[Geralt] Le mirage II

Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 28 mai 2019, 17:12

Übersreik, cette ville florissante du Reikland, avec ses grandioses portes fluviales et ses halles bourdonnantes d'activité. Idéalement placé au carrefour des routes et des voies d'eau, ce centre commercial de premier plan attirait à lui les voyageurs et les marchands de toute la région. Du col de la Dame Grise arrivaient des produits de luxe bretonniens tels que le vin et le cognac, tandis que des montagnes venait le minerai, et des forêts le bois d'oeuvre. L'importante communauté naine établie céans participait également à la richesse de la cité, dont les articles de ferronnerie était l'un des exports majeurs. Übersreik était, après Altdorf, l'endroit le plus animé de la province, avec ce que cela comportait d'avantages et de désagréments.

C'est là que Herr Oscar Schlinder, maître-verrier de son état, avait décidé d'écouler sa marchandise constituée de miroirs et de vaisselle. La classe bourgeoise montante de la ville était demanderesse de tels articles qui, parmi tant d'autres, permettaient d'étaler sa richesse nouvelle acquise aux yeux du voisinage. Pour se rendre à Übersreik depuis Altdorf, Herr Schlinder avait souhaité prendre la voie fluviale, plus rapide et économique. Mais c'était quelqu'un de superstitieux, et il avait consulté en cachette une voyante strygani qui officiait sur un marché de la capitale. A lui qui voulait s'assurer des auspices sous lesquels étaient placés son entreprise, on prédit une série d'avaries en chemin. Or sa marchandise était délicate, et le maître-verrier refusait de voir se briser sous ses yeux le fruit de centaines d'heures de travail. Il décida alors de louer deux mules, une charrette ainsi que la prestation de quelques spadassins qui les défendraient, lui et son valet Lukas, sur la longue route de la Reikwald. C'est ainsi qu'il s'attacha les services d'Otto, un mercenaire douteux et bruyant, et de Marcus. Ce dernier était tout l'inverse de son nouveau collègue : taciturne, sombre et taiseux, il portait un long manteau au bas maculé de boue, et une capuche assombrissant son visage fermé. Otto voyagerait sur la charrette aux côtés d'Oscar et Lukas, tandis que Marcus avait son propre cheval de selle.

Les premiers jours de voyage se passèrent sans encombres. Le petit convoi progressait sur la route traversant la Reikwald en direction de Bögenhafen et s'arrêtait passer la nuit dans les auberges-relais, aux frais de l'employeur. Il leur arrivait régulièrement de croiser d'autres marchands, des voyageurs, des processions religieuses ou des escadrons de Patrouilleurs Ruraux mais, en dehors de ces moments là, le trajet se faisait en silence, ponctué par les monologues vantards d'Otto et les petits cris d'Oscar lorsqu'une roue de la charrette passait sur une ornière et que sa cargaison émettait un vacarme de tintements.

Passé le bourg de Blutroch et son pont, un vagabond qu'ils croisèrent indiqua que la route était difficilement praticable pour une charrette au-delà à cause des pluies torrentielles de la semaine passée qui avaient creusé d'énormes nids de poule sur la voie. Otto conseilla alors de prendre un sentier parallèle à travers bois qu'il, disait-il, connaissait bien et était tout à fait sûr. Lukas objecta, mais Oscar préféra écouter le mercenaire plutôt que son valet, soucieux de préserver sa précieuse et fragile marchandise.

C'était évidemment un piège. A peine quelques lieues plus loin, le marchand et ses compagnons tombèrent dans une embuscade tendue par des bandits, parmi lesquels ils reconnurent le vagabond de la veille. Et cette saleté d'Otto était dans le coup aussi, puisqu'il dégaina son arme dont il se servit pour menacer l'artisan terrifié et son valet.

Mais c'était sans compter sur l'étrange Marcus. Herr Oscar Schlinder ferma les yeux et se blottit contre le dossier en bois de la charrette, mais il entendit distinctement le sifflement de l'acier, le claquement des pistolets et les cris étranglés. Lorsqu'il se redressa, tremblant de tous ses membres, ce fut pour voir le carnage sans nom qui s'était abattu sur les bandits, et Marcus qui se tenait là, debout. Dorénavant, le maître-verrier considérerait le garde avec autant de crainte que de respect. Et puis il se sentait en sécurité avec un tel guerrier à ses côtés, et c'est ce qui comptait. Après tout, ils ne furent plus inquiétés suite à cet événement.

Ils arrivèrent finalement à Bögenhafen, puis descendirent la route pendant cinq jours jusqu'à arriver à la porte Nord d'Übersreik, là où s'agglutinaient marchands et marchandises, et où se terminait le contrat de Marcus.

- "Je loue Händrich et Sigmar pour le succès de notre entreprise." s'exclama Oscar tandis que Lukas dirigeait la charrette vers le poste de péage à l'entrée de l'imposant corps de garde. "Mais c'est aussi grâce à toi si nous sommes en vie, Marcus." continua-t-il en se tournant vers le garde monté, la voix pleine d'une gratitude franche mouchetée d'hésitation. "Voilà ton salaire." Il lui glissa les dix pistoles convenues tandis que la charrette s'immobilisait dans l'épaisse file d'attente pour entrer dans la ville. "Où comptes-tu te rendre, désormais ? Tu sais, je connais des personnes ici qui seraient bien heureuses de pouvoir embaucher quelqu'un comme toi. Les gens ayant un sens aiguisé du professionnalisme sont rares de nos jours ..."

Message par **Geralt** » 30 mai 2019, 15:25

Altdorf avait délivré ces secrets au loup blanc, l'envoyant vers d'autres contrées et d'autres dangers, dans l'espoir de retrouver cette femme qui au fil des semaines continuait à empoisonner toujours un peu plus son esprit. Mais dans cette quête pour celle qu'il considérait et voyait comme la définition même du mot "innocence"... Le chemin emprunté par le chasseur de monstre était aussi sombre que dangereux, taché de sang, tandis qu'il laissait derrière lui, une trainée de cadavre considérable.
Tito était désormais dans l'autre monde, et avec lui, tout ce qu'il pouvait symboliser aussi... Pour autant, cela n'était nullement la fin de son empire, car à la manière du combat que menait le membre déchu de l'Ordre contre la non vie, celui de Altdorf contre la corruption et la pègre était également sans fin et éternel... Quand on coupait la tête d'un serpent, un autre venait prendre sa place... Les Trois Lys survivrait à Geralt à n'en pas douter.
Quoiqu'il en soit, cette confrontation avec la pègre n'avait pas laissé Geralt indemne... Et la survie de celui ci n'était lié qu'à son endurance, et à un médecin des bas fonds d'Altdorf, ayant accepté de le prendre en charge sans poser de question. Le service offert était des plus médiocre, mais avait le mérite de maintenir Geralt en vie...
Quoiqu'il en soit, l'attaque des Trois Lys, lieu assez fréquenté par les bourgeois et autres politiques en tout genre avait fait grand bruit dans la cité impérial. L'enquête fut mené, et de nombreux témoignages en tout genre furent recueillit : Guerre de territoire... Un homme en noir seul aux allures de démon... Un esprit vengeur désireux d'aider les femmes qui avaient été sous le joug du nain Tito... Histoires et légendes en tout genre que les vivants aimeraient à se raconter dans les tavernes de la ville autour d'une bonne bière... Quoiqu'il en soit, aucune version ne fut officiel, et puis, dans le même temps, les autorités locales n'avaient que faire du sort de Tito et ces hommes, tant que les Trois Lys était en mesure de continuer à leur fournir les nombreux divertissement qui avait fait la renommé de l'établissement... Une bien triste époque dans ce monde se disant juste et bon envers les faibles.
Mais cette effusion de sang pouvait ne pas être totalement sans conséquence, surtout pour Geralt qui, étant un fugitif, ne pouvait se permettre d'agir sans réfléchir. Le carnage des Trois Lys pourrait attirer bien des soupçons, comme auprès de légendaires et redoutables chasseur de prime, ou pire encore... L’œil du grand corbeau... Si affronter des brigands et autres rebuts de la société était une chose aisé, il n'en serait pas autant face à des membres de l'Ordre de la couvée du corbeau... Même avec les années, le grand conseil de l'Ordre n'avait pu oublier les crimes de Geralt, et auprès de ce groupe, le parjure était pire que tout...
Si pour l'heure, Geralt était encore un fantôme dans l'Empire, peut être qu'à un moment, il devrait se dévoiler à nouveau au grand jour... Lui qui pendant longtemps avait été considéré comme l'une des plus fine lame de l'Empire, avait aussi appris à craindre des gens au sein de l'Ordre dont on évitait de prononcer le nom... En effet si la plupart des équipes constituées par l'Ordre étaient spécialisées dans la traque aux vampires, certaines avaient des objectifs bien différents : A savoir traquer et retrouver tous les potentiels traitres de l'Ordre... Geralt serait il un jour confronté à pareil chevaliers ? L'avenir seul pourrait le dire...

Désormais Altdorf n'avait plus rien à offrir, et si le loup blanc prit le temps de s'équiper pour son futur voyage vers Ubersreik, il prit aussi le temps de changer légèrement son accoutrement, ayant des possessions, le rendant trop visible dans cette partie occidental du vieux monde. Arborant désormais un manteau de voyage dissimulant son armure des plus étrange, il prit aussi le temps d'enrouler son katana dans quelques morceaux de tissu, pour en cacher la lame et le manche, et pour ne plus la porter au niveau de son ceinturon, mais plutôt en bandoulière sur son épaule grâce à un morceau de corde, faisant ressembler le paquetage à un baluchon sans importance.
Il prit aussi soin d'acquérir une monture, un destrier noir lui fut confié, la bête étant jeune et fougueuse, mais pour autant, Geralt parvint à l'apprivoiser, le regard glacial de celui ci ayant suffit à dompter la bête.

Ce fut donc à dos de monture qu'il quitta la capital, en compagnie d'un dénommé Herr Oscar Schlinder, marchand de profession, et assisté par un dénommé Lukas. Oscar voulant emprunter la grande route pour rejoindre Ubersreik, celui ci avait fais le choix de recruter quelques lames à ces cotés pour assurer la tranquillité de son voyage et surtout la sécurité de sa cargaison. Geralt s'était présenté à lui sous le pseudonyme de Marcus, acceptant de l'aider pour trois fois rien, chose qui fit douter le marchand quand à ces compétences tant le loup blanc n'avait même pas cherché à lancer d'éventuels négociations quand à la récompense lié à son service... Pour autant, Oscar ne pouvant faire la fine bouche, accepta de l'embaucher, ainsi qu'un dénommé Otto, mercenaire à la langue bien pendu, et aimant se faire bien voir.
Ce fut donc avec le petit groupe, que Geralt s'élança comme autrefois sur les routes de l'Empire, en direction de sa futur destination et son prochain objectif : Reiner...
Huit jours... Ce fut le délai que prit le convoi pour rejoindre Ubersreik... Un voyage monotone où Geralt n'échangea que peu de mot avec ses employeurs, la tranquillité de la route impérial n'étant troublé que par les cris de Oscar aux moindres bruits suspects, où encore les histoires à dormir debout des anciens contrats effectués par Otto, où de ces conquêtes féminines, ne se limitant en vrai qu'aux prostitués qu'il aimait payer.
Geralt ne se faisait pas d'illusion quand aux ambitions du second mercenaire... il avait côtoyé bien trop de crapule au sein des Sentinelles pour ne pas en reconnaître une quand elle était sous ses yeux... Et ce qui devait arriver, arriva : Un piège fomenté par cet idiot vantard, avide de s'emparer des biens de son employeur pour accroitre son profit... Oscar et Lukas sur le moment avaient du se sentir bien bête, s'abandonnant aux désespoirs, à la manière des faibles, incapable de se défendre contre les forts... Mais le destin était de leur coté... Et tandis qu'ils fermèrent les yeux attendant la fin de leur existence, leur attente fut bercé par le bruit des détonations, le fracas de l'acier, et les cris des victimes... Lorsque Oscar prit son courage en main pour ouvrir à nouveau les yeux, cherchant à comprendre le silence qui venait soudainement de s'installer... Il vit Otto et sa bande au sol, mort et se vidant de leur sang avec au centre de ce carnage, l'homme dont il avait osé douter dès le début de ce voyage : Marcus...
Le chasseur de monstre s'était débarrassé de ces minables avec une facilité déconcertante, si bien que lorsque le maitre-verrier, l'observa avec attention, la lumière de la lune éclairant faiblement sa sombre silhouette, il ne put s'empêcher de se demander si ce n'était pas la mort elle même qu'il avait embauché.
Quoiqu'il en soit, ce bref incident avait été réglé d'une main de maître, et le dénommé Oscar se refusa à poser des questions, concernant le pourquoi du comment... Était il trop heureux que sa marchandise et sa vie ai été épargné ? Ou bien avait il soudainement appris à craindre celui qui s'était présenté à lui sous le nom de Marcus ? Personne n'aurait su le dire...

Le voyage arriva donc enfin à son terme, et le convoi se plongea alors en direction de la porte Nord de Ubersreik, se mélangeant aux nombreux convois marchands, qui avant de pouvoir écouler leur marchandise, devaient encore passer par les postes de garde de la cité, et payer les frais d'entrées servant à remplir les caisses du gouvernement en place.
Geralt reçu son paiement, signifiant que son contrat était terminé, tandis que Oscar se montra soudainement curieux sur l'avenir qui s'offrait à ancien employé dans cette ville qu'il allait fouler pour la première fois.

"Je viens ici retrouver une vieille connaissance... Vous êtes un homme respectable et sympathique Oscar... Mais... Croyez moi, pour votre sécurité et la mienne, je préférerai que vous ne disiez rien de notre contrat ni de ... L'incident... s'étant déroulé durant le voyage. Puis je compter sur votre discrétion ?"

En effet, ne sachant que peu de chose de cette ville, ni même des dangers qui pouvaient s'y trouver le mieux était de faire profil bas, et d'éviter toutes rumeurs sur son compte. Un mercenaire nouveau venu et capable de se débarrasser d'une bande de brigand à lui seul... Cela pourrait attirer l'attention de gens bien mal intentionné.
Durant ce voyage, Geralt avait longuement réfléchit aux informations offertes par Tito... Le dénommé Reiner était devenu prêtre... Une bien étrange reconversion pour un garçon ayant vécu toute sa vie avec une bande de voleur comme les Bienfaiteurs, aussi en ressassant ses souvenirs, le loup blanc se souvint que c'était à la foi de Ranald que le groupuscule s'était abandonné. Karla elle même lui en ayant parlé plus d'une fois quand il se côtoyait encore... Au sein d'une ville comme Ubersreik, de nombreuses divinités devaient être représentées, mais c'était autour du Dieu de Ranald que le loup blanc avait décidé de tenter sa chance... Mais une telle recherche saurait être bien compliqué, car en effet, si les adeptes du Dieu de la chance et du hasard étaient comme les Bienfaiteurs... Alors codes et autres langages secrets allaient être les défis qui allaient se placer devant la route de Geralt pour retrouver la trace de Reiner...
Attendant de passer la porte de la ville en compagnie de Oscar et Lukas, Geralt s'autorisa à questionner les marchands qui semblaient être déjà venu ici auparavant.

"Dîtes moi... Y a il un temple dédié au temple de Ranald ici quelque part en ville ? Si oui... Ou puis je le trouver ?"

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Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 01 juin 2019, 11:45

- "Un temple de Ranald ?" s'étonna maître Schlinder. "Eh bien, vous trouverez des oratoires qui lui sont dédiés éparpillés ça et là, j'imagine ... Dans une ville comme Übersreik, ce ne sont pas les voleurs, escrocs et bonimenteurs qui manquent !" Le marchand ne semblait pas tenir les dévôts du dieu des roublards en haute estime. "Quant au voyage ... c'est entendu, nous garderons cette affaire pour nous. Après tout nous vous devons la vie, alors c'est bien le moins que nous puissions faire. Que Sigmar vous garde, Marcus !" le gratifia-t-il enfin avant de s'éloigner en compagnie de son silencieux valet.

Geralt avait passé les portes de la ville en compagnie du maître-verrier et n'avait pas été inquiété outre mesure. Un agent municipal avait simplement relevé son pseudonyme après que le chasseur de monstres se soit acquitté de la taxe d'entrée. Il avait ensuite longé une artère bourdonnante pour laisser sa monture dans une écurie sise contre les remparts.

Il lui fallait désormais mettre la main sur des fidèles de Ranald, ce qui n'était pas chose aisée lorsqu'on savait que ce culte n'était en aucune sorte organisé comme celui des autres divinités. Chacun priait le dieu voleur avec pudeur, et il n'y avait ni clergé ni hiérarchie bien identifiée. Ses autels et oratoires étaient épars, souvent secrets ou cachés. C'était là un culte de la discrétion. Cependant, certains n'hésitaient pas à invoquer les divers noms du dieu à voix haute, notamment les joueurs que l'on trouvait dans toutes les tavernes du Vieux Monde. C'est donc par ces endroits que Geralt décida de mener ses premières recherches, sur les traces de Reiner.

Après de longues heures passées auprès de parieurs avinés et d'ordures de la pire espèce, le chasseur de monstres trouva finalement une piste : on lui dit d'aller voir un certain Geber Gutmann, docker de son état. D'après la rumeur, il vendait des pattes de chien et du savon de sorcière. La journée se finissait et le soleil tombait à l'Ouest, on indiqua alors à Geralt qu'il pourrait trouver le fameux Geber à la Bouilloire de Martha, une taverne au bord des quais.

L'endroit était relativement calme du fait de l'heure tardive. De grandes péniches étaient amarrées auprès des pontons en bois, sous l'ombre grandissante des roues de déchargement. Les quais étaient bordés de halles, d'entrepôts et d'établissements parmi lesquels se trouvait la Bouilloire, bâtiment à colombage dont l'insigne dépictait un chaudron débordant. Si Geralt y entrait, il trouvait là une clientèle locale faite de débardeurs et de charretiers parmi lesquels passaient quelques prostituées défraîchies. La tenancière était une grosse femme affreusement maquillée et dont la massive poitrine était posée à même son comptoir. Et coq dépenaillé dormait sur son épaule, la crête molle et tombante. La patronne crachait sur une chope pour l'essuyer avec un torchon sale tandis qu'un vieux, au fond de la sale, jouait un air criard à l'accordéon. Quelques matelots ivres chantaient, les autres poivrots jouaient aux cartes ou discutaient, attablés à de grandes tables communes. Personne ne sembla vraiment remarquer l'entrée de Geralt.

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Ce dernier intercepta une discussion parmi les autres.

- "... un vrai carnage j'vous dis ! Mórr me garde, à c'qui parait les mecs étaient étripés comme des gorets, l'boyaux dehors. Z'ont retrouvé le nain dans un coin, et sa tête un peu plus loin. Mon cousin Fed est arrivé d'Altdorf avant-hier, bah il m'a dit qu'le Reikerbahn ressemblait à un putain d'champ d'bataille entre les gangs. Les autorités sont bien remontée et elles sont sur la trace des ordures qu'on fait ça. Ils interrogent tout l'monde là bas, vaut mieux pas trop y traîner ... on dit même qu'un répurgateur et des sorciers veulent fout' leur nez dans cette merde."

L'homme fit interrompu par le grand brame du cor de la Tour de Magnus, qui indiquait la fermeture des portes fluviales de la ville pour la nuit.

Message par **Geralt** » 01 juin 2019, 15:39

Les réponses qu'apportèrent son ancien employeur ne furent d'aucune aide, en effet l'énonciation d'un potentiel temple ou lieu de culte en lien avec Ranald n'évoqua que peu de chose chez Oscar omis qu'il semblait exister, éparpillé en ville quelques oratoires destinés aux fidèles du Dieu de la chance et du hasard. Comme le loup blanc avait pu le craindre, retrouver la trace de Reiner, n'allait guère être une chose aisé, surtout si celui ci avait toujours des liens avec quelques sombres groupuscules de voleurs et autres truands des rues.
Quoiqu'il en soit, l'heure des adieux arriva entre Marcus, Oscar et Lukas, l'entrée de la ville leur fut fourni sans grande difficulté, et les gardes ne posèrent aucune question au loup blanc sur les raisons de sa présence en ville, celui ci n'opposant aucune protestation quand au fait de devoir payer son droit d'entrée. Les marchands le saluèrent, promettant de ne rien dire à son sujet et de ne pas énoncer son nom à de potentiels confrères en recherche d'une lame pour les défendre.

Ainsi donc Ubersreik s'offrit à Geralt, celui ci se baladant à travers les rues et ruelles de la ville, celle ci semblant posséder une activité commercial presque similaire à la grande capital de l'Empire. Pauvres, riches, estropiés, malades... Le paysage s'affichant devant son regard était ironiquement le même qu'il avait laissé après son départ de Altdorf... Croisant les yeux de quelques passants, il s'imagina pouvoir entendre leurs pensées, reflets de leurs angoisses : Une femme se demandant comment elle allait nourrir ces enfants ce soir, un homme vêtu d'or et d'argent et à forte corpulence recherchant la compagnie de quelques filles de joies pour dépenser son salaire, un sans abri observant la foule et jalousant tous ces êtres vivants ayant plus que lui...
Si seulement ils pouvaient comprendre... Si ils pouvaient savoir... Tous ces problèmes de la vie courante n'étaient rien face à l’obscurité grandissante là en dehors des murs de cette grande ville... Chaque personne qu'il croisait, s'endormirait sereinement cette nuit en sachant que tous problèmes réglés aujourd'hui, en apporteraient d'autres demains... Et pourtant, ils parvenaient à se satisfaire de leur piètre situation... L'humain s'était au fil du temps refermé sur lui même, pensant avant tout à sa propre personne... Et puis après tout, en cas de problème, les ignorants pensaient que tout pourrait se régler de soit même, comme si le fil du destin était déjà tracé...
Geralt savait lui... Les monstruosités tapis dans les bois là dehors... L'ombre grandissante dévorant tout sur son passage, et attendant son heure pour frapper... Il avait vu tant d'ennemi... Les marées de morts vivant en Sylvanie et sur le pied de guerre... Les terres sauvages infestés d'Orc avide de combats... Les souterrains du vieux monde infesté de vermine complotant dans le plus grand secret...

Voila l'avenir qui se présentait pour l'humanité : La fin des Temps... Et avec elle... Tous les problèmes disparaîtraient à tout jamais.

Voulant se détacher de ses sombres pensées, lui qui avait jouer le rôle de bouclier de l'humanité durant toute sa vie, se concentra à nouveau sur la seule et unique tâche importante à l'instant T : Reiner...
N'ayant pas de réel piste, il se décida à fouiller les quartiers pauvres de la ville, de tavernes en tavernes, à la recherche de quelques adeptes du jeu et autres pratiques en lien avec la chance. Il discuta avec de nombreuses personnes : criminels, voleurs, ivrognes... Certains refusant de le voir, d'autres bien plus aimable. Pour autant, Geralt n'usa ni de violence, ni d'intimidation, et à force de patience et de persévérance, on lui indiqua de se rendre auprès d'un dénommé : Geber Gutmann, qu'il pourrait trouver au Geber à la Bouilloire de Martha et qui serait susceptible de l'aider dans ses recherches.

Arrivant dans l'établissement dont l'ambiance semblait être des plus calme, la salle principal étant éclairé de manière très faible, et grâce à quelques bougies disséminées ici et là. Entrant dans le calme, l'arrivée du loup blanc ne fit qu'attirer quelques regards sur lui, avant que tous ne s'en détache pour voguer à leur diverses occupations, à savoir se noyer dans l'alcool où tenter de s'attirer les faveurs des prostitués présentes.
Se dirigeant vers le comptoir où la tenancière et patronne semblait terminer de nettoyer quelques ustensiles, quelques conversations attirèrent l'oreille du loup blanc, quelques ivrognes échangeant sur un sujet qui ne lui était en rien inconnu...

Ainsi donc les rumeurs à la manière d'une trainée de poudre portée par le vent, était déjà parvenu jusqu'ici... La mort de Tito et de ces hommes avaient fais grand bruit, si bien que les autorités locales semblaient faire face à une nouvelle guerre de territoire entre gangs de la ville... La chose étant prévisible, les plus fort cherchant à emporter la part du gâteau dont avait été responsable Tito durant des années. Si dans un premier temps, les informations entendu n'apportèrent que peu de chose à Geralt, l'une d'elle par contre... Avait toute son importance : Un répurgateur et des sorciers semblaient s'être emparé de l'affaire pour diverses raisons... Travaillaient ils ensemble ou bien de manière séparé ? En tout cas une telle alliance n'avait rien de commun, quand on connaissait les différents qu'avaient les deux professions cités... Dans tous les cas, Geralt devait envisager qu'on pouvait déjà être sur ces traces maintenant, de fait la discrétion était de mise, et le loup blanc allait devoir redoubler de prudence.

Se détachant des rumeurs et racontars circulant dans la salle, le loup blanc vint à la rencontre de la patronne de la Bouilloire de Martha, sans aucun doute la personne la plus apte à le renseigner dans ses recherches.

"Madame..." Il la salua d'un signe de tête"Je suis à la recherche d'un homme dénommé Geber Gutmann... On m'a indiqué que je pourrai le trouver ici.

Mais ne s'attendant nullement à une réponse franche de la part de la jeune femme, qui comme tout le monde devait se méfier des étrangers, le loup blanc étant à la recherche de fidèles de Ranald, joua au jeu du Dieu du hasard et ajouta ces mots dans le but de provoquer une potentiel réaction :

"J'ai quelques questions à lui poser... Je suis un ami des Bienfaiteurs..."

En énonçant le nom du groupuscule, le loup blanc espérait ainsi éveiller la curiosité de quelques oreilles indiscrètes, et peut être même celle de la personne qu'il était venu chercher ici dans cette taverne.

Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 02 juin 2019, 22:56

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La grosse tenancière regarda Geralt s'avancer vers son comptoir. Loin d'être une jeune femme, elle avait plutôt l'air d'être une poissonnière obèse et pas de première fraîcheur. Son fard à paupière était d'un bleu vif et montait jusqu'à ses sourcils dessinés au crayon, lui donnant l'air d'une grenouille flasque.

- "Geber Gutmann tu dis." répondit-elle en avisant le Loup Blanc du regard, une moue peu convaincue lui tirant le visage vers le bas. "P'têt' bien." Elle cracha dans une autre chope qu'elle astiqua énergiquement, faisant s'agiter le coq déplumé juché sur son épaule. "Et tu lui veux quoi, à Gutmann."

Dans le dos de Geralt, le bruit des bancs et des chaises qu'on tire. Plusieurs personnes se levaient, ce qui n'augurait rien de bon. En effet il suffisait au chasseur de monstre de se retourner pour voir cinq des clients qui s'étaient approchés de lui, l'air patibulaire.

- "Ouais hein, tu lui veux quoi à Gutmann."

L'accordéoniste s'arrêta de jouer.

Message par **Geralt** » 03 juin 2019, 03:10

La tension monta d'un cran lorsque prononçant le nom de Gutmann, quelques clients se levèrent de leur chaise s'avançant lentement en direction du loup blanc, avec des mines graves qui n'augurait rien de bon. Il semblait que l'homme recherché par Geralt possédait un fan club qui n'était nullement disposé à divulguer quoique ce soit le concernant.
Jaugeant la situation et se retournant pour faire face à tout ce beau monde, le chasseur de monstre semblait pour autant des plus détendu, posant ses coudes sur le comptoir de manière nonchalante.

"Cela fini toujours comme ça ,'est ce pas ?..." Dit il d'un air résigné.

Ne sachant rien de Gutmann, le chevalier déchu restait pourtant persuadé de la possibilité que l'homme en question était également dans la salle, mélangé aux quelques clients encore en place sur leur chaise, observant la suite des évènements, tandis que dans la salle principal, la musique avait laissé place à un terrifiant silence, potentiel synonyme du calme avant une tempête. Une mauvaise réaction de la part du loup blanc, et peut être ne pourrai il jamais trouver l'homme susceptible de le guider vers Reiner.
Tandis qu'il cherchait à comment il allait pouvoir calmer le jeu, la tranquillité de son esprit fut soudainement perturbé par un bourdonnement atroce raisonnant dans ses oreilles, qui laissa bientôt place à de nombreuses voix sinistres retentissant en lui. Au début totalement incompréhensibles, leur message devint de plus en plus clair au fur et à mesure des secondes qui défilèrent...

*Tue les tous... Tous, tous, tous... Ils veulent t'empêcher... Ils sont là pour t'arrêter... Laisse la colère... La haine... Karla... Karla... Abandonner... Loup blanc... Tuer, tuer, tuer...*

Soudainement il sentit monter en lui cette même colère qui l'avait poussé à tuer Tito de sang froid quelques jours plus tôt. Devant lui, ces clients innocents devinrent peu à peu des cibles à abattre, son esprit voulant se persuader qu'ils étaient de mèche avec ce maudit destin, qui semblait absolument vouloir empêcher Geralt de retrouver Karla.
L'idée de négociation s'évapora peu à peu, et déjà il s'imaginait les différents scenarios pour se défaire des différents hommes voulant se dresser face à lui... Gorges tranchées, têtes sectionnées, hurlements d'agonies et sang giclant dans la salle... Il visualisa le potentiel paysage qu'il allait dessiner une fois sa lame dégainée...

Mais peu à peu... Une autre sensation s'empara de lui : la peur... La même peur qu'il avait ressentit au moment où il avait réalisé dans les bains privés du nain Tito, l'ampleur du carnage qu'il avait provoqué, simplement pour assouvir quelques pulsions meurtrières, répondant à l'appel de celle dont il semblait prêt à tout dans le seul but de pouvoir la revoir une dernière fois.
Cette sombre part de lui même... La non vie avait tenté par le passé de l'éveiller en lui... Le maître Vampire Agabius s'y était risqué... Et à l'époque, ténèbres et pouvoir lui avait été proposé, dilemme qu'il avait refusé craignant le monstre qu'il aurait pu devenir... Et pourtant aujourd'hui, alors que son horloge de vie arrivait à son terme, voila qu'il se laissait peu à peu replonger dans ces anciens vices...

Non... Non... Non !!!
Tout ceci était derrière lui maintenant... Il était seul maître de ses choix, et c'était de lucidité et non pas de colère dont il aurait besoin si il voulait parvenir à réaliser son ultime objectif.
Tentant de se ressaisir, chassant les sombres pensées qui avaient tenté de le faire flancher, il tenta de montrer patte blanche pour éviter une bagarre sans intérêt.

"Geber Gutmann !!!" Hurla t'il soudainement dans la salle."Y a t'il un homme portant ce nom ici ?!"

Il marqua quelques secondes de pause, en attente d'une potentiel réponse de son possible interlocuteur

"Je ne suis ni un soldat, ni un bandit, ni une menace... Je veux simplement discuter... Je cherche un prêtre... Reiner qu'il s'appelle. On m'a dit qu'un certain Gutmann pourrait peut être m'aider à le trouver..."

Laissant à nouveau le silence planer dans l'assemblée, il s'adressa désormais aux quelques clients s'étant levé face à lui, soulevant son manteau de voyage pour laisser voir sa taille, où pendouillait ses deux revolvers.

"Comme je l'ai dis, je ne suis pas ici pour me battre, simplement pour parler... Si ma présence ici n'est nullement toléré, alors je suis prêt à partir sans histoire, je trouverai quelqu'un d'autre susceptible de me venir en aide ailleurs. Maintenant..." Son regard devint soudainement bien plus froid, une sorte d'aura menaçante émanant de lui "Si certains veulent jouer les héros ou les durs... Alors qu'ils se préparent à mourir inutilement ce soir, sans jamais avoir eut la chance d'observer une dernière fois le soleil se lever. J'entends déjà des veufs pleurer leurs maris, où des amis se lamenter dans leur désespoir simplement parce que... leur camarades n'auront pas eu la jugeote de simplement retourner s'asseoir sur leur chaise, et de continuer à siroter leur verre tranquillement en cette belle et calme soirée...

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Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 03 juin 2019, 17:32

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Les paroles du Loup Blanc firent leur effet sur l'assistance, car pas un des hommes ne s'avança vers lui. Ils se contentèrent de rester plantés là avec une attitude menaçante, mais visiblement hésitants sur la suite à donner.

- "On aime pas les trublions comme toi ici, étranger. Tu ferais mieux d'partir sur tes deux jambes tant que tu l'peux encore." grinça la tenancière derrière Geralt.

Si ce dernier se retournait, il pouvait voir que la grosse femme venait d'attraper un vieux tromblon sous son comptoir et qu'elle le pointait désormais sur lui. Mais un autre client se leva dans un crissement de chaise et s'avança, écartant les gros bras qui venaient de prendre à parti le chasseur de monstres. C'était un homme joufflu aux habits simples, hormis son gros nœud lavande usé par le temps.

- "C'est bon ma grande, je m'en occupe." La patronne baissa son arme. "Je suis Geber Gutmann." dit-il avec son air sévère. "Les Bienfaiteurs ne sont plus depuis longtemps. Reiner veut juste vivre tranquille sans qu'on l'emmerde. Et toi t'as l'acabit des gens qui traînent les emmerdes avec eux. On les connait, ceux là. Ils viennent, ils posent des questions, ils s'en vont, puis y'a quelqu'un qui meurt. Martha a raison, c'est mieux si tu pars d'ici. On a rien a te dire." Il croisa les bras sur son ventre bedonnant, auscultant le Loup Blanc du regard.

Message par **Geralt** » 04 juin 2019, 00:51

Les menaces du loup blanc à l'égard des différents clients s'étant dressé face à lui avaient semble il fait mouche, leur regard menaçant et déterminé laissant désormais place au doute, face à cet homme se dressant seul contre la masse. Ses revolvers toujours bien en vue de tous, Geralt resta songeur tandis qu'il attendait une réponse à l'appel qu'il avait lancé à destination du fameux Gutmann.
Mais ce fut la patronne derrière le comptoir qui brisa le silence, sortant un vieux tromblon qu'elle pointa en direction de l'étranger aux cheveux blanc adoptant un air menaçant et arborant un regard traduisant qu'elle était prête à se servir de son arme à la moindre folie du chasseur de monstre.

"De plus en plus charmant… J'aurais préféré une bière…"Soupira il

L'enchainement des évènements supposant un potentiel futur bain de sang, fut interrompu par un homme se détachant alors de la masse, écartant toute personne de son chemin tandis qu'il se dirigea vers le loup blanc le plus sereinement possible, tout en arborant un visage renfermé et un regard méprisant envers celui qui avait dérangé sa tranquillité.
Geber Gutmann se présenta enfin, sans pour autant offrir un accueil à Geralt plus aimable que ce qu'il avait reçu des autres depuis son arrivée à la Bouilloire de Martha. L'homme à forte corpulence et dépassant presque d'une tête le loup blanc, lui intima de partir sans faire d'histoire, n'ayant ni la patience, ni l'envie de répondre aux questions d'un homme qu'il voyait comme une éventuel source de problèmes en tout genre. Mais dans ces paroles, le nom de Reiner fut mentionné, détail qui suffit à Geralt pour comprendre qu'il était bien au bon endroit pour retrouver la trace de l'ancien membre des Bienfaiteurs.

Fouillant dans son manteau de voyage, il extirpa un pistole d'argent, qu'il lança dans les airs, la faisant tournoyer avant de s'en saisir, gardant la paume de sa main refermé autour, ne dévoilant pas la face sur laquelle le hasard l'avait fais tomber.

"Je suis au courant… Pour les Bienfaiteurs… C'était des gens bien…"Il se laissa porter par le souvenir de cette bande de voleur au grand cœur qu'il avait côtoyé à une époque lui semblant désormais si loin et qui avait constitué la seule famille de Karla… "Pour autant… Le hasard a voulu qu'il arrive récemment malheur à ceux qui ont causé leur chute… Sans aucun doute Ranald à jouer le sort de ces malheureux d'un simple lancée de pièce…L'ironie du sort..." Le membre déchu de l'Ordre ouvrit sa main, et montra la pièce qui était tombé sur le coté pile.

"Reiner aspire à une vie tranquille… Je ne peux lui retirer ceci… Il n'était qu'un gamin lorsque je l'ai rencontré, pour autant… Les Bienfaiteurs avaient une dette envers moi, et Reiner peut la payer…"

Geralt s'écarta légèrement du comptoir, faisant désormais face à Gutmann, les deux hommes se jaugeant, les yeux dans les yeux. Geralt ayant quitté son air serein et nonchalant pour celui qu'il avait pris l'habitude d'arborer depuis son retour dans l'Empire : Un regard glaçant et une attitude des plus sombre.

"Reiner est en mesure de m'aider à retrouver une personne qui m'est cher nommé Karla… Et notre ami commun est sans aucun doute l'une des dernières personnes de l'Empire à savoir où et comment je peux la trouver… De fait… Je ne peux partir d'ici. Maintenant Monsieur Gutmann… Nous pouvons jouer à nous détester, alors que rien n'indique que nous ne soyons des ennemis… Ou alors… Vous m'amenez auprès de Reiner… Et croyez moi que… en me voyant… Je ne doute pas une seconde qu'il sera apte à quitter sa vie tranquille pour m'aider.

Que décidez vous ? Avons nous la possibilité d'être en bon terme ?"

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Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 10 juin 2019, 22:29

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Gutmann jaugea le Loup Blanc du regard, visiblement hésitant sur l'attitude à adopter. Geralt était un individu inquiétant et lugubre, armé qui plus est, et Geber Gutmann ne semblait pas à l'aise avec toute cette affaire. Impossible de connaître pour l'heure le lien qui unissait cet ouvrier d'Übersreik à Reiner, mais le gros bonhomme poussa un soupir décidé et fit signe au chevalier déchu de le suivre.

Ils traversèrent la salle de la taverne sous le regard de la tenancière et des clients et, arrivés au fond, Geber poussa un rideau tâché derrière lequel se trouvait une porte. Il engouffra une clé dans la serrure et laissa Geralt entrer en premier avant de refermer derrière eux. Ils étaient dans un séchoir à salaisons et le plafond était garni de jambons et de chapelets de saucisses qui pendaient sur des crocs de boucher. D'autres charcuteries et jarrets en filet reposaient dans des caisses de sel disposées ça et là. Geber traversa la petite salle en écartant des rangées de lard sur son passage, et descendit une paire de marches jusque dans une salle plus petite encore où étaient entreposés de nombreuses barriques ainsi que des sacs de grain. Et là, dans un coin, une petite table ronde entourée de tabourets. Le gros Geber Gutmann s'y installa et invita Geralt à faire de même, avant d'attraper deux gobelets en bois qui traînaient sur une commode à côté, et d'y verser une rasade de vin trouvé dans une bouteille entourée de tresses de jonc.

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Quelques bougies éclairaient l'endroit, et le Loup Blanc pouvait clairement observer son interlocuteur : court sur les appuis, gras mais solide, pas un air de mauvais bougre, mais visiblement méfiant et peu amène. Une patte de chien pendait sous son foulard lavande. Geber attrapa son gobelet et le leva pour saluer Geralt, avant de le vider cul-sec et de se resservir, remplissant aussi celui du chasseur de monstre si ce dernier avait la même descente.

- "Dis moi qui tu es, pourquoi les Bienfaiteurs ont une dette envers toi et pourquoi tu veux retrouver cette Karla. Et pose trois marks d'or sur la table. Si pour toi c'est marché conclu, alors j't'emmene à Reiner demain matin." dit l'ouvrier en croisant ses gros bras sur la table, plantant le regard dans celui du Loup Blanc pour deviner si le vagabond disait bien la vérité.

Message par **Geralt** » 11 juin 2019, 19:11

La tension était palpable tandis que les deux hommes se faisaient face, les yeux dans les yeux, chacun jaugeant son opposant. Si Gutmann semblait être un homme solide, devant souvent faire face aux soulards et autres brigands des bas quartiers de la ville, cette lueur dans ces yeux semblait aussi indiquer qu'il n'était pas totalement à l'aise face au loup blanc, le chasseur de monstre dégageant cette sombre et froide attitude tandis que l'expression glacial et figé de son visage ne semblait trahir aucune de ses pensées.
Dans la salle, les autres clients présents semblaient à la fois craintif de voir la situation dégénérer à tout moment, mais semblaient tous prêt à bondir sur l'étranger aux cheveux blanc, si celui ci venait à s'en prendre à l'homme à forte corpulence dont il semblait avoir le respect. Heureusement, les mots du chevalier déchu de l'Ordre avaient su faire mouche, et celui qui semblait être un adepte de Ranald soupira avant d'intimer à son hôte de le suivre.

Traversant la salle en sa compagnie, tous les protagonistes présents s'écartèrent de la route de Geralt non sans lui envoyer des regards mauvais et craintifs... C'était l'homme qu'il était devenu : autrefois champion des vivants et symbole d'espoir, il n'était désormais plus qu'une ombre, voyageant dans les ténèbres de ce monde, ne les craignant plus, mais s'y abandonnant petit à petit totalement.
Dissimulé derrière un rideau, Gutmann ouvrit une porte laissant le soin à Geralt d'y pénétrer, ce qu'il fit sans la moindre hésitation, ne semblant nullement croire qu'un piège était entrain de se jouer à son encontre. Le binôme arriva alors dans une salle semblant servir de séchoir à salaisons, et où une quantité importante de charcuteries et autres denrées alimentaires y étaient entreposées. Ce fut ici que dans un coin de cette salle éclairée par seulement quelques bougies, qu'ils prirent place autour d'une table, Geralt se voyant servir un godet de bois, dont la contenance semblait être du vin.

Quelques secondes de silence s'écoulèrent lorsque les deux hommes se firent à nouveau face, jusqu'à ce que l'habitant de Ubersreik se décide à briser la glace, trinquant avec Geralt, celui ci répondant à son appel en levant son verre, mais se refusant à le vider, le reposant devant lui, comme semblant rester étonnamment méfiant face à cet à la corpulence solide mais dont il ignorait tout, plus particulièrement sur le sujet des liens qu'il possédait avec Reiner...

Gutmann ayant accepté cette entrevue, se montra alors des plus direct, voulant faire passer un véritable interrogatoire au chasseur de monstre, cherchant à comprendre qui était son interlocuteur, quels étaient ses liens avec les Bienfaiteurs, ainsi que les raisons qui semblait le pousser à chercher Reiner et indirectement celle qu'il avait nommé sous le nom de Karla.
Le loup blanc resta de marbre, en particulier lorsque son interlocuteur lui annonça que tout avait un prix : Trois mark d'or pour être amené dès demain matin auprès de Reiner... Une fortune... Pour autant donner autant d'argent ne semblait nullement déranger le disciple de Morr, prêt à tout pour atteindre son objectif, sans aucun doute la résignation d'être condamné à mourir d'ici quelques mois, lui avait fait perdre peu à peu la notion de "possession"... Au royaume de Morr, Geralt ne pourrait rien emmener avec lui omis son âme...

"Qui je suis..." Murmura il comme plongé dans une réflexion avec lui même."Cela n'a que peu d'importance en réalité... Pire encore, vous qui m'avez jugé comme étant une potentielle source de problème, je pense qu'il faut mieux que vous en sachiez le moins à mon encontre... mais... vous pouvez m'appeler Marcus."

Geralt se replongea dans ses souvenirs, se rappelant sa première rencontre avec les Bienfaiteurs : Ewald, Nadja, Ilsa et... Karla... tant de gens qu'ils n'avaient que côtoyer quelques jours, et pourtant, après une décennie, il était encore capable de remettre un visage sur chacun de leur nom... Ce groupuscule de voleurs aux grands cœurs avait été pour le loup blanc, à l'image de l'Ordre de la couvée du corbeau, un groupe de personne d’origine totalement différentes mais partageant des valeurs communes les faisant ressembler à ce que le commun des mortels aimait définir comme une famille... Celle de Karla avait été baigné dans l'entraide, l'amitié... tandis que celle de Geralt s'était forgé au prix du sang et de la mort...
Gutmann semblant attendre des réponses au fur et à mesure qu'il descendait son verre, le membre de l'Ordre se décida à lui offrir satisfaction, seul moyen de pouvoir espérer rencontrer Reiner...

"Il y a longtemps, les Bienfaiteurs ont connu quelques problèmes... Parfois il est bon d'éviter de voler certaines possessions, dont on ignore la provenance... A l'époque j'étais le genre d'homme qu'on pouvait appeler pour régler ce genre de ... problèmes... Ma route a croisé celle d'une jeune adolescente à la chevelure rouge et au tempérament de feu, nommé Karla... J'ai vécu quelques jours auprès de ce groupe, où j'y ai découvert des gens biens... Des gens qui je le dis sans hésitation... étaient des amis... J'ai été navré d'apprendre leur disparition..." L'espace d'un instant, on cru observer une pointe de tristesse s'afficher sur le visage du loup blanc, mais cela ne fut qu'éphémère... Sentiment sincère ou illusion du jeu de lumière provenant de l'éclairage de la salle plongé dans l'obscurité, il fut impossible de le dire. "Mais... Cette rencontre m'a aussi plongé dans une guerre de la pègre, et un dénommé Lens en voulait aux serviteurs de Ranald pour diverses raisons... J'ai tuer Lens... Et j'ai réglé le problème pour lequel les Bienfaiteurs m'avait engagé... Je pensais qu'ils pourraient dès lors vivre tranquille... Il semble que je me sois trompé..."

Il s'enferma à nouveau dans un long mutisme, réfléchissant à la dernière question : Pourquoi recherchait il Karla ?
Y avait il réellement une réponse à cette question paraissant pourtant si simple ? Était ce pour accomplir la dernière volonté d'un homme mourant ? Était ce pour se donner un dernier objectif dans ce laps de temps que Morr avait accepté de lui confier ? Était ce par amitié ? Par amour ? Par admiration ? ... Il n'aurait su le dire...
Peut être était ce le destin ? Qui dans sa grande ironie, voulait voir la vie du guerrier corbeau se terminer là où elle avait commencé : Auprès de Karla... Ou bien... Était ce la peur qui guidait les pas de Geralt ? Voyant la jeune femme hanter ses rêves et ses cauchemars, ou se mélangeaient : la vie, la mort, la lumière, le sang... Ou alors... alors... Peut être que Geralt, voulant espérer que fuir la jeune fille avait servit à lui offrir le destin exceptionnel auquel il l'a pensait destiné... Vérifier les conséquences de ses actes ?... Était cela le but de ce voyage ?
En fin de compte, qu'espérait Geralt d'une femme ne l'ayant plus vue depuis presque 10 ans... Il ne s'attendait nullement à un accueil chaleureux, elle le lui avait dis : "Abandonne moi, et je ferai de ta vie un enfer... Je pourrai t’atteindre où que tu sois"... De la haine... Voila ce qu'il s'attendait à recevoir de cette femme que pourtant il continuait d'idéaliser... Le loup blanc avait il encore tous ces esprits quand on savait ce qui l'attendait ?...

"Je..." Il hésita un long moment avant de dire : "Je dois la trouver voila tout... Comme si ... j'avais une dernière tâche à accomplir... J’ignore quoi... Mais quelque chose me pousse à avancer. Prenez moi pour un fou, je m'en fiche, je n'ai pas à me justifier."

Se refermant totalement sur lui même après avoir laissé ouvert cette brèche de son passé malgré qu'il soit resté plutôt vague, il extirpa un mark d'or de sa veste qu'il lança vers Gutmann.

"Une première partie ici... le reste arrivera une fois que je serais devant Reiner. La confiance se gagne comme vous le savez Guttmann... Alors maintenant dîtes moi : Où se trouve Reiner actuellement ? Comment a il survécu à la destruction des Bienfaiteurs ? D'autres ont ils eut cette chance ? Et enfin... qui êtes vous réellement Monsieur Guttmann ? Et quels étaient vos liens avec les Bienfaiteurs ? "

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