« Hm… Hm… J’entends bien, Gab’, j’entends bien… Ma foi. Le verrat je veux bien le laisser engrosser ta truie si ce n’est que ça. Après tout ça me coûte rien, moi-même je ne suis pas trop porcin je te l’avoue – le porc c’est bien beau pour les gens des villes, ils leur donnent n’importe quoi à bouffer.
Mais j’y pense, tes porcs, il va falloir que tu les engraisses. Or, les glandes, elles sont pas trop sur ta ferme. Tu vas avoir besoin de venir chez moi à un moment, n’est-ce pas. Tu compteras me le payer, ce droit de glandée ? »
Il haussait un sourcil, bien inquisiteur. Puis, soudain, il eut une illumination. Bondissant, il se plaça sur sa canne.
« Attend, bouge pas ! Je sais ! Je sais comment je vais faire ! »
Il fit quelques pas pour aller fouiller dans le bordel de sa baraque, en sifflotant tout le long – Gabriel ne pouvait que le laisser faire, tant il était devenu soudain guilleret et de très très bonne humeur. Lorsque Philipp revint, il jeta un jeu de tarot sur une table basse qu’il tira vers lui, et resservi à nouveau un verre pour lui et le payer.
« C’est quoi ta date de naissance, Gab’ ? Sais-tu quel est ton signe astrologique ?
Je vais consulter les cartes, elles elles me diront quoi faire ! »
Les Averlanders, particulièrement superstitieux et lunaires, avaient un goût immodéré pour ces divinations fort étranges.
Mais Philipp était-il vraiment la meilleure personne pour tirer les cartes, et ainsi décider de tout son avenir ?