[Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

L’Empereur Karl Franz siège à Altdorf, capitale impériale depuis. Altdorf est un carrefour du savoir et son université est l’institution académique la plus respectée de tout l’Empire. Là, les seigneurs et les princes de nombreux pays viennent s’asseoir aux pieds des plus grands penseurs du Vieux Monde. Altdorf est aussi le centre du savoir magique et ses huit collèges de magie sont fort justement réputés bien au-delà du Vieux Monde. Altdorf est une ville affairée, avec un nombre important d’étrangers, de commerçants et d’aventuriers. La cour impériale elle-même engendre une activité économique florissante, qui attire toutes sortes de gens.

Modérateur : Equipe MJ

Avatar du membre
[MJ] La Fée Enchanteresse
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Messages : 877
Autres comptes : Armand de Lyrie

Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le temps sembla filer à travers les yeux d’Isabelle — tenir le rêve devenait de plus en plus compliqué, tous les détails autour d’elle, de la guerre, des cris, des visages des combattants… Tout ça à devoir penser semblait l’éreinter. Guidée par les suggestions de Sageciel, Isabelle pouvait voir le terrain changer sous ses yeux. Des barrières magiques semblèrent apparaître sur la berge, des cadavres disparaissaient pour être remplacés par des arbalétriers planqués derrière des palissades, et tous les soldats tenant le gué attendaient fermement.


Les bombardes arrêtèrent de tirer. Enfin, il n’y avait plus ce déluge de roquettes, de boulets et d’arquebusades. Même les flèches ne volaient plus. Il y avait soudain un lourd moment de quiétude, et de silence complet. On entendait pas les oiseaux chanter — ils s’étaient tous fait la mal. En revanche, on entendait bel et bien le fleuve couler, et une sorte de vrombissement émaner de là où Chamon était le plus fort. C’était reposant.


Puis, de l’autre côté du gué, il y eut une voix mâle, chantante, qui hurla un ordre porté par l’écho du terrain :


«Squadrone! Forma i ranghi! Preparati a marciare! »

L’un des arbalétriers du côté de la ville de Trantio hurla à son tour à ses hommes :

« Encochez ! Attendez mon signal ! »

Il y eut alors des dizaines de cliquetis métalliques. Plusieurs des arbalétriers embrassèrent des bijoux ou des amulettes, alors qu’ils posaient leur arbalète contre l’épaule. Nul doute qu’en face aussi, ils devaient prier.


« Per Miragliano, avanti marcia! »
« HA ! HA ! HA ! »



Et alors, en face, ils se mettaient à jouer de la musique. Du fifre et du tambour. Et la terre se mit à trembler, fort, comme si le sol lui-même se déplaçait.
Et sous les yeux d’Isabelle, il y avait la plus grosse armée qu’elle aie jamais vue de toute sa vie :
Image


Des dizaines et des dizaines et des dizaines de cavaliers rutilants en armures de plates des pieds à la tête. L’élite de l’armée de Borgio, faite de tous les fils de la noblesse et du patriciat urbain des principautés du nord de la Tilée. Ils allaient à travers le gué, l’eau montant jusqu’aux ventres de leurs gigantesques destriers, sabres au clair, lances sous l’aisselle, têtes fières et hautes. Et des bannières claquaient au vent, de différentes compagnies et unités.
C’était une vision aussi terrifiante que magnifique. Parce que toute cette armée en marche, avec tout leur métal, ils ne pouvaient qu’attirer le vent doré. Ils semblaient rayonner, aux yeux d’Isabelle, qui ne pouvait être que bouche bée.


Et au milieu de toute cette masse de guerriers professionnels, et courageux, tout devant en première ligne, l’alchimiste eut envie de se frotter les yeux — parce qu’il y avait une personne qui ne portait pas d’armure. Il y avait une personne qui chevauchait avec les deux jambes du même côté de la selle, en Amazone. Il y avait une personne avec les cheveux au vent, et portant une robe décolletée.
Image


Lucrezzia Belladonna. Le nom était gravé dans l’esprit d’Isabelle. Une immense peur l’envahit. Elle, qui était si fière, avait été humiliée — et si humiliée qu’elle ne voudrait jamais se venger.

Lucrezzia souriait, d’un tout petit sourire satisfait. Et la voilà qui leva la main, et se mit à chanter très fort, comme une cantatrice, si strident qu’elle aurait pu faire sauter du verre — mais elle se contenta de faire exploser en un instant toutes les barrières qu’Isabelle avait posées.

Et alors, les cavaliers frappèrent de leurs étriers, et passèrent du pas au trot.

« On est tous morts ! » souffla Leutze avec les yeux écarquillés.
« ARBALÉTRIERS, DÉCOCHEZ ! »


Lentement, les yeux d’Isabelle se rouvrirent. Elle vit à nouveau le plafond et toutes ses constellations, même si c’était un peu trouble. La prêtresse de Shallya lui mit des gouttes dans les yeux, et la laissa ainsi quelques secondes dans la même position, avant de redéplacer très légèrement le fauteuil pour que la magistère puisse être plus assise que couchée.

Sageciel était en train de prendre des notes. Il gratta quelques mots sur un papier, puis rangea son petit bijou avec lequel il avait débuté l’hypnose.

« Vous n’auriez peut-être pas dû commencer avec un tel souvenir. J’ignore pourquoi votre psyché a choisi un tel moment, aussi naturellement… Cela me semble dire que vous vous sentiez le plus à votre place, dans votre vie, au milieu d’un champ de bataille.
Est-ce que vous partagez ma vision de la chose ? Ou vous avez une autre théorie ? »

Il laissa Isabelle répondre, ou pas, en écoutant attentivement. L’Elfe semblait aussi curieux que respectueux de sa patiente.

« Avez-vous fait des progrès ? Pensez-vous qu’il y a des questions auxquelles vous avez plus envie de répondre que d’autres ?
Je pense que sommes toutes, cette première séance a été un succès. Je me dois de vous féliciter — ce fut un grand effort pour vous et votre esprit. Vous allez mériter un peu de repos, et bien manger ce soir. »


Jet de mémoire : 8, réussite
Image

Avatar du membre
Isabelle Breitenbach
Monster Vieux Monde 2022
Monster Vieux Monde 2022
Messages : 100
Profil : FOR 8/ END 8/ HAB 9/ CHAR 10/ INT 13/ INI 9/ ATT 8*/ PAR 8*/ TIR 9/ MAG 13/ NA 1/ PV 70/70
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isabelle_breitenbach
Autres comptes : Helveticus Matix, Necros Ahmôsis (en hibernation), Malbalor (décédé)

Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Isabelle était épuisée. Chaque fibre qui constituait cet immense tableau mouvant semblait au bord de la rupture, la seule chose les gardant unies entre elles étant la volonté vacillante de la vieille sorcière. Elle se sentait telles les fondations d'un château millénaire, ondulant sous la force d'une violente tempête. Les détails se floutaient pour se réarranger, signifiant bien que le souvenir hésitait. Ici, un cadavre n'en était plus un. Là, un cratère se rebouchait.
Les barrières finirent même par apparaître d'elles-mêmes, sans qu'aucune magicienne ne se déplace pour les incanter. Ce n'était pas cohérent, mais la psyché de Breitenbach tentait tant bien que mal de racoler les morceaux.

La fatigue était une cause certaine de ces soudaines perturbations. Mais pas que... L'ancienne magistère anticipait quelque chose dont elle ne se rappelait pas encore. Quelque chose qui provoquait en elle une profonde nervosité. Était-ce l'immersion dans la bataille à venir? Non plus. Quelque chose de gros, en pleine gestation, grandissait derrière la toile de la peinture mémorielle. Isabelle sentait cet univers se "bomber", se déformer petit à petit, alors que les soldats ennemis s'approchaient. Malgré leur nombre effarant, ils n'étaient pas la cause de cette tumeur qui déformait la toile, de ce monstre qui cherchait à faire son entrée.

Car la Dame de Fer du passé, elle, était toujours prête à en découdre, accompagnée de ses collègues et amies. L'armée ennemie s'approchait, des ordres étaient hurlés, mais le plan ficelé par Breitenbach pourrait toujours renverser la tendance. Tant de métal, tant d'armures qui faisaient chanter Chamon comme jamais la sorcière ne l'avait entendu auparavant. Tout comme elle, Leutze était galvanisée par un tel potentiel aethyrique. Un carnage s'annonçait, et la Compagnie d'Aventure de la Dame de Fer allait en mener la danse.

Mais alors, pourquoi diable la vieille magicienne était aussi nerveuse?

La tumeur perça enfin la toile, envahissant le tableau d'une silhouette qui inspira une profonde terreur à Isabelle. Une femme, en amazone sur son cheval, si belle que c'en était une offense, souriait. Elle l'avait immédiatement reconnue, Lucrezzia Belladonna, la plus belle femme de Tilée, et probablement la plus puissante. Par cette simple apparition, la situation était soudain devenue plus désespérée que jamais.

Un chant, un geste de la main, et Belladonna fit voler en éclats les barrières magnétiques de la Dame de Fer. Cette dernière n'en fut pas surpris, contemplant la scène avec un défaitisme absolu. Les paroles de Leutze résonnèrent tel un écho lointain. Isabelle tourna le dos à la scène catastrophe pour observer ses compagnons d'armes, ses amis, qu'elle avait personnellement jetés dans la gueule du loup. Ils allaient tous mourir par sa faute.

Et alors? Ne s'étaient-ils pas promis de crever ensembles? Ah pour cela, Isabelle avait tenu sa part du contrat, ainsi que celle des autres! Son erreur, sa terrible erreur, était faite. Point. Au moins n'aurait-elle pas à vivre avec ses conséquences!

La jeune Breitenbach fit donc face pendant qu'on ordonnait aux archers de décocher. Sa vie s’achèverait bien tôt, mais l'arme en mains. Certes, les autres apprentis du collège et plusieurs magisters se satisferaient d'être enfin débarrassés d'elle, mais ils ne pourraient pas l'accuser de couardise. Le masque resterait en place, un masque en fer rigide, imperturbable.


_________________________________________________________

Seulement voilà, Isabelle Breitenbach avait apparemment survécu. La vieille sorcière, dans le fauteuil du bureau de Sageciel, ne partageait aucunement l'ardeur de la jeune version d'elle-même. Agitée, furieuse malgré la drogue, elle refusait catégoriquement d'aller plus loin dans son souvenir. Que s'était-il passé? Comment avait-elle survécu? Qu'en était-il de ses compagnons d'arme? Impossible à dire, mais le simple fait d'y penser la plongeait dans une détresse abominable.

Son esprit se verrouilla, la Rouille se reformant brusquement sur le reste du souvenir, expulsant l'ancienne magistère de son propre Labyrinthe Mental.
Cette terrible défaite, elle ne voulait pas la revivre, rejetant de son esprit la vision de Lucrezzia Belladonna. Cette femme, elle l'avait vaincue d'une manière si terrible, si franche, que la Dame de Fer elle-même ne pouvait que l'accepter. Ce personnage représentait davantage une fatalité plutôt qu'un réel adversaire.

Isabelle rouvrit les yeux, la respiration haletante. Elle avait énormément de mal à se situer dans ce nouvel environnement, à reprendre le contrôle de sa personne. Ses yeux furetaient partout, captant un maximum d'informations qui n'avaient pas réellement de sens.
On approcha quelque chose de ses yeux et la sorcière eut un vif mouvement de recul. Elle ne se laissa faire qu'après plusieurs tentatives, mais à contrecœur, le regard mauvais.

Sageciel... Oui, c'était la Voix. Sageciel griffonnait sur son calepin tout en posant des questions. Il pensait que le choix du souvenir n'avait pas été le plus judicieux. Ô combien avait-il raison! Mais Isabelle resta bouche close, refusant de répondre à ses remarques et autres suggestions. Elle ne voulait PAS en parler. L'expérience était trop fraîche, elle se sentait encore sonnée.

Le regard fuyant, les sourcils froncés, la vieille femme s'obstina dans son mutisme. Sageciel la forçait à remettre la main dans l'eau bouillante et Isabelle en était incapable.
Elle avait pourtant sa propre analyse de la chose, légèrement différente de celle de l'elfe. Sa place, elle variait entre les époques. Apprentie, puis compagnon sorcière avec ses frères et sœurs d'arme et enfin magistère puis Grande Trésorière de l'Ordre Doré. Elle avait autant chéri l'aventure que les jeux d'influence, sa relation avec ses amis autant qu'avec ses ennemis. La férocité des combats, l'apprentissage de la magie, les jeux d'ombres, voilà ce qui avait forgé la Dame de Fer, cette femme terrifiante aujourd'hui réduite à l'état de vieillarde internée.

Le désir de revisiter ce souvenir précis trouvait plusieurs raisons. Déjà, il appartenait à la période la plus oubliée de sa vie. Sa carrière au Collège, régie par un quotidien beaucoup plus stable, était plus facilement reconstituable que les aventures et autres voyages uniques qu'elle avait accomplis dans sa jeunesse.

Ensuite, si les intrigues de l'Ordre Doré restaient palpitantes, la vieille Breitenbach les associaient souvent à son ultime trahison. Car durant ces jeux de pouvoir, elle avait misé sur la voie solitaire, fermée à toute notion d'amitié véritable. Il n'y avait que des relations professionnelles, des accords, du chantage, de l'intimidation.

Or, cette solitude, Isabelle l'avait pleinement subie après avoir été remerciée. Isolée dans son manoir, elle avait lentement glissé dans la décadence. C'est pour cela que le souvenir du tableau lui paraissait plus attrayant... du moins avant de s'être replongée dedans.

Lorsque l'elfe changea de sujet pour féliciter Isabelle, cette dernière se détendit. Elle se moquait bien de toute flatterie, mais au moins, il ne cherchait plus à creuser le souvenir de la bataille. L'alchimiste passa le dos de sa main sur son front pour en éponger la sueur, mais il était, lui aussi, humide, soldant sa tentative par un échec désagréable.
Elle tourna la tête pour s'adresse au Maître. Puis se ravisa, remarquant l'assistante présente dans la pièce. Sans vraiment savoir pourquoi, la Dame de Fer s'en méfia soudain.


« Pouvons-nous parler seuls? »

Isabelle attendit que l'assistante ne quitte la pièce, suivant attentivement sa démarche. Puis, elle reporta son attention sur Sageciel.

« Oui, j'ai bien une question. Tout à l'heure, pendant vos... vos manipulations. Je vous ai entendu chanter. Vous domptiez le Vent Bleu? Azyr, oui? » Elle soupira en hochant la tête.

« Je ne suis même plus capable de différencier la manipulation d'un simple chant. Moi, une magistère du Collège Doré! C'est... c'est dangereux. Tout ce savoir, toutes ces années de sensibilisation à l'étude et à la maîtrise de l'aethyr, envolées. Mais le potentiel reste là et... eh bien j'ai peur »

C'était probablement la seule personne avec qui Isabelle pouvait en parler sans risquer une levée de bouclier. Un elfe, se disait-elle, même s'il n'était pas affilié aux vents - mais ne l'étaient-ils pas tous? - devait être plus ouvert sur le sujet. La magicienne se garda bien tout de même de prononcer le mot "catastrophe" ou "drame", de peur qu'on ne la considère comme dangereuse, corruptible. Elle ne faisait que les suggérer lointainement.

« Bref, je voudrais retrouver ma maîtrise. Un contrôle sain. Je ne souhaite pas utiliser de magie, surtout pas ici. Je risquerais immédiatement la Pacification. Mais au moins, je me sentirais en sécurité... de moi-même.
Auriez-vous des conseils à me donner? C'est un sujet sensible que je n'ose pas partager avec n'importe qui.
Je pense en tout cas que ma prochaine séance devrait se focaliser là-dessus. »


Évidemment, la sorcière jaune parlait en demi-vérité. Oui, sa situation était dangereuse, car un corps affilié au contrôle d'un vent pendant tant d'années demandait une certaine expertise que la vieille Breitenbach n'avait plus. Mais ce n'était pas pour les autres qu'elle voulait reprendre sa maîtrise. Isabelle comptait bien regagner son pouvoir, ses capacités, pour les déchaîner au moment opportun.
Elle ne serait plus baladée comme un vulgaire chiffon sale, on l'écouterait avec tout le sérieux que la Dame de Fer mérite.



Une fois cette conversation terminée, l'ancienne magistère suivit les conseils du Maître elfe. D'abord un bon repas, puis elle regagna sa chambre. Mais avant de se coucher, Isabelle prit bien le temps de noter dans son calepin toutes les informations qu'elle avait redécouvertes au cours de sa séance d'hypnose. Car malgré une chute très désagréable, cette expérience avait énormément apporté à la vieille Breitenbach.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
Profil: For 8 | End 8 | Hab 9 | Cha 10 | Int 13 | Ini 9 | Att 8* | Par 8* | Tir 9 | Foi 0 | Mag 13 | NA 1 | PV 70/70
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isabelle_breitenbach
États :
► Afficher le texte
Compétences :
► Afficher le texte
Équipement :
► Afficher le texte
Archidoxis :
► Afficher le texte
Liste des "Sursis" :
Warfo Award 2021 du meilleur PJ - Ecriture
Warfo Award 2022 du monster Vieux Monde

Image

Avatar du membre
[MJ] La Fée Enchanteresse
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Messages : 877
Autres comptes : Armand de Lyrie

Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Sageciel ne s’opposa pas au départ de la prêtresse de Shallya, même si la requête d’Isabelle sembla attirer sa curiosité. Et il ne fut pas déçu ; une sorte de petit sourire aimable se dessina dans les traits de son visage, alors qu’elle parlait de l’art, la magie.

Comme s’il souhaitait se faire mousser, il s’enfonça un peu dans son fauteuil, alors qu’il pérorait d’un petit ton agréable — même quand ils étaient hautains, les Asur parvenaient à être élégants.

« Ne vous en prenez pas à vous-même. Nos chants sont liés à la magie, et notre magie est liée aux chants. En fait, d’où je viens, nous n’aimons pas trop séparer les deux…
Je ne suis pas, à proprement parler, éduqué dans l’utilisation d’envoûtements. Mais il est vrai que vous avez reconnu le langage des Cieux là-haut. »


Il leva la tête au plafond, là où un peintre avait passé un sacré moment à dessiner les constellations sur une immense fresque.

« Azyr permet de voyager et de penser au futur. De la même manière qu’un astronome est capable de prédire le mouvement des corps célestes, un astromancien peut tenter de prévoir le mouvement des corps magiques. Je le trouve… Utile, dans ma profession. Azyr incite à la contemplation, au calme, à la sérénité… »

Il perdit son regard dans les étoiles, alors qu’il continuait son discours.

« Vous êtes une magicienne liée à Chamon. Vous avez modifié votre corps et votre esprit au cours de vos longues années, non pas pour mieux utiliser ce Vent, mais pour qu’il vous utilise mieux. Vous savez comment chacun des vents a un opposé qui flotte en face ? C’est assez évident avec Ulgu et Hysh — Ombre et Lumière, Jour et Nuit. Chamon, pourtant, est opposé à un vent assez étrange… Shyish. »

Le vent de la Mort. Sageciel racontait des choses qu’Isabelle connaissait déjà, et elle n’était pas certaine d’où il voulait en venir — oui, pour elle, la Mort s’occupe des choses organiques, alors que le Métal s’occupe des choses minérales ; mais ça ne marchait pas vraiment, car Ghyran le vent de la Vie, ou Ghur le vent des Bêtes, auraient été des opposés plus évidents à sa façon de pratiquer la magie…

« Shyish représente le temps qui passe. Tout se modifie, tout se transforme, et surtout, tout se perd. C’est un sablier qui s’écoule lentement. Chamon lui résiste, en recréant la matière, en la transformant d’elle-même, sans attendre la décomposition — ou la rouille, dans le cas des machines que vous fabriquez.
Je ne vais pas mentir. Nous Elfes, avons beau être les maîtres de la magie, Chamon est un morceau qui nous échappe. Je ne prie pas assez Vaul le Dieu Elfe de la forge pour bien l’appréhender. C’est une énigme à mes yeux. Je pense que, sur ce point-là, c’est plus votre expérience qui va être enrichissante pour moi. C’est vous qui avez des choses à m’apprendre. »


Et alors, il cessa de rêvasser en regardant le plafond. Il tourna son visage vers la magicienne, en lui offrant un sourire ravageur, les lèvres plissées.

Était… Était-il en train de la draguer ?

« Chamon fait partie de vous. Ce n’est pas vous qui domptez ce vent, c’est le vent qui s’est insufflé dans votre corps.
Vous souffrez de… Troubles anormaux pour une personne de votre âge — vous êtes encore jeune, hé oui, je vous l’assure. Votre esprit et votre corps, à votre âge, ne sont pas censés être si atteints. C’est pour cela qu’être ici est à mes yeux une opportunité pour vous.
Peut-être devriez-vous obtenir un peu de matériel ? Vous étiez ingénieur, dans le temps. Je… Attendez. »


Il leva un doigt, et sauta de sa chaise comme un diable. Il alla vers son bureau, ouvrit un tiroir, le referma, en ouvrit un autre, puis une petite porte. Alors qu’Isabelle le regardait faire, il se mit à piailler :

« On m’a offert un cadeau, il y a longtemps. Un objet qui m’était cher. Je ne peux plus l’utiliser, et je me demandais si…
Ah ! »


Avec un sourire satisfait, il plaça quelque chose dans sa main. Il contourna le bureau, trotta vers la chaise longue d’Isabelle, et lui toucha le poignet pour qu’elle se retrouve avec une chose au creux de la main.
Un objet froid, dur.
Doré.
Image


Une boussole. Isabelle tenta de bouger l’objet dans ses mains ; il y avait des sortes de cadrans, avec des chiffres, qui formaient des cercles semblant interagir entre eux, alors qu’elle le manipulait soigneusement. L’objet avait vu de meilleurs jours ; sa petite vitre était fendillée, et plusieurs des traits mesureurs avaient été grattés à la surface.


« L’alchimie n’est pas limitée au Collège Doré. Toutes les formes de magie l’utilisent. Les montres sont sacrées pour Shyish, les herboristes préparent des potions, et dans le cas de cet astrolabe… Hé bien, évidemment, ça intéresse Azyr.
C’était un cadeau de mon père. Il m’a beaucoup servi à l’époque où je voyageais sur les mers. Depuis que je suis plus sédentaire, je n’en ai plus eu l’utilité. Il est cassé, la flèche n’indique plus le nord depuis longtemps.
Je me dis que, tenter de réparer cet objet pourrait ré-illuminer votre esprit. Ça me semble assez complexe pour être un exercice intéressant. Et puis, les magistères dorés aiment que les choses aient une fonction. »


Petit sourire taquin. Beaucoup trop taquin.

C’était assez marrant, que son « cadeau » soit juste du boulot gratuit filé à Isabelle. Pourtant, le projet avait effectivement de quoi être ambitieux pour elle ; il lui demandait d’utiliser le magnétisme, le genre de phénomène qui était à la limite exacte entre le surnaturel et le naturel. Les astromanciens d’Azyr en étaient experts, mais évidemment que les magiciens dorés avaient besoin d’apprendre à comprendre et utiliser des aimants pour leurs créations.

Isabelle n’avait pas la moindre foutue idée de comment réparer un astrolabe. Mais bizarrement, elle pensait que Bismuth avait été construit avec le même phénomène : le golem tenait bien trop en place, dans ses souvenirs. Plus que par de simples rivets.

À elle de juger si elle avait envie ou pas…



Après avoir quitté le bureau de Sageciel, l’aide-soignant de tout à l’heure revint pour la raccompagner en sécurité vers l’ascenseur. Il allait la ramener au réfectoire, puis elle pourrait atteindre sa chambre seule, et se reposer.

Mais il y eut quelque chose sur le chemin. Quand elle passa devant la grande entrée de l’asile, elle vit qu’une voiture s’était gardée, avec des hommes en blouses blanches qui ouvraient le coffre pour récupérer quelques affaires. Puis l’un s’approcha de la portière, et l’ouvrit. Une patiente était de retour : Isabella von Holswig-Abenauer, ou du moins, celle qui prétendait l’être. La fausse-princesse était à nouveau de retour de l’hospice de Frederheim, probablement pour revoir son docteur.


Isabelle avait du mal à dormir. La séance d’hypnose l’avait fatiguée, mais ironiquement, c’était une fatigue qui ne donnait pas envie de fermer les yeux. Elle était plus abattue que vraiment somnolente, et Mórr refusait de la prendre dans ses bras.

Un instant, alors qu’elle faisait sa vie dans cette chambre, elle vit quelque chose d’inhabituel qui attirait son attention par la fenêtre ; elle approcha son regard, alors qu’elle observait la cour extérieure. C’était là que les soldats invalides faisaient leurs exercices le matin, un bon moyen de se rincer l’œil à peu de frais en prenant son thé. Normalement, la nuit, il n’y avait aucun bruit qui venait de là, hormis celui de l’eau d’une fontaine.

D’abord, il n’y avait rien. Pas même un chat. Et puis, elle vit la porte de la cour s’entrouvrir, et une grande silhouette noire passer devant. Il fit le tour, puis s’arrêta pour faire le piquet au beau milieu du pavé. Il fit un signe de la main, et alors les portes s’ouvrirent plus franchement, et suivirent derrière lui d’autres silhouettes : deux, trois, quatre… Une huitaine d’ombres, tous vêtus de grands manteaux noirs, avec des capuches sur la tête — on aurait dit une procession de Morriens. Quelqu’un était mort ? Non — si c’étaient des croques—Mórr, ils seraient venus avec un véhicule, au moins une charrette pour embarquer le cercueil. Ceux-là avaient bien leurs mains dans les poches, et lançaient des regards suspicieux vers les fenêtres.
Ils entrèrent tous dans l’asile par la petite porte, mais sans casser un carreau ou passer deux minutes devant la porte : ils avaient une clé, et ils ne craignaient pas d’être houspillés par les aide-soignants. Ils n’étaient donc pas des cambrioleurs, a priori.

Mais que foutaient-ils là ? Qui étaient-ils ? Il y avait de quoi être inquiet…


Jet d’intelligence (Bonus : +2) : 17, échec. Tu sais globalement que le magnétisme existe, et que tu l’as su. Mais là, comme ça, à froid, aucune idée de comment l’utiliser…


Jet de perception (Malus : Nocturne : -2) : 14. Tu vois des gens, mais pas beaucoup plus.
Image

Avatar du membre
Isabelle Breitenbach
Monster Vieux Monde 2022
Monster Vieux Monde 2022
Messages : 100
Profil : FOR 8/ END 8/ HAB 9/ CHAR 10/ INT 13/ INI 9/ ATT 8*/ PAR 8*/ TIR 9/ MAG 13/ NA 1/ PV 70/70
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isabelle_breitenbach
Autres comptes : Helveticus Matix, Necros Ahmôsis (en hibernation), Malbalor (décédé)

Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par Isabelle Breitenbach »

C'était inattendu... ou plutôt surprenant. Isabelle s'était habituée à ce que ses demandes soient répondues par un refus catégorique d’obtempérer. Intérieurement, alors même qu'elle posait la question, la vieille sorcière s'attendait à un certain malaise de la part de l'elfe, avant qu'il n'écourte brusquement la séance.

Eh bien non, bien au contraire. Le sujet semblait intéresser tout particulièrement Sageciel, et voilà que ce n'était en tant que patiente qu'elle se tenait devant lui, mais plutôt en élève.
Il répondit à ses interrogations sur la nature de ses chants, sans pour autant assouvir toute la curiosité de Breitenbach. Oui, ce chant s'affiliait bien au vent Bleu, mais le manipulait-il réellement? Ou n'était-ce qu'une formule savamment répétée? Après tout, il ne suffisait pas de parler pour lancer un sort.
Elle en savait trop peu sur ces créatures, sur l'intimité de leur connexion avec l'aethyr.

Chez les humains, c'était plus simple : soit on pouvait interagir avec les vents, soit on ne le pouvait pas, point. Mais la société des Asurs était, dans son ensemble, profondément liée avec la magie. Du moins, c'est ce qu'Isabelle avait toujours imaginé.
Si seulement sa sensibilité ne s'était pas dégradée à ce point, alors pourrait-elle "sentir" l'aura qui se dégageait de Sageciel, l'identifier.

Isabelle reposa sa tête sur le dossier de sa chaise, se perdant à son tour dans ses réflexions.


« Des chants... J'imagine que nous aussi, nous chantons pour incanter, sans réellement nous en rendre compte. J'ai fini par considérer que ces formules nous permettaient de modeler, de contrôler l'aethyr. Comme beaucoup de mes collègues d'ailleurs.
C'est amusant de voir que notre évolution, notre maturation en tant que sorciers, finit par s'éloigner de la vôtre. Jeunes apprentis, cette matière ésotérique nous est étrangère. Nous ne sommes que vassaux de son pouvoir, il faut nous y accommoder.

« Puis, avec le temps, cette vision s'étiole alors que nous nous convainquons de le contrôler, de le plier à notre volonté. Pourtant, les formules restent les mêmes et la moindre erreur peut s'avérer catastrophique.
Le Vent, lui, marque notre corps. »
Isabelle tapota son œil métallique, produisant un tintement au contact de son ongle. « Alors que nous ne laissons aucune trace sur lui. »

Quelle fascinante créature que celle qui se tenait devant la Dame de Fer! Tant de mystères, tant de questions qui se bousculaient dans la tête de Breitenbach. Ne voulant pas le freiner dans son cours, elle ne se permit d'en poser qu'une seule.

« Les vôtres sont-ils tous des manipulateurs innés de l'aethyr? Si oui, comment passer à côté d'un tel pouvoir? »

Isabelle ne pouvait le concevoir. Elle faisait partie de quelques rares élus, une exception au sein de l'humanité. Se détourner de ce potentiel serait une offense à sa propre condition. Offense qu'elle avait commise d'ailleurs, au cours des dernières décennies. Sageciel, lui, n'avait pas choisi cette voie, ce qui provoquait un étrange mélange de fascination et de consternation auprès de la sorcière jaune.
Mais avait-elle seulement eu le choix? Ce n'était pas elle, jeune enfant difficile, qui avait choisi d'intégrer le Collège Doré. C'étaient ces traîtres de Breitenbach qui l'avaient vendue.

La baronne se contenta ensuite d'écouter. L'Asur expliqua la nature du vent doré, ainsi que son opposition avec le vent violet. Cette antinomie d'apparence incohérente trouvait tout son sens depuis les lèvres de Sageciel. Évidemment, tout cela, Isabelle l'avait déjà appris dans sa jeunesse, au cours de ses études académiques. Mais oubliées depuis, elle les redécouvrait auprès du maître, ce mentor incongru et passionnant.
Même lorsque sa tête fonctionnait encore pleinement, la magistère avait probablement moins prêté attention à ce genre de vérités fondamentales vers la fin de sa carrière. Tout lui était acquis, elle explorait d'autres horizons scientifiques sans prendre garde de se souvenir des bases.

L'ancienne magistère buvait goulûment ces paroles, portant toute son attention sur cette créature qui, elle, semblait rêvasser. Et puis soudain, la créature se concentra sur elle. Un fantastique sourire la percuta de plein fouet et Isabelle se trouvait heureuse d'être déjà assise.
Que se passait-il? Ce charme se dirigeait-il vers elle? Vraiment?!

Au cours de sa vie, Isabelle avait souvent réagi d'une certaine manière à la drague d'autrui. Relever le menton, pincer les lèvres, plisser les yeux, faire perdre toute accroche au malheureux. C'était elle qui dominait et tout amant potentiel devrait briser un mur d'acier avant de recevoir un semblant d'approbation. Breitenbach avait été belle dans sa jeunesse et bien des partisans s'étaient cassé les dents sur la Dame de Fer.

Mais ici, aujourd'hui, la baronne était totalement démunie. Menton contre la poitrine, bouche entrebâillée, yeux grand ouverts, elle était subjuguée. Les mots de l'Asur troublèrent Isabelle. Il parlait de son corps, de son âge, y trouvant une incohérence. Mais où voulait-il donc en venir? Les elfes sont des créatures millénaires, dont l'espérance de vie humaine défile à leurs yeux tel un battement de cils. Se moquait-il de sa nature? De la faiblesse de son être? Non, il n'y avait aucune malice dans ses paroles.

Lorsqu'il jaillit de sa chaise, brisant cet instant lunaire, hors du temps, Breitenbach sursauta. Elle le suivit du regard, toujours hagard, l'observant fouiller dans son bureau. Quant il revint enfin vers elle, Isabelle ne put immédiatement identifier l'objet qu'il avait trouvé. Au contact de sa main, un frisson parcourut sa colonne alors que l'ouvrage doré reposait dans les siennes.
Si elle avait déjà l'air surprise quand Sageciel lui avait fait les yeux doux, Isabelle était à présent estomaquée.

Une boussole dorée magnifiquement ouvragée se tenait entre ses doigts. Le mécanisme ne fonctionnait plus et l'artefact avait bien vécu, mais il n'en restait pas moins magnifique aux yeux d'une sorcière jaune. Subjuguée, l'alchimiste tournait et retournait l'objet pour en étudier les moindres détails. Elle n'avait aucune idée de comment s'y prendre pour le réparer, mais cela n'en diminua aucunement son excitation.


« Je... je ne... »

Isabelle avait relevé son regard vers Sageciel, serrant la boussole contre sa poitrine. Elle ne parvenait pas à formuler quoi que ce soit. Devait-elle le remercier? Se rendait-il seulement compte de l'ampleur de la bonté de son acte? Les médecins, les Sœurs, la plupart s'étaient montrés tendres auprès de Breitenbach. Mais ils remplissaient un rôle, c'était leur fonction.
Le geste de l'Asur, lui, semblait parfaitement désintéressé. L'ancienne magistère était venue pour une séance d'hypnose, et voilà qu'il lui confiait un objet personnel, précieux de surcroît.


« Merci, Sageciel. »

Elle le disait et elle le pensait. Cette étrange créature avait tout autre visage que lorsqu'elle l'avait rencontré en entrant dans la pièce. Ce n'était pas un allié, ce n'était pas un associé, c'était un ami, marqué au fer sur le cœur bien vide de la Dame de Fer.

Le magnétisme. Mais bien sûr! Quel formidable moyen de se replonger dans ses études! Jusque-là, Isabelle s'était égarée dans des recherches et expérimentations disparates, sans réelle structure méthodologique. Un tel phénomène, liant à la fois la science et la magie, serait un parfait moyen de reprendre son apprentissage!
Dans un coin de sa tête, la vieille alchimiste se remémora la structure de son ancien golem, Bismuth. La solution de la boussole se trouverait peut-être dans le décorticage de la collaboration entre Leutze et Breitenbach. Une nouvelle chose à étudier!

La séance était terminée et Isabelle se dirigea vers la sortie. Elle posa la main sur la poignée, mais, avant de la tourner, jeta un dernier regard à Sageciel.


« Semaine prochaine, même jour, même heure? »



Avant de regagner le réfectoire, la baronne remarqua que son "amie", la princesse Isabella, était de retour à l'asile. Immédiatement, elle ressentit un certain malaise. Elle en était convaincue, le docteur Morell lui toucherait un mot sur la dernière conversation qu'il avait eu avec Breitenbach. Elle avait alors tenté de s'en faire un allié, lui caftant même la tendance de la princesse à cacher ses médicaments sous sa langue.
Lorsqu'elle apprendrait la traîtrise de l'alchimiste, Holswig-Abenauer ne la porterait probablement plus dans son cœur. Quelle bêtise elle avait faite là!

Bon, tout n'était pas perdu, Isabelle pouvait encore réfléchir à une pirouette pour rattraper cette erreur. Elle ne pouvait se permettre de se faire de nouveaux ennemis pour l'instant. Isabella n’appréciait guère le docteur Morell, aussi porterait-elle assurément plus d'importance aux paroles de sa consœur.
Elle fit un signe de la main chaleureux à la fausse-princesse, avant de se faire escorter vers le réfectoire.


__________________________________________________________________________

Isabelle ne trouvait pas le sommeil. Bien qu'épuisée, à chaque fois qu'elle fermait l’œil, la terrible silhouette de Belladonna venait la hanter. Terrifiée à l'idée d'aller plus loin dans ce souvenir, la baronne se redressait brusquement. Abandonnant tout simplement l'idée de dormir pour l'instant, l'ancienne magistère préféra se perdre dans la contemplation du cadeau de Sageciel.

Elle ne prenait pas de notes, ne se plongeait pas déjà dans ses études. Non, elle observait juste, passant ses doigts sur l'ouvrage impressionnant. S'installer à son bureau pour travailler serait contre productif, son esprit empâté de fatigue.

Elle remarqua quelque chose en de sa chambre, par la fenêtre. Des silhouettes, huit au total, traversaient la cour pour entrer dans l'hospice. Ils semblaient avoir une certaine aisance en ce lieu, mais leurs furetages aux fenêtres inquiétait Isabelle. Étaient-ce les Poissons qui avaient finalement fini par la retrouver? Non, ils avaient une clé. Alors qui? La Chambre Noire? Venaient-ils finir le travail?
Instinctivement, Breitenbach en était convaincue, ils venaient pour elle.

Angoissée, mais sans céder à la panique, la Dame de Fer décida de ranger la boussole dans un tiroir, ainsi que toutes ses notes. Elle ne voulait surtout pas qu'on sache qu'elle planifiait de retrouver sa maîtrise.
La baronne hésita à s'enfuir dans les couloirs, mais finit par se rassurer. On n'allait pas l'assassiner ici, à l'asile, cela éveillerait bien trop de soupçons. Et pourquoi le ferait-on d'ailleurs? Entre ces murs, Isabelle ne représentait absolument aucune menace pour l'Empire.

Elle s'assit donc sur son lit, face à la porte, après s'être recoiffée. Sa canne était posée sur ses genoux et, bien qu'elle ferait une arme pathétique, sa proximité rassurait l'ancienne magistère. Même si le contact du métal de son ancienne canne lui manquait.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
Profil: For 8 | End 8 | Hab 9 | Cha 10 | Int 13 | Ini 9 | Att 8* | Par 8* | Tir 9 | Foi 0 | Mag 13 | NA 1 | PV 70/70
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isabelle_breitenbach
États :
► Afficher le texte
Compétences :
► Afficher le texte
Équipement :
► Afficher le texte
Archidoxis :
► Afficher le texte
Liste des "Sursis" :
Warfo Award 2021 du meilleur PJ - Ecriture
Warfo Award 2022 du monster Vieux Monde

Image

Avatar du membre
[MJ] La Fée Enchanteresse
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Messages : 877
Autres comptes : Armand de Lyrie

Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La question d’Isabelle sur la nature du lien entre Elfes et magie fit un peu rire Sageciel, qui agita la tête de gauche à droite, comme pour chasser une idée.

« Voyez-vous comment certains humains ont une sensibilité à la magie, sans pour autant être véritablement capables d’invoquer des sortilèges ? Ils perçoivent des couleurs, des odeurs, des sensations qui dépassent les sens d’autrui, ils voient davantage le monde, sans pour autant que ce sens soit assez sensible pour mériter d’intégrer un collège ? Il y en a beaucoup, d’humains dans ce cas-là ; peut-être un pourcent de votre race, à en croire certains auteurs.
Hé bien, chez nous Elfes, ce pourcentage est plus proche de quatre-vingt-dix. Même si nous ne sommes pas tous mages, nous avons en grande majorité une intuition supérieure à d’autres, quant à l’au-delà et l’immatériel. »


Des statistiques. C’était bizarre d’entendre un Elfe prononcer le mot « pourcentage ». Peut-être adaptait-il son discours à sa patiente ; c’étaient bien les magistères dorés, qui aimaient les chiffres et les études comptables pour justifier quoi que ce soit.


Finalement, quand Isabelle proposa un rendez-vous la semaine prochaine, Sageciel se contenta de répondre en opinant solennellement du chef.


Et donc, après avoir caché ses affaires, Isabelle attendit patiemment qu’on entre dans sa chambre, sans chercher à fuir, préparer une embuscade, ou faire quoi que ce soit d’autre. Avait-elle vraiment une autre option ? Qu’importe qui étaient ces hommes, s’ils étaient déterminés, ce n’était pas avec son corps et son esprit rouillés qu’elle pourrait s’opposer à eux, si ?

Elle attendit.

Elle attendit.

Elle n’avait ni montre, ni horloge pour voir combien de temps s’était écoulé, mais elle était certaine que ça faisait bien trop long. Si ces sbires avaient le numéro de sa chambre, ils devraient déjà être là, même en ayant emprunté l’escalier au lieu de l’ascenseur. Et s’ils étaient en train de fouiller, elle n’entendait aucun grabuge venant du couloir.

Qu’importe qui étaient ces gens, ils n’étaient pas ici pour elle.

Elle regarda par la fenêtre. Deux hommes en noir étaient en train de faire le piquet dans la cour, les mains dans le dos, au garde-à-vous. Ils étaient grands, et costauds. Elle ne pouvait rien apercevoir d’eux avec ses yeux, surtout dans le noir.
En revanche, elle aperçut quelque chose avec son sixième sens…

De fines particules de Chamon brillaient sous leurs manteaux. Ces hommes devaient porter une armure sous leurs vêtements, et pas un petit plastron de protection ou un gilet de maille — pour qu’elle ressente le vent doré depuis le 2e étage et derrière une fenêtre, ils devaient porter un véritable attirail de plate ouvragé.

Ce ne pouvait pas être de simples gangsters. Ils devaient être des chevaliers.
Jet de sixième sens (Assez difficile : -3) : 7, réussite
Image

Avatar du membre
Isabelle Breitenbach
Monster Vieux Monde 2022
Monster Vieux Monde 2022
Messages : 100
Profil : FOR 8/ END 8/ HAB 9/ CHAR 10/ INT 13/ INI 9/ ATT 8*/ PAR 8*/ TIR 9/ MAG 13/ NA 1/ PV 70/70
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isabelle_breitenbach
Autres comptes : Helveticus Matix, Necros Ahmôsis (en hibernation), Malbalor (décédé)

Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Les minutes s'écoulaient et Isabelle avait de plus en plus de mal à rester immobile. Elle rajustait sa robe blanche, réarrangeait ses cheveux, changeait de prise sur sa canne. En ruminant, elle se sentit de moins en moins en sécurité. Hésiterait-on vraiment à l'abattre ici et maintenant? Et si l’agenda politique de la Chambre Noire avait changé et qu'ils voulaient faire le ménage?
Enfermée ici, la baronne était coupée du reste du monde, il n'y avait aucun moyen de le savoir.

Mais que foutaient ces balourds?! Sa chambre n'était pas bien difficile à repérer! N'y tenant plus, la vieille Breitenbach se leva pour faire les cent pas. Allaient-ils fouiller le bureau de Sageciel pour récupérer ses notes? Vérifiant ainsi qu'aucune information compromettante ne finisse entre de mauvaises mains?
Par Sigmar! L'Asur était-il en danger? Cette simple pensée déclencha une certaine panique chez Breitenbach. Elle ne pouvait imaginer cette créature, cet ami, payer pour ses propres secrets, pour ses propres erreurs.
Merde merde merde!

En passant devant la fenêtre, l'alchimiste repéra quelque chose dans l'obscurité. Un détail qu'elle n'avait pas capté plus tôt. Ce scintillement... l'avait-elle imaginé? En se rapprochant un peu plus du carreau, ses doutes se confirmèrent : les intrus dégageaient une quantité certaine de Chamon! Ces hommes étaient en armure lourde, de belle manufacture.
C'étaient des chevaliers qu'elle avait sous les yeux.

Les Poissons étaient donc définitivement hors de cause. Mais toutes les autres suspicions de la vieille sorcière restaient d'actualité. Il y avait tellement d'Ordres de chevalerie qu'il lui était impossible de définir leur mission, la raison de leur présence.

Était-ce possible qu'Isabelle ne soit pas la cause de cette intrusion? Elle avait tendance à tout rapporter à elle-même, mais depuis les dernières décennies, son existence lui avait cruellement rappelé à quel point elle était insignifiante. Bien des personnalités habitaient cet hospice, dont l'influence n'a pas encore été aussi grignotée que celle de l'ancienne magistère.
La soi-disant von Holswig-Abenauer avait justement débarqué dans la soirée. C'était une drôle de coïncidence, non? Mais alors, il faudrait admettre son identité de princesse, et non pas celle d'une démente en pleine crise identitaire. Breitenbach avait bien du mal à l'admettre, mais n'écartait pas pour autant la théorie.

Ainsi, elle n'était pas en danger? Tout ce qu'elle avait à faire, c'était d'aller se coucher, d'enfin s'endormir, et de vérifier le lendemain auprès d'Isabella si elle avait bien reçu de la visite au milieu de la nuit. Si oui, son identité serait alors confirmée et la sorcière n'aurait eu aucune raison de s'inquiéter. Sinon... eh bien sinon, c'était une tout autre histoire. Isabelle aurait passé la nuit à dormir tandis que des événements importants se déroulaient juste à côté. Elle pourrait en apprendre plus sur tout ce putain de complot qui l'avait fait échouer à l'asile.

La sorcière jaune s'approcha de la porte, dirigea sa main vers la poignée et... se figea, brusquement, sans raison. Elle... elle était terrifiée.
Quelque chose venait de se manifester dans son esprit, une peur ancienne, oubliée. Elle avait souvenir d'une étrange silhouette, il y a fort, fort longtemps. Une silhouette sombre. Et le simple souvenir de cette silhouette s'associait étrangement à la situation actuelle.

La vieille Breitenbach avait l'intention de mettre son nez là où ça ne la regardait pas. Car elle en était presque convaincue, c'était pour quelqu'un d'autre que les chevaliers se trouvaient là. Elle voulait faire de ses problèmes... les siens. Et alors? Ce ne serait peut-être pas bien grave, si elle se faisait repérer, non? On l'escorterait jusqu'à sa chambre et puis basta?

Ainsi pourquoi ne pouvait-elle pas tourner cette foutue poignée? Pourquoi cette silhouette restait-elle gravée dans son esprit? Non, c'était décidément impossible d'aller plus loin, tout ce qui se trouvait en dehors de la chambre inspirant un danger fatal auprès d'Isabelle. Mécaniquement, elle s'éloigna de la porte, regagna son lit et remonta ses draps jusqu'au menton.
Quelques secondes s'écoulèrent, Breitenbach fixant l'obscurité, les yeux grands ouverts. Elle ne comprenait pas, et elle avait honte de cette terreur qui la tiraillait.

C'était ridicule, tout bonnement ridicule. La Dame de Fer ne se cachait pas sous ses couvertures, contrairement à cette chose pathétique recroquevillée dans son lit.
"Eh oui, la vieille!" Se dit-elle. "Si tu espères vraiment reprendre du poil de la bête, il va falloir arrêter de se pisser dessus au premier coup de vent!"

« Oh et puis merde, hein! »

D'un geste, elle balança ses draps de côté, se redressa pour enfiler ses chaussons, saisir sa canne et se diriger vers la porte. Sans se laisser la possibilité d'hésiter, Isabelle agrippa la poignée et la tourna.

Juste un coup d’œil. Enfin du moins, jusqu'à ce qu'elle ne comprenne ce qu'il se passait. Véritable fantôme dans la nuit, la vieille sorcière glissa discrètement dans le couloir. Osant à peine poser sa canne au sol de peur de faire trop de bruit, elle préféra plutôt s'aider du mur pour avancer.
Mais quel vacarme! Son cœur semblait capable de réveiller les morts! Ne s'apprêtait-elle pas justement à les rejoindre?

Balayant ces images ridicules qui défilaient dans sa tête, Isabelle continua de marcher. Elle tendait l'oreille pour repérer tout bruit suspect et cherchait une cachette pour se dissimuler au cas où un aide soignant débarquait au détour d'un couloir. Si les intrus ne se trouvaient pas à son étage, alors elle prendrait les escaliers, faisant toujours preuve d'une infinie prudence pour éviter de se faire repérer.

Le bureau de Sageciel, ou peut-être la chambre de la prétendue Princesse? Elle se rendrait d'abord où ses jambes la porteraient, espérant pouvoir attraper quelques morceaux de conversation ou déceler quelques indices pour identifier les intrus et leur mission.
La peur restait présente, empoignant chaque membre de son corps. Mais l'excitation lui permettait toujours d'avancer, pour le meilleur ou pour le pire...
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
Profil: For 8 | End 8 | Hab 9 | Cha 10 | Int 13 | Ini 9 | Att 8* | Par 8* | Tir 9 | Foi 0 | Mag 13 | NA 1 | PV 70/70
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isabelle_breitenbach
États :
► Afficher le texte
Compétences :
► Afficher le texte
Équipement :
► Afficher le texte
Archidoxis :
► Afficher le texte
Liste des "Sursis" :
Warfo Award 2021 du meilleur PJ - Ecriture
Warfo Award 2022 du monster Vieux Monde

Image

Avatar du membre
[MJ] La Fée Enchanteresse
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Messages : 877
Autres comptes : Armand de Lyrie

Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Dehors, il faisait sombre. Sombre et froid. Le vent nocturne se faufilait le long d’allées où les lanternes avaient été éteintes, exception faite de quelques flammèches allumées telles des lucioles pour baliser les virages — ainsi que l’accès aux toilettes.

L’asile n’était pas une prison. Mais à cette heure, il devait forcément y avoir un aide-soignant ou deux éveillés, de garde, au cas où il y avait une urgence avec un patient ou un besoin de venir les aider ; typiquement, s’ils avaient une envie pressante et n’étaient pas en état pour marcher. Le premier obstacle d’Isabelle, pourtant, n’était pas bien difficile à contourner ; le soignant censé être un peu alerte était rivé sur son Spieler d’aujourd’hui, arrivé vers les dernières pages, et tellement obnubilé par le journal qu’il semblait être enfermé dans sa bulle.

Alors Isabelle pouvait marcher, à petits pas rouillés, en prenant gare à ne pas faire de bruit avec sa canne — le silence régnait tellement, ici, que le toc toc du bout de son bâton avait toutes les chances d’être réverbéré bien loin.

Toutes les portes des chambres étaient fermées, de même celles du réfectoire. Aucun bruit, aucune lumière, rien de suspect à cet étage. Si, une seule chose étrange ; en passant devant une des cellules, elle pouvait entendre un homme grogner et grommeler en boucle tout seul — elle pouvait reconnaître la voix de l’amiral, von Hopfberg, qui repartait dans de longues litanies décousues et fêlées.

« Quatre bordées… Trente-six canons… Huit nœuds… Avec le vent… Enfilade… Marienburg, Erengrad, ils sont partout, nous sommes étranglés…
Le Kraken… Pourquoi je ne trouve plus le nord ? Je… Il faut que j’échappe au Kraken. Il nous dévorera tous.
Les démons ne viennent pas du ciel. Ils viennent des profondeurs de l’océan. »




Isabelle décida de se risquer à descendre les escaliers. Pas un exercice difficile, à moins d’être malade, vieux, ensuqué par la mandragore, fatigué de sa journée, et dans le noir — ou tout à la fois. C’est avec grande difficulté qu’elle descendit les marches une à la fois, en attendant bien d’avoir les deux pieds à la même hauteur pour enjamber la suivante. Un exercice si simple devint long et laborieux — elle avait de quoi jalouser les jeunes gens qui les escaladaient deux à deux…

Au premier étage, même spectacle ; froid, obscurité, portes closes. Si les cellules étaient déverrouillées, toutes les autres salles étaient scrupuleusement verrouillées, pour empêcher les patients de vagabonder. Ou trop vagabonder, dans son cas.

Mais il ne lui fallut pas longtemps pour découvrir une irrégularité ;

À cet étage se trouvait la bibliothèque. Et en ce moment, il y avait de la lumière qui venait de dessous. En s’approchant, elle put jurer qu’elle entendait des voix étouffées derrière la porte — une sorte de conversation entre plusieurs voix d’hommes, absolument incompréhensible. Surtout, elle sentait sur sa langue un petit picotement métallique, comme lorsqu’elle se concentrait depuis sa chambre ; le vent de Chamon se faisait sentir derrière.
Normalement, la bibliothèque devait être vide et fermée à clé, ça ne pouvait donc pas être de simples patients voulant rattraper de la lecture tard le soir.

Rentrer par là était une mauvaise idée. En regardant un peu, Isabelle découvrit les pièces adjacentes ; une porte qui menait à la chambre d’un patient, et un débarras. Elle privilégia la seconde.

La porte était verrouillée. Fort heureusement, un loquet métallique n’était pas une défense compliquée face à une alchimiste. Après avoir passé des semaines à se retenir, elle décida de murmurer à voix basse des phrases en magikane, afin d’absorber les vents ambiants, d’agiter celui doré, et de le diriger vers cette maigre serrure.

Son esprit s’alluma, et s’excita. Ça ressemblait un peu à l’allumage d’une forge qui n’avait pas servi depuis longtemps. Un instant, des centaines de souvenirs semblaient revenir à elle — toutes les fois où elle avait manipulé des objets, même les plus simples du quotidien, simplement par la pensée. Une surcharge électrique gratta son échine ; et une surcharge émotionnelle.

Son esprit décida de la sauvegarder, en éteignant tout d’un coup, comme le ferait un disjoncteur.

C’était pas douloureux. Juste, soudain, alors qu’elle était toute droite, Isabelle se mit à cligner des sourcils alors que la magie se volatilisait. Elle était comme embrumée, fatiguée, et atterrée. Penser devenait difficile. Elle n’avait plus envie de réfléchir, et quand elle tentait de comprendre ce qui était en train de se penser, elle ne parvenait pas à réorganiser ses idées.

La panique se saisit d’elle. Quelques mots de magikane parvinrent, miraculeusement, à l’empêcher d’être atterrée par l’angoisse — elle se retint de pleurer ou de se rouler en boule sur le sol. Mais ça n’aidait pas plus sa tête. Toute réflexion devenait fatigante. Qu’est-ce qu’elle faisait là, déjà ? Elle voulait enquêter sur des hommes en noir entrés dans l’asile, oui, elle s’en souvenait — mais que faisait-elle en général ?

Se reconcentrant sur la serrure, elle envoya un sortilège mineur enseigné aux apprentis, transformant la serrure en bouillie de glaise. Ainsi, elle put ouvrir la porte du débarras sans un bruit. Elle referma derrière elle, et dans son esprit embrouillé, elle eut tout de même le réflexe de récupérer le morceau de métal liquide au sol pour le cacher sur elle.
Puis, elle approcha du fond du débarras. Il y eut une petite fenêtre devant une table ; même pour ses mauvaises hanches, il n’y eut pas trop de mal à grimper sur la table et ouvrir la fenêtre pour passer au travers. Heureusement que l’asile était riche et pouvait se permettre l’achat de grosses fenêtres isolées, au lieu de simples hublots minuscules, ou même pas d’ouvertures du tout.

Passée dehors, Isabelle était debout sur une rambarde. Devant elle, il y avait une grille, une rue, et Altdorf. Si elle n’avait pas peur de s’exploser les jambes ou s’empaler sur les pointes de la grille, elle aurait presque pu prendre de l’élan et tenter un vol plané pour atteindre la liberté. En attendant, elle profitait de la merveilleuse capitale de l’Empire ; et surtout de ses délicieuses odeurs d’égouts, et ses cris de malades mentaux qui faisaient la fête à deux pâtés de maisons d’ici. Ça aurait presque rendu nostalgique.

Parvenant à vaincre le vertige naturel à tout être humain, Isabelle passa sur le balcon de la bibliothèque. Là, les portes vitrées étaient grandes ouvertes, parce que non seulement les intrus s’étaient installés dans cette pièce, mais en plus, ils fumaient la pipe et avaient besoin de faire circuler l’air. Ils n’étaient probablement pas inquiets à l’idée qu’un monte-en-l’air joue de l’escalade sur les murs, parce qu’en contrebas, Isabelle vit des hommes en tenues noires faire le piquet — comment auraient-ils pu s’imaginer que ce soit un patient qui vienne jouer aux espions ?

Toujours est-il, Isabelle était bien située pour profiter de ce qui se passait dans la bibliothèque, tant par la vue que par l’ouïe. Elle fureta donc rapidement à l’intérieur de la pièce.



Dans un coin de la pièce, Isabella était là. Assise sur un fauteuil, recroquevillée sur elle-même ; la dame tenait ses genoux dans ses mains, pour former une sorte de boule. Plusieurs hommes en noir étaient présents, la plupart autour de la pièce, assis ou debout ; on distinguait mieux leurs visages, ici, et leurs armures brillantes sous leurs manteaux, des armures couvertes de croix Impériales, de têtes de mort, et de sigles estampillés « KF » — ils avaient tous des têtes de guerriers, avec des cicatrices, des cache-œils, et d’élégantes barbes ou moustaches finement taillées.
L’horrible docteur Morell était ici. Au lieu de son costume de dandy, il portait pour une fois une blouse blanche de véritable médecin, ce qui, bizarrement, le rendait encore plus inquiétant que d’ordinaire. Il était tout droit au fond de la bibliothèque, les mains croisées dans le dos.

Restaient deux hommes vêtus de noir qui tranchaient avec le reste des gros guerriers aux gueules couturées, et qui étaient assis côtes-à-côtes sur un canapé devant une Isabelle prostrée.

Le premier était un homme d’un certain âge. Élégant, aux cheveux noirs, le visage ridé ; les décorations de son plastron étaient différentes des autres militaires, puisque lui avait de jolies roses et des fleurs dessus.
Image


L’autre était un garçon jeune. Grand, beau, bien barbu, souriant, avec une chevelure un peu épaisse teinte auburn ; il avait une tête de jeune homme à qui on aurait donné Shallya sans confession.
Image


C’est celui-ci qui fumait tranquillement la pipe, et qui était en train de parler, alors qu’Isabelle prenait la conversation en cours de route :

« …évidemment, tu te doutes bien que Kurt n’est pas réjoui du tout. Le pauvre, une carrière si parfaite, sans une fioriture, tant de risques qu’elle soit ruinée à son âge… Mais c’est tant mieux dans un sens. Ça ne sort pas de cette pièce, mais le vieux risquait d’être envoyé en pâture dans pas longtemps de toute façon.
Quelque part, je lui rends un grand service. Il a une chance d’avoir une belle mort. Un homme comme lui, il n’est pas fait pour la retraite.
Et puis… Tu sais qu’il est si populaire auprès du petit peuple. La plèbe et leurs héros ! Même s'il ne saurait pas quoi en faire, il est dangereux simplement à cause de ça. Comme Valten l'était, et on s'est bien occupé de lui.
Qu’est-ce que tu en penses ? »


Il parlait à Isabella. Mais la fausse-princesse ne lui répondit pas.
En fait, elle semblait être en train de… Basculer lentement, d’avant en arrière ? C’était foutrement bizarre. Elle semblait proprement terrifiée des hommes dans la bibliothèque. Et plus particulièrement de ce roux qui avait un immense sourire ; il étendait même ses jambes sur la table-basse devant lui.
Il semblait se délecter de la terreur qu’il inspirait.

« Je savais que tu serais dubitative. Enfin, les conversations sur l’armée, ça ne t’a jamais trop inspiré…
Oh ! J’y pense ! J’ai des nouvelles de Hans-Hals ! Tu sais de qui je parle ? Ton parrain ! Rooh ! Ce que tu es tête-en-l’air !
Je lui ai donné quelques nouvelles que tu avais trouvées sur son fils. Pauvre petit vieux. Tu aurais dû le voir. Tu te souviens de comment il était si fier, si imbu de lui-même ? On aurait dit qu’il allait chialer. Il a refusé d’y croire, évidemment, mais ça va germer dans son esprit. »


Le chevalier aux roses soupira.

« Tu vois bien qu’elle est catatonique. »

Le roux se tourna, et parla à Morell.

« Docteur ?
– Je sais de source sûre qu’elle ne prend pas son traitement. Elle simule. »

Alors le roux eut un nouveau sourire carnassier, alors qu’il se redressa debout. Il s’approcha du fauteuil où se trouvait Isabella, le contourna, et posa ses mains sur le dossier. Il baissa sa tête pour approcher son visage, et se mit à souffler d’un air inquiétant.

« Qu’as-tu vu de nouveau, dans tes rêves ? Plus de sang ? Plus de cris ?
Tu es d’ordinaire si précise…
Allez, dis-le.
Dis-le. »
Jet de perception du premier aide-soignant : 20, échec critique, nice.

Jet d’initiative d’Isabelle pour descendre les escaliers : 12, moyen, tu prends ton temps mamie. On peut pas dire que tu sois discrète, mais au moins tu te gamelles pas.
Jet de perception auditive du second aide-soignant (Opposé) : 16, heureusement ils sont pas vigilants dans cet asile.

Jet de perception (Assez facile) : 17, bof. Tu vois l’essentiel autour de toi.
Jet de sens de la magie : 11, hmm, tu vois où est Chamon.

Jet de Télékinésie sur la serrure : 11, ça passe pas
Seconde tentative : 20, échec critique
Jet sur la table des critiques moyens : 13, on passe sur la moyenne.
4 : Tu es abrutie pour 6h. Quel plaisir.

Lancement de « Rigidité du corps et de l’esprit » : 8, ça passe miraculeusement et t’empêche de paniquer.

Lancement de malléabilité : 1, réussite critique.
Jet d’intelligence : 5, réussite de 1. Tu te souviens que tu dois récupérer la serrure derrière toi.

Jet de volonté pour vaincre la peur du vide (Bonus : +2, rigidité du corps) : 13, pas de panique, tu ne risques donc pas de tomber.

Premier jet de perception : 5, ça va
Jet de compréhension : 15, très large échec
Jet de connaissances générales : 18, très large échec
Jet de mémoire : 11, dommage que t’es abrutie, c’est plus assez.
Image

Avatar du membre
Isabelle Breitenbach
Monster Vieux Monde 2022
Monster Vieux Monde 2022
Messages : 100
Profil : FOR 8/ END 8/ HAB 9/ CHAR 10/ INT 13/ INI 9/ ATT 8*/ PAR 8*/ TIR 9/ MAG 13/ NA 1/ PV 70/70
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isabelle_breitenbach
Autres comptes : Helveticus Matix, Necros Ahmôsis (en hibernation), Malbalor (décédé)

Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Profitant des quelques lumières éclairant le couloir, Isabelle put avancer dans le couloir sans trop de mal. Elle repéra un premier aide-soignant qui, fort heureusement, était trop plongé dans sa lecture pour la remarquer. Elle longea ainsi plusieurs portes closes, tendant l'oreille pour identifier la position des intrus.
Une voix se manifesta, celle d'un homme qui se parlait à lui-même. C'était l'amiral, plongé dans l'un de ses délires pour planifier une aventure illusoire. Il semblait aux prises avec... un Kraken? Intéressant. Breitenbach rangea cette information dans un coin de sa tête, convaincue qu'elle pourrait la réutiliser plus tard.

Rien à cet étage. Alors qu'elle se dirigeait vers l'escalier, la baronne se rendit soudainement compte de la difficulté de son entreprise : elle allait devoir descendre les marches, sans s'aider de la canne ou de son habituel infirmier. Une marche, puis deux et déjà, la vieille femme se sentait épuisée. Rageant contre la faiblesse de son propre corps, elle décida pourtant de prendre son temps. Hors de question de se précipiter, car alors, seule une catastrophe l'attendrait en bas des escaliers.

Une éternité plus tard, la baronne se trouvait au premier étage. Elle s'adossa contre un mur pour reprendre son souffle, contemplant cette étape franchie tel un pitoyable succès. Sa respiration de nouveau régulière, l'alchimiste reprit ses investigations.
La bibliothèque était allumée. Isabelle s'en approcha et sentit rapidement un goût métallique sous sa langue, caractéristique de la présence du vent doré. Bingo! En tendant l'oreille, elle dut malheureusement conclure que la porte était trop épaisse pour entendre quoi que ce soit. Mais il y avait bien des voix, derrière.

Impossible d'entrer par là sans immédiatement se faire repérer. Deux choix s'offraient à elle : le débarras ou la chambre d'un autre patient. Tenter cette dernière serait bien trop risqué, le ou la malheureuse pouvant se réveiller à tout instant. Oui, mais le débarras était fermé à clé. C'est avec une certaine excitation que l'ancienne magistère ingéra cette information. Pour la première fois depuis son arrivée à l'asile, elle allait enfin pouvoir manipuler l'aethyr.

C'était dangereux. Si on l'apprenait, Isabelle risquait de gros ennuis. Une folle qui utilise la magie? C'était la pacification assurée. Aussi ne devrait-elle pas laisser de traces. Un sortilège était plus ou moins adapté à cette situation, mais n'était pas un exemple de discrétion. En effet, l'alchimiste pouvait, d'une simple formule, malléer tout métal à son bon vouloir. La serrure céderait rapidement, certes, mais que dirait le personnel de l'asile, le lendemain, en remarquant le métal déformé?
En y réfléchissant, quelque chose germa dans l'esprit d'Isabelle.

Elle se rappelait sa conversation avec Sageciel, de son cadeau. Le magnétisme, c'était son prochain sujet d'études. Durant la séance, l'ancienne magistère n'avait aucune idée de comment réparer la boussole, mais le concept avait fait ressurgir quelque chose en elle. Des mots, une formule. Ou plutôt un concept de formule. Elle avait la sensation de pouvoir harnacher cette énergie, de la contrôler.

Oui, c'était bien une incantation, oubliée avec les années, qui se gravait sur l'un des murs de son Labyrinthe Mental. Elle n'était pas complète, mais Isabelle pensait en comprendre le sens, pouvoir combler les trous d'elle-même. Après tout, les formules de Chamon ressemblaient plus à des équations scientifiques qu'à de véritables paroles ésotériques.
Si la baronne parvenait à contrôler le vent jaune, à influencer la "matière subtile", alors elle pourrait déplacer le mécanisme de la serrure et déverrouiller la porte.

En prenant bien soin de ne pas parler trop fort, Isabelle récita ses morceaux de formule. Chaque mot en magikane appelait le suivant, révélant petit à petit la suite de l'incantation aussi clairement que si elle ne l'avait jamais oubliée. Cette force invisible, méconnue bien qu'omniprésente, reprenait sens, devenant aussi palpable qu'un outil de travail. Le tout coulait sur ses lèvres aussi facilement qu'un poème appris par cœur, l'aethyr s'enroulant autour de la magicienne pour prendre des formes géométriques, pour construire le sortilège.


« Mär'§amelna, alu'sla ò çey, öle ø'feyos'ae asarmin sla'... sla'... sla'ya§aöl »

"Acier Invisible, déni-les de la Loi, que ma seule essence gardent leur... leur... leur boussole."
Un mot. Un simple mot. Boussole. Il échappa au souvenir de Breitenbach, lui faisant marquer un fragment d'hésitation. Il n'en fallait pas plus, toute l'incantation construite par la sorcière vacilla, avant de voler en éclats. Ce mot, elle s'en était souvenu un instant trop tard, mais le mal était déjà fait, et l'aethyr accumulée n'avait plus de structure pour se stabiliser.
Sans ordre, sans contrôle, la matière ésotérique se dirigea vers la première structure assez complexe pour s'y développer : le cerveau d'Isabelle. Attiré tel un aimant, Chamon s'y installa sans ménagement, saturant les veines, les neurones, d'une force étrangère, intruse.

Isabelle eut l'impression que son cerveau se remplissait d'un liquide opaque. À cela s'ajoutait un tel flux d'information, de formules, de souvenirs, que le surplus finit par former une masse épaisse, illisible, lourde. Son cerveau se bouchait de ce trop-plein, de ce débordement. En plus de ne pas pouvoir déchiffrer ces nouvelles données, l'ancienne magistère ne pouvait presque plus lire les anciennes! Chaque signal, chaque ordre que son cerveau tentait d'émettre était empâté, ralenti par cette saturation opaque.

Elle ne lisait plus le passé, elle ne prévoyait plus le futur, il ne restait que le présent. Isabelle était enfermée dans une bulle au centre d'un brouillard ténébreux, incapable d'autre chose que de vivre l'instant présent. Elle ne réagissait plus que par instinct, par un subconscient qui lui transmettait des informations au compte-goutte. Il n'y avait plus de vision d'ensemble, simplement des injonctions éparses, sans réel sens ou but compréhensible. Son esprit était étouffé par l'aethyr.

Sentant une profonde détresse l'accabler, la panique la gagner, la baronne réagit instinctivement. Elle murmura des paroles gravées dans son esprit, une formule que son cerveau manifestait en elle automatiquement lorsque la situation l'exigeait.


« Hén'va eren ar nelci'pahtë ; munta'umpolë mauya nir'mënya »

"Œil d’acier et dents closes, rien ne peut contraindre ma volonté." Ces simples paroles en magikane suffirent à blinder son esprit. L'influence de Chamon s'insuffla aussi dans ses pores, faisant gagner à sa peau une rigidité agréable, rassurante.
Bien, une véritable catastrophe venait d'être écartée. Et maintenant? Isabelle avait du mal à se rappeler ce qu'elle faisait là, devant cette porte close.

Des résidus de son précédent échec aethyrique s'enroulaient encore autour de la serrure. Cet indice suffit pour lui faire comprendre qu'elle devait surmonter cet obstacle. Isabelle avait une formule parfaitement adaptée à la situation. Mais... pourquoi ne l'avait-elle pas utilisé plus tôt? Quelque chose dans son esprit, un murmure, la mettait en garde.
Qu'importe. La sorcière bombarda la serrure de vent doré, liquéfiant totalement le mécanisme et libérant ainsi l'accès. Pour satisfaire les murmures incessants, Breitenbach se saisit de la pièce de métal fondu et la cacha dans ses vêtements.

Une fois dans le débarras, Isabelle se dirigea directement vers la fenêtre, l'ouvrit et passa sur le balcon. Altdorf s'offrait à elle, dans la beauté et le silence de la nuit. Mais bordel, qu'est-ce qu'elle foutait là? Était-ce pour s'échapper de l'asile que la baronne s'était donnée tant de peine? Si c'était le cas, quel piètre plan avait-elle mis en place? La seule opportunité qui s'offrait à elle était de s'écraser au contrebas, de mettre fin à ses jours. Non, La Dame de Fer ne se résoudrait pas à cela. Il y avait autre chose.

La bibliothèque. C'était cela son objectif. Impossible d'en connaître la raison, mais au moins, la vieille sorcière savait quoi faire. Son esprit boosté par Chamon, Isabelle se glissa jusqu'au balcon jouxtant le sien sans trop se soucier de la hauteur. Il y avait une porte ouverte, une porte qu'il ne fallait surtout pas franchir.
Son mystérieux objectif était atteint, il ne lui restait plus qu'à observer la pièce au travers d'un carreau.

Une réunion se déroulait là, ses participants bien installés à leur aise pour fumer tranquillement leur pipe et discuter. Isabelle eut envie de les rejoindre, mais se ravisa en remarquant le docteur Morell, et surtout... la fausse-princesse. Quelque chose dans sa position, dans son expression, exprimait une terreur totale vis-à-vis de ses invités. Pourtant, Morell exclus, ces derniers semblaient sympathiques, avenants même, avec leurs belles armures et l'odeur agréable du tabac qu'ils relâchaient.
Un malentendu peut-être? Il suffirait de la secouer un peu pour que la démente participe pleinement à la soirée.

La vieille sorcière se contenta donc d'écouter... sans vraiment comprendre, alors que quelque chose de décisif se déroulait sous ses yeux et ses oreilles. Le beau jeune homme s'exprimait sans animosité, bien qu'une certaine malice pouvait se déceler dans sa voix. Ses paroles, elles, étaient beaucoup moins sympathiques.
Un certain Kurt avait apparemment été écarté, envoyé à la mort pour... pour éviter quoi exactement? Parce qu'il était trop populaire? Vraisemblablement, un certain Valten avait subi le même sort...

Ensuite, le rouquin parla plus directement à Isabella, de l'un de ses proches, Hans-Hals. Ainsi que de son fils. À ce moment de la conversation, Breitenbach ne comprenait plus rien, mais relevait pourtant une importance capitale dans ces paroles.
Bordel! Que c'était frustrant! Il lui suffirait d'entrer dans la bibliothèque pour exiger des explications et tout serait réglé. Alors pourquoi Isabelle se cramponnait-elle derrière la porte, ses articulations lui faisant souffrir le martyre et sa tête refusant d'opérer correctement?

Le chevalier aux roses sembla soudain consterné. Il demanda conseil au docteur et ce dernier accusa la fausse-princesse de simuler son état. Étrangement, la baronne ressentit un étrange malaise en entendant cela. Une certaine culpabilité. Une fois de plus, elle était impuissante pour en découvrir la raison, son passé lui étant plus verrouillé que jamais.

Le rouquin se leva pour se placer derrière Isabella, pour lui souffler des mots directement aux oreilles. Depuis sa position bien inconfortable, Breitenbach n'en rata pas un mot. Il parlait de rêves, de sang et de cris. Cette fois, il y avait une cruauté particulièrement distincte dans les paroles du chevalier. Il avait l'intention de blesser la pauvre femme.

C'en était trop. La Dame de Fer ouvrit brusquement la porte et se tint là, dans l'embrasure, à la vue de tous. Une silhouette fantomatique dans la nuit, elle comptait bien remettre ces goujats à leur place. Elle en avait marre d'attendre, de ne rien comprendre, alors qu'Isabella se faisait moquer par des lâches en armure.


« J'exige des explications! De quel droit permettez-vous de tourmenter ainsi cette pauvre femme?! »

Lentement, mécaniquement, toutes les têtes se tournèrent vers la nouvelle venue. Leur visage n'était pas surpris, totalement inexpressif, même celui de la fausse-princesse, en pleine tétanie quelques instants plus tôt. Ils la regardaient d'un œil vide, mort. "Des pantins..." pensa Isabelle, qui sentait que sa place n'était pas ici. Surtout pas ici.
Les bouches se fendirent pour parler en concert, d'une unique voix au timbre grave, inadapté. Elle ne provenait d'aucune gorge, mais d'un royaume lointain, inaccessible.


« LES ENNUIS DE TON VOISIN DEVIENNENT LES TIENS ! »

Puis plus rien, le monde sembla... disparaître, tout comme l'existence de la Dame de Fer.

__________________________________________________________________________


Isabelle ouvrit les yeux. Elle se tenait toujours dissimulée derrière la porte de la bibliothèque. Dans la pièce, le temps avait repris son cours, le rouquin attendant patiemment la réponse de la fausse-princesse. Ce rêve, cette illusion délirante qu'avait subie Breitenbach, était une mise en garde, un hurlement de son esprit étouffé pour lui interdire de se dévoiler.
Et vue la vision d'horreur qu'elle s'était imposée à elle-même, la baronne préféra suivre ce puissant conseil.

Devait-elle fuir? Regagner sa chambre et se cacher de nouveau sous ses draps douillets? La sorcière se posait la question sans vraiment ressentir la panique, plutôt en pesant le pour et le contre. Chamon influençait toujours son esprit, consolidant sa structure pour l'empêcher de sombrer dans la terreur.
Non, ce qui se déroulait sous ses yeux était beaucoup trop important pour tourner le dos aux événements. Lorsqu'elle aurait les idées claires, Isabelle pourrait trouver un sens à tout ce qu'elle avait vu et entendu. Il ne fallait juste pas se faire repérer.

Véritable statue silencieuse, elle resta là, à écouter, sans même oser s'asseoir pour pouvoir rapidement s'enfuir si quelqu'un gagnait le balcon. C'est uniquement lorsque la troupe quitterait la pièce, que l'asile serait redevenu calme et sans danger, qu'elle s'en irait regagner discrètement sa chambre.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
Profil: For 8 | End 8 | Hab 9 | Cha 10 | Int 13 | Ini 9 | Att 8* | Par 8* | Tir 9 | Foi 0 | Mag 13 | NA 1 | PV 70/70
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isabelle_breitenbach
États :
► Afficher le texte
Compétences :
► Afficher le texte
Équipement :
► Afficher le texte
Archidoxis :
► Afficher le texte
Liste des "Sursis" :
Warfo Award 2021 du meilleur PJ - Ecriture
Warfo Award 2022 du monster Vieux Monde

Image

Avatar du membre
[MJ] La Fée Enchanteresse
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Messages : 877
Autres comptes : Armand de Lyrie

Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La fausse princesse demeura prostrée sur son fauteuil, tremblante, alors que le roux demeurait perché au-dessus d’elle, comme un sordide oiseau de malheur. Un silence fort lourd régna dans la bibliothèque. Des secondes qui défilèrent avec la langueur de minutes. Et rien, sinon les spasmes de la femme enfoncée dans le fauteuil.

Et soudain, le roux éclata de rire, tendit ses mains, et se mit à masser les épaules de la fausse princesse.

« Je rigooooooole. Ce que t’es devenue susceptible. Allez. Puisque tu ne veux même pas me montrer un peu de bonne volonté, on va procéder de façon plus franche. »

Il recula, et claqua des doigts, dédaigneusement. Il avait la parfaite attitude de quelqu’un habitué à être servi au doigt et à l’œil.

« Morell, c’est-à-vous. »

Le médecin ouvrit sa blouse blanche, et fouilla dans la poche intérieure. Mais alors qu’il allait sortir quelque sombre instrument, l’élégant chevalier à l’armure couverte de gravures de fleurs se leva, et arrêta le docteur en lui attrapant le poignet, fort. Morell se figea sur place, en grimaçant, alors qu’il était dépassé par le bonhomme qui s’approcha en direction de la fenêtre.
Le roux haussa un sourcil, se demandant peut-être ce que son comparse était en train de faire. Voilà que le chevalier arriva jusqu’au fauteuil d’Isabelle. Il posa un genou à terre, pour se mettre à une hauteur plus basse qu’elle. Il leva la main, pour essayer de la placer sur sa jambe ; quand la femme recula, il n’insista pas, respecta ses distances, et se contenta d’offrir un doux sourire sympathique.

Et le voilà qui parla à voix basse.

« Pourquoi rends-tu les choses si difficiles pour nous ? Nous n’avons jamais voulu te faire du mal. C’est toi qui te blesses toute seule, en luttant. Et pour quoi ? T’ai-je jamais manqué de respect ? T’ai-je déjà menti ? »

Alors, la fausse princesse leva le museau, et regarda tout droit l’élégant chevalier.

« Parce que tu es un monstre. »

Le mot était sorti d’une voix triste. Elle n’avait pas dit ça de façon ferme, pleine de défi ; elle avait dit ça avec des sanglots, et de la pitié, comme si le constat, évident dans ses lèvres, l’endolorissait en fait. Et l’insulte sembla toucher le chevalier, car il tordit ses lèvres, et tourna discrètement la tête de gauche à droite pour marquer son désaccord.

« Les monstres tuent. Les monstres font souffrir. Les monstres ne savent pas faire ça. »

Il retira ses gants, l’un puis l’autre, en les laissant choir par terre. Et il approcha alors ses mains nues, de la fausse-princesse, pour les tendre vers l’une des siennes ; cette fois-ci, elle ne sembla pas lutter, alors il l’attrapa et la tint fort entre les siennes. Et puis, il se mit à murmurer quelque chose, à voix basse, dans des syllabes incompréhensibles — ce n’était ni du reikspiel, ni du classique, ni même de la magikane. Ça ne ressemblait que d’un air parcellaire à l’eltharin.

Et alors, sous les yeux d’Isabelle, quelque chose de merveilleux, et pourtant inquiétant sembla se produire.

Les vents de magie se mirent à danser. Lesquels ? Tous. Ulgu qui venait de la nuit, le plus présent certes, mais aussi Aqshy qui s’écarta des chandelles allumées, Ghyran qui provenait de la poche de la blouse de Morell, Chamon dont les particules se détachaient des armures des autres gros bras. Même quelques fines traces d’un Hysh endormi se soulevèrent.
Les 8 vents allèrent sur les mains du chevalier aux roses. Et alors, ils formèrent ensemble Qhaysh, la Haute-Magie, celle impossible aux êtres humains — aucun ne pouvait les réunir ainsi, c’était un secret réservé aux Elfes, et peut-être à quelques archi-rares élus dans l’histoire de toute l’Humanité : Volans, et la Fée Enchanteresse, et la liste s’arrêtait déjà là.

Le « vent » de haute-magie traversa la princesse. La recouvrit. Alors, elle se mit à s’affaler paisiblement dans son fauteuil. Et sous les yeux d’Isabelle, les rides de la princesse s’estompèrent, son visage devenait plus clair, ses cheveux noirs se mirent à s’éclaircir pour que les mèches se mettent à tendre vers le blond. En quelques instants, elle venait de perdre au moins cinq ans d’âge. Et tout le long de l’incantation, le chevalier fermait les yeux, en respirant très lentement par le nez.

Soudain, il lâcha la princesse, et se leva tout droit en bondissant.

« Quelqu’un est ici. »

La surprise électrisa le reste de la bibliothèque. Les chevaliers se mirent à regarder dans tous les sens, comme des poules. Certains mirent les mains à leurs ceintures, et l’un s’approcha du roux comme s’il était la personne la plus importante de la pièce.

Le chevalier aux roses grinça des dents, et posa une main contre sa tempe, comme si une atroce migraine était en train de le paralyser. Il regarda à droite, à gauche, et, hasardeux, se mit à parler d’une voix claire :

« Montrez-vous — vous ne craignez rien si vous vous montrez. Mais si vous demeurez caché, sachez que je n’apprécie pas les espions ! »

Jet d’intelligence d’Isabelle : 10, échec
Jet de connaissances magiques d’Isabelle : 9, échec à cause du fiasco
Jet de perception : 11, échec

Quelques jets cachés.12
Image

Avatar du membre
Isabelle Breitenbach
Monster Vieux Monde 2022
Monster Vieux Monde 2022
Messages : 100
Profil : FOR 8/ END 8/ HAB 9/ CHAR 10/ INT 13/ INI 9/ ATT 8*/ PAR 8*/ TIR 9/ MAG 13/ NA 1/ PV 70/70
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isabelle_breitenbach
Autres comptes : Helveticus Matix, Necros Ahmôsis (en hibernation), Malbalor (décédé)

Re: [Isabelle] « Des draps remplis de pisse. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Le silence qui venait de s'installer pesa presque aussi lourdement sur Isabelle que sur la pauvre femme recroquevillée dans son fauteuil. Des secondes, des minutes, des heures... c'était infernal! Seul son propre corps se livrait à un véritable concert assourdissant. Elle sentait son pouls dans chacune de ses veines, alors que son crâne paraissait trop petit pour l'intensité des battements. Sa respiration lui semblait aussi bruyante qu'une chaudière à vapeur et le grincement de ses os résonnait comme le grincement d'une porte.

La tension était à son paroxysme. Le prédateur contemplait sa proie, apparemment prêt à lui sauter à la gorge. Mais ce n'était peut-être pas sur la fausse-princesse qu'il se préparait à bondir. Avait-il entendu le vacarme du corps de Breitenbach? Attendait-il le bon moment pour foncer vers elle et la pousser par-dessus le balcon?
Les muscles de la vieille sorcière se crispèrent, se préparant à faire fuir leur hôte. La bonne blague! Dans son état actuel, un tel mouvement brusque lui fracasserait probablement les membres.

Le prédateur brisa soudainement le silence, faisant sursauter la Dame de Fer. Heureusement pour elle, son exclamation fut étouffée par le rire du chevalier. L'homme se pencha en avant et malaxa outrageusement les épaules d'Isabella. Il fit ensuite signe au docteur d'agir et ce dernier s’exécuta, fouillant dans sa veste pour y chercher quelque chose.
Un autre chevalier entra alors en scène, celui avec des roses sur son plastron. Il se saisit violemment du bras de Morell, au point de le faire grimacer. Aucun mot ne fut échangé, mais le docteur se garda bien de lutter, ou même de s'offusquer. Il était dominé.

Le chevalier aux fleurs alla rejoindre Isabella, posa un genou à terre et tenta d'établir un contact. Net refus. Il n'insista pas. Se décidant finalement à prendre la parole, il s'exprima d'une voix calme, posée, infiniment plus sympathique de celle du rouquin. Cette fois, Isabelle n'y décela aucune animosité.

Quel étrange lien unissait tous ces personnages présents dans la pièce? L'un semblait animé d'une cruauté terrible, l'autre d'une amitié sincère, celle d'un frère, ou d'un amant. Isabelle n'y comprenait rien, son petit cerveau ne parvenant pas à organiser toutes ces nouvelles informations. Elle était toujours enfermée dans sa bulle, coupée du passé et du futur, incapable de se remémorer ou de planifier correctement.

La fausse-princesse, elle, ne se laissait pas berner. Malgré cette douceur, elle envoya une baffe verbale à son interlocuteur qui parut sincèrement l'impacter. Ce n'était probablement pas les mots, mais plutôt le ton de la femme qui blessa le plus le chevalier aux fleurs. Il réalisait la terreur qu'il inspirait et refusait de l'accepter.
Oui, il pensait pouvoir justifier ses actions, le comportement de ses collègues. Mais depuis le balcon, Breitenbach interprétait la scène bien différemment : des hommes à l'honneur bafoué qui violentaient une femme sans défense.

Si Isabelle trouvait déjà cette réunion lunaire, couverte d'un mystère opaque, elle n'était clairement pas prête à ce qu'il allait suivre. Le chevalier se mit à murmurer dans une langue singulièrement familière à la vieille sorcière. Ce n'était pas du magikane, mais y ressemblait fortement. Pourtant, Isabelle préféra plutôt l'associer à la langue des Asurs, car elle avait une tonalité bien plus symphonique, ses mots glissant somptueusement dans l'air.

L'aethyr présent dans la pièce s'anima. TOUT l'aethyr, quelle qu'en soit ses facettes. Ulgu, Aqshy, Shyish, Ghyran, Azyr, Ghur, Hysh et même Chamon. Les vents s'harmonisaient, brisant leur rivalité pour se mélanger en une seule et même manifestation. Les lèvres de la sorcière jaune bougèrent sans qu'elle ne s'en aperçoive.


« Qhaysh... »

Le mot lui avait échappé dans un souffle à peine perceptible, mais sa signification avait le poids d'une enclume sur la bouche de la sorcière. "De la Haute-Magie... ce type est en train de manier les vents à la manière des elfes.". Elle aurait pu en perdre connaissance, tant cela allait à l'encontre de toutes les règles de magie. C'était bien trop pour la moitié de cerveau qu'elle avait à disposition, seule les défenses aethyriques de son esprit lui permettant de rester debout, de continuer à observer la scène.

Était-ce son état actuel qui l'empêchait de tirer sens à ce qui se déroulait sous ses yeux? Ou l'anomalie était-elle bien réelle? Isabelle oubliait probablement quelque chose, ou alors, elle interprétait mal les informations à disposition. Peut-être... peut-être qu'avec assez de travail, elle pourrait elle-même manier le vent multicolore? Peut-être même l'avait-elle déjà fait jadis, pour finalement tomber dans une partie oubliée de son Labyrinthe Mental?

Sous ses yeux, Qhaysh enveloppa la fausse-princesse, influença son corps, son âge... la femme venait de rajeunir sous ses yeux! La mâchoire pendante, les yeux écarquillés, la Dame de Fer se retint de pénétrer dans la pièce pour aller palper la peau de la miraculée. Il devait y avoir un artifice, un jeu de prestidigitation habillement exécuté. Mais alors, comment justifier qu'un humain venait de manipuler la magie des elfes sous ses yeux?
Impossible. Ce devait être un elfe, camouflant ses oreilles pointues à l'aide d'un sortilège. Ou une créature abominable, partisane des forces de la Ruine.

Cet être inspirait une profonde terreur à la sorcière jaune et... et voilà qu'il l'avait repérée.

Ce constat arriva en décalé sur la Dame de Fer, qui avait jusque-là assisté à la scène en simple spectatrice. Non, elle était bien présente, elle faisait partie intégrante de cette pièce tragique. Et à présent, elle était en danger.

Sur leur garde, les chevaliers la cherchaient déjà du regard. Isabelle se plaqua immédiatement contre le mur pour leur échapper, sentant son corps fondre d'angoisse. Que pouvait-elle faire? Sauter par-dessus le balcon? Mort. Courir rejoindre sa chambre? Trois pas dans le couloir et ils la rattraperaient en marchant. Elle avait une canne pour se défendre, peut-être que les prendre par surprise serait suffisant? Elle les assommerait les uns après les autres, évitant soigneusement les armures, s'acharnerait un peu plus sur Morell, puis saisirait la main d'Isabella pour s'enfuir avec elle dans la nuit. Les gardes dans la cour... elle ferait pareil, et alors Altdorf serait à elles.
La stupidité de son intellect fut d'abord tenté par cette brillante idée, mais même un poulet décapité comprendrait que ce n'était pas sa meilleure option.

Non, ils allaient la trouver, c'était inévitable. Tout ce que l'ancienne magistère pouvait espérer faire, c'était de les convaincre qu'elle ne représentait aucun danger, immédiat ou futur.
La rigidité de sa volonté lui permit d'échapper à la panique, mais c'était tout ce qu'elle pouvait en attendre. Isabelle ne pouvait espérer parlementer, son esprit demeuré bloquerait sa répartie. Même en pleine possession de ses moyens, elle n'était pas sûre de pouvoir les berner avec de simples mots.

Son esprit demeuré...

Peut-être que si elle planifiait ses mots à l'avance, et les répétait en boucle, cela suffirait?

Son esprit demeuré... mais, n'était-ce pas là son meilleur avantage? Une opportunité à saisir? Elle se trouvait dans un asile après tout et jamais elle n'y avait autant trouvé sa place que maintenant. Une démente, coupée du reste du monde par cette bulle opaque, abrutissante. Oui, c'était sa seule solution.

La Dame de Fer glissa sur le balcon, ignorant les appels du chevalier rose, pour aller rejoindre la pièce au débarras. Elle ne savait pas encore ce qu'elle voulait y faire, ses mouvements répondant à des injonctions de son subconscient. Isabelle ferma la fenêtre le plus silencieusement possible, puis s'approcha de la porte. Elle remarqua le trou béant qui avait fait office de serrure, puis sentit le poids du métal fondu dans ses vêtements.
C'était important, mais pourquoi?

Elle voulait sortir, courir dans le couloir aussi vite que son corps le lui permettait. Au lieu de cela, Breitenbach se saisit de la serrure fondue, puis... s'assit. Elle laissa le surplus d'aethyr envahir pleinement son cerveau, la fatigue abrutir un peu plus ses sens et elle resta là, le métal distraitement entre ses doigts et le regard perdu dans une contrée imaginaire.

Il fallait que les chevaliers comprennent ce qu'il lui était réellement arrivé et simplement en exagérer les effets. Oui, elle avait vu les intrus depuis sa chambre et avait tenté de les espionner. Oui, elle avait utilisé la magie pour faire fondre la serrure. Oui, elle s'était grillée le cerveau.
Mais rien de plus. La pauvre femme était simplement restée là, hagard, avant même d'espionner quoi que ce soit. Elle n'avait pas vu les chevaliers, ni même la fausse-princesse ou le docteur Morell.

Isabelle laissa même sa salive envahir sa bouche, refusant de l'avaler. Que c'était facile dans son état actuel! Il ne lui restait plus qu'à répéter lentement, en boucle, la formule qui l'avait mise dans cet état, en reikspiel, jusqu'à ce qu'on la trouve. Ensuite... elle continuerait, en boucle et en boucle.


« Mes mains sont l'outil, la matière est mon œuvre. Mes mains sont l'outil, la matière est mon œuvre. Mes mains sont l'outil, la matière est mon œuvre. Mes mains sont l'outil, la matière est mon œuvre. Mes mains sont l'outil, la matière est mon œuvre... »

Si elle en sentait la nécessité, après un examen de Morell, Isabelle le regarderait sans vraiment le reconnaître - du moins ferait-elle semblant. Il serait seul maître de son attention, prenant bien soin de ne poser ses yeux vides sur personne d'autre. Alors, elle se dirait fatiguée, perdue, ne souhaitant rien de plus au monde que de regagner son lit.

"Ils n'obtiendront rien d'autre de moi." Se dit-elle, ou du moins Isabelle l'espérait.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
Profil: For 8 | End 8 | Hab 9 | Cha 10 | Int 13 | Ini 9 | Att 8* | Par 8* | Tir 9 | Foi 0 | Mag 13 | NA 1 | PV 70/70
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isabelle_breitenbach
États :
► Afficher le texte
Compétences :
► Afficher le texte
Équipement :
► Afficher le texte
Archidoxis :
► Afficher le texte
Liste des "Sursis" :
Warfo Award 2021 du meilleur PJ - Ecriture
Warfo Award 2022 du monster Vieux Monde

Image

Répondre

Retourner vers « Altdorf, Capitale de l'Empire »