Rédigé par Snorri Sturillson, Assistant MJ
- "Ah, attention, s'tu veux gagner ton pain avec un gaillard pareil, faut prévenir : C'est Sire Max, attention. Là, vu l'aurore, il doit être dans un coin de rue, avec ses papelards à lui et ses froques neuves. C'est pas un mauvais bougre, c'est juste que ..."
L'aubergiste hésite, et change de sujet sans prévenir. Sifflant quelque employé assis dans un coin, il reprend :
- " ... T'es sûr que t'as pas faim ? Allons, la bière est à deux sous, et les bolées à sept ! C'est pas du cerf, pour sûr, mais quand même. Tu crois que la salle serait vide, si c'était de la semelle de Wissenburg ?"
Il se râcle la gorge, et lève un doigt.
- " Après si t'es aux aguets, il doit bien y avoir ce que tu veux, dehors..."
L'intonation avait changé, et bien que l'aubergiste avait maintenu sa voix assez forte, il avait baissé le ton tout en pointant l'extérieur. Et puis il reprit du coffre, montant le volume sonore pour que tout le monde l'entende :
- " Mais si tu cherche du costaud, c'est ici que ça se passe. J'ai du brandy, du tord-sec, de l'ambré,... "
Une fois que le bretteur s'était détourné et/ou avait passé commande, le tenancier s'exprima une dernière fois, à propos des cartes de jeu cette fois-ci :
- "Au fait, grand, oublie pas de marquer ta carte avant demain ! Là comme ça elle vaut rien, alors fait gaffe, parce qu'y en a qu'on déjà essayé d'filouter avant toi, hé! "
Une fois ces mots prononcé, et voyant un autre arrivage de commandes et de bourse-sur-pattes arriver dans son établissement, l'aubergiste se concentra sur leurs besoins matériels et gustatifs.
Dehors, l'agitation n'avait nullement disparue. Les gens de tout horizons s'étaient simplement déplacés, et s'agglutinaient désormais autour des étals et échoppes de victuailles, hésitant entre saucisse de Taalgraad, lard fumé, fromage "patelé", etc. Et ainsi, ces groupuscules désordonnés et dépareillés s'épanchaient en discussions diverses, qui n'avaient plus grand lien avec les marchandises.
Dans tous ce fatras et ce brouhaha, le demi-Norse réussit à détacher deux commerçants locaux, qui paraissaient éduquer un autre autochtone :
- "Et pourtant, vous savez qu'il a raison. Chaque centime qui va à cette affaire pourrait être dépensé en marchandises. C'est une ponction sur nos monnaies...
- Eh bien, je ne jouerai pas demain alors.
- "Foi d'Ulric, ne lancez pas des paroles en l'air ! Faites attention à votre argent, voilà tout. Voudriez vous quelque ficelle ou quelque cuir pour renforcer votre bourse ?"
Et puis c'en fût aux paysans voisins d'intervenir :
- "Bah, c't'imbécile peut po t'nir plus longtemps, hein ? Il va recevoir les trousses d'la Kommission."
- "... Raison, c'qu'un autre impôt - un d'pusse sur ceux cinquante-mi..."
- "Cinquante, qu'y dit ! Qu'est-ce que ça peut te faire ? T'sais compter au-delà de cent, toi-donc ?!"
Voulant éviter toute échauffourée, l'oreille d'Albert se perdit un peu plus loin, alors qu'il approchait un carrefour en train de se désengorger :
- ... Ça va être la goutte de trop, ça. Ça va s'finir en cul d'chien, et on va s'faire allonger...
- Ou lui-même ! Il l'a dit !
- Il a dit : << Une offense à Vérena et tout ce qui est saint. >>. Et pis qu'y faut faire quequ'chose.
- Véreux-na ? C'qui ça encore? Un truc du Graf ?
- Nan, un truc des gars d'la Tal'bec, j'crois. Mon cousin y est passé avant la tempête, il m'en a parlé une fois. C't'un truc d'leur grosse ville-là.
- Qu'est-ce qu'y j'y foute à la Tal'bec, moi ? On les a pas d'ja assez sauvé, ces quinz'cons?"
Là-bas, deux hommes en soutane discutaient sans gêne, prétextant une exagération, tandis que l'autre détournait ses propos en admettant que c'était "une bonne chose"... [/quote]