Isolde bondit hors de sa cachette. Chargeant les quelques pas qui la séparaient de l’assaillant, elle remonta à toute vitesse les quelques pas qui la séparaient de son ennemi. Celui-ci s’était retourné en un seul instant, et avait dégainé adroitement sa rapière en un seul geste. Assez rapide pour se mettre en position de combat, mais pas assez pour éviter le coup : La chevaleresse lui trancha le crâne qu’elle fit voler dans un filet de sang. Il tituba en arrière, le front maculé de rouge, puis riposta aussitôt. Il se mit dans une position d’escrime, bras gauche en arrière, cria quelque chose puis enfonça la pointe de sa lame dans le poitrail d’Isolde, qui avait ouvert sa garde. Un filet de rouge marqua alors son pourpoint et commença à se répandre sur son torse.
« Qui es-tu, démon ?! Un autre chien fou ?!
Je vais te crever ! »
Il chargea en avant, maladroit, probablement à cause de la violence du choc qu’il avait reçu. Son crâne était à vif, ouvert, dégoulinant : Et pourtant il continuait de se battre, de virevolter, de lancer des coups en l’air, bien qu’imprécis, au moins suffisants pour déstabiliser Isolde, la forcer à reculer, et la rendre incapable de se défendre. Il gémissait, de douleur, en même temps qu’il râlait d’un air bien guttural.
Un combat d’infirmes, vif, violent, sans que quiconque ne parvienne à faire de blessures. Suffisamment long pour que derrière, la jeune fille puisse enfin se relever.
Elle s’agrippait à l’écorce de l’arbre. Elle s’arrachait les ongles contre le bois, et s’acharna à se remettre debout. Elle manqua de tomber, ses jambes flageolantes. Mais enfin, couverte de sang, la mâchoire bloquée, un énorme œil au beurre noir, elle tendit des doigts dont deux avaient été cassés vers l’épouvantail.
Et alors, les yeux remplis de haine de l’homme se changèrent, pour clairement être marqués par une lueur de peur. Sa main attrapa son cou, et il en tira une petite croix impériale qu’il tendit en hurlant vers elle.
« Sigmar ! Sigmar bannit l’impiété ! »
La jeune fille se couvrit les yeux. Mais rien ne se produisit. Alors, un sourire vicelard se dessina sur elle. Elle leva la main, et psalmodia quelque chose d’incompréhensible, avec un étrange écho qui retentit dans les oreilles d’Isolde.
Une sorte de feu follet rouge bondit hors de la paume de la main de la fille. Il traça en l’air, droit vers l’escrimeur. Elle le culbuta, et d’un coup, il s’enflamma en hurlant. Il bougea dans tous les sens, et dans une dernière tentative de sauver sa vie, plutôt que de fuir, il se jeta sur Isolde :
« SIGMAAAAAAAR ! »
Il tenta de marquer la chevaleresse avec la pointe de sa rapière. Il échoua. Alors, elle n’eut plus qu’à briser sa garde, et terminer de lui trancher complètement son crâne. Il s’écrasa par terre, raide mort, face contre terre. Sa jambe eut un dernier sursaut post-mortem, et il expia finalement, les narines dans la boue.
La jeune fille était tombée à genoux. Elle haletait. Elle toussait. Elle se tenait le ventre. Lorsqu’Isolde fit un seul pas vers elle, elle leva sa main, et tenta de hurler malgré sa voix déformée par sa bouche disloquée :
« Non ! N’approchez pas ! »
Elle hurlait en Bretonni, probablement sous le coup de la peur et du réflexe, sonnée qu’elle était ?
« Je… Je…
Me faites pas mal, pitié ! »