[Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

L’Empereur Karl Franz siège à Altdorf, capitale impériale depuis. Altdorf est un carrefour du savoir et son université est l’institution académique la plus respectée de tout l’Empire. Là, les seigneurs et les princes de nombreux pays viennent s’asseoir aux pieds des plus grands penseurs du Vieux Monde. Altdorf est aussi le centre du savoir magique et ses huit collèges de magie sont fort justement réputés bien au-delà du Vieux Monde. Altdorf est une ville affairée, avec un nombre important d’étrangers, de commerçants et d’aventuriers. La cour impériale elle-même engendre une activité économique florissante, qui attire toutes sortes de gens.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

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Isabelle ne se remettait pas du tout le visage ou le prénom de Lucie. En fait, elle ne parvenait même pas à lui attribuer un nom de famille ; ce n’était pourtant pas dans ses habitudes, d’appeler des gens par leur prénom. Des étudiants de plusieurs cours, certes, elle pouvait ainsi s’exprimer avec eux en utilisant une familiarité qui n’avait rien de réciproque — on appelle le jeune homme « Balthasar », il répond « madame ». Mais elle devait forcément connaître cette fille depuis longtemps, pour converser avec en breton ; ou alors avait-elle choisi elle-même ce dialecte pour paraître plus amicale ?
Tout se bousculait dans sa tête, jusqu’à ce que, alors qu’elle était en train de marcher, Isabelle trouve une incohérence au milieu de souvenirs qu’elle était en train de créer toute seule.

Un instant, Lucie se figea. La magistère pouvait darder ses yeux contre le regard de la jeune fille, en attendant patiemment des explications bredouillées.

« I’m… Not certain I… Get what you mean ? »

Ou alors Lucie était la meilleure menteuse de tout le Reikland, ou bien elle avait vraiment l’impression de ne pas du tout piger où von Breitenbach voulait en venir. Parce qu’elle se mit à entrouvrir la bouche, écarquilla les yeux d’un air d’abord choqué, puis, légèrement froncé, comme pour trahir son inquiétude et sa propre suspicion à elle. Et sa voix, un tantinet trébuchante, faisait qu’elle retournait toute la situation.
C’était Isabelle la folle, dans ce dialogue.

« You sure you alright ? », qu’elle se permettait de demander, en faisant même naître un début de contractions bien roturières — car visiblement, Isabelle connaissait tellement bien le breton, qu’elle notait même les différences de vocabulaires entre les classes sociales du Royaume.
« It’s… You who kinda, like, requested my presence here. Demanded your personnal workshop built in this manor, and even your own student to assist you. Mórr, t’was hard enough to pass your class !
I’m… Allowed to be here, right ? I-I-… I’m not going to be in trouble, right ? »


Lucie se mit soudain à trembloter du bout des doigts.
Mais c’est bien sûr. Évidemment, Isabelle s’en rappelait très bien — bien sûr que la matriarche Feldmann l’avait autorisée à bâtir son propre atelier chez elle. Pourquoi toutes les études devraient être menées au sein du collège, après tout ? Isabelle avait bâti ce manoir elle-même en dessinant les plans d’architecte avec son propre compas, elle tenait à en profiter, surtout quand elle pouvait profiter d’un propre espace à elle-même, sans devoir partager les salles d’études avec d’autres magistères qui rivalisaient entre eux pour occuper le plus de plages-horaires. Oui, c’est vrai, les apprentis sont censés être cloîtrés à Altdorf… Mais Christina Feldmann comptait parmi ses amies. Pas vu, pas pris.
Pourquoi avoir choisi Lucie au sein de sa classe ? Elle semblait un peu sotte. Est-ce que c’était justement à cause de son héritage Bretonnien ? Converser en breton lui manquait. Surtout que Yonec parlait reikspiel avec un accent à couper au couteau. Il avait cette attitude très Bretonnienne, de ne jamais faire le moindre effort pour se faire comprendre de ses interlocuteurs étrangers. Un vrai crétin imbu de lui-même.
Vivement qu’elle retourne le voir en Gasconnie.

« The… Priestess is expecting you downstairs, right ? »

Isabelle s’était assez humiliée devant son apprentie. À ne pas se souvenir de quoi elles parlaient, puis maintenant, à ne plus se souvenir que c’était elle-même qui l’avait fait sortir du Collège… Heureusement, les jeunes gens de son âge sont souvent bien trop peureux pour se défendre et contester des ordres. Il y avait juste lui dire de se dépêcher, la presser à aller observer son atelier, et commencer à faire des menus travaux bien nécessaires pour la vraie science — récurer les tubes à essai pour éviter les contaminations, par exemple.
Et en effet, il y avait une psychiatre qui l’attendait en bas. Mandatée par Balthasar Gelt.


C’est en redescendant les escaliers, après une minute ou deux, que le cerveau de von Breitenbach s’agitait. Elle se souvenait de tout le reste. La visite du patriarche doré, l’arrivée de la prêtresse, l’évaluation sordide à base de phrases étranges à répéter, et de taches d’encres à étudier. Il y avait juste cette… Femme, là, à l’étage, qui ne s’emboîtait pas dans le décor. Qu’est-ce qu’elle foutait là ?
Isabelle… Était encore magistère, oui ? Oui, tout à fait. Elle avait encore un bâton, encore une robe, encore un masque. Des golems à animer. Des outils pour distiller. Elle avait encore tout ça. On lui avait envoyé une apprentie pour continuer son travail à l’écart, même pendant son exil ? Ça semblait… Illogique ?

Tout ça se bousculait dans sa tête alors qu’elle allait retrouver son fauteuil dans la pièce annexe au vestibule. Ses souliers l’attendaient là. Elle était tellement fatiguée. Elle avait fait tellement de choses cette semaine, tout paraissait tellement fatigant, maintenant…

La porte de la cuisine se rouvrit un peu. Très brièvement, Isabelle aperçut Hannah Merz, juste derrière, vautrée sur un plan de travail, sa tête dans ses bras, victime d’une immense crise de larmes. Aure Rondet — une Bretonnienne elle aussi, mais qui elle parlait en reikspiel — revint avec sa serviette et ses planchettes sous le bras. Elle ferma soigneusement la porte, avec ses lèvres pincées, et son air tout peiné. Elle alla retrouver son fauteuil, et toussota en s’asseyant dessus avec une posture qui trahissait un certain malaise : c’était difficile à expliquer, mais elle semblait légèrement en recul dessus, comme si… Une chose, l’ennuyait ?

« Madame Isabelle, il faut que je vous parle très… Directement, sans trop de détours. Ce sont des choses difficiles à entendre, et un sujet difficile à aborder, et… »

Et elle regarda derrière elle, puis, se pencha en face pour regarder le devant du jardin par la fenêtre.

« Où est Seyss ? »

Elle agita la tête de droite à gauche, et reprit avec un air maintenant un peu agacé. Comme si Seyss, peu importe qui il était, l’emmerdait royalement.

« Ahem…
Dame Isabelle… Je pense que vous souffrez d’un mal… Assez difficile à définir. Les pathologies liées à la mémoire et aux réactions psychiques sont encore assez ardues à… Noter. Mais il est vrai que vous avez présenté, dans vos réponses à mon évaluation, quelques troubles qui m’embêtent légèrement…
Vous avez une atteinte à votre mémoire et à vos capacités de construction et de repérage dans l’espace. Je pense, que vous vous êtes peut-être rendue compte, que vous éprouvez parfois des problèmes à la mémoire, des choses que vous oubliez et qui réapparaissent soudainement. Aussi, des soucis liés à la réalité. Des objets que vous pensez être proches de vous, qui, soudainement disparaissent…
Vous avez une personnalité qui m’inquiète également. Pas de proches ni personne pour prendre soin de vous — hormis la fille de votre précédente gouvernante, bien sûr. Cette situation ne peut pas aider à votre reconstruction et les soins que votre âme vous demanderaient.
Je pense que vous éprouvez des soucis de santé, qui se traduisent par une incapacité d’assurer votre bonne santé. En outre, vous me semblez assez diminuée physiquement, assez maigre, et assez pâle. C’est sûrement lié à votre état. »


Elle tira de sa serviette une petite feuille, qu’elle posa sur la table.

« Je ne souhaite pas vous imposer quoi que ce soit. Mais j’aimerais vous proposer une hospitalisation au sein d’un hospice à l’extérieur d’Altdorf, où je suis doctoresse résidente.
Il s’agirait d’un internement qui durerait un mois, le temps pour moi de procéder à des examens physiques et psychiques, afin de définir plus exactement de quels problèmes vous souffrez, et d’être capable de les résoudre avec vous.
Il est possible que je vous recommande un traitement médicamenteux. Rien d’incroyablement invasif, pour l’instant — pas d’opération chirurgicale, ça, c’est sûr et certain. Peut-être de légers entretiens d’hypnose, afin d’essayer de vous calmer, et de vous permettre de remettre en place vos souvenirs. L’idée est de vous aider à reconstituer une trame dans votre cerveau ; vous voyez ce qu’est une trame ? Comme pour un vêtement déchiré, qu’il faudrait que vous recousiez vous-même.
Normalement, cette hospitalisation coûte de l’argent — mais le patriarche Balthasar Gelt m’a dit qu’il payerait la totalité de vos soins, avec tous les frais supplémentaires possibles. On y mange très bien. On a même une piscine. »


Et elle disait ça avec un petit sourire.

Peut-être totalement condescendant.
Eva est dans la merde, Isabelle a identifié un problème.
snif, snif
Jet de baratin (INT+CHAR) d’Eva pour voir si elle est assez maline pour trouver une réponse simple, rapide et convaincante : 5.
Opposition d’Isabelle pour flairer le bullshit : 15

Oui, bof, non. Tout ce que dit Lucie est totalement logique.

Jet de mémoire : 20, échec critique. Rah ça casse les couilles.
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Isabelle Breitenbach
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Isabelle avait fait mouche. Quelque chose, dans le gèle de son apprentie, lui fit sentir qu'un autre personnage, un autre caractère, d'autres intentions se cachaient sous cette enveloppe fragile et naïve. Mais cette pause dans la pièce de théâtre ne dura qu'un fragment d'instant, si bien qu la magistère n'était plus vraiment sûre de l'avoir vu, ou de l'avoir imaginé.

Lucie exposa son désarroi, s'inquiétant apparemment sincèrement pour sa maîtresse. Breitenbach avait fait fausse route, c'était évident. La jeune femme était bien trop convaincante pour couver la moindre duplicité. Oui, une fois de plus, l'erreur venait d'Isabelle. Après tout, pourquoi en douter? La Dame de Fer ne parvenait pas à réorganiser les derniers événements, des zones de vide total rongeant une bonne partie de sa mémoire, se déplaçant pour dévorer d'autres souvenirs, et en régurgiter de nouveaux à la fiabilité douteuse. L'avait-on ensorcelée une fois congédiée du Collège pour s'assurer que les secrets de l'Empire lui resteraient inaccessibles?

Inutile de s'attarder plus longtemps sur le passé récent ou lointain, car pour l'instant, l'alchimiste devait sauver les apparences. Une fois de plus.


« Je... hmmmm... Precisely! You are here, outside of the Order, only at my approval. Hmmm... Which means that, right now, you depend on my authority more than the Patriarch's. Yes, indeed you... do, yes.
So please, ma petite, invest more in your presence between these walls, and remember that, if you bore me, this formality could be revoked. Only then, trouble would come and get you. »


Répartie astucieuse, mais exécution désastreuse. Si la magistère se trouvait moins confuse, peut-être aurait-elle pu être convaincante. Mais ses paroles étaient plus pour se convaincre elle-même que pour réprimander Lucie. Elle tâtonnait, hésitait à chaque mot, n'ayant aucune idée du suivant.
La sorcière dorée s'acharnait à donner sens à cette situation. Elle agrippait des souvenir et les cousait maladroitement avec d'autres, formant un contexte hybride, bancal, peu crédible. Mais c'était tout ce quel avait pour l'instant.

Un silence gênant s'installa entre les deux femmes et Isabelle n'osa pas le briser pour tenter de reprendre le contrôle de la conversation. Lucie lui proposa finalement une échappatoire, qu'Isabelle saisit immédiatement.


« Right... I have other matters to... yes, I'll... yes. »

Avec un peu trop d'entrain, la magistère se détourna du désastre pour se diriger vers son salon. Mais alors qu'elle s'éloignait de Lucie, son esprit s’éclaircit un peu plus. À chaque marche franchie, il lui semblait redécouvrir quelques détails, comme si elle s'enfonçait dans un lac, non pas pour se noyer, mais pour respirer. Étrange métaphore, mais terriblement adaptée.

Ainsi, la Grande Trésorière se rappela de la nature de la visite de Sœur Hannah. Elle n'était pas venue demander de l'argent, mais directement la maîtresse de maison pour ses expériences loufoques sur la psyché humaine. Isabelle avait fait des tests cruels, décrit des images morbides, puis la prêtresse l'avait plantée là pour aller discuter avec Aure, sa gouvernante. La pauvre jeune femme avait été malmenée par l'intervenante, au point de fondre en larme. Mais étrangement, cette tristesse ne semblait pas être destinée envers Breitenbach, plutôt envers elle-même...

Au moins Isabelle avait-elle passé tous les examens haut la main. Sœur Hannah devait s'en ronger les doigts, car elle ne pourrait pas attraper la Dame de Fer dans sa toile. La magistère ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir tenté de se l'approprier, car après tout, qui ne désirait pas se vanter d'avoir dompté un tel individu!

Mais d'ailleurs, pourquoi diable cette prêtresse avait-elle fait irruption dans son manoir? Qu'avait donc espéré Gelt? D'habitude, il faisait preuve de plus de logique dans ses manigances. Espérer faire interner une magistère au sommet de sa carrière (malgré le léger contre-temps de sa destitution) restait risible. Et de plus, cela porterait un coup majeur au Collège, car il perdrait sa plus grande Grande Trésorière depuis des éons. Enfin non, elle avait été congédiée... mais elle restait Grande Trésorière n'est-ce pas? Sinon, pourquoi donc avait-elle organisé toutes ces réceptions dernièrement, à part pour lever des fonds? Elle gardait aussi son titre de magistère, évidemment.

En atteignant enfin le salon, Isabelle le trouva bien vide. Ses invités étaient apparemment partis quant elle s'était rendue à l'étage. Même Hermaan avait déserté, sa silhouette rassurante ayant quitté sa place d'honneur. Chagrinée, offusquée même, la magistère s'en alla rejoindre son fauteuil et ses souliers. Du coin de l’œil, elle remarqua que quelqu'un d'autre se tenait dans la pièce, assis sur une étagère. Tink? Mais non enfin! C'était bien plus. Oui, bien plus.


« Au moins une qui ne m'a pas abandonnée après les festivités! »

Quelques instant plus tard, la magistère vit la porte de la cuisine s’entrouvrir de l'autre côté du vestibule. Elle discerna Aure, avachie, toujours en larmes, avant que la silhouette de Sœur Hannah ne se mette au travers et regagne le salon. Elle était blonde? Isabelle l'aurait pourtant jurée brune. La jeune femme, ses planchettes sous le bras, s'installa devant la maîtresse de maison. Elle ne semblait pas à l'aise, perturbée, pour le plus grand bonheur de la magistère. « Et oui, vermine! C'est l'effet que ça fait lorsqu'on s'attaque à plus gros morceau que soi! » se réjouit-elle intérieurement, savourant sa victoire.

Se tenant bien droite, les mains nonchalamment reposées sur ses genoux, la Dame de Fer toisait la charlatane de toute sa splendeur. Elle n'avait depuis longtemps plus besoin du moindre effort pour dominer toute pièce, ainsi que ceux qui l'occupaient.

Sœur Hannah se voulait sincère, directe. Oui, c'était une manière d'accepter plus facilement ses propres échecs. D'un infime hochement de tête, la maîtresse de maison lui ordonna de continuer.

La première question perturba légèrement Isabelle. Décidément, ça commençait bien mal pour la prêtresse. Et c'était Breitenbach qu'on accusait de démence?


« Plaît-il? Je n'ai aucun domestique de ce nom, ici ou ailleurs. »

La suite perturba la magistère bien plus que cette simple broutille. Alors que Sœur Hannah déshonorait l'esprit d'Isabelle, le visage parfait, débordant d'assurance de cette dernière se décomposa. On la traitait d'invalide, de diminuée, de physiquement décharnée. De toute sa carrière, même lors de son expulsion du Collège, jamais personne n'avait osé l'injurier moitié moins de la sorte.

Si la Dame de Fer s'était déjà montrée impulsive, violente parfois, l'influence de Chamon lui avait toujours - fort heureusement - dicté un méthode des plus pragmatiques. Elle savait se protéger, couvrir ses arrières, ne pas franchir la ligne rouge qui impliquerait de lourdes conséquences juridiques. Isabelle planifiait ses vengeances avec la même parcimonie, le même acharnement que pour sa monté au pouvoir. Elle prenait toujours soin de rendre au centuple ce qu'on lui avait infligé, histoire de s'endormir l'esprit libéré de rancunes, et celui de ses futurs adversaires remplis de cauchemars et de crainte.

Mais aujourd'hui, Breitenbach se sentit déborder. Pas de plan, pas de prudence, juste un jugement immédiat et définitif, qu'importe les retombées. Un premier sort pour immobiliser l'imprudente, puis un second pour lui faire ressentir toute l'ampleur de sa colère et enfin un dernier pour l'expédier sans ménagement dans les Bras de Morr. Le tout, évidemment, dans un déchaînement d'aethyr bien au delà que nécessaire.

D'un geste brusque, témoignant de toute la dextérité de sa personne, la magistère fit jaillir sa main, pointant ses doigts sur sa cible. En parfaite harmonie, elle ouvrit la bouche pour libérer la puissante formule.


« RAAAAAAAAAAAAAAAH! »

Rien. Pas de danse aethyrique, pas de matérialisation de chaînes dorées, juste la résonance de son cri entre les murs de son manoir. Manquait-il quelque chose? Non, c'était bon pourtant. Mais alors que la Dame de Fer s'interrogeait sur l'absence de résultat, elle fut soudain frappée d'effroi.
Quelle était cette chose décharnée qui jaillissait de sa manche tendue?! Sa main?

Cachant son membre squelettique sous son autre main, elle dirigea son regard chargé de terreur vers son attaquante.


« Que m'avez-vous fait?! Quelle sorcellerie?.. »

Sentant le désespoirs la submerger, Isabelle chercha assistance auprès de la silhouette reposant sur l'étagère.

« Lauretta! Ne reste pas là sans rien faire! »

Leutz se contenta pour tout réponse d'un sourire. Un sourire d'une chaleur qui lui était unique, d'une affection infinie. La magistère sentit immédiatement une vague de tristesse la submerger. Mais elle devait toujours sauver sa propre peau. Sœur Hannah ne s'en tirerait pas si facilement!

« À L'AIDE! AURE, ON M'ATTAQUE! » Hurla-t-elle en direction de la cuisine.

Démunie, la jeune Isabelle, qui n'était plus toute jeune en réalité, se ratatina dans son fauteuil, espérant ainsi mettre le plus de distance possible entre elle et son adversaire. Elle avait peur, si peur. Mais pas de la mort infligée par la prêtresse, non. Par ce qu'elle représentait : la réalité.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Après avoir hurlé comme une démente en pointant du doigt la sœur sur son fauteuil, la réaction de la prêtresse fut foncièrement humaine ; Elle avait beau avoir prétendu ne pas trouver Isabelle dangereuse, et rappeler qu’elle avait déjà eut affaire, en tant qu’aliéniste, à quelques patients fort menaçants, comment est censé réagir quelqu’un, face à un mage qui se met à vociférer un cri à en arracher les tympans ?

Aure se tétanisa sur son siège, la tête rentrée dans le corps pour imiter une tortue, la main agrippant sa serviette, ses grands yeux bien écarquillés. Oui, sa réaction était humaine ; pleine de peur, sous le coup d’une surprise choquante, elle rabattait la sacoche contre son ventre comme si le cuir allait pouvoir la garder du moindre assaut.

Peut-être que son cœur s’était mis à battre à toute vitesse, que la chair de poule perlait sur tous ses membres, qu’elle sentait un tremblement jusqu’au bout de ses orteils ; en tout cas, elle eut quelques secondes où elle demeurait purement figée, et ça aurait été, sans doute, le moment idéal pour l’assassiner sans ménagement.

Mais comme aucun couperet ne l’égorgea, elle se décida à se reprendre. D’une voix cassante, plus aiguë que d’ordinaire, et atrocement bégayante, elle implora.

« J… J-J-Je vous…
M-Madame, calmez-vous, regardez-moi dans les yeux, je… Je ne vous veux aucun mal, je suis ici pour vous, et… E-Et…
Et j-je comprends votre réaction, j-je vous l’assure, mais si… Si, si, si vous, enfin, comprenez ce que je veux dire, je suis… »


Bizarrement, elle se mit à dévisager Isabelle. Elle tourna un tout petit peu le menton à gauche, et elle se mit à guetter le sol. Son regard, pourtant, semblait bien trop intense pour être simplement celui de quelqu’un qui avait vu une tache de thé sur le tapis.
C’était un peu grossier, comme tactique pour distraire son adversaire ; faire croire qu’il y avait un truc très intéressant à regarder qui n’était pas soi. Mais pourtant, dans les grands yeux larmoyants de terreur d’Aure, on ne décelait pas de stratagème quelconque.

Isabelle observa à sa droite. Et juste derrière le rideau, dans le tout petit morceau de ténèbres qui se trouvait à contre-jour de la fenêtre, l’ombre d’une table-basse et d’une étagère se muaient en une silhouette humaine.
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La magistère n’eut le temps de rien faire ; ni de lancer une malédiction, ni de relever la magie, ni de crier, ni de se débattre, ni de réveiller Tink, ou de demander à Hermaan de dégainer son sabre, ou même de se saisir de quelque chose sur la table basse pour l’envoyer sur cette immense créature aux yeux verts.
Le vent d’Ulgu vola vers elle. Un membre noir comme de l’encre, à la température glaciale et à la texture collante, se mit à entourer son cou. La chose la tira en arrière de son fauteuil, et voilà que l’appendice se transforma en un bras humain, blanc et fin, qui fit pression sur sa trachée, tandis que son corps se raidissait.
Et une voix rauque de femme fumeuse donna un ordre clair, froid, et distinctif.

« La seringue. »

Aure mit la main dans sa serviette. Elle fouilla dedans à toute vitesse, se perdant probablement au milieu de sa paperasse beaucoup trop mal rangée. Il lui fallut bien une bonne dizaine de secondes — bien trop longues dans un tel contexte — pour mettre la main sur l’objet ainsi exigé. Alors, avec une sorte de tube à aiguille en main, elle se leva, et se dirigea droit devant ; elle se prit le pied dans la table-basse, grimaça en geignant, et alla se planter face à Isabelle.

Elle posa un doigt sous sa lèvre inférieure, et elle n’eut pas à mettre beaucoup de force pour ouvrir sa bouche.
Elle posa l’aiguille sur sa langue.
Et elle poussa avec le pouce sur le piston.

Un liquide infect se déversa sur la langue de la magicienne. Une sorte de texture pâteuse et granuleuse à la fois, un mélange de potasse, de charbon, et surtout, de mandragore.
Ça ne brûlait pas la langue comme le laudanum, mais ça avait un effet psychotrope similaire… Et foudroyant.

Son étranglement couplé au poison achevèrent de la vider de toutes ses forces. Le bras cessa d’appuyer sur sa trachée, et voilà que la prêtresse posait un genou à terre. Elle donna une petite tape sur sa joue, et attrapa son poignet pour poser deux doigts dessus.

Lucie, dans sa robe noire, fit le tour du fauteuil, et, toujours debout, elle observa une Isabelle maintenant semi-consciente, avec une folle envie de dormir, et incapable de parler — la Bretonnienne avait un mauvais regard, les sourcils froncés et une grimace sardonique bien arborée.
Elle sortit d’un pochon à sa ceinture une pipe miniature, et commença à bourrer du tabac pour fumer dans le salon.

« Inspirez par le nez, expirez par la bouche… Lentement. Calmez-vous, vous n’avez rien à craindre. »

La prêtresse prit une grande inspiration nasale, et ouvrit un peu la bouche pour évacuer l’air ; elle imitait le geste à faire à la magistère, pour l’encourager à suivre son débit respiratoire. Et pendant quelques instants, Isabelle n’entendait plus rien d’autre que cette respiration calme et apaisante.

Lucie pencha un peu la tête de côté, un sourcil dressé sur son front.

« J’espère que vous êtes fière de vous, ma sœur. Qu’auriez-vous fait sans moi ? »

Aure arrêta de respirer. Elle ferma les yeux, très fort, sans oser se redresser pour faire face à celle derrière elle.

« Huh-hun.
Vous comprenez que ça relève plus uniquement de vous, à présent, hein ?
Retournez voir la zinzin numéro deux, je vous prie. »


Aure se releva, offrit un sourire triste et tremblant à Isabelle, et quitta à petit pas la pièce.

Fumant la pipe, Lucie posa un pied sur la table basse. Elle continuait d’observer la vieille dame avec la tête penchée, comme un petit chiot curieux. Elle tira une grosse latte, et toussa un peu gras avant de trouver des mots.

« Isabelle von Breitenbach. Soixante-sept ans. Vit toute seule dans sa propre pisse dans une vieille bicoque délabrée. C’est bon, c’est situé ? Je peux vous garder ici avec moi un quart d’heures ? Je vous assure ça prendra pas plus de temps.

J’ai vu des putains de mannequins en métal hyper flippants là-haut. Pourquoi Gelt nous rend pas tous service en vous infligeant la Pacification, ça demeure un mystère. Mais c’est pas de mon ressort, je vais pas imposer une décision qui relève des collèges de magie au Patriarche Suprême. J’aurais l’air de quoi, hein ?
Nan, nan, moi, je ne suis qu’une pauvre femme qui n’a que de l’autorité qui découle du Secret Impérial. Trois fois rien. »


Petit silence, le temps qu’elle suçote le bout de sa pipe. Et qu’elle la retire de son museau pour piailler à nouveau.

« Je sais que vous savez où se planque Wilfried. Mais vous allez pas me le dire — peut-être parce que tout ça, là, c’est qu’une immense charade beaucoup trop élaborée. Mais si j’admets que vous êtes vraiment… », et elle tourna son doigt autour de la tempe en sifflotant. « …c’est pas forcément ça qui va anéantir mon travail non plus.
Aure pense qu’on peut détricoter votre cervelle. Qu’on découvrira où se trouve Wilfried avec cette méthode bien longue et bien ennuyante. Elle pense même être capable de foutre de l’ordre dans votre caboche ! Mais bon, c’est son cœur pur de Shalléenne qui parle, là. J’aime garder des alternatives, et vous allez pas m’en vouloir, parce que c’est votre genre — être une grosse salope c’est ce que vous avez fait pendant quatre décennies, on pourrait croire que Véréna m’envoie pour rembourser tout ça, hein ? »


Elle arrêta de parler. Isabelle était en ce moment-même en train de planer comme pas permis. Ça semblait embêter l’Umbramancienne.

« Disons les choses plus directement et plus concrètement, d’accord ?
Vous avez vendu votre fils. Vous l’avez filé aux répurgateurs, ce qui, il faut le dire, est un putain de coup-bas bien écœurant. Il a toutes les raisons du monde de vous haïr et de souhaiter votre mort.
Vous avez refusé de traverser un pâté de maison pour aller voir Leutze à son enterrement. D’accord.
Mais Willie…
Vous croyez qu’il se montrerait si on vous enterrait ? »


Et elle fit un immense sourire, affichant ses dents tachetées de jaune.

« Va falloir coopérer avec la prêtresse, Isabelle. Parce que je pense pas que vous soyez assez maline pour avoir une alternative. Pas vrai ? Au fond de vous, vous le savez, hein ? »

Jet d’intimidation d’Isabelle : 6
Jet de résistance à la peur d’Aure : 14

Duel remporté. Mais pas forcément une bonne nouvelle pour toi.

Test de perception auditive d’Eva (Malus : -6) : 3

Eva lance « Marche des Ténèbres » : 8

Jet d’initiative d’Eva : 5
Jet d’initiative d’Isabelle : 17, trop large échec

Lutte d’Eva : 3, réussite large

Tu prends de force une dose de mandragore.

Tu n’as plus aucune hallucination, aucun souci mental, aucune peur et aucune terreur.
Mais tu n’as aussi plus aucune agressivité, plus aucun moyen de te défendre et tu parles très lentement.
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Il aurait été difficile de définir laquelle des deux femmes était la plus terrifiée. C'en était presque comique, deux adversaires incapables d'agir, chacun enfermé dans la tétanie provoquée par l'autre. D'un côté, une prêtresse totalement prise par surprise, incapable de définir ce que les secondes suivantes lui réserveraient. De l'autre, une vieille démente apeurée, incapable de regarder la réalité en face sans claquer des dents. L'une craignait le futur, l'autre le passé, mais le résultat restait le même.

Du moins dans l'immédiat, car si cette aparté avait mis les deux femmes sur un pied d'égalité, ce n'est qu'Isabelle qui en subirait les conséquences. Et ces dernières ne se firent pas attendre. Ignorant les paroles maladroites de Sœur Aure - car oui, c'était bien ainsi qu'elle s'appelait - pour la réconforter, l'ancienne magistère repéra du mouvement sur sa droite. Mais quelque soient ses talents de perceptions, il était déjà trop tard. L'ombre s'élançait vers elle et la sorcière dorée restait paralysée de peur devant cette manifestation abominable. Avant même d'avoir pu lever le bras pour se protéger, ou pousser un hurlement de détresse, sa gorge se retrouva enfermée sous le bras éthéré.

L'ombre se solidifia pour donner place à Lucie. Comment une apprentie du Collège de Chamon pouvait-elle lancer des sorts appartenant clairement au domaine d'Ulgu? Dans l'immédiat, ce n'était pas important, Breitenbach préférant lutter pour gagner quelques gorgées d'air plutôt que de s'attarder sur l'une des nombreuses bizarreries qui l'entouraient. Tel un crapaud, elle croassait des mots inintelligibles, ses yeux injectés de sang furetant la pièce pour trouver un moyen de se défendre. La vieille femme tendit sa main vers sa canne épée, reposée contre son accoudoir. Elle la toucha du bout du doigt, mais l'arme glissa de son appui et rebondit bruyamment sur le sol.

Lorsque la prêtresse exposa une seringue devant son visage, la Dame de Plomb paniqua d'autant plus, luttant de toutes ses faibles forces pour s'arracher de l'étreinte de Lucie.


« Nah... Naaaah... Naaaaaaah!... »

Ces sifflements immondes s'accompagnaient de filets de bave pâteuse. Isabelle aurait bien attaqué le visage de ses ravisseuses avec ses ongles dorés, mais ses bras étaient eux aussi entravés. Ses doigts se déployaient et se refermaient dans le vide, jusqu'à finalement s'agripper au plaid du fauteuil. Elle serra fort, jusqu'à blanchir ses articulations, déployant sa détresse sur ce tissu inanimé comme pour l'intimer de prendre vie et de l'assister dans sa lutte.

On lui ouvrit la bouche de force, mais l'ancienne magistère ne pouvait que siffler de colère, l'air manquant toujours à ses poumons. Il ne lui restait plus qu'une seule arme, sa langue, pour défaire le liquide qui se libérait. La vieille Breitenbach étouffait, ses tentatives de respirer redirigeant une partie du poison directement dans ses poumons. Elle voulut tousser, mais Lucie lui ferma le clapet pour la forcer à avaler. Incapable de gérer une telle quantité de cette mixture épaisse, Isabelle fut soulevée d'un haut le cœur. Un mélange de morve, de bave et de poison s'échappa de ses narines, libérant ainsi le surplus. Lorsqu'enfin, l'ancienne magistère eut avalé, son bourreau relâcha son étau.
D'un geste rapide, Isabelle passa sa manche sur son nez pour enlever les dépôts. Puis elle fut prise d'une quinte de toux dont elle seule avait le secret.

Il était trop tard, le liquide pernicieux se répandait déjà dans son organisme. Presque immédiatement, les effets se firent sentirent et l'alchimiste s'enfonça dans son fauteuil.

Lorsqu'elle reprit plus ou moins conscience de son environnement, la prêtresse était partie. Seule son apprentie demeurait. Cette pétasse infâme, créature immonde et menteuse. Mais... était-ce une mauvaise chose? Vraiment? Ce n'était pas si grave après tout. Voulait-elle la tuer? Peut-être bien... Mais une fois de plus, ça n'avait pas grande importance. Pourquoi diable l'ancienne magistère avait-elle paniqué quelques secondes plus tôt? Elle était bien à présent. Elle se trouvait bercé d'un calme olympien, d'une sérénité totale. Plus de soucis, plus de panique, plus d'agitation. Juste des images qui défilaient devant ses yeux.

L'esprit au repos, Breitenbach s'encra de nouveau dans le présent. Elle était vieille, démise de ses fonctions des années plus tôt et se noyait dans la drogue et l'alcool pendant le plus clair de son temps. Pitoyable? Au mieux drôle, sinon insignifiant. Plus rien n'avait d'importance quant on laissait les heures couler sur vous comme de l'eau de pluie, quand les problèmes prenaient la saveur du carton et que les sentiments s'apparentaient à un souvenir lointain.

Loin, très loin de ses propres yeux, la Dame de Fer en captait les images comme des paysages distants lors d'un voyage en carriole. Quelqu'un, ou quelque chose, s'agitait devant elle. Des lèvres bougeaient, des sons la caressaient. Pourquoi chercher un sens à tout cela? Oh juste un tout petit effort. Simplement pour prendre conscience du caractère dérisoire du monologue qui s'éternisait à ses oreilles. On parlait de son fils, Wilfried, qui était clairement toujours en vie. La belle affaire!
Isabelle était la reine des connasses. Moui, probablement. Même au summum de ses capacités mentales, elle ne se serait pas choquée de ce simple fait, alors maintenant... Au moins était-elle une reine de quelque chose!

Isabelle avait un simple choix : mourir ou obéir. Mais le simple concept de devoir prendre une décision était déjà bien trop barbant en soit. Hagard, la Dame de Plomb contemplait Lucie, ses yeux se ferment à intervalles légèrement différentes. Lorsqu'elle constata que son interlocutrice perdait patience, l'ancienne magistère fut agitée d'un soudain hoquet. Riait-elle? Probablement, la situation ne se prêtait pas vraiment à grand chose d'autre...

Mourir ou obéir? Les deux étaient si distants, si fatiguant. Ennuyant même. Obéir impliquait d'écouter et d'exécuter. Éreintant. Mourir, en revanche, semblait bien plus attrayant! On fermait les paupières, puis plus rien ne serait à faire, à part dormir. Qu'on prenne du temps pour l'achever et la torturer n'était pas réellement un problème en soi : c'était les autres qui faisaient tout le boulot.

Oui, mais mourir... était-ce une fin en soi? Et si ce n'était qu'une porte vers un autre monde, nouveau, inconnu? Alors il faudrait tout recommencer, apprendre, comprendre, grandir, vieillir... Hors de question! Isabelle était trop peu encline à quitter le confort miteux de sa pathétiques existence. Elle n'avait plus de dîners à organiser, plus de gens à rencontrer, plus de vengeance à assouvir et surtout, plus de finances à gérer. C'était d'un bon! Et on voulait lui arracher cette vie parfaite? Que nenni!

Après une éternité, le corps de la vieille Breitenbach se mit en branle. Telle une machine usée, rouillée, certain de ses muscles se tendirent lentement. Depuis sa position surélevée dans son propre esprit, plus rien n'était instinctif. Il lui fallait actionner chaque mécanisme de son propre corps pour en déclencher un autre, qui en déclencherait un autre et ainsi de suite... jusqu'à plus ou moins provoquer le mouvement souhaité.
Isabelle décida de se concentrer sur son propre visage, ses bras et ses mains nécessitant un effort trop considérable pour s'y attarder. Elle préféra les laisser vagabonder à leur bon vouloir.

Les muscles du visages étaient une tannée monumentale à gérer. Il y en avait tellement! Presque une vingtaine d’entre eux devaient être utilisés simultanément pour le simple acte de sourire! Bah, rien d'aussi complexe n'était nécessaire pour l'instant.

Sans faire des miracles, l'ancienne magistère parvint à articuler quelques mots :


« Hmmmm... mmmmoui... j... j... j'fais... j'vais coop'rer... Ssssiner... signer babier... hmmm... papier. »

L'air s'acheminait sans problème vers sa bouche, mais les lèvres d'Isabelle faisaient grève. Cette pitoyable prononciation lui demanda un effort considérable, mais au moins était-ce terminé à présent. Pas besoin de lire, pas besoin de réfléchir, juste de signer et de se laisser porter où bon Lucie le désirerait.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Lucie se mit à faire la grimace. Sourcils froncés au-dessus de ses yeux verts, elle contempla un long moment la magicienne adverse — mais cette fois, elle redressait bien son crâne, et ne se contentait plus de pencher la tête de côté pour l’étudier.
Elle paraissait… Déçue ? Pour quelle raison ?

« Hmpf.
Soit. »


Elle attrapa la feuille qu’avait sorti la prêtresse de Shallya. Elle la glissa sur la table basse, et tira de sa robe son bâton de fusain. Elle fit le tour, se posa à côté du siège de l’ancienne baronne, et la soutint afin qu’elle puisse apposer une signature malhabile, quasiment un gribouillis.
Se ressaisissant de son bâton, elle colla l’intérieur d’une bague en argent au fond de sa pipe, afin de l’éteindre.

« Vous avez pris la meilleure décision pour vous. Je n’aurais étrangement pas parié dessus. Mais c’est ça le truc fascinant avec les êtres humains — même quand ils sont persuadés qu’ils n’ont rien à perdre, ils trouvent toujours de quoi s’accrocher à leur routine comme des tiques, hein ?
N’allez pas croire qu’on en a fini pour autant, toutes les deux. Balthasar Gelt vous a protégée toutes ces années. Mais le monde est enfin en train de changer. »


L’Umbramancienne quitta la pièce sans demander son reste. Elle ouvrit grand le salon, franchit le petit couloir, et tira sur la poignée de la porte de la cuisine.
Et c’est d’une voix claire, forte, et théâtrale, qu’elle prononça une phrase qu’elle avait peut-être révisée avant de dépasser le grillage du manoir.

« Hannah Merz, au nom de Sa Majesté Impériale, je vous place en état d’arrestation pour entrave à la justice et sorcellerie.
Vous allez rester ici le temps que votre maîtresse parte avec la prêtresse. »


Hannah bégaya. Sœur Aure n’osa pas dire grand-chose. Elle discuta à voix basse avec l’Umbramancienne, des propos que les oreilles d’Isabelle restée dans l’autre pièce ne parvenaient pas à déchiffrer.
Puis, elle entendit sa gouvernante se mettre à vociférer une insulte d’une voix trop aiguë, et après quelques cris, la Shalléenne décida de fermer la porte derrière elle.

Mais pour Isabelle, ça n’avait plus trop d’importance.

Fait à Altdorf, le 29. Nachexen 2529

Je soussignée, sœur Aure Rondet, née en 2496 à Castel-Montfort en Bretonnie, prêtresse-hospitalière résidente au Grand Asile d’Altdorf, par la présente, requiers qu’il soit procédé à l’hospitalisation de madame Isabelle von Breitenbach, née en 2462 en la principauté d’Altdorf, domiciliée dans le même état, magicienne licenciée de l’Ordre Doré.

Il apparaît après diagnostic que la personne sus-designée est atteinte de troubles mentaux nécessitant une prise en charge professionnelle et une surveillance spécifique.
J’ai proposé en ce jour une hospitalisation volontaire au patient.

En signant ce document, le patient reconnaît donner son consentement à la prise en charge hospitalière sans limite de durée. Il approuve son transfert au Grand Asile d’Altdorf et son éventuel déplacement dans un autre établissement selon la nécessité des soins. Il accepte les traitements et les examens qui seront jugés nécessaires par le personnel médical qui s’occupera de lui. Il accepte, en outre, de ne pas quitter l’hôpital avant que le personnel traitant reconnaisse qu’il a retrouvé ses facultés mentales.

En vous remerciant de l’attention que vous porterez à ma demande, je vous prie d’agréer, madame la directrice, l’expression de mes salutations distinguées.

Signatures :

Fin du premier RP.

Au cours de cette aventure, Isabelle a :

– Récupéré l’échiquier de son fils Wilfried
– Renoué contact avec Petra et Detlef, les vilains petits canards de la famille von Breitenbach, à qui elle a offert son manoir en échange de leur soutien
– Convaincu le Crocodile et ses Poissons d’envoyer quelqu’un pour la surveiller et la protéger
– Retrouvé une trace de son passé…
– Suivi le plan de Detlef zu Ogenhammel
– Été reconnue comme malade par la prêtresse Aure Rondet
– Éveillé les suspicions d’Eva Seyss, umbramancienne agente du Secret Impérial
– N’a pas permis à Hannah Merz de s’enfuir et provoqué indirectement son arrestation
– Accepté volontairement son internement au Grand Asile d’Altdorf


Tu gagnes 192 XP pour tes posts.
Tu ne gagnes pas de bonus de clôture du RP (Il était tranquille et sans risques, et tu n’as rien réalisé d’incroyable dedans).
Tu gagnes 6 XPm pour tes lancements de sort et ton utilisation de la magie (Oui ça ne correspond pas exactement à tous les sorts que t’as lancé, c’est normal, je ne te file pas de l’XPm chaque fois que t’as envoyé « malléable » au cours de la journée)

Je te laisse te rendre dans ma chapelle pour dépenser ton XP.

On enchaîne… Bientôt.
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