[Isolde Tristan de Bérétis] Frères par le sang versé

Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 22 nov. 2019, 18:35

Tandis que le bel aubergiste était occupé à discuter et rire assez fort avec Lalande et le moustachu inconnu, un deuxième jeune garçon, de début de la vingtaine, tout blondinet lui, apparaissait de derrière le comptoir avec un magnifique sourire aux dents blanches éclatantes à offrir à Isolde. Mais lorsque celle-ci, en baragouinant les deux-trois expressions de reikspiel qu’elle était parvenue à acquérir au cours de ses conversations et des cours de Lina ces derniers jours, demanda un verre de vin, le blondinet eut une mine écœurée qu’il fit disparaître en se mettant à avoir un petit rire sympa.

« Du vin ! Du vin ! Qu’est-ce qu’il faut pas entendre ! On vend la meilleure bière de l’Empire et elle veut du vin !
Ces Bretonniens ! »

Il s’éloigna et se leva sur la pointe de ses pieds pour ramasser une bouteille si poussiéreuse qu’il dût souffler dessus : Visiblement, ce n’était pas l’alcool préféré du coin.

« Une pistole pour dormir la nuit, bain et petit-déj inclus. Si vous voulez que le bain, je peux vous faire un prix à deux sous. On offre le savon mais pas l’accompagnement : Si vous avez besoin d’un garçon vous devez le ramener et payer pour lui. »

En entendant cette réflexion, les trois hommes qui discutaient entre eux juste à côté s’arrêtèrent soudainement pour regarder Isolde. Le beau tavernier avec un sourire suave en coin, le moustachu écarquillait grand les yeux, tandis que Lalande était bouche bée. Le blondinet leur héla quelque chose qu’Isolde ne comprit pas en reikspiel, et ils se remirent lentement à discuter.

Tandis qu’Isolde retournait s’installer, elle put observer comment au bar, le blondinet parlait à l’homme à la tenue un peu étrange qui broyait du noir devant des liasses de papier. L’homme leva le museau de son verre et regarda Isolde ; Il parut soudainement paniqué, ce qui fit rire le blond.
Au bout de quelques minutes, il rassembla péniblement ses affaires, faisant tomber des crayons et des petits outils métalliques partout autour de lui, l’homme n’était visiblement pas bien adroit de ses mains. Il se saisit d’un verre et s’approcha d’un pas peu assuré vers la table d’Isolde.

Il devait avoir quelque chose comme vingt-cinq ans, pas beaucoup plus âgé qu’Isolde. Barbichette noire sur son visage, yeux bruns au regard hautain, un joli poignard et un tas de rôles de parchemin repliés ceignant sa ceinture. Il portait sur lui des médaillons et des sceaux que la chevaleresse n’identifiait pas du tout – ce n’étaient pas des insignes de chevaliers.

« Bonjour ma damoiselle », fit l’homme avec un petit ton et une voix nasillarde assez désagréable à l’oreille : il paraissait un peu timide. « Heu… C’est pas commun de se faire offrir un verre, surtout par une femme…
Puis-je quelque chose pour vous ? »

Il indiqua le siège vide devant Isolde, et se permit de s’asseoir.

« Ah et heu, merci. Je voulais dire. J’aurais dû commencer par là. Excusez-moi… Oui, merci pour le verre... »

La force de l'habitude. Entendre quotidiennement à mes oreilles les douces sonorités de ma langue natale a quelque peu altéré ma situation en terre étrangère. Le regard de l'aubergiste alors que je débute en bretonnien avant de passer en Reikspiel aussi incertaine dans mes formulations qu'un enfant. Cependant nos leçons quotidiennes portent leurs fruits même si mon interlocuteur doit deviner les rouages de mon esprit à l'évocation de certains termes.

Chambre... nuit ... repas ... bain ... ok.
Accompagnement ?
Hoooo compagnie !

Le rose me monte aux joues sous le regard de quelques clients avant que je ne baragouine un refus pour le supplément et reparte mon verre en main reprendre place à ma table non sans laisser la pistole demandée. Il faut bien avouer que l'idée même de dormir dans un lit et des draps m'a immédiatement convaincue à moins qu'on ne reparte dès ce soir en direction du campement chose sur laquelle je ne me suis pas renseignée auprès de Weber.

Une gorgée de ce vin plus loin j'observe du coin de l'oeil, de celle qui ne s'intéresse pas mais quand même (on notera la discrétion), l'échange entre le tavernier et l'étrange bonhomme. Sa réaction est éloquente, encore un homme que je vais faire fuir et ce denier sans même lui parler, je deviens vraiment compétente en ce domaine peut être la piste d'une reconversion possible. Frappé de ma présence diabolique le voilà entrain d'éparpiller ses affaires aux quatre vents qu'il s'empresse de rassembler pour gagner la so .... ma table !?!

Prise par surprise je n'ai le temps que de me redresser sur ma chaise non sans me poser quelques questions sur des détails très particulier de sa tenue.
"Bonjour Monsieur ..."

D'une invitation de la main je réponds à sa demande implicite de prendre place.
"Pardon je .... mon Reikpiel pas .... bon."
"Tu as voulu lui parler maintenant démerde toi avec ta poignée de mots sans syntaxe."
"Moi Isolde et .... vous ?"

Réponse donnée je reprends.
"Je aime pas ... boire seule et vous euh ... seul aussi avec .... petite tête ...."
"Non tu n'as pas une petite tête, enfin pas au sens littéral."
"Vous faire quoi ? Si moi peux demander."
Désigne les outils et autres papiers.
"Beaucoup affaires... pas .... pas ... commune."

Super choix, j'aurai pu passer un moment avec un paysan du cru qui m'aurait parlé de ses salades mais il a fallu que ma curiosité me pousse en direction du savant du coin et bizarrement je n'ai pas appris astronomie en reikspiel.

Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 23 nov. 2019, 16:15

L’homme se mit à rougir légèrement lorsqu’elle lui indiqua qu’il avait une « petite tête ». Il força un petit sourire malaisé – ça se voyait à dix lieues qu’il était pétri de timidité. Du bout des lèvres, il but le liquide de son godet, probablement une eau-de-vie pas chère, l’aubergiste ne lui ayant taxé qu’un sou pour le verre.

« Niklas Schulmann, je m’appelle. Magistère du Collège de Magie Céleste d’Altdorf. Enfin… Je ne suis pour l’instant qu’un… Qu’un apprenti, un acolyte, un… Un assistant. Je suis venu ici pour étudier la météorologie de la ville. La pluie. Pourquoi il pleut tout le temps. »

Il utilisait plusieurs synonymes et agitait ses mains comme un mime imitant quelque chose, sans doute pour aider à la compréhension d’Isolde. Ainsi, il avait fait un magnifique spectacle de doigts qui tombent vers la table pour mieux expliciter ce qu’était la pluie.

« Je crois que c’est lié à des… Des artefacts de magie, qui ont été dispersés avec le temps. Difficile à expliquer à quelqu’un qui ne s’y connaît pas, et je ne sais pas si ça vous intéresse…
C’est, vous voyez, avant ici, ça appartenait aux Elfes. Y a longtemps, très très longtemps. Puis, il y a eut la grande guerre entre les Nains et les Elfes, et les Elfes sont partis. Derrière eux, les Elfes aimaient bien mettre des sortes de… De grosses pierres, des pierres magiques, qui servent à canaliser les vents que nous manipulons pour lancer des sorts. Il est possible qu’une de ces pierres se soit brisée, par malveillance ou juste les dégâts du temps. Je pensais qu’il était possible de retrouver les morceaux de cette pierre pour les reconstruire, ça permettrait d’enfin arrêter la pluie et la foudre dans cette vallée.
J’ai échoué, malheureusement… Une femme est venue me voir, il y a quelques temps, en disant qu’elle pouvait m’aider, mais elle n’est pas revenue depuis que je lui ai parlé de mes théories sur comment retrouver les morceaux… Elle s’est volatilisée... »

Au souvenir de cette femme, peu importe qui c’était, son regard devint plus noir et se mit à se perdre dans le vide.

« Et vous, que faites-vous donc ici ? »

Alors qu’Isolde discutait avec le mage, elle nota quelque chose à une table à sa droite. Trois solides gaillards étaient en train de lire le journal, et ils n’arrêtaient pas de l’épier et de tenter d’écouter la conversation que la chevaleresse tenait avec le mage. Lorsqu’elle les regarda, ils détournèrent tous les yeux et firent semblant qu’ils n’étaient pas en train de la surveiller.
Mais elle savait que ces trois hommes avaient de mauvaises intentions à son égard.

Mes lèvres trempent à plusieurs reprises dans le verre censé contenir du vin, autant pour moi j'aurai évité commentaires et vinasse si je m'étais contentée de prendre de la bière.

"Enchantée faire connaissance Mr Schulmann."

De mon côté nombre de mimiques ou micro expressions accompagnent les dires de l'homme, beaucoup de mots me sont étrangers pourtant je me prends au jeu d'autant que de son côté il me paraît plutôt enthousiaste malgré sa timidité à partager son activité. De plus ce n'est pas tous les jours que je rencontre un mage en devenir à la recherche d'artefacts elfiques si j'ai bien saisis le sens global de sa réponse.

"C'est ... heu ... intéressant ... vraiment..."

Le lecteur fidèle notera que je manque cruellement d'intérêt moi qui d'habitude est si prompte à sauter sur toute chose un tant soit peu banale. Merde il tombe un déluge depuis je n'en sais foutre rien, je tiens le seul bonhomme qui s'intéresse au phénomène et qui relie l'affaire à de mystérieux objets appartenant aux fées !! Si je rajoute l'histoire de nécromant mon esprit est entrain de jouer une charge de cavalerie au cor accompagnée du fracas des sabots mais ...

Mais trois gaillards nous surveille, trois hommes qui allument des alarmes un peu partout, je ne sais pourquoi pour le moment alors je préfère garder tout mesure. Je m'étire, sourire poli à mon interlocuteur.

"Je ... voyage... souvent seule parfois ... hummm accompagné. D'ailleurs en parlant de ça ..."

Je me lève, sourire que j'espère légèrement séducteur aux lèvres, ma main se pose sur épaule avant que je ne me penche afin de susurrer ce que tous devraient prendre pour une invitation au pêché.

"Désolé pour ce ... jeu... on nous écoute .... faite moi confiance et suivez moi."

Direction le bar où je verse le surplus "compagnie" avant de passer au niveau de Lalande qui j'imagine me regarde d'un drôle d’œil et c'est en bretonnien que je passe priant pour que les plus proches oreilles ne captent pas ou ne comprennent pas.

"Les trois dans mon dos nous surveille, je sais que l'on a eu des différents mais si tu peux garder un œil sur eux. Je te dois des excuses que je te présenterai en bonne et dû forme."

Va t-il passer outre notre conversation précédente ? Je l'espère.
Un pas en arrière pour conclure d'une voix légèrement plus forte et houleuse.

"J'en ai plein les bottes de toute cette pluie et je souhaite un peu de compagnie !"

J'hésite à claquer des doigts pour appeler mon pauvre apprenti, finalement ma main se pose dans son dos pour l'inviter à passer en privé.

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[MJ] Neferata · Message par **[MJ] Neferata** » 27 nov. 2019, 13:21

Le magistère écarquilla grand les yeux, en même temps qu’il se mit à bêtement rougir. Il avait beau être un homme bien lettré, capable de canaliser les Vents de Magie qui tissaient l’atmosphère et formaient la fine pellicule entre le monde réel et l’immatériel, il ouvrit grand les yeux et eut la bouche légèrement bée alors qu’Isolde lui demandait bien sèchement de le suivre.

« Heu bah, heu bah heu, bah, heu… Heu ? »

Se laissant docilement faire, beaucoup plus abasourdi que séduit en fait, il se traîna jusqu’au bar avec une main dans le dos, l’autre tenant son étrange bâton que les sorciers adoraient trimballer partout avec eux. Lalande, qui était en train de rire aux éclats avec le moustachu étrange, se prit à froncer les sourcils et à regarder d’un air mi-dédaigneux mi-surpris l’Isolde qui revenait vers lui. Il écouta, en grimaçant.

« Mais qu’est-ce que tu racontes bordel de merde ? »

Il observa la table avec les trois messieurs qui étaient en train de se répandre en messes basses devant ce qui semblait être un journal imprimé, et plusieurs choppes de bières. L’enfant de Gisoreux grommela à lui-même, puis approuva d’un hochement de tête.

« Beh, moué. J’te fais confiance. Si tu m’dis qu’ils vont causer du soucis, j’les gardes à l’œil.
Le gros Weber d’vrait plus trop tarder, toute manière. »

Le tavernier brun regarda le sorcier avec un air dédaigneux – il paraissait presque déçu. Le tavernier blond, lui, empocha la pièce avec une mine bien malicieuse. Il ordonna aux deux de le suivre, Niklaus se laissant faire comme un mouton qu’on amène à l’abattoir, visiblement toujours incapable de comprendre quoi que ce soit à ce qui était en train de se passer, en plus d’avoir viré totalement au rouge.

Le blond ouvrit une porte grinçante dans l’arrière-salle, qui mena à un petit escalier qui craquait sous les pas. Une pièce très exiguë, beaucoup trop humide, mais toute cette putain de ville était humide. Il y faisait chaud, bouillant : Au milieu se trouvait un gros bac en bois rempli à ras bord d’eau, du savon grossier en cubes autour. Le blond passa sa main sur son front ; il y avait une telle chaleur résiduelle, que l’atmosphère prenait à la gorge, et qu’il suait déjà très distinctement, ses aisselles couvertes de transpiration. Pourtant, il jeta une gerbe de charbon dans une trappe sous le bac à eau, réchauffant ainsi un peu plus l’eau.

« Zavez de la chance, vous êtes les premiers à passer. L’eau sera propre. »

Il se dépêcha de remonter à l’étage en toussotant un peu, et ferma bien derrière lui. Isolde se retrouvait seule face au pauvre mage Céleste, qui visiblement était en train de se vider d’eau par tous les pores. Il était déjà en train de défaire les boutons de sa chemise, plus par nécessité que par langueur, et il soupira en haletant :

« Je n’imaginais vraiment pas être aussi séduisant… J’ai toujours eu du mal avec les femmes. Mais là, il y a cette dame qui vient me voir et qui m’embrasse, et maintenant vous… C’est vraiment une semaine bien étrange, par Illuminas ! »

Petite victoire mais victoire, je ne vais pas faire la fine bouche.
Convaincre un apprenti magister aussi timide qu'une jouvencelle lors de sa première danse et tiré un "Bé, moué" de mon compatriote, cela mérite presque une note dans de futurs mémoires mais nous n'en sommes pas là et au passage fort heureusement jugeant que j'ai devant moi encore bien de trop d'aventures à vivre.

Regard entre les deux tenanciers, quelques marches de bois et nous voilà dans une pièce à l'atmosphère que je pourrai qualifier de tropicale si j'avais la moindre idée de l'existence de ce mot, on se contentera donc d'imaginer un lieu où chaleur et humidité règne en maître. L'homme déverse un peu plus de charbon dans une trappe permettant de faire chauffer le bac d'eau qui est un véritable appel à la plénitude sans même parler du savon que j'imagine déjà chasser toute cette crasse qui me colle à la peau.

"Hummm une ... chance oui, merci bien."

L'eau est propre ! Vais-je finir par céder au chant de ce bain ?
Le tavernier parti voilà que mon zigoto commence à déboutonner sa chemise, chaleur de la pièce ou chaleur de ...

"Seconde fois qu'il mentionne cette femme, qui peut elle être ? Visiblement aussi intéressée que moi le concernant."
Mon regard croise le sien, je n'aime pas me jouer des gens ce n'est pas dans ma nature et j'espère qu'il ne me tiendra pas rigueur de cette petite comédie.

"Je ... Je suis désolée, nous étions écoutés par la table voisine dans la salle. J'ai dû "Stratagème ?" ... J'ai pensé qu'il était mieux de continuer dans un lieu plus privé. Vous ... comprenez ?"

Dieu qu'il fait chaud en effet, je commence à sérieusement transpirer de mon côté également. Ma main chasse quelques perles de sueurs de mon front avant de reprendre.

" Vous avez attiré du monde, ces hommes et cette femme travaillent sûrement ensemble et s'intéressent à vos recherches. Je ne sais ce que vous lui avez dit mais je crains que..."

Le pauvre me fait presque de la peine.

"Ecoutez, si vous m'expliquez un peu plus ce qu'il en est je pourrai peut être vous aider non ? Si vous avez raison et que nous réussissons cela sera le début d'une belle carrière au sein de votre collège à n'en pas douter."

[MJ] Neferata · Message par **[MJ] Neferata** » 30 nov. 2019, 17:20

Le mage Céleste ouvrit grand les yeux et la bouche, avant de se gratter sa barbichette.

« Je ne suis pas sûr de comprendre quoi que ce soit à ce que vous raconter. Quels hommes ? Vous voulez dire ceux qui lisaient le journal à côté de nous ? Mais ils ont rien à voir, ils viennent de Stromdorf ! »

Il soupira, en murmurant plusieurs choses incompréhensibles – cela se voyait qu’il se dépatouillait comme il pouvait en reikspiel pour tenter de tenir une conversation un minimum compréhensible pour Isolde.

« Comme je vous l’ai dis, je pense qu’avant, il y avait pas loin d’ici une relique Elfe qui servait à canaliser les vents de magie. Ces vents se baladent librement sur la Terre, avec souvent des résultats assez terrifiants sur la faune et la flore. J’ai réussi à découvrir dans mon collège un rituel, qui m’aurait normalement permit d’identifier où les morceaux de la relique ont bien pu être disséminés : Malheureusement, le rituel semble avoir échoué, et je me retrouve à nouveau à la casé départ, bien embêté…
Il y a… Moué, bientôt deux semaines, que cette femme est venue. Elle me disait elle aussi être une magicienne, et me l’a en effet prouvé par l’utilisation de sortilèges. Elle m’a dit faire partie du Graue Orden von des Magieakademie, mais je pense qu’elle mentait, elle devait être une magicienne ungesetzlich… Oder, eine Maiden ? Peu importe. Elle était très intéressée par le rituel, et a décidé de le tenter à nouveau, avec moi. Elle a emprunté mes notes de recherches, et m’a dit qu’en fait, loin d’avoir échoué, j’avais en réalité surchargé les reliques disséminées de magie, à distance ! Elle m’a dit que j’étais un génie, puis elle a décidé de partir vers l’un de ces morceaux, en me promettant de revenir afin que nous terminions le puzzle et retrouvions l’origine des vents qui perturbent la météo. Je l’aurais bien accompagnée, mais elle avait des hommes bizarres avec elle, des types bien armés. Je crois qu’il y avait un chevalier de votre pays dans le lot, d’ailleurs. Ils sont partis vers le nord, dans les bois de la Reikwald.
Maintenant je l’attends patiemment, elle me manque beaucoup. »

Il prit une petite pause.

« Mais alors, vous allez pas prendre un bain avec moi ?! »

"Oui ceux-là même. Peut être me suis-je montrée méfiante mais ils paraissaient que trop intéresser par notre conversation. Pouvez-vous seulement imaginer que votre ... histoire ait attiré la convoitise ?"

Et dire que je me trouve crédule ! A moins que je ne vois le mal partout le pauvre homme est d'une naïveté bien supérieure à la mienne.
L'esprit déjà bien occupé, non seulement concentré sur les mots que nous échangeons mais aussi à mettre le doigt sur les potentiels protagonistes évoqués je ne peux que rester pantoise à la présence d'un chevalier Bretonnien dans ce mic-mac.

"Que .... Quoi ?? Un chevalier ?!"

De nouveau j'éponge de ma manche les gouttes de sueurs qui envahissent maintenant mon front et collent quelques boucles rebelles sur ma peau.

"Heu ... attendez on va reprendre s'il vous plait.
C'est quoi vos ... comment avez vous dit .... ungesetzlich… Oder, eine Maiden ? Vous avez ou elle a... hummm... lo ... trouvé les morc... bouts ? Où dans le Nord ? Le forêt est vas... grande...."

Mille et une question se bousculent, ma langue fourche sur les mots, mon esprit s'embrouille je pédale dans une mélasse de plus en plus épaisse et bouillante.

"Désolée ... je ... trop vite.
Vous a-t-elle donné son nom ? A quoi ... hummmmm ... elle était comment ? Une ... un signe ?
Et le chevalier ...? Des ... *armoiries* des ... dessins sur ... bouclier ou ... bague ?"

Que faire ? Retourner au camp afin d'avertir le Capitaine pour une simple histoire qui mêle apprenti magicien et chevalier expatrié, enquêté plus avant, poussé l'homme dans ces retranchements, bluffé ...?

"Je ... je crains que vous ... n'ayez attiré de la concurrence déloyale. Vous avez donné à une inconnue qui pratique la magie le fruit de vos recherches, lesquelles vous auraient valu la reconnaissance de vos ... professeurs."

"Faite que sa soif de reconnaissance soit la plus forte."

"Si vous m'en dite le plus possible je pourrai ... vous aider, je cherche justement un peu de ... travail."
"Comment réclamer une poignée de pièces ... quelle déchéance."

"Marché conclu ?"

Remisant de côté l'histoire de ce bain que je ne compte absolument pas partager il va s'en dire.

[MJ] Neferata · Message par **[MJ] Neferata** » 03 déc. 2019, 21:49

Si le mage Céleste avait l’air particulièrement déçu à l’idée de ne pas pouvoir partager un bain avec la chevaleresse, il semblait également qu’il n’était pas plus convaincu par sa maigre proposition. Agitant très vivement la tête de gauche à droite, il grimaça, alors qu’il avait de plus en plus de mal à tenter de se faire comprendre dans un reikspiel rendu volontairement plus abordable par la répétition de synonymes.

« Tu parles de la magie comme si c’était du commerce, comme si c’était du vin qu’on échange. Ce n’est pas ça la magie, non, pas du tout ! C’est une affaire très sérieuse !
Elle reviendra, elle est forcée, elle n’a pas la suite du rituel. Elle est juste partie un peu en avant. Je ne vois pas de quel travail tu peux te charger, surtout que j’ai très peu d’argent. La poursuivre ? Allons, pour quoi faire ? De toute façon elle a une forte escorte avec elle. Des gens bien décidés. Ils étaient au moins une demi-douzaine, ce ne sont pas les hommes-bêtes de la Reikwald qui vont les embêter ! »

Il n’y aurait probablement pas de plus importantes informations à obtenir de lui, et il semblait de toute façon bien trop intéressé par le bain qu’Isolde lui avait payé.

Que la chevaleresse accepte ou non, de toute façon, il ne se révélerait pas plus causant. Remontant les escaliers en bois jusqu’à la petite porte, elle put retrouver toute la fraîcheur humide d’une ville où il ne cesse jamais de pleuvoir. Repassant devant les chambres d’hôtes, elle revint à l’étage de la grande salle de l’auberge, où les dispositions avaient été quelques peu modifiées : La chaise vide devant le feu était maintenant occupée par un solide gaillard barbu, couvert de haillons sales et de bottes boueuses, sirotant tranquillement une bière avec un beau chapeau à plume à côté de lui. Les trois personnes qui regardaient bizarrement Isolde étaient partis, tandis qu’au bar, tous les mercenaires de l’Averland s’étaient rassemblés autour de Lalande et de l’énigmatique homme moustachu : Frère Gerson, le gros Weber, Lina, Mohr, et les deux frères Estaliens s’étaient tous payés un verre, tous excepté le prêtre de Sigmar qui restait au garde-à-vous dans un coin.
Se rapprochant d’eux, Lalande la remarqua et la siffla pour qu’elle approche.

« Les trois types que tu m’as demandé de surveiller, je comprends pourquoi ils te mataient bizarre.
Ils étaient en train de lire une gazette d’Altdorf, qui a voyagé jusqu’ici. Va falloir que tu fasses gaffe à parler notre langue par ici. »

Il jeta le journal sur le comptoir, plié. Tout était écrit en reikspiel, et Isolde avait du mal à en comprendre les contours des lettres, mais enfin, il y avait là toute l’imagerie impériale : Les crânes, les croix de Sigmar, les gravures de presse représentant des héros mythiques aux torses musclés. Lina approcha sa petite tête et posa un doigt sur l’une des lignes. Elle mima les mots avant de traduire rapidement en bretonni ce que la chevaleresse devait avoir sous les yeux :

« Plus d’une dizaine de sujets de l’Empire ont été cruellement assassinés par des chiens fous venus de Bretonnie, et prétendant agir sous les ordres de leur seigneur du Royaume voisin, le dénommé Chlodéric von Grunère. Tel crime ne restera pas impuni, a juré Sa Majesté Impériale devant le Conseil d’État d’Altdorf assemblé ; Recevant la pétition de ses honorables bourgmestres et seigneurs de la marche du Reikland et d’Ubersreik, une semonce a été envoyée aux sires de Bretonnie. Le baron Yonec von Marsonie a été nommé par lettre patente de Sa Majesté Royale Louen pour parvenir dans les jours qui viendront à la cour de Sa Majesté Impériale pour représenter avec autorité… Comment c’est ce mot déjà ? Bref, on va dire, avec toute l’autorité de Louen la partie Bretonnienne et répondre aux accusations professées contre sire Chlodéric von Grunère. »

Lalande agita vivement la tête.

« La nouvelle du massacre va se répandre dans tout le Reikland. Ça va vouloir lyncher du Bretonnien, et comment leur en vouloir, après que des types aient violé des femmes et pendu des hommes ?
Espérons que ce bâtard, là, Yonec, règle les choses. Parce que sinon les seigneurs d’Ubersreik vont chercher la compensation pénale par la force, que Karl Franz le veuille ou non d’ailleurs. »

Les deux frères Estaliens étaient en train de parler dans leur langue natale avec le curieux moustachu : il était donc de leur nationalité à eux deux.
Mohr grogna quelque chose en reikspiel, qu’Isolde ne comprit pas trop.

« Weber est allé nous chercher du travail, sinon. Ils ont pas grand-chose à se mettre sous la dent, pour être honnête.
Paraît que les gobelins au sud font chier, alors ils recrutent des gars pour aller buter un peu de peaux vertes. Ça devrait nous intéresser, on va se rassembler et y aller. On va se concentrer sur ce contrat en priorité.
Le bourgmestre Adler semblait aussi inquiet d’un truc qui a eu lieu dans la campagne. Un gosse qui serait disparu. Un patrouilleur impérial souhaite aller sur ses traces, mais il est tout seul parce que tous ses gars sont partis dans le sud traquer les Bretonniens qui ont commis des crimes sur la marche, histoire de surveiller la frontière, donc il cherche quelques types armés pour l’aider à se défendre des gobelins, des bandits et des hommes-bêtes. Mais c’est une affaire moins intéressante, pas sûr que Weber y mette plus de deux ou trois gars dessus.

Tu comptes rester dormir ici ou tu rentres avec nous ? »

La discussion tourne court et malgré mon désir d'en apprendre plus sur les personnes croisées je finis par lâcher le bout de gras. Chaleur, moiteur, barrière de la langue, un certain agacement qui se fait jour, autant de facteurs qui me font détourner les yeux le temps de prendre ma décision concernant la suite à donner.

"Bien ... bien ... désolée de vous avoir fait perdre votre temps dans ce cas. J'espère que vous avez raison et que votre amie reviendra, néanmoins dans le cas contraire je reste intéresser, sachez le."

"Juste partie en avant, pffff."

Bras croisés sur la poitrine je lui enlève le dernier doute qu'il pourrait avoir concernant la conclusion de notre échange, l'étrange petit bonhomme finit par sortir et me laisse ainsi seule avec une baignoire d'eau accompagné d'un bout de savon. Mes doigts s'égarent sur le rebord en cuivre, légère hésitation avant de me décider après tout pourquoi laissé passer l'occasion de prendre un moment de détente. Telle le papillon qui sort de sa chrysalide, bien que j'aurai pu évoqué l'image d'un vers bien moins flatteuse, je me tortille donc pour me débarrasser de ma tenue rêche et trempée afin de me glisser dans l'eau non sans un soupire de délectation. Un doux frisson me parcourt à cet instant et seul un vague bruit de fond de la salle commune me parvient, haaa non j'oubliais la pluie qui tombe sur le tuiles dont le bruit aurait tendance à me bercer. Les paupières lourdes papillonnent, mes doigts viennent courir (que le lecteur ne se fasse pas d'illusion) avec une certaine répugnance sur la cicatrice encore boursouflée de ma hanche me ramenant seulement quelques jours en arrière.

Brossac, André, les enfants, le Dogue, les nains, la mine et ses horreurs, le camp ... deux à trois semaines tout au plus, par la Dame j'aurai pu croire que des mois se sont écoulés. Cette fois mes paupières se ferment, combien de temps mon esprit dérive porté par cette chaleur avant que le visage de Piers ne s'impose. Son visage en lame de couteau, son regard inquisiteur rehaussé d'un nez en bec de rapace, un verbe toujours maîtrisé et détaché....

"Mais tu vas crevé oui !!"

Je sursaute, de l'eau vient se répandre sur le plancher de bois, une grande inspiration avant que je ne glisse dans la baignoire pour m’immerger tête sous l'eau tout comme les enfants peuvent le faire et ainsi chasser sa vilaine trogne de mes pensées.

"Va chier Piers !"

Quelques bulles s'échappent de mes lèvres, je refais surface avec le certitude qu'il me faudra bientôt combattre par le mot ou l'acier les fantômes du passé. La suite est un savonnage en bon et dû forme afin de récurer les parties quelque peu oubliées par des toilettes rapides, non seulement je me débarrasse de la crasse mais également des petits aléas des derniers temps, chaque passage du savon c'est une amertume qui prend fin ou presque.

Séchage, peignage, remise en beauté, non j'exagère bien que je prenne un réel plaisir à ce moment que je m'accorde en tant que femme à part entière avant que je rejoigne la pièce principale propre comme un sou neuf et de réel bonne humeur malgré des vêtements guère agréables à porter après ce moment. Lieu qui c'est considérablement rempli depuis mon départ de par la présence quasiment complète il me semble de notre groupe. Je note également la chaise maintenant occupée avant que ... que ...

"Il me siffle ! Non ... ne gâche pas ce moment ... un roturier n'a pas de manière ... ouais enfin regarde toi ... chut !"

Sourire, je m'approche et hoche doucement la tête à ses mots.
"Merci pour la vigilance et le conseil."

Les excuses, bien que j'ai guère envie de les faire, viendront plus tard cela ne regarde que lui et moi alors je m'attarde sur le journal et certains noms me sautent à la gorge. Mon trouble doit forcément se remarquer d'ailleurs Lina vient à ma rescousse en traduisant bien mieux que je ne l'ai fait l'article cause de cette petite agitation intériorisée.

Dans ma tête je m'empare du journal, le déchire en mille morceaux en criant de "Fait chier putain de merde de saloperies ..." avant de balancer un tabouret dans les bouteilles derrière le bar pour les voir s'éclater. La réalité est tout autre, je déglutis une fois ou peut être trois quatre, de longues secondes s'écoulent avant que mon regard ne se relève pour croiser celui de la soeur et dire d'une voix hésitante, la seule chose qui se répercute comme un écho dans mon crâne ...

"Yonec von Marsonie ?"
"Bin oui même toi tu l'as lu... pas de doute ... "
"Les ... les nouvelles vont vite."

Ça aussi c'est très con comme remarque sauf que parfois vous êtes tellement sur le cul devant l'ironie du destin qu'il ne reste que ... bin pas grand chose.
Pour le reste je suis d'accord avec Lalande, il est clair qu'il ne va pas trop falloir être étiqueté Bretonnien dans les prochains temps et difficile de leur en vouloir en effet.

"Et bien trinquons à l'espoir, que ce Yonec réussisse."
"Il fait vivre paraît-il."
Mon gobelet s'entrechoque avec qui n'en veut bien que mes pensées soit auprès de celui qui par la loi est encore mon époux.

"Que va tu faire Chevalier de Marsonie ? Que va tu faire Yonec ? Pourquoi a t-il fallu que ça soit toi ?!? Es-tu si proche de notre bon Roy, de Chlodéric ? Qui es-tu devenu depuis tout ce temps ?"

Plongée dans ce marasme il faut bien l'évocation des enfants pour m'en tirer, chose d'ailleurs que je fais répéter à Lalande.

"Si il m'est possible de faire partie du petit groupe à la recherche de l'enfant je veux bien en être, après tout c'est comme ça que je suis arrivée jusqu'ici. D'autant que ceux qui sévissais de l'autre côté de la frontière devait venir dans la région. Même si cela n'a peut aucun rapport je préfère m'en assurer.

Chose que je demande d'ailleurs à notre trésorier.

"Herr Weber, je souhaite être dans le groupe de recherche concernant l'enfant pour des raisons évidentes si je le peux et que soeur Lina juge que mon bras est suffisamment remis."

Je solliciterai bien quelques renforts aux souvenirs de ce qui c'est passé, difficile de ne pas relier les deux affaires et par conséquence les dangers potentiels qui guettent le groupe mais chaque chose en son temps.

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[Isolde Tristan de Bérétis] Frères par le sang versé

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