[Tétradie Gondeghissel] Chemins & Travers

[[MJ] Le Faussaire]

Test d'HAB pour se lever sans bruit : 1, souple et rapide, comme une ombre
Choix du joueur : J'y vais à tâtons, dans le noir complet.
Test d'INI, à +4 vu le jet précédent, -4 parce que c'est l'obscurité totale : 14, hm.

Sitôt réveillée, sitôt levée. Agrippant la rêche couverture d'une main, la voilà plaquée par le coude, tandis que la novice plie puis déplie ses jambes vers le vide désignant << le reste du dortoir >>. Pied à terre, pas le temps de prendre des savates, les orteils suffiront sur le sol froid.

C'est à tâtons, entre les bottes fanées, les bras ballants et les pieds de lit que Tétradie déambule, sans aide, sans aperçu. Les mains cherchent un appui, les pieds, un obstacle, doucement, délicatement.

Soudain surgit de nulle part un récif, une masse basse, dure, et terriblement rigide. Le pied se cogne, suivi du mollet, et un sursaut s'empare de Tétradie. Soudain, c'est la soufflante, la bourrasque, et Tétradie perd pied. Sur son visage, elle peut sentir des goutelettes - non des perles - non, quelque chose de froid...

De la neige ? De la neige.

- " Oooooh, fils de loup..."

Du tissu se froisse doucement, sans doute le signe d'un mouvement fatigué.

Réaction du joueur :

- "Ce n'est rien, rendormez-vous, je sors une seconde...

Est-ce qu'il t'entend : 4, oui.
Est-ce qu'il t'écoute - test de CHA : 9, de peu.

Un grognement s'en suit, et quelques grincements de lit.

- " FERME CETTE PUTAIN D'PORTE !

- Hmmm ?

- Qu'est-ce qu...

- Mais vous êtes malade ?!"

Là, un moment de silence, puis quelqu'un allume un amadou, puis une lampe. Le vent a disparu, l'obscurité aussi... Mais pas la neige sur les joues de Tétradie. En fait, Tétradie est la seule debout, à quelques enjambées de son lit, à quelques pas d'une ou de l'autre porte barrée et close, ou bien d'une fenêtre totalement embuée.

- " Qu'est-ce que vous faites ?

- C'est pas un temps pour sortir, enfin !"

Test secret - Tétradie : 14, raté.
Test secret - Autrui : 7,12,18. Eh beh. Réveil difficile pour tout le monde.
Résumé des Mp : "Tétradie va doucement se recoucher".

Désormais conspuée par les quelques têtes ou les voix qui dépassent des couchettes, la jeune religieuse rebrousse chemin. Peu de questions s'en suivent, et tout le monde semble se contenter d'un :

- "Vous entendez le vent qu'il fait ? Vous allez mourir si vous sortez, et nous/moi avec !"

Arrivée au pied de son lit, les orteils glacés par le sol de bois terne et pourtant tiède, Frau Fallenbatter décide enfin de se joindre à la discussion. Etant couchée dans le lit d'à coté, ni l'une ni l'autre n'a de mal à voir les marques de sommeil sur leurs visages... Jusqu'à ce que celui de la forestière se fige.

- "Les chevaux."

Elle se jette soudainement au bord de son lit, secoue la tête, avant de répéter plusieurs fois :

- "Shhhh, taisez-vous. Shhhh, écoutez... Les chevaux..."

En effet, au bout d'un certain temps, des bruits autre que le sifflement du vent se font entendre. Des bruits aigus, irréguliers, comme ceux des bêtes en panique.

[Tétradie Gondeghissel]

Se faire conspuer par toute une salle, Tétradie avait l'habitude, mais surtout venant de femmes. Que les hommes du dortoir se mette également à lui envoyer des injures au visage, ça c'était quelque chose d'inédit! "Je peux même pas aller pisser quoi! Quelle époque!" Cependant ils n'avaient pas tout à fait tort, un froid glacial envahissait la maisonnée et la poudreuse se perdait à présent sur son visage. De la poudreuse déjà? Le vent soufflait-il si fort? Elle s'était convaincue que derrière la porte il y avait la salle commune? Où y était-elle encore? Le sommeil lui faisait perdre ses repères autant que l'agitation et la tension.

Les cris augmentèrent en intensité jusqu'à ce qu'elle referme enfin la plaque de bois qui protégeait de la fureur d'Ulric. En un sens, elle aurait voulu prier assez fort pour que Sigmar force le maître des loups à s'arrêter de souffler et pousse Rhya à faire revenir la chaleur de l'été, cependant elle doutait d'avoir auprès du dieu-guerrier l'influence nécessaire. S'il y avait des saisons, après tout, c'est qu'il y avait besoin des saisons alors le divin ne les bousculerait pas pour une gamine.

-"C'est bon, c'est bon! Je m'en vais!"

La tentation de marcher sur les doigts d'un des râleurs grandissait, mais elle sût y résister et se glisser sous son drap en ronchonnant. Si ces idiots n'avaient pas d'oreille, pas besoin de venir se plaindre quand les ennuis leur tomberaient dessus! Fâchée envers eux, et aussi un peu envers elle-même à cause de son indiscrétion, elle plaça la tête sur l'oreiller et ferma les yeux pour tenter de se rendormir. C'allait encore être une de ces nuits où elle passerait deux heures à chercher tous les moyens possibles et imaginables pour arriver au lendemain rapidement tout en sachant pertinemment que plus elle luttait pour le sommeil plus celui-ci chercherait à lui échapper. Désespérant.

- "Les chevaux."

-"Cherchez pas Frau, ils vont encore râler si vous parlez.""

Elle la voit se lever, bondir en réalité, et se tenir debout comme prête à l'affût.

- "Shhhh, taisez-vous. Shhhh, écoutez... Les chevaux..."

-"Quoi les chevaux? Oh..."

Intriguée, Tétradie tendit l'oreille mais n'entendit que le vent. Le vent et autre chose, des chevaux qui hennissaient à l'unisson? Avaient-ils croisé quelque chose qu'il ne fallait pas? Mais au sein d'une enceinte d'auberge? Les pensées de l'initiée ne font qu'un tour: s'il arrivait malheur aux chevaux ils seraient coincés ici pour un bon moment, elle raterait sa mission, elle raterait son initiation et plus grave encore elle pourrait mourir de faim et de soif au milieu de la Drakwald!

Qu'aurait fait Sigmar dans sa situation?

Il aurait enfilé ses chausses, mis des gants et serait sorti en trombe pour mettre une claque aux impudents qui s'en prenaient à son moyen de transport.

Elle attrapa son marteau de sous le tas d'affaires, comme ses dessous et sa coule lourde! Elle se leva également et souffla à la Fallenbatter:

-"On y va! Allez!"

Restait le cas où tout ça viendrait de son imagination et la suggestion et pas de la réalité. Mais mieux valait passer pour une idiote que laisser quelque chose de grave arriver. Intérieurement elle songea qu'il y a encore deux ans, jamais elle n'aurait eu le courage de se jeter comme ça, à l'inconnu. Comme les choses changeaient...

[[MJ] Le Faussaire]

Décision du joueur : je veux des renforts !
Test secret - Tétradie : 9, ok.
Test d'INI - ??? : 11, ok.
Test d'INT - Tétradie : 20, ni vu ni connu.

- "Glace, elle a raison ..."

L'inquiétude de la chasseresse et l'intonation de la novice eurent l'effet d'un coup de canon sur les occupants du dortoir.
Alors que Tétradie se dressait aux cotés de Nyse, elle sentit un poids s'enrouler autour de ses épaules et de son bras d'arme. Ni une ni deux, les deux femmes décollent, ouvrent la porte arrière, les cheveux balayés par une bourrasque soudaine.

- "M'sieur, qu'est-ce vous faites ?

- Eh bien, à quoi ça ressemble ? Var-Ulric, c'est pas moi qui laissera deux femmes dans la tempête. Et vous devriez faire de même !

- Allez, jeune, ferme derrière nous et va voir l'bourg'."

Ainsi, deux hommes se joignirent aux deux intrépides. On enfila des manteaux à la hâte, des bottes au hasard, et des armes si l'on pouvait. Lorsque Tétradie s'enquit de refermer son habit, elle vit enfin la couverture enroulée autour de son bras. Ce duvet, ce n'était ni le sien ni celui de Nyse. Ce duvet, il dissimulait habilement son marteau flambant neuf.

Ce n'est qu'une fois dehors que tous furent ensevelis dans un tourbillon de froid et d'obscur. Enfin, avec le vent et la lune basse, on y voyait pas à cinq pas, et une fois que la porte eut grincé derrière eux, ils n'eurent plus aucun autre repère ni besoin de se cacher. Chaque pas était dur, hésitant. L'air était vif, incisif. Pour voir ses acolytes, il fallait plisser les yeux, chercher des mains, trouver la faible lanterne qui dansait non loin. Pour se faire entendre, il fallait souffler, donner du coffre, crier à pleine voix à travers le vent.

Test d'INT - Tétradie : 16, le vent est trop fort, tu n'entends pas grand-chose.
Test d'INT - les autres : 20,10,20. Vous allez rester groupé, hmmm ?
Test secret : 13.

- "Vous entendez quelque chose ?!"

La voix criarde du marchand, les gestes brusques du cocher. Nyse s'enfonce dans sa cape, les mains serrées près du visage.

- Là ! Ah ! Les ... par ... là !"

Malgré le temps de chien, le cocher se met en route, guidant d'une main avec son tromblon, écrasant son béret de l'autre. Durant le trajet, Tétradie se tend, ses joues se crispent à cause du gel. Nul n'ose s'écarter du groupe, ni s'aventurer en parallèle du "guide". Petit à petit, une bâtisse se dessine, avec un mur pâle et un toit haut. Est-ce vraiment l'écurie ? La porte de l'édifice est grande ouverte, battant au gré du vent. Durant l'espace d'un instant, Tétradie ressent quelque chose. Quelque chose d'unique, de nouveau. Quelque chose qui fait saliver, qui donne envie de mordre. Et alors qu'elle s'humecte les lèvres, la tempête la remet à sa place. La neige se colle aux cheveux, au nez, ...

Soudain, le cocher s'arrête, se baisse, avant de faire les derniers pas vers la porte. Cette fois, les hennissements sont bien distincts, bien audibles. Soudain, Tétradie aperçoit ce qui lui donne si faim. Posé sur la neige lisse, un beau morceau de viande trône sur son lit de fausse laine. Un beau morceau, oui, car c'est une patte bien fraîche, au sabot et cuir luisant, tout juste perlé de rouge. Seul bémol, une virgule d'encre pourpre se forme à l'articulation, et aucune trace du reste du gigot, ou de la bête.

Test de SAN : 86.
Perte de 3 points de SAN. Tu descends à 39

A l'oeil, la coupure était nette, impeccable. Plus elle regardait la pièce, et plus les nerfs, la peau givrée, la chair figée semblaient intacts, parfaits. Plus ses yeux fixaient la patte, et plus elle avait l'impression d'y voir de l'orfèvrerie, un travail d'excellence, du sabot ferré jusque dans la rupture des tendons. Cependant, quelque part durant sa contemplation, quelqu'un tira Tétradie vers l'intérieur de l'édifice. Ainsi s'effondre un tel chef d'oeuvre.

Lorsqu'elle retrouve ses sens, elle fait face à plus d'une demi-douzaine de têtes, toutes serrées comme des moutons : quatre ou cinq chevaux d'attelage, un coursier, quelques hongres, tous en train de trembler, de gémir.

- " Saintes-glaces, quel temps !

- Aucun n'est blessé ?

- J'en sais rein, 'va s'voir.

- S'il y a eu grabuge, il y a forcément une trace ici ou dehors. Il n'a pas pu se volatiliser par le plafond !"

Test de CHA - les autres : 9. Pas bon, mais pas mauvais non plus.

Alors que la brune cavalière s'avance à pas de velours près des chevaux, le cocher se tourne vers la porte, guettant son fusil d'un oeil pour le recharger, tout en lorgnant de temps à autre vers l'extérieur. Georgius, quant à lui, commence à inspecter le sol, les murs... Il va même jusqu'à s'arrêter devant la fourche et le foin, les observant d'un air douteux.

[Tétradie Gondeghissel]

Au rythme où le froid va, il va tous les emporter! C'est quand même pas croyable d'autant se les geler! Pas que ça soit complètement nouveau pour elle, les hivers de son enfance à Middenheim n'étaient pas fondamentalement différents et Altdorf finissaient ensevelie sous la neige plusieurs fois par an. Tout de même, au moins l'église Sigmarite n'avait pas peur de placer quelques bûches au feu! Pas dit qu'elles auraient été fort utiles à l'extérieur, après réflexion.

Dans le registre positif, on ne s'ennuyait pas dans cette auberge, même la nuit! Une bourrasque la frappe au visage et elle crache de la neige.

-"Oh mais c'est pas vrai!"

Le pire restait cet affreux vent ascendant qui manquait tous les deux souffles de lui soulever la robe de nuit devant toute l'assemblée! Fesses nues devant des femmes inconnues, passait encore, mais devant des mâles? La chose lui sembla si indécente qu'elle en frissonna. "Mais ça sent super bon!" Elle renifla autour d'elle, lâchant de larges bouffées de vapeur opaque à chaque expiration. Elle s'agenouilla, prenant appui sur son marteau. Un liquide rouge et chaud lui macula les doigts, elle les porta à sa bouche pour goûter et fût agréablement surprise par le goût cuivré. La viande lui manquait, les piteuses soupes aux légumes ne satisfaisaient pas ses habitudes alimentaires faites de plats certes austères mais carnés. Et voilà qu'un gigot lui apparaissait à présent, grand et épais, lui rappelant le jambon dont elle avait tranché un bout quelques jours plus tôt, dans les cuisines du temple.

-"C'est qu'il a l'air bon, celui-là..."

Un petit grêlon la ramena à la réalité. "Mais à quoi tu penses, Tét? T'es devenue complètement conne ma pauvresse..." Elle se releva, surveillant du regard le cocher qui entrait à présent dans l'écurie, le tromblon à la main. D'un dernier regard, elle surveilla la pièce de viande de cheval qui traînait à présent dans la neige, glougloutant paisiblement au rythme du sang qui en jaillissait. Aucune trace du reste de l'animal, en revanche, ce qui n'était pas banal.
Dans le bâtiment, rien de mieux: les chevaux paraissaient terrorisés, ce qui n'avait rien d'étonnant si un des leurs avait été dévoré sous leurs yeux. Mais comment une créature pouvait-elle être assez puissante pour transporter comme ça un canasson qui devait bien peser ses six cents livres? Georgius surveille un tas de foin, une fourche posée à côté. Croit il que la bête, car il ne peut s'agir que de ça, est dedans?

-"Allez, réfléchissons..."

- S'il y a eu grabuge, il y a forcément une trace ici ou dehors. Il n'a pas pu se volatiliser par le plafond !"

Dans le foin? Nan, la fourche est encore debout, la créature l'aurait probablement renversée dans cette situation et le tas de foin serait déformé. Partie vers l'extérieur? Possible mais elle n'y croyait pas: pour pouvoir traîner un cheval à la force des bras il fallait être immense et on s'enfonçait lourdement dans la neige, c'est ce que lui avait appris les contes du Middenland dans lesquels les héros étaient souvent des chasseurs combattant des monstres forestiers. Ces légendes, souvent emplies de détails véridiques, étaient une espèce d'entraînement oral pour la population, Tétradie comprise.

-"Les chevaux n'ont pas l'air d'avoir peur d'un endroit de particulier, alors..."

Elle leva les yeux à la recherche d'un étage. C'était fou, mais il fallait tenter. Elle attrapa son marteau, tenta tant bien que mal de retenir sa vessie qui menaçait de la lâcher sous la frousse et elle chercha une échelle ou un escalier.

-"Il y a un étage? Il faut vérifier."

Elle préférait bien avoir quelques personnes pour l'épauler, mais si personne ne la rejoignait, elle irait seule: prudente, mais pas folle cependant, elle murmura une prière de protection, implorant la bénédiction de Sigmar. Il était temps pour elle d'appliquer ce qu'on lui avait appris au temple: à interroger, certes, mais aussi à se battre.

[[MJ] Le Faussaire]

Test secret - Cocher : 16.
Test secret - Nyse : 4.
Test secret - Georgius : 19.
Test d'INT à -3 - Tétradie : 2, réussi

- "Je viens avec vous. Il n'y a rien ici hormis des bêtes apeurées."

Ainsi, la jeune novice s'avança, en quête d'un plancher et d'une échelle. Des deux, elle trouva le tout, mais séparément. L'échelle avait été délaissée près du foin, et l'étage se révéla lorsqu'elle cogna le plafond avec son nouvel outil d'escalade. Une fois hissée au sommet de l'écurie, Tétradie put y sentir un courant d'air glaçant. Forcée de se baisser à cause de l'étroitesse des lieux, la voilà forcée de tâtonner pour ne pas se buter dans un obstacle. Avec les quelques sillons de lumière qui passaient à travers le plancher, elle n'apercevait rien de vivant ni d'intrigant par ici : là une botte d'avoine, là quelques longes de cordes, des outils de palefrenier, des planchettes, ...

Mais soudain, lorsque son employeur ulricain la rejoignit, elle sentit à nouveau une bourrasque de givre. Une fois secouée de part en part par la neige fraîche, elle put y voir la source de son tracas : le plafond, cette fois formé par une double pente de linteaux et d'ardoises, était troué à un endroit. Georgius, visiblement enhardi par le froid mordant, plaqua sa main libre contre la bouche de Tétradie pour la faire taire momentanément, et prit place devant elle.

Ensuite, il s'avança vers l'ouverture, pressant ses mains sur son épée, lame au clair. Alors qu'il passait juste la tête par le trou béant, Tétradie l'entendit ruminer un juron. Il s'accroupit alors, n'osant pas piétiner la neige tassée. Aux yeux de la novice, cette neige tassée avait une toute autre forme, bien moins anodine : celles de traces de pas. Les pas s'éloignaient de l'ouverture, et à priori, se dirigeaient vers l'échelle qu'elle venait d'emprunter - ou au moins, le vide menant au rez-de-chaussée. Par chance, Herr Georgius était assez svelte pour se faufiler sans déranger quoi que ce soit, et assez mature pour ne pas piétiner quoi que ce soit par mégarde. Ainsi, les traces n'avaient été camouflées que par le vent, et cet inconstant malfrat n'avait accompli aucun chef-d'oeuvre de discrétion. Les empreintes au sol étaient peut-être floues, mais la chose qui les avait produites avait été assez lourde et vivante pour avoir écrasé la neige, puis trempé le parquet avec ses pieds.

Test secret - Tétradie : 7, ok.

Oui, la créature avait visiblement des pieds, ou du moins des pointes de pieds suffisamment ... Non, en fait ce n'était pas des pieds. Vu la courbure et la forme, il s'agissait de deux griffes fines, ou de sabots pointus. C'est à cet instant que son employeur lui chuchota :

- "Il est entré par ici, ou bien par en bas ?"

Une fois que la jeune femme eut fini ses fouilles et déductions, Georgius la laissa avancer jusqu'à l'échelle, s'écartant du passage pour la laisser descendre en premier. Après s'être contenté de tenir l'échelle jusqu'à ce qu'elle mette pied à terre, le marchand s'empressa de la suivre, son arme coincée contre son aisselle.

- "Aucun n'a de blessures. Pas de sang, ni de marques. Ils sont juste terrifiés.

- "Y'a rien dehors, et tout est balayé par c'te fichue tempête. Chopez vos affaires, et aidez-moi à bloquer la porte avec c'qui traîne."

Sur ces mots, et comme s'il voulait les narguer, un loup se fit entendre à travers le vent. Et pour le plus grand plaisir - ou déplaisir - de ces hommes en armes, aucun danger ne survint jusqu'à eux, ni même lorsqu'ils entamèrent le chemin du retour jusqu'à l'auberge.
*** - "Comment ça << ils ont filés >> ? Ils ont crus au loup ?

- Ben tout comme, m'sieur. C'est la m'dame - 'fin, Fraulein marchande qui..

- Elle n'est pas marchande pour deux sous, je vous en prie. C'est mon employée !

- ... Les v'la d'retour, m'sieur.

En effet, le quatuor venait tout juste de rentrer dans le dortoir lorsqu'ils surprirent la conversation. Le jeune cocher - le plus fringant des deux, bien que moins habile de ses mots - était à priori en train d'instruire le tenancier sur la situation, tous deux assis au bord d'un lit vide. L'aubergiste, actuellement armé d'une batte cerclée de fer et d'une lampe à huile, écarquilla les yeux en voyant les aventureux clients arriver. Ni une ni deux, voilà qu'il se dresse sur ses souliers, fonce vers le comptoir, pose sa lampe, et se met à aligner des bols et des cruchons en terre cuite, tout en prononçant de vive voix :

- Eh bien, quelle affaire-là ! Rentrez, rentrez, prenez des couvertures ! Quelle idée de sortir à cette heure... Enfin, vous allez vous faire du gel-au-coeur ! Prenez du chaud, et dites-moi, qu'avez-vous trouvé ?"

[Tétradie Gondeghissel]

Frissonnant sous sa lourde pèlerine, Tétradie se frottait les mains dans l'espoir de les réchauffer quelque peu. Elle grommelait en avançant dans la neige qui lui montait jusqu'aux chevilles.

-"Quel froid, mes aïeux, quel froid! Mes pauvres petons..."

Entrer à nouveau dans l'auberge lui fit l'effet d'une bénédiction, d'un petit miracle. La chaleur douce délivrée par l'âtre mourant, quoiqu'un peu ravivé par le propriétaire éveillé, sembla lui brûler la chair. Quel enfer glacé que le lendemain sur la route! Dix heures dans une carriole sans flamme à compter les flocons pour passer le temps: elle en frémissait d'avance, presque autant qu'en pensant à la monstruosité qui l'attendait dehors. Au passage elle entendit la remarque de Georgius sur son statut d'employée. Il ne l'avait ainsi pas percée à jour, pour le moment du moins, c'était un sacré soulagement! L'ambiance n'aurait pas été terrible s'il se rendait compte qu'elle lui avait menti tout du long. Ce serait un long trajet, rempli de regards en coin et de grognements de désapprobations.

Elle n'avait pas besoin de ça.

- Eh bien, quelle affaire-là ! Rentrez, rentrez, prenez des couvertures ! Quelle idée de sortir à cette heure... Enfin, vous allez vous faire du gel-au-coeur ! Prenez du chaud, et dites-moi, qu'avez-vous trouvé ?"

Personne ne répondait? C'est vrai qu'elle avait bien participé, mine de rien. "Mon tour j'imagine. "

-"Euh, il y a un animal qui s'en est pris à un cheval et il l'a traîné..."

Elle se tût. Les pièces s'assemblaient et elle comprit enfin ce qu'elle avait vu. Un animal capable d'attraper un cheval, de lui arracher une jambe, de traîner la carcasse et de s'enfuir... Quelque chose clochait pourtant. Traîner un animal avec une patte en moins? Elle avait vu suffisamment de cochons égorgés pour savoir que ça pissait le sang, ces bestioles. Et pas de sang dans la neige. Elle écarquilla les yeux de stupeur et conclut d'une voix blanche.

-"Il l'a pas traîné, il l'a soulevé. Il n'y avait pas de sang, pas de flot de sang. Il n'a pas pu la traîner."

Sa main se posa d'instinct sur son front, elle devait réfléchir, elle était une exorciste, par Ghal Maraz! Résoudre les affaires religieuses et sauver les âmes, c'était sa mission!

-"La chose est entrée par la porte. Elle savait l'ouvrir, elle l'aurait défoncée sinon. Ensuite elle a attrapé un cheval et l'a tué puis lui a arraché une patte. Elle a dû nous entendre nous agiter après ça, c'est pour ça qu'elle a laissé la patte en plan. Elle est montée à l'étage et est sortie en faisant un trou dans le toit: ses traces semblaient remonter."

Un hochement de tête, le teint qui blêmit, les souvenirs qui remontent.

-"C'est comme dans les histoires... C'est un monstre, un monstre des bois!"

Elle attendit les réactions autour d'elle, tantôt interloquées, tantôt inquiètes, tantôt intéressées. Qui avait-il d'autre à faire que de rester sur ses gardes de toute façon? Il s'agissait d'aller dormir à présent, en faisant des tours de garde au besoin.

Rien de plus n'aurait lieu cette nuit, mais Tétradie ne dormirait que très peu. Les monstres des bois rôdaient et, malgré la lumière de Sigmar, elle se sentait seule et effrayée par les ombres.

[[MJ] Le Faussaire]

Tous se turent lorsque Tétradie narra ses déductions, tournant du chef ou trouvant refuge dans la grande salle, bien que certains ne purent s'empêcher d'observer les vitres embuées, les torches crépitantes, et les sifflements du vent entre les planches des volets. Soudain, le jeune cocher lâcha :

- " C't'une bête magique, à coup sûr ...

- Encore un d'ces satanés sorciers, oui, ou pire...

- Ou pire..."

Les deux autres femmes du cortège, Nyse et Ursula, cachèrent une partie de leur visage avec leurs mains, comme si cela pouvait éloigner le danger ou attirer les bonnes œuvres. Le tenancier, de son côté, servait du gruau fumant et du vin chaud, afin de réconforter tous ceux qui en avaient besoin. Par un heureux hasard, personne ne vint déranger Tétradie hormis pour s'assurer de son état. C'était comme si personne n'avait fait attention au long manche enroulé dans un drap qu'elle avait trimballé dehors.

- " C'est pas bon pour not'trajet. Pas bon, pas bon." entendit-elle murmurer à sa gauche, venant de la brune et froide cavalière.

Malgré cela, après quelques minutes ou heures d'attente à la lueur des torches, tous ou presque retournèrent se coucher, l'aubergiste fermant "évidemment" la marche, après avoir vérifié une paire de fois que chaque planche resterait bien en place jusqu'à l'aube.

Test d'INT : 18, soit.
Test secret : 20, décidément !

***

Test d'END : 5, ça va mieux ce matin
Test d'INT : 13 - enfin, pas tant que ça.

Que ce soit à cause de l'heure, de la fatigue ou du rythme du vent, c'est avec un épais masque de torpeur que Tétradie rouvrit les yeux. Par un étrange sortilège, elle avait dormi sans s'en rendre compte, au point d'avoir des marques de plis sur les joues. A priori, il faisait jour, puisque des traits paraissaient au travers du volet d'en face. A priori, elle n'était pas la première à émerger, puisque trois lits étaient vides et éclairés par des lampions en étain. Bizarrement, la seule lueur qui émanait de la grande salle était d'un ton ocre, comme si l'endroit était resté piégé dans la nuit et qu'il fallait toujours user de torches. Là, elle vit un des cochers se lever, se gifler deux fois en guise de réveil tardif, puis s'avancer vers le hall tout en enfilant ses bottes sur le trajet. Ensuite, ce fut à Georgius de sortir de sa tanière, le visage tout aussi sec que les jours d'avant, et toujours cet étrange mélange de roux et de gris sur sa tête et ses joues.

Il salua Tétradie d'une main, et s'éclipsa sans dire un mot. Une fois levée, la novice put enfin remarquer la fraîcheur du sol, ainsi que quelques aspérités dans le plancher. À vue d'œil, elle ne les avait pas causé. D'un autre côté, son marteau avait été rangé sous son lit - à la hâte ou avec soin, puisqu'il y avait encore un linge sur la tête en acier.

Dans la salle commune, les absents se révélèrent enfin : Ursula, les cheveux attachés en chignon, Hentschil, le plus jeune des cochers, et Frau Fallenbatter, le nez tout entier dans son bol de soupe. De l'étage, les deux autres Altdorfers descendirent calmement - enfin, à l'exception du valet Klosel, qui avait les mains vissées sur un carnet couvert de cuir.

- " Ah, aubergiste ! Bon matin, j'espère ?

- Hof, ça peut l'être, oui-oui. Y'a d'la neige jusqu'aux fenêtres, alors vous pressez pas pour rien hein. Avec cette masse, vous allez pas décoller d'ici avant la prochaine nuit.

- Aye, et personne n'est assez fou pour cavaler de nuit, donc on va rester. 'Vous reste du brau, eh ?

- Oh oui, ça sûr. Tenez, servez-vous, et vous aussi jeune fille. Ca vous remettra les yeux en face des trous !"

Sitôt arrivée, sitôt servie, voilà ce qu'on lui avait proposé. On la laissa déambuler et choisir sa place sans problème, tout en continuant ou l'intégrant aux diverses conversations.

"Et du coup, cette bête, l'était grosse comment ?", "C'est pas grave, c'te neige tiendra pas. On est qu'au début, c'est les annonces tout ça. Ulric nous jauge avec le gel, il r'f'ra chaud dans un jour ou deux" entendit-elle en passant près des différentes tables.

Après quelque temps et quelques commérages, ce fut au tour de Georgius de s'approcher de son employée. Par politesse, il resta silencieux jusqu'à ce que celle-ci eût fini son repas et toute boisson qu'elle avait commandée. Une fois ceci fait, il se racla la gorge, et d'un tact dont les Middenlandais ont le secret, il lâcha à voix basse :

- "Dites-moi, jeune fille, je peux savoir où est-ce que vous avez trouvé la cognée que vous aviez hier soir lors de notre << inspection >> ? Aux dernières nouvelles, je n'ai vu aucun pèlerin ni paysan à qui cela manquait, hm?"

[Tétradie Gondeghissel]

En se levant ce matin-là, Tétradie sortit tout d'abord un pied sur le plancher, en éclaireur. Un orteil, puis l'autre... Le verdict était clair: il était affreusement froid! Elle le rentra immédiatement sous la couette pour le laisser réchauffer. Encore une sale journée, avec de la neige partout et le vent qui s'infiltre par les fenêtres. Avec un brin de paresse, elle attrapa ses chaussures qu'elle enfila avant de se lever. Sa longue tignasse, toute ébouriffée par une nuit trop courte, lui tomba devant les yeux tandis qu'elle enfilait sa pèlerine. "Oh par Sigmar, pourquoi les fervents du Chaos ne peuvent-ils pas travailler l'été, comme les honnêtes gens? Ah, parce que ce ne sont pas des honnêtes gens, évidemment." Au-dehors on voyait des tas de neige plus haut que des arbustes et des stalactites qui pendaient depuis les branches des arbres. Seuls les pins, bien armés, résistaient à l'assaut de l'hiver. Avec du mal pour certains cependant.

Qu'importait, pour l'instant il était temps pour elle de déjeuner. Il restait un peu de gruau d'orge et de blé avec des jus divers et de la bière. Rien de très goûteux, mais ça servirait au moins à remplir l'estomac pour quelques temps. En entrant elle s'installa à une table dont elle salua les précédents arrivés d'un simple:

-"B'jour."

Sans mot dire elle attrapa le bol que l'aubergiste lui tendait et mangea en discutant avec les compères présents. A côté, on disait:

-"Et du coup, cette bête, l'était grosse comment ?", "C'est pas grave, c'te neige tiendra pas. On est qu'au début, c'est les annonces tout ça. Ulric nous jauge avec le gel, il r'f'ra chaud dans un jour ou deux""

-"Oh bah ça on en sait rien, hein, mais je pense gros. Elle a réussi à boulotter une jambe de cheval, c'est pas un petit truc qui peut faire ça j'pense."

S'ensuivit un débat assez houleux pour essayer de déterminer ce qui pouvait être la cause de ce malheur, parce que quand même, perdre un cheval ce n'était pas la meilleure nouvelle du monde. Alors ça débattait: est-ce que c'était plutôt animal, plutôt humain, magique ou pas magique, maléfique ou juste affamé? Ces considérations, Tétradie s'en inquiétait plus qu'elle ne voulait l'admettre, parce qu'elles la mettaient dans une position très délicate. Après tout, chasser le Chaos sous toutes ses formes faisait partie de son rôle d'initiée exorciste et plus généralement de fidèle de Sigmar. D'un autre côté elle ne se sentait pas trop d'aller courir le bois un marteau en main accompagné d'une caravane de civils pour aller taper des sangliers. Terrible dilemne. Mais parlant de marteau, un autre problème arriva, qui y était lié, sous l'apparence de Georgius, le marchand décidément soupçonneux.

- "Dites-moi, jeune fille, je peux savoir où est-ce que vous avez trouvé la cognée que vous aviez hier soir lors de notre << inspection >> ? Aux dernières nouvelles, je n'ai vu aucun pèlerin ni paysan à qui cela manquait, hm?"

Ce n'était pas la bonne question à poser, ou plutôt si, c'était bien la bonne mais pas celle qui arrangeait Tétradie. Heureusement, depuis plusieurs jours que son esprit ne faisait rien d'autre que vagabonder, elle avait trouvé une réponse adaptée.

-"C'est un cadeau de mon père avant que je parte sur les routes. Il est forgeron et m'a donné son ancien marteau à cloches."

Si l'histoire paraissait improbable mais possible, mieux valait ne pas trop s'appesantir sur les détails. Des années de couvent lui avaient apprises que moins elle en disait, plus son histoire pourrait paraître crédible, jusqu'à un certain. Un peu plus tard elle irait faire le tour du bâtiment pour chercher d'autres indices, car elle était prise d'un doute: était-ce vraiment un hasard si cette créature avait attaquée la nuit dernière, ou rôdait-elle dans les environs?

[[MJ] Le Faussaire]

Test de CHA : résultat secret.
Test secret - ??? : 16, raté.
Test de VOL - Georgius : 4.

- " Un marteau à cloches ? Hmm... Oui, c'est à peu près cette taille là..."

Son mécène plissa le front, sans jamais lâcher la novice du regard. Enfin, il lâcha :

- " Mais dites, pourquoi avoir caché cela, surtout à un tel moment ? J'ai d'abord pensé que l'un des cochers vous avait fourni une arme, mais je ne comprenais pas pourquoi l'avoir enroulé comme un jambon. Votre père n'en a plus besoin, j'imagine ?"

Ainsi, c'était fait. Georgius avait mordu à l'hameçon, mais plutôt que d'y croire et de laisser tomber le sujet, ce diable bien urbain s'était épris d'un sourire en coin, comme lorsqu'il avait marchandé le joyau quelques étapes plus tôt. Sans doute s'imaginait-il trouver une occasion, une opportunité d'en apprendre sur la fonderie, l'artisanat et les cloches du Reikland, et sans doute élaborait-il déjà des plans pour la prochaine saison commerciale - ou bien, il pensait à autre chose. En fait, pour le plus grand dam de Tétradie, il avait trop mordu à l'hameçon.

Pendant que son incorrigible employeur remuait la question des cloches, le reste de l'auberge s'affairait doucement. Les deux autres femmes de la diligence discutaient au comptoir, les cochers se réveillaient péniblement à l'aide de ronchonnements et levées de coudes, tandis que les autres passagers et clients étaient soit en train de jacasser, ou bien restés à l'écart dans leurs logis respectifs. Le tenancier et ses dames s'occupait tantôt de la cheminée, tantôt des cuisines, des tables, avec un sourire tout à fait jovial, bien qu'un peu crispé par moments. Madame s'extirpa à un moment, certainement pour s'occuper des chambres vides ou de la "suite" parentale.

Par chance - ou malchance -, personne n'eut l'envie ou l'idée de se dégourdir les jambes en extérieur. Les quelques courageux qui avaient mentionné de tels projets, avaient été rapidement refroidis par le givre palpable sur les vitres, ou par l'absence de lumière devant chaque porte - preuve que la neige s'était accumulée au-delà du demi-mètre à cet endroit. Cependant, il en fut bien un qui s'écarta du lot, et qui enclencha la poignée de la grosse porte d'entrée.

- " ... Et donc votre père est artisan ? À quelle guilde est-il affilié ? [...] Les fondeurs, sont-ils rattachés à d'autres associations ? Êtes-vous en lien avec les ingénieurs d'Altdorf ? [...] Ils ont beau être méridionaux, je n'entends que du bien de leurs canons [...] Votre père doit être quelqu'un de bien, s'il est fondeur de cloches. Il a dû bien vous éduquer, ça va de soi [...] "

Voilà que Herr Georgius n'en finissait plus de ses questions-réponses, lançant tout en vrac, avec par moment des réponses aux questions qu'il avait lui-même posées. Le seul point positif de cette avalanche verbale, c'est qu'il n'allait jamais loin dans les détails, et se contentait de réponses courtes - même s'il surenchérissait à chaque fois, lançant une nouvelle salve tel un vendeur de... De poissons, oui.

Test d'INT : 13. Tu n'as pas vu qui est sorti de l'auberge. Tu peux accuser le rouquin en face de toi si tu veux.
Test de baratin - Georgius : 5.
Test de VOL - Tétradie : 6.

C'est dommage, si ce n'était pas un test opposé tu t'en serais sortie avec brio.
...
C'est un test opposé.
Bonne migraine !

***
Après quelque temps - et selon les réponses de Tétradie -, le marchand se lassa, fut-il convaincu ou non par les réponses données. Dans tous les cas, il se dirigea nonchalamment vers le dortoir, le visage tordu par l'orage sur son front. Peut-être pensait-il encore élucider ce mystère en fouillant sous les lits, ou bien pensait-il rattraper le sommeil gâché de la veille.

Quoi qu'il en fut, alors qu'il passait la porte le séparant des lits, la porte d'entrée s'ouvrit en trombe. Les gonds grincèrent, le vent s'engouffra, et une silhouette branlante fit un pas à l'intérieur, avant de trébucher sur une marche inexistante. Puis, l'individu sortit une main de sous son manteau, trébucha sur une autre marche imaginaire, s'agrippa à un tabouret de bar, avant de s'avachir dessus en toussant. Avec son air maigrelet, ses joues creuses et ses mains osseuses, cela ne pouvait être que Klosel, le valet si timide et si stressé.

Alors que l'aubergiste le hélait depuis la cheminée - l'invitant cordialement mais fermement à fermer la porte et réchauffer ses joues près du feu -, Klosel leva les yeux, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. L'instant d'après, il bascula en avant, raide comme une quille.

Les gens les plus proches, soient les cochers et Ursula, tentèrent de le rattraper avec plus ou moins de réussite, mais même avec l'aide de trois autres bras, le jeune homme s'effondra.

Test d'INI - Tétradie puis les cochers puis les autres : 7, 13, 20, 11. Réussi pour toi. L'un des cochers atrappe le manteau de Klosel au lieu de l'empêcher de tomber.
Test d'INT - Tétradie : 16, raté.
Test d'INT : 3.

- "Ho, gamin !

- Oh ! Dedj' !"

Ursula eut un cri de surprise, avant de lever une main sanguinolente vers le plafond. Là, la salle eut un sursaut, plusieurs personnes bondirent au secours du valet, d'autres s'écartèrent en bondissant, tandis que l'aubergiste se frayait un chemin tout en sifflant des ordres pour maintenir un semblant d'ordre.

- " De l'eau chaude, fissa ! Poussez-vous ! Va voir Maman, dis-lui de ramener des aiguilles. Restez assis, sauf si vous êtes prêtre-barbier !"

Lorsque le tenancier arriva aux pieds du valet, il établit un périmètre à la louche - au propre comme au figuré -, demandant au passage si quelqu'un s'y connaissait en chirurgie.

- "Tin bon, gamin, on va t'rabibocher. Jeune, va chercher l'poires ! Et l'drap !

- J'ai - Je pense pas qu'ça suffira ..." fit Ursula, pointant la tache béante au niveau des aisselles du valet.

Il y eut un regard, et le jeune cocher plongea vers le dortoir. Klosel déballa alors son autre bras, révélant un carnet qu'il écrasait entre ses phalanges pâles et tachées. Depuis sa position, Tétradie reconnut quelques symboles, quelques lettres sur la couverture - et pour cause, c'était du classique. Le genre de gravure sur cuir que l'on utilise pour les grimoires, les archives, les objets de culte... En petit format, cela dit.

[Tétradie Gondeghissel]

Les deux mains de Tétradie saisirent le col du fameux Georgius et le ramenèrent vingt centimètres plus bas, juste devant le visage de l'exorciste furibonde.

-"Ecoute moi bien espèce de gros porc plein de karls! Je suis exorciste bordel! EX-OR-CIS-TE! Ma vocation c'est de sauver les fils d'ulricains dans ton genre de l'influence des Ténèbres et de le faire avec le sourire! Alors tu vas arrêter tout de suite de parler de mon marteau ou je te l'enfonce si profondément au fond du cul que tu n'auras plus jamais l'occasion de marcher! Alors tu vas gentiment foutre le camp de cette putain d'auberge pour aller crever dans cette putain de forêt et surtout me foutre le camp AVEC TES PAPIERS DE MERDE! TES CHIFFRES DE MERDE ET TES COMPTES DE MERDE!"

Du moins, elle aurait aimé dire ça.

- "Mais dites, pourquoi avoir caché cela, surtout à un tel moment ? J'ai d'abord pensé que l'un des cochers vous avait fourni une arme, mais je ne comprenais pas pourquoi l'avoir enroulé comme un jambon. Votre père n'en a plus besoin, j'imagine ?"

-"Hein? Euh... Ben je l'ai pris..."

Trop tard! La machine était lancée, partie, filée! Il commençait à enchainer les questions... Mais qu'est-ce qu'elle y connaissait, elle, à l'art de la forge? Comme toute altorfaise un peu au courant elle avait quelques grands noms, quelques bases qui venaient de son entrainement, notamment sur l'entretien des armes et de l'armure, mais ça s'arrêtait là. Elle aurait été bien incapable de lui décrire le procédé de fonte de l'acier et la création d'un outil.

- " ... Et donc votre père est artisan ?"

-"Bah... Il est forgeron, je viens de le d..."

- "À quelle guilde est-il affilié ?"

-"Ah? Euh? Ben? J'suis une fille alors..."

- "Les fondeurs, sont-ils rattachés à d'autres associations ? Êtes-vous en lien avec les ingénieurs d'Altdorf ?"

-"Moi je fais les comptes hein, je ne..."

- " Ils ont beau être méridionaux, je n'entends que du bien de leurs canons."

-"Qui?"

- "Votre père doit être quelqu'un de bien, s'il est fondeur de cloches. Il a dû bien vous éduquer, ça va de soi."

-"Je sais lire, écrire, compter, je ne suis pas mauvaise sur pas mal de sujets, mais la forge c'est pas..."

C'est qu'il allait vite, le bougre! Impossible de le suivre, il cavalait d'un sujet à l'autre sans attendre une réponse élaborée. Il fallait avouer que Tétradie hésitait beaucoup vu qu'elle inventait les mensonges à la chaine. Il faudrait mettre tout ça ensemble à un moment ou à un autre, comme noté sur une feuille pour ne pas oublier. Jouer un rôle état plus difficile qu'elle l'avait imaginé. Le marchand finit néanmoins par se lasser et filer se recoucher pendant que la jeune initiée haussait les épaules et allait se chercher une bolée de cidre histoire de se remettre les nerfs en l'état. Le liquide dans son récipient, elle en avalait une gorgée quand la porte s'ouvrit, si vite qu'elle manqua de s'étouffer. Pourquoi cet idiot de Klosel entrait si soudainement? Il ne manquait pas d'air, déjà qu'elle l'avait surpris à lui reluquer l'arrière.
Quelque chose ne collait pas pourtant. Il se sentait mal, très mal. Il s'effondra sur les hommes qui tentaient de le retenir avec un râle sourd. Elle se leva de sa chaise en voyant le sang qui maculait les mains d'Ursula. Un meurtre et il allait réussir. Un terrible pressentiment la pris. Que pouvait-elle faire? User de magie pour le sauver et risquer de se montrer au grand jour ou le laisser mourir par cynisme. Elle jura entre ses dents.

-"Sigmar me pardonne, je ne peux pas..."

Son esprit refusait la solution de facilité. Laisser un innocent complet mourir ne relèverait pas de la prudence ou du pragmatisme mais de la pure lâcheté et Sigmar abhorrait la lâcheté. Elle se précipita à côté de lui, regardant impuissante l'énorme plaie à son aisselle. Son assassin ne l'avait pas raté. Elle remarqua également qu'il tenait dans sa main un carnet en classique... Elle lui tira des mains sans trop y penser et le mis entre ses jambes, mûs par un réflexe.

-"Ne serrez pas, vous aggravez votre plaie en vous tirant..."

Mais il n'était plus l'heure des remontrances. Elle mit sa main dans celle du mourant et baissa la tête, dévote, murmurant simplement une prière pour lui. Une prière de guérison.

-"Herrscher über das Imperium,
Der führt und beschützt.
Sigmar Herr der Herren,
Der nährt und uns liebt.
Auch heute noch in deiner Welt
Eine Seele braucht dich
Sigmar, Herr der Herren,
Gewähre ihr den Glauben"

Son miracle de guérison, offert par Sigmar, n'était qu'assez faible mais elle espérait qu'elle pourrait le tirer d'affaire sans éveiller l'attention. Il devait vivre pour leur dire qui lui avait fait ça, pour la justice de l'Empire, au moins...