[Sigmund] - Le triomphe de Ranald

L’Empereur Karl Franz siège à Altdorf, capitale impériale depuis. Altdorf est un carrefour du savoir et son université est l’institution académique la plus respectée de tout l’Empire. Là, les seigneurs et les princes de nombreux pays viennent s’asseoir aux pieds des plus grands penseurs du Vieux Monde. Altdorf est aussi le centre du savoir magique et ses huit collèges de magie sont fort justement réputés bien au-delà du Vieux Monde. Altdorf est une ville affairée, avec un nombre important d’étrangers, de commerçants et d’aventuriers. La cour impériale elle-même engendre une activité économique florissante, qui attire toutes sortes de gens.

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[Sigmund] - Le triomphe de Ranald

Message par [MJ] The Puppet Master »

Finalement, Sigmund s'était résolu à s'éloigner de Marienburg pour échapper à Dieter et ses sbires et s'était carapaté à Altdorf sans demander son reste. Il n'avait emporté que ses maigres économies et son barda avant de sauter dans la première diligence en partance.

Dans la capitale, il avait cherché à faire son trou et quelques semaines avaient suffi au bonimenteur pour « sympathiser » avec deux ou trois « sommités » locales ayant leurs entrées dans le milieu. Oh, pas grand-chose pour l'instant, bien sûr, mais assez tout de même pour ne pas être pris à partie par certaines bandes qui sévissaient sur la rive ouest du Reik.

Il y avait notamment Sigmul Herzlos un chef de gang connu pour sévir dans le plus strict respect des principes ranaldien : voler sans tuer, n'utiliser la violence que dans la plus extrême nécessité et utiliser une petite portion de ses profits pour fonder et entretenir un lieu saint dans le Reikerbahn District. Ces règles ne convenaient pas à beaucoup de criminels qui préféraient casser les têtes en même temps qu'ils outrepassaient les lois. L'homme souhaitait étendre ses opérations et avait besoin de « sang neuf » dans son organisation ; une aubaine pour Sigmund.

En fait de quartier général Sigmul disposait d'une pièce privée à l'arrière d'un troquet dont il avait soudoyé le tenancier pour lui servir de couverture. « Le Salvat » du nom de son patron, un bretonnien nommé Jean Salvat venu chercher gloire et fortune il y a trente ans dans la capitale impériale, n'était qu'une salle aussi crasseuse que les clients qui venaient y noyer leur misère dans une bière tiédasse et immonde. Lorsque Sigmund s'y était arrêté l'avant veille au soir, Salvat lui avait confié qu'il se pourrait bien que Sigmul ait un travail pour lui sans en dire plus et invitant le bonimenteur à repasser un peu plus tard s'il était intéressé.

Parmi les autres connaissances de Sigmund, il y avait un certain Halmut, un Marienburger expatrié pour les mêmes raisons que lui mais qui ne s'était pas trop épanché sur son passé. Malgré plusieurs tentatives, pour certaines plutôt habiles, Sigmund n'avait pas réussi à le laisser aller à la confidence. Le bougre avait de l'expérience et le verbe agile ; il n'était pas tombé de la dernière pluie et avait dû être quelqu'un à Marienburg. Il était même impossible de savoir où il vivait dans la capitale. Le quinquagénaire avait, à plusieurs reprises, eu besoin des compétences de Sigmund et Jean Salvat avait, à chaque fois, servi d'entremetteur.
Dernièrement, il s'était agi pour le jeune homme de déclencher un petit scandale dans une rue bourgeoise sans que la raison lui en soit explicitement donnée mais le bonimenteur avait, de lui-même, compris qu'il s'agissait d'attirer l'attention sur lui afin que Halmut puisse agir en toute discrétion. Depuis, l'homme était introuvable mais Sigmund avait quand même été payé, et plutôt grassement, toujours par l'entremise de Salvat, pour les trois jours de cachots et la bastonnade qu'il avait eu à subir en retour de son petit numéro.

Bref, la nouvelle vie de Sigmund Engelhart commençait doucement à s'organiser...
Voilà, je suis resté assez évasif pour te laisser la latitude nécessaire à la description de ta nouvelle vie. Tu peux décrire plus précisément ce que tu as fait depuis ton arrivée à Altdorf que j'ai évalué à plus ou moins deux mois ou passer directement à ce qui t'intéresse de faire à propos de Herzlos ou Halmut.
Si tu as des doutes ou des questions, viens me voir dans les coulisses : http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopic.php?f=2&t=4856
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Sigmund Engelhart
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Re: [Sigmund] - Le triomphe de Ranald

Message par Sigmund Engelhart »

Se décider à fuir n’avait pas été la décision la plus facile à prendre, mais en y réfléchissant bien c’était l’unique option valable. Clairement, la fange dans laquelle Dieter m’avait plongé en offrant mes services à Wilhelm Schmidt était trop épaisse pour que je puisse espérer m’en dépêtrer, cette histoire de réincarnation lançant une croisade aux relents de puissances de la ruine, non, clairement, plus loin je me tenais de la religion mieux je me portais. Je pestais régulièrement à l’encontre de mon ancien employeur et ses manigances, mais ne pouvais finalement m’en prendre qu’à moi-même : à n’en pas douter, Dieter Eijpers avait eu vent de mes tentatives d’établir un réseau séparé, et m’en avait fait payer le prix. En y réfléchissant, c’était l’hypothèse la plus probable, et je ne pouvais que maudire mon choix de contacts, je m’étais vraisemblablement adressé à un interlocuteur peu digne de confiance dans mes démarches - ou tout du moins à quelqu’un qui avait vu là l’occasion de s’attirer les bonnes grâces du Gros Dieter et s’assurer une place dans son cercle de collaborateurs.

Inévitablement, la réponse adaptée à cet imbroglio avait donc été la fuite, avec les maigres économies que je pouvais avoir en poche à ce moment-là. Hors de question de repasser par ma planque ou tenter de récupérer un pécule à l’aide d’une ultime entourloupe à Marienburg, je ne voulais pas risquer de recroiser la route des hommes de main de Dieter. Et surtout pas de Klaas. J’avais beau m’en gausser à la moindre occasion dans son dos, je n’en menais pas large à chaque rencontre…

Généralement j’aimais planifier mes actions, y compris toute retraite stratégique, mais nécessité fait loi, et clairement ma priorité avait été d’assurer ma sécurité. J’avais donc fui à la tiléenne, sautant dans la première diligence en partance pour Ranald seul savait où dans l’Empire, m’en remettant à ma chance pour trouver une bourgade acceptable où refaire ma vie. En cours de trajet cependant, j’y avais réfléchis à deux fois, et une évidence s’était imposée d’elle-même. La Grande, l’unique Altdorf, joyau de l’Empire, métropole où se fondre dans la masse et reprendre mes marques sans éveiller l’attention. Il y aurait forcément de la place pour moi là-bas, et je me targuais de réussir à y faire mon trou, de m’établir comme indépendant et me faire un nom sans finir sous la houlette d’un autre. En somme, ce que je n’avais pas réussi à Suiddock.

Malgré tout mon optimiste et ma bonne volonté, mes débuts dans la capitale n’avaient cependant pas été des plus brillants, car si je disposais dans une telle cité d’une certaine marge de manœuvre pour m’y établir, il m’avait fallu néanmoins faire pour l’instant bien attention à ne pas empiéter sur les plates-bandes d’un quelconque groupuscule criminel, si obscur soit-il - car aussi insignifiant qu’il pusse être, je représentai encore moins à l’échelle de la cité, et tenait à conserver mon chef sur les épaules plus que tout. J’avais pu avoir un aperçu impressionnant de la myriade d’individus oeuvrant dans la ville lorsque la diligence nous avait déposés sur la Königplatz, le jour de notre arrivée, évitant sciemment les rabatteurs et mains trop lestes en suivant les conseils de Herr Gutzmann, un commerçant rentré à Altdorf par la même diligence, et j’avais tenté de me faire dans un premier temps une petite réputation de joueur, traînant dans la rue des cent tavernes du Niderhafen District. Ce qui à la suite de plusieurs soirées où j’avais forcé la chance avait résulté en charmants bourres-pifs allègrement distribués, mais à mon désavantage.

Ulcéré par tant d’incompréhension, j’avais donc décidé de me replier stratégiquement vers un autre quartier, pour quelques temps du moins. Si elle restait mon objectif à long terme, la rive gauche du Reik restait encore pour l’instant hors de portée de ma bourse et de mes capacités, l’entrée des clubs m’étant évidemment fermée, et l’absence de contacts de ce côté du fleuve rendait la tâche par trop ardue. J’avais donc jeté mon dévolu sur un quartier plus modeste, mais non moins dangereux, le Reikerbahn District. Situé à l’abouchure du Talabec dans le Reik, sa populace plus modeste me fit une place au fil des semaines, et j’y fis une rencontre déterminante : Jean Salvat. Ce bretonnien possédait une auberge aussi miteuse que remplie de badauds en tout genre, prompts à la rixe au moindre regard de travers, mais il avait également connaissance de certaines transactions qui m’intéressaient, et m’avait ainsi mis en contact avec certaines de ses connaissances.

Nonobstant la commission qu’il ne manquait pas de prendre pour ces affaires, Jean s’était montré droit dans ses propositions et digne de confiance, me fournissant même le gîte et le couvert contre quelques services rendus, ainsi qu’un lieu sûr pour discuter affaires, ce qui était un prérequis indispensable à la réussite de toute entreprise. Au fil des semaines, j’avais pu ainsi m’assurer un train de vie correct, quoi que modeste, mais surtout réussi à gagner une certaine marge de manœuvre dans les bas-fonds de la ville, ou tout du moins dans le Reikebahn, m’évitant l’agression de certain quidam au détour de quelque ruelle sombre qui me devenait à force familière. J’y avais également fait la connaissance d’un adversaire coriace, ayant mis mon odorat à l’épreuve par nombre d’occasion : les ignominieuses effluves ambiantes, relents de pourriture, de crasse et de pisse mêlés, qui n’avaient pas manqué de me saisir à la gorge, alors même que j’aurais supposé. pouvoir tout supporter, habitué comme j’étais aux miasmes des canaux de Suiddock. Force était de constater que je m’étais fourvoyé sur ce point, mais j’avais heureusement pu au fil des jours y développer une certaines tolérance, restant néanmoins régulièrement incommodé par certaines odeurs plus marquées.

De retour au Salvat après quelques jours à méditer dans une cellule du Guet et à panser mes blessures, j’avais pris quelques jours de repos bien mérité dans ma chambre crasseuse, naviguant entre la salle commune et l’étage pour toute excursion. J’hésitai maintenant à recontacter Halmut, mon compatriote marienburger, pour lui faire part de mon mécontentement devant les quelques péripéties s’étant ensuivies après ma performance rémunérée, mais écartai bien vite cette piste. Le bougre payait rubis sur l’ongle, et ces quelques désagréments, s’ils n’avaient pas été anticipés, avaient été grassement dédommagés, et cela faisait évidemment partie des risques du métier. Il eut été cavalier de m’en plaindre, aussi je mis bien vite cette idée de côté, et me recentrai sur une autre piste évoquée par le bretonnien quelques nuits auparavant.



« Jean, je te serais reconnaissant d’organiser une entrevue avec Herzlos ce soir, si tu peux. Je suis curieux d’en savoir plus sur ce qu’il aurait à me proposer. Et envoie Loretta nous servir en bière lorsqu’ils arriveront, je sais combien elle fait forte impression sur certains de ses corniauds ».


Sur ces propos, je me saisis d’une chope remplie, dont le contenu serait ajouté à l’ardoise de la maison régulièrement aplanie par quelque service, et me dirigeai vers l’arrière-boutique, me poser au calme dans la pièce habituelle. Il était temps que les affaires reprennent pour de bon, et j'espérai bien que Sigmul pourrait me proposer quelque chose d'ambitieux. Quitte à y laisser quelques plumes au passage, il était temps de me faire un nom, et au bout de quelques entrevues j'imaginais bien l'homme capable d'avoir suffisamment d'orgueil pour ce faire. Le tout serait de ne pas s'y brûler les ailes, et de savoir faire preuve de finesse.
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Re: [Sigmund] - Le triomphe de Ranald

Message par [MJ] The Puppet Master »

Lorsque Jean Salvat adressa à Sigmund le signe habituel que seuls les initiés pouvaient comprendre, le bonimenteur sut que Sigmul Herzlos était prêt à le recevoir. Nonchalamment, il se dirigea alors vers la tenture brune maculée de tâches toutes aussi suspectes les unes que les autres et le tenancier le fit passer dans l'arrière-salle.

En comparaison de l'atmosphère nauséabonde qui empestait la salle commune, pénétrer « dans le bureau » de Herzlos s'apparentait à une sortie au grand air. Ici, point de puanteur ni de crasse, l'homme, contrairement à la plupart des fripouilles peuplant le Reikerbahn District, ne s'accommodait guère de ce genre de choses et il était de notoriété publique qu'il avait certains goûts « décalés » en la matière ; d'aucun parlait même d'hygiène dentaire, c'était dire !
Sans aller jusqu'à vérifier la dentition du bonhomme, Sigmund avait lui aussi remarqué la grande propreté, toute relative il était vrai, que le chef de gang s'évertuait à maintenir dans son repaire et sur sa propre personne.

Assis sur un coin de son bureau – un simple pupitre de bois très largement défraîchi – Sigmul accueillit le bonimenteur d'un signe de la main lui intimant de s'approcher. Sans lever ni la tête, ni les yeux sur son « invité », le vaurien continua de jouer à crocheter la demi-douzaine de serrures étalées devant lui. Il agissait avec une si grande habileté et un doigté si expert qu'il ne lui fallait que quelques secondes pour venir à bout de chacune d'elles.
Une fois son « exercice » terminé, il lança un clin d’œil à Sigmund et rompit le silence.

Image- Content de te revoir en bonne santé, l'ami... Salvat a dit que tu sortais de taule ? Qu'est-ce t'as encore fait pour t'attirer des ennuis ? J't'avais prévenu pour Halmut. Il est pas clair ce type ; il cache trop d'trucs... T'as pas voulu m'croire. Tant pis pour toi. Moi, j'ai un vrai turbin pour un gars comme toi ; ambitieux, volontaire et… fidèle.Sourire en coin, il poursuivit en allant se caler sur un tabouret, les pieds sur le pupitre. Tu connais le juge Mengot Hugel ? Non ? Pas encore ? T'inquiète, au rythme où tu vas, ça va pas tarder… Bref, y a pas longtemps, ce « noble magistrat de notre bonne vieille cité », comme ils disent, a acheté une peinture intéressante. A ce qui paraît elle représente Ranald qui berne Shallya pour devenir immortel. Tu vois l'truc ? « Le Triomphe de Ranald » que ça s'appelle. Y s'trouve que je connais quelqu'un qui veut « récupérer » le tableau pour lui-même. Il s'est adressé à moi parce qu'il veut que ça se fasse en douceur et j'ai tout de suite pensé à toi ! C'tte affaire est idéale pour toi et t'es le gars idéal pour c'tte affaire ! T'es pas un bourrin, t'es loin d'être débile et, en plus, personne te connait encore assez pour te suspecter. C'est pas un coup en or, ça ?
Sigmul se redressa et son sourire disparut quand il se mit à avancer dans la direction de Sigmund.
Image- Par contre, ça sera pas non plus une promenade de santé. Hugel est très prudent et y a pas mal de mercenaires Tiléens qui gardent sa baraque. Te faudra bien préparer le coup… C'est pas le guet, ces types là et c'est pas le cachot qui t'attend s'ils t'tombent dessus, tu m'suis ?
Le brigand retrouva son sourire quand il conclut. Faudrait pas non plus trop traîner, j'ai entendu dire qu'on était pas seul sur le coup…
Donc, tu me ramènes la croûte et tu peux garder tout ce que tu trouves dans la baraque du juge en paiement, c'est bon pour toi ?
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Re: [Sigmund] - Le triomphe de Ranald

Message par Sigmund Engelhart »

Sacré défi que le bougre me lançait là. Mais nul doute qu’un coup pareil, en cas de succès, ferait parler de lui dans tout Altdorf pour les semaines à venir. Mais l’échec lui ne se limiterait pas à entraîner quelques jours au trou, au pain sec et à l’eau. Etre découvert serait synonyme d’un sort bien peu enviable, probablement une bien belle cravate en lin tressé. Ce dont il était bien évidemment hors de question, je tenais par trop à la vie pour l’abandonner alors que je venais depuis quelques semaines à peine de me libérer du joug de Dieter. Récupérer une toile mythique des mains d’un embourgeoisé de première n’était pas pour me déplaire, mais je ne me départissais pas de cette désagréable impression que Sigmul Herzlos commençait déjà à me considérer comme un larbin de plus. Mieux valait donc me mettre légèrement en retrait, ne pas paraître trop enthousiaste, et bien plus rationnel. Quand bien même l’occasion était particulièrement alléchante. Je tentai donc de me mettre cette crapule dans la poche, jouant de ma verve pour lui rappeler d’une part que tout travail mérite salaire, et non pas de simples pourboires, et d’autre part venir souligner le caractère dangereux de l’opération.

« L’offre est clairement alléchante, et tu me vois honoré de la confiance que tu me portes pour me proposer une telle opportunité. Et l’œuvre en elle-même n’a effectivement rien à faire chez un tel faquin bouffi d’orgueil, la récupérer n’en sera que plus gratifiant. Néanmoins comme tu l’as si bien dit, cette expédition sera des plus périlleuses. A cela il ne faut pas oublier que je n’ai rien d’un monte en l’air, tout de même. Les loquets ne sont pas ma spécialité, je pense que tu le sais déjà, ce qui signifie que je vais forcément devoir m’exposer directement au danger, voire me dévoiler face à notre cible. »

Je marquais une courte pause, lui laissant entrevoir le cheminement de ma pensée, mais repris rapidement pour ne pas lui laisser le temps de formuler un contre-argumentaire.

« Tout comme l’obole doit être déposée à chaque opération, tout travail mérite salaire. Proportionnel aux risques encourus. Je crois ne pas t’avoir fait défaut, jusqu’à présent, et avoir toujours été un contractant scrupuleux. Et je ne doute pas que pour un tel joyeux le client ait d’ores et déjà annoncé une somme bien rondelette pour en faire l’acquisition. Etant le contracteur principal, tu retireras forcément un prestige certain auprès de ce fameux client et de son entourage, pourvoyeur à n’en pas douter de belles opportunités par la suite. Et si l’on veut que l’opération soit menée le plus rondement possible, sans accroc, tel que je l’imagine il faudra passer le moins de temps possible au sein du manoir pour ne pas risquer d’être découvert, ce qui limitera forcément -voire réduira à néant- les possibilités de bénéfices parallèles. Tu comprendras donc que je ne peux me contenter d’hypothétiques revenus pour un coup de cette envergure, qui comme tu l’as si bien dit nécessitera de la préparation. Et donc des frais… Je veux la moitié des gains. »

Tout ceci avait évidemment été dit avec un sourire affable, mais ferme, et certainement pas enjôleur comme il m’arrivait régulièrement d’arborer. Nous étions ici en pleines négociations, et s’il était évident qu’elles allaient être âpres, je ne faisais que mettre Sigmul face à la réalité des choses, soulignant l’ampleur de la tâche, et surtout le fait que je réalisai bien toutes les implications qui allaient de pair avec ce contrat. Et demandai donc à être rémunéré en conséquence. Je ne manquai pas d’ajouter un point qui avait son importance, puis me renseigner plus avant.

« Je ne doute pas que le client aura payé la moitié de la somme due en avance, comme à l’habitude. Et je dois t’avouer que devant les frais à engager prévisibles, j’aurais bien besoin d’une avance pour pouvoir planifier toute l’opération aux petits oignons. J’aimerais également savoir si le client a fait part d’exigences particulières quant à la livraison ? J’ose espérer qu’il aura fait preuve de lucidité devant les difficultés à déplacer une toile dans son cadre… Ou qu’il saura se satisfaire d’un colis compact le cas échéant, car si je suis doué, je n’ai pas étudié la magie dans les Collèges, et ne pourrait pas faire de miracles. D’ailleurs, une idée de la taille de la toile ?»
Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 13 juin 2017, 21:02, modifié 2 fois.
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Re: [Sigmund] - Le triomphe de Ranald

Message par [MJ] The Puppet Master »

Herzlos se fendit d'un sourire sincère alors qu'il avait écouté Sigmund entamer les négociations quant à la juste rétribution qu'il envisageait pour un tel « travail » et quand il répondit ce fut sans animosité aucune, bien au contraire, l'homme semblait même content.
Image- J'en espérais pas moins de ta part… commença-t-il. A vrai dire, j'aurai été déçu si t'avais pas essayé de négocier…
Pourtant, t'y vas un peu fort ; la moitié de la récompense ? Tu rigoles, j'espère. Ecoute plutôt ça : je te donne cinquante belles pièces d'argent tout de suite -pour tes « frais »- et, quand tu ramèneras la croûte, tu en recevras le double !
Allez, y a bon deal… accepte. Ne réfléchis pas trop longtemps, j't'ai dit qu'on n'était pas les seuls sur le coup.
Sigmul contourna son « bureau » et tira d'un petit coffre de fer une bourse dont il étala le contenu sous les yeux du bonimenteur. Il compta l'équivalent de cinq couronnes d'or en diverses pièces d'argent, de bronze et de cuivre puis poussa le tas de monnaie en direction de Sigmund.
Image- Voilà pour toi. En ce qui concerne la marchandise, t'inquiète de rien : tant que la toile est en bon état, tu peux la ramener comme tu veux. « Notre » commanditaire se fout royalement du cadre et autres fioritures.
Maintenant, tu peux aller fureter comme tu sais si bien le faire et trouver un moyen d'entrer chez le juge…
Je serai ici tous les midis si t'as besoin mais, encore une fois, ne tarde pas sinon ça va nous passer sous le nez.
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Re: [Sigmund] - Le triomphe de Ranald

Message par Sigmund Engelhart »

La somme rondelette étalée devant mes yeux sur la table n’était pas pour me déplaire, et la rapidité avec laquelle Herzlos avait accepté de l’allonger me faisait dire que j’aurais sans doute pu en soutirer un peu plus en bataillant ferme. Néanmoins, mieux valait ne pas s’attirer l’antipathie de mon principal fournisseur de contrats actuel, et le temps nécessaire pour grapiller quelques pièces supplémentaires n’en vaudrait pas la chandelle.

Je me décidai donc à ramasser sans me presser les pièces une à une, hochant la tête en signe d’assentiment aux précisions apportées par mon intermédiaire à propos de l’état de la toile. Un bon point, le commanditaire ne cherchait pas à récupérer le beurre, l’argent du beurre, et s’occuper de la crémière : point de nécessité de conserver le cadre, et heureusement car j’aurais peiné à imaginer faire coïncider discrétion et cadre à dorures dans un même plan.

Restait maintenant à élaborer les différentes étapes menant au rapt de l’œuvre, et j’envisageai d’ores et déjà plusieurs options, mais toute bonne organisation se devait de commencer par un repérage des lieux et des personnes. Si possible évidemment de manière relativement discrète, sans attirer l’attention. Si je restais sur ma première idée, il me faudrait contacter également un herboriste, mais au vu des services requis ceci ne devrait pas poser de souci, tant par leur simplicité que par la coquette somme avancée par Sigmul.

Mon esprit bouillonnant d’idées, je pris justement congé de mon intermédiaire, et remontai dans ma chambre, décidant de préparer une tenue sobre, aux teintes sombres, et ternes, pour plus tard. Je pris soin de passer une tenue de bonne qualité, et retrouvai les miasmes habituels des ruelles avec une brève grimace de dégoût avant de me diriger ensuite d’un pas leste vers le Reikmarkt, me mettant en quête de l’échoppe d’un herboriste. Il était important que ce dernier ne me connût pas. Ou mieux un bougre que je connaitrais suffisamment pour lui accorder quelque confiance quant à sa compétence et sa discrétion, mais nul entre deux n’était possible.

Lorsque je trouvai enfin la boutique adéquate, flânant à dessein d'échoppe en échoppe sans m'intéresser plus à une catégorie de biens qu'aux autres, j'inspectai initialement d'un air distrait l'étal, avant d'interpeler le commerçant, lui exposant mon problème, et ce que je venais lui acheter.


« Hola mon brave, voilà l’homme de la situation ! J’écume le marché depuis tantôt afin de solutionner ma situation ! »
Je baissai le ton et me penchai en direction du mestre, comme incommodé par les révélations qui suivirent. « Je ne me vide plus depuis huitaine, et me vois accablé de spasmes pour le moins terribles et récurrents de manière quotidienne ! Cela en devient intolérable ! Auriez-vous de quoi soulager mes entrailles promptement? Une décoction efficace ? Et au goût point trop prononcé que je n'en rende pas tripes et boyaux en tenant de l'ingurgiter !»

Je me redressai ensuite, lui adressant un beau sourire complice quoi qu'un peu gêné tout en attendant la réponse du commerçant, prêt à négocier toute offre un peu excessive, comme à mon habitude. Le reste viendrait ensuite, mais mieux valait sécuriser l’un des instruments de ma réussite le plus tôt possible, et à distance de la réalisation de mon plan.

HJ: mon rythme commence à se réduire comme tu peux le constater, devenant aussi famélique que ma thèse se doit de s'épaissir, comme indiqué dans mon poste initial de reprise. Toutes mes excuses pour les désagréments! J'espère que cela te conviendra néanmoins, cher maestro.
Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 03 août 2017, 00:08, modifié 1 fois.
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Re: [Sigmund] - Le triomphe de Ranald

Message par [MJ] The Puppet Master »

Pas de problème pour le rythme, je suis au ralenti assez régulièrement moi aussi...
Après avoir lancé les dés, The Puppet Master a écrit :Trouver le commerçant idoine sous INT (9) + bonus RP (1) : 10 >>> 9 (réussite simple)
Marchandage sous CHA (11) >>> 11 (réussite simple)
>>> baisse du prix de 10% : 1 pièce de bronze devient 9 sous de cuivre.
Bourse mise à jour.
Malgré son arrivée toute récente dans la capitale, Sigmund connaissait déjà bien la plupart des quartiers populaires, pour ne pas dire les bas-fonds, de la ville. Il y avait appris où se procurer tout ce dont il avait besoin et était averti des personnes fréquentables tout comme de celles dont il fallait se méfier plus que de la pourriture de Neiglish ! Ainsi, il ne tarda pas à trouver le commerçant qu'il savait pouvoir satisfaire sa demande. Il s'agissait d'un gros bonhomme aux yeux bleus et au sourire félon. Il n'inspirait guère confiance tant il était mielleux et sournois mais le bonimenteur savait sa réputation et se contenterait de ses services parfois prohibitifs.
Image- Hé là ! J'ai ce qu'il te faut, l'ami ! Pour sûr que tu seras guéri dans l'heure ! L'homme se plaisait à parler fort visant malicieusement à incommoder son client. Avec ça, tu te chieras aux bragues avant d'arriver chez toi ! Il tira de son étal une fiole bouchonné de liège et la tendit à Sigmund. Garanti satisfait ou remboursé ! J'ai qu'une parole !
Après discussion sur le prix, les deux hommes firent affaire et Sigmund put s'en aller poursuivre ses préparatifs avec pour recommandation de verser le contenu de la fiole dans une cruche de vin pour atténuer le goût de la décoction.
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Sigmund Engelhart
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Re: [Sigmund] - Le triomphe de Ranald

Message par Sigmund Engelhart »

Le commerçant payé, la fiole fut vite empochée dans une anfractuosité de la doublure de ma veste prévue à cet effet, et je hochais simplement la tête au conseil de l’apothicaire, que l’on pouvait considérer comme gratuit, mais que j’aimais à considérer comme faisant partie du prix afin de digérer un peu mieux cette douloureuse. Le vin, voilà une suggestion pour le moins intéressante que je ne manquerais pas de mettre à profit le moment venu. L’un des rouages de mon plan en place, j’envisageai de passer à l’étape suivante, mais devais pour ceci repasser à l’auberge. Il était important pour moi d’adopter un accoutrement adéquat au quartier que je parcourais, ainsi qu’à mes interlocuteurs potentiels.

Ce petit manège me prenait évidemment du temps, mais il était nécessaire pour éviter que le lien ne soit fait trop facilement entre toutes mes pérégrinations, la taille d’Altdorf la Grande aidant également bien évidemment. Je n’étais de plus pas dans l’urgence, bien que le temps s’écoulât et qu’Herzlos m’ait signifié de ne pas trop tarder. La journée n’étant pas encore trop avancée, je pouvais toujours me lancer dans la seconde partie de mes amplettes, sans trop éveiller l’attention. La suite de mon plan serait probablement plus sur les jours à venir, mais pourrait se mettre en œuvre dans la soirée si Ranald me souriait.

Je profitai donc de mon retour au Salvat pour me reposer quelques instants, prenant le temps de dénicher une cachette subtile dans ma chambre pour la petite fiole, c’est-à-dire bien en évidence. Je mettais ensuite la main sur ma trousse de jongleur, enfilant une tenue bien plus criarde, dans le but évident de prendre l’apparence d’un bateleur, puis sortit de l’établissement par l’arrière, adoptant alors une démarche plus souple mais également plus voyante, en adéquation avec mon apparence.

Je pris ensuite la direction d’un quartier connu pour être plus festif, me mettant en quête d’une large troupe d’artistes de rue en pleine représentation, dans l’idéal une pièce de théâtre, non pas pour le spectacle sus-mentionné, mais à la recherche de celui ou celle qui serait en train de repriser les costumes à la fin de celui-ci, leur probable accessoiriste, que cette personne fasse partie des acteurs ou pas. A toute représentation il fallait un costume digne de ce nom, et j’allais donc me mettre en quête du mien, en espérant tomber sur un quidam conciliant. Me resterait encore à le convaincre de me louer ses services en échange d’une rétribution adaptée, mais le premier pas restait encore à faire.

HJ: Avec la finalisation de ma thèse je peux reprendre petit à petit un rythme qui devrait être plus raisonnable, désolé pour l'attente, même si elle était prévisible.

Sinon je voudrais profiter de cette "mise en scène" pour acquérir la compétence "Déguisement" pour Sigmund, qu'il devrait dans la logique des choses posséder, habituer à enfiler différentes casaques, et que j'ai donc voulu commencer à mettre en avant ici. Merci :D (faut dire j'avais accumulé un peu "trop" d'XP sans le dépenser, auparavant xD)
Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 15 oct. 2017, 18:27, modifié 1 fois.
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Re: [Sigmund] - Le triomphe de Ranald

Message par [MJ] The Puppet Master »

Même s'il n'était installé que depuis quelques semaines, le bonimenteur, en bon professionnel, avait, depuis longtemps, pris soin de prospecter les endroits intéressants de la capitale ; il savait avec exactitude ce qu'il cherchait et où l'obtenir. Or donc, il ne fut pas long à jeter son dévolu sur une troupe de saltimbanque qui œuvrait non loin de la Marketplatz. Il y avait là un trio de jongleur qui s'envoyaient, avec une grande habileté, une douzaine de massues de bois, au son du tambour et des flûtiaux.

http://s1download-universal-soundbank.c ... /10660.mp3

Une conteuse vint ensuite chanter une idylle mélancolique accompagnée d'un musicien jouant du luth.

http://s1download-universal-soundbank.c ... /10651.mp3

Quand ils eurent achevé leur spectacle, les bateleurs passèrent parmi les badauds récupérer quelques piécettes. Une fois fait, ils rassemblèrent leurs effets et quittèrent la ruelle. Sigmund avait remarqué qu'un des jongleurs apportait un soin particulier aux costumes et avait vertement réprimandé la conteuse à cause de plusieurs accrocs faits à sa longue jupe carmin. Il n'en fallait pas plus au bonimenteur pour comprendre qu'il avait débusqué la personne qu'il cherchait. Quand il s'approcha, l'homme le reçut avec un certain désintérêt, se contentant de l'avertir qu'il n'y avait pas de place à prendre dans leur petite troupe et que les temps étaient assez durs comme ça sans avoir à s'embarrasser d'une bouche supplémentaire à nourrir. Pour autant, une fois rassuré sur les intentions de Sigmund et sur sa capacité à payer le service qu'il demandait, il ne vit aucun problème à ce qu'il les accompagnât et se fendit même des présentations d'usage quant à l'identité de ses acolytes. A mesure qu'ils s'enfonçaient dans Altdorf vers les quartiers plus que populaires, Sigmund apprenait pratiquement toute les aventures et mésaventures des saltimbanques. L'homme était un bavard et, une fois passée la mauvaise humeur des débuts, un compagnon agréable.
Tu peux décrire ta conversation avec l'homme, donner des noms à ses compagnons, les faire interagir si tu le souhaites et raconter ce qu'ils font pour t'aider ; ils sont bien disposés envers toi.
Considère que tu obtiens ce que tu voulais et cela ne te coûtera que quelques pièces.
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Re: [Sigmund] - Le triomphe de Ranald

Message par Sigmund Engelhart »

Si j’avais grandi dans les canaux de Marienburg, m’y déplaçant comme un poisson dans l’eau, je commençais à prendre mes repères au sein de la Grande Bauge, dont les ruelles pouvaient avoir ce fumet si caractéristique. A celles de l’eau stagnante et vaseuse et du bois pourri s’étaient substituées les odeurs de la fange et des immondices, que ne pouvaient évacuer d’inexistants canaux ici. Encore qu’à proximité du Reik l’on pût parfois profiter du spectacle de déversements d’immondices dans le fleuve, limitant les remugles alentours. Mais le fonctionnement des habitants restait proche, chaque sous-groupe de la populace avait ses propres habitudes, son terrain de prédilection. Le tout était de saisir les subtilités de ce manège savamment orchestré.

Pour la suite de mes préparatifs, la Marketplatz était donc l’endroit tout indiqué. Au milieu des étals et camelots ambulants, on trouvait plusieurs petites troupes d’artistes de rues, se produisant au milieu de la foule en tentant d’attirer l’attention des passants, et si possible une obole ou deux à la fin d’un numéro en récompense de leur prestation. Sondant les environs d’un œil se voulant distrait et nonchalant, je repérai bientôt l’un de ces groupes, m’attardant finalement peu sur les prestations en elles-mêmes, et parcourant des yeux l’attroupement qui s’était constitué autour d’eux à la recherche d’une personne bien précise, un peu en retrait. Personne que je n’identifiai pas durant la représentation, à mon grand dépit. Et pour cause ! Alors que les artistes remballaient leur matériel pendant que l’un d’entre eux parcourait la foule un couvre-chef renversé à la main, saisissant habilement au vol les sous qui lui étaient lancés, je pu remarquer l’un des bateleurs ayant jonglé s’approcher de la conteuse pour lui reprocher ce qui - de toute évidence au vu de ses gestes, de la direction pointé par son doigt accusateur - devait se rapporter à un accroc dans la tenue. Ne restait plus qu’à ferrer le poisson.

Et ceci ne fût pas une mince affaire, de toute évidence le saltimbanque était sur la défensive quant à l’intérêt que je pouvais lui porter. Je me fis donc un devoir de rassurer le dénommé Félix -ou tout du moins ainsi s’était-il présenté- de mes bonnes dispositions. Et de lui présenter mon projet artistique dans toute sa splendeur.


« Mein Lieber Félix, laisse-moi avant toute chose me présenter : Sigvald Böttcher, conteur incarnant de mon état, ainsi que j’aime à me décrire. Je ne cherche point à m’adjoindre à votre petite troupe, ayant pour habitude de me produire seul, tout en incarnant différents rôles à mesure que je décide de changer d’histoire, selon l’inspiration du moment. Or donc me voici dans l’embarras alors que j’ai bien en tête mon prochain projet. « Le fat négociant en vin », comme j’aime à l’intituler, racontera l’histoire d’un marchand imbu de lui-même, que je souhaite représenter avec l’opulence obcène de celui qui ne manque de rien et prend trop, sans jamais donner en retour, avant le retour de bâton bien mérité. »


J’attendais quelques instants, m’assurant d’avoir capté son intérêt et de voir poindre dans son regard la lueur de celui qui distingue où je veux en venir.

« Un tel personnage ne peut s’imaginer sans un embonpoint certain, ainsi qu’une barbe postiche fournie dont il tirerait une fierté aussi proéminente que déplacée. Mais son accoutrement se devrait de rester suffisamment riche au vu du rang social auquel il souhaite prétendre. Point secondaire mais d’une importance capitale, il me faudrait pouvoir accéder aisément au rembourrage abdominal depuis les poches du costume, et ce dernier devrait être aménagé d’une cavité me permettant d’y dissimuler nombre d’accessoires : me produisant seul, il me les faudra à portée de main afin de ne pas créer de temps mort durant la représentation ! Puis-je compter sur toi pour obtenir ceci dans un délai raisonnable ? Moyennant une rétribution honnête, bien évidemment, nulle question de te léser pour le temps passé à cette confection. Oh, et tout conseil concernant les postures à prendre et la démarche d’un tel personnage me serait fort utile, s’agissant d’une véritable nouveauté se détachant singulièrement des rôles que j’ai pu interpréter jusqu’à présent ! J’ai particulièrement hâte de relever ce défi !»

Le saltimbanque, dans de bonnes dispositions, et probablement emballé par mon projet, se mit à l’ouvrage, me signifiant un certain délai avant de le retrouver dans un lieu convenu afin de récupérer le costume. Et me redirigea vers l’un de ses compagnons pour les conseils d’interprétation, plus versé dans ce domaine apparemment. Il me resterait donc à repasser chercher l’ouvrage à un moment ultérieur, mais mon approche commençait à prendre forme, ce qui se dessinait me paraissant de prime abord prometteur.

Il me restait néanmoins une part cruciale de ce plan à mettre à exécution, et non des moindres : préparer mon entrée dans les lieux en mettant déjà un pied à l’intérieur, indirectement. Je pris donc la direction de la résidence du juge Hugel, avec dans l’idée de guetter la sortie de quelque employé à la nuit tombée, sous couvert de la réalisation d’un petit numéro de prestidigitation non loin de la demeure - le tout étant de trouver l’emplacement adéquat pour voir les allées et venues d’une hypothétique porte de service tout en restant suffisamment loin pour ne pas éveiller l’attention des gardes en faction et être prié de plier mes gaules. Une fois en place, il ne me resterait plus qu’à identifier un potentiel compagnon de beuverie, ou une ingénue à séduire, quitte à lui soutirer des confessions sur l’oreiller dans un second temps. Si Ranald continuait de me sourire, bien évidemment.
Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 28 janv. 2018, 18:44, modifié 1 fois.
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Sigmund Engelhart, Voie du Bonimenteur
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