[Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

L’Empereur Karl Franz siège à Altdorf, capitale impériale depuis. Altdorf est un carrefour du savoir et son université est l’institution académique la plus respectée de tout l’Empire. Là, les seigneurs et les princes de nombreux pays viennent s’asseoir aux pieds des plus grands penseurs du Vieux Monde. Altdorf est aussi le centre du savoir magique et ses huit collèges de magie sont fort justement réputés bien au-delà du Vieux Monde. Altdorf est une ville affairée, avec un nombre important d’étrangers, de commerçants et d’aventuriers. La cour impériale elle-même engendre une activité économique florissante, qui attire toutes sortes de gens.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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La petite Hanna parut très surprise lorsqu’Isabelle se retint de prononcer le nom de Hermaan ; mais un léger sourire forcé apparut sur son visage lorsque la sorcière se ravisait, et annonçait que ce serait à elle de prendre le repas.

« Oh oui, bien sûr, je peux vous tenir compagnie si vous le souhaitez… »

C’était loin de lui faire plaisir. Elle faisait semblant, par gentillesse, mais tout dans sa posture, ou dans les lignes de son visage, trahissaient son impatience et son envie de filer.
Elle était probablement juste ici pour récupérer un peu d’argent, puis elle filerait avec son cocher qui poireautait des heures devant pour retourner dans la capitale. C’était devenu son rythme régulier.

Il était en fait admirable qu’Isabelle ait encore de quoi la payer. Certes, elle avait des meubles (En train de pourrir), un manoir et un terrain (Pas entretenus), ça avait de la valeur. Mais trouver des liquidités, des pièces, ça, ça pouvait paraître bien compliqué quand on passait ses journées éloigné de tout, perché sur un promontoire isolé. Mais non, Isabelle avait toujours une escarcelle pleine pour Hanna.
Depuis des mois maintenant, elle avait un arrangement avec un sale petit con venu des bas-fonds d’Altdorf. Il arrivait toutes les deux semaines, avec ses mains sales et son pantalon couvert d’algues, et il filait un panier remplit de deux choses : de l’opium tombé de la cale, bien moins cher que celui taxé au Kaufmanshalle, et des petits flacons en verre. Parce que ces sbires étaient incapables de décontaminer les flacons, Isabelle devait passer un ou deux jours entiers de travail à simplement les stériliser, et ensuite, elle plaçait l’opium, en mélange avec de l’alcool pur et divers ingrédients, dans des alambics pour utiliser la science dont elle était maîtresse, l’alchimie. Avec de la magie et des connaissances techniques, elle parvenait à extraire les éléments de l’opium qui l’intéressait, et elle fabriquait des flacons de laudanum maison. Il n’y avait qu’à les rendre au garçon qui repassait avec du verre et de l’opium, et lui vendre pour des couronnes et des pistoles.

C’était un commerce pratique, qui lui permettait de payer la servante, pour avoir son bois de chauffe et ses nutriments. Et aussi, parce que ce commerce lui permettait de satisfaire son addiction. L’opium est une denrée extrêmement coûteuse, cultivée sur les haut-plateaux d’Inja, chargée dans des cales de galions Bretonniens, qui doivent éviter les pirates de Sartosa pour atteindre les comptoirs de Marienburg, avant d’entrer en terre d’Empire où elle sera taxée par le prince Karl Franz. L’opium est une addiction qui coûte cher, car c’est le globe terrestre entier qui a été traversée pour finir dans la pipe d’Isabelle.



Hanna était une très mauvaise cuisinière. Les légumes du potage étaient coupés trop gros, et cuits inégalement. Elle était très pince sur les ingrédients qu’elle achetait, parce qu’il n’y avait pas un gramme de viande là-dedans, et quand elle acceptait d’en ramener, c’était du mouton nerveux ou de la vache laitière en fin de vie. Pas d'épices non plus, pas même des plantes aromatiques — pour rendre la mélasse moins fade, il ne fallait pas lésiner sur le sel de table. La seule raison pour laquelle Isabelle mangeait avec avidité, c’est parce que bien souvent il n’y avait que ça ; mais les pigeons qu’elle faisait rôtir elle-même dans la cheminée amélioraient bien l’ordinaire.
Peut-être que Hanna faisait plus d’effort pour se nourrir elle-même. Car elle semblait prendre les cuillerées de sa soupe plus par politesse que pour véritablement s’alimenter. Et on entendait plus rien que les bruits de succion et le tic-tac de la grosse horloge.
Jusqu’à ce qu’Isabelle pose une question.

Alors, Hanna resta comme une idiote avec une cuillère en l’air. Elle papillonna des cils, et observa l’autre pièce.

« Vous… Disiez que c’était son échiquier ? C’est lui qui l’a fabriqué ? »

Reposant sa cuillère dans le plat, elle cessa de manger. Silence, un moment.

« Il m’a appris à jouer. Mais j’ai jamais été douée, et puis, c’était y a tellement longtemps… Des années, oui. »

Elle fit la moue. Elle semblait hésiter à dire quelque chose. Comme si elle souhaitait se confier, mais n’osait pas.
Avant de concéder quelque chose.

« C’est marrant. Vous me parlez souvent de Wilfried, mais c’est je crois la première fois que vous me demandez à moi de parler de lui. La plupart du temps, je me contente de hocher la tête, de faire comme si je vous suivais quand vous dites qu’il viendra manger ce soir, puis l’heure d’après vous oubliez son existence.
Balthasar Gelt est vraiment passé hier soir ici, donc. Ça vous a fait quelque chose. »


Elle… Pérorait. La petite Hanna, toujours serviable, à la petite voix de fausset, baissant les yeux pour regarder ses pieds, elle était en train de… Prendre Isabelle de haut. Ou la confronter.

« Vous savez à part venant de votre bouche, la dernière fois que j’ai entendu parler de lui c’est quand des répurgateurs m’ont convoqué dans un bureau de la cathédrale de Sigmar. Deux inquisiteurs à chapeaux longs, un homme et une femme, ils m’ont retenu presque toute une après-midi à me poser un tas de questions bizarres et intimes sur lui. J’ai cru que je ne sortirais pas de cette pièce vivante.
Mais à la fin, ils ont ouvert la porte, et un militaire m’a escorté dehors. Et je n’ai plus jamais entendu son prénom. Nulle part. »


Elle poussa son assiette, comme si elle n’avait plus d’appétit. S’enfonça un peu dans sa chaise, et fit un signe de tête un peu dédaigneux.

« C’est qui qui est en route pour vous faire du mal, du coup ? C’est les répurgateurs ? Ils remettent le couvert ?
Est-ce que c’est parce que… Enfin, non, ça peut pas être ça. Je veux dire… Wilfried. Il est mort. Ils l’ont brûlé vivant, non ? »

Jet de charisme (Bonus : +3) : 16, large échec
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Isabelle Breitenbach
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Après avoir nourri Isabelle à la cuillère, Hanna s'était installée à l'autre bout de la table pour consommer son repas, probablement froid. La vieille magistère ne put s'empêcher un sourire en remarquant l'expression de dégoût bien mal dissimulée de sa jeune servante. Si elle lui avait demandé de se joindre à elle pour déjeuner, c'était avant tout pour se sortir d'un mauvais pas. Mais à présent, Breitenbach se rendait compte que c'était un bon moyen de se venger de l'incompétence culinaire d'Hanna. De lui faire goûter sa propre médecine.

Si la Dame de Fer avait pour habitude de se défouler sur ses serviteurs malgré un travail exemplaire, elle était bien tombée avec la jeune fille : elle avait de bonnes raisons de se plaindre. La petite peste ne venait pas par charité, elle n'oubliait jamais de puiser dans les maigres réserves financières de son employeur. Pourtant, Hanna faisait preuve d'un effarant manque d'entrain pour s'occuper de la sorcière diminuée. Couvait-elle un mépris certain pour l'ancienne Grande Trésorière de l'Ordre Doré? Certainement, presque tout ceux qui avaient croisé sa route le faisait. Mais chez Hanna, il y avait quelque chose de plus profond, de plus secret. Peut-être même se le cachait-elle à elle-même.

Lorsqu'Isabelle posa la question fracassante, l'ambiance morbide du repas se changea en quelque chose de plus tendu, en un malaise désagréable. Tink lui-même avait cessé son ménage pour fixer l'horizon, sa tête vide parasitée par le désarroi de sa maîtresse. La jeune servante posa une première question, à laquelle Breitenbach ne répondit pas. Elle détestait se répéter et parler pour ne rien dire, simplement pour continuer la conversation. L'échiquier de son fils avait forcément été fabriqué par ce dernier, Hanna pouvait faire cette déduction d'elle-même.

Le regard de fer et de bleu de la vieille femme resta fixé sur sa jeune servante, observant les moindres détails de sa réaction. C'était à la jeune fille de briser le silence et, après un flottement de quelques secondes, elle admit avoir reconnu l'objet. Wilfried (Véréna soit louée, Isabelle ne s'était pas trompé sur le prénom de son propre fils!) lui avait appris comment jouer, mais Hanna n'avait pas fait preuve d'un grand talent pour les échecs.

« Evidemment, ma pauvre. » S'était malicieusement dit Breitenbach. « Pour cela, il faut faire preuve d'une certaine vivacité d'esprit... » Ô combien s'était-elle retenu de prononcer cette remarque à voix haute! Mais le temps n'était pas aux reproches. Grâce à cette maladroite question, Isabelle avait repris le contrôle de la conversation.

Ou du moins le pensait-elle, jusqu'à ce que la jeune servante reprenne la parole. Le ton avait changé, moins fuyant, beaucoup plus direct comparé à la voix fluette habituelle de la petite Hanna. Sans jamais regarder son employeur dans les yeux, elle commença par rappeler les nombreuses fois où la magistère lui avait parlé de son fils. C'était tout bonnement impossible car, avant l'arrivée de Balthasar, Isabelle s'était murée dans un silence d'acier concernant le sujet. Bien évidemment, ce raisonnement ne prenait pas en compte les nombreux délires de la vieille sorcière lorsque cette dernière, l'esprit embrumé par l'opium, était convaincue que son fils était toujours vivant.


« C'est ridicule voyons! Jam... »

Hanna ne l'écoutait pas, continuant sa croisade vengeresse contre la Dame de Plomb. Bouche bée, Breitenbach resta immobile, impuissante, devant le monologue de sa servant qui l'avait coupée pour la première fois. Elle lui concéda que le Patriarche Suprême était probablement passé la veille, mais Isabelle n'était pas dupe : Hanna cédait du terrain pour frapper plus fort ensuite.

La jeune servante détailla ensuite un fait dont elle n'avait jamais parlé à Isabelle (ou du moins, ne s'en souvenait-elle pas). Deux répurgateurs, un homme et une femme, étaient venus l'interroger au sujet de Wilfried, longuement. Abasourdie, Breitenbach tenta de reprendre la conversation en main, mais ne réussit qu'à balbutier quelques paroles incompréhensibles. La surprise l'avait fait avaler de travers et l'ancienne magistère se retrouva à lutter contre une toux grasse particulièrement agressive. Elle ne lutta pas efficacement pour s'en débarrasser, cherchant toujours à s'exprimer par dessus et relançant son toussotement de plus belle.

Hanna, elle, restait imperturbable. Peut-être ne s'était-elle même pas rendue compte que son employeur était en train de s'étouffer dans sa propre salive, le visage cramoisi. Isabelle avait les yeux embrumés par les larmes, elle cherchait à déloger ce glaire particulièrement récalcitrant qui lui bloquait la gorge. Après un long raclement indigne de sa personne, elle put enfin défaire son terrible adversaire et le cracher mollement dans son assiette. Elle contempla sa "victoire" pendant de longues secondes, sa respiration rauque lui faisant regagner sa mine blafarde.

La jeune servante parlait probablement de l'époque du retour de Wilfried de son compagnonnage, lorsque les répurgateurs étaient à sa poursuite. Hanna, qui avait longtemps connu le jeune mage avant son départ aurait pu être une source d'informations utiles. Mais alors, pourquoi semblait-elle aussi confuse, hésitante, en parlant de la mort du pauvre homme? Certes, son ton, ses paroles et son comportement étaient intolérables, dignes d'une splendide correction, mais Breitenbach sentait qu'il y avait quelque chose de bien plus important dissimulé sous cette impertinence.


« Hanna, de quand date cet interrogatoire? Réfléchis bien, c'est extrêmement important. »

Si Isabelle souhaitait avant tout avoir la réponse à sa question, c'était aussi un bon moyen d'échapper à la confrontation. La Dame de Fer n'avait jamais baissé l'échine pendant un combat, surtout verbal. Elle parvenait toujours à retourner les armes de ses adversaires pour les empaler ensuite avec. Même lorsqu'elle était en tort, la conversation finissait par être renversée à son avantage. Il fut un temps, elle se vantait de pouvoir assassiner quelqu'un en pleine rue et d'accuser légitimement la victime d'avoir sali ses vêtements, se dédouanant ainsi de toute poursuite.

Mais ici, face à cette petite femme peu impressionnante, la vieille Breitenbach n'avait aucun moyen de se défendre. Aucune pirouette, aucun trait d'esprit ne suffirait à l'éloigner de la terrible vérité. Et c'était cela que la sorcière avait besoin de corriger, cet acte unique qui avait précipité la chute de sa carrière, bien des années plus tard. Si Wilfried était bel et bien vivant, alors la chute d'Isabelle n'aurait pas de fondement. Alors, la Dame de Fer pourrait regagner toute sa prestance.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Quand ? »

Hanna répétait ce mot, un peu comme si elle n’avait pas bien entendu. Elle fronça les sourcils, ne semblant pas trop bien comprendre le cheminement de pensées de sa maîtresse.

« Comment ça, quand ? Vous voulez que je rentre chez moi et que j’aille vous chercher la convocation ?
C’était y a des années. Avant le Déluge. »


La marche d’Archaon et de ses légions vomies des steppes n’avait pas pu atteindre Altdorf ; mais dans la capitale, la Fin des Temps avait pu être ressentie. Peut-être que c’était, en trame de fond, ces événements qui avaient accéléré le renvoi et l’exil forcé d’Isabelle. Enfermée dans son manoir, elle n’avait pas pu saisir tous les événements qui avaient eu lieu dans la cité, dont elle n’était informée que par des dépêches, des placards tendancieux et partiaux.
Ce qui était sûr, c’est que Wilfried avait été remis aux répurgateurs bien avant que les Kurgans et les Norses ne franchissent le Lynsk, et commencent leur sanglante chevauchée jusqu’au cœur de l’Empire.

« Attendez… Rassurez-moi un instant, madame… »

Quelque chose venait de germer dans l’esprit de la petite servante. Quelque chose qui la fit mesurer ses phrases, et traîner un peu ses syllabes.

« Vous… Vous n’êtes pas en train de suggérer que c’est de ma faute si Wilfried a été arrêté ? »

Elle eut une lèvre qui tremblait, de dégoût.

« J’ai été interrogée après son arrestation. Peut-être cherchaient-ils des complices. Ou ils voulaient alourdir les charges contre lui.
Je n’ai rien eu à leur dire. Et pas parce que j’ai omis des faits ; Wilfried m’a un peu écrit au cours de son compagnonnage, et puis il a soudainement arrêté. Il ne faisait plus partie de ma vie. »


Elle grimaça. Serra des dents. Depuis le début de la conversation, elle n’arrêtait pas de regarder un coin ou l’autre du manoir — ses fleurs qu’elle avait fait survivre en les abreuvant contre la fenêtre, la grosse matou qui portait un de ses chatons par la peau du cou dans le jardin, ou le petit Tink qui, d’un pas très lent, ramenait de la vaisselle à aller tranquillement récurer dans de l’eau sale.
Elle hésitait. Et finalement, elle regarda Isabelle droit dans les yeux. Directement, dans les yeux.

« Mais je peux vous parler du jour où il est rentré à Altdorf, par contre.
Vous travailliez au collège. J’étais là… Pas dans cette pièce… Dans la serre, là. »

Elle pointa du doigt la fenêtre dehors. L’endroit où la chatte rassemblait en miaulant ses bébés pour qu’ils viennent téter.

« Ma mère, son âme repose au Jardin, m’avait demandé d’aller chercher de quoi faire la cuisine… Je coupais du thym, et je suis tombé sur ce type, avec un manteau dégoulinant de boue, barbu, les yeux rouges… J’ai cru que c’était un homme-bête sorti d’un conte, sur l’instant, j’ai failli hurler.
Il était complètement hagard, et terrifié à l’idée de vous voir. Je l’ai accueilli à l’intérieur, moi et maman on lui a donné à boire, et il a passé presque une heure à chialer, avec sa tête collée à la table. »


Et elle toqua sur la table sur laquelle Isabelle était en train de péniblement boire sa soupe.

« Je me souviens que je l’ai enlacé, serré très fort dans mes bras, et je lui ai dit que vous le protégeriez. Qu’il pouvait tout vous dire, parce que vous le garderiez en sécurité. »

Et là, Hanna se mit à sourire d’une mine cruelle.

« Imaginez comment tout ça aurait pu être différent si je lui avais pas dit ça. »
Jet d’intelligence : 12, échec. Tu as du mal à te rappeler de détails précis sur ce qui s’était passé au retour de Wilfried. Tu te souviens bien d’un duo de répurgateurs, un homme et une femme, leurs noms sont même gravés dans ta mémoire (Immanuel Leütz et Michaela Dousa), et ce que Hanna raconte s’insère bien dans tes souvenirs.
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Isabelle Breitenbach
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par Isabelle Breitenbach »

"Quand", un mot qui avait perdu beaucoup de sa signification aux yeux d'Isabelle. A chaque fois qu'elle tentait d'ancrer un souvenir dans le temps, ce dernier lui échappait souvent des mains pour aller se perdre dans un torrent chaotique, anarchique. Les paroles d'Hanna avaient fait naître une lueur d'espoir dans la vieille Breitenbach. « Est-ce possible? Les répurgateurs relancent la traque de Wilfried après qu'il se soit échappé il y a des années? » Non. Evidemment non. Alors que la servante s'acharnait à étouffer l'espoir mort-né de son employeur, Isabelle se rappela de deux silhouettes enfermées dans leurs accoutrements sordides. Feütz et Dora... Dousa! S'il lui était impossible de se remémorer la date exacte de leur venue, elle ne datait certainement pas d'hier. Les deux misérables fouines avaient accompli leur tache et ce, avec l'aide de la mère de leur proie.

Le Déluge. Encore un évènement dont Isabelle ne se souvenait pas du tout. Pourtant, le terme rappelait en elle une sensation désagréable, oppressante. Elle pouvait l'identifier comme une période très sombre de sa vie sans pour autant la situer temporellement ou même en définir les tenants et les aboutissants. Etait-ce une catastrophe météorologique? Peut-être bien, la magistère déchue se rappelait d'un ciel sombre, menaçant. Le cataclysme aurait ravagé les récoltes de l'Empire et de la Bretonnie, provoquant une famine de plusieurs années. Bien au chaud à l'intérieur du Collège (ou de son manoir, comment savoir), Isabelle n'en aurait pas subi les effets comme un membre de la plèbe tel que Hanna.

L'impertinence est un mal exponentiel. Ça commence par un mot, ou un geste déplacé, puis l'individu se sent pousser des ailes et s'imagine pouvoir renverser le système de classes. Si cette tumeur n'est pas rapidement sectionnée, elle peut donner naissance, avec un peu de temps et de charisme à une révolte chaotique et sanglante. La jeune servante avait commencé sa croisade illusoire d'un pas hésitant, chacun de ses mots déplacés brûlant sa langue et ses lèvres. Son teint pâle avait pris des tournures cramoisies et son regard fuyait celui de son employeur. Mais à présent, elle prenait déjà de l'assurance. Sa voix ne tremblait plus, son regard restait fixe, plongé dans ceux d'Isabelle. Elle n'avait aucune idée du chemin dans lequel elle s'engageait, de la pente glissante qui s'inclinait sous ses pieds

Tink, qui s'était rapproché de la table, s'échauffait. Le "tic" régulier de son organisme accélérait dangereusement tandis que sa petite cheminée exultait une fumée épaisse et bruyante, telle une cocotte au bord de l'implosion. Il représentait l'esprit patient mais bouillant de la vieille sorcière. Si souvent elle avait utilisé cette technique : laisser son adversaire exprimer le fond de sa pensée, pendant que sa colère mijotait et prenait une ampleur considérable. Enfin, lorsque son interlocuteur pensait avoir gagné, lorsque tous ses arguments étaient étalés sur la table, la Dame de Fer s'éveillait pour le fracasser dans des proportions gargantuesques. Alors, Isabelle voyait rouge et quiconque se tenait devant elle devenait aussi la cible du massacre verbal.

Hanna scella son destin avec sa dernière remarque, particulièrement viscérale. La cocotte avait atteint saturation, le spectacle allait pouvoir commencer.

Jusque là vieille femme tassée sur elle-même et immobile, Isabelle se redressa d'un seul coup pour lever ses bras au dessus de sa tête. Elle fracassa ses poings sur la table, faisant bondir la vaisselle et exploser son verre au sol. Le visage de la Dame de Fer était en fusion, son regard d'acier vomissant une haine indescriptible. Il ne restait rien de la Dame de Plomb, de l'Oxydée, hormis ses vêtements rapiécés et du maquillage maladroitement appliqué. Isabelle von Breitenbach avait retrouvé une vigueur oubliée. Aux côtés d'Hanna, Tink semblait au bord de l'implosion, sa petite cheminée rougeoyant sous la chaleur d'une flamme s'en échappant. Son "tic" était devenu un bruit continu, tel le vrombissement d'un moteur à vapeur. Des spasmes l'empêchaient de tenir sur place, agitant chaque membre de son petit corps.

La voix de Breitenbach résonna dans toute la pièce, étonnamment grave, à peine tremblante. Autour d'elle, la matière se mit à luire un peu plus.


« Mon fils!! Mon propre fils!! C'est lui qui m'a trahi!! Il a vécu sa jeunesse dans l'opulence et le luxe!! Son assiette était toujours pleine, ses vêtements toujours chauds!! Loin de la misère et de la maladie!! GRÂCE A MOI!!! S'il n'a pas reçu l'amour infect et amoindrissant d'une mère, c'était pour ne pas finir comme la merde molle et ingrate que tu es!!

OUI, tu n'es qu'une ingrate!! »
Isabelle pointa son doigt crochu sur sa servante. « Car c'est grâce à ma fortune que ta mère t'a sortie de la boue d'Altdorf!! Que tu as pu grandir aux côtés de la chair de ma chair!! J'avais un certain respect pour ma gouvernante, mais quand je vois le résultat de son éducation je me dis qu'elle était aussi incapable que les autres!! »

La Dame de Fer se leva, ses deux poings calés sur la table.

« Tu OSES me critiquer sur l'éducation de mon fils?! As-tu seulement conscience de la force de volonté nécessaire pour une femme d'atteindre mon rang et d'élever un enfant?! TOUT lui a été offert, même la liberté d'explorer le monde pour son compagnonnage. Qu'as-t-il fait de cette opportunité?! Il s'est plongé à bras ouvert dans la RUINE, acceptant en lui la corruption qui rend le monde si misérable, si cruel!! Il a CONTRIBUE!! Et en le défendant, tu y contribues aussi.

Tu penses que je cherche son pardon?! Que je vais lui supplier de revenir à mes côtés?! JE ne lui ai toujours pas PARDONNE, qu'il soit MORT ou VIVANT!! S'il franchissait maintenant ma porte, les bras ouverts, je l'abattrais de mes PROPRES MAINS!! Ce misérable!...
Ce petit con... Mon propre fils... »

Isabelle sentit soudain son esprit flancher et l'émotion la submerger. Etait-ce le laudanum? L'opium? Impossible à dire. Sa colère flétrissait rapidement, balayée par une terrible vague. Elle ne pourrait pas tenir longtemps. Désespérée, elle tenta maladroitement de murmurer un sort de Rigidité du Corps et de l'Esprit pour garder le cap, reprendre sa furie en main. Alors, elle pourrait proprement écraser son adversaire, la réduire à l'état de bouillie mentale. Elle ne s'arrêterait pas là, continuant de marteler la pauvre Hanna jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien d'elle. L'aethyr s'agita pour s'insuffler en elle. Le spectacle pouvait reprendre.

« Mon fils! Mon... mon pauvre fils. Il... Je l'ai... Je l'ai abandonné... »

Le sort s'essouffla aussi vite qu'il était apparu, laissant Breitenbach livrée à elle-même. En atteignant le pique de sa colère, elle avait fini par entendre ses propres paroles, l'affiliant à l'image du petit garçon lui tendant un magnifique échiquier. Elle eu honte. Honte d'elle-même cette fois. Et de cette honte germa une peine aussi forte que lors du départ du Patriarche Suprême. Mais cette fois, elle n'était pas abrutissante ou paralysante. Cette fois, elle submergea la Dame de Fer. Elle plaqua ses poings contre ses yeux, les serrant jusqu'à ce que ses ongles lui fasse mal.

« Merde. » Un dernier soubresaut. Isabelle se tassa encore un peu plus sur elle même, tentant de s'enfermer dans une forteresse d'acier. Aux pieds d'Hanna, Tink était assis, défait, résigné. Il n'y avait rien à faire, la culpabilité était trop forte. Des années de déni n'avaient pas suffi à l'enfermer définitivement. Si Balthasar avait ouvert une fenêtre, Hanna venait de défoncer sa cloison, de libérer ce terrible sentiment de sa cage.

Isabelle von Breitenbach fut agitée de sanglots, silencieuse, tentant toujours de les contenir. Puis, elle céda pour de bon et fondit en larmes. S'effondrant sur sa chaise, elle dissimulait toujours son visage dans ses mains. Mais cette fois, ses poings étaient ouverts, ses muscles n'ayant plus la moindre force à déployer.


« Je... J'ai fait ce que j'ai pu... Je pensais que... Qu'il pourrait tout affronter... Comme moi...

Mais qu... Quand j'ai dû faire un choix... J'avais travaillé si... si dur... Je me suis dit que, de toute façon, il... n'existait plus... J'ai fait un calcul simple, si cohérent à l'époque. Vingt-trois années d'un fils avec un avenir sombre contre... contre cinquante années d'un travail acharné offrant un avenir prometteur. Par Sigmar... Je l'ai même... Je l'ai griffonné sur un bout de papier... Une simple équation. Si simple... si simple... »


Elle ôta ses mains de son visage pour contempler son assiette peu ragoûtante, puis les murs recouverts de fientes et les meubles attaqués par la moisissure.

« Je... J'ai... J'ai... » Incapable de terminer sa phrase, Isabelle prit une profonde inspiration avant de repartir dans un flot de larmes encore plus virulent. « J'ai choisi! »

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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Vissée à sa chaise. C’était là toute la réaction de la servante. Si son cruel sourire s’était très vite dissipé, pour laisser une mine de surprise, avec ses yeux tout ronds et ses lèvres légèrement entrouverte, elle sembla se ressaisir au milieu de la diatribe. Serra des dents, comme un boxeur qui se préparait à essuyer des coups, et ferma une poigne solide sur une serviette.
Mais elle n’offrit rien de plus. Pas de larme, pas de joues qui rougissent. Rien. Elle se contentait d’essuyer, silencieuse, si bien qu’à la fin on n’entendait plus que les sanglots larmoyants d’Isabelle. Et Hanna la regardait.

Jusqu’à ce qu’elle ne mette fin à tout ce cirque que d’une phrase de pure violence.

« C’est bon ? Vous avez fini ? »

Au grand dam d’Isabelle, la petite peste d’Altdorf avait singé sa maîtresse. Elle prenait la même posture qu’elle. Et rétorquait le genre de phrase qu’elle aurait été bien capable de sortir si un de ses proches lui avait offert la même scène.
Von Breitenbach n’avait jamais été le genre de personne compassionnelle.

« Parce que si vous avez fini, vous pouvez enfin me dire pourquoi vous ressassez ces souvenirs.
Allez. Dites-moi qui va venir dans quelques jours, et comment je peux aider. »


Et dédaigneusement, elle passa sa serviette sur la table, peut-être pour qu’Isabelle s’en saisisse afin de sécher ses larmes.

Jet de charisme d’Isabelle (Bonus : +4. Intimidation : +1) : 19, échec automatique.
Jet d’intelligence de Hanna (Malus : -4) : 3, réussite.
Réussite haut la main de la jeune fille ; elle n’éprouve ni pitié, ni compassion, ni peur envers Isabelle. Elle demeure de marbre.
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Isabelle Breitenbach
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Isabelle se stoppa net. Le flot de larmes, jusque-là intarissable, s'était évaporé sous la violence de la réponse d'Hanna. La Dame de Fer avait sorti le grand jeu, avant de misérablement s'effondrer. Pourtant, même alors, la jeune servante était restée de marbre, observant, les dents serrées, la scène. Puis, lorsque sa maîtresse avait cédée, elle l'avait achevée d'une simple phrase. La vieille sorcière était-elle diminuée à ce point? Malgré son regain de vigueur, elle n'avait eu aucune chance face à ce petit morceau de femme.

Certes honteuse, Isabelle n'était pourtant pas vexée par la réaction d'Hanna. En réalité, elle se retrouvait un peu en elle par ce simple mais puissant acte de défiance. De plus, l'ancienne magistère lui était reconnaissante, la douche froide d'Hanna lui faisant réaliser à quel point elle était ridicule. Ce laisser aller n'était pas digne de la Dame de Fer et si Breitenbach planifiait de se reprendre en main, elle ne pouvait plus se permettre pareil abaissement. Elle se trouvait face à un adversaire qui lui était supérieur et ne pouvait que l'admettre.

Isabelle ramassa la serviette, la plia soigneusement puis l'étala sur la peinture grotesque qu'était son visage. Lorsqu'elle eut terminé, le torchon était multicolore, représentant la décadence physique et psychologique de la vieille Breitenbach. Elle contempla cette oeuvre sinistre pendant plusieurs secondes avant de se moucher dedans. A présent, ses paupières, ses joues et ses lèvres étaient sans couleur, ses cheveux décoiffés s'affaissant autour de son visage. Si elle paraissait toujours âgée et fragile, au moins n'y avait-il plus d'artifices.

L'ancienne magistère s'alluma une cigarette, sans opium cette fois, puis posa un regard sérieux sur sa servante. Elle la jaugea de l'oeil, prenant pleinement conscience de l'atout qu'elle avait en face d'elle. Inutile de s'enfoncer dans plus de mensonges, car Hanna s'en apercevrait immédiatement. De plus, cette dernière venait d'ouvrir une fenêtre de sincérité qu'Isabelle n'avait pas l'intention d'ignorer.


« Une prêtresse de Shallya. Elle doit passer dans quelques jours pour juger de mon état. Après quoi, je finirai probablement à l'hospice jusqu'à la fin de mes jours. Si une chose en ce monde est certaine, c'est que je n'y survivrai pas longtemps et tous seront à jamais débarrassé de mon existence. »

Isabelle laissa le silence s'installer. Tink, qui reprenait vie, s'approcha d'elle et ouvrit les bras. La vieille femme souleva le petit golem pour le mettre sur ses genoux, le faisant luire légèrement. Certes, la créature n'avait pas une once de conscience en elle, mais elle représentait un miroir de la psyché de sa maîtresse. De plus, son design rappelait à Breitenbach les jouets de son propre fils. Ce geste d'apparence totalement inutile lui faisait ressentir un étrange apaisement.

« Si la situation était si simple, j'y aurais trouvé une solution. Jusque-là je n'avais pas de raison acceptable pour mettre un terme à ma vie, mais la perspective d'une mort certaine entre les mains de ces prêtres aurait été suffisante. Une surdose de laudanum et "pouf", j'aurais rejoint le Jardin dans mon dernier sommeil. »

Tink sembla s'endormir entre les bras de sa maîtresse, le ronronnement de ses "tics" réguliers rappelant la respiration d'un chat confortablement installé.

« Mais les dernières paroles du Patriarche ont tout changé. Il m'a proposé de se renseigner auprès des autorités compétentes sur ce qu'il est advenu de Wilfried.

Peut-être pensait-il que cela m'aiderait à lâcher prise. Mais non, bien au contraire. Jusque-là, j'étais convaincue qu'il était mort, que ses cendres avaient depuis longtemps quitté la Colline Crépitante. Je n'ai jamais pris la peine de m'en assurer. Or, à présent, je doute. Je doute terriblement.

Peu de gens parviennent à se délivrer des répurgateurs. Très peu. Mais il y en a. Cette probabilité existe bel et bien. ​»


Cette fois, ces paroles ne provoquèrent pas une montée de larmes. Isabelle parlait calmement, sans émotion, l'esprit terriblement pragmatique.

« Je dois m'en assurer. Et je dois le faire par mes propres moyens. Je lui dois bien ça.
Si j'attendais à l'hospice, laissant la léthargie me ronger, peut-être ne serais-je alors plus capable de comprendre les informations récoltées par Gelt. Je mourrais sans savoir, sans réponse définitive pour clore ce chapitre de ma vie. »


Le visage de Breitenbach se durcit, son regard d'acier ne quittant pas les yeux de la jeune Hanna.

« Il faut que je sache, pour lui comme pour moi. S'il est vivant, je dois le retrouver. S'il est égaré, alors je le ramènerai sur le droit chemin... ou je mettrai un terme à ses souffrances. »

La posture ferme d'Isabelle s'affaissa soudain. Après sa misérable crise de nerf, la fatigue la rattrapait. Elle pouvait tenir la conversation encore quelques minutes, mais finirait fatalement par s'endormir.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Hanna se redressa plusieurs fois au fur et à mesure où elle entendit les explications d’Isabelle. Quand la magicienne eut terminé de tout raconter, la servante hocha de la tête, et se contenta d’un laconique :

« Je vois. »

Elle grimaça, pianota sur la table. Et, d’un coup, elle se releva tout droit.

« Bon. Votre déjeuner sera peut-être meilleur avec un peu de vin, non ? »

Elle offrit à Isabelle un léger sourire, et, sans attendre un véritable avis ou une réponse, elle se leva et disparut à travers le salon, en ouvrant au passage le tiroir d’une commode pour saisir un peu de cire de bougie.
Elle laissait la vieille seule, le temps d’aller affronter la cave. Humide, délabrée, un dépotoir envahit de rats… Mais on y trouvait encore quelques rares trésors.
Hanna remonta au bout de quelque chose comme un quart d’heures, vingt minutes. Sous le bras, elle tenait une bouteille. La mine de la servante avait un peu changé : il y avait de la poussière sur sa robe, et le reste d’une toile d’araignée sur son épaule dont elle se débarrassa. Elle posa la bouteille sur la grande table de la salle à manger. « Vallée de Lyrie — 2511 ». À en juger par l’étiquette jaunie, et le verre sale, ça devait faire des années que cet alcool avait été acheté. Sûrement à l’époque où Isabelle pouvait encore décider elle-même de comment garnir sa table.
À moins que… À moins que ce n’était le cadeau de quelqu’un ? Hermaan, peut-être ? Il aime bien le vin Bretonnien. Non, non, pas Hermaan, il en buvait secrètement à sa table, mais son patriotisme avoué faisait qu’il n’offrait en cadeau que des cépages Impériaux… Qui d’autre, alors ? Karin, peut-être ? Il faut voir. Est-ce qu’elle s’est mise en colère et ne lui a plus jamais parlé avant ou après l’année du vin ?

Hanna planta un tire-bouchon dans le morceau de liège qui s’effritait. Il lui fallut utiliser un peu de force, elle galéra en grognant pendant de longs instants, décidant même d’entourer le récipient d’un linge pour avoir une meilleure prise. Mais finalement, elle parvint à ouvrir cette foutue bouteille, et, en haletant un peu, elle servit Isabelle dans un verre à pied sale de calcaire qu’elle avait trouvé dans un buffet.
Elle s’en servit un aussi. Put rapidement une gorgée, sans prétendre y connaître quoi que ce soit en agitant le liquide au fond du verre pour observer sa robe. Elle agita la tête, et ricana.

« Taal soit loué — pour une fois qu’une bouteille est pas bouchonnée… »

Elle se remit sur son siège, et, après un instant de réflexion, reprit la discussion là où elle l’avait laissée.

« Gelt vous a bien ferré. Parce que je suis pas certaine que beaucoup de gens vous doivent encore des faveurs… Si ? »

Il fut un temps, Isabelle connaissait des gens. Mais où étaient-ils tous passés ? Elle avait connu l’ambassadeur de Bretonnie, mais ça se change, les ambassadeurs. Hermaan, avait-il eut sa promotion tant désirée ? Des fois, elle avait l’impression qu’il était dans son salon, et d’autres, qu’il ne lui avait plus parlé depuis des années. Karin, son ancienne collègue magistère, avec laquelle elle avait co-signé de nombreux mémoires, elle aurait pu être une aide précieuse… Mais Isabelle avait ruiné sa thèse, alors qu’elle faisait partie de son jury. Comme si Isabelle von Breitenbach était du genre à accorder des passes-droits aux études bâclées car c’est une proche qui en est à l’origine. Mais Karin devrait avoir… Soixante ans, aujourd’hui ? Dans le salon, parfois, elle continuait à la voir jeune pourtant, comment elle faisait pour avoir des cheveux toujours aussi noirs ?

« S’il peut vous obtenir ces informations, qui d’autre pourrait les avoir à sa place ? Avez-vous une piste ? »

Elle laissa Isabelle répondre, en sirotant son verre de vin.

« Au fond…
Pourquoi vous y allez pas, dans cet hospice ? C’est pas un pénitencier. On reçoit des visiteurs. Tout ce qu’il vous faut, c’est quelqu’un qui s’assure qu’on vous enferme pas pour l’éternité, quelqu’un qui puisse réclamer des droits à votre place, et qui agisse dans votre intérêt.
Vous avez… De la famille, non ? »


Oui. Les von Breitenbach étaient une famille. Avec des terres et des offices. Mais Isabelle n’avait rien eu d’autre qu’une relation conflictuelle et tumultueuse avec les gens de son sang. Elle s’était séparée d’eux tous, et ils ne prenaient même pas la peine de faire semblant de s’intéresser à elle.
À moins. À moins que…

…Dans toutes les familles, il y a des déchets. Des vilains petits canetons. Des gens qui choquent trop et qui n’auront pas la chance d’être mis en avant par leurs parents.
Isabelle se souvenait de lettres. De petit-neveux et de nièces, qui lui souhaitaient la nouvelle année, ou un bon Sigmartag. Des gens qui demandaient de ses nouvelles.
Ils voulaient son argent. Ils n’envoyaient ces deux-trois missives annuelles que dans l’espoir de pouvoir toucher un quelconque héritage qu’elle n’avait plus vraiment. Au moins, ces papiers faisaient un bon carburant pour attiser les flammes de la cheminée l’hiver.
Mais si l’idée de Hanna n’était pas totalement idiote, alors, peut-être pourrait-elle recontacter ces jeunes imbéciles.
Il y en avait deux qui surgissaient instinctivement dans sa tête.

Petra von Breitenbach, la petite-fille d’un cousin qu’elle avait maltraité quand elle était toute jeune — ses cousins avaient l’âge d’être grand-parents, que le temps passe vite. Une jeune fille qui avait été enfermée dans un couvent Sigmarite pour des affaires de mœurs, elle n’avait pas trop compris, puis qui avait fui pour devenir une sorte de saltimbanque. Autant dire qu’elle était déshéritée.
Et puis, Detlef zu Ogenhammel ; lui, il était lié à la famille par mariage, il avait épousé une von Breitenbach. Il devait être… Quarantenaire, aujourd’hui. Sauf que ce monsieur était un Nordlander, et Ulricain par-dessus le marché, alors on cherchait constamment à l’évincer.
Petra et Detlef avaient tous les deux des raisons de détester les von Breitenbach. En ça, ils avaient de grands points communs avec Isabelle.

« Ou alors vous m’adoptez comme votre fille. »

Elle avait dit ça sur le ton de la blague, à en juger par son immense sourire.

Et elle prit son verre, en la regardant droit dans les yeux.




Et pourquoi pas ?
Dernier jet de charisme (Je compte pas en lancer des dizaines non plus) (Bonus : +3) : 3, bonne réussite.
→ Hanna se détend. La servante s’est rebiffée et est plus honnête dans ses intentions, mais elle ne compte pas te laisser tomber comme une vieille chaussette.

Jet de mémoire : 18. La date sur la bouteille te rappelle quelques souvenirs, mais comment être certaine ?

Jet de connaissance : 12. Isabelle n’a plus d’amis. Si seulement ton cerveau était pas troué, c’est atrocement frustrant — tu as des idées qui naissent dans ton cerveau, mais aucune ne veut véritablement sortir…
…Peut-être que les Shalléennes peuvent t’aider ?

Jet de mémoire : 2. Ah ! Ah ça se débloque !
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Isabelle Breitenbach
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par Isabelle Breitenbach »

L'honnêteté d'Isabelle avait fait mouche. Son histoire se serait peut-être soldée différemment si la vieille magistère l'avait utilisé plus régulièrement. Mais elle préférait faire plier plutôt que convaincre et son tempérament avait toujours donné le résultat attendu... Du moins jusqu'à ce soir. Son masque de sécheresse enlevé, Hanna retrouvait un visage amical, tout en gardant une lueur de malice dans le coin des yeux. Chacun avait posé ses cartes sur la table et il n'y avait plus de raison de se cacher derrière des faux-semblants.

Elle se redressa pour proposer du vin. Sans attendre de réponse, la jeune fille s'en alla, bougie en main, en quête d'une bouteille. Isabelle ne put s'empêcher de grimacer à l'idée de laisser cette petite peste pénétrer sa "Rivière de Saveurs", mais ne dit mot. Elle avait soif et cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas bu de vin. Durant sa dernière tentative pour gagner sa cave, Breitenbach avait perdu pied et s'était écrasée en bas des escaliers, incapable de se relever. Ce n'est que le lendemain que la gouvernante, presque convaincue que son employeur avait quitté les lieux, entendit une plainte suraigüe en provenance du sous sol. La remontée des escaliers avait pris un temps fou et Isabelle n'avait jamais pu goûter à une de ses précieuses bouteilles depuis.

A son retour, Hanna trouva Isabelle en train de somnoler au dessus de son assiette. Elle posa brusquement la bouteille sur la table, faisant sursauter sa patronne, avant de l'attaquer à l'aide d'un tire-bouchon. L'étiquette ne rappela pas grand chose à Breitenbach, hormis une pâte molle de souvenir mélangés entre eux. Les yeux lourds, elle contempla le liquide s'installant dans son verre. Elle perdait pieds à nouveau et retrouvait son air hagard habituel. Mais la conversation ne faisait que débuter et elle ne pouvait se permettre de s'égarer dans un sommeil à la débouchée incertaine. A peine son verre rempli, Isabelle sortit de sa torpeur pour s'en saisir et le finir d'une traite. Le liquide n'eut même pas le temps de lui brûler l'estomac qu'elle demanda qu'on la resserve d'un geste.

Son visage démaquillé reprit un peu de couleurs et son regard s'affina. La vive chaleur qui attaquait sa gorge ne dérangea pas la vieille sorcière, satisfaite d'avoir aussi facilement repoussé l'étreinte de la fatigue. A présent, elle pouvait savourer le vin, même si ses gorgées étaient bien plus régulières et garnies que la bienséance ne le suggérait.

Hanna rompit le calme de la dégustation pour entrer dans le vif du sujet, et ce, sans le moindre tact. Isabelle ne s'en formalisa pas, préférant fouiller dans sa mémoire décrépite pour tenter de lui donner tort. Karin lui vint en tête, avant d'immédiatement rappeler une vive sensation à la sorcière. Celle d'une rivalité grandissante, d'un duel mental dont elle était sortie triomphante. Isabelle se souvenait du sentiment de trahison ressenti par Karin, qui n'avait pas compris qu'elle se trouvait dans l'arène non pas aux côtés de sa collègue, mais contre elle. Pauvre femme pitoyable, s'était dit la Grande Trésorière, elle devrait lui être reconnaissante d'avoir mise à nue sa naïveté accablante. Mais Karin n'était pas reconnaissante. Pas du tout.

Hermaan restait donc l'élément le plus fiable le plus fidèle. Breitenbach s'apprêtait à le suggérer pour fermer le clapet de sa servante, mais se ravisa soudain. Si Hermaan passait de temps à autres pour distraire sa vieille amie, sa conversation n'était dernièrement que de l'ordre du bavardage amusant ou de commérage cinglant. Il n'apportait rien de nouveau, il promettait des faveurs et autres services, mais la situation d'Isabelle n'évoluait en rien. La sorcière tourna la tête pour observer son ami, confortablement installé sur son canapé.


« Non Hermaan. Ta compagnie m'est distrayante, mais tes services sont sans conséquence. Vas donc jouer les aristocrates et laisse les adultes parler. »

Hermaan, tout benêt qu'il était, la gratifia de son plus beau sourire et se redressa pour quitter la pièce. Isabelle se suivit du regard d'un air mauvais, avant de reporter son attention sur Hanna. Elle saisit son porte-cigarette pour le cendrer dans son assiette avant de reprendre.

« Des lâches, des traîtres, ou des incapables. Je ne peux compter sur personne de mes fréquentations, anciennes ou actuelles. »

L'ancienne magistère contempla l'épais liquide qui trônait dans son verre tout en écoutant les paroles de sa servante. Elle le finit d'une gorgée, et Tink s'éveilla. Posant pieds sur la table, il s'empressa d'aller chercher la bouteille pour resservir sa maîtresse.

« Lorsque la coupe est vide, il suffit de la reremplir.
Cela fait maintenant plusieurs années que je suis en relations avec la pègre d'Altdorf. En échange de mes services d'alchimiste, ils me fournissent en opium. »
Isabelle gratifia sa jeune servante de son plus sourire le plus mesquin. « Ton salaire provient entièrement de cet accord commercial. »

Elle étudia attentivement la réaction de la jeune fille car elle serait capitale pour la suite des opérations. Hanna s'offusquerait-elle de cette révélation? Tremblerait-elle à la simple mention du mot "pègre"?

« Ils connaissent tout de ce qui se déroule à Altdorf et si quelqu'un parvenait à échapper aux fers des répurgateurs, ils seraient probablement au courant. C'est une option efficace, mais dangereuse. »

Après un silence inconfortable, Hanna suggéra d'accepter la proposition de Gelt et de recevoir la prêtresse de Shallya. Isabelle serait probablement internée, mais aurait toujours la possibilité de s'extraire légalement de sa prison avec l'intervention d'un membre de sa famille. Cette hypothèse fit se raidir la vieille femme qui refusait toujours fermement l'idée de finir à l'hospice. Mais malgré elle, son cerveau commença à détailler les possibilités qui s'offraient à elle pour défendre ses droits. Les Von Breitenbach n'étaient que des vipères avides de ses biens et jamais, au grand JAMAIS, Isabelle ne leur pardonnerait la manière dont elle avait été traitée étant plus jeune. Plutôt mourir empalée sur l'épée de Khorne plutôt que de leur léguer son manoir.

En revanche, peut-être y avait-il moyen de dénouer cette situation tout en humiliant sa famille. Deux noms lui vinrent en tête : Petra von Breitenbach et Detlef Ogenhammel. Deux personnes qui avaient autant de raison qu'Isabelle de détester leurs proches de sang. Leur céder une partie du manoir, un bien à la valeur inestimable, suffirait peut-être à les convaincre de l'aider. Mais comment s'en assurer? Un contrat, bien évidemment, avec des clauses bien spécifiques. Ils se porteraient garants de leur cousine et l'extirperaient de sa prison en temps voulu. Balthasar, lui, se serait déjà libéré de sa promesse.

L'ancienne magistère n'était pas au bout de ses surprises. Hanna, dans un trait d'humour plus ou moins sincère, proposa de se faire adopter par son employeur. Après un silence de stupéfaction, Isabelle et Tink furent pris d'un fou rire spectaculaire. Pendant une trentaine de secondes, poumons et métal s'agitèrent sans faire mine d'aboutir. Finalement, Breitenbach se sécha l'œil et répondit.


« Holala, c'est si étrange de te découvrir Hanna. Non contente d'être une femme au caractère trempé, tu es aussi bordée d'humour. Mais oui, je t'adopte, tiens! Comme ça, tu auras mon manoir et mes biens et tu pourras me laisser moisir à l'hospice, hahaha! »

Impossible de définir si Isabelle continuait sincèrement sur l'humour de sa servante ou si elle venait de la remettre à sa place. Mais le rire était venu du cœur et la suggestion d'Hanna l'avait réellement provoqué. Peut-être accordait-elle un certain crédit à la jeune femme pour cette proposition inattendue. Peut-être pensait-elle impossible que quiconque fasse preuve de la moindre forme de charité en ce monde.

La sorcière, toujours rieuse, termina son verre avant de s'allumer une nouvelle cigarette. Après quoi, elle avait regagné tout son sérieux.


« Bon. Nous avons plusieurs cartes en main et il nous faut les jouer savamment.
La proposition du Patriarche ne tient pas forcément compte de mon internement. Je suis juste sensé recevoir la prêtresse et me fier à son jugement. Ainsi, d'ici à ce qu'elle foule le pas de ma porte, nous devrons tout faire pour laisser croire que l'hospice n'est pas une solution pour moi. A trois, nous devrions pouvoir rendre une partie du manoir... habitable. »


En disant ces derniers mots, Isabelle avait perdu un peu de son assurance. Elle voyait bien l'état de la pièce et comprenait même le caractère absurde de ses statues de ferrailles. Son esprit, échauffé par la conversation, restait clair, pragmatique. Tink devrait mourir pour laisser place à un serviteur plus capable de les aider dans leur tâche.

« Pietra von Breitenbach et Detlef zu Ogenhammel, les deux brebis galeuses des von Breitenbach. Il me faut les contacter. Ils nourrissent une haine similaire à la mienne pour notre famille. Si mon plan venait à échouer et que je finissais à l'hospice, ils pourraient se porter garants pour moi.
J'espère pouvoir les rencontrer de visu avant la venue de l'autre pimbêche. Je crois que j'ai brûlé leurs lettres annuelles, mais il en reste peut-être dans le panier à bûches. »


Même si elle retrouvait leurs adresses, un courrier parviendrait-il à temps auprès de ses potentiels collaborateurs? Rien n'est moins sûr.

Isabelle s'était levée pour faire les cent pas, son petit golem l'imitant en faisant des tours sur la table.


« Mon fournisseur devrait passer d'ici un jour ou deux. Il pourrait m'être utile. Si la prêtresse décidait de m'emmener, alors je pourrais toujours m'enfuir et chercher des informations auprès de son gang. D'ailleurs, même si je me fait interner et que Petra et Detlef manquent à l'appel, la pègre pourrait m'aider à m'évader, non? Une alchimiste, ce n'est pas facile à trouver après tout. »
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Si le rire d’Isabelle n’avait peut-être pas l’intention de se moquer, il restait que la réaction d’Hanna était tout sauf partagée. Reposant son verre de vin, elle gardait une espèce de sourire figé, en coin, clairement forcé.
Il n’y avait pas besoin d’être particulièrement empathique pour comprendre qu’elle n’avait pas apprécié cette moquerie.

« Vous disposez donc de cartes en main », dit-elle en insistant bien sur ce pronom : elle ne semblait pas s’inclure dans le nous de la sorcière. « Je ne peux pas parler à la place de votre fournisseur, je ne suis pas assez sotte pour m’approcher des dockers, même quand ils m’offrent un verre. »

La Pègre à Altdorf est toujours dans une limite floue, entre le licite et l’illicite, le permis et le répréhensible. Le terme de docker est utilisé de façon constamment interchangeable avec celui de racketteur, car les gangs qui tentent de contrôler les quais de la ville ont aussi une place essentielle dans l’économie de l’Empire.
En journée, les dockers bossent comme débardeurs ou charretiers, ils chargent ou déchargent les péniches et les galères qui remontent ou descendent le Reik pour servir un tissu économique dantesque qui relie Erengrad jusqu’à Miragliano. En soirée, ces mêmes dockers deviennent des brutes qui surveillent leurs pontons, leurs ruelles, leurs tavernes. La plupart des dockers sont des émigrés de la campagne pauvres, qui n’ont pas un seul proche à Altdorf — ils sortent des campagnes du Reikland, quand ils ne sont pas nés plus loin encore, et ils sont arrivés dans la capitale de l’Empire en imaginant trouver un emploi stable et plus de sécurité que dans leurs hameaux trop soumis aux attaques de Gobelins, d’Hommes-Bêtes, ou de brigands Bretonniens. Arrivant sans soutien, sans amis, sans toit au-dessus de leur tête à part ce que peut leur fournir l’accueil de nuit d’un hospice de Shallya, ces miséreux trouvent dans le Gang une famille avec ses codes et ses rites initiatiques.

Les dockers sont incontournables à Altdorf. Tout le monde les connaît, tout le monde sait qui ils sont, et quels crimes ils commettent — mais même sous le nez de l’Empereur Karl Franz ou du Grand Théogoniste Volkmar, la Loi laisse couler, et préfère surveiller les gangsters plutôt que de s’attaquer directement à eux. Deux familles, deux « dynasties » irréconciliables se battent pour le contrôle des rives nord et est, les Poissons et les Crochets. Les Crochets de Willi Pick avaient obtenu leur surnom à cause de leur outil de travail : ils utilisent de grands crochets aiguisés pour décharger les tonneaux et les caisses, et l’ont adopté comme armement. Les Poissons, eux, sont devenus des experts pour plonger au Reik et couler jusqu’au fond — ils peuvent ainsi récupérer des cargaisons que les capitaines de navire font tomber « accidentellement », évitant donc d’être taxés ou inspectés par les collecteurs d’impôts.
Mais ça, c’est ce que tout le monde savait. Isabelle, elle, savait également que l’ignoble chef des Crochets était un patriote qui aimait se faire passer pour un serviteur des lois et de l’Empire ; il dispose d’alliés dans les guets de quartier, et ses sbires ont d’étranges serments ésotériques à prononcer sur des images de Sigmar. Les Poissons, à l’exact inverse, recrutent de nombreux ressortissants étrangers, et ont souvent protégé des pamphlétaires qui critiquent le clergé et la noblesse. De quoi rendre plus sanglant encore le conflit entre les deux factions.
Pourtant, durant le Déluge, des Poissons et des Crochets se sont engagés ensemble sous les bannières d’Altdorf, et ces gangsters qui se haïssent se sont retrouvés à mourir côtes-à-côtes pour défendre l’Empire. Quel effet ça pouvait avoir sur leur rivalité plus vieille qu’elle-même, ça, Isabelle ne pouvait pas vraiment le savoir…

Son fournisseur était un Poisson, en tout cas. Il ne semblait pas être un capo bien élevé dans leur sordide parodie de hiérarchie — mais il n’était pas non plus le plus ridicule des truands. En l’absence de médailles ou de parure, on jugeait de son rang à ses cicatrices et ses tatouages qu’il avait gravés sur ses phalanges et ses bras.
Peut-être qu’il pourrait la cacher dans Altdorf. Mais la sécurité des Poissons aurait un coût. Ils n’étaient pas du genre à faire dans la charité, même en faisant disparaître des prêtres et des étudiants révolutionnaires pour qu’ils échappent à la corde…

« Je suppose que je peux essayer de trouver vos proches, ces nobles qui ont votre nom de famille, et leur rendre en main propre une lettre que vous aurez écrite. Je sais bien me déplacer dans Altdorf. »

Et puis, peut-être était-ce par vengeance pour le rire d’Isabelle, par pure mesquinerie vengeresse, mais elle se mit à jouer avec ses cheveux : elle en enroula un le long de son index, tout en regardant au ciel.

« Mais bon… Vous êtes très pressée par le temps, je vois ça… Il faudrait que je me dépêche, et le souci, c’est que ça coûte de l’argent d’aller dans les beaux quartiers où je pense qu’ils résident…
…Donc, pour ma diligence je pourrais vous proposer, disons…
Trois couronnes d’or pour chacun d’eux ? C’est un gage honnête, je pense. »
Jet caché de Hanna.

Jet de connaissances générales sur Altdorf (+2) : 1, réussite critique, du coup je t’ai fait le petit laïus sur les Poissons et les Crochets, ton personnage pige très bien quels sont les gangs d’Altdorf.
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Isabelle Breitenbach
Monster Vieux Monde 2022
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Hanne s'était vexée du rire d'Isabelle, même une personne aussi peu empathique que la Dame de Fer ne pouvait que s'en rendre compte. Tant pis pour elle, sa remarque était idiote si exprimée sérieusement, aussi avait-elle reçu une réponse appropriée. Ne pas accompagner Breitenbach dans la rigolade encrait définitivement cette proposition comme issue d'un esprit simplet et exigu. Si la jeune servante était considérablement montée dans l'estime de sa patronne depuis le début de leur conversation, elle venait d'en fragiliser les fondations. Inutile de s'attarder sur le sujet et Isabelle espérait que son interlocutrice aurait la décence de faire de même.

Pour la vieille sorcière, fouiller dans sa propre mémoire était comme choisir entre plusieurs portes en métal oxydé. La plupart du temps, quand elle tournait une poignée, la porte s'effondrait sur elle-même et se désagrégeait, rendant le souvenir qu'elle contenait inaccessible. Suite à la remarque d'Hanna sur son fournisseur, Isabelle prit le temps d'ouvrir une porte sans en attendre grand chose. Son état de corrosion était particulièrement avancé car les informations récoltées étaient vieilles, très vieilles. Mais contre toute attente, la poignée tourna dans un grincement sans lui rester dans la main et le fer tourna (difficilement certes) sur ses gonds. Tout le savoir qu'elle avait récolté sur la pègre d'Altdorf se trouvait là.

Si la plupart des informations étaient déjà connues du grand public, cela restait un avantage immense pour Breitenbach. Trop souvent elle se retrouvait obsolète ou dans l'ignorance suite à ses défauts de mémoire. Il y a quelques jours, elle aurait probablement confondu son appartenance avec le gang des poissons pour une autre. Aujourd'hui, elle se rappelait de leurs morale et valeurs, et de la nature de leur rivalité avec les Crochets. Si elle devait exploiter cette options pour récolter des informations sur son fils, ou même échapper aux prêtres de Shallya, au moins ne risquait-elle pas de s'embourbée dans l'ignorance. Du moins pour l'instant.

Hanna se dévoua pour partir à la recherche des proches (lointains en réalités) de sa patronne. Enchantée, Isabelle afficha un large sourire sur son visage et commença à se lever... du moins avant que sa servante ne reprenne la parole. Cela lui coûterait trois couronne d'or par personne.
Un silence inconfortable s'installa. Breitenbach, à demi levée, fixait l'insolente de ses yeux écarquillés, sa bouche entrouverte. Si elle avait envisagé une certaine rémunération, de quelques pistoles, pour ce travail, jamais n'avait-elle imaginé devoir se séparer de la totalité de sa fortune monétaire restante. Cette peste! Cette trainée!

La vieille magistère se laissa retomber dans sa chaise en évacuant un long soupir. L'heure n'était pas à la colère, à l'affront, mais à la négociation. Qu'avait-elle à mettre sur la table? Strictement rien, hormis ses couronnes et la perte d'un héritage. Il ne lui restait donc plus que son expérience gagnée suite à sa longue carrière de Grande Trésorière au sein de l'Ordre Doré. L'âge et la débauche avaient rongé cette arme jadis plus affûtée qu'une lame de rasoir, mais Isabelle avait bien l'intention de tester le résidu de ses anciennes capacités.
Son regard soudé à celui d'Hanna, la vieille sorcière prit la parole d'une voix calme, sans malice.


« Je comprends. Le service que je te demande m'est important et appelle donc à une rémunération significative. Mais ta demande est terriblement disproportionnée, surtout en tenant compte de mes richesses actuelles.

Ces six couronnes, je ne peux te les donner. Ce que j'entreprends va me demander une certaine somme et il me faut donc être très attentive à mes dépenses dès à présent. Réunir Petra et Detlef est la première étape de mon plan, mais si cela me laisse déjà sur la paille, alors il me sera impossible de continuer. Autant tout abandonner maintenant et négocier avec les Poissons.

Ainsi, le choix qui s'offre à toi est le suivant : soit tu acceptes de réduire ton prix à deux couronnes pour les deux lettres, soit tu repars les mains vites. Deux couronnes, c'est autant que ce qu'un maître de guilde gagnerait en dix jours de travail! »


Isabelle marqua une pause pour laisser les chiffre s'imprégner dans le crâne de sa servante. Puis elle reprit.

« Hanna, connais-tu le principe d'investissement? C'est assez simple : si tu investis en moi et ne me dépouilles pas, alors tu débuteras quelque chose de plus grand. Les aventures produisent des richesses et ces richesses peuvent être partagées. Crois-en mon expérience d'ancienne compagnon sorcière, tu y gagnerais beaucoup.
Si tu te contrefiches de savoir ce qu'il est réellement advenu de mon Wilfried, alors essai de te convaincre de ce que tu récolteras sur le chemin pour résoudre ce mystère. »


Pour faire passer ses paroles plus confortablement, Isabelle imagina ses propres mains osseuses s'enfermant sur la gorge de la peste qui se tenait devant elle et ce, durant toute la durée de son discours. Car deux couronnes restait un vol infâme pour simplement déposer une lettre à son destinataire. Et pourtant, Isabelle n'avait pas le choix. Si Hanna refusait ce prix, alors elle tenterait de monter à trois couronnes pour les deux lettres. Si, têtue, la jeune servante ne pliait toujours pas, alors soit, elle se ferait dépouiller de tout son argent et l'enverrait tout de même, dévoilant son précédent coup de bluff. Mais alors, elle se jurerait d'en récupérer l'intégralité plus tard, en les arrachant aux doigts refroidis d'Hanna.

Quelque fut le résultat de ces odieuses négociations, Isabelle avait deux lettres à écrire. Après avoir écarté son assiette, elle ordonna à Tink de lui apporter parchemins, plume et encrier. Breitenbach sortit un monocle d'une des poches de ses vêtements et le cala sur son œil aux iris colorées. Ce n'était pas son monocle fétiche, celui qu'elle avait enchanté il y a bien des années pour lui accorder des propriétés uniques. Celui-là, elle l'avait vendu lorsque l'argent s'était fait rare et de la somme collectée, il ne restait rien.

Malgré ses efforts, Breitenbach fut incapable de tremper sa plume dans l'encrier. Ses mains tremblaient beaucoup trop. Son petit golem prit donc la relève, fixant l'outil au bout d'une de ses pinces. Il commença à écrire, sa maîtresse se penchant au dessus de lui pour surveiller son œuvre.

Chère Petra,

Voilà maintenant plusieurs années que je reçois tes lettres. En ces temps difficiles, elles n'ont jamais manqué de réchauffer mon cœur âgé. Grâce à ces intentions, je me rappelle que dans l'horrible dynastie des Breitenbach, il me reste encore un lien de sang auquel m'attacher.
La vieillesse me ronge et il est temps pour moi de mettre de l'ordre dans mes affaires. C'est pourquoi je t'invite à me rejoindre dans mon manoir demain soir, à 20 heures.

Bien à toi,

Isabelle von Breitenbach


Une fois la première lettre terminée, et après relecture d'Isabelle, Tink rédigea la seconde à l'intention de Detlef. La vieille sorcière ressentit un certain dégoût à coucher ainsi tant de sentiments qui n'étaient pas les siens, mais il fallait impérativement appâter ces deux énergumènes. Elle avait donc pris soin d'appuyer sur sa vieillesse et la fragilité de son état, galvanisant ainsi l'attrait du gain de ses destinataires. Isabelle en était convaincue, les deux mordraient à l'hameçon.

Sans plus de cérémonie, Breitenbach glissa les lettres dans leurs enveloppes respectives avant de les enfermer à l'aide de son sceau. Ceci fait, elle les tendit à Hanna avant de lui confier toutes les informations nécessaires pour retrouver leurs destinataires.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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