Lorsqu’il entendit la raison pour laquelle l’on nécessitait sa présence, le vieil homme fronça les sourcils, et regarda d’un air aussi craintif que sceptique et son interlocuteur, et son puissant compagnon. Lire quelque chose, et c’était là tout ? Rien que cela ? Le Forgeron, de son côté, ricana bassement, avant de se murer dans un mutisme inquiétant.
« S’il ne s’agit que de cela, je vous suis, commenta sombrement le lettré. Mais laissez le gosse ici ; il n’a rien à voir avec vos projets, et je ne veux pas le mêler à cela. »
Cette fois-ci, le Forgeron, n’attendant pas Konrad, prit les devants.
« Ouais, ça marche. Allez, on y va fissa. »
Lâchant le gamin sur l’une des deux paillasses comme s’il s’agissait davantage d’un animal mort que d’un humain, il tourna les talons pour s’engager dans la rue. Konrad, lui, fit signe à sa cible que de suivre, et celle-ci s’exécuta sans plus faire d’histoire.
Le groupe nouvellement formé s’enfonça dans les ruelles malfamées de la capitale, et, comme à l’accoutumée, personne ne vint leur chercher des noises. Le Forgeron, lequel connaissait la destination et la suite du plan, montrait le chemin, en première position. Suivait l’érudit, au milieu, puis Konrad, qui fermait la marche tout en veillant bien à ce que le vieillard ne tentât rien de stupide. Parvenu aux abords de la métropole, l’homme en tête de file s’arrêta, avant de siffler à trois reprises. Un instant de flottement plus tard, et on lui répondit de la même manière, quelque part dans l’obscurité.
« Par là-bas. Ils nous attendent. »
Le Forgeron, après avoir regardé autour de lui, s’engagea dans la direction d’où était provenu le signal retour. Lui emboitant le pas, ils longèrent les murs, dissimulés dans les ombres, avant de se glisser derrière un petit muret de pierre qui bordait la voirie. Là, quatre hommes, ainsi que l’avait annoncé Maître Flinch, les attendaient dans la pénombre.
« Par les couilles de Sigmar, vous en avez mis du temps, les gars. La patrouille ne devrait pas tarder à passer. Vous avez l’vieux ?
- Ouais », rétorqua simplement le Forgeron d’une voix maussade, préférant, de manière évidente, ne pas donner trop de détails.
L’un des gars passa la tête de côté, et, s’apercevant effectivement de la présence d’un inconnu à la barbe blanche, en déduisit qu’il s’agissait bien de lui.
« Bon, planquez-vous, et on attend. »
Les quatre hommes du Patron se mirent à patienter, tout comme le firent les trois nouveaux venus. Ils détenaient tous une arbalète, déjà chargée d’un carreau, et étaient prêts à en user dès le passage de la patrouille. Conformément à ce qu’ils venaient de dire, ils n’eurent pas à attendre longtemps ; la rue adjacente se mit bientôt à briller sous la lumière dansante de trois torches. Aussitôt, les quatre mercenaires se redressèrent d’un coup, et, hissant leur visage au-dessus du muret, ils y reposèrent leur arme, aidant à la visée et à la stabilité du tir. Dans les ténèbres du Reikerbahn, ils demeuraient presque invisibles aux yeux de ceux qui ne se doutaient de rien et qui, de par la présence des flammes, se retrouvaient incapables de percer l’obscurité de leur regard. Plus que de vrais gardes, il s’agissait surtout de miliciens, d’hommes du peuple désespérés, que l’on payait trois pistoles six sous de manière à singer un semblant d’ordre là où il avait totalement disparu. Un équipement de misère, en la présence de deux épées courtes et d’une pique, dont la dangerosité même de leurs pointes dépassait de loin, à elles seules, celle de leur aptitude à les manier. Le premier soldat était équipé d’un capuchon en cuir sur la tête, le dernier d’un bouclier, et tous possédaient une veste de cuir en très mauvais état. Les quatre hommes du Patron ajustèrent leur tir, et déclenchèrent leur arme.
Tir du premier mercenaire : 8+1 (stabilisation) = 9. Jet : 17. Loupé.
Tir du deuxième mercenaire : 8+1 = 9. Jet : 9. Réussi.
Dégâts arbalète : 34 + 1d8 => 35.
Localisation : 20. Torse, dos.
Veste de cuir de protection 5, réduit à 1 car arbalète perfore de 4. Endurance du premier milicien de 8.
Dommage final : 35-1-8 = 26.
PV premier milicien : 34/60.
Tir du troisième mercenaire : 8+1=9. Jet : 20. Echec critique.
Perte d’un œil (-2 en ATT, TIR, PAR).
Dégâts qu’il se prend : 1D20 : 17. Quand même.
PV troisième mercenaire : 43/60.
Tir quatrième milicien : 8+1=9. Jet : 16. Loupé.
Trois traits fusèrent en direction de la patrouille, mais un seul toucha, se fichant dans le flanc d’un des miliciens. Il eut le souffle coupé, écarquilla les yeux, vacilla, avant de grogner sourdement tout en se tournant dans la direction d’où provenait les sagettes. Les autres se perdirent dans les ruelles, entre les habitations. Le dernier trait, qui devait jaillir de l’arbalète du troisième mercenaire, ne partit jamais, lui. L’homme enclencha bien le mécanisme, mais celui-ci, pour une raison comme pour une autre, se grippa brusquement, et la tension le fit exploser. La corde se rompit, lui claquant l’œil dans un bruit de fouet, et de petits éclats métalliques vinrent terminer de lui ravager une partie de son visage. Mais ses camarades n’eurent pas le temps de s’en faire pour lui ; les soldats, après s’être rendu compte de ce qui se passait, avaient pris leur courage en main, et leur fonçaient dessus. Les arbalètes étant des armes bien trop longues à recharger, les hommes de mains les abandonnèrent sur le côté, et se ruèrent à leur tour sur les miliciens. Et le Forgeron, prenant bien en main son marteau, se lança lui aussi dans l’escarmouche.