[Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

L’Empereur Karl Franz siège à Altdorf, capitale impériale depuis. Altdorf est un carrefour du savoir et son université est l’institution académique la plus respectée de tout l’Empire. Là, les seigneurs et les princes de nombreux pays viennent s’asseoir aux pieds des plus grands penseurs du Vieux Monde. Altdorf est aussi le centre du savoir magique et ses huit collèges de magie sont fort justement réputés bien au-delà du Vieux Monde. Altdorf est une ville affairée, avec un nombre important d’étrangers, de commerçants et d’aventuriers. La cour impériale elle-même engendre une activité économique florissante, qui attire toutes sortes de gens.

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Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« 10 heures madame ! — oups »

L’aide-soignant se rappela qu’Isabelle venait juste de lui dire qu’elle n’était pas sourde. Aussi, il modula vite le niveau de sa voix.

« Dame Petra a dit qu’elle serait là à dix heures. On viendra vous chercher une fois qu’elle se sera présentée à l’entrée ; c’est mieux que de vous faire attendre à la salle de visite. Tellement de gens adorent se présenter en retard… »

Alors qu’il faisait soigneusement le ménage dans la pièce, il fut étonné par les propos d’Isabelle.

« Du boucan ?
J’ai pris mon poste ce matin… En effet, l’ambiance avec les gens de nuit était bizarre, mais j’osais pas d’mander. Je peux me renseigner auprès du frère Aldrachs, c’est lui qui était responsable de la garde hier. »


Le prêtre roux qui avait hurlé comme un furieux sur les chevaliers, alors qu’ils partaient un par un en file Injayenne.

« J’ai aperçu la princesse au réfectoire, yep. Je vais vous faire vot’ toilette et vous irez la voir, d’ac ? »

Même s’il était un homme costaud et tatoué, l’aide-soignant n’était absolument pas une brute. C’est avec un profond respect, des gestes maîtrisés, et sans la moindre remarque déplacée qu’il nettoya Isabelle. Ça ne dura pas très longtemps, il se contenta de soigneusement utiliser l’eau chaude pour débarbouiller et soigner les plis de la dame.
En revanche, quand il vit son bleu sur sa hanche, il fit les gros yeux. Et les explications d’Isabelle ne le convainquirent qu’à moitié.

« Mais… Vous avez mal ? Y a pas d’onguent ou d’autre chose sur vot’ feuille d’ordonnance. »

Il vérifia une seconde fois sur son chariot, peut-être inquiet d’avoir oublié de soigner la blessure.

« Hedwige a prévenu personne ?
C’pas sérieux m’dame Breitenbach ! Vous êtes dans un asile d’Shallya — si y a un endroit où qu’on soigne les gens, c’est ici !
Allons. Les chutes ça arrive, mais ça peut être grave. J’vais l’notifier à votre docteur, p’têt y faut réduire vos doses de mandragore si vous tombez souvent. »


Après quoi, il débarrassa son chariot, emporta le linge sale, et aida Isabelle à se rhabiller.



Seule, Isabelle put se relever. Dans la cour, par sa fenêtre, elle voyait les militaires invalides du rez-de-chaussée en train de faire leur gymnastique — il y avait le trio avec lesquels elle avait joué au podestat, cela faisait un moment qu’elle ne les avait pas revus ; peut-être pouvait-elle les croiser quand ils terminaient leur sport ? En allant dans le reste de l’asile, elle put voir que l’ambiance était calme. Quelques patients discutaient entre eux, assis sur des chaises. L’un lisait le journal. Ça parlait de Karl-Franz et des Jungfreud, évidemment.

Il était huit heures. Encore tôt avant l’arrivée de Petra. Isabelle allait pouvoir s’occuper comme elle voulait. Pour l’heure, c’était le réfectoire.

Le petit-déjeuner était prêt sur le buffet. Du lard, des œufs, des petits gâteaux, beaucoup de fruits — la bouffe était encore bonne, l’asile n’avait jamais déçu sur le menu. Quelques petits groupes s’étaient formés ; quelques vieux aristocrates qu’Isabelle avait eut le temps de croiser étaient assis devant des tables.

Deux personnes, en revanche, étaient seules :

L’amiral délirant était installé avec une tasse de café fumante. Devant lui, un tas de bouquins ouverts. Pour une fois, il ne jouait pas avec sa nourriture, mais était réellement plongé dans une lecture très intensive : il en avait toute une pile d’ouverts en face. Quand il vit Isabelle, il ne put s’empêcher de faire de vifs signes de main, l’air de dire, « pschiit, discrètement, venez voir ! ».

À l’autre bout de la pièce, en revanche, Isabelle put apercevoir Isabelle. La princesse, la prétendue grande sœur de Karl-Franz, était devant la fenêtre, à regarder Altdorf, rêvassant.
Elle était…

Plus jeune.
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Son visage s’était déridé. Ses cheveux s’étaient éclaircis, passant du noir de jais à l’auburn. De la fin de la cinquantaine, elle était passée au début de la quarantaine.
Non, Isabelle n’avait pas déliré sur toute la nuit d’hier. Ce n’était pas un cauchemar. Ce qu’elle avait vu de ses propres yeux s’était bel et bien réalisé.
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Isabelle Breitenbach
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Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Dix heures... Ça lui laissait un peu de temps avant la visite de Petra. Isabelle pourrait se rendre au réfectoire et s'entretenir avec son Altesse. D'après l'aide-soignant, elle s'y trouvait déjà. Très bien, elle aurait le reste de sa journée pour travailler sur la boussole.
L'homme tatoué n'était pas présent dans l'asile lorsque les chevaliers avaient débarqué, aussi ne pouvait-il actuellement pas donner d'informations supplémentaires. Mais il se proposa de se renseigner auprès d'Aldrachs.


« Oh, ce serait fort aimable de votre part! Je ne suis pas avide de commérage, mais je préfère être mise au courant des événements qui se déroulent dans mon lieu de résidence. »

Évidemment qu'Isabelle voulait connaître un maximum des ragots au sein de l'asile. Elle pourrait les utiliser ensuite à son avantage. De plus, elle était curieuse du point de vue de frère Aldrachs. Sa démonstration d'autorité de la veille avait impressionné la baronne.

Le tatoué débuta ensuite la toilette de la vieille femme. S'il faisait preuve d'un grand professionnalisme et d'une certaine douceur, l'expérience n'en fut pas moins désagréable. Ce corps étranger qui touchait le sien, à des endroits si intimes, inexplorés depuis des temps immémoriaux.
La magistère déchue n'aimait pas ce qu'un tel contact provoquait en elle. De la gêne, de la honte et... du désir? Elle repoussa fortement ce sentiment, furieuse contre elle-même.

Le bleu fut finalement remarqué et la réaction de l'aide-soignant ne surprit pas Isabelle. Évidemment que ses maigres explications ne suffiraient pas, que ce genre de blessures nécessitait une certaine procédure.
"Et merde! Ce nigaud va me dénoncer auprès de Morell!". La vieille sorcière tenta une dernière pirouette pour se sortir de ce mauvais pas.


« Vraiment? Ce n'est écrit nulle part? Tsss, on dirait que notre chère Hedwige a oublié... C'est malin! »

Elle secoua la tête, marquant un temps de pause pour accentuer son irritation.

« Bon, ce serait cruel de ma part de lui porter préjudice. Cette femme a toujours été aux petits soins avec moi.
Maintenant que j'y pense, peut-être que son congé exceptionnel explique cela. Une urgence familiale ou je ne sais quoi qui l'aurait rendue distraite.
La pauvre... »


Nouveau petit temps de réflexion, comme si Isabelle cherchait une solution à ce vilain malentendu.

« Est-il vraiment nécessaire de prévenir Herr Docteur? Et si cela lui attirait des ennuis? Hedwige a sûrement d'autres soucis en tête.
Écoutez, mes doses de mandragore me conviennent. La seule raison pour laquelle je suis tombée, c'est parce que j'avais les mains glissantes après mon repas. Je prenais appui sur ma canne et hop! l'accident...
Bref, je n'ai pas de perte d'équilibre ou autre, je n'ai juste pas fait assez attention. Et j'ai appris ma leçon!
Ne pourriez-vous pas simplement rajouter un onguent sur ma feuille d'ordonnance? C'est un bleu, si je m'étais cassée quelque chose, je serais bien incapable de marcher. »


Ce serait sa dernière tentative pour tenter de convaincre ce balourd. Si Isabelle s'acharnait, elle risquerait d'attirer l'attention.

« Sinon, vous pourrez dire à Hedwige de passer me voir quand elle reviendra? Même en dehors de ma toilette quotidienne, j'aimerais juste savoir comment elle va. »

La Dame de Mercure coule et ne se cogne pas. Si cette attitude mielleuse l’écœurait, elle n'en était pas moins nécessaire.

La baronne observa l'homme tatoué quitter sa chambre, n'oubliant pas de le saluer avant qu'il n'ait refermé la porte. Une fois seule, elle se leva immédiatement, enfila ses pantoufles, et entreprit de quitter sa chambre. Mais un dernier coup d’œil par la fenêtre lui fit remarquer que les militaires étaient toujours en pleine gymnastique. Isabelle espérait pouvoir converser avec eux aujourd'hui, autour d'une partie de podestat. Elle était curieuse de savoir ce qu'ils penseraient de l'intrusion de la veille.

Enfin, elle ouvrit la porte et se dirigea vers le réfectoire.



La vieille femme se tenait devant le buffet. Une faim de loup la tiraillait. Elle n'avait qu'un seul désir : s'asseoir et manger. Son périple jusqu'au réfectoire avait été un calvaire, bien qu'il se trouvait au même étage que sa chambre. Sa hanche, son flanc lui avaient fait souffrir le martyre à chaque pas. Même ses membres qui n'avaient pas directement percuté le sol étaient douloureux, le choc ayant été si violent que la souffrance faisait échos dans tout son corps.

Fort heureusement, elle avait sa canne pour l'aider. La magistère déchue faisait tout son possible pour que sa peine à marcher ne soit pas remarquée par le personnel de l'hospice. Mais son front était déjà recouvert de sueur, l'effort consommant une énorme quantité de ses faibles réserves d'énergie.
C'est probablement pourquoi Isabelle avait si faim.

Elle aurait préféré s'entretenir avec son Altesse sans manger en même temps, afin de garder un peu de prestance. Mais son estomac lui ordonna le contraire. Il serait bien plus humiliant, en plein milieu de la conversation, que ce dernier ne les interrompe bruyamment. Aussi se prépara-t-elle une généreuse assiette, se promettant à elle-même de ne pas engloutir le tout tel un homme de la rue.

Son assiette dans une main, les couverts calés entre ses doigts, la vieille sorcière détailla la pièce. Elle repéra rapidement Isabella, installée devant une fenêtre, à observer la ville. Isabelle n'avait donc pas rêvé la veille, son Altesse avait bel et bien rajeuni suite au sortilège lancé par le nommé Leberecht. Quelle magie impressionnante! Même si elle avait vaguement conscience de la puissance inégalée du vent multicolore, jamais l'alchimiste ne l'aurait cru capable de tels exploits!

Alors qu'elle se dirigeait vers son amie, la magistère déchue remarqua l'amiral, installé à sa table, entouré de piles de livres ouverts. Il lui faisait signe de discrètement venir le rejoindre.
"Rah! Mais qu'est-ce qu'il me veut, le vieux schnock?". Isabelle hésita, posant de nouveau son regard vers son Altesse perdue dans ses pensées. Elle était sa priorité, à la Ruine le timbré!

Certes... mais l'amiral souhaitait lui montrer quelque chose et l'ignorer risquerait de terriblement le froisser. Breitenbach avait bien joué son jeu jusque-là, partageant le délire du pauvre homme pour s'en faire un allié. Or, ces derniers se comptaient sur les doigts d'une main dernièrement... Une main qui se serait prise un tir d'arquebuse...

Son Altesse ne l'avait pas encore remarquée, mais Hopfberg, lui, avait toute son attention reportée sur Isabelle. Elle pouvait se permettre ce petit écart avant de rejoindre Isabella, non? De plus, il ne serait pas difficile de se débarrasser du vieil homme si la conversation venait à s'éterniser. Il lui suffirait de feindre la présence d'espions, ou une connerie du genre. Et puis, malgré tout, la Dame de Fer était aussi curieuse de ce que l'amiral avait à lui montrer.

À force d'hésitation, plantée là avec sa lourde assiette, la sorcière jaune avait de plus en plus mal à la jambe. Furieuse, elle céda, se forçant à afficher un large sourire avant d'aller rejoindre Adalmann. "Bordel, ç'a intérêt à être important! Sinon, je t'arrache ta putain de moustache!" se dit-elle en s'asseyant difficilement, cherchant un morceau de table sur lequel poser son couvert.


« Cher Amiral! Quel plaisir de vous revoir. » Dit-elle chaleureusement en lui tendant sa main, à contrecœur.

Isabelle fit mine de s'intéresser aux livres étalés sur la table, se retenant de poser son regard sur le coin de la pièce où rêvait Isabella. Elle se pencha en avant pour chuchoter à l'encontre de l'amiral, espérant ainsi rentrer plus facilement dans son délire, quel qu’il soit.


« Qu'avez-vous donc là? Allons, dites-moi tout, tant que personne ne regarde. »
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

On gagne plus souvent à utiliser la gentillesse que la menace. Les propos d’Isabelle mirent dans l’embarras le pauvre aide-soignant, qui faisait une sacrée moue en bombant ses lèvres, et qui ne semblait vraiment pas apprécier d’être ainsi mis sur la sellette.

« Toute distraite qu’elle est, votre docteur — Frau Rondet », corrigea-t-il d’ailleurs au Herr d’Isabelle, « doit être au courant du moindre problème.
Si ce n’est qu’un bleu, je veux bien vous rajouter un simple onguent que je vous appliquerai plus tard pour vous soulager. Mais ça ne devra pas recommencer, d’accord ? C’est pour votre santé, ma bonne dame ! »


Mais finalement, il céda bien à ses demandes.





Bizarrement, l’amiral ne fut pas empressé d’embrasser la patte tendue d’Isabelle — lui qui était beaucoup trop courtois les dernières fois, au point de mettre mal à l’aise un Bretonnien par sa lourdeur, son attitude ce matin était fort différente. Oui, il avait toujours parut agité, mais il semblait regarder par-dessus son épaule encore plus que d’ordinaire, et il n’arrêtait pas de serrer des dents et d’agiter son genou qu’il faisait sautiller, comme s’il retenait une grosse colère.

Son discours, pourtant, était parfaitement cohérent, ce qui rajoutait en fait au malaise.

« Ce sont des… Des livres d’histoires. Deux chroniques du Reikland, une biographie de notre Empereur, un armorial de la province, un dictionnaire, et puis, mes vieilles notes de quand j’étais encore-… Je veux dire, de quand je travaillais encore à l’amirauté. »

Il s’était repris avec un air morne. Oui, Hopfberg était toujours officiellement le Haut-Sire de l’Amirauté, la faute à un poste qui était confié à vie. Mais durant un tout petit instant de clairvoyance, minuscule, fugace, il venait peut-être de se rappeler que ça faisait plus d’une décennie qu’il était enfermé dans un hospice, et qu’on ne pouvait pas diriger la marine de l’Empire depuis un asile de Shallya.

Il demeura muet un instant, avant d’indiquer la chaise devant lui pour qu’Isabelle s’installe.

« Il y avait des gens ici, hier ! Des hommes en grands manteaux qui ont tout remué dans l’asile — mais ce n’est pas la première fois d’ailleurs, des semaines que j’alerte la directrice là-dessus, et tout ce qu’on me répond, c’est d’arrêter de délirer et de prendre mes pilules !
Les prêtresses me prennent pour un cinglé. Bien sûr que je suis cinglé, tout le monde ici est cinglé, mais… Mais il y a quand même une limite à ce que je peux tolérer comme insulte. »


Il se mit à regarder dans le vide. Quelque chose… Quelque chose était en train de s’éveiller en lui.

« Je savais que j’étais fou. Je suis entré ici volontairement vous savez ? Des cauchemars, du mal-être, je broyais du noir tout le temps. Je voulais qu’on m’aide. Et on m’a aidé… Jusqu’à un certain point. On m’a soigné juste ce qu’il fallait pour que je ne meure pas, mais jamais plus, jamais plus. Holzkrug, Immanuel-Ferrand, Zuntermein, Nacht, Barnhelm, Hoffman — quand j’étais encore au conseil de l’Empereur, toutes ces personnes n’étaient rien, juste des mouches qui surveillaient les garçonnières et les bas-fonds d’Altdorf. Aujourd’hui, ils sont partout, ils peuvent faire disparaître qui ils veulent, quand ils veulent, pour servir des desseins que personne n’arrive à comprendre.
Je sais que je les gênais. Comme d’autres. Ils nous ont tous mis au placard. Et je mourrai ici, juste parce qu’ils le veulent. Ils m’auraient déjà tué, si seulement mon titre ne me protégeait pas… »


Il se mettait à vraiment s’agiter. Deux grosses larmes coulaient dans ses yeux.
Et d’un coup, il s’énerva.

Il frappa sa table, et se mit à crier, ce qui fit tourner des têtes dans sa direction :

« Hé bien ! Allons donc ?! Mon rapport sur la construction à Dietershafen ?! Est-ce que cette canaille de Nikse peut nous mettre à disposition sa rade, ou non ?! »
Relance du jet de CHAR (Malus : -2 pour insistance) : 6, réussite.

Jet d’intelligence : 16, échec
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Isabelle Breitenbach
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Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Quelle idiote! Dans sa panique, la vieille Breitenbach avait oublié que ce n'était pas Morell qui lui faisait office de docteur, mais la sœur Rondet elle-même! Que la jeune femme soit mise au courant posait déjà beaucoup moins de problèmes, Aure ayant fait preuve d'une certaine... complicité à son égard.
Bah! Ce n'était pas une mauvaise chose. Isabelle préférait qu'un minimum de personnes soient au courant à propos de sa chute.

L'homme tatoué céda donc aux demandes de la baronne, avant de quitter la pièce.

____________________________________


Assise devant l'amiral, la sorcière jaune s'attendait à son habituel flot de sottises délirantes, se préparant à les tourner à son avantage pour renforcer encore un peu plus l'étrange alliance qui les unissait. Mais elle fut surprise de constater que ce n'était pas un aliéné qui se tenait devant elle : c'était Adalmann von Hopfberg, Premier Seigneur de la Mer, avec toute sa tête.

Il avait devant lui des livres d'histoire, qu'il devait étudier pour tenter de remettre de l'ordre dans son esprit. Ainsi que des notes datant de lorsqu'il exerçait encore ses fonctions dans l'amirauté.


« Oh, je... » Balbutia la magistère déchue, totalement prise de court par ce nouveau personnage qui se tenait devant elle. Mais elle se fit immédiatement couper par ce dernier.

L'amiral lui parlait du raffut de la veille. Il était au courant de l'intrusion tardive des hommes en manteau et confirma qu'ils n'en étaient pas à leur première visite tardive. Le pauvre homme avait même tenté de prévenir la directrice à plusieurs reprises, mais sans résultat. En vérité, il n'avait aucune chance de faire changer quoi que ce soit, la directrice étant pleinement au courant des séances de torture mentales sur son altesse.


« Oui, je s... » Nouvelle coupure, Hopfberg ne lui laissant décidément pas en placer une! La vieille femme se renfrogna, irritée, mais écouta la suite.

L'homme avait bien conscience de sa propre condition, ayant rejoint l'asile volontairement. Mais il n'y avait pas trouvé l'aide escompté, ou du moins pas entièrement. On le maintenait en vie, pour son titre, pour le principe, mais rien de plus. Il semblait qu'un autre complot tournait autour de sa personne et que c'est dans cette étrange prison qu'on avait décidé de se débarrasser de lui.
Étrangement, Isabelle avait bien du mal à se convaincre du contraire. Après tout ce qu'elle avait vu et entendu ici, il paraissait qu'un mystérieux jeu de marionnettiste était à l’œuvre au plus haut sommet de l'état.

Peut-être pourrait-elle en toucher un mot à sœur Rondet? Cette noble âme ne laisserait jamais un de ses patients dépérir de la sorte. Mais ce serait probablement une grave erreur.

Déjà l'amiral était bien plus instable que prévu. Isabelle devait gérer une autre facette de sa personnalité, sa vraie. Bien plus imprévisible et beaucoup moins malléable, elle risquait à tout instant de la trahir ou de percer à jour ses manipulations. Alors que l'amiral fou, lui, pouvait facilement être convaincu d'agir selon le bon-vouloir de la Dame de Fer. Il suffisait de rentrer dans ses délires, puis de les remodeler, de les orienter vers la direction souhaitée.

Non, décidément, c'était une bonne chose que Hopfberg ne soit pas correctement soigné. Isabelle devrait simplement être plus prudente pour ne pas éveiller les soupçons du véritable amiral. Peut-être changerait-elle d'avis plus tard, pour écouter ce que ce personnage sain d'esprit avait à lui dire. Mais pour l'instant, elle ne pouvait se permettre de faire disparaître l'un de ses amis potentiels.

Voilà d'ailleurs qu'il refaisait surface, hurlant des absurdités si fort que tous les regards se tournaient vers lui et son interlocutrice. Cette dernière se pencha en avant pour lui saisir doucement le bras.


« Amiral! Reprenez-vous, enfin! Vous allez attirer le mauvais œil des hommes en blancs... » Elle lui murmura cette fin de phrase, espérant ainsi donner plus de crédibilité à ses paroles.

Il était temps pour elle de s'en aller, mais juste avant, Isabelle se rappela des notes de l'amiral. Peut-être y trouverait-elle quelques informations supplémentaires, notamment sur l'origine du complot qui l'encerclait.


« Mon cher, nous vivons une époque dangereuse. Même en tant que Grande Trésorière, mes ressources sont limitées. C'est pourquoi il nous faut partager nos informations. Puis-je vous emprunter vos notes? Elles pourraient s'avérer fort utiles pour lutter contre notre ennemi commun. »

C'était peut-être un peu bourrin comme approche, mais Isabelle n'avait pas eu le temps de concocter quelque chose de plus subtil. Elle était impatiente d'aller rejoindre Isabella et ne pouvait s'empêcher de jeter quelques regards furtifs dans sa direction. Quelle que soit sa réponse, la baronne salua ensuite l'amiral, notes sous le bras ou non, pour aller ensuite rejoindre la princesse. Se lever lui avait déchiré une grimace, mais elle espérait pouvoir se rasseoir rapidement.

La magistère déchue salua son amie d'une manière très formelle : en exécutant soigneusement une révérence.


« Votre Altesse. Isabella. Je suis si heureuse de vous revoir! Accepteriez-vous que je vous tienne un peu compagnie? »

Que la réponse soit affirmative ou non, la vieille femme tira une chaise pour s'installer à côté de son amie.

« Il faut que je vous parle. J'ai bien des choses à vous dire. » L'oisiveté avait quitté la voix de la vieille dame, remplacée par un total sérieux.

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Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

L’amiral se mit à être absolument terrifiant. Même avec sa stature frêle et émaciée d’octogénaire, même avec son air tassé et son dos voûté, il n’était pas bon d’avoir un homme agité devant soi. Adalmann ferma fort les poings, les envoya à droite, et à gauche, et l’on se demandait s’il allait frapper la table, Isabelle, ou lui-même.

S’il l’avait fait une seconde de plus, nul doute qu’un aide-soignant se serait jeté en avant pour le maîtriser. Mais non ; voilà qu’Adalmann posa ses mains sur son visage, et qu’il soupira dans des sortes de petits bruits très difficiles à caractériser : une sorte de son d’accordéon, bien plus mélodieux.

Quand il rouvrit ses yeux, camouflés derrière ses doigts, il répondit aux chuchotements d’Isabelle avec un ton sec, et même violent.

« Je suis cinglé, mais pas totalement imbécile non plus, Freiherrin. Fut un temps, je faisais la pluie et le beau temps au Volkshalle, je pense être encore capable de voir quand quelqu’un essaye de me manipuler. »

Il posa ses mains, et il avait soudain une toute autre tête. C’était toujours ce même visage ridé, mal rasé, couvert de taches et aux yeux encerclés de cernes, mais il y avait maintenant de la vivacité dans son regard, une sorte de lueur amusée fort concentrée vers la magicienne.

Il glissa sa main sur son joli carnet bleu marine, aux fins feuillets jaunis par le temps. Le fermant, on pouvait voir le symbole de l’Amirauté Impériale estampillé en lettrines d’or dessus.
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« Ces notes sont un carnet personnel. Il y a de nombreuses abréviations que vous ne comprendriez pas, et surtout des mémos pour des rendez-vous et des observations personnelles sur l’état de la marine. J’ai toujours été un homme qui aime les chiffres et les propos clairs.
Mais il y a des choses personnelles, dans ce carnet. Des… Rendez-vous privés, des choses qui touchent à l’intime. Je ne confierai pas ce carnet à n’importe qui, pour ces raisons.
Expliquez-moi donc, ce que vous comptez trouver dedans. »






Isabella n’avait pas décroché de sa fenêtre, à croire qu’elle était sous le charme d’un hypnotiste, une expérience qu’Isabelle comprenait à présent… La jeunesse nouvelle de la princesse paraissait encore plus clairement de près, maintenant que la magicienne pouvait s’approcher ; le visage qui était devant elle était frais, clair, agréablement potelé, seules quelques pattes d’oie au coin des yeux laissait deviner un début de maturité chez cette personne — elle rayonnait. Et ça n’était pas une illusion, nul Ulgu, le vent des menteurs, ne flottait en condensation autour d’elle.
Elle se tenait avachie contre la fenêtre, à moitié assise sur le rebord, une jambe se balançant dans le vide.

Mais elle n’était pas sous un charme. Car dès qu’Isabelle s’annonça, voilà que la princesse se tournait. Les fesses sur le rebord de fenêtre, elle mit une jambe au-dessus de l’autre, leva haut les épaules, posa ses deux mains sur son genou : elle se donnait un parfait air majestueux, un que seule une noble exercée pouvait reproduire aussi naturellement.

Mais elle fronçait des sourcils, bombait ses lèvres, et se donnait volontairement un air dur.

C’est là qu’Isabelle commit un horrible faux-pas : elle décida de s’asseoir avant d’en avoir l’autorisation. La princesse impériale — qu’elle le soit réellement ou non — sembla lancer des éclairs avec ses yeux, en voyant l’air débonnaire de la baronne.

Et donc, avec une voix ferme, mélodieuse mais stricte, Isabella annonça :

« La compagnie peut m’être plaisante. En modération.
Dites ce que vous avez à dire. »

Jet de charisme d’Isabelle : 12
Jet d’intelligence d’Adalmann (Malus : -8) : 3, réussite.

Sans ton aide, l’amiral se reprend au cours de la conversation.

Deuxième jet de charisme : 6
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Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par Isabelle Breitenbach »

La tentative de calmer l'amiral s'avéra être un cuisant échec. Isabelle eut un mouvement de recul en le voyant se déchaîner devant elle, de peur de prendre un coup. Ce provoqua une pique de douleur dans sa hanche, l'obligeant à agripper sa robe dans l'espoir de calmer la décharge.
Fort heureusement, la danse de folie d'Adalmann se calma aussi vite qu'elle avait commencé. L'homme finit par enfermer son visage entre ses doigts osseux, partant dans une respiration mélodieuse pour se détendre.

Lorsqu'il planta de nouveau son regard sur son interlocutrice, il était chargé de colère, de haine. Il voyait clairement dans son jeu, et n'aimait pas être ainsi manipulé. Décidément, la Dame de Mercure avait bien du mal à cerner ce personnage, sa démence si facile à exploiter quelques jours plus tôt se montrant bien récalcitrante.

Par réflexe, Breitenbach avait pris une mine choquée face à ces accusations. Mais il était bien inutile de continuer cette fantaisie plus longtemps. Son visage sembla couler lentement, ses yeux grands ouverts se refermant en deux fentes étroites aux pupilles sombres. Sa bouche se referma en une ligne courbée vers le bas, sévère, froide. Même sa posture évolua, à présent redressée, faisant pleinement face au vieil homme.

La baronne se maudit d'avoir oublié ses cigarettes dans sa chambre. Elle avait pris l'habitude de s'en griller une lorsqu'elle dévoilait un peu plus son jeu, comme pour s'offrir une compensation de devoir céder du terrain. Droite comme un piquet, elle laissa le silence s'installer un court instant, plongeant son regard cruel dans celui de l'amiral.
Elle était furieuse. Furieuse du temps que cet imbécile était en train de lui faire perdre, furieuse de voir sa volonté une fois de plus obstruée, furieuse de l'absurdité de la situation. Furieuse de cette putain de douleur qui lui massacrait le flanc gauche de son corps.

Lorsqu'elle brisa enfin ce moment d'apesanteur, la Dame de Fer parla d'une voix calme, posée, mais glaciale.


« Eh bien, vous revoilà! C'est difficile de savoir sur quel pied danser avec vous.
Accusez-moi tant que vous le souhaitez, amiral, mais sachez que vos "changements d'humeur" rendent particulièrement difficile toute conversation. Oui, vous êtes à l'asile, conscient de votre situation et de vos handicaps. Ça fait belle lurette que je ne suis plus Grande Trésorière, soit.
Mais demain, ou peut-être après-demain, vous serez de nouveau Grand Amiral, voguant sur les flots et planifiant la reconquête de Marienburg.
Et moi, je me retrouve à devoir faire preuve de toujours plus d'imagination pour converser avec vous. »


Isabelle croisa les bras, tapotant sa robe d'irritation.

« Vous le savez comme moi, quelque chose ne tourne pas rond dans cette maison de fou. J'en sais bien plus sur ce qui s'est déroulé cette nuit que vous ne pouvez l'imaginer. J'espérais que l'on pourrait se serrer les coudes dans notre détresse mutuelle, échanger nos informations pour tirer tout cela au clair. Mais si vous vous évertuez à me voir comme votre ennemi, peut-être que je perds mon temps à investir dans notre relation. »

Adalmann posa ensuite la main sur ses notes, Isabelle remarque la magnifique insigne qui les décorait. Ce n'était que des chiffres, des inventaires, des observations sur la marine, probablement terriblement obsolètes. En bref, rien qui ne pouvait intéresser la baronne. Encore une putain de perte de temps."
L'amiral était très curieux de savoir ce qu'elle leur voulait, à ces notes. Ne trouvant aucun intérêt à mentir, Breitenbach poussa un long soupir et répondit simplement.


« Je n'en sais foutrement rien. Encore et toujours des informations sur ce maudit endroit. Je nage dans le noir ici, et je déteste cela. »

Nouveau silence, sans jamais quitter son interlocuteur de son regard dur. Puis, Isabelle jeta un œil en direction de son Altesse. Elle était toujours là, mais pour combien de temps? De plus, sa colère continuait de grandir à l'encontre du vieillard dément, mieux valait s'en aller avant que cela n'explose. Sans dire un mot, elle entreprit de se lever, difficilement. Si elle parvint à contenir toute grimace, une terrible tension se lisait sur son visage, sur son corps, tant l'entreprise lui demandait de l'effort.

Une fois debout, la respiration un peu lourde, la Dame de Fer rangea sa chaise. Les mains posées sur sa canne, elle s'adressa une ultime fois à son interlocuteur, l'air un peu moins dur, plutôt fatigué.


« Navré de vous laisser ainsi, mais je dois m'entretenir avec son Altesse. Réfléchissez bien à ce que je vous ai dit et si vous trouvez en vous la force de me voir comme une alliée, alors nous pourrons reprendre notre conversation une prochaine fois. Grand Amiral. » Un petit hochement de tête et Breitenbach s'en fut, oubliant son assiette garnie sur la table d'Adalmann.


__________________________________________________________________



Une fois assise, Isabelle remarqua immédiatement son impair. "Merde! C'est une Princesse qui tu as en face de toi, bougre d'idiote, pas une clocharde!" Son entretien avec l'amiral avait profondément agacé la baronne, et elle avait négligé la procédure. Aussi, rester debout était une torture.
Breitenbach avait bien remarqué l'air sévère de son Altesse. Elle ne semblait pas particulièrement heureuse de voir son "amie", même avant qu'elle ne force sa compagnie. Elle était probablement au courant de la traîtrise de la magistère déchue. Encore bravo pour cette bourde monumentale! À présent, il lui fallait rafistoler leur relation.


« Oh, votre Altesse me pardonne! Je ne voulais pas forcer ma compagnie. J'avais besoin de m'asseoir et j'espère que vous me pardonnerez mon impair. »

La Dame de Fer fondait en Mercure, sa colère s'étant momentanément envolée.

« Avant toute chose, je me vois obligée de vous demander pardon, Isabella. Je vous ai causé un terrible tort depuis la dernière fois que nous nous sommes vues. J'ai trahi votre confiance. »

Mimant une terrible honte, Isabelle avait le regard fuyant, recroquevillée et les coudes enfermés dans ses mains.

« Vous m'aviez mise en garde contre Morell et... je n'en ai pas tenu compte. J'ai ma fierté, voyez-vous, et j'ai préféré le défier, plutôt que de laisser ce serpent m'ordonner. Quelle sotte je suis...
Ce monstre ne me porte pas non plus dans son cœur et sa position lui a permis de se venger. Il... il m'a droguée... plus que de raison, je pense. Je n'ai pas l'habitude et, sous l'influence, j'ai dit des choses... Ô par Sigmar, que je m'en veux. »


Isabelle enferma son visage dans ses mains et secoua la tête.

« Je ne me souviens plus exactement... Mon esprit était si embrumé. Je pense... non, je le sais... Je lui ai dit comment vous évitiez votre traitement. J'ai honte Isabella, si honte! Je n'avais même plus conscience que je m'adressais à Morell. J'ai laissé mon esprit vagabonder si loin. »

« Pourrez-vous me pardonner? Je comprendrais que non. J'ai laissé cet homme abject salir notre relation. Je vous considère comme une amie, la première personne à s'être montrée bonne avec moi à mon arrivée. Jamais je ne vous aurais porté pareil préjudice en toute conscience. Et jamais plus, je ne commettrai pareille horreur. J'ai appris ma leçon. »

Breitenbach feignait de ne pouvoir regarder son Altesse dans les yeux tant sa honte était forte. En vérité, elle anticipait réellement sa réaction. Peut-être que sa froideur n'était pas héritée par la traitrise d'Isabelle, mais pour toute autre chose. Peut-être qu'Isabella n'était pas au courant et se fermerait totalement à converser davantage avec la baronne. Mais il lui fallait prendre les devants, faire preuve d'une soi-disant sincérité plutôt que de laisser son Altesse l'exposer d'elle-même. Si elle se montrait compréhensive, alors leur amitié serait grandement renforcée.

« Cette nuit, vous avez entendu le boucan qui s'est déroulé dans l'asile, n'est-ce pas? »

Là, la magistère déchue observa très attentivement la réaction de son interlocutrice. Le reste de la conversation dépendrait entièrement de cet instant précis. Breitenbach n'était pas encore convaincue de pouvoir se confier à elle sur le sujet. Certes, elle avait affiché une profonde détresse la veille, avec ses ravisseurs. Mais l'étaient-ils vraiment, des ravisseurs? Quel était la nature de son lien avec eux? Peut-être considérait-elle cet entretien comme un mal nécessaire, devant rester secret. Auquel cas, son Altesse dénoncerait probablement la baronne auprès de ses mystérieux alliés.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le Grand-Amiral considéra longuement ses notes quand Isabelle les éloigna vite de son esprit. Il ricana un peu gras.

« Ah, c’est tous les mathématiciens, ça. Vous voulez prendre plein d’information et les catégoriser ensuite. Je suis un peu comme vous, mais ça ne m’a pas réussi, c’est un mauvais travers. »

Il attrapa le-dit carnet, et l’agita devant lui.

« Il n’y a aucune information sur l’asile, là-dedans. Mais il y a peut-être des informations sur ceux qui m’y ont emmené. Peut-être sont-ils les mêmes que vous, d’ailleurs.
Maintenant, magicienne, j’ai la sensation que c’est plutôt vous qui devriez m’emmener de la paperasse à lire, plutôt que l’inverse. Il y a beaucoup de choses de l’ère où j’étais au Conseil d’État dont je me souviens encore. »

Et avant de reprendre sa nourriture, il décida de conclure lui-même :

« La confiance ça se mérite, donnez-moi quelque chose la première, puisque c’est vous qui êtes venue me voir… »



Le problème avec les princes, ces nobles qui règnent sur les nobles, c’est qu’ils sont véritablement d’une autre espèce. Ils ne sont pas tous dignes de leur rang, bien sûr ; on connaissait des ducs Bretonniens impulsifs, des boyars Kislévites cyclothymiques, des électeurs de l’Empire sans amour-propre… Mais Isabella, si elle était réellement la sœur de Karl-Franz, paraissait vraiment aussi digne que devait l’être la sœur d’un Empereur — il était impossible de lire quoi que ce soit dans les traits de son visage. Toujours la même expression, la même posture, un calme alcyonien gravé sur une face de porcelaine. Ça allait être dur de discuter avec une personne à la tranquillité Elfique.

Parce que les auto-flagellations de la magicienne furent accueillies d’un air parfaitement laconique. Quand elle présenta ses excuses pour s’être assise sans permission, la princesse se contenta de répondre :

« Cela va. Nous sommes entre amies, vous n’avez point commis d’impair. »

Mais d’un air parfaitement froid, comme si la phrase était récitée par cœur.
Et quand la magicienne avoua qu’elle avait avoué la manière avec laquelle la princesse échappait à son traitement, Isabella fit la moue, et leva le menton, et c’est avec exactement le même ton qu’elle répliqua sèchement :

« Je suppose que j’ai ma part de faute. J’ai choisi de me confier avec une trop vive libéralité. Tout le monde n’est pas fait pour garder un secret, après tout… »

Elle avait parfaitement sorti ça avec une condescendance absolue — elle avait insulté Isabelle sans même en faire trop. Juste ce qu’il fallait de pique élégante, et ça lui avait pas pris plus de deux secondes de réflexion.


En revanche, quand le sujet de la nuit dernière était abordé, Isabella changea du tout au tout. Voilà que ses pupilles s’écarquillaient. Que son regard se faisait fuyant : elle se mit à observer le réfectoire, puis dehors, et mit un instant à observer à nouveau la magicienne dans les yeux. Elle agrippa son vêtement, près du genou, dans un tic pour empêcher le stress.
Le sujet semblait visiblement la mettre mal à l’aise. Mais au lieu d’imposer le silence, comme un prince ferait, elle décida de noyer très mal le poisson :

« Beaucoup de gens l’ont entendu, oui… Pour ma part, je dormais. C’est une histoire de… Entrée de gens extérieurs à l’asile, certes ? Je n’ai pas plus de détails, j’en demanderai au père Aldrachs : après tout, c’est lui qui était de garde pendant la nuit… »

Elle avait dit ça sans la moindre hésitation, mais il n’y avait qu’à la regarder tout droit pour se rendre compte qu’elle mentait.

« Enfin, rien n’a été cassé, rien n’a été volé… Pourquoi ? Avez-vous pu apercevoir les vilains ? Je pense qu’il vaudrait mieux ne pas trop en parler — je suis sûr qu’Aldrachs gère tout très bien… »
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Isabelle Breitenbach
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Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par Isabelle Breitenbach »

"En même temps, je l'ai pas volé..." Se dit Isabelle avec aigreur. La pique plus ou moins subtile, mais somptueusement délivrée par son Altesse, s'était glissée douloureusement dans le cœur de la vieille femme. Malgré la vérité incontestable de cette déclaration, la baronne ressentit une certaine colère à l'encontre de son interlocutrice.
Elle n'aimait pas se faire réprimander, ce n'était pas dans sa nature d'admettre ses erreurs. Or, Isabelle se pliait en quatre pour rafistoler ce semblant d'amitié qui les unissait. Si Isabella savait ce que cela coûtait à la Dame de Fer, elle se serait mise à genoux pour accepter ses excuses.

Ainsi, Breitenbach se sentait beaucoup moins compatissante à l'encontre de son "amie". C'est avec une délectation certaine qu'elle l'observa perdre totalement ses moyens à l'évocation des événements de la veille. Cette statue de charisme et de noblesse se retrouva à bafouiller tel un enfant aux lèvres recouvertes de chocolat après que sa mère l'ait interrogé sur le gâteau "mystérieusement" disparu.

Pourtant, la baronne ne savait toujours pas quelle manœuvre aborder pour continuer la conversation. Elle ne voulait pas encore dévoiler ses cartes, préférant faire preuve de davantage de prudence. La magistère déchue préférait que l'initiative vienne directement de la princesse, s'assurant ainsi que sa réaction ne serait pas négative... ou pire.


« J'ai vu... des choses, depuis ma chambre. J'étais réveillée et j'ai entendu crier dans la cour. Un prêtre de Shallya hurlait sur des hommes encapuchonnés. Il les disait de la Reiksgarde, mais cela ne l'empêchait pas de déchaîner toute sa colère. Ce satané Morell était aussi présent, ainsi que Maître Sageciel. »

Il était encore trop tôt pour mentionner la directrice. Breitenbach avait dit tout cela d'un air intéressé, mais sans en faire trop, espérant ainsi éviter de passer pour un témoin gênant. D'autres résidents de l'asile avaient probablement assisté à la scène, aussi, elle s'imaginait ne pas trop s'exposer. Pour l'instant.

C'était le moment d'attaquer. Elle aurait aimé pouvoir lier un contact physique avec Isabella en lui prenant la main, mais son rang de grande noblesse le lui interdisait.


« Votre Altesse... vous êtes rayonnante ce matin. Je veux dire, vous l'étiez au jour de notre rencontre. Mais vous me semblez... plus jeune?
Et pourtant, je sens que quelque chose pèse sur votre esprit. »


La baronne soupira et posa ses mains à plat sur la table.

« Isabella. Je... enfin, je veux dire. Vous pouvez vous confier à moi, vous savez? Et j'espère pouvoir en faire autant.
Sachez qu'après les erreurs que j'ai commises, plus jamais je ne baisserai ma garde. Jamais.
Morell ne nous attendra plus. Amies, et alliées, nous pourrons nous serrer les coudes »


La Dame de Mercure tenta d'afficher un sourire dont elle n'avait pas le secret. Une expression toute nouvelle, débordant de compassion et de bonté. "Ouvre ton visage. Sourcils en l'air et lèvres étirées, mais pas trop. Ouvre un peu la bouche aussi, mais évite tout point de tension sur ton visage. Voilà. Un peu plus d'hésitation, pour que ça semble improvisé, mais garde le contact visuel."

Isabelle se référençait sur les nombreuses personnes qui avaient espéré l'attendrir avec des histoires pitoyables. Elle ne s'était jamais laissée influencer de la sorte, ou plutôt si... mais pour donner l'effet inverse. Son jugement, ses décisions, prirent souvent plus de sévérité après ce genre de tentatives.
Mais aujourd'hui, c'était elle qui tentait la manigance, ressemblant ainsi à tous ces nigauds qu'elle s'était délectée à ruiner au cours de sa carrière.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

À nouveau, Isabella méritait sa réputation, usurpée ou non, de princesse du sang — elle ne montra que peu de choses sur son visage, bien qu’on la vît toujours nerveusement tripoter un morceau de sa robe, un moyen relativement peu discret de conjurer sa nervosité. Elle eut un petit mouvement de recul au moment où on la complimentait sur son apparence, puis, devant les supplications d’Isabelle, elle se contenta de mettre fin à ses paroles en levant la main avec autorité.

« La Reiksgarde, dites-vous ? Voilà d’étranges intrus. Cet ordre de chevalerie, le plus important de tout l’Empire, est voué à la sécurité de ma famille — peut-être certains d’entre eux ont-ils été trop zélés dans ma protection…
…Ou alors, et ça serait plus grave, peut-être est-ce que leur arrivée a un rapport avec les Jungfreuds d’Ubersreik. Le duc félon, qui a été mis au ban de notre nation, a des proches et des alliés à Altdorf, et il est nécessaire pour mon oncle, le sire-chancelier Immanuel, de les mettre aux fers. De là à les poursuivre de nuit dans un asile Shalléen, en revanche, c’est bien risquer un terrible scandale. Le chancelier n’est pourtant pas accoutumé à la chose… »


Elle noyait bien le poisson, et mentait comme si elle respirait — si Isabelle n’avait pas vu de ses propres yeux la princesse prise en otage par ces grands chevaliers, elle aurait presque pu croire que la noble dame était en effet en train de tirer des déductions très malines, qui lui permettaient de désamorcer les craintes de la magicienne sans pour autant en faire trop.

« Je me renseignerai discrètement sur la chose, en écrivant à leur grand-maître, Kurt Helborg — c’est un vieil ami. J’aurai ainsi le fin mot de cette histoire, et entendez-bien que je vous tiendrai au courant de sa réponse. »

Et elle fit un parfait sourire aimable, en ayant bien sûr ignoré le reste des propos de la magicienne.

« Vos séances avec le docteur Sageciel se passent-elles bien, d’ailleurs ? Il me semble que vous vous êtes présenté dans son cabinet — alors, comment était-ce ?
J’ai trouvé qu’il avait un talent incroyable, même si l’hypnotisme est un art vraiment… Étrange. Et qui inquiète. »

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Isabelle Breitenbach
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Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Isabelle écoutait la princesse parler, sentant la colère monter en elle. Alors que son interlocutrice étalait toujours plus son mensonge habilement ficelé, le visage jusque-là bienveillant de la magistère déchue se fêla. Il était de plus en plus difficile pour elle de se contenir, sa jambe pulsant d'une douleur croissante, féroce.

Depuis son entretien avec l'amiral, la vieille sorcière se sentait lentement dériver. Les épreuves de la veille, les désillusions d'Adalmann et à présent les faux-semblants à l'égard d'Isabella. La baronne jouait dangereusement avec sa propre mémoire en se faisant ainsi passer pour ce qu'elle n'était pas. Or, tout particulièrement en cette matinée, sa psyché ne pouvait en tolérer plus.
Les mots se mélangeaient dans sa tête, tout comme ses pensées. Le présent se dilua soudain.

Le regard d'Isabelle se perdit au loin, alors que son l'environnement se dissipait petit à petit. Les paroles de son Altesse n'avaient plus qu'une consistance musicale, éthérée. La fatigue qui s'était accumulée dans le corps de la baronne s'attaquait maintenant à son esprit, rongeant sa vigilance pour la réduire à son minimum. Elle était seule avec elle-même, de nouveau enfermée dans son propre crâne.

Un son, un écho, un mot... ou plutôt un nom, résonna en elle. Sageciel? Non, ce n'était pas celui-là. Elle l'avait entendu un peu plus tôt et il s'était coincé dans sa tête.


« Kurt Helborg... Kurt. Il va finir comme Valten, non? Il était dangereux lui aussi... »

Oui, c'était bien ce qu'elle avait entendu cette nuit. L'homme roux ne voulait PAS que cela sorte de la pièce. C'était donc le chef de la Reiksgarde que les chevaliers avaient l'intention de supprimer? Kurt est un prénom très courant, peut-être que ces deux personnages étaient bien distincts.

Breitenbach cligna des yeux pour découvrir le visage de son Altesse, toujours assise en face d'elle. Prenant quelques secondes à réaliser ce qu'il venait de se passer, son sang se gela soudain. Venait-elle de prononcer cette phrase à voix haute en s'imaginant converser avec elle-même?!
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