, monter sur les remparts, trouver un coin sombre et être certaine de ne pas être vue, et s’envoler en direction du camp Strygani afin de leur demander du matériel ; une tente, sacs de couchage si l’on en a plus, onguent, provisions, et une deuxième monture.

EDIT : et je lance Alarme Magique sur le coffret à pièce (sur lequel j'ai déjà lancé le sort de Verrou Magique), ainsi que le sort Détection pour le suivre à la trace.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 02 sept. 2018, 14:22, modifié 1 fois.
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Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Les chemins de la renaissance

Message par [MJ] Le Grand Duc »


Incantation de Verrou magique : 3, réussie.
Incantation de Alarme Magique : 15, réussie.
Incantation de Détection : 15, réussie.

+3 xpms
Lucrétia

Lucrétia n’eut aucun mal à trouver le camp des stryganis. Il se trouvait à moins d’une lieue de l’auberge fortifiée, dans une longue clairière entre la route et la rivière. Il y avait là une vingtaine de grosses roulottes à l’arrêt qui formaient un étrange village disposé en cercle. Quand bien même ces maisons mouvantes avaient toutes une allure de gros cylindres, elles étaient différentes les unes des autres. Certaines étaient agrémentées de larges fenêtres lorsque d’autres n’avaient que des hublots fermés par un rideau. Il y avait des portes de toutes formes et de toutes couleurs, tout comme les peintures vives qui tapissaient les cloisons. L’une des roulottes était même agrémentée d’une tour étroite et ratatinée au toit pointu couvert d’ardoises, tandis qu’une autre pouvait s’ouvrir sur tout un pan pour faire office de boutique ambulante. Des fils étaient pendus entre chaque véhicule, sur lesquels séchaient du linge coloré et de grands tissus. Des auvents de toile étaient tirés depuis les façades vers l’intérieur du cercle, et reliés à un poteau central pour former ainsi une sorte de large chapiteau ombragé. Il y avait des guirlandes bleus et rouges et des fanions qui volaient au gré de la brise, à tel point que cette caravane ressemblait à une foire festive.

Les gitans eux-mêmes allaient et venaient en toute quiétude, se réunissant sous le chapiteau où des femmes aux cheveux retenus par des châles préparaient le repas. D’autres coupaient du bois en périphérie du camp, ou s’occupaient du troupeau de chevaux qui passait au milieu des joncs au bord de la rivière. Un artisan fabriquait des fers dans sa petite forge portative, une vieillarde filait de la laine sur l’escalier-perron d’une roulotte, des enfants débraillés se couraient après en riant. Des chiens et des poules gambadaient ça et là. Les environs menaçants de la Drakwald ne semblaient pas inquiéter les stryganis, et ces derniers vaquaient tranquillement à leurs occupations.

Ils étaient très différents des autres habitants de l’Empire. Persécutés par beaucoup, conspués par tous, ils vivaient en marge de la société. Leur réputation de voleurs et d’escrocs les réduisait à des tâches de saltimbanques, diseurs de bonne-aventure ou plus rarement maquignons pour les habitants des communautés impériales. Ils arrivaient parfois à faire un peu de commerce ou de troc. On les disait aux mieux étranges et rustres, au pire meurtriers et hérétiques.

Leurs tenues semblaient extravagantes, même pour le plus dandy des reiklanders. Les stryganis raffolaient des couleurs criardes, des écharpes et autres ceintures voyantes. Il était commun pour les hommes de porter des anneaux en or aux deux oreilles et des médaillons sur le torse, tandis que les femmes avaient souvent les pommettes et le menton tatoués de petits motifs en points bruns. C’était un peuple fier et farouche, mais aussi méfiant et ombrageux. On les disait fêtards et amoureux de musique et de danse, mais face aux étrangers ils étaient froids et taciturnes, les bras croisés et les mains jamais trop loin du manche d’un couteau.

Lorsque Lucrétia se présenta en bordure du camp, elle fut immédiatement entourée par un fort parti d’hommes au comportement hostile, sinon agressif. La situation semblait tendue, jusqu’à ce qu’une femme d’une quarantaine d’années ne s’immisce dans la conversation. Elle était belle et froide, à l’épaisse crinière bouclée, aux yeux noirs comme la nuit et à la bouche dédaigneuse. Elle portait un caftan usé et bordé de fourrure brune, ainsi que des bottes de cavalier. Une ligne de pointillés orangés lui courrait du front au menton en passant par l’arête de son nez. Elle prit la discussion en main, les choses se calmèrent un peu et elle et Lucrétia s’éloignèrent vers la lisière de la forêt, accompagnées d’un homme au visage taillé à la serpe, moustaches en crocs et bolero bleu sombre ouvert sur une chemise blanche et sale.

La lamhiane se présenta comme une simple pèlerine de Sigmar, venue ici sur les conseils de la garnison de l’auberge du Grand Duc pour acheter des vivres, du matériel, et un cheval. Lorsque ses intentions de commercer furent claires, le visage de la gitane s’adoucit, tout en gardant son air indomptable. L’homme à côté d’elle croisa les bras sans quitter Lucrétia de ses yeux plissés.


- « Je m’appelle Shana. Chez les miens, on ne marchande pas avec un étranger qui se présente à notre porte sans lui offrir à boire et à manger. » dit la femme en tendant le bras vers le chapiteau.



Dokhara, je te laisse interagir à l'auberge. Si tu as des questions, n'hésite pas à me contacter sur le Discord. Si tu préfères attendre le retour de Lucrétia, tu n'es pas obligée de poster.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Les chemins de la renaissance

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Oui, l’idée était aussi osée qu’intrépide, mais il en fallait davantage pour effrayer la Lahmiane. D’une façon comme d’une autre, la question ne se posait pas ; elles n’avaient pas le choix. Si elles désiraient poursuivre leur voyage en direction du Kislev, il leur fallait des provisions, un abri, et une monture. Ou, à tout le moins, Dokhara le nécessitait. Lucretia eût très bien pu partir toute seule dans ces contrées étrangères, mais à quoi bon, dans la mesure où elle avait décidé de réaliser cet exode avec la seule visée de protéger sa compagne ? Si abandonner Marcus la laissait de marbre, il n’en était pas de même en ce qui concernait la baronne de Soya.

Abandonner Marcus la laissait de marbre. Pas tout à fait, à dire vrai ; il demeurait toujours le risque qu’il se réveillât et les trahît niescemment en citant leur véritable nom, demandant où se trouvaient ses maîtresses. Et si Lucretia, autant que Dokhara, possédait déjà quelques craintes sur le fait que l’on pût les identifier à l’unique mention de leur chevelure cuivrée, cela deviendrait des broutilles en comparaison d’un von Shwitzerhaüm ou d’un de Soya lâché dans une oreille un peu trop curieuse.

Non, la meilleure possibilité n’était pas autre que celle d’un capitaine de la garde qui se réveillât avec Dokhara ou Lucretia dans les parages. Même s’il était encore dévoré par la fièvre, même s’il ne pouvait quitter sa litière, l’une des deux jeunes femmes serait au moins disponible pour l’informer de leurs nouvelles identités et de leurs derniers mensonges, mensonges auxquels il devait prendre part de manière intégrale. Il s’y plierait ; pour cela, la Lahmiane n’avait aucune appréhension. Encore fallait-il qu’il fût assez lucide pour le comprendre. Après avoir pourpensé tous ces sujets, elle hocha une nouvelle fois la tête en direction de son amante.

« J’irai. Je n’apprécie point non plus les béotiens et les itinérants, que je qualifie tout autant de parasites, mais nous n’avons pas le choix. Et qu’importe que ces noms d’oiseau qui leur sont donnés soient vrais ou non ; je ne les crains pas non plus, et je doute qu’ils puissent causer le moindre mal. De votre côté, en revanche, conserver un œil vigilant sur Marcus. Une fois de plus, au moment même où il se réveillera, il faudra que l’une d’entre nous soit à son sujet. Et si je ne suis pas là, à vous que de lui raconter cette demi-vérité que vous avez si bien falsifiée. Quant à l’alcool… Je ne suis pas sans vous rappeler que vous êtes désormais une sainte sœur de Sigmar, en quelque sorte. Alors évitez d’être si éméchée que vous en viendrez à vous livrer à de la fornication et de la perversion avec les Dieux Sombres, hmm… ? Voilà qui ferait tache, dans le milieu », finit-elle par murmurer en lui renvoyant son sourire malicieux avant de se détourner. Par souci de précaution, elle avait encore une menue besogne à effectuer.

Tournant les talons, elle s’engagea dans les couloirs de l’auberge jusqu’à parvenir à la chambre qui leur avait été attribuée. Là, ouvrant les fontes de selle qui avaient été déposées non loin de là, Lucretia s’empara du coffret renfermant leur étincelant trésor, et, vérifiant que personne d’autre qu’elle-même n’était dans la pièce, l’ouvrit. La nitescence limpide et éclatante d’un millier de joyaux se mit à crépiter devant ses yeux, dans un spectacle qui ne la lasserait jamais. Par amusement, envie, cupidité, ou simple satisfaction, elle l’observa encore un moment durant, avant de s’emparer d’une couronne d’or. Là, la Lahmiane se perdit dans les limbes de l’Aethyr, avant d’user de sa volonté afin d’agrafer une énergie impérissable à la pièce d’or qu’elle tenait entre ses doigts. Désormais, où que pût aller la couronne, Lucretia serait en mesure de la tracer, de la traquer, et de la retrouver. Elle en fit l’expérience, par jeu, fermant les yeux, tournoyant sur elle-même, et, au travers de ses paupières devenues clauses, elle perçut un point très lumineux et fixe, signe que l’objet qu’elle avait marqué se trouvait devant elle, très proche.

Puis, après avoir ouvert les yeux, Lucretia se focalisa sur le coffret, qu’elle referma sur cette couronne d’or nouvellement imprégnée de Dhar. Usant du même procédé, elle tissa d’invisibles liens aethyriques entre les deux parties de la caisse qui, sitôt qu’ils seraient brisés à la moindre ouverture, alerteraient Lucretia de l’effraction. Enfin, pour garantir la plus grande sécurité possible, elle verrouilla magiquement le coffre, l’emprisonnant dans un écrin d’énergie noire.

Lucretia recula de quelques pas, embrassant l’ensemble du tableau de son regard émeraude. Certes, voilà qui représentait de grandes œuvres et un travail somme toute assez laborieux, mais la richesse contenue dans le coffre expliquait facilement les précautions de la Lahmiane. Il s’y trouvait assez pour acheter plusieurs maisons de villégiatures, et certainement encore assez pour y louer tout un service ancillaire. Après un petit claquement satisfait de la langue, la Lahmiane rangea le coffret dans la fonte de selle, équipa son épée, et tourna les talons en direction des remparts.

L’obscurité s’était déjà appesantie sur le monde, recouvrant ce dernier d’un voile de ténèbres aux ombres décuplées. Quelques gardes patrouillaient çà et là sur le chemin de ronde, portant plus ou moins d’intérêt à ce qui se passait autour d’eux. Certains se tenaient à leur pique où s’étaient adossées contre un merlon, sommeillant sur place, lorsque d’autres, afin de rester un tant fût peu éveillés, effectuaient une marche d’un pas rythmé par l’ennui. Veillant à ne pas se faire remarquer, Lucretia se glissa dans la pénombre, atteignit un recoin que nulle luminosité ne venait éclairer, et se transforma en corneille.


***


Lucretia entra dans la clairière délimitée par les arbres, et avança au milieu de cet étrange village nomade. Une bonne vingtaine de roulottes composait un tableau des plus intrigants et des moins courants dans le Vieux Monde. Des chariots rafistolés, des charrettes sur lesquels avaient été plaquées et parois boisées, des tombereaux recouverts d’une bâche trouée, des carrioles placardées de volets jaunes, rouges, ou orangés, des chartils bariolés de fils à linge sur lesquels étaient suspendus des vêtements aux teintes criardes ; tout un ensemble hétéroclite et coloré qui ne parvenait toutefois pas à éclipser l’impression de misère et de précarité qui transparaissait. Au milieu de cette pagaille circulait un ensemble de personnes à la peau hâlée par les intempéries et les voyages. A l’instar de leurs roulottes, eux aussi se démarquaient par la singularité de leur accoutrement. Les hommes arboraient des vêtures aux nuances colorées, vives et tapageuses, ceignaient leur taille de lourdes et épaisses ceintures et barbelaient leurs oreilles d’anneaux tape-à-l’œil. Les femmes, quant à elles, paraissaient plus discrètes, évoluant à demi cachées par les châles leur dissimulant les cheveux. L’on pouvait toutefois apercevoir, sur leur visage et leurs joues, des tatouages ésotériques qui mystifiaient leurs traits d’étrangers et leur octroyaient une allure inquiétante.

Bien que chacun fût attelé à sa tâche dans le campement, l’on ne tarda pas à remarquer la présence de cette étrangère qui osait, de manière inopinée, s’impatroniser par chez eux. Rapidement, Lucretia fut entourée de gaillards à la mine patibulaire qui n’eurent guère de mal à faire étalage de leur hostilité. Un brouhaha ambiant chargea l’air de menaces à peine dissimulées, les gestes se firent plus brusques et plus violents, mais jamais la Lahmiane ne céda-t-elle du terrain, et ce fut certainement la raison de tant d’inimitié. Lucretia avait l’allure de ceux qui arrivent en pays conquis, fiers et arrogants, les observant s’agiter dans un silence hautain. Après tout, Sigmar ne veillait-elle pas sur sa personne ? Pourtant, ce fut dans le plus grand calme qu’elle proféra ces mots.

« Je viens simplement commercer avec vous. »

Dès lors, le remue-ménage s’intensifia, avant de soudainement décroître, et la foule s’ouvrit afin de laisser passer une femme bien différente, du fait de sa simple posture, des autres filles, mères et grand-mères que Lucretia avait pu observer céans même. Adoptant la même attitude que la Lahmiane, elle avança vers elle d’un pas tranquille et assuré, avant de décliner son identité ; Shana. Montrant la lisière de la clairière, elle invita la nouvelle venue à s’y diriger, quittant le cercle des gitans irrités afin de dialoguer dans un climat plus paisible. Hochant la tête, la dénommée Ilsa accepta, et les deux femmes marchèrent côte à côté, suivies par un homme faisant certainement office de garde du corps, à sa manière. Et à la vampire que de se présenter.

« Et je m’appelle Ilsa. Alors en pèlerinage, mon petit groupe et moi sommes tombés dans une embuscade tenue par des gobelins. Nous avons perdu quelques-unes de nos montures, toutes nos provisions, nos tentes, et nos sacs de couchage. L’un des nôtres a durement été touché au flanc par une lance gobeline, et il est à présent rongé par la fièvre. Mais nous devons continuer notre sainte quête, et aller de l’avant. Toutefois, si la foi que nous possédons envers Sigmar nous protège, à sa manière, elle ne nous dispense pas de nous nourrir et de nous désaltérer, pas plus qu’elle ne peut nous permettre de marcher aussi vite qu’un alezan. C’est pour cela que je suis venue ici, afin, si vous le désirez également, de commercer avec vous. »

Après avoir écouté les paroles de Lucretia, Shana et son homme de main semblèrent se détendre davantage, et cette première se vit bientôt invitée à entrer sous un chapiteau. Chez les Stryganis, apparemment, le couvert était offert avant tout acte commercial.

« Avec plaisir », sourit Ilsa.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 02 sept. 2018, 14:23, modifié 2 fois.
Raison : 6 xps / Total : 48 xps
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MAGIE :
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INTELLIGENCE :
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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Les chemins de la renaissance

Message par Dokhara de Soya »

Dokhara laissa Lucrétia s'éloigner de sa table et disparaître dans le couloir menant aux dortoirs. Elle avait bien quelque sarcasme à répondre aux provocations de la lahmiane, mais cela n'en valait ni l'effort ni le manque de discrétion. Et pourtant ce qui n'était qu'une plaisanterie coutumière du caractère taquin de son amante avait réussi à affecter son humeur.

Elle s'était exposée à Lucrétia, avait révélé toutes ses faiblesses, et espéré que ses mots avaient réussi à transcrire l'influence qu'avaient ses sombres désirs sur elle. Cette chose affamée en elle souffrait d'un appétit inextinguible de sensations, et malgré tous les efforts de la jeune baronne, elle n'avait pas su vaincre ses propres démons. Car à n'en point douter, si elle se retrouvait aujourd'hui misérablement déguisée en pèlerine, dépouillée de ses titres et ses terres, assistant impuissante à la mort et à la destruction de tout ce qu'elle avait côtoyé dans sa vie, tout cela était de sa propre faute. Que ces besoins contre-natures soient le fruit de son propre esprit perverti ou de l'influence de Slaanesh, peu importait, les faits restaient les mêmes.

Après l'étrange chirurgie magique de Lucrétia, elle avait cru que cette sensation de manque qui l'avait assaillie était le contrecoup de sa guérison. Que la vampire avait retiré le mal qui la hantait, et que peut-être désormais pouvait-elle arpenter la voie de la rédemption. Mais même les pouvoirs magiques d'une lahmiane ne peuvent changer la nature d'une âme pervertie. La chose au fond d'elle était toujours là, tapie dans l'ombre. Et lorsqu'un combat avait éclaté contre les gobelins, qu'elle avait fait couler le sang de son adversaire qui hurlait de douleur, l'écho du plaisir pernicieux qu'elle avait ressenti à prendre la vie d'une vieille aubergiste s'était imposé à elle.

Un cercle vicieux. Plus elle cédait aux sirènes de ses démons intérieurs, plus elle se laissait aller aux vices et moins elle en ressentait le plaisir. Alors pour continuer de nourrir sa quête de sens, deux solutions s'offraient.
La première était de toujours s'abandonner davantage, de pousser les expériences plus loin, et de perdre peu à peu toute humanité dans la quête de sensations fortes. Cette dernière semaine, sa culpabilité et sa peur avaient fait office de repas plus que consistant. Mais lorsqu'elle se prélassait en Altdorf, que seul l'ennui rythmait son quotidien, elle avait eu l'occasion d'observer de nombreux de ses confrères cultistes qui avaient choisi cette voie. Peu à peu, ils devenaient des choses dépravées ne s'abreuvant plus que de plaisir et de souffrance, des êtres acceptant tous les dons de leur dieu pour que leur corps devienne le vecteur muté d'une source de jouissance infinie.
La seconde était celle choisie par Dokhara. Celle d'utiliser son empathie naturelle pour créer les émotions chez autrui et s'en nourrir par substitution. Trahir les amants, pervertir les innocents, torturer les endurcis. Instiller de la culpabilité chez un garde du corps dévoué ou chez un chevalier de l'ordre et de la justice, inscrire le mal dans la chair d'un zélote épris de pureté, changer une servante dévouée en une dominatrice ne jouissant que de la torture d'autrui. Détruire les autres pour nourrir sa folie, tout en préservant ainsi une parcelle d'elle-même de l'influence du Corrupteur.
Elle avait même perfectionné cette méthode. Elle capturait l'essence des émotions qu'elle créait chez les autres, et la remodelait en musique qu'elle composait. Dès lors, les morceaux inventés devenaient des souvenirs concrets des sensations insufflées à ses victimes, et les jouer permettait de gouter à nouveau à un fragment de ce qu'elle avait ressenti la première fois.
A sa manière, Dokhara n'avait jamais cessé de lutter contre Slaanesh. Elle avait toujours essayé de préserver une partie d'elle-même de son influence, compartimentant son esprit pour descendre à pas mesurés la pente savonneuse plutôt que de s'y laisser glisser.

Lucrétia n'était pas un remède, seulement un traitement. Sa présence ne l'apaisait aucunement, bien au contraire. Ces désirs destructeurs étaient bien là, consumant son cœur de l'intérieur à chaque minute passée à ses cotés, mais ils ne pouvaient être assouvis. La lahmiane pouvait se plier à toutes les perversions sans crainte aucune d'altérer sa nature monstrueuse, sa force mentale la mettait à l'abri de toute fissure. Elle restait de marbre même face à la perte de tous ses biens ou la mort de ses serviteurs. Lucrétia était une puissance aussi surnaturelle qu'inaltérable.

Ces émotions dévastatrices qui l'envahissaient en sa présence, était-ce de l'amour ? Ou bien seulement l'ambition de réussir à se délecter des sentiments qu'elle insufflait à une créature monstrueuse, le désir irrépressible d'attiser la flamme d'une vampire pour mieux la doucher en la trahissant ? La rage qui émanerait d'elle serait alors si sublime à contempler. Elle avait tant de fois essayé de convaincre la lahmiane de lui montrer le monstre en elle, mais n'avait essuyé que des refus. Ces sentiments qu'elle avait pour elle, n'étaient-ils pas que des prétextes pour traverser ses défenses et réussir à blesser l'invincible ? Lucrétia serait si belle, libérée des entraves qu'elle se mettait... ce serait assurément un spectacle digne d'être le dernier qu'elle contemplerait avant de mourir violemment par sa main. Une belle fin.

Mais Dokhara s'échapperait avant d'en arriver là. Elle ne laisserait pas le Corrupteur la mener à pareille destinée. Elle deviendrait une lahmiane, et son âme détruite, elle serait libérée de ce parasite affamé. Lucrétia était une morte capable d'aimer. Il n'y avait nulle raison pour laquelle Dokhara ne puisse faire de même une fois son cœur éteint.



Elle se leva du banc et rejoignit le comptoir de l'aubergiste. Elle lui commanda un pichet d'un litre de rouge, insistant souhaiter profiter de cette étape pour découvrir un vin typique du Hochland afin de le comparer à ceux de sa région. Après avoir demandé l'autorisation de consommer dans le dortoir pour pouvoir rester aux côtés de son ami blessé, elle quitta la salle commune après avoir salué tous ses occupants d'un sourire.

Une fois dans le dortoir, elle s'assit à même le sol, s'adossant contre le lit de Marcus. Il était encore trop tôt pour que les voyageurs du jour viennent se coucher, aussi n'étaient-ils pour le moment que tous les deux. Le garde du corps étant toujours assoupi, il n'y avait pas grand chose à faire, sinon boire.

La jeune femme se servit un premier verre qu'elle avala cul sec. Puis elle le remplit à nouveau, le sirotant cette fois-ci à rythme plus lent.

Un petit sourire perdu dans le vague. Le souvenir de Marguillon, cet étrange prêtre itinérant qui l'avait accompagné pendant la Taladélégation. L'homme s'était pris d'une passion aveugle pour Dokhara, croyant tous ses mensonges, voyant en elle une noble à la vertu radieuse qu'il fallait protéger. Et pourtant, pendant qu'il roulait sous les tables chaque soir, l'innocente baronne forniquait tout son soul sur les tapis de mousse de la Drakwald avec la WaldMutter Ingrid. Lucrétia n'aurait surement pas tant ri de ce souvenir, que ce soit pour sa rivalité avec la prêtresse de Rhya, ou la simple évocation du sigmarite. Ce dernier n'avait eu de cesse de souhaiter révéler sa nature vampirique à tous, n'hésitant pas à créer plusieurs problèmes diplomatiques au passage.

Il avait voulu la protéger de l'influence de Lucrétia. Considérant qu'aujourd'hui elle avait pour objectif d'être transformée en vampire par cette dernière, peut-être était-il bien plus clairvoyant qu'elle ne l'avait cru alors.

Devenir une lahmiane... Dokhara se remémora ce que Lucrétia lui avait raconté sur le baiser du Sang lorsqu'elle l'avait questionnée, quelques jours plus tôt.

Elle vida son verre de vin, puis s'en servit un troisième.


"Alors évitez d’être si éméchée que vous en viendrez à vous livrer à de la fornication et de la perversion avec les Dieux Sombres, hmm… "


Dokhara tira la langue comme pour provoquer l'image mentale de Lucrétia qu'elle se faisait, puis descendit cul sec ce troisième verre. Elle s'en servit un quatrième, mais le laissa cette fois-ci posé au sol alors qu'elle s'affalait un peu plus, ses fesses et son dos glissant sur le plancher, sa nuque s'écroulant désormais pour que sa tête repose sur le matelas de Marcus derrière elle.

- Je vais mourir.

C'était bizarre. Le dire rendait la chose plus palpable, et malgré tout la réalité restait intangible. Non pas qu'elle ne croyait pas réussir à arriver au Kislev en vie. Elle avait toute confiance en leur volonté commune, et surtout dans la détermination sans failles de son amante. Lucrétia avait tout abandonné pour elle, délibérément. Elle n'avait pas tant sacrifié pour se voir voler son objectif avant son accomplissement.

Marcus grommela derrière elle. Elle laissa sa tête tomber sur le côté, observant du coin de l'œil le garde du corps. Il semblait cauchemarder, mais ne se réveillait pas pour autant.

Non, son chemin était tracé et elle savait pouvoir le parcourir. Seule la destination restait intangible.

Que savait-elle ?

Que la transformation allait être terriblement douloureuse. Que le sang de Lucretia allait la bruler de l'intérieur, qu'il remplira chaque parcelle de son corps pour le brûler afin de le remodeler, le renforcer. Dokhara avait déjà bu quelques gouttes du sang de la vampire, mais ce dernier ne lui avait guère fait plus d'effet que quelques aigreurs d'estomac le lendemain, qu'elle avait mis sur le compte de la maigre qualité de son petit déjeuner dans cette auberge étape proche de Talabheim.
Mais Dokhara ne craignait pas la souffrance. Douleur et plaisir étaient depuis trop longtemps curieusement mêlés dans son esprit pour qu'elle craigne cette vieille amie.

Qu'elle deviendrait alors plus qu'humaine. Ses sens se perfectionneraient, et que son corps serait alors doté de facultés surnaturelles. Vitesse, perception, force. Son esprit s'ouvrirait pour franchir certaines barrières de compréhension réservées au genre humain.
Mais Dokhara ne craignait pas le changement. Elle accueillerait volontiers une nouvelle perception des choses, une capacité à tout redécouvrir une seconde fois. Un océan de nouvelles sensations desquelles se délecter.

Qu'elle deviendrait l'esclave d'un monstre tapi dans son être. Que la Soif Rouge serait un désir inexorable de sang qui ne pouvait jamais être totalement assouvi. Que c'était une chose avec laquelle il fallait sans cesse faire des compromis, entre nécessité de se nourrir pour survivre et résistance à son influence pour ne pas devenir un être dénué de toute humanité.
Mais Dokhara ne craignait en rien pareille compagnie. Pas plus que Lucrétia ne semblait comprendre la dualité qui la hantait, la jeune femme ne pouvait peut-être pas assimiler la réalité décrite par la lahmiane tant qu'elle n'y serait pas confrontée. En l'état, cela ne ressemblait qu'à échanger son démon contre un autre. Lucrétia n'avait décrit dans la Soif Rouge que son quotidien contre l'influence pernicieuse du Corrupteur.


Non, Dokhara ne ressentait nulle crainte à l'idée de devenir une vampire. Elle était prête pour ce changement.
Seule sa mort l'effrayait. Comme tout être conscient, son instinct luttait contre ce destin. La fidèle de Rhya au fond d'elle luttait contre cette vérité, refusait d'accepter son âme être anéantie. Car elle ne mourrait pas vraiment, cela elle le savait sans avoir eu besoin de le demander à Lucrétia. Marguillon avait été très clair à ce sujet. Son âme détruite, Morr ne pourrait plus rien pour son repos ou son salut. Devenue vampire, elle n'appartiendrait plus vraiment à ce monde. Sa survie physique et spirituelle ne serait que le fait d'une sinistre magie circulant dans ses veines, véhiculée par le sang de Lucrétia.

C'était sa dernière peur. Elle n'était pas effrayée par ce qu'elle allait devenir, non. Elle craignait seulement de perdre celle qu'elle était. Les vampires sont des morts résidant dans le domaine des vivants. Leur essence-même étant contre-nature, ils n'appartenaient plus vraiment à ce monde, ne répondaient plus à la logique des dieux. Sigmar, Rhya, Ranald, Slaanesh, tous deviendraient des spectres de son passé, des échos qu'elle serait condamnée à ne plus pouvoir appréhender. Il n'y aurait plus personne vers qui se tourner, sinon Lucrétia. Et même son amante ne serait peut-être pas éternelle dans une vie d'immortelle.

Elle serait... seule. Mais libre. Libérée du fardeau de son passé. Des dieux mais aussi de Wildred de Soya, des bienfaiteurs, de la noblesse, des cultistes, et de tous les maitres qui s'étaient succédés pour la contrôler.

N'était-ce pas ce qu'elle avait toujours désiré ?



Un nouveau grognement interrompit à nouveau ses réflexions. Il se mua en cri étouffé alors que le corps de Marcus commençait à devenir la proie de violents tremblements.
Dokhara se releva d'un bond, avant de s'agenouiller à ses côtés. Elle lui prit la main, et posa l'autre sur son front brûlant.

- Là, là, tout va bien Marcus. Je suis là, calme-toi.

Il la regardait avec des yeux fous, ses pupilles dansant bien trop vite de gauche à droite, comme paniqués. Des fragments de mots sans aucun sens quittaient sa gorge desséchée.

Caressant doucement le creux de sa paume, elle tenta de le calmer de son mieux, soufflant un "Shhhhh" rassurant à son oreille avant d'embrasser son front. Elle répéta comme une litanie ses mots précédents, avec douceur.
Peu à peu, le talabeclander retrouva son calme, les quelques rares morts quittant sa gorge devenant intelligibles. Il bafouilla au sujet de la Drakwald, avant d'appeler sa mère. Préférant le détendre plutôt que de le voir soudainement crier son nom ou celui de Lucrétia, la fugitive préféra mentir pour le rassurer, répondant une nouvelle fois qu'elle était bien là et que tout irait bien.

Le garde du corps de Lucrétia rasséréné bien que toujours tremblant, Dokhara s'affaissa à nouveau contre le lit dans la même position que précédemment. Elle but son quatrième verre de vin du bout des lèvres, le sirotant lentement pendant une longue minute qui suffit à le vider, laissant ses pensées s'égarer dans le vide.

Les premiers effets se faisaient ressentir. Elle sentait le rouge lui monter aux joues, et le décor devenir un peu moins stable. Prise d'un élan soudain, Dokhara se mit à sourire à la porte devant elle avant de commencer à chanter une vieille chanson sigmarite apprise dans sa jeunesse.

Shadows fall, and hope has fled
Steel your heart, the dawn will come
The night is long, and the path is dark
Look to the sky, for one day soon
The dawn will come

The shepherd's lost, and his home is far
Keep to the stars, the dawn will come
The night is long, and the path is dark
Look to the sky, for one day soon
The dawn will come

Bare your blade, and raise it high
Stand your ground, the dawn will come
The night is long, and the path is dark
Look to the sky, for one day soon
The dawn will come

Puis elle laissa la fatigue des derniers jours la rattraper, et lentement sa tête glissa à nouveau sur le matelas, tombant contre le bras de Marcus. Ses yeux se fermèrent d'eux-mêmes, et elle laissa son esprit s'échapper quelques minutes pour se reposer.

Compétence de chant pour calmer Marcus ^^
Note que Dodo ne dort néanmoins que d'un œil - l'expérience des sept derniers jours lui a appris à garder l'esprit à l'affut de tout bruit - elle se réveillera si Marcus remue à nouveau ou si quelqu'un entre dans le dortoir.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 02 sept. 2018, 14:23, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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