Le vieux Rudolph entra avec sous le bras son éternel plateau vide, il se dirigea vers l'initié.
-On te demande dehors. Lâcha-t-il de sa voix cassée
L'apprenti répurgateur allait demander des précisions, mais l'autre de mauvaise humeur coupa court:
-Quand on te demande de venir, tu rappliques et tu ne poses pas de question.
Habitué au manque de tact des résidents permanents, Oberyn le laissa aller boiter ailleurs et fut bien obligé d'aller voire par lui-même ce qu'on lui voulait. Sur le perron attendait un moine, ses robes indiquées son appartenance aux "saints protecteurs" un ordre contemplatif mineur de l'église de Sigmar dont le commandement principal était le silence. Les questions devraient attendre...
Aussitôt qu'il l'aperçut le jeune homme lui fit signe de le suivre et s'engagea dans les ruelles, ils ne sortirent pas de l'enclot Sigmariste et rapidement ils arrivèrent devant un monastère. Le frère frappa à la porte à l'aide d'un heurtoir enroulé de chiffon, pratique que son compagnon trouva particulièrement incongrue. Le lourd panneau s'ouvrit, ses gonds graissés grincèrent à peine. Le portier portant les mêmes habits que son guide, salua Oberyn d'une courbette poli et referma après leur passage. A l'instant où le lourd panneau fut en place, le visiteur fut frappé par le calme qui régnait, on avait peine à croire qu'on se trouvait encore au centre de la plus grande ville impériale.
Le but de sa convocation s'éclaircit un peu lorsqu'il croisa assis dans un coin du cloître deux types tout secs, armé jusqu'aux dents et portant des insignes de l'ordre des templiers de Sigmar. Les moines devaient probablement héberger un dignitaire de haut-rang. Les répurgateurs parlaient tranquillement, mais leur voix semblaient particulièrement bruyantes comparé au mutisme des moines qui vaquaient à leur occupation en regardant de travers ces envahisseurs.
On guida l'initié dans une petite chapelle, probablement d'ordinaire réservé à l'usage personne du père-abbé. A l'intérieur, se trouvait un vieil homme maigre, tonsuré et recouvert d'une robe de moine simple et sans ornements. La couleur de la robe, les marquages des gardes et l'âge du personnage, confirmèrent les soupçons d'Oberyn. Devant lui se tenait Herbert de Middenheim. Ce prêtre Sigmariste c'était taillé une solide réputation de répurgateur au point qu'on lui attribuait le titre désuète d'inquisiteur. Il était à la tête d'un groupe de chasseur d'adorateurs impies et de nécromants et avait l'oreille du grand théogoniste. On le disait dure, mais récompensant justement ses subordonnés. Travailler pour un homme tel que lui serait assurément le bon point de départ d'une carrière réussie.
L'ancêtre joignit les mains en guise de salut et fit signe à son invité à approcher. De près, la différence de taille était presque comique, le notable était non seulement petit, mais avait du mal à remplir ses vêtements.
-Mr Krane, merci d'être venu, commença l'ecclésiastique, c'est l'heure de la prière, je vous convie à la faire avec moi.
D'un geste il désigna un prie-dieu et sans plus attendre, commença l'office. Le nouveau venu fut bien contraint de suivre. Herbert parlait d'une voix posée, ferme, ne buttait jamais sur les mots compliqués du culte et entonnait même le chant avec le même ton. Il n'était pas démonstratif, mais une foi sincère se dégageait de lui. La messe finie il se tourna enfin vers l'initié.
-Mr Krane, mon équipe c'est récemment retrouvé réduite. Je cherche des volontaires de confiance pour des missions urgentes. Êtes-vous disposé à voyager ?[/align]