L'atmosphère était des plus calme, et les routes encore peu fréquentées il y a quelques jours, étaient désormais aussi vivantes qu'un village. Les marchands ambulants pouvaient reprendre les affaires, les soldats patrouillaient au nom de l'Empereur, et nobles et diplomates se relançaient dans d'interminables voyages pour quelques affaires politiques de la plus haute importance sous la protection de quelques mercenaire grassement payés.
Et dans cette populace : un jeune homme aux cheveux blanc, dont l'âge approchait la vingtaine, des yeux de félin, une armure de cuir des plus banale caché par un manteau de voyage marron et une lame solidement fixée dans son dos. Juché sur le dos de sa monture, il observait l'horizon comme le découvrant pour la première fois, savourant chaque bouffée d'air frais et pure, semblant prendre avec son esprit, une photo de chaque nouvelle parcelle de terrain se présentant à lui.
Geralt... C'était son nom, jeune membre initié du prestigieux et secret Ordre de la couvée du corbeau, une branche d'élite de l'inquisition dont les membres étaient reconnaissables par le pendentif en forme de corbeau qu'ils portaient autour du cou.
Beaucoup de voyageur le regardait avec une certaine méfiance ou une curiosité sûrement dû à la couleur peu commune de ces cheveux pour son âge, et pour autant, le jeune homme ne paru aucunement s'en déranger, il était bien trop content de croiser du monde ici , de nouvelles têtes, car oui après une enfance et une jeunesse à se faire entraîner au sein de l'Abbaye de Saint Æthelbert le Vigilant, il avait enfin pu en quitter la sombre forteresse, sa formation terminée, et des différents avec son maître : Joseph Dietrich, l'avait mené à prendre la route seul, pour découvrir toutes les subtilités, mais aussi les plus belles et les plus sombres choses que cette terre cachait.
Depuis son départ, il avait croisé bon nombre de villages, mais aussi quelques grandes villes, sans pour autant y faire un arrêt ou tout du moins le plus bref possible. La raison en était qu'il avait décidé en premier lieu de voir et de pénétrer la capital de l'Empire : Altdorf...
Depuis sa plus tendre enfance, beaucoup de chasseur de vampire lui avait vanté les mérites de cette cité, où il ne faisait que les citer : "On ne peut jamais s'ennuyer tant il y a des choses à y faire". Il s'était toujours abreuvé des histoires et légendes de ces mentors et frères d'armes mais désormais, il était maître de son destin, et il pouvait écrire sa propre histoire.
Le palais, le collège de magie, l'école d'ingénieur, les grands ponts reliant les nombreux ilots de la cité... Toutes ces choses à apprendre, à voir... Amenait un sentiment d'excitation des plus naïf chez le jeune homme.
Hélas, ce bref sentiment s'estompa rapidement quand levant la tête vers le ciel, il vit une petit silhouette sombre voler en cercle au dessus de lui... Un oiseau... Oui un corbeau... Là où l'homme moyen n'y verrai rien de bien étrange, le jeune initié savait très bien que ce genre de comportement venant du volatile n'était aucunement naturel : Le corbeau était apprivoisé... Un messager de l'Ordre.
Il fallait en effet savoir que l'Ordre, en plus de former des combattants d'exceptions affrontant toutes les pires créatures et engeances des ténèbres, possédait un véritable arsenal de renseignement, car oui quand on combattait des adversaires se tapissant dans l'ombre, complotant en toute discrétion, l'information devenait rapidement le nerf de la guerre que Geralt et ses frères d'armes menaient. Or, les messagers corbeaux étaient l'un des nombreux moyens pour contacter les différents chasseurs éparpillés aux quatre coins du monde.
Posant pied à terre sur le bord de la route, il en profita pour offrir un peu de répit à sa monture qui l'avait transporté jusqu'ici sans broncher. Lui offrant un peu d'eau, tiré de sa propre réserve, la monture savoura ce bref instant, tandis que au fil des minutes, le corbeau se décida enfin à rejoindre son destinataire pour délivrer son message.
Le morceau de papier était fixé à la patte de l'animal aux plumes noirs, enroulé et scellé par le sceau de l'Ordre, Geralt ne perdit pas plus de temps pour l'ouvrir et en découvrir le contenu...
Une enquête... On désignait Geralt comme responsable d'une affaire des plus troublante, voici quels en étaient les termes : Il semblait qu'un mystérieux commanditaire, dont l'identité n'avait pas été dévoilé, avait décidé de financer l'Ordre pour régler une affaire se déroulant au sein même de la capital impérial. De mystérieuses disparitions semblaient en effet avoir lieu dans les quartiers les plus pauvres de la ville, notamment l'un dénommé le Reikerbahn District...
En quoi un tel contrat pouvait bien intéressé l'Ordre ? Lui qui au contraire cherchait à ne pas se mêler des affaires politiques ou internes des villes ? Il fallait bien comprendre, que à l'époque présente, l'Ordre commençaient à peine à se relever des pertes qu'il avait pu subir en trop grand nombre ces dernières années. De nombreux chevaliers de l'Ordre avaient disparu, remplacés par de jeunes initiés à qui ils faudraient des années de pratique pour espérer égaler le niveau de leurs ainés. De plus... Les caisses de l'Ordre était à sec, et de ce fait, certains contrats privés devaient être honoré pour pouvoir satisfaire quelques frais vitaux des guerriers corbeaux.
En parlant de récompense, la missive indiquait qu'une partie de la sommes promise avait déjà été payé et encaissé par l'Ordre, l'autre serait payé une fois la mission terminé et Geralt en serait le bénéficiaire.
Des délais pour la mission ? Comment rencontrer le commanditaire une fois la mission terminé ? Tout cela ne lui fut pas précisé, le message disait simplement qu'une fois le travail fait, Geralt bénéficirai de plus d'information. Etrange...
Or donc, le jeune initié à la chevelure blanche remonta à dos de monture, et continua son voyage, sachant désormais que cette partie de tourisme à laquel il avait pensé s'adonner à Altdorf, n'était désormais plus qu'un lointain souvenir.
***Quelques heures plus tard***
Enfin après un si long voyage, il pouvait poser ses yeux sur l'immense cité, capital de l'Empire, et centre de décision ou régnait l'Empereur actuel. Les immenses fortifications étaient bien plus grandes et imposantes que celle de la forteresse de l'Ordre, et l'espace de quelques secondes, il s'en retrouva même impressionné, tant il se sentit petit face à ces défenses.
Arrivant par le portail ouest, il dû alors s'armer d'une immense patience, tant la file de marchands et commerçants, ainsi que de citoyens voulant pénétrer les murs de la ville étaient immenses, il découvrit alors les "joies" de l'administration, car en effet, dans ce lieu, les sentinelles controlaient les noms mais aussi les raisons qui amenaient chaque hommes, femmes et enfants à venir à Aldorf.
En plus de cela, Geralt fut à la fois surpris et déçu de devoir s'acquitter de ce que les soldats nommaient : "la taxe de portail" qui s'élévait à un pistole d'argent par jambe... Entrer dans la grande capital était donc payant ? Le jeune initié ne pouvait le comprendre maintenant, mais ce genre de financement, permettait à la fois de renflouer les caisses de l'Empire mais aussi de participer à la politique expansive de de la ville.
Après d'âpres discutions et autres papiers administratifs à remplir, Geralt put enfin poser pied dans la grande cité... Devant lui se dévoila alors un magnifique et angoissant spectacle : Des rues bondées de monde, tellement vivantes, qu'il fallait se faufiller dans la masse pour avoir l'espoir de se mouvoir et de réussir à avancer. Opéras, commerces, boutiques, restaurations... Chaque coin de rue boueuse dévoilait une nouveautée, à la fois un spectacle pour les yeux mais aussi pour l'odorat tant il y avait des odeurs à la fois uniques, différentes mais aussi totalement opposé qui s'y mélangeait.
Mais dans cette véritable façade de richesse en tout genre, se cachait aussi bien des misères, Geralt en fut frappé quand il repéra dans la foule, de nombreux hommes riches, protégés par quelques gardes du corps, se pavanant pour montrer leur réussite, et de l'autre coté des hommes, portant des vêtements sales et déchirés, et dont il était difficile de décerner les traits du visage tant la crasse y était incrusté...
Voici donc qu'elle était le monde dans lequel Geralt allait évoluer, certes il connaissait le combat entre le bien et le mal, mais il voyait aussi très bien que ce monde traduisait une vérité terrible : Certains vivaient sur les autres en se pavanant avec leur or et leur tissu, d'autres étaient écrasés et vivait dans la boue et la merde...
Au fur et à mesure des minutes, Geralt comprit alors que l'image qu'il s'était fait de cette ville, ne reflétait que peu de chose de la triste réalité, et peu à peu, tout ce qui aurait pu l'émerveillé, devint fade et sans intérêt...
C'est alors que l'initié se décida à confier sa monture à une écurie moyennant finance, et se faufila à travers le dédale de rue, à la recherche du Reikerbahn District, tandis que au dessus de sa tête, le soleil se mit à se voiler, et qu'une pluie battante engorgea les rues de la ville.
Il fallu du temps à Geralt pour trouver le dit district, mais une fois trouvé, il comprit rapidement que cet endroit était sûrement le pire de toute la cité d'Altdorf, des rues sombres, de la raclure partout, en ce lieu, chaque hommes et chaque femmes avaient au minimum une dague à la ceinture, et Geralt se s'étonna même pas de trouver à l'angle d'une ruelle, le corps d'un malheureux, égorgé et détroussé.
Trempé et affrontant la pluie, Geralt cherchait un endroit propice où commencer de potentiels recherches quand à la mission qui lui avait été confié, mais pour cela il faudrait tout d'abord être en mesure d'engager la conversation avec la population locale, mais celle ci ne donnait aucunement envie de vouloir discuter. Chaque personne qu'il croisait le regardait avec mépris, certains même crachaient au sol après son passage, il fallait dire aussi que dans ce genre de district, tout le monde devait se connaître, et l'arrivé d'un étrangé ne semblait aucunement être quelque chose de bien vue ici...
Le jeune guerrier corbeau passa alors devant le sanitorium d'Altdorf, immense édifice ou s'échappait des cris de désespoir et de folie, il semblait que ce lieu était destiné à soigner les gens atteint de folie... Mais l'instinct de Geralt lui disait de ne surtout pas s'approcher ou tenter de pénétrer ce lieu, au risque de ne jamais en ressortir...
Ce fut alors, que le visage du chasseur de monstre s'illumina quelques instants, lorsqu'il vit un édifice ressemblant à une auberge et se nommant : "Le chien boiteux". Certes si le nom n'était pas vraiment attractif, les tavernes étaient en général un lieu de rencontre et donc d'information. Et en plus cela permettrait à Geralt de se réfugier de la pluie, ne serait ce que quelques minutes.
Pénétrant l'édifice, se dévoila devant lui : une salle commune mal éclairée et froide, et dont la superficie était trop petite pour y accueillir le monde qui y était, il y avait des tables ici et là, et toutes sortes de gens : Bande de racail, bandit, femme de joie, escroc... La fine fleur de la pègre d'Altdorf qui semblait se livré à différentes activités diverses et variées : Bagarre, complot, sexe, règlement de compte...
L'arrivée de Geralt attira les regards mais le jeune initié préféra ne pas y prêter d'attention, voulant éviter tout problème, il était ici en territoire ennemi, et cela il le savait bien. Il s'installa alors au comptoir de la taverne, et commanda un verre, que le gérant lui apporta, un homme gros et vieux et avec un oeil de verre et à la mauvaise haleine.
"Excusez moi... Je cherche des informations, concernant de récentes disparitions et..."
Mais le gérant le stoppa dans sa lancée, quand posant devant lui le verre que le chasseur de monstre avait commandé, il cracha dedans et le lui servit avec un sourire mauvais et peu engageant.
La tension monta alors d'un grand quand Geralt sentit que de toute part de l'établissement, de nombreux regards se posèrent alors sur lui. Comme ci à tout moment, une véritable volée de couteau allaient le transpercer, en cas de mauvaise réaction face au geste du gérant.
Geralt resta alors le plus calme possible, et observant le fond de son verre où flottait un horrible molard, il releva alors la tête et dit tout simplement au gérant :
"Charmant... Et merci."
Le tavernier se retira alors, pour aller servir un autre client. Le message était bien passé : il était dangereux de poser des questions ici... Il semblait que l'enquête de Geralt allait être bien plus longue que prévu...