[Alessio Strauss] Partir un jour

[[MJ] Le Djinn]

Aventure précédente: http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... =95&t=5915

Le second rang de ta carrière est maintenant disponible.

Aujourd'hui était le 19 de Sigmarzeit, le premier jour de l'été de l'an de grâce 2535. Six ans s'étaient écoulés depuis qu'Alessio avait assisté aux premiers cours de ceux qu'il allait appeler ses camarades, six ans depuis qu'il avait rencontré Victoria et Alexis, six ans.

Le monde avait pourtant peu changé, les souverains vieillissant régnaient encore et, par un étrange coup du sort, seuls les représentants les plus mineurs avaient disparus ou avaient été remplacés, la plupart des "grands" continuaient leur office, même s'ils apparaissaient souvent moins qu'avant, le temps prenant son dû. La bonne nouvelle était que l'Est de l'Empire ainsi que le Kislev étaient en meilleur état qu'avant, même si leur position restait fragile.

Mais pour le moment Alessio n'avait aucune raison de se soucier de géopolitique. Il était toujours au Collège Doré où il avait suivi six ans de formation magique et mentale intensive. On lui avait appris la théorie magique, l'alchimie jusqu'à un niveau respectable, les enchantements, l'histoire, les sciences générales, les théories sur les adversaires de l'Empire, la magie évidemment...

Aujourd'hui, avec quatorze autres élèves, tous âgés de vingt-huit à trente-cinq ans, il était l'heure d'être récompensé pour les efforts fournis.
Six ans étaient passés à la vitesse de l'éclair, s'écoulant plus vite que le vif-argent dans l'alambic et se diluant comme la chair dans le vitriol. Que restait-il de ces années? Des souvenirs, des réussites parfois, des échecs souvent. La liste des corvées qui ne s'achevait jamais, les livres à engloutir et les notes à prendre pour espérer s'en souvenir. Ils avaient tous revêtus leurs plus beaux habits, assis devant le bureau du directeur d'année Augustus Marvaut. On allait pas tarder à les appeler un à un pour leur remettre, d'après certains mages, les marques de leur réussite.

Alexis, quant à lui, se tenait fièrement au milieu d'un groupe d'amis. En six ans il était devenu un combattant du métal redoutable, mauvais sur les matières scientifiques pures mais d'une puissance de combat impressionnante, bien que certains le trouvaient trop bas-du-front.
Toujours bagarreur et grande-gueule, il avait pourtant acquis une réputation de talent prometteur après avoir détruit une vingtaine de mannequins armaturés d'acier, deux ans auparavant. Pour un mage expérimenté il s'agissait déjà d'un défi non-négligeable mais pour un apprenti c'était le signe d'une grande puissance. D'ailleurs, l'Ordre du Suaire, la grande organisation dédiée à la traque des morts sans repos et des nécromanciens avait demandé, c'était chose pourtant peu commune, que le jeune homme soit envoyé dans les forteresses de l'Ordre du Corbeau, à la frontière de la Sylvanie, pour ses années d'exil. Les professeurs ne doutaient pas, d'ailleurs, que son talent y soit très utile, même s'ils pensaient aussi qu'il était encore trop inexpérimenté.

Victoria arriva peu après, dans des habits tout juste repassés par les lavandières. Elle portait maintenant ses cheveux en un gros chignon et ne les relâchait quasiment jamais. Sa peau était constamment grise-dorée, changeant selon l'heure et la lumière, c'était là la conséquence d'une réaction chimique qui avait mal tournée plusieurs années auparavant. En cette demi-douzaine d'année, elle était devenue la meilleure alchimiste de toute la classe, disposant d'un flair instinctif pour les travaux d'alchimie et certains magisters murmuraient qu'à son retour dans quelques années elle ferait faire un bond de géant aux connaissances du Collège.

C'était bien simple: à tout juste trente ans elle avait acquis les connaissances de mages de dix ans de plus et en classes d'entraînement au combat elle avait appris à manipuler ses élixirs d'une telle façon que toute magie lui semblait superflue pour vaincre les adversaires les plus variés, des hommes aux ogres et des démons aux morts-vivants. Elle avait d'ailleurs confié à Alessio qu'elle mettait au point une technique consistant à remplir un liquide acide d'un composant métallique chimiquement neutre avec la solution afin de pouvoir "contrôler" le liquide directement en se servant du métal à l'intérieur. La méthode ne marchait pas encore correctement mais elle ne désespérait pas d'y arriver.
Mais, à vrai dire, son talent était tel qu'il s'était dispersé à travers l'Empire et que la comtesse-électrice Emmanuelle Von Liebwitz lui avait proposé un prix indécent pour qu'elle vienne à Nuln rechercher la recette des potions de jouvence.

Elle faisait signe à notre héros quand le nom de ce dernier fût appelé, elle n'eut le temps que de lui laisser une bise porte-chance (comme elle l'appelait) avant qu'un serviteur ne fasse rentrer l'apprenti supérieur.

Etaient réunis en cercle les principaux professeurs à l'exception de Dame Mévanwi, partie quelques années plus tôt, au grand dam de Victoria. Trônait ainsi au centre Augustus Mervaut, le directeur d'étude, Günter Stadttauten, le professeur de défense contre la Magie Noire, le mage Arelius, mentor d'Alessio, etc...

-"Alessio Strauss. Vous avez été choisi aujourd'hui pour devenir, comme d'autres avant vous, un mage du Collège doré. A partir d'aujourd'hui, votre vie prend un nouveau sens. Vous devenez un serviteur de l'Empire de Sigmar, un protecteur des royaumes humains et un outil dans la sauvegarde du monde. Alessio Strauss, acceptez-vous cette responsabilité? Jurez-vous fidélité à Sigmar, Ulric, Véréna, l'Empire, l'Empereur, ses vassaux, ses sujets ainsi qu'au Collège Doré?"

Après qu'Alessio eut juré, Mervaut lui tendit solennellement un parchemin muni d'un sceau enchanté qui indiquait le nom de son mentor, l'appartenance au Collège Doré et d'autres informations réglementaires.

-"Alessio Strauss. Vous êtes maintenant un compagnon sorcier avec les droits et les responsabilités qui y sont liés. Dans trois jours au plus tard, vous partirez du Collège Doré et sillonnerez l'Empire sur vos propres moyens afin d'acquérir les connaissances et compétences nécessaires à votre formation, avec interdiction de revenir à Altdorf ou près de votre responsable. Quand vous en serez jugé digne par votre mentor, vous reviendrez parmi nous, en payant de nouveaux droits d'inscription, afin que votre formation soit achevée à son niveau le plus difficile. Vous êtes toujours lié à votre mentor et il devra répondre de vos actions, souvenez-vous en bien. Maintenant, je crois que tout a été dit, nous allons donc vous donner deux endroits où la présence d'un Compagnon est requise. -A Nuln, les Collèges Impériaux d'Élémentalisme ont annoncés quelques découvertes alchimiques intéressantes, nous voudrions envoyer un mage sur place pour qu'il puisse nous rendre des comptes. -Au Stirland, à Leicheberg, un noble a demandé l'aide du Collège Doré. Au lieu-dit d'Hochberg. Est-ce qu'une de ces deux-missions vous intéresse? Si oui, dites-le, qu'elle ne soit pas proposée à un autre."

[Alessio Strauss]

Les années avaient passées, Alessio avait muri et grandi. Ses liens avec Victoria n'avaient fait que se renforcer, même si chacun avait toujours son jardin secret, et c'était très bien ainsi. Peut-être un jour dans des années et des années, ils se diraient tout, mais en attendant, ils profitaient l'un de l'autre sans chercher à en savoir plus, mais il semblait que les deux amis avaient chacun perçu qu'ils portaient un fardeau similaire, mais qu'ils avaient choisi d'affronter seul.

Quant à Alexis, ce n'était plus de la haine et de la colère qu'il ressentait pour lui, mais un profond respect pour ses talents. Si le respect n'était pas réciproque, Alexis ne semblait pas le mépriser non plus, ou alors, il le cachait bien. Dans tout les cas, ils se saluaient en se croisant dans les couloirs, mais sans plus.

Il faut dire qu'Alessio n'avait rien accompli de mémorable durant ses études. Certes il était un bon alchimiste, mais il était loin d'égaler Vic', qui d'ailleurs lui donnait souvent des conseils dans ce domaine. Oui il avait un bon pouvoir magique offensif, mais il n'avait pas les facilités d'Alexis.

Dans les faits, la seule chose concrète qu'il avait accompli ces dernières années, c'était de réussir à transformer le sort flèches aetherique, en changeant juste un mot dans la formule, en des épées. Si cette découverte pouvait sembler conséquente, elle était surtout esthétique. Après de nombreux essais, il avait en effet été constaté que cela ne changeait en rien le pouvoir destructeur du sort, et les quelques personnes intéressés par la découverte avaient tout simplement cessé de s'y intéresser.

On lui avait d'ailleurs très vite donné le surnom de "l'apprenti aux épées", le plus souvent on l'utilisait comme un quolibet plus qu'autres chose, mais Alessio sentait la fierté l'envahir à chaque fois qu'il l'entendait. Qu'importe du pourquoi les autres l'utilisaient, seul comptait le sentiment que cela lui inspirait. Et pour lui, c'était un grand accomplissement pour lequel il avait risqué sa vie plus d'une fois. Et si les autres ne voyait pas encore l'utilité de sa trouvaille, Alessio avait le pressentiment qu'un jour, elle se révèlerait à lui.

Au départ, il fallait l'avouer, le jeune mage s'était lancé dans l'entreprise juste pour savoir s'il pouvait y arriver, par instinct, se doutant bien de son inutilité apparente, mais plus il avait travaillé dessus, plus il avait perçu l'utilité future qu'il pourrait y avoir pour lui et ses recherches. Mais surement pas avant plusieurs années. En tout cas, si avant il avait pu avoir quelques doutes, aujourd'hui, Alessio était certain que la fabrication d'objets magiques était le domaine dans lequel il se spécialiserait. Mais, plutôt que de s'y jeter tête baissé, il s'était volontairement refréné, préférant acquérir plus de polyvalence. Il pensait en effet que ce n'est que en maitrisant la magie, l'alchimie et la fabrication d'objets à la perfection que l'on pourrait espérer un jour égaler les créations des elfes et des nains. Mais attention, en trouvant une autre manière de faire qu'eux, sans utiliser de runes. Actuellement, la plupart des alchimistes spécialistes dans la fabrication d'objets magiques semblaient toujours négliger un de ces trois domaines, cela ne serait pas le cas d'Alessio, même si pour cela son apprentissage s'en trouvait un peu ralenti.

D'ailleurs au cours de ses années d'études, Alessio avait pu converser avec des membres des deux races sur le sujet, et il fallait dire qu'à cette occasion, la mauvaise image qu'il avait des elfes s'était dissipé, tandis que son respect pour les nains n'avait fait qu'augmenter. D'ailleurs si avec les elfes les relations restaient purement un échange intellectuel, avec les maître de runes avec lequel il avait discuté, des liens plus forts s'étaient tissés, il faut dire qu'Alessio ne cachait pas son affection pour ce magnifique peuple. Le jeune mage avait même eu l'honneur d'entendre avec quelques détails l'horrible offense faites au nain un jour par un humain, leur volant le secret des runes, et Alessio avait juré que si jamais il rencontrait quelqu'un utilisant ce savoir volé, il en informerait le nain le plus proche, et à défaut, il s'occuperait lui-même de la personne en question.

Étrangement, les deux races étaient extrêmement ouverte à la discussion tant qu'on ne parlait pas de copier leurs œuvres, mais de trouver une nouvelle manière de faire, la manière des humains. Dans les faits, il existait déjà une manière humaine de faire, mais aucune de vraiment fiable ou qui faisait des objets durant réellement longtemps, ni aucune pouvant être utilisé par des mages différents, contrairement aux runes. Les représentant des deux races l'avaient encouragé dans cette voie, peut-être dans l'espoir que si jamais cela aboutissait, ces stupides humains arrêtent de vouloir copier le travail des "adultes", et iraient jouer avec leurs propres jouets plutôt que de harceler leurs "parents" pour qu'ils leur donne les leurs.

En tout cas cela ne fit qu'encourager Alessio dans sa voie, d'autant que de plus, il avait par plusieurs fois entendu parlé d'objets magiques faits avec une matière directement imprégnée de magie, mais non mutagène comme la malpierre, et qui ne perdaient pas leur efficacité au cours du temps, contrairement aux objets magiques actuels fabriqués par les humains, qui avaient une durée extrêmement courte si on les comparait à ceux des nains et des elfes. De plus, pas besoin de runes pour maintenir la magie, elle y était déjà.

Apparemment les objets en question appartenaient à une ancienne civilisation aujourd'hui disparue et dont on connaissait très peu de chose actuellement, et certains étaient stockés à Altdorf. Malheureusement, Alessio n'était pas encore assez important pour recevoir l'autorisation d'étudier les objets magiques en question. Mais, il se doutait bien que la clé de sa quête se trouvait dans l'étude de tels objets, pour réussir à trouver comment reproduire la matière imprégnée de magie. En tout cas, ce dont il était sûr, c'était que pour le moment, personne n'avait encore trouvé comment reproduire le processus.

Aujourd'hui, Alessio se retrouvait entouré de ses professeurs, le baiser de bonne chance de Vic' en poche. S'il était lui aussi bien vêtu, ce n'était pas de ses plus beaux habits. En effet, déjà prêt au départ, il portait une armure de cuir brune de très bonne facture où était gravé l'un des symboles de leur ordre, un aigle doré aux ailes déployés. En dessous on pouvait voir une tunique gris bleu sombre, et au dessus une grande cape tourbillonnante de la même couleur munie d'une capuche, et où l'on pouvait trouver un autre symbole du collège dorée, un pilon et un mortier jaune. Son bâton n'était guère différent d'il y a six ans, si ce n'est qu'une petite épée dorée pendait à une des serres enserrant son orbe dorée.

Il retint une grimace lorsqu'on lui demanda de jurer à des dieux auquel il ne croyait pas vraiment, et tenta de rester totalement impassible. Il répondit d'une voix ferme.

J'accepte ma responsabilité, je jure fidélité à... aux croyances de l'Empire, à L'Empire, à l'Empereur, ses vassaux, ses sujets ainsi qu'au Collège Dorée.

C'était le mieux qu'il puisse faire, accepter de protéger les croyances des autres. Il espérait que personne n'avait remarqué sa petite tournure de phrase, ni sa très légère hésitation, ou que même s'ils l'avaient remarqué, il mettrait ça sur le compte de l'angoisse. Bon, Alessio n'était pas angoissé pour un sou, mais cela serait un bon prétexte pour justifier cet écart. Au pire si on lui posait des questions, pourrait toujours dire que c'était parce qu'il souhaitait inclure tout les dieux du panthéon humain dans son serment. Si vraiment ils insistaient il reformuleraient son serment en incluant les trois dieux, mais ça lui arracherait surement la bouche.

Puis vint le moment du choix, Alessio savait qu'il ne serait pas anodin, volontairement vague, c'était surement un test. Il n'en avait cure. Pour lui, l'une valait l'autre ! La réponse était donc toute choisie, et sincère qui plus est.

Ce qui m'intéresse avant tout, c'est de servir l'Empire, pas mes intérêts, choisissez celle pour lequel vous pensez que je suis le plus approprié. Également, avec les informations que j'ai en ma possession, je pense que l'apprentie Victoria serait la plus appropriée pour la mission se passant à Nuln.

Alessio apprendrait tôt ou tard ce que son amie découvrait en alchimie. Elle partageait en effet avec joie ses connaissances avec lui, et elle adorait toujours en apprendre plus. La recommander pour la mission à Nuln semblait donc la bonne chose à faire. Enfin, tant que ce n'était pas pour faire des recherches sur une cure de jouvence... Comme on avait pu le proposer à Vic' par le passé. La tête que celle-ci avait faite en apprenant la nouvelle avait été à mourir de rire. Par contre, l'empêcher ensuite de "donner une leçon" aux envoyés de la comtesse électrice, ça avait été nettement moins drôle, Alessio n'avait jamais aussi bien réussi ses dissipations que ce jour là.

Dans tout les cas, Alessio savait qu'un des agents de son père, voir son père lui-même tenterait de prendre en contact avec lui peu après son départ des Collèges, et c'était cela qui le préoccupait le plus pour le moment, car il allait devoir jouer la plus grande comédie du siècle avec des talents d'acteur plus que limités. Que le premier acte se déroule à Nuln ou au Stirland, cela n'avait guère d'importance pour lui. S'il se rappelait bien ses leçons d'histoire, il y aurait de fortes chances qu'il croise des morts-vivants si jamais on l'envoyait à Leicheberg. Ou plutôt, il y aurait de fortes chances que le problème à traiter ait un rapport avec les morts-vivants...

[[MJ] Le Djinn]

Quelques regards s'échangèrent, visiblement les professeurs ne s'attendaient pas à une telle réaction. Il y eut des soupirs, des mains rencontrant des fronts à une vitesse dangereuse et quelques éclats de rire étouffés. Alessio entendit même un professeur dont il ne reconnut pas la voix dire que c'était bien le genre des jeunes de faire les héros. Le directeur Mervaut rencontra le regard de ses assesseurs et, comme s'il lisait en eux, passait de l'un à l'autre sans leur adresser la parole mais en approuvant toujours par un léger hochement de tête. Finalement il se retourna vers notre héros, le regard sévère.

-"Nous vous avons entendu, Alessio Strauss. Pour autant, vous devez savoir que nous considérons votre réponse comme signe d'une faiblesse que vous devriez éliminer. A partir d'aujourd'hui vous êtes en autonomie, nous ne serons plus là pour vous guider jusqu'à ce que vous soyez reconnu comme digne de revenir au Collège Doré. Vous ne devez pas craindre d'imposer vos choix, car l'objectif ici était simplement de vous voir choisir et non pas vous réfugier dans le confort d'un refus de choix. Quant à la jeune Victoria Hansbürg, elle ira en effet à Nuln, mais elle est promise à un destin moins... Humble... Que la mission que nous vous proposons. Pour autant, si vous tenez tellement à ce que nous choisissions pour vous, allez donc au Collège de la Terre à Nuln afin de tirer cette affaire au clair. Vous avez compris? Parfait. La séance est levée pour vous, sortez donc par la petite porte sur le côté, vous avez trois jours pour partir, souvenez-vous en."

C'est ainsi, sèchement, qu'un serviteur ouvrit la porte à Alessio pour qu'il sorte. Dehors, il n'eut pas longtemps à attendre avec qu'une Vic' passablement énervée sorte en furie, après quelques éclats de voix féminin.

-"Ah les vieux boucs! Ils m'ont roulée! Ah les empaffés de vieux grincheux frustrés! Ah mais je vais leur en donner des potions de jouvence moi, à ces débris! C'est pas pour la vieille Emmanuelle qu'ils la veulent la potion, c'est pour eux!"

Elle tourna rapidement en rond dans le hall, furibonde, frappant régulièrement son bâton contre le sol. Contrairement à celui d'Alessio, le sien avait beaucoup changé. En effet, il était maintenant fait de bois de chêne se terminant en une griffe se refermant sur une fiole d'un verre alchimique bien plus résistant que le verre classique et qui avait pris un an de travail à un autre mage pour être soufflé. Le résultat était saisissant: la fiole était une boule qui partait à son extrémité haute sur un tube et elle résistait aux acides les plus dangereux.
Finalement, la jeune femme se calma et alla s'asseoir sur un banc, essuyant une larme de sueur.

-"Non, c'est le stress... Je pensais en avoir finie avec cette affaire de potion de jouvence mais les professeurs insistent pour que je m'y rende, d'après eux ça donnerait un avantage politique et tactique considérable au Collège Doré ainsi qu'un puissant protecteur et un espion en plein dans une cour potentiellement bourrée de chaotiques. Oh bien sûr, la Comtesse a déjà ses propres mages alchimistes hein! Mais pas de femme, évidemment! Ils pensent que le fait que j'en sois une va m'ouvrir des portes, ah les vieux pervers... Bah! Au pire c'pas si grave, j'avais l'intention de passer à Nuln d'ici quelques temps, parait qu'on y trouve les meilleurs ingénieurs et justement j'avais une idée. Tu te souviens, y'a trois ans, quand Boris avait fait tomber les fioles de fumée de salpêtre comprimé? On avait dû évacuer les laboratoires le temps que la fumée sorte par les ouvertures... Et bien ça m'a donné une idée."

Elle ramena son bâton devant Alessio, lui montrant la fiole à élixir évidemment vide et bouchonnée capturée dans le bois de la création et dont l'extrémité était, petit détail, remplacé par des éléments métalliques.

-"Tu sais que je suis loin d'égaler ton niveau en enchantement et que je n'ai pas la puissance brute de ce crétin d'Alexis, mais s'il y a un truc que j'sais c'est que même le meilleur adversaire ne survit pas à une bonne dose de gaz toxique dans son nez ou ne voit pas derrière un écran de fumée dense. Mais les acides en fioles, les poisons, les composés explosifs, tout ça c'est très bien et j'en ai toujours des tas sur moi, mais c'est tellement 2534! J'ai besoin de quelque chose de plus original et efficace rapidement! Alors j'ai pensé à aller voir les ingénieurs de Nuln pour fabriquer une sorte de... Lance-fumée à partir de mon bâton. Il me suffirait d'appuyer sur une gâchette et hop! Tournée générale de vapeur mortelle, jet de vitriol inévitable, souffle enflammé, tout ça en une pression! Enfin, je divague, j'espère que c'est possible... Dis-moi quand tu souhaites partir, je ne suis pas encore tout à fait préparer et je voudrais savoir si j'ai le temps de rassembler mes notes avant qu'on y aille..."

[Alessio Strauss]

Si Alessio avait l'air de prêter une grande attention aux propos du directeur Dumbl... Mervaut, il n'avait cure de ce qu'ils disaient. Ils pouvaient bien penser ce qu'ils voulaient, il avait fait son choix, qu'ils voient ça comme une faiblesse n'avait aucune importance, et il ne comptait surement pas la supprimer. Il ne put retenir une moue quand le directeur parla du destin de Victoria. Il semblait que la Comtesse Électrice avait tout de même obtenu gain de cause finalement. Et après ça, ils osaient lui parler d'autonomie et de choix ? Tant que ça les arrangeait oui ! Bande de vieux croûtons. Mais bon, il fallait voir le bon côté des choses, il pourrait voyager au moins une partie du voyage avec Vic'.

D'ailleurs, il faudrait surement la calmer la pauvre, aussi Alessio l'attendit à la sortie. Elle surgit dans l'état auquel il s'attendait. Il l'écouta patiemment, la laissant déverser sa colère, puis digresser copieusement, avant de finalement se taire suffisamment longtemps pour qu'Alessio lui répondit d'un ton calme et posé.

Ne t’inquiète pas pour cela, ils m'ont confié à moi une mission à Nuln qui t'aurait intéressé au plus haut point sur des nouvelles découvertes alchimiques qu'auraient fait des élémentalistes. Je te tiendrais au courant, et nous pourrons en discuter pour que ton cerveau ne pourrisse pas trop sur cet elixir de jouvence... Tu sais à quel point ton avis compte pour moi dans ce domaine.

Quant à ton idée. Je te conseillerais de trouver un ingénieur nain encore un peu jeune et plein de créativité, je suis sûr qu'il serait enchanté de travailler sur une telle création.

Sinon, moi j'ai déjà préparé toute mes affaires, et je suis déjà prêt au départ.

Alessio avait en effet tout préparé la vieille :

-Vêtements de rechange.
-Sac de couchage.
-Des allumettes, car Alessio n'avait jamais trouvé le temps d'apprendre à maîtriser le sort flammèche. Il faudrait qu'il le fasse un jour, car cela lui serait utile lors des expériences qu'il mènerait, mais bon, il faudrait qu'il prenne le temps de le faire.
-Des rations de nourritures, surtout de la viande séchée et du pain.
-Des réserves d'eau et... d'autre chose, qui contenait de l'alcool de façon tout à faire indécente.
-Des biscuits dans lesquels ont avait mit quelque gouttes de potion de soins
-Une potion de soin,
-Un gros gâteau enchanté, mais que l'on disait délicieux au possible. C'était donné comme cadeau de départ à certains membres du collège.
-Une potion venant de Vic', aux propriétés que personne n'avaient pu encore établir, et où on était arrivé à la conclusion qu'il faudrait la tester pour en découvrir les effets. Devinez sur qui c'était tombé... Mais bon, Alessio n'avait jamais précisé quand il ferait l'essai.
-Un nécessaire de rasage (bien qu'avec lui, on se demandait si c'était tellement nécessaire, vu que sa barbe ne poussait quasiment pas. D'ailleurs des nains lui avaient souvent demandé comment il faisait pour supporter de ne pas pouvoir se la laisser pousser).
-Et un cheval de Selle, parce que voilà, il avait pas mal de chose à porter, et il aimait pas tant que ça marcher.

Néanmoins, j'ai besoin d'un peu de temps pour tenter d'enchanter mon armure, on ne sait pas ce que l'on va rencontrer sur le chemin. Si tu as un vêtement ou une arme que tu souhaites que je l'enchante, n'hésite pas. En sachant que rien ne garantit que j'y arrive, je maîtrise encore mal le sort. Mais je pourrais toujours réessayer sur le chemin. Je te propose qu'on parte vers midi, juste après un dernier repas ici. ça te va ?

Dans les faits, Alessio doutait qu'il puisse tenter le sort plus de deux fois par jour pour le moment sans prendre de risques. Il avait d'ailleurs réussit à "emprunter" un petit diamant à son mentor pour tenter de mieux canaliser les pouvoirs du sort, mais bon, ça ne lui servirait qu'une fois.

Je vais prendre mes affaires, puis je tente de trouver un endroit tranquille pour tenter de lancer mon sort. Je tente de lancer par deux fois enchantement Majeur, dont une fois avec l'ingrédient nécessaire, en prenant un maximum mon temps, du moins si tu me l'autorise sinon j'enlève la phrase où je mets que j'ai réussi à l'obtenir même si cela me paraît cohérent au premier abord. Si Vic' me passe quelque chose à enchanter, je fais une tentative pour chacun, sinon deux tentatives sur mon armure de cuir bouilli. Du coup tu peux direct enchaîner sur mon départ des collègessssss, Yeahhhhhhhhhhh. I AM FREEEEEEEEEEEEEE (Ombre de mon père en arrière plan).

[[MJ] Le Djinn]

La trentenaire se gratta la tête, réfléchissant à comment s'organiser avant le départ. Elle expliqua rapidement qu'elle ne comptait pas partir avant au moins deux jours, mais que si Alessio était aussi pressé, elle pourrait terminer pour le lendemain matin, en s'y mettant vite. Elle le laissa d'ailleurs sur place pour aller rassembler ses affaire, s'empêtrant dans ses robes au passage.
Elle ne réapparaitrait sans doute pas avant le lendemain, ce qui laissait le temps à notre héros d'aller dans les laboratoires pour accomplir ses rituels d'enchantement. L'endroit était relativement agité, comme à toute heure. Alessio finit par trouver un banc de travail sur lequel procéder à ses enchantements:

Test d'enchantement majeur du plastron: 7, ça passe! Ingrédient utilisé!

Le plastron gagne Résistance à la Magie (1).

Le diamant se vaporisa rapidement et la poudre s'intégra au plastron d'Alessio. Il voyait le vent doré qui parcourait le Collège reculer légèrement devant l'armure de cuir, ce qui était une preuve de sa réussite. Malgré tout, le lancement d'un sort de cette puissance était épuisant, en recommencer un de suite ne serait peut-être pas une excellente idée. De toute façon, il allait pouvoir se reposer tranquillement: la route l'appellerait le lendemain matin.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Qu'il faisait beau sur les routes de l'Empire! La vieille Altdorf était loin derrière eux maintenant. Les apprentis les avaient félicités, les professeurs, émus, en avaient fait de même. Voir un apprenti devenir un Compagnon Sorcier et s'en aller sur les chemins, ça faisait toujours quelque chose. Ils n'étaient pas seuls à être partis à l'aube, d'ailleurs, quelques autres mages de leur promotion partaient aussi. Trois partirent vers l'Ouest, sans doute vers la Bretonnie, deux vers l'Est, accompagnant nos héros. L'un pris rapidement un chemin pour la Tilée, qu'il avait toujours rêvé de visiter, l'autre les quitta à midi pour prendre une embarcation qui devait le mener sur la voie du Kislev où il espérait retrouver sa famille.

En tout cas, maintenant, ils étaient partis. Victoria avait insisté pour que le cheval prêté à Alessio par son mentor transporte aussi ses fournitures, forçant notre héros à voyager à pied, au plus grand désespoir de celui-ci. Cela semblait d'ailleurs bien amuser la brunette qui, malgré son assagissement dû aux années, restait d'un caractère moqueur et taquin. Elle avait d'ailleurs revêtue une tenue de voyage qui se ressemblait à s'y méprendre à une tunique de laboratoire avec un tablier d'épais cuir en cuise de protection. Le résultat était probant pour la marche à pied, mais le masque de cuir et de tissu qui pendait à son coup donnait l'impression qu'elle allait à un cours d'alchimie. Ce qui était, d'ailleurs, probablement l'effet recherché.

-"Ils vont me manquer, tous. On peut en dire ce qu'on veut, mais c'était bien ces soirées passées à travailler et à discuter, le stress des contrôles, les jeux de cartes ou de dés le soir, les expériences dans les labos... Même si pour moi ça va pas tarder à recommencer, si je puis dire... En vérité je..."

Elle fouilla dans sa poche et sortit une liste d'ingrédients. Divers schémas compliqués étaient dessinés à côté...

-"En vérité je crois que je crains de réussir, Ali. Réussir cette potion de jouvence, je veux dire. Ca a l'air alléchant comme ça, mais j'y ai bien réfléchi: est-ce que ce ne serait pas trop dangereux pour l'humanité? Rappelle-toi de nos cours sur les vampires: ils vieillissent de plus en plus, devenant de plus en plus forts mais aussi plus décadents et plus sûrs d'eux, ce qui leur fait ouvrir leurs défenses. Mais qu'en serait-il des humains rendus immortels par cette potion? Nous ne sommes pas animés par la Dhar, nous, nous resterions toujours sur nos gardes, vifs, méfiants... Tu imagines un tyran possédant un tel élixir? Son règne durerait une éternité... Plus j'y réfléchis, plus je me demande si travailler sur ce projet est une bonne idée et je ne parle même pas de la Comtesse."

Il n'y avait plus que le bruit des pas sur la route et le bruit des bâtons frappant le sol et se répercutant sur les arbres qui bordaient la route. Après une nouvelle heure de marche, que nos héros purent mettre à profit pour discuter, un petit village apparaissait. Il était temps: le crépuscule arriverait bientôt et les routes étaient peu sûres la nuit...

[Alessio Strauss]

Marcher, pourquoi est-ce qu'il marchait ? Il avait pas pris un cheval à son mentor pour marcher. Maudite Victoria et toutes ses affaires, parfois, il oubliait que c'était une fille ! Bon, mais Alessio la soupçonnait d'avoir agir ainsi pour l'obliger à faire du sport, il était vrai que ce n'était pas un grand pratiquant d'activités purement physiques, et pour le moment, il n'en avait pas besoin.

Bon, mais tôt ou tard, il faudrait bien qu'il se muscle, car lorsqu'il fabriquerait des objets magique, il aurait besoin de savoir manier le marteau. Malgré toutes ces années à observer son mentor, il n'avait jamais vraiment forgé, donc s'il était calé sur la théorie, la pratique, ce n'était pas encore ça. Jusque là, il s'était concentré sur l'enchantement d'objets non magique, et non pas fabriquer des objets déjà magiques, ce qui était bien différents, et aussi beaucoup plus ardue.

La veille son sort d'enchantement avait été un succès, mais il n'avait pas eu la capacité de le relancer une nouvelle fois sans se mettre en danger inutilement. De toute façon, Vic' ne semblait pas avoir été intéressé par avoir ce petit enchantement de protection. Pourtant, même lorsqu'on mettait l'armure, cela n'affectait pas la capacité à canaliser les vents. Par contre il était vrai que s'il tentait de lancer un sort sur lui-même, il y avait toute les chances que cela face écran. Petit détail à ne pas oublier au cours de leur voyage, et qui pouvait expliquer l'apparente réticence de Victoria.

En tout cas, s'ils rencontraient un nécromancien ou un autre genre de mage renégat, cette petite protection serait bien utile.

Sur la route de Nuln, ils furent plutôt silencieux, exceptés un échange de politesse avec les autres mages partis avec eux au début de la journée.

Ce n'est qu'une fois qu'ils furent seuls que les langues se délièrent, à la première diatribe de Vic', Alessio répondit.

Me concernant, la seule personne qui me manquera vraiment m'accompagne, je n'ai donc guère de regrets, à part peut-être concernant mon mentor. C'est un homme bien, il a été comme un père pour moi pendant mes années au Collège.

Ensuite la jeune fille se confia plus avant, lui parlant de ce qu'elle avait sur le cœur. Sans la moindre hésitation, Alessio répondit.

Un élixir de jouvence ne doit et ne devra jamais exister. A toi de t'arranger pour qu'ils prennent la mauvaise direction. Tu seras de loin la plus intelligente là-bas, je te fais confiance.

Je pense que c'est ton devoir, et c'est ce qui servira l'Empire, nous ne servons pas des hommes et leurs intérêts égoïstes, mais tout un royaume. Si jamais un tel élixir venait à exister, il tombera entre de mauvaises mains, sois en sûr, ou il transformera des personnes bonnes en monstres. L'immortalité corrompt forcément quelque soit la personne qui l'a, regarde tout ceux qui la possède, les vampires, certains dirigeants elfes noirs qui devraient être morts depuis des siècles et des siècles, et qui sais-je encore ? De plus, c'est dans cette quête que d'innombrables humains sombrent dans le chaos. La mort fait partie de la vie, et l'on se doit de protéger ce cycle.

L'idée même d'un élixir de jouvence est une hérésie pour moi, une autre manière de sombrer dans le chaos.

Les deux amis partirent ensuite sur un grand débat sur la vie et la mort, les raisons d'être avant de dériver quelque peu du sujet initial, et de parler des dieux. Vic' avait depuis le temps, plus ou moins compris la réticence d'Alessio à accepter de reconnaître les dieux de l'Empire, même si aucun des deux n'en avaient jamais vraiment parlé directement, et même quand ils étaient en tête à tête, ils faisaient attention à leurs paroles, car la pensée d'Alessio était proche de l'hérésie, et on ne savait jamais quels oreilles pouvaient écouter, même ici, alors qu'il ne semblait y avoir personne à des lieux à la ronde. En tout cas, VIc' partait du principe que si les dieux du chaos existaient, c'est que les autres également, sinon jamais ils n'auraient pu lutter contre eux, et ils auraient disparu longtemps, mais Alessio n'était pas d'accord avec cette vision.

Pour lui, l'humanité était bien plus forte qu'on le pensait, et n'avait pas besoin des dieux pour se sauver. Mais bon, contrairement à sa vision des années auparavant, il ne cherchait plus à nier leur existence, et admettait tout de même qu'ils les pensaient réels à part Sigmar, pour lui c'était toujours une invention d'un clergé corrompu. Ça, même à Vic', il ne l'avait même jamais laissé entendre. Elle comprendrait surement son point de vue, mais Alessio n'était pas certain de savoir jusqu'où son ouverture d'esprit allait.

Ils interrompirent leur dialogue à l'approche d'un petit village sur la route.

Bon, je pense qu'il va être temps de trouver une auberge pour nous reposer.

D'ailleurs, pour l'occasion, tu voudras que je tente d'enchanter un de tes vêtements pour te donner une protection magique si jamais on fait de mauvaises rencontres ? Je pourrais faire un essai ce soir si tu veux.

[[MJ] Le Djinn]

Après un haussement d'épaules à la question d'Alessio, le duo se dirigea vers le village. A cette heure de la journée, les rues se vidaient, les femmes et enfants retournant dans leurs demeures pour les travaux du soir, notamment le ménage et la couture, alors que les hommes allaient écluser quelques verres à la taverne avant de rentrer s'occuper de leur famille. L'endroit, qui d'après les panneaux répondait au doux nom de Kleberstadtt, ne devait pas excéder les trois cents âmes, ce qui en faisait une bourgade d'une importance respectable, à défaut d'être importante.

L'auberge locale possédait d'ailleurs des écuries, signe d'une certaine aisance, et accueillait à cette heure un peu tout ce que le quartier de la ville comptait de travailleurs. S'y côtoyaient les fermiers revenus des champs, plein de terres, les artisans dont les mains calleuses rappelaient la dureté de l'existence, quelques notables, sans doute des commerçants, qui constituaient le lien utile entre les différents corps de métier ainsi même, à la grande surprise de nos compères, de quelques nobles, sans doute mineurs. Du moins c'était ce que leurs vêtements riches mais pas ostentatoires laissaient supposer.
Sur une estrade, dans le fond du bâtiment, qui devait accueillir une grosse quarantaine de personnes, sans compter les employés et le patron, un groupe de chanteurs et de chanteuses bretonnien se produisait. Ils jouaient du luth et de la harpe en chantant les louanges de l'amour courtois et d'un chevalier faisant la cour à sa belle qui, par jeu ou par mépris, ne répondait pas à ses avances. La chanteuse, notamment, était un joli brin de fille aux cheveux châtains étonnamment courts et à la tenue à mi-chemin entre le nomade et la paysanne.

A leur entrée, ils ne furent d'abord pas remarqués, un serviteur ayant déjà été prévenu de leur volonté de prendre deux chambres et étant parti remonter les affaires dont ils n'avaient pas besoin. Par contre, après quelques pas dans l'auberge, certains visages se retournèrent sur ces bruits de bâton frappant les lattes du plancher. Certains reconnurent les emblèmes et les bâtons, symboles des sorciers, et s'en retournèrent à leur choppe ou à leur repas. Victoria insista pour prendre une table à côté des musiciens et passa une bonne part du repas à observer la chanteuse, des étoiles dans les yeux.
Quand les serveurs vinrent les voir, autant dire que leur ton alternait terreur et obséquiosité. Les préjugés sur les mages étaient légions et personne n'aurait voulu offenser ou agacer un mage, fût-il du Collège Doré, ce que les paysans ignoraient d'ailleurs.

Le repas consista en une soupe de légumes locaux ainsi que quelques fromages de chèvres locaux. Rien de bien folichon, mais c'était suffisant que la pièce d'argent dépensée par Vic' en même temps que les chambres ne soit pas gâchée.

La soirée avançait et les discussions se tarissaient, chacun rentrant chez soi. Il était l'heure d'aller dormir pour la plupart! Les musiciens finirent par achever leur prestation et, sous les applaudissements des restants, se retirèrent dans les arrière-salles. Voyant cela, la dame alchimiste se leva, faisant un clin d'œil à notre héros.

-"Je vais m'absenter quelques minutes. Va te coucher sans moi, on se rejoint ici demain-matin pour le p'tit-déj'!"

Et, sous les yeux d'un Alessio effaré, elle partie suivre les troubadours, le laissant seul. Il ne lui restait plus qu'à décider quoi faire du temps restant, à moins que le sommeil ne le rattrape...

[Alessio Strauss]

L'air effaré d'Alessio laissa bientôt place à un soupir résigné. Bah, elle faisait ce qu'elle voulait, et sa réputation de mage devrait être suffisante pour la maintenir en sécurité, et au pire elle savait se défendre, et de façon surprenante. Si quelqu'un s'en prenait à elle, il s'attendrait à ce qu'elle utilise la magie. Il serait bien surpris, car c'était rarement son premier réflexe.

Le seul problème serait si quelqu'un d'un peu trop zélé et fidèle à Sigmar la surprenait. Pour ce clergé, c'était un acte que l'on associait très vite au chaos. Quelle stupidité... Mais bon, elle était assez grande pour prendre les précautions nécessaires, et surtout être discrète ! Il ne comptait pas partir en pleine nuit comme un voleur, il tenait à son sommeil ! /hrp (ce n'est en rien un avertissement pour mon MJ, mais un peu quand même !!!! xd/hrp Ahlala, et dire qu'on disait souvent des hommes qu'ils ne pensaient qu'avec le bas du ventre, et bien lui non, il avait déjà donné une fois ! Cela lui avait suffi ! Une leçon de son père qu'il n'était d'ailleurs pas prête d'oublier. Il faudrait plus que de beaux yeux pour le faire chavirer.

En tout cas, maintenant qu'il était seul, cela laissait une fenêtre ouverte pour qu'un agent de son père le contacte, il resterait donc un peu à attendre dans la salle, seul, mais si personne ne venait, et bien il irait se coucher. Son corps était bien las après cette longue après-midi de marche, et une similaire l'attendrait le lendemain, et le jour d'après, et le jour d'après.... Alessio se sentait épuisé rien que d'y penser. Ah, si seulement il pouvait monter son cheval de selle. D'ailleurs, il faudrait qu'il lui donne un nom à cet animal... il avait en effet totalement oublié de demander à son mentor comment il s'appelait quand il l'avait prit. Surement un truc en rapport avec sa robe noire. Bah, la nuit portait conseil.

Et puis, vu que Vic' ne souhaitait pas se faire enchanter ses objets, il n'avait pas grand chose d'autre à faire pour le moment. D'ailleurs, cela blessait un peu sa fierté qu'elle ait refusée. Enfin, elle n'irait pas se plaindre quand elle se prendrait un sort de plein fouet et qu'Alessio s'en sortirait indemne (ou en tout cas en meilleurs état), et bien il se ficherait bien de sa gueule...
Tout en réfléchissant, le regard d'Alessio se perdirent dans l'exploration de la salle maintenant quasiment vide.

[[MJ] Le Djinn]

Il n'y avait rien en cette nuit de bien particulier. Le patron était parti se coucher, seul un serviteur faisait les comptes et surveiller l'entrée, ne faisant guère attention à un Alessio attardé dans la salle à manger. Après quelques temps sans rien avoir remarqué de spécial, notre héros put aller se coucher tranquillement. La chambre était des plus simples, un lit de plumes pas trop sale, un bureau sur lequel écrire avec un encrier et une plume, rien de plus. Ah si, un coffre dans un coin de la pièce, vide, ce devait être l'endroit où on rangeait ses affaires.

La nuit se passa d'ailleurs sans problème, si l'on exceptait quelques cris d'animaux venant des forêts environnantes. C'était chose normale, d'ailleurs, Taal et Rhya régnaient toujours à l'extérieur des villes et les petits bourgs de campagne n'étaient que des oasis dans le grand désert de verdure de l'Empire.
Le soleil ne tarda pas à traverser le ciel couvert de quelques nuages perdus ci-et-là. Le petit-déjeuner, offert par la maison à ses invités de marque, ne consistait qu'en un potage d'herbe et une tourte à la menthe et à l'auge achetée au boulanger. Alessio arriva le premier, suivi rapidement par une Victoria aux cheveux en pagaille. Son corps amaigri par les toxines reprenait à la lueur du jour ses étranges teintes de peau. Vêtue de sa tenue de voyage, elle posa sur la table un petit flacon vide mais dont les gouttes de fond laissaient comprendre qu'il était encore utilisé la veille.

-"Bonjour Ali, bien dormi? En tout cas moi j'ai passé une nuit comme j'en avais plus connu depuis longtemps! Si tu savais les effets d'une potion d'endurance et d'une potion d'agilité pendant une nuit enflammée... Faudra juste que je pense à remplir ce flacon d'avoine avant qu'on y aille, je trouve que ça donne du goût à la préparation..."

Après une demi-heure qui leur suffit pour manger et prendre leurs affaires, le duo reparti sur les routes pavées que Sigmar, en sont temps, avait foulées. Cette pensée suffisait à mettre Victoria dans un certain émoi, elle n'avait jamais montré une grande religiosité mais le dieu tutélaire était une telle figure qu'il était difficile de ne pas rester ébahi à l'idée de fréquenter ses pas. Ils croisèrent d'ailleurs un petit groupe de flagellants qui se battaient la chair en hurlant des imprécations à propos du repentir. Ils ne firent même pas attention à la présence des mages, perdus dans leurs délires. Tout cela laissa un soupir à la dame.

-"Ces cinglés... On a eu de la chance qu'ils ne nous remarquent pas. Avec nos emblèmes, on aurait été bons pour se battre, heureusement que j'ai toujours mes potions sur moi... D'ailleurs, en parlant de potions. La nuit dernière, après avoir... voilà, j'ai réfléchi à ce dont nous avions parlés hier à propos de la potion de jouvence. Je pense que j'essayerai de mener mes propres recherches à côté en faisant croire que ce seront des éléments nécessaires à l'élixir final... Je ne sais pas si ça marchera mais avec un peu de chance cela me permettra de continuer mes recherches. Je n'arrive pas à avancer sur ma lotion pour dégraisser les cheveux et j'ai décidé de laisser tomber, même si ça aurait été un succès commercial considérable... J'ai décidé de passer sur d'autres projets dont un qui pourrait t'intéresser: l'huile vif-argentée. Et là je sens ta curiosité toucher du doigt des sommets!"

Elle était visiblement fière de son idée et laissa le temps à Alessio de faire part de son grand intérêt, ou pas, pour la chose.

-"Nous sommes des mages, le corps à corps ce n'est pas notre truc. Alors évidemment, on peut enchanter une lame comme ces vauriens du Collège Flambloyant, on peut l'empoisonner aussi... Mais tout ça est relativement difficile à faire et pas forcément durable, alors j'ai eu une idée: pourquoi, au lieu d'empoisonner la lame, ne pas créer une lame empoisonnée tout court? Le principe sera simple: l'arme aura en son cœur, imprégné dans l'acier, une dose de vif-argent, de vitriol, que sais-je, qui se mélangera à la chair de la victime à chaque coup et le poison durera bien plus longtemps que pour une imprégnation classique! Il faudrait des tests bien sûr, mais je pensais distiller du venin de vipère dans de l'alcool et du vif-argent, puis faire réagir le tout au souffre, avant d'utiliser l'athanor lorsque Morslieb est pleine pour bat..."

Ils s'arrêtèrent. Devant eux, une charrette était étalée sur le bas-côté, deux hommes dont un en arme se tenaient à côté, en sang, morts. Ce que transportait le chariot semblait avoir été volé et les agresseurs n'étaient plus visibles, alors que les corps étaient encore tièdes. Pouvait-il s'agir des illuminés qu'ils avaient croisés plus haut? Possible, mais les nombreux embranchements sur la route rendait la chose incertaine. En tout cas il ne leur restait plus qu'une heure de marche pour atteindre la prochaine étape et, possiblement, la possibilité d'utiliser le Reik pour remonter jusqu'à Nuln. De plus, Alessio reconnut sur un corps une marque étrangement dessinée que Victoria ne vit pas: l'emblème de sa famille.

Qu'allait choisir de faire notre héros?

[Alessio Strauss]

Oui, il avait bien dormi, presque trop bien même. En tout cas, bien mieux que lorsqu'il était aux collèges. Il faut dire que les lits étaient bien plus confortables dans l'auberge. Mais tout était trop calme, Alessio avait le pressentiment que ça n’allait pas durer, les ennuis arrivaient. Mais bon, ils ne servaient à rien d'y songer tant qu'ils ne seraient pas là, il fallait juste qu'il se tienne sur ses gardes.

Bonjour Vic', j'ai dormi comme jamais ! C'est sûr que ça n'a rien à voir avec nos paillasses aux collèges.

Lorsque Victoria aborda sa nuit de folie, le jeune mage ne put se retenir de rouler les yeux

Et tu as utilisé deux potions juste pour ça ? Vraiment ? Enfin, tu fais ce que tu veux, j'espère juste qu'on ne manquera pas de matériel sur le chemin.

D'ailleurs, j'ai décidé d'un nom pour le cheval, vu que mon mentor ne l'a jamais nommé.

Ou plutôt qu'Alessio avait oublié de lui demander le nom de la bête, mais c'était un détail.

Il s’appellera Breitenbach.

C'était un nom connu, ou plutôt une sorte de légende qu'il avait entendu aux collèges. Des murmures de couloir, à propos d'une personne portant ce nom, une magistère maintenant déchue. Il n'avait pas de raison particulières à le donner à son cheval, si ce n'est un manque cruel d'imagination de sa part. D'ailleurs, il ne savait même pas si celui-ci était un cheval ou une jument, il n'avait pas pris la peine de vérifier, et pour tout dire, il n'en avait cure...

Alors qu'ils étaient repartis, Victoria ne put s'empêcher de faire remarquer l'émotion qu'elle ressentait de marcher dans les pas de Sigmar. Alessio ne ressentait pas vraiment la même chose, en fait, il n'en avait strictement rien à faire, et ne pouvait s'empêcher de regarder l'émotion de son amie avec une certaine tendresse. Ahlala, elle était si facilement émue parfois.

Quand ils passèrent devant les flagellants par contre, le visage d'Alessio se ferma, et ses mains se crispèrent sur le bâton. Il s'enjoignit à les ignorer, et lorsque Victoria et Alessio se retrouvèrent seul à nouveau, il ne put qu’acquiescer aux propos de la jeune alchimiste.

Nous avons d'autre chose à faire que de gaspiller du temps et de l'énergie pour une bande de fous qui ont moins d'intelligence que le crâne vide d'un orc.

Quand à ton idée sur l’élixir, cela paraît valoir le coup de tenter la chose, en tout cas, cela ne te coûte rien d'essayer, de plus tu pourras garder un œil sur leurs recherches, et vérifier qu'ils ne sont pas trop près du but.

Un sourire éclaira son visage lorsqu'elle parla de sa lotion pour dégraisser les cheveux, mais il n'avait rien de moqueur.

Dommage, cela aurait en effet été une idée du tonnerre, réfléchir à quelque chose du genre est d'ailleurs une excellente idée, il faut beaucoup d'argent pour nos recherches. Si tu veux, nous pourrions combiner nos efforts pour trouver quelque chose de facile à commercialiser et reproduisible en masse, dont on pourrait déléguer la fabrication à d'autres. Cela nous permettrait ensuite de nous concentrer sur nos recherches avec tout les moyens que l'on veut, tout en gagnant de l'argent sans avoir rien fait d'autre que créer une idée révolutionnaire, et à nous deux, nul doute que nous y arriverons !

Nous pourrions d'ailleurs utiliser l'argent que t'offre la comtesse pour nous aider à démarrer l'idée, ce qui impliquerait bien sûr une plus grosse part pour toi ensuite.

Quant à ton vif argent, parle donc ! Tu sais bien que tout cela m'intéresse au plus haut point, et tu as toujours de très bonnes idées sur le sujet.

Alessio écouta attentivement, le discours de Victoria, le trouvant des plus intéressants, et moult questions commencèrent à germer dans son esprit... Malheureusement, il ne put les poser, il oublia d'ailleurs quasi instantanément toute la conversation devant la scène qui se présenta devant lui.

Il pâlit même un peu lorsqu'il reconnut l’emblème de sa famille. Il était probable que Victoria mette cela sur le compte de la vision des cadavres ensanglantés, mais en réalité même l'odeur répugnante du sang qui envahissait les narines d'Alessio ne le touchait pas. Il avait vu suffisamment de choses pour être immunisé à de simples cadavres. Son père avait bien prit soin de le confronter à toute la réalité et l’horreur du chaos, et ce dès son plus jeune âge, ce qui avait laissé des marques plus ou moins traumatisantes dans l'esprit du jeune mage. Mais nous y reviendrons plus tard.

Victoria, peux-tu vérifier que que tout danger est écarté ? il semblerait que nous arrivions après la tempête, mais on ne sait jamais. Je vais voir ce qu'il en est.

Et le jeune mage s'approcha des deux cadavres pour vérifier s'ils étaient bien morts, et surtout s'il reconnaissait ou non les visages. Il comptait ensuite fouiller les corps (si ceux-ci étaient bien morts), pour vérifier s'ils avaient des informations sur eux, car des membres de sa famille ici ? Ce n'était surement pas une coïncidence. Tout cela avait un rapport avec lui, c'était certain. Le moment où Victoria découvrirait son côté sombre risquait d'approcher à grand pas !