Curieusement, il n’avait pas été si difficile pour Raël Khem de convaincre Aducia Egwin de l’accompagner. Celle-ci dépendant directement d’Arenthil Celian, le seigneur elfe avait simplement ordonné à ses supérieurs de la laisser aller, parce qu’elle pourrait beaucoup apprendre aux côtés d’un combattant tel que le scythien. Egdwin elle-même était partagée. D’un côté, il était vrai que suivre quelqu’un comme Raël Khem, qui avait fait preuve d’une grande qualité, pouvait être très bénéfique sur le plan de l’enrichissement personnel, sans compter les liens qui se créeraient avec des humains. Mais, d’un autre côté, elle devait pour cela abandonner pour un temps le service « traditionnel » de sa nation, ce qui lui pesait. D’autant qu’elle n’était pas sûre des intentions de son nouveau mentor.Début ici : viewtopic.php?f=114&t=5653&p=117851#p117851
Le voyage jusqu’à Altdorf fut relativement rapide et se déroula sans incident notoire. A bord d’un vaisseau de la Confrérie du Phare, ils rejoignirent la capitale impériale en moins de deux semaines. A cette occasion, Aducia révéla une autre facette d’elle que Raël ne connaissait pas encore : elle s’avéra être un marin averti, discutant avec le capitaine ou l’équipage de tels ou tels sujets navals dont le combattant du Sud était peu au fait, et n’hésitant pas à mettre la main à la pâte pour aider lorsque cela était utile.
Dès le départ, notre héros put constater que sa nouvelle compagnonne de route était assez chargée. Aducia Egdwin avait pourtant peu d’effets personnels : une tenue de rechange, quelques accessoires et utilitaires divers, le tout tenant dans un simple sac à dos. Non, ce qui la chargeait tant, c’était son armement offensif et défensif. Elle apprit à Raël Khem qu’elle faisait partie des soldats professionnels de son pays, et non des conscrits, et qu’en tant que telle, elle avait appris à servir sur un navire, et à combattre en formation, en utilisant les armes emblématiques de son corps d’armée : la lance, l’épée, le bouclier et l’arc. Comme toutes les soldates avisées, elle avait également pris la précaution d’avoir sur elle une petite lame plus courte, au cas où.
Cela rendait un ensemble assez imposant lorsqu’elle le transportait intégralement sur elle. Vêtue d’une armure de mailles comportant quelques écailles et plaques légères par endroits, elle portait sa lance dans une main. A sa ceinture étaient visibles une épée longue et un petit couteau équilibré, ceint côté opposé. Sur son dos était accrochés successivement un arc et un carquois, puis son bouclier, puis son sac. L’ensemble était sans doute encombrant, mais, sans le sac, il constituait pourtant l’équipement standard de la garde maritime elfique en ordre de bataille. Même si elle paraissait frêle, Egwin était parfaitement capable des les porter et de les utiliser ensemble.
Comme tous ceux de sa fière race, l’uniforme d’Aducia était très voyant, aux couleurs de l’unité qu’elle servait, en l’occurrence bordeaux et nuances de gris clair. Il était par endroits brodés de glyphes dorés ou argentés, qui précisaient son allégeance exacte. Dans son sac, elle avait emmené sa cape et les habits matelassés que Raël lui avait déjà vu porter lorsqu’elle était venue le chercher dans sa tente, au cas où le besoin se ferait sentir d’être moins repérable.
Evidemment, la timide asur n’était pas restée passive durant tout le temps du voyage, mis à part les coups de main qu’elle donnait occasionnellement aux marins. Après tout, on l’avait autorisé à accompagner Raël Khem pour qu’elle se forme à ses côtés, pas pour voyager et voir du pays sans rien faire. Ce dernier étant un grand combattant, il s’entraînait régulièrement pour se maintenir en forme, tout comme Aducia, d’ailleurs. Elle avait beau être en détachement, elle restait une soldate des hauts-elfes. Khem fut peut-être surpris de voir que, elfe ou pas, l’entraînement était la clef de la condition physique, technique et mentale du combat, il n’y avait pas de secret !
C’est donc assez naturellement que ce qui devait arriver arriva. Sans que l’elfe n’ose le demander, il y eut des affrontements entre les deux compagnons. Lors de leurs passes d’armes sur le pont du navire, Raël put constater que les dires d’Arenthil Celian étaient vrais. Malgré son entraînement et son âge, certes très jeune pour une elfe, mais tout de même bien supérieur à celui de notre héros, Khem était bien meilleur qu’Aducia l’arme au poing. Sa maîtrise, sa technique, son instinct, son endurance et sa force étaient supérieurs. Oh, Aducia n’était pas une mauvaise combattante pour autant, elle était même sans doute supérieure à la grande majorité des hommes du rang impériaux, bretonniens ou même scythiens. Mais comparée à un individu hors du commun, un héros comme Raël Khem ou Arenthil Celian, elle était loin d’être à leur niveau. Cependant, son agilité se révéla supérieure à celle de Raël, de même que son pied marin, qui lui permit parfois de toucher son adversaire dans leurs duels en profitant notamment, un jour, d’une houle particulièrement forte qui ne semblait pas la déranger le moins du monde, mais handicapait grandement l’humain. Au tir également, elle était bien plus précise que son mentor, mais ce n’était guère étonnant, étant donné la grande polyvalence de son entraînement militaire et les qualités innées de sa race en la matière.
Ils débarquèrent donc à Altdorf une bonne douzaine de jours après avoir quitté L’Anguille. Raël Khem y était déjà passé, une fois, mais très rapidement, lors d’une simple escale entre Carroburg et Nuln. La ville était immense, grouillante de vie, éclatante de puissance, mais avec tous les à côté que cela supposait : la pauvreté, la crasse, les malfrats... Il ne semblait pas possible qu’il y ait quelque part une grandeur sans qu’elle ait sa contrepartie de misère.
Décrire la ville de façon objective serait trop long et présenterait somme toute bien peu d’intérêt. Après tout, seule comptait la perception qu’en avait notre héros. D’ailleurs, celui-ci put assez facilement repérer sa cible. Quelques questions lui indiquèrent que le fameux musée impérial d’Altdorf se situait dans un quartier appelé « Universität District », ce qui signifiait tout simplement le quartier de l’université, une sorte de grand lieu de réunion et de partage des savoirs et des connaissances.
Le « Musée Royal de l’Empire » de son nom officiel, faisait d’ailleurs étalage public de sa grande exposition temporaire sur les trésors du désert, que l’on pouvait admirer dans les heures d’ouverture pour une somme modique. Malheureusement, comme Raël le constata vite, dans lesdites heures d’ouverture, la foule était telle qu’il serait difficile de dérober discrètement ou de récupérer par la force quoi que ce soit. Des gardiens par dizaines canalisaient des centaines de badauds qui se pressaient devant les vitrines derrière lesquelles étaient exposés des objets divers de toutes tailles, dont une partie étaient effectivement Nehekhariens (le reste étant soit des faux, des fac-similés ou encore des objets d’origine plus récente ou d’autres cultures, comme les objets arabéens ou nomades du désert par exemple).
Il restait à définir une stratégie pour récupérer un maximum de trésors volés. Mais comment ? Seul ou avec l’aide d’Aducia uniquement, en admettant même qu’ils entrent et sortent sans se faire prendre, ils ne pourraient emporter qu’une toute petite fraction des trésors exposés. Par ailleurs, il n’était pas certain qu’Egdwin consente de bon cœur à commettre un acte illégal en plein cœur de l’Empire. De plus, certains trésors exposés avaient une grande valeur marchande, étant fait d’or, d’argent ou sertis de pierres précieuses. Cela attirerait sans doute les convoitises, mais impliquait aussi une sécurité renforcée, donc Raël Khem ne savait rien…
Comment allait-il s’y prendre ? Il avait encore du temps, plus de trois semaines avant la fin de l’exposition.