Peut-être que si vous m’aviez pas ignoré la première fois, j’aurais pu vous appeler par votre nom, vieillard ! pesta Veylaïs en son for intérieur. Elle savait néanmoins qu’elle devait exercer plus de contrôle sur elle-même. Trop de fois une situation avait dérapé par sa faute, le pugilat dans la taverne en était la preuve. Pragmatique elle savait qu’elle devait garder le contrôle et non provoquer le chaos au moindre accrochage. Aussi, lorsqu’Ottmar Heinsenwald porta un second godet à ses lèvres, la jeune femme ne put s’empêcher de prier pour qu’il s’étouffe avec sa boisson. Profitant de ce court silence, elle échangea un sourire complice avec le bourgmeister, complètement mensonger.
C’est ce moment que choisi Benedikt Heinsenwald pour faire son entrée. Le fils de Bourgmeister. Aussi propre qu'un derrière d'elfe, les cheveux et les dents soigneusement entretenues ainsi qu’une silhouette affinée, sans nul doute par son régime végétarien et son abstention d’alcool. Veylais rigola devant ce nouvel arrivant, d’ailleurs il avait encore du lait maternel au coin des lèvres.
- Ce village ne cessera de me surprendre… Ne vous inquiétez pas, on va s’occuper de votre affaire si passionnante !
Une fois qu’Ottmar Heinsenwald eut quitté la taverne, le jeune homme s’avança vers les trois compagnons de galère et commença les présentations.
Il se faisait tard, et dehors la pluie n’avait cessé de s’abattre sur le village. La fatigue et l’alcool commençaient à peser sur l’esprit de Veylaïs. Et elle n’avait surtout pas envie de se lancer sur l’enquête de l’halfling maintenant. Surtout que l’intégralité du village devait dormir à cette heure-ci.
- Désolé de te couper dans ton élan mon chou, je sais que tu veux bien faire, impressionner tes nouveaux amis et partir à l’aventure, mais nous sommes au beau milieu de la nuit. Ça m’étonnerait que les gens qui vivent dans ce patelin paumé soient encore debout à cette heure-ci. Donc je vais profiter de la chambre que m’a gentiment proposé notre ami Tancrède pour me reposer. Et en plus il pleut. J’ai pas envie de me mouiller pour un foutu halfling. Mais oui rendre une visite à Hektor semble une bonne idée, à moins qu'on ait un deuxième érudit dans la bande - m'étonnerait - et que l'on se sépare pour finir plus rapidement...
Veylaïs n’attendit pas la fin de sa phrase pour déjà se mettre en mouvement, se retournant et se dirigeant vers le tenancier.
- Vous pourriez me montrer ma chambre pour la nuit et me faire parvenir un baquet d’eau pour que je puisse me débarbouiller. M’étonnerait pas que je doive user de toutes mes compétences pour venir à bout de cette enquête…
Elle laissa la phrase en suspens, pour laisser le temps à un sous-entendu de germer, et suivit Tancrède jusqu’à sa chambre.
- D’ailleurs vous pouvez m’appeler Veylaïs, lança-t-elle à destination de la salle commune.