[Isolde Tristan de Bérétis] Frères par le sang versé

Le Reikland est une province vaste, populeuse et prospère. Sa couleur est le blanc, mais certains régiments, comme les célèbres Joueurs d'Epées de Carroburg, ont leur propre héraldique. C'est l'Empereur Karl Franz Ier, Comte Electeur du Reikland, qui dirige cette province, depuis la plus riche cité de l'Empire, Altdorf.

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[MJ] Neferata

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Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ


Weber leva sa tête de son verre. Il sembla légèrement hésitant, quelques instants, passant une main sur son double-menton et ses grosses joues bien grasses qu’il gonflait.

« Hé bien… Je ne sais pas trop. Vous semblez encore bien blessée. Et je ne sais pas si c’est le genre de mission qui vous irait.
D’un autre côté... »


Il se tourna vers Lalande, à qui il parla un peu en reikspiel. Le Gisorouais haussa les épaules et grommela quelque chose de bien peu compréhensible.

« D’un autre côté, je comptais déplacer le reste de la compagnie plus au sud, pour aller traquer les gobelins, et je vais avoir besoin de tous mes guerriers en forme pour lutter contre eux.
Si vous êtes volontaire, c’est d’accord, je vous fais confiance. Je vais constituer un groupe pour pourchasser ce contrat, et nous verrons alors. »


Le reste de l’après-midi se déroula plutôt bien. Lina passa un long moment à boire et à ricaner avec Isolde, là où les autres hommes préféraient rester ensemble. Malgré tout, il n’y eut pas vraiment d’interactions avec le reste de Stromdorf : Isolde apprit juste que les deux jeunes et braves taverniers étaient deux frères, et les fils de Sébastien Brenner, le brasseur de bières qui avait très récemment perdu sa femme.
Lorsqu’ils eurent fini de vider quelques verres, Weber ordonna à ses sbires de rembarquer, et tous ramassèrent leurs affaires et libérèrent la place, sous les yeux inquisiteurs et méfiants d’habitants probablement bien peu heureux de voir des coupes-jarrets traîner dans leur bonne ville.
Récapitulatif des dépenses :
Tour touristique : Un dernier d’argent Bretonnien (=1 pistole impériale)
Consommations (Alcool d’Isolde + Alcool offert au mage + Bain) : 1 pistole impériale
Manteau léger (Imperméable) : 1,5 écus Bretonniens (=1,5 couronnes impériales)

Total : -1,7 Co,
+1 Manteau léger
Reste : 4,1 couronnes

Consommation personnelle d’Isolde : -3 rations alimentaires (Nourriture pour les prochains jours)
Reste 3

Jet pour tenter d’en finir avec le sevrage
INT : 8-3
Jet : 4, réussite.
Isolde ne souffre plus de malus liés au sevrage de mandragore.
END : 8
Jet : 15, échec.
Le bras d’Isolde ne se remet pas : Elle souffre d’un malus de -3 pour toute action tentée avec le bras gauche (Parade si elle utilise un bouclier, attaque si elle utilise une épée, etc)

Les trois jours suivants au campement furent beaucoup moins amusants qu’à l’ordinaire. Le temps alternait entre de grosses averses et de fines ondées, et le sol était constamment un mélange de gadoue glissante et de boue molle. Perdus au milieu d’un décor bien peu hospitalier, le froid toujours présent sur les vêtements trempés, la troupe ne se nourrissait plus que de quelques anguilles et poissons péchés dans la rivière, la région apparemment bien pauvre en gibier alentour. Weber discuta longuement avec le capitaine, qui décida effectivement qu’il était intéressant de partir vers le sud, traquer des gobelins des forêts, et tenter de gagner de l’argent offert par la commune de Stromdorf.

Lina et Spangz retirèrent le plâtre d’Isolde. Le bras lui semblait encore sec, et faisait un mal de chien à déplacer – assez pour que l’envie de reprendre de la mandragore soit toujours présent. Mais s’il y avait encore le besoin et l’envie au fond de son crâne, il apparaissait très clairement que la chevaleresse ne tremblait plus, ni n’avait de sueurs froides la nuit. Si elle n’était pas guérie, au moins, elle pouvait à nouveau mettre un pied devant l’autre sans subir l’angoisse et la terreur.

Un matin, alors que le campement était en train de remballer ses affaires, de plier les tentes et de remplir les chariots de tout le matériel, Pietro Morosini de Verezzo vint la voir ; L’escroc était beaucoup plus fringuant que d’habitude, portant un magnifique doublet noir à cravate et un chapeau feutré sur le sommet de son crâne, à croire qu’il venait tout juste de sortir d’une soirée privée de Couronne. Il empesait très fort le parfum, était fort souriant, et faisait sacrément tâche dans le décor de la pluie et de la gadoue de la région.

« Ma, la Signora Bretonnienne. Tou est volontaire pour aller enquêter sour les disparissionnes d’enfants, si ?
Cela sira avec moi et l’alto Lalande. André est en train de harnacher des chevaux, si tou veut bien me suivre. »


Trois chevaux étaient en train d’être sellés un peu à l’écart du campement. André terminait de fixer des étriers, tandis que le capitaine était juste là, Kaster von Lyncker portant une magnifique demi-armure de plate et un armet à plumet à la main, en train de converser avec l’enfant de Gisoreux.

« Les gens dans le coin ont l’air pas mal louche, va falloir que tu fasses gaffe à toi. Compte sur Pietro pour la plupart des moments où tu dois parler avec des gens, il sait comment s’en sortir.
– J’ai aucune idée d’où il va m’amener, le patrouilleur. T’as une idée d’où on est censés se retrouver une fois que vous avez fini de vous amuser avec les gobelins ?
– Erf… On est pas censés rester dans la région très longtemps. Une fois qu’on sera payés, on comptait filer direct à Ubersreik.
Tu comprends, si la guerre entre la Bretonnie et l’Empire éclate…

– Alors dans ce cas là la Compagnie aura un gros contrat bien juteux. Bah ouais, faut bien faire notre beurre.
– Je prie Taal et Shallya que ça n’arrive pas. Mais Sigmar qu’un conflit frontalier éclate. Peut-être que ça serait ce qu’il y a de mieux, si ça ne concerne que quelques bannerets voisins sans aucune importance.
C’est pas comme si Karl Franz et Cassyon de Parravon allaient foncer sur le champ de bataille en personne. »


Le capitaine vit arriver Isolde et le Tilée, il leur fit un petit salut du sommet de la tête et un sourire bien emprunté, assez insistant envers la chevaleresse.

« Ah, Dame Isolde ! Il m’est triste d’entendre que vous ne viendrez pas avec nous tuer des Gobelins. J’attendais de voir votre hardiesse et votre élan au front ! Mais je ne vous laisse pas en mauvaise compagnie. Veillez quand même bien sur André et Pietro, ils font n’importe quoi quand ils sont tous les deux côtes-à-côtes…
Permettez un moment ? »

Le capitaine s’éloigna en faisant un petit geste pour que la chevaleresse le suive. Il se tint un peu à l’écart, puis reprit son discours.

« Avez-vous réfléchis à ma proposition ? Celle d’écrire à votre père ?
J’ignore ce que vous pourriez lui apprendre… Mais vous devriez savoir que le baron Yonec de Marsonnie a traversé le Col de la Dame Grise juste hier, et qu’il marche dans la direction d’Altdorf. Lorsqu’il y sera, il est probable qu’une décision bien lourde de conséquence sera alors rendue par l’Empereur.
Les seigneurs d’Ubersreik accusent les Bretonniens de raids et d’attaques sur leurs villages, alors qu’en retour, les sires de Parravon, dont votre père et le seigneur Chlodéric, déclarent n’avoir agit qu’en représailles d’attaques sur leurs propres fiefs causées par des baronnets locaux. Parole contre parole…
Pour l’heure, le Col de la Dame Grise n’a pas encore été fermé, mais les sires des deux côtés rassemblent des osts et des guerriers de toute part, alors cela risque vite de changer. Si vous avez une lettre à écrire à votre père, faites-le dès votre prochain arrêt.
Bonne chance, autrement, pour l’enquête. »


Une fois le capitaine déguerpit, Lalande amena l’un des chevaux vers Isolde, et lui tendit les rênes. C’était un roncin hongre de couleur gris, grassouillet et court sur pattes, une bête bien ingrate et de peu de valeur, mais qui au moins lui permettait de voyager à dos de canasson : Lalande précisa que l’animal s’appelait « Fresser », et qu’il n’hésiterait pas à enterrer Isolde si elle tentait de s’enfuir avec. Lalande s’assura qu’elle savait bien monter, puis lui-même enfourcha un destrier impérial bien plus grand, là où Pietro se contentait d’une jument alezan bien peu racée. Le trio embarqua un peu de paquetage, des couvertures enroulées, des outres d’eau et diverses besaces qui sautillaient autour de leurs animaux. Lalande sifflota et décida d’ouvrir la marche, trottant hors du camp, suivi directement par Pietro.

Lina les regarda partir. Elle offrir à Isolde une révérence bien sarcastique, et un petit rire fin et agréable.

« Revient vite Isolde. Que tu n’aies pas le temps de me manquer. »

C’était la seule phrase qu’elle offrit à la chevaleresse, avant de se retourner et d’engueuler le pauvre Spangz en reikspiel, qui était en train de ranger les trousses médicales le plus soigneusement qu’il pouvait, et probablement trop lentement au goût de la sœur de Shallya.



Les chevaux allaient au petit trot. Ils se perdaient dans la campagne Reiklandaise, leur robe parcourue de gouttelettes d’eau qui ruisselaient pour l’instant en petite quantité : On n’était pas encore dans une tempête. Ils étaient partis tous les trois en début de matinée, le soleil caché par les nuages gris au-dessus de leurs têtes – difficile de croire qu’on était en été. Il fallait admettre qu’il y avait une certaine véracité dans les superstitions de certains qui y voyaient une malédiction divine.

Le trajet fut plutôt ennuyant. Pietro et Lalande avaient la méchante habitude d’avoir des discussions uniquement entre eux deux, surtout rythmée par des blagues bien privées qu’Isolde était incapable de comprendre. En plus de cela, ils traversaient une région véritablement vide, faite de marais salants où il n’y avait aucune agriculture, ni aucun voyageur, le long d’une sente qui était fabriquée par les passants hasardeux plutôt qu’un chemin entretenu. Ce fut uniquement au bout de deux heures qu’enfin la gadoue laissait place à des cailloux et de la terre battue, et que l’on croisait alors quelques troupeaux de moutons descendants du nord, puis quelques cavaliers chaleureux qui saluèrent la compagnie en passant.

Quelques bâtiments se dessinaient alors à l’horizon : Beaucoup trop peu pour constituer un village, juste une sorte de grande maison et deux petites annexes. Un feu de cheminée sortait de l’édifice le plus grand, et une bonne dizaine de chevaux ou de mulets étaient attachés à un rondin de bois autour d’un abreuvoir. Un enfant jouait dans la boue, tandis que derrière, une femme ramenait un gros poulet sous ses bras : Il s’agissait d’un relais de poste, le genre d’endroit où des voyageurs s’arrêtent un instant pour rapidement se restaurer, parfois dormir, et acheter quelques denrées de première nécessité, en plus de gérer les allées-et-venues du courrier impérial qui devaient suivre la ligne Ubersreik-Altdorf.

Les trois cavaliers attachèrent leurs chevaux, puis entrèrent à l’intérieur. Il n’y avait pas beaucoup de monde : Le propriétaire des lieux, un solide moustachu, derrière son bar. Trois types lessivés, aux bottes crottées, qui somnolaient autour de quelques verres d’alcool : l’un d’eux était tellement explosé qu’il roupillait directement sur la table. Ils avaient l’attirail de voyageurs, peut-être des caravaniers. Lalande regarda à gauche, à droite, lorsque quelqu’un le siffla.

Tout au bout de la salle, après avoir dépassé un billard et de nombreuses tables vides, un énergumène leur faisait des signes.
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« Sind Sie die Hilfe von Stromdorf?
– Jawohl.
Wir sind wegen Bürgermeister Adler hier.
 »

Un homme moustachu, aux oreilles décollées, la coupe au bol. Il portait une solide brigandine, épée-fleuret à la ceinture, et deux pistolets de chaque côté. Devant lui, sur la table, un verre et un chapeau. Et petit détail important, accroché à son poitrail, un insigne doré, représentant un combattant à cheval, et autour une inscription : Kaiserlicher Straßenwächter.
L’homme les regarda avec un certain dédain. Considéra les trois personnes qu’il avait devant lui, une par une. Puis, il pouffa de rire.

« Ein Bretonnisch. Eine Frau. Und ein Schwächling.

Ich habe nichts Besseres erwartet. »


Lentement, avec un flegme clairement teinté de mépris, il leva la main et indiqua passivement aux trois de bien vouloir s’asseoir. Tout le monde s’approcha, tira un tabouret, et posa ses fesses, puis commença à converser dans un reikspiel qu’Isolde comprenait un peu mieux.

« Je ne vous offre rien. Si vous souhaitez boire, payez vous-même.
– Avons-nous un contrat à signer ?
– Oui, vous avez de la paperasse, je vais vous l’apporter.
Je me présente : Straßenwächter Karl Müffling. Je suis chargé de faire la loi sur les routes et les campagnes de ce morceau du Reikland. Et vous autres ?

– Piero Orsone, répondit Pietro Morosini.
– Jean Malchance, répondit André Lalande.
– Hm. »

Il fit un signe de tête pour avoir le nom d’Isolde, lorsqu’un deuxième homme se permit de s’approcher, une bière à la main, et des papiers sous le coude.
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Celui-ci semblait beaucoup plus beau garçon que l’homme déjà attablé : Comme Lalande, il avait un œil crevé, sauf qu’au lieu de l’avoir recouvert d’un simple bandage, il s’était acheté un beau cache-œil en cuir. Il portait une cravate, et une arquebuse à poudre en bandoulière derrière son épaule. Il salut tout le monde avant de s’installer et de gratter quelque chose à la plume.

« Ceci est mon Hilfsstraßenwächter, Leopold von Dankl.
– Un noble ?
– Très petite noblesse, répondit Leopold. Et cinquième de la fratrie.
– En effet, y a mieux niveau héritage, héhé ! »

Leopold sourit à Pietro, mais ce sourire disparut bien vite lorsque le patrouilleur Müffling le foudroya du regard.

« Vous savez pourquoi vous êtes ici, bien ? Y a sept jours maintenant, un enfant a été déclaré porté disparu dans un village près de la Reikwald. Ils ont commencé une battue et des recherches, puis demandé l’aide des patrouilleurs impériaux pour tenter de retrouver le garçon. Nos patrouilleurs sont tous surchargés, avec ces sales Bretonniens de l’autre côté des montagnes.
Au départ, on aurait pu croire à une simple fugue. Sauf que j’ai été informé hier qu’un deuxième gosse a été disparu, dans un campement de bûcherons au milieu de la forêt.
Plein de choses auraient pu provoquer la disparition d’un gosse : Avalé par un homme-bête, tué par un gobelin… Des enfants ça disparaît, ça disparaît tout le temps. Sauf que là, le gosse, il a été subtilisé dans son lit. Aucun cambriolage, aucune effraction.
C’est un enlèvement, purement et simplement. Normalement, moi et Leopold seraient suffisants pour les traquer et les pendre, mais j’aimerais quand même avoir quelques lames de plus pour me protéger d’éventuelles saloperies qui pourraient nous tomber dessus.
Je m’attendais à meilleurs renforts, mais voilà… Si c’est tout ce sur quoi je peux foutre la main. »


Leopold tendit le papier à Lalande. André ne savait pas lire, alors il se contenta de griffonner une croix. Pietro, lui, inscrit un magnifique « Piero Orsone Di Verezzo Da Calzone », avant de confier le papier à Isolde.
C’est alors que le patrouilleur plongea son regard droit dans le sien.

« Tu t’es pas présentée, toi ? »

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Isolde Tristan de Bérétis
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Re: [Isolde Tristan de Bérétis] Frères par le sang versé

Message par Isolde Tristan de Bérétis »

L'accord fut donné par Weber, l'homme au physique généreux n'était pas d'un enthousiasme débordant mais il ne lui coûtait guère de m'autoriser à participer à cette histoire. Au pire il perdait une bouche qui n'avait pour le moment qu'engendrer des frais, au mieux j'apportais mon aide et n'excluais personne d'autre à la traque des peaux vertes, gagnant-gagnant non ? Le reste de l'après-midi, temps au demeurant octroyé aux hommes de la troupe par le trésorier, s'écoula dans une ambiance bon enfant bien que coûteuse pour ma bourse.

Délestée d'une bonne couronne d'or par le boutiquier voisin qui me fit l'éloge durant de longues minutes de la qualité unique de sa marchandise....
« Oui Ma Dame vous ne trouverez pas meilleurs cuir enduit pour affronter la pluie ! Une femme qui côtoie la mort *regard sur ma lame* ne souhaite pas succomber d'une mauvaise toux ? Avec le manteau un chapeau peut être ou une paire de botte ? La paire de botte, l'amie du voyageur. »

… je revins vider quelques verres à l'auberge. Si le premier fut en compagnie de tous me donnant ainsi l'impression de doucement creuser mon trou au sain de la compagnie les quelques suivants furent en tête à tête avec Lina qui je dois le mentionner tient bien mieux l'alcool que ma pomme. Si je ne tire encore aucune confidence de la jeune femme notre relation évolue au fil des jours et quelques anecdotes plus loin me voilà entrain de rire de bon cœur de nos échanges, sous l'oeil parfois curieux de ces messieurs. Qu'imaginez vous à cet instant ? Regards entendus, nouveaux sourires échangés, langage corporel, nous commençons à nous entendre comme larron en foire. Je ne me pose alors aucune question, elle viendront sous peu.

Puis retour au camp, toute bonne chose à une fin, suivent trois jours.
Trois longues journées à ronger mon frein, à attendre notre départ même si je ne reste pas inactive il me tarde de reprendre tout ce fourbis en main, faite que cette disparition soit liée et que je puisse cette fois ramener l'enfant à ses parents. Et quand je dis « faite » c'est à la Dame que je m'adresse, celle que je viens prier tous les matins au bord de l'eau dans l'intimité de l'aube naissante, lui adressant souhaits, doutes et remerciements. Ritualisé je termine par quelques mots destinés à Shallya, que serai-je devenue sans la protection de l'une et la miséricorde de l'autre.

Avant de partir une bonne et une mauvaise nouvelle, vous souhaitez laquelle en premier ? La mauvaise je parie.

Je suis déplâtrée !! Non, non, c'est la mauvaise nouvelle pas de quoi se réjouir, mon bras est aussi fin qu'une brindille et aussi raide qu'un manche de pioche. Je me bats comment avec ça ? Je choisis entre m'en prendre plein la courge ou me défendre pour tôt ou tard m'en prendre plein la courge ? Super … je fais la moue, un peu, assez pour me prendre une petite remarque bien sentie de Lina, celles dont elle a le secret, d'habitude j'en reste assez éloigné mais là paf, un petit taquet derrière les oreilles histoire de chasser la gamine encore solidement ancrée en moi. Aïe !
Heureusement la bonne, exit la mandragore... là vous pouvez sortir flonflons et cotillons. Même si la douleur est encore bien présente, même si je me rappelle avec un pervers délice de ses bienfaits et même si une petite voix me dit « rien qu'une petite goutte », terminés tremblements, gueule de déterré, illusions et autres effets pernicieux. Alors je pourrai poser la fiole, m'en débarrasser maintenant là à l'instant même mais … non. Je tente de me persuader que c'est au cas où, le fameux mais qui le croira à part moi.

Après cette digression sur ma santé nous pouvons enchaîner.
Donc trois jours plus tard, le départ est donné, deuxième fois que j'assiste à cette effervescence qui secoue le campement comme des puces sur le dos d'un chien. Tentes pliées, coffres remisés dans les chariots, ordres donnés, place nette est faite dans un ensemble parfait, habitude ou logistique martiale, un peu des deux mon commandant.

Le Sieur Pietro vient m'annoncer la nouvelle tout occupée que je suis à finir de boucler mes maigres bagages.
"Toi, moi et Lalande ? Pourquoi je le vois déjà faire sa mauvaise tête."
Sourire entendu connaissant d'une mes propres relations avec le Bretonnien et de l'autre celles qu'entretiennent les deux hommes qui ne ressemblent vraisemblablement pas à un ciel sans nuage. Au moins aurai-je sûrement l'occasion de discuter avec Mr je fais la gueule.

C'est donc en papotant que nous rejoignons André au niveau des chevaux où il se trouve avec un Capitaine paré de pieds en cape entrain de donner ses consignes et conseils dont j'attends la fin quelques pas en arrière. Si je ne manque pas d'écouter les propos d'échanger je m'abstiens de tout commentaire bien que je note peut être une position plus .... plus ... privilégiée d'André que je ne l'aurai cru. Bref ...

"Capitaine ... André .... bonjour. Prête à partir ...

"Haaa vous vouliez me parler ... bon... bon...."

"Hoooo et bien j'espère un jour pouvoir satisfaire votre curiosité bien que je ne sois pas forcément pressée de brandir mon arme. Après tout les coeurs les plus nobles font la guerre pour préserver la paix. Je vous renouvelle mes remerciements pour votre confiance et garderai l'oeil sur mes deux acolytes même si je suis certaine que vous leur avez donné le même conseil."

Sourire avant un pincement de mes lèvres à l'évocation de Yonec et du courrier, bin oui j'aurai dû m'y attendre. Et c'est avec sincérité et une certaine fermeté que je réponds.

"J'ai réfléchi à votre demande Capitaine et je pense répondre favorablement à celle-ci au vu de la tournure des derniers événements. Cependant j'attendrai mon retour. Les disparitions d'enfants m'ont amené jusqu'ici, je ne sais si celle-ci est liée aux miennes et encore moins si elles sont en lien avec ce qui secoue la frontière mais une puissance agi dans l'ombre pour je ne sais quelle finalité mais pourquoi pas une guerre et je souhaite en avoir le coeur net afin de pouvoir faire le bon choix le moment venu, qu'il soit au prochain arrêt ou un peu plus tard. Peut-être ai-je tord en conséquence de quoi j'assumerai malheureusement le temps perdu mais je vous promets de revenir au plus vite si la Dame le permet et de finaliser ma décision.

Si une guerre favorise les affaires, de mon côté je ferai tout pour éviter qu'elle ne vienne faucher des gens de bien.

Le Baron Yonec de Marsonnie est un homme que j'ai eu le loisir de croiser. Je le pense d'un tempérament posé et réfléchi, je ne peux que prier pour qu'il ait conservé ses qualités au fil des années.

A bientôt Capitaine, portez vous bien."


Aurai-je pris un peu d'assurance ?
Hooo... un cheval... je saute du coq à l'âne mais la faute à un Bretonnien qui me presse une fois le capitaine parti.
"Fresser ... Je suis certaine que l'on va bien s'entendre tout les deux... tu évites de me faire des misères j'ai pas monté depuis un moment."
Fouille dans le besace pour en sortir une veille pomme afin d'acheter mon nouveau compagnon. Quelques caresses sur l'encolure, mots à son oreille, j'ai toujours apprecier la compagnie des animaux alors j'espère que celle-ci sera partagée. Pensées à mon vieux Fitz qui entraînent celle pour le Dog, la boucle et bouclée, il est temps de partir.

Fièrement dressée sur ma monture je commence à ressembler à quelque chose, je n'ai pas dit à un chevalier bon d'accord je l'ai très certainement pensé avant qu'un "Que tu n'ais pas le temps de me manquer" ne me cause une arythmie cardiaque.
"De ... de quoi ... Lina ....?!"
Sourire aux lèvres et sarcastique elle me balance ce genre de chose dans un petit rire délicat que je ne lui connaissais pas.
Je me fais des idées ou bien ? Je dois répondre quoi ? Faire quoi ? Non juste des idées, pourtant c'est le genre de choses qu'on dit à .... ou quand ... Ne l'ai-je pas moi même prononcé à Yonnec durant nos années d'entente.
Le rose me monte aux joues fort heureusement dissimulé par le haut col de mon manteau, ma main se lève, mes doigts s'agitent, un sourire, mes lèvres s'ouvrent pour balbutier un "Aussi vite que possible ma Soeur" sujet à interprétation non sans ajouter pour elle un léger rire à mon tour avant de talonner mon "destrier".

Au moins la chose m'occupe une bonne partie de la route, je retourne cette petite phrase encore et encore alors qu'elle sajoute à quelques précédentes remarques que je n'avait pas relevé jusqu'à maintenant. Silence dont s’accommode parfaitement mes deux compagnons qui jacassent telles deux jouvencelles dans une entente que je ne leur prêtais et ce n'est pas la tombée d'un fin mais durable crachin qui mettra fin à ce bavardage. Le rôle de la chandelle m'échoît et malgré quelques furtives tentatives elle brûlera jusqu'à notre arrivée au … village, à défaut de nom.

Quelques masures rassemblées sur une lande sauvage où paissent une poignée de moutons sous l'oeil des autochtones et rares voyageurs. La boue a laissé place à une terre meuble ponctuée de cailloux, banalité que je constate avant notre arrêt devant un relais que tout bon bourg se doit de posséder, offrant ainsi quelques menus services aux gens de passage contre espèce sonnante et trébuchante. Descendue du cheval j'emboîte le pas aux hommes et pénètre à l'intérieur, mon regard balaye les lieux alors que mes doigts dégrafent les attaches de mon manteau, rien de notable. Rien de notable si ce n'est un gars qui siffle. Le genre de gars qui a la trogne et l'équipement du mec qui vit sa vie aux cotés des emmerdes voir les pieds dedans.

Nous nous approchons voir même nous nous installons à son invitation, face à celui qui s'avère être shérif et notre employeur. Je reste silencieuse, j'observe, même à l'arrivée du second, Von Dankl qu'il dit, un noble, tient. Les présentations se font, quelques échanges, je note l'aisance sociale de Pietro avant de me concentrer sur les explications données. Ce n'est pas une mais deux disparitions maintenant, merde. Merde une seconde fois au passage pour la similitude et une troisième j'aurai dû demander aux garçons si je pouvais évoquer mes propres investigations, putain franchement Isolde.

« Clarisse … Clarisse Lapierre. »
Dis-je en guise de réponse à la question avant de signer à mon tour.
« Enchantée malgré les circonstance et j'espère apporter notre aide. »
« Car c'est non seulement la seule mais sûrement la meilleur que tu auras. »

« Je …. »
Regard en direction de Pietro il connaît dans les grandes lignes le pourquoi de mon arrivée, il se doute forcément de ce qui me démange.
« Vous allez procéder de quelle manière ? Vous avez déjà une idée sur l'origine des disparitions ? »

Bien entendu que j'ai envie de gueuler « Bordel de merde ils sont là !! C'est eux j'en suis certaine !! » mais je remballe tout ça pour le moment et attend un feu vert ou un conseil ultérieur.

Impossible de foirer cette fois !
Isolde de Bérétis / Trisan BlancheBise, Chevalier du Graal
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 10 | Tir 8 | Foi 0 | Mag | NA 1 | PV 65/65
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isolde_de_beretis
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[MJ] Neferata

Re: [Isolde Tristan de Bérétis] Frères par le sang versé

Message par [MJ] Neferata »

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Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ


Karl Müffling hocha lentement la tête à l’annonce du nom fabriqué d’Isolde. Il pouffa de rire en regardant au ciel : Il était très clair qu’il savait pertinemment que le trio mentait sur leurs identités, mais si tel était le cas, il semblait n’en avoir strictement rien à faire. Tirant de son mantel une petite pipe qu’il bourra de tabac, probablement du Moot, il se mit à lentement fumer le temps que tout le monde signe le contrat.
Ce fut son adjoint, Leopold, qui répondit à la question d’Isolde à sa place :

« Nous n’avons pas encore d’informations, non. Nous venons juste d’être chargés de l’affaire. Nous allons procéder de la même façon que nous procédons dans ce genre de cas : On va se rendre directement au village de la dernière disparition, mener des interrogatoires, puis organiser une battue avec les gens du village que nous enrôlerons.
– Et surtout, on surveillera ceux qui prennent part à la battue, précisa Karl avec sa pipe dans le bec. Les trois-quart du temps, le coupable est dans le village ou le village d’à côté, et il profite de la battue pour détruire des preuves. Surtout s’il a enterré le gamin.
– Dans tous les cas, le plus important est d’agir vite, très vite. Nous avons aussi une autre arme qui nous attend dehors, et qui va nous donner un sérieux avantage : Des chiens.
– Leopold est un ancien veneur, continua le patrouilleur en recrachant sa fumée bleutée et âcre. On va amener avec nous une demi-douzaine de braques de chasse, des animaux qui te reniflent n’importe quoi à très longue distance et qui savent traquer. Si le gamin est pas trop loin, on devrait trouver l’endroit où il est retenu… Ou enterré.
– Le plus important est d’agir vite, dans le cadre d’une disparition. C’est déjà trop tard pour le premier enfant disparu, mais pour le second, nous sommes toujours dans des temps où nous pouvons quadriller une zone.
– Si j’avais encore mes gars, ça serait tellement plus simple, on s’y mettrait avec une dizaine de patrouilleurs… Mais faudra faire avec ce qu’on a. »

Leopold vida son verre puis remit ses papiers sous le coude. Visiblement, les hommes de loi étaient déjà parfaitement en charge de la situation, ce qui devait agréablement changer Isolde de d’habitude.

« Bon, je vais poser ma pêche, fit le patrouilleur en se relevant tout en posant des pièces de cuivre sur la table. Leopold va nourrir les cabots et on devrait se mettre en route aussitôt.
Si vous avez quelque chose à faire, quelque chose à dire, des trucs à bouffer, du matériel à rassembler, vous avez vingt-cinq minutes et pas une de plus. Ensuite je file tout droit dans la Reikwald. »


Et alors, gaillardement, le patrouilleur se déplaça immédiatement vers les toilettes.

Isolde pouvait donc profiter de ce laps de temps pour parler avec les hommes de loi, ou ses collègues. Elle notait également que le relais de poste était ouvert par le tavernier derrière le comptoir, et que si elle désirait envoyer un courrier à quelqu’un, c’était le meilleur moment pour écrire rapidement quelque chose et payer la correspondance ; Un jeune homme, probablement le fils du propriétaire du relais, vendait également quelques outils et objets utiles pour de la survie en extérieur, mais Isolde était déjà bien chargé ; elle pouvait malgré tout vendre et acheter avec ce qu’elle avait sur elle ou sur son cheval. Dans tous les cas, ensuite, il était temps d’affronter les démons de la forêt.

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Isolde Tristan de Bérétis
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Re: [Isolde Tristan de Bérétis] Frères par le sang versé

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L'homme n'est pas dupe, nos identités données le font sourire et je dois dire que cela en est presque réconfortant au moins n'avons-nous pas à faire au dernier des imbéciles. Sa réponse est tout aussi censée concernant la méthode à employer pour les recherches d'autant que les chiens se montreront très certainement utile si le gibier s'avère être celui auquel je pense. Mon regard passe de l'un à l'autre durant l'échange qui ne s'éternise pas, quelques hochements de tête de mon côté ponctuent les informations dans une attitude de parfaite neutralité alors qu'intérieurement je boue dans l'attente de pouvoir déverser le contenu de mon sac.

Brève salutations à leur départ respectif, je suis enchantée de savoir pour la "pêche" avant de me tourner vers mes deux compagnons.
"Alors vous en pensez quoi ?"

Question de pure forme, pas que leur avis m'importe pas mais je me dois de les informer de ce que je sais, de ce que nous pourrions rencontrer et de la stratégie à adopter, je ne joue plus seule dorénavant.

"Bon écoutez je vais essayer d'être concise dans ce que je vais vous dire mais je pense sincèrement que c'est important et dans tous les cas au pire je me trompe."

Ai-je leur attention ? Bon très bien.

"Je sais pas si vous savez ce qui m'a conduit de ce côté de la frontière donc je vais vous l'expliquer maintenant. Lors de mon errance, je suis tombée sur le même genre d'histoire, des disparitions inexpliquées d'enfants pour l'une au moins dans une maison close. Mon enquête à tourner relativement court malheureusement alors il me manque le pourquoi du comment mais je suis tout de même remontée jusqu'à une vieille mine naine dans les montagnes grises dont les profondeurs accueillaient des vestiges de constructions très anciennes. A l'intérieur j'ai été la proie de ... de .... spectres, ils riaient comme des enfants, je ne pourrai jamais l'oublier."

Ma gorge se serre au souvenir de cet épisode, j'avale une gorgée de mon verre puis reprend afin de terminer mon récit.

"Dans ma fuite j'ai rencontré un nain à l'agonie. Les événements avaient commencé peu avant par des chuchotements d'enfants de plus en plus nombreux au fil des jours. Ils ont voulu, lui et un ami, en avoir le cœur net et sont tombés sur des hommes, cinq ou six ils parlaient visiblement le Riekspiel et se livraient à des pratiques sur les enfants que même les mots ne peuvent décrire.

Voilà ce que vous deviez savoir, je pense que nous avons la même chose qui se reproduit aujourd'hui et si c'est le cas j'aimerai que nous soyons préparés à l'affronter quoique ce soit exactement car nos armes se montreront certainement inefficaces.

Je sais que nous nous connaissons pas depuis longtemps, on peut penser que j'affabule, que je souhaite me montrer intéressante ou je ne sais quoi d'autre encore mais je vous prie de prendre mes dires en considération et si nous
*insistance sur le nous* sommes d'accord je souhaite en parler à nos employeurs."
Isolde de Bérétis / Trisan BlancheBise, Chevalier du Graal
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[MJ] Neferata

Re: [Isolde Tristan de Bérétis] Frères par le sang versé

Message par [MJ] Neferata »

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Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ


Pietro et André écoutèrent Isolde, alors-même qu’ils s’étaient déjà apprêtés à bondir hors de leurs sièges une fois les deux hommes de loi partis. Une fois qu’elle eut terminé, ils se regardèrent tous les deux les yeux dans les yeux, particulièrement hésitant, aucun des deux ne souhaitant apparemment parler le premier.
Finalement, ce fut le Tiléen, les lèvres pincées, qui reprit :

« Tu as des preuves de ta rencontre avec ces Nains ? »

Pietro avait demandé ça d’une manière un peu hasardeuse. André, lui, se contenta de tapoter du pied, soudain bien nerveux.

« L’problème de ce genre d’histoires, c’est que ça concerne plus des patrouilleurs impériaux.
Ça concerne directement les répurgateurs de Sigmar. »

INT Isolde : 8
Jet : 8, réussite.
Le Saint-Ordre des Templiers de Sigmar avait une réputation bien lugubre, qui était connue jusque dans les contrées de la Bretonnie. Gardiens de l’orthodoxie Sigmarite, épée dégainée du culte d’État de l’Empire, les répurgateurs avaient pour mission de traquer les mages illégaux, les passionnés d’occulte, et les hérétiques de tout poil. Un État dans l’État, les Templiers de Sigmar étaient connus pour leur discipline, leurs grands moyens financiers, et leur très, très grande liberté d’action : S’il y avait des régions de l’Empire où leurs prérogatives étaient limitées par la loi de l’Empereur, les Templiers de Sigmar étaient connus pour être de véritables inquisiteurs fanatiques, capables de détenir et torturer qui ils souhaitaient pendant des semaines pour ensuite les condamner au bûcher lors de procès qui ressemblaient plus à des pièces de théâtre répétées où la sentence était connue d’avance que de véritables endroits où la justice devait régner.
À leur simple mention, Pietro devint légèrement blême.

« Les répurgateurs de Sigmar né voudront pas que des patrouilleurs si mêlent de l’affaire. Encôre moins des mercenaires étrangers. Ils se chargeront directement dou dossier et feront s’éloigner tout lé monde.
– Quant à toi, nul doute qui voudront t’interroger. Et vu comme les Bretonniens sont pô trop en odeur de sainteté dans l'Reikland… Tu peux d'viner c'que interroger signifie pour eux. »

Petite pause extrêmement gênée. Lalande soupira, avant de reprendre :

« Tu fais ce que tu veux Isolde, mais si tu décides de dire la vérité aux hommes de loi, prévient-nous avant, qu’on puisse directement décamper et rejoindre le groupe à Ubersreik. Parce que si les répurgateurs se ramènent ça sera pas jojo, ni pour toi ni pour nous.
Ouais, peut-être bien que pour traquer des spectres ils seront plus efficaces que nous. Alors c’est peut-être la bonne chose à faire. D’un autre côté, ben…
Ben j’en sais rien. C’est à toi de voir. »

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Isolde Tristan de Bérétis
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Re: [Isolde Tristan de Bérétis] Frères par le sang versé

Message par Isolde Tristan de Bérétis »

Mes révélations entraînent une bonne minute de silence, minute qui me paraît bien longue, vont-ils éclater de rire ? Me traiter de folle ? Me faire la morale pour Lalande ? Coups d’œil gênés, lèvres pincées, traits figés, c'est finalement Pietro qui ouvre le bal suivi de prêt par le jeune Bretonnien. Point de colère ou d'humiliation, non juste des conseils avisés des conséquences que pourrait causer mon choix, ils me prennent au sérieux et je leur en sais gré. D'ailleurs si le sérieux d'André m'est maintenant habituel, l’inquiétude que je perçois chez le Tiléen est toute nouvelle.

De mon sac j'extrais le cor de manufacture naine pour ainsi appuyer mes dires sans pour autant rajouter quoique ce soit, l'objet est en lui même suffisant.

"Merci pour vos conseils. Si vous êtes d'accord nous allons donc continuer et je vais taire pour le moment cette histoire. SI la Dame a choisi de me sauver dans cette mine pour me replacer sur la route de ce groupe je crois qu'il me faut aller au bout. Gardez mes dires à l'esprit si les choses s'enveniment, je sais pas si cela peut s'avérer utile mais il me semble que ces choses craignent le feu, au moins source de gêne. Prenons garde.

Je ... je dois renouer avec mon passé avant que nous ne reprenions la route."


Dis-je avec une certaine lassitude dans la voix, je me lève après un hochement de tête entendu afin d'aller prendre la plume pour rédiger le plus amer message que je n'ai jamais écrit. Au moins le peu de temps dont je dispose m'oblige à ne pas tergiverser sur son contenu, pourtant je ne peux empêcher le très léger tremblement de ma main sur les premiers que je couche sur la feuille de parchemin.

"Père,

Vous serez très certainement surpris à la lecture de ce pli, il semblerait que le vent du destin soit facétieux.

Les dernier événements qui se déroulent à la frontière me font prendre la plume afin de vous faire parvenir ces quelques mots qui pourraient s'avérer d'importance dans les décisions prisent au cours des semaines à venir. Si vous connaissez mon manque d'intérêt pour la politique je reste néanmoins animée par les intentions les plus pures et l'amour de mon pays, mon coeur saigne à l'idée d'une possible guerre qui fauchera tant de vies innocentes pour un conflit qui prendrai ses racines dans le terreau de la méconnaissance.

C'est pourquoi je vous rapporte ce fait.
Au cours du mois de Brauzeit, un petit village situé sur les contreforts des montagnes grises non loin de Steindorf a été la cible d'une attaque en règle. Une partie de sa population composée de bergers s'est vu passée au fil de l'épée, des femmes ont été violées, par un groupe d'homme venue de chez nous. Un groupe mené par André Moreau le baillis de Brossac qui a laissé une poignée de survivants afin que tous sachent qu'il agissait pour le compte du Seigneur Chlodéric et maintenant l'Empire réclame des explications.

Je sais que le Baron de Marsonie est en route pour Aldorf et maintenant je prie pour que vous passiez outre le passé afin que ce courrier trouve un écho favorable de votre part.

Votre fillle,
Isolde.
"


Mon regard parcourt à plusieurs reprises ces quelques lignes, lignes dont je ne mesure certainement pas avec exactitude les conséquences qu'elles causeront qu'elles soient personnelles ou autres. J'hésite, la décision n'est pas aisée, reste que je suis interrompue par une ombre qui se profile. Le trogne du shérif se dessine de mon champ de vision, il est temps de partir. Avec célérité je m'empresse de conclure, règle les deux couronnes demandées pour la remise du courrier en insistant sur l'importance de ce pli.

A l'extérieur le crachin m’accueille, mes yeux se posent sur les sommets au loin entourés de sombres nuages.
Soupire.
Isolde de Bérétis / Trisan BlancheBise, Chevalier du Graal
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[MJ] Neferata

Re: [Isolde Tristan de Bérétis] Frères par le sang versé

Message par [MJ] Neferata »

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Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ


Coût de la correspondance : 2 couronnes
Reste : 2,1 couronnes.
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Leopold von Dankl se tenait devant un lourd et puissant chariot aux portes de fer, tirée par deux solides chevaux épais comme des buffles : Nul doute que le véhicule était tout destiné au transport de prisonniers. À ses pieds, le noble se débattait face à une demi-douzaine de chiens de chasse fous furieux, des braques qui couraient dans tous les sens en remuant la queue : Le vice-patrouilleur les fit s’installer sur une plateforme à l’arrière, avant de prendre son arquebuse en main et de rejoindre l’avant. Il rejoignit Müffling qui s’installait à ses côtés, et se saisissait déjà des rênes. Sans dire un mot, sans héler sa nouvelle carte, il siffla très fort et donna un solide coup de cuir pour forcer les deux immenses chevaux à commencer leur marche. Pietro, Lalande et Isolde n’eurent qu’à reprendre leurs affaires, grimper sur leurs selles, et suivre le chariot à une vitesse si lente qu’un simple pas suffisait à garder l’allure.

Au moins, les paysages de marais vides commençaient à lentement disparaître. La pluie se transformait en une fine ondée, puis en un simple ciel désespérément gris. Ils croisèrent alors, au fil de leur route, tantôt un petit hameau paisible, ensuite une maigre chapelle de Taal aux portes ouvertes, puis des cabanes de pêcheurs le long de la vallée de la Teufel.
Pietro ne put s’empêcher de faire une remarque :

« C’est normal que l’eau soit rouge ? »

Müffling eut un sourire mauvais, sans même lever son museau pour observer le Tiléen. C’est Leopold qui répondit :

« La Teufel vient des montagnes grises. Depuis maintenant quatre mille ans, les Goblins et les Nains qui y vivent s’entre-tuent, et il est dit que c’est pour cela que la Teufel est riche en sang et en fer.
– Pire vallée de tout le Reikland, la Teufel. Elle est parcourue de bandits de grands chemins dans tous les recoins. Au moins on chôme pas, nous les Patrouilleurs. On justifie bien notre salaire de misère.
– Les contrebandiers aussi ils sont pas mal dans le coin.
– Mais oui, ça et les crétins consanguins qui distillent de l’alcool de pisse dans leurs marais putrides. On a vraiment pas le temps de s’ennuyer.
Eh, tenez, y a six ans, j’ai un collègue patrouilleur, il a été bouffé. Je déconne pas. Y a même des cannibales chez les timbrés qui vivent ici. J’ai tellement hâte de prendre ma retraite putain… J’espère que vous avez l’estomac solide, parce que si on retrouve ce gosse je promet pas de l’état dans lequel on va le rendre à sa famille. »



Le paysage s’était à peine amélioré, qu’à nouveau il sombrait. Le convoi entrait à présent dans la Reikwald, l’une de ces gigantesques forêts recouvrant l’Empire de Sigmar. Prudemment, le solide chariot restait le long de la Teufel, qui était de temps à autre parcourue d’auberges construites sur des pontons, directement sur l’eau, aux murs de bois épais où l’on pouvait sans doute dormir bien plus en sécurité que dans la nature. Autrement, il fallait à présent subir les moustiques, l’humidité, et ces immensités d’arbres qui s’élevaient si haut qu’ils commençaient à recouvrir le soleil.

Plusieurs heures passèrent, jusqu’à ce qu’enfin le groupe croisa quelque chose de plus intéressant que de quelques groupes de bûcherons ou des voyageurs montés sur des ânes qui passaient en disant « bonjour » : Müffling tira sur les rênes de son cheval alors que devant lui, deux cavaliers bardés de fer approchaient : Des types en demi-armure, avec casque-salade sur le crâne, arquebuse à la main pour l’un, lance d’arçon liée à la selle sous le pied de l’autre. Müffling les salua d’un long mouvement de main alors qu’ils approchaient au pas sur la voie de devant. Ils tournèrent leurs montures comme pour barrer le chemin, alors l’homme de loi ne put s’empêcher de souffler :

« C’est qui ces connards, roh putain... »

Le chariot continua jusqu’au niveau des deux cavaliers. Müffling attrapa son insigne qu’il tendit devant eux.

« Salut les gars, vous allez bien ?

– Bien. Qui va là ?
Straßenwächter Müffling. Et ceci est mon collègue, Hilfsstraßenwächter von Dankl. Maintenant c’est nous les types qui représentent la Loi de l’Empereur, donc merci de vous aussi décliner vos identités.
– Schneke et Bärchen. On fait partie de la maison de Sa Seigneurie, Sigismond von Jungfreud.
– Oh, en personne. Il est là ? »

Isolde avait déjà entendu le nom de von Jungfreund ; Le petit guide touristique blondinet, Gluecksmann, avait déclaré que Sigismond était au moins seigneur d’Ubersreik, et de Stromdorf. Visiblement, il était même assez riche et puissant pour aller avec ses sbires jusqu’ici.

« Il se repose actuellement. Il marche vers Altdorf.

– Schneke, t’es trop con, pourquoi tu lui as dis qu’on allait à Altdorf ? Pesta le collègue de l’arquebusier.
– Il passe par Auerswald ? Il peut pas prendre la route du nord, comme tout le monde ?
– Il a ses raisons.
– Peut-être, mais moi je suis patrouilleur du Prince du Reikland, donc je suis désolé de vous faire chier mais va falloir me laisser passer. »

Les deux se regardèrent un instant, puis Schneke haussa les épaules.

« On va vous escorter, vous pouvez vous arrêter à son campement si vous voulez vous reposer un instant.

– C’est trop aimable. Ouvrez donc la voie. »

Schneke et Bärchen tournèrent leurs montures et reprirent la route en avant. Müffling donna un gros coup de rênes sur ses montures et alors la marche en avant pu continuer. Pas très longtemps : Au bout d’une petite dizaine de minutes tout au plus, ils tombèrent, un tout petit peu à l’écart de la route, un joli campement au milieu des bois, avec des tentes et des charrettes, et beaucoup, beaucoup de mâles armés. Il devait y avoir, tout au plus, deux, trois femmes qu’Isolde aperçut rapidement, des servantes probablement, et quelques courtisans maniérés trop bien habillés pour l’humidité et la gadoue de la région, leurs chaussures cirées et leurs doublets cintrés en soie visiblement pas prévus pour la météo. Mais y avait surtout du guerrier : De l’écuyer, du chevalier, quelques sbires avec arquebuses et arbalètes. Une véritable troupe armée, suffisamment garnie pour faire des coups de mains et s’emparer de bastions.
Un énorme cochon de lait était en train de rôtir sur une broche géante dans un coin. Visiblement, Sigismond n’était pas le genre d’homme à se déplacer sans emporter avec lui tout son confort. Sa tente, comme celle du capitaine von Lyncker, était brodée et cousue de fils d’or, sauf qu’en plus, Sa Seigneurie Sigismond s’était amusé à déployer devant lui des tréteaux de bois où on avait placé de la vaisselle, des assiettes en porcelaine et des verres en cristal.
Le chariot s’arrêta non loin et toute la troupe, dont les trois mercenaires, put enfin mettre le pied à terre et se dégourdir les pattes. Müffling ne put s’empêcher de les réprimander :

« Surtout vous vous taisez et vous vous faites pas remarquer. Je gère. Vous restez dans le coin et chut. »

Les deux patrouilleurs s’approchèrent de la tente cousue de fils d’or. Deux valets postés devant en tirèrent les battants, et un fringuant jeune homme en sortit :
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« Patrouilleurs. Enchanté.
– Votre Seigneurie, répondit très sèchement Müffling, une main sur l’épée, le menton relevé plein de dédain, sans faire la moindre révérence. Très étrange de vous voir sur la route d’Auerswald. C’est du tourisme avant-gardiste ?
– C’est un chemin plus court et plus discret vers Altdorf, patrouilleurs.
– Bien sûr ! Pour ça que tout un régiment vous accompagne, hein ? Cela vous arrive souvent d’amener des escouades d’arbalétriers avec vous pour profiter des délices de la capitale ? »

Sigismond riait à toutes les semi-plaisanteries acerbes de Müffling – mais il était évident que c’était un rire très forcé, très poli et maniéré. Vu la manière dont le seigneur regardait droit dans les yeux de l’homme de loi roturier, on pouvait deviner qu’il ne rêvait que de le faire égorger sur place.
Et vu le nombre de militaires qui l’accompagnaient, ça ne serait sans doute pas une volonté bien difficile à exercer.

« Je sais ce que vous pensez, patrouilleur.
– Sans blague, votre seigneurie ?
– Vous vous trompez. Je n’ai pas mobilisé ces hommes pour lutter contre Auerswald. Je n’ai aucune volonté martiale à leur encontre, vous n’aurez pas à faire de rapports au Conseil d’État, je vous l’assure.
Vous voulez vous installer un instant ? Manger quelque chose ? Ma table est bien garnie, je vous y invite.

– Je peux pas trop. Certains considéreraient cela comme de la corruption.
– Arf. »

Il claqua des doigts à ses valets, et on lui tira une chaise pour qu’il puisse s’installer bien au centre des tréteaux alignés. Il déplia un napperon tout blanc qu’il posa sur ses cuisses, et un garçon lui amena une cruche remplie de vin qui servit à lui remplir une coupe dorée et sertie de pierres précieuses.

« Je suis en route vers Altdorf car j’ai quelque chose à montrer à Sa Majesté Impériale de toute urgence, avant l’arrivée de l’émissaire Bretonnien qui est censé négocier.
– Oui, oui j’ai entendu parler de cette histoire… Je peux savoir ce que vous comptez lui montrer, à Sa Majesté, qui justifie de passer sur les terres de vos ennemis avec plein de flingues ?
– Un espion, patrouilleur. Un espion Bretonnien que j’ai saisi sur mes terres. Terrifié pour sa vie, il nous a fait quelques révélations que Karl Franz doit à tout prix écouter, en personne. Cela pourrait bien décider de l’avenir de notre nation.
– Bien. Je vous laisse le bénéfice du doute, Votre Seigneurie. Que les routes soient clémentes avec vous.
– Vous êtes vraiment sûr de ne pas vouloir manger quelque chose ?
– Sûr sûr. »

Sans rien demander de plus, Müffling tourna les talons et retourna vers son chariot. Isolde se préparait à faire de même, lorsqu’elle nota quelque chose.
Dans une cage non loin, près des tentes de soldats, deux chiens étaient en train de pleurer et de geindre, tandis qu’un soldat leur donnait des coups de pied.

Il y avait là Fritz et Chlodéric, ensanglantés, affamés, collés tous les deux côtes-à-côtes.

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Isolde Tristan de Bérétis
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Re: [Isolde Tristan de Bérétis] Frères par le sang versé

Message par Isolde Tristan de Bérétis »

Le seuil du relais franchi me voilà entourée par une meute de chiens qui se pressent autour d'un chariot qui ne laisse guère de doute sur son utilité première. Une demi-douzaine de braques jappent à qui mieux mieux excités à l'idée de la traque qui se profile.

Je me rappelle avec une certaine nostalgie ce moment parfaitement réglé qui agitait notre demeure quand Père déclarait de façon anodine lors du dîner « J'irai bien chasser le sanglier. » Chacun savait alors ce qu'il avait à faire de Mère à la plus humble des servantes car le résultat de cette journée influençait de façon certaine l'humeur du Comte Roland de Bérétis durant plusieurs jours. On apprêtait la tenue spécialement commandée auprès des meilleurs tanneurs, en « fleur de cuir » mélange d'agneau et de buffle alliant ainsi élégance et robustesse, je m'émerveillais des détails que l'artisan avait su mettre en œuvre pour en faire une pièce unique et parfois me chargeais avec un plaisir olfactif non dissimulé d'appliquer l'onguent pour en nourrir la matière. En cuisine Lisbeth dirigeait de sa spatule en bois sa petite troupe, si le Seigneur rentrait satisfait c'était l'occasion de bombance, il fallait s'attendre à quelques bouches supplémentaires à nourrir et à cuisiner le produit de la chasse quand cela s'avérait possible. Mais c'est sur les épaules de Pierre que reposait l'essentiel de cette réussite. Pierre Dullieux, la quarantaine bien tassée, un visage buriné par une vie à l'extérieur passée au côté de Père qui en avait fait très tôt un homme de confiance quand ce fils d'éleveurs de moutons n'avait pas hésité à mettre sa vie en péril lors d'une escarmouche contre un groupe de hors la loi. D'une infaillible loyauté, il est la main qui agite le bâton, l'homme de peu de scrupules, qui obéit à son maître aussi bien que les griffons fauves de notre chenil. Ha, les griffons fauves, la fierté de Père. Je n'évoque pas ici les créatures ailées que certains nobles Bretonnien montent mais de cette race exceptionnelle de chien taillée sur mesure pour la chasse au sanglier. Un trentaine de centimètres au garrot pas trop grand afin d'affronter ronces et buissons touffus, un beau pelage ras couleur feu qui lui a donné son nom, infatigable limier robuste et rustique, courageux et possédant un bon mordant, l'idéal n'est-ce pas ? Le Comte quittait à l'aube naissante la chambre conjugale, appréciant d'être en tête avec Pierre pour partager un repas frugale qui les attendait dans le salon. S'en suivait quelques banalités entre deux hommes au caractère taciturne jusqu'à ce que l'horloge en chêne massif sonne l'heure du départ. Toute la maisonnée c'était lors de ce moment mis discrètement en branle bas de combat et j'assistais avec des étoiles plein les yeux au départ de celui, qui était à cette époque le héros de mes histoires, rarement ses lèvres pincées s'étiraient dans un semblant de sourire qui illuminait mes prochaines heures. Heures qui me paraissaient fort longues, j'inventais nombre d'aventures rocambolesques, dans lesquelles au service de la Dame je terrassais les créatures les plus terrifiantes du vieux monde, sous les quolibets de ma fratrie qui trouvait là sujets de moqueries. Puis ils revenaient, précédés par les jappements de la meute de chiens aux mâchoires sanguinolentes récompensés par la curée faite sur place. Tous se rassemblait dans la cours, quelques regards nerveux échangés, tous espéraient un dix cor ou un sanglier dans la force de l'âge, comme je l'ai mentionné la suite en dépendait. Je ne vais pas m'étendre plus avant, on imagine aisément les conséquences d'une humeur massacrante d'un homme comme peut l'être mon Père comme on imagine le bonheur de votre servante que procure une main paternelle qui ébouriffe sa tignasse.

C'est donc accompagnée de cette nostalgie que je me mets en selle prenant place dans le petit groupe que nous constituons maintenant. Peu à peu le paysage évolue ainsi que le temps, au rythme de notre lente progression qui me laisse matière à gamberger. Je n'ose trop parler, chose rare mais je préfère laisser ce rôle au sociable Pietro, bien que j'écoute avec intérêt les rares propos échangés et vient moi même ajouter un brin de curiosité concernant nos employeurs sans me montrer pour autant insistante.

« Quoiqu'il en soit si on pouvait imaginer une fugue pour une disparition, on doit envisager des ennuis autres avec la seconde. Et dans ceux les plus fréquemment rencontrés je ne vois pas qui ou quoi s'amuserait à capturer de cette manière des enfants mais je n'ai pas votre expérience.  D'ailleurs vous devez en avoir des histoires à raconter ...»

Propos tenus afin de souligner le cas peu banale de cette histoire, qui pourrait croire que se soit le fait de bandits, hommes bête, peaux vertes ou que sais-je encore ? Des enfants dans leurs maisons closes ? S'il vous plaît soyez vraiment vigilant messieurs. Regard échangé avec deux compères avant de rembrunir sur ma selle. Les heures se suivent et se ressemblent, monotonie parfois troublée par un hameau ou le « zonzon » agaçant de moustiques sanguinaires ! Dans la vallée de la Teufel, ils ne te piquent pas ils t'empalent dixit un petit barde rondouillard.

Notre intérêt trouve tout de même de quoi être nourri à l'arrivée de deux cavaliers fort bien équipé. D'une tous les voyageurs ne sont pas bardés de fer bien que la région soit dangereuse mais ils n'appartiennent pas tous à la maisonnée d'un Seigneur. Sigismond … ? Sigismond, ha oui rappelez-vous Stromdorf et mon rusé petit guide, Sigismond celui qui écume la région à la recherche des vils Bretonniens, me voilà réjouie et c'est loin d'être terminé.

Guère enthousiaste à l'idée de croiser ce Monsieur, nous voilà pourtant parti pour son campement situé à un lancer de pierre de notre position. Waaa … euh quand même … il plaisante pas. C'est pas juste une poignée de mercenaires que j'ai maintenant sous les yeux mais tout une troupe, une troupe armée et organisée par un Seigneur parti faire la guerre.

« Vous restez dans le coin et chut. Ne t'inquiète pas.... si il veut tuer du Bretonnien je vais juste fermer ma grande bouche. »

Petit rappel à l'ordre donné par le Shérif avant qu'il ne rejoigne en nous laissant quelques mètres derrière ce charmant Seigneur régional. Seigneur qui n'attire pas ma sympathie, nous avons les mêmes à la maison et on devinera aisément que je n'apprécie guère ce format d'une banalité affligeante chez la noblesse. Je ne dis pas valoir mieux, bien que, je suis juste différente. Par contre je savoure, bien que surprise, les petites piques acérées de l'échange qui se déroule, na va t-il pas trop loin ? Visiblement notre employeur doit avoir quelques latitudes dans ses relations entretenues vu qu'il ne semble nullement impressionné par le rang de son interlocuteur.

Fort bien, je dissimule avec peine un sourire avant qu'il ne soit balayé par un énième coup du sort, véritable coup de poignard. Les propos concernant la capture d'un espion me mettent la puce à l'oreille mais ce n'est rien en comparaison du choc en voyant Fitz et Chlodéric attachés et victime de la maltraitance d'un homme que j'ai immédiatement envie de tuer !

Mais … mais …
Je reste complètement figer, toute couleur s'est retirée de mes joues, mon regard passe des chiens, à ce Sigismond puis au patrouilleur avant de reboucler plusieurs fois.

Que faire ? Je suis pieds et poings liés, le Dog est sûrement à quelques pas et je suis complètement impuissante.

Si j'ouvre la bouche je signe la fin de cette mission, ma potentielle conduite à Aldorf et peut être pire encore. Aucune chance de pouvoir parlementer avec cet homme sans dévoiler mon identité, par les Dieux que le destin est cruel.

Tremblante de colère contenue, je me détourne, un pas puis l'autre, chacun me coûte une nouvelle blessure, chacun pèse un peu plus.

«-  Bordel ne fait pas tout capoter !!
- C'est tellement dur ….
- N'as-tu donc rien appris …
- Si mais …
- Ne te détourne pas, ne regarde pas en arrière, tais toi et avance pour les enfants.

Qu'ils me pardonnent, je les retrouverai, je les … retrouverai. »


Un regard, un seul petit regard.
Isolde de Bérétis / Trisan BlancheBise, Chevalier du Graal
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[MJ] Neferata

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Message par [MJ] Neferata »

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Müffling et le reste du groupe rembarqua et reprit la route, sous le regard des militaires en train de manger. Il fallait reprendre le chemin sur les sentiers, qui commençaient à se détériorer de lieue en lieue : À chaque passage d’auberge, à chaque pont ou bras de rivière franchit, la boue revenait, et la forêt se faisait de plus en plus dense. À présent, les trois cavaliers devaient tous passer devant le chariot, en file indienne, tandis que Leopold von Dankl était devenu instinctivement plus aux aguets : Il avait saisit son arquebuse qu’il tenait à présent à la main. André Lalande l’imitait : Il avait retiré son arbalète du dos et il la posait à présent sur le haut de sa selle, paré à s’en saisir à chaque instant.
Derrière chaque buisson, derrière chaque tronc d’arbre, on pouvait deviner l’arrivée soudaine d’une menace : Bande de brigands, hommes-bêtes, gobelins des forêts… Tant d’hostiles pouvaient s’en prendre au groupe.
Image
(END+INT)/2 Isolde : 8
Bonus : Volonté de fer (+1)
Jet : 19, échec. Isolde est apeurée – elle souffrira de malus non révélés pour l’instant.
Le groupe semblait bien mal à l’aise. Les deux patrouilleurs étaient devenus silencieux. Pietro avait des gros yeux écarquillés. Seul Lalande demeurait visiblement bien résolu. Il gardait un œil alerte tout autour de lui.

« Madré Myrmidia... Comment des gens peuvent vivre ici ?
– Vivre en forêt ça paye bien. Un bûcheron qui prie bien Taal et qui bosse dur il sait se faire un sort.
– Jé pourrais même pas dormir ici, personnellement. »

Le chariot se perdait. Prenant des virages, traversant là où il n’y avait pas de route, seuls les deux patrouilleurs semblaient visiblement connaître la voie, et Isolde, trop occupée à surveiller qu’il n’y ait pas de danger qui leur saute à la figure, ne nota aucun détail : Nul doute que si on la laissait à présent toute seule, elle se perdrait dans l’immensité de la forêt, sans aucun espoir de secours.

Après une longue traversée anxiogène, enfin, un semblant de village se profilait sous leurs yeux.
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Quelques petits chalets plutôt bien construits, juchés sur une motte d’où ils pouvaient sans doute voire venir le danger. Tout autour du village, sur un plan circulaire, une clairière avait été coupée nette : Des chênes et du hêtre avaient été couchés au sol, et d’énormes rondins de bois empilés sous de petits toits de paille et de torchis. Des bûcherons étaient d’ailleurs en train de travailler : Quatre d’entre eux tentaient de manœuvrer dans tous les sens pour couper un gigantesque chêne qui montait bien haut, et ils semblaient prendre énormément de précautions pour que l’arbre ne s’effondre pas sur eux.
Pourtant, ils cessèrent soudainement le travail en voyant les nouveaux arrivés. Ils rangèrent leurs gants, s’épongeaient leurs fronts dégoulinants de sueur, l’un d’eux se mit même torse-nu. Müffling se jeta hors de son chariot pour se dégourdir les pattes, et s’approcha des hommes en détachant son insigne pour le leur présenter.

« Bonjour, messieurs. Straßenwächter Karl Müffling, ainsi que mon collègue, Leopold von Dankl. Nous sommes arrivés depuis Stromdorf sitôt que nous avons appris votre demande d’aide. »

Le plus âgé des bûcherons mit ses poings sur ses hanches. Il se tourna pour regarder ses collègues plus jeunes, puis sembla détailler Müffling des pieds à la tête. Il y avait comme l’impression qu’il jaugeait de la capacité du patrouilleur fringué qu’on venait de lui envoyer.
Il devait trouver grâce à ses yeux, car il leva sa patte pour serrer très virilement la poigne de l’homme de loi.

« Vous pouvez m’appeler Jan.
– Vous êtes le chef de cette communauté ?
– On a pas de chef, selon notre charte de franchise on a un conseil de quatre personnes. J’en fais partie.
– Bien… Bien. J’ai été plutôt bien informé de la situation mais je préfère aller très vite, le temps est crucial dans ce genre d’affaires. Est-ce que vous pouvez me rassembler le village ?
– Je, oui, mais…
Mais y a que vous ? Qu’est-ce que vous comptez faire ?

– Organiser une battue.
– On l’a déjà fait, ça.
– Oui, je me doute bien, mais j’ai amené avec moi des chiens, et mon collègue ici présent est un fin limier. Avant toute chose il faudrait que je puisse voir la chambre où dormait le gosse. Que je cause avec ses parents également. Cela ne sera pas long. Vous pouvez vous occuper de tout ça ? »

Leopold et Müffling s’éloignèrent donc en avant, le patrouilleur discutant de tout un tas de détails avec le dénommé Jan. Les trois mercenaires suivirent un peu de loin, avant de s’arrêter au centre du village – si seulement on pouvait appeler ce petit hameau perdu un village. Le confort semblait particulièrement rudimentaire. Tout juste quelques masures sans fenêtres d’une seule pièce, une maigre forge bien artisanale, peut-être un bâtiment qui devait servir de cellier. L’endroit semblait être bien pauvre : Lorsque les villageois se réunirent, ce fut en plein air, au milieu du regroupement de masures aux pieds de la motte.

Les deux patrouilleurs passèrent un plutôt long moment dans l'habitation de l'enfant disparu. Le trio de mercenaires attendait dehors, à ronger leur frein, sous le regard mauvais de badauds. Les bûcherons et leurs femmes semblaient juger avec un dédain bien perceptible les trois originaux. Lalande et Pietro se contentaient de les ignorer en patientant : le regard de haine qu’on leur réservait devait peut-être être habituel ou sans importance pour les mercenaires.
C’est au bout d’une bonne heure que Müffling et von Dankl refirent surface. Leopold tenait dans ses mains des linges et des vêtements, qu’il amena jusqu’au chariot. Il permit aux braques sur-excités de bondir sur leurs pattes, et commença à leur faire renifler les tissus. Le noble se mit à aboyer des ordres pour que ses cabots se tiennent aux aguets, tandis que Müffling donnait des instructions pour la battue :

« Nous allons faire des groupes de quatre à six, qui seront peu espacés les uns des autres : vous utilisez des bâtons pour tenter d’observer le sol devant vous. Soyez très, très attentifs. Le moindre petit indice peut nous être précieux, la moindre trace de pas, le moindre petit objet oublié.
Avant toute chose, nous allons prier le Roi Taal pour qu’il nous aide à retrouver l’enfant perdu dans Sa forêt. »


Les paysans se regroupèrent devant une petite stèle gravée dans un chêne découpé et décoré de cors de cerf, sur lequel on avait installé seulement deux petites bougies – la cire devait être très précieuse ici. Les villageois s’agenouillèrent et commencèrent à entamer une liturgie. Pourtant, étrangement, Müffling ne les rejoignait pas, alors qu’il était celui qui avait proposé le rituel. À la place, il s’éloigna un peu, à l’écart, et se mit à scruter les habitants. Un par un, il les regardait, alors qu’ils fermaient leurs yeux, joignaient leurs mains, et répétaient des invocations pieuses. Il se mit plutôt à chuchoter à ses trois intérimaires.

« Le gosse s’appelle Franz. Onze ans, roux, tâches de rousseur. Gamin tranquille apparemment. La disparition ressemble à une fugue, pas de témoin, disparu pendant la nuit. Mais où est-ce qu’un gamin de onze ans fuguerait au beau milieu de la Reikwald ?
Il a emporté des affaires avec lui. Un baluchon, des vêtements, de la nourriture. Sa peluche. Comme s’il partait en voyage, rejoindre quelqu’un.
Surveillez bien les habitants. Remarquez des détails inhabituels : S’ils s’éloignent un peu, s’ils regardent souvent au-dessus de leur épaule… Peut-être que l’un d’eux sait quelque chose qu’il ne veut pas dire. »


Pietro et Lalande approuvèrent par un franc hochement de tête. Puis on distribua à tour de rôle des bâtons aux villageois, qui formèrent des petits groupes parés à la battue. Leopold von Dankl siffla ses chiens, qui se regroupèrent et commencèrent déjà à se perdre dans la forêt, droit en avant, vers l’inconnu.

On demanda à Isolde de surveiller quatre personnes : trois hommes et une femme, difficile à distinguer des autres. La femme était une jeune adolescente rachitique, l’un des hommes un vieillard semi-boiteux, les deux garçons en revanche étaient bien solides et barbus, sûrement endurcis par la vie difficile d’un bûcheron de forêt. Parlant en reikspiel entre eux, ils semblaient naturellement inquiets à la vue de la femme armée derrière eux. Mais malgré tout, ils avancèrent, tout droit devant.



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Plus Isolde s’enfonçait dans la forêt, et plus une espèce de sentiment de malaise s’emparait d’elle. Suivant son groupe de battue, elle pouvait entendre non loin l’écho des cris des chiens de Leopold. Devant elle, la forêt devenait de plus en plus épaisse. Ses arbres camouflaient tant le ciel que le soleil. Peut-être étais-ce les heures qui défilaient également, mais au bout d’un moment, l’obscurité prenait place à l’inverse de la moindre lueur.
Il faisait froid. Il faisait noir. Et elle errait sans parvenir à savoir où elle se trouait. Ses cils se mettaient à battre, ses aisselles étaient recouvertes d’une sueur froide. Des mouches semblaient voler devant ses yeux, et une espèce de malaise inexplicable l’envahissait.

(END+INT)/2 Isolde : 8
Malus : Apeurée (-1)
Jet 1 : 2 réussite
Jet 2 : 20, échec critique
Jet 3 : 8, échec.

Petit à petit, et sans qu’elle s’en rende vraiment compte, le groupe s’éloignait d’elle. Pourtant il marchait toujours aussi normalement, et même à très petite vitesse, puisqu’ils étaient occupés à fouiller le sol. Mais étrangement, les aboiements des chiens se faisaient de plus en plus lointains, et à chaque fois qu’elle fermait les yeux, c’est comme si elle était transportée ailleurs. Bientôt, Isolde ne parvenait à se concentrer que sur sa respiration, qu’elle entendait, et les battements de son cœur, qu’elle ressentait dans ses tempes et le creux de ses oreilles. Une espèce de lueur bleutée envahissait l’atmosphère.
Un moment, l’un des bûcherons s’était retourné et lui avait fait un signe de tête.

« C’est quoi ton problème putain ? »

Il regardait Isolde avec une lèvre retroussée, et une expression corporelle clairement hostile. Quelle grimace faisait donc la chevaleresse sur son visage pour ainsi importuner le villageois ? Difficile à dire.

Mais plus elle s’avançait dans la forêt, plus les symptômes empiraient. Elle pouvait entendre, de temps à autre, au fond de son oreille, un chuchotement absolument incompréhensible. Ou un rire répercuté. Elle se sentait étrangement en apnée, alors même qu’elle était bien sur le sol. Quelque chose semblait l’étrangler, au fond de sa gorge, et la serrer, dans la poitrine. Un souffle froid qui l’envahissait. Avec le temps, les absences se multipliaient. Sans s’en rendre compte, et sans véritablement perdre connaissance, elle se retrouvait à faire du surplace et à marcher toute seule de plus en plus longtemps, chaque fois qu’elle fermait les yeux.

Et à un moment, lorsqu’elle reprit entièrement le contrôle d’elle-même, elle ne voyait plus personne.
Les villageois faisant la battue s’étaient volatilisés. À sa gauche, à sa droite, aucune trace des hommes de loi ou de ses collègues. Et les aboiements des chiens, si elle les entendaient toujours, ils semblaient à présent beaucoup, beaucoup trop lointains.
(INI+INT)/2 Isolde : 9
Malus : -1 (Apeurée)
Jet : 15, échec.
Aucun indice autour d’elle ne lui permettait de savoir quel chemin elle avait parcouru. Par réflexe, elle tenta tout d’abord de se diriger vers les aboiements des chiens. Mais par sorcellerie, alors qu’elle allait tout droit, ils semblaient soudainement hurler à un autre point dans l’espace, à l’exact opposé. Isolde errait à présent totalement dans le vide, et chaque fois qu’elle semblait trouver un endroit par où aller, elle était à nouveau victime d’une courte absence, et rouvrait les yeux sur d’autres chênes, d’autres buissons aux formes différentes qu’elle n’avait jamais eu avant.
Elle était comme piégée dans une espèce de labyrinthe forestier, sans sortie. Et alors qu’elle continuait d’avancer, les arbres se mettaient soudainement à prendre des formes bien étranges, et peu naturelles.
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Les branches des arbres se liaient entre elles, formaient des arcades, des alcôves, se truffaient de pointes acérées comme des piquants de hérissons. Au sol, des racines s’enroulaient sur la terre. Et il n’y avait, étrangement, plus aucune trace de vie : Plus aucun oiseau qui chantait, plus aucun petit mouvement d’herbe lorsqu’un lapin alerté fuyait vers un terrier. Aucune faune ne parcourait ce bout de la Reikwald.

Elle entendit des pleurs. Des cris de douleurs aigus, vraiment pas loin. En s’approchant un peu furtivement, derrière la couverture d’arbres bien trop épais et bien trop sombres pour être des arbres naturels, elle découvrit alors une scène bien sordide.
Une femme était assise au sol contre un arbre. Mal habillée, vêtue d’une robe déchiquetée et dégoulinante de sang. Une très jolie femme, si seulement elle n’était pas livide, couverte de bleus, d’un énorme œil au beurre noir, ses cheveux noirs au-dessus de son crâne en pagaille. Un homme surgit devant elle. Ferma son poing. Lui asséna un coup directement dans le visage qui lui disloqua net la mâchoire et fit voler une dent. Elle gémit et tomba au sol, mais l’homme se pencha, lui tira les cheveux à pleine poignée, les tira pour la forcer à se rasseoir contre l’arbre.

« Arrête de tomber ! Je te frappe pas si fort quand même ? »

L’homme était vêtu d’une manière bien sordide, mais élégante. Tout de noir, bottes montantes jusqu’à ses genoux, une gigantesque cape sombre comme la nuit, une brigandine et un fleuret à la ceinture. Surtout, il avait sur le sommet de son crâne un long chapeau qui cachait tout son visage lorsqu’il penchait un peu la tête.
La femme devant lui sanglotait. Des grosses larmes se mélangeaient au sang sur son visage, et elle semblait étouffer, sûrement à la fois de terreur et de douleur. Elle parvenait à peine à former des mots.

« J’vous… J’vous en… J’vous en supplie…
– Oooh… Du calme, du calme... Hé, du calme je te dis ! »
(INI+INT)/2 : 9
Jet : 5, réussite.
Malgré les pleurs de terreur de la femme, un tout petit détail résonna dans l’oreille d’Isolde :
Elle était Bretonnienne. Elle avait une intonation très clairement étrangère, ses mots étouffés en reikspiel sonnaient trop faux.
Le lugubre épouvantail se baissa sur ses deux jambes. Il tendit sa main recouverte d’un gant pour saisir le visage de la femme : Sa pogne était si grosse qu’elle lui recouvrait presque toute la face, et il l’agitait de gauche à droite comme s’il était face à une poupée de chiffon.

« J’ai pas le temps de t’interroger proprement. J’aimerais bien, m’amuser à sortir tous mes outils et m’occuper de toi méthodiquement… Mais hélas je ne peux pas me permettre ce luxe.
Alors. On se dépêche.

– Je sais… Je sais pas… Pitié je sais pas ! »

Elle s’effondrait en larmes et pleurs incontrôlés. Ses lèvres fendues tremblaient alors qu’elle s’efforçait de sortir des mots.
L’épouvantail en fut bien frustré. Il tira un poignard de sa poche, et remonta sans once de pudeur la robe de la jeune femme pour lui dévoiler sa cuisse salie de boue. Il posa le couteau sur la pointe de sa chair, et enfonça son autre main sur la bouche de la femme. Il commença alors à lui écorcher des morceaux de peau, finement, comme pour découper des tranches de saucisson. Elle tenta de hurler de plus belle, mais la main contre elle l’étouffait.
Et avec une petite voix douce, l’épouvantail continuait.

« Tu peux mordre, ça traversera pas mes gants. Concentre-toi. Allez.
Je vais pas répéter : Dis-moi où se trouve le Nexus. Je sais que t’as parlé avec ce sorcier à Stromdorf…
Tu crois que le temps joue pour toi ? Détrompe-toi. J’ai déjà fais craquer des gens plus solides que toi. Je connais la douleur. Pas toi, visiblement. »


Il tournait entièrement son dos à Isolde. Il fallait à la chevaleresse marcher ou courir une quinzaine de pas avant de l’atteindre.

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Isolde Tristan de Bérétis
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Re: [Isolde Tristan de Bérétis] Frères par le sang versé

Message par Isolde Tristan de Bérétis »

Telle une marionnette reliée au fil d'un dieu tourmenteur je remonte en selle abandonnant à son sort celui qui m'a sauvé, qui suis-je donc devenue pour fuir comme la dernière des lâches ? Mon pied talonne les flancs de Fresser, les rênes claquent légèrement sur son encolure afin que le roncin m'emporte loin de ce lieu maudit. Loin de ce Sigismond qui à ce moment là devient la personnification de mes tourments, la cible de ma colère que je pourrai frapper de mes poings jusqu'à ce que nos chaires éclatent et que son visage ne soit plus qu'une pulpe sanguinolente. Je ne sais combien de temps s'écoule avant que la raison me ramène à des sentiments qui sont naturellement les miens bien que l'amertume demeure présente, tapie telle l'araignée qui a tissé sa toile et attend patiemment sa proie.

Revenue à la réalité du moment je constate que nous nous sommes peu à peu enfoncés dans la forêt. Les fûts des arbres multi-centenaires se sont resserrés et tendent leurs branches vers un ciel maintenant à peine visible nous plongeant dans une pénombre qui laisse à mon imagination fertile nombre de suggestions inquiétantes. Le groupe demeure vigilant, le silence seulement perturbé par l'avancée du chariot dans lequel même les chiens paraissent en attente. Sur le point de briser cette tension plus que palpable c'est Pietro qui me devance partageant mes craintes.

« J'ai l'impression que cette forêt nous observe ... »
Dis-je d'une toute petite voix remontant le col de mon manteau non sans jeter de frénétiques coups d'oeil en direction du moindre son qui me parvient.

Une certaine agitation me gagne, je peine à reste sagement en place sur ma selle et c'est avec un soulagement non dissimulé que j'aperçois les premières cabanes du camp de bûcherons que nous devions rallier.

« Pourquoi ici ? Ils ne pouvaient pas s'installer en lisière de forêt. »
Exprimant mon ignorance du monde sylvicole.
« Le arbres sont différents ici pour que l'on brave ce … lieu. »

De grands gaillards nous accueillent, des hommes taillés dans les troncs sur lesquels ils s'échinent au quotidien, des bras aussi épais que mes cuisses, des poings de la taille de ma tête. Round d'observation avant les premiers échanges entre témoignages et explications. Échanges qui se terminent par le départ des deux Impériaux nous laissant ainsi seuls avec une partie de cette communauté.

Moment qui va me paraître bien long.
« C'est moi où ils nous détestent particulièrement ? »
Propos que je finis par exprimer à voix basse, guère habituée à être dévisager avec autant de ressentiment dans le regard. Question plus rhétorique qu'autre chose je comprends qu'il vaut mieux garder le silence et patienter sagement jusqu'au retour de nos employeurs ou autrement dit « Sois sage et tais toi ». Comme un goût de déjà vu.

Retour qui finit par survenir, sous la houlette du shérif la battue est organisée et quelques explication nous sont données durant la prière à Taal. Au vu des indices recueillis la théorie de la fugue reste envisageable même si le lieu ne se prête guère au départ d'un enfant seul alors nous voilà à surveiller le comportement d'une poignée d'individus chacun. Je dois dire que je l'aime bien cet homme de loi même si il nous considère que très peu, pragmatique, il connaît et fait le job avec sérieux. Encore une fois j'hésite à dévoiler mes propres informations mais décide une nouvelle fois d'attendre, il se pourrait que je ne trouve jamais le bon moment qui semble s'éloigner au fil du temps qui passe.

Ma poignée se compose d'une femme, d'un homme à l'âge certain, de deux gaillards et aucun ne paraît bien disposé à mon encontre. Je tente bien de briser la glace comme on dit, je me présente, échange quelques mots, mots qui se heurtent à un mur pourtant j'aimerai savoir si … « Vous n'auriez croisé aucun groupe d'inconnus récemment dans … les environs ? Peut être une femme parmi eux. »

J'avoue que rapidement je ne suis plus vraiment à ce que je fais. Ai-ce moi ou fait-il de plus en plus froid ? Un mouvement là !! Dans les buissons. Ma main se porte de plus en plus fréquemment à la garde mon épée, les sons proches sont amplifiés alors que les échos de la battue deviennent de plus en plus lointain. Chaque pas me demande une débauche d'énergie qui m'épuise et me ralentie, sans même évoquer la sueur qui commence à perler le long de mon échine, je peine à garder le rythme de leur progression.

« Le problème … ? Je …. Heu …. »
Mes paupières battent, je chasse la sueur de mes yeux, reprend ma respiration devenue haletante.
« On … on s'éloigne non ? On devrait retourner par là … je crois. »
Indiquant une direction totalement approximative à l'homme qui me donne l'impression de vouloir me laisser planté là.

Je ferme un instant les yeux, rien qu'un instant, le mètre qui me sépare devient une dizaine, une vingtaine. « A … Attendez …. »
Ma voix n'est qu'un soupir, à moins qu'ils ne veuillent se débarrasser de moi, je le lis dans leurs yeux, je suis la lumière qui perce les ténèbres, je suis …. je suis …. je suis seule …

« Où … où êtes vous …. ?!? Où …. où …. »
Gauche, droite, devant, derrière, des troncs, encore des troncs, toujours des troncs, ils se rient de moi, ils tendent leurs doigts griffus, dissimulent dans leur ombre les coupables de ces méfaits et leurs noirs desseins.

A gauche, les chiens, j'accélère, trébuche, me redresse, le visage écorché par les ronces. Puis à droite , non de nouveau à gauche, j'erre perdue, le cœur battant à un rythme effréné, je sue comme une vache et pourtant je suis transie de froid. Ma lame sort de son fourreau, je la brandis contre d'invisible ennemis, dernier rempart derrière lequel je me réfugie.

« Non tu m'entends je ne crèverai pas ! »

La forêt se resserre toujours plus, elle m'avale moins l'intruse en ce lieu oublié de tous.
La vie elle même à déserter cet endroit maudit, pas après pas je progresse vers … un cri ? Des voix ? Est-ce donc encore une illusion de mon esprit ? Je m'approche, m'interrogeant l'origine de ces bruits bien incongrus, pourtant la scène qui se joue bientôt sous mes yeux donne corps à ce que je prenais pour une invention de mon imagination.

Et pourtant je peine à le croire, qui sont-ils ? Pourquoi ? Un nexus ? La femme de Stromdorf ?
Tout ça est plus que confus, je nage en pleine délire mais la séance d'épluchage me fait prendre une décision bien hâtive qui j'espère ne s'avéra pas être une catastrophe par la suite après tout seule l'émotion me guide...

L'homme absorbé par sa tâche je déboule des buissons arme au clair tel un sanglier, prête à le terrasser d'une seule charge …
Isolde de Bérétis / Trisan BlancheBise, Chevalier du Graal
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 10 | Tir 8 | Foi 0 | Mag | NA 1 | PV 65/65
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isolde_de_beretis
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