[Sarah Lénor] Fuite et poursuite

Le Reikland est une province vaste, populeuse et prospère. Sa couleur est le blanc, mais certains régiments, comme les célèbres Joueurs d'Epées de Carroburg, ont leur propre héraldique. C'est l'Empereur Karl Franz Ier, Comte Electeur du Reikland, qui dirige cette province, depuis la plus riche cité de l'Empire, Altdorf.

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Sarah Lénor
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Re: [Sarah Lénor] Fuite et poursuite

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L'incrédulité de ce capitaine impérial n'étonna guère Sarah, bien que cela la dérangea fortement.
Tranquillement elle sortit la lettre qu'on lui avait envoyé de sa poche, si ce type connaissait l'écriture de son espion, nul doute qu'il la reconnaîtrait et qu'il innocenterait la jeune fille. Elle l'espérait, l'hypothèse de devoir se défendre face à une cohorte d'ennemi, le tout sans arme, ne l'enchantait guère.


-"Cette lettre m'a été donnée par votre ami dans le camp. Maintenant merci de me donner toutes les informations qui me seront nécessaires pour que je puisse garder mes "amis" dans l'ignorance, ça ferait désordre si ils se doutaient de quelque chose vous ne croyez pas?"

Elle le sentait cependant, il fallait enfoncer le clou, qu'à la fin de son discours ces mercenaires n'aient plus aucun doute sur son allégeance envers le traître et envers eux. Certains disaient que "plus c'était gros, plus ça passe", et elle été résolue à jouer son rôle de la petite informatrice à la perfection.

-"Maintenant que vous êtes convaincus que je suis bien de votre côté, il va me falloir quelques fournitures, comme de la nourriture et de l'eau. Ce n'est pas que je veux vous arnaquer mais rien ne garanti que les révolutionnaires passeront par ce village, si je leur apporte des vivres en disant que la population est prête à les accueillir en revanche... Et avant que j'oublie: indiquez-moi à quel signal vous attaquerez, je n'aimerais pas être à découvert quand vous renverrez au Chaos ces saletés de révolutionnaires, ces hérétiques qui offensent Sigmar à chaque respiration..."
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[MJ] Kriegsherr
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Re: [Sarah Lénor] Fuite et poursuite

Message par [MJ] Kriegsherr »

A la présentation de la missive, le capitaine parut intrigué. Il avait vraiment douté de la religieuse, et quelque chose en elle ne lui inspirait pas confiance du tout, même s'il n'arrivait pas à dire quoi. En tout cas, Reikhard arracha sans plus de cérémonie le papier des mains de la sigmarite et le lut avec attention. Ses sourcils se froncèrent tandis qu'il fixait ses yeux bleus et froids dans ceux de la jeune femme, comme s'il essayait d'y voir la vérité.
Test de persuasion : 7. Réussite.
Puis, il haussa les épaules et continua :

-Je ne connais pas assez Wiedenfelher pour identifier son écriture, mais je dois reconnaître que tout cela semble assez convaincant. Sauf que ça ne correspond pas trop au plan prévu, petite. Vois-tu, je trouve étrange que tu appelles naïvement "un accident" un acte volontaire et planifié de longue date. De même, quand tu me dis que "rien ne garanti que les révolutionnaires passeront par ce village", alors que si le plan a réussi et qu'ils n'ont plus de vivres, ils n'auront pas d'autre choix que de venir ici. C'était d'ailleurs pourquoi nous avons choisi ce lieu précis pour frapper. Comme ils sont à pied et n'ont plus de réserves de vivres, ils n'ont aucune autre option que ce village, aucune... Et d’ailleurs, la lettre n’est pas signée et je n’y vois aucune trace du code convenu. Et donc rien qui me dise que tu ne me mentes pas. Si c’est le cas, par ailleurs, laisse-moi te dire que tu es une très bonne actrice, beaucoup de menteurs auraient tremblé comme des feuilles mortes dans ta situation… et auraient eu raison de le faire, parce que si tu ne m’as pas dit la vérité, ta punition sera terrible.

Enfin bon, si c'est tout ce que tu as à nous dire, non, je ne compte pas te laisser rejoindre les gusses de ce Gustave Chernest ou quelque chose du genre. Je vais simplement me contenter d’attendre que la faim ne les pousse ici, comme prévu. Moi et mes hommes nous embusqueront, on les laissera approcher et nous n’auront qu’à massacrer tout ce beau monde. Les femmes et les enfants devraient les ralentir et les empêcher de fuir. Et même s’ils fuyaient, seuls sans vivres dans la forêt, sans village non gardé où aller à moins d’une semaine d’ici, et avec les hommes-bêtes, ils ferraient mieux de se suicider, ce sera moins douloureux. Quoique, vu les pervers que j’ai dans mon régiment, pas sûr qu’être dévoré vif ou crever de faim soit pire que le sort qu’on leur réserve…
Quant à toi, c’est très simple : tu restes avec nous pendant toute l’opération, deux de mes hommes garderont un œil sur toi pour éviter que tu prennes la tangente pendant qu’on est occupé, parce que faudrait pas t’abimer si tu disais vrai : on sait récompenser ceux qui nous aident. Mais dès qu’on aura fini de les massacrer, Lukas viendra et on éclaircira tout ça avec lui. Et si tu as menti, tu regretteras d’être née et de n’avoir pas d’arme sur toi pour te suicider. Si c’est le cas, c’est ta dernière chance de m’implorer à genoux en me déballant toute la vérité, petite...

Tu as des choses à dire, maintenant, peut-être ?


La situation se stabilisait, mais était toujours très gênante pour Sarah Lénor, moins dans l'immédiat, mais à plus long terme, elle risquait très gros. Qu'allait-elle dire ?
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Sarah Lénor
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Re: [Sarah Lénor] Fuite et poursuite

Message par Sarah Lénor »

Intérieurement Sarah soupira de joie de voir que ses mensonges avaient encore une fois portés leurs fruits, une autre partie d'elle commençait à s'inquiéter de la pénitence qu'elle allait devoir s'infliger pour compenser... Mais ce n'était pas le problème du moment! Et surtout cet homme ne semblait pas savoir comment fonctionnait le groupe de révolutionnaires, quelque part il lui facilitait le travail. Pour bien jouer son rôle à fond, elle secoua négativement la tête en entendant que ces hommes voulaient la garder ici.

-"Très mauvaise idée, on voit bien que vous ne les connaissez pas. Autant certains sont des pauvres gens venus par dépit autant la plupart sont des fanatiques qu'un ordre ulricain ne refuserait pas. Ils se battront jusqu'au bout et jusqu'au dernier, cela même si ils ne se méfient pas au premier abord.
On arrive à la partie épineuse du problème: si je suis là ce n'est pas pour rien. J'ai été envoyée dans ce village pour voir si les habitants seraient d'accord pour nous vendre des vivres, si je ne reviens pas, que vont-ils en conclure?

Deux solutions: ou bien ils choisissent d'aller chasser et de vivre d'eau fraîche pendant quelques temps ou bien ils vont revenir ici mais armés et préparés à devoir se battre, vous préférez quelle solution? Aucune je suppose. Dans ce cas il existe une troisième voie très simple, vous me laissez partir et je retourne leur garantir que les habitants ne leur veulent que du bien, ils viennent tout sourire et vous les abattez, très simple non?
Et avant même que vous ne vous posiez la question: non je ne partage pas leur idée et non le fait de s'aventurer dans un village probablement hostile pour demander si ils ont à manger n'est pas une tâche que l'on donne aux meilleurs éléments."

Si ces gens avaient un peu de logique ils accepteraient son point de vue, la question restait: que faire si l'attaque réussissait et qu'elle se retrouvait seule avec le traître? Il saurait qu'elle avait prévenue le Che. Dure vie que celle d'une nonne perdue dans la nature...
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Re: [Sarah Lénor] Fuite et poursuite

Message par [MJ] Kriegsherr »

Il ne serait pas simple de parvenir à convaincre le chef des militaires de ne serais-ce que la laisser partir. C’est peut-être pour cela que la religieuse opta pour un autre plan que celui prévu par Gustavo, en proposant d’amener les révolutionnaires jusqu’à l’embuscade des soldats après avoir endormi leur méfiance. Il faudrait donc avertir le Che de ce changement de plan en catastrophe, car ce dernier aurait préféré que ce soit les militaires qui se déplacent sans méfiance et eux (les révolutionnaires) qui leur tendent une embuscade. Mais dans la vie, tout ne se passe pas toujours comme prévu, et les capacités d’adaptation de la sigmarite lui avaient souvent sauvé la mise. Serait-ce une nouvelle fois le cas ? N’avait-elle pas trop forcé la chance en jouant le bluff à fond en territoire ennemi ?
Test de persuasion : 9. Réussite.
Même si initialement le capitaine avait pressenti le piège, heureusement pour elle, la langue habile de Sarah Lénor la tirait une fois de plus d’affaire. Face à de telles propositions, Reikhart répondit :

-Bah ! Finalement, que risquons-nous face à un tel ramassis de racailles ? Ils n’ont de toute façon aucune autre option que celle de venir se ravitailler au village, et quand bien même ils seraient prévenus, nous les écraserions comme un vulgaire cafard… Leur groupe est tellement minable que j’accepte de vous laisser aller les rejoindre. Filez, avant que je ne change d’avis. Et faites attention quand vous reviendrez, car mes hommes seront embusqués dans les maisons et tireront à bout portant sans sommation. L’extermination pure et simple, c’est bien la seule manière dont on doit traiter ce genre de vermine…

Sarah était libre, mais les problèmes persistaient. Qui était le traître ? Comment sauver le groupe d’Ernesta ? Avaient-ils la moindre chance face aux soldats ? Elle l’ignorait toujours. Quoi qu’il en soit, elle avait gagné du temps, et elle seule pouvait changer les destins des républicains, sinon condamnés jusqu’au dernier à un sort pire que la mort...
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Re: [Sarah Lénor] Fuite et poursuite

Message par Sarah Lénor »

Sarah déglutit en tournant le dos à la troupe de mercenaires qui se gaussaient déjà d'elle, lui prédisant une mort douloureuse. Les idées se bousculaient dans la petite tête de l'initiée: comment survivre, comment faire passer le mot à Che sans alerter le traître, comment vaincre? Pour cette dernière partie la jeune femme avait déjà un plan, basé sur l'attrait de chaque sigmarite pour le bûcher: ces soldats seraient planqués dans des maisons de villageois faites de bois, de pailles ou autre matériaux inflammables. Il serait peut-être possible d'y mettre le feu...

Tout en ressassant ses pensées incendiaires, l'exorciste rejoignit l'endroit où elle avait laissé le papier, il était toujours là, un peu sale mais lisible, elle le replaça dans sa poche pour pouvoir s'en servir plus tard, qui savait ce que pouvait révéler ce message codé?
Elle allait arriver près du camp quand une envie irrépressible la submergea: celle de prier, de se laisser aller en confidence à une entité supérieure à elle, le dieu Sigmar. Sachant que dans le camp on se moquerait certainement d'elle, la jeune femme choisit de s'agenouiller près d'un arbre et de fermer les yeux pour décompresser.


-"Sigmar, comme toujours j'implore votre aide, illuminez ma voie dans les ténèbres qui s'amoncellent, permettez-moi de vaincre vos ennemis où qu'ils se trouvent, de les débusquer pour les chasser.
Nous allons entrer dans une bataille ardue, sans votre aide nous ne serons pas vainqueurs! Ces gens que nous allons affronter ne sont pas vos serviteurs, leurs coeurs sont trop sombres pour cela. Je vous en prie, Sigmar, donnez-nous la force de vaincre encore..."

Elle ouvrit ensuite les yeux, satisfaite de sa prière, oui, le combat à venir serait le plus difficile qu'elle ait jamais eu à livrer, mais elle vaincrait, ou elle mourrait sans doute en essayant. L'éventualité dans laquelle elle survivrait et serait graciée étant très peu probable, il lui faudrait sans doute faire une autre prière sur le chemin de l'affrontement.

Une fois de retour à la base, elle s'en alla trouver le chef, pour lui faire son rapport. Prétextant de ne pas vouloir gêner aux alentours, elle choisir de lui demander de s'éloigner un peu du camp, mais pas trop tout de même, pour ne pas éveiller l'attention. Là, elle lui expliqua les faits sur le ton de la confidence.


-"Le village est rempli de soldats qui vous tueront à votre arrivée, sauf le traître évidemment. On ne peut pas les battre en l'état, ils sont trop nombreux et bien armés, cela étant ils seront cachés dans des maisons de paysans, il sera possible de les y piéger, peut-être avec le feu..."
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Re: [Sarah Lénor] Fuite et poursuite

Message par [MJ] Kriegsherr »

Comme à l’aller, Sarah ne fit aucune mauvaise rencontre sur le chemin du retour vers le camp des révolutionnaires. Cette fois ci, il n’y eut pas de flèche tirée juste sous son nez, et la religieuse se contenta de faire une prière à Sigmar avant de rejoindre les autres.
La situation n’était guère meilleure que quand elle était partie, mais sa prise de risque n’avait pas été totalement inutile, dans le sens où elle avait pu estimer les forces qui se battraient contre eux, et élaborer l’ébauche d’un plan. Il restait par contre une épine de taille dans le pied des hommes de Gustavo Che Ernesta : le traître n’était toujours pas démasqué. A n’importe quel moment, il pouvait nuire, frapper dans le dos des révolutionnaires. C’était un atout dans la manche des mercenaires qui tendaient leur piège.

La nonne put faire un rapide rapport en privé au Che, qui écouta attentivement et posa quelques questions :


-Esta bien, lé feu. Oui, ça pourrait nous permettre dé renverser la sitouation, dé gagner. Ma a tou pu identifier lé traitre ? Sinon, comment faire pour lé neutraliser ? Si j’avertis tout lé monde dé notre plan d’outiliser lé feu, il saura qué tou nous a averti dé la présence des soldats, et qué tou l’as roulé dans la farine. Il pourrait sé venger. Pire, il pourrait avertir les soldats, et nous mettre tous en danger. Tu as oune idée ?

Effectivement, il était impossible d’avertir tout le monde pour les préparer au combat et de cacher l’information au traitre, dont Sarah ignorait l’identité. Il faudrait faire avec, gérer ce danger interne. Qu’allait être sa décision ?
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Re: [Sarah Lénor] Fuite et poursuite

Message par Sarah Lénor »

Elle avait prié Sigmar et son dieu lui avait répondu. Non pas sous la forme d'une augmentation de sa force ou d'un halo lumineux qui la recouvrirait non, simplement sous la forme d'une idée simple et plausible. Si tout se passait comme elle le souhaitait, le traître serait bientôt démasqué et la troupe sauvée, mais il faudrait faire vite.

-"Il n'y a que nous deux à être au courant et les soldats tireront à vue quand vous arriverez... Je vais leur faire croire que je suis de leur côté et commencer par y aller seule, prétextant auprès des révolutionnaires que je vais vérifier l'amitié des villageois. Je demanderais à quelqu'un de m'accompagner, si le traître est au courant de l'embuscade, il ne laissera pas passer une occasion de sauver sa peau."

Le problème serait le temps que posséderais les révolutionnaires pour agir, ça se compterait en une vingtaine ou une trentaine de minutes maximum, c'était peu pour faire des torches efficaces. La seconde difficulté étant: comment garantir que c'était bien le traître qui partait avec elle? Elle n'en avait aucune idée et au fond elle ne devrait se fier qu'à la chance et à Sigmar pour s'en tirer.

-"Je pense vous laisser une avance de trente minutes à peu près, ça vous parait suffisant pour préparer toute la troupe? En espérant que le traître ne soit pas resté c'est vrai. Au pire vous pourriez dire que vous ne me faîtes pas complètement confiance, ça justifierait que vous vous armiez sans créer de la suspicion. Maintenant je pense que je vais sortir, ils vont finir par se poser des questions dehors..."

Elle refusait de se l'avouer, mais elle avait peur des conséquences de son échec. Tout ce qui pourrait lui épargner une mort lente et douloureuse si les révolutionnaires échouaient était bon à prendre...
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Re: [Sarah Lénor] Fuite et poursuite

Message par [MJ] Kriegsherr »

Le débriefing continua pendant encore quelques minutes, pendant lesquelles Che Ernesta demanda à son espionne des informations sur le nombre et l’équipement des ennemis qu’ils auraient à affronter, ainsi que sur leur positionnement dans le village et sur la disposition du village lui-même. Gustavo grimaça en constatant amèrement que finalement, l’expédition dangereuse de Sarah ne s’était pas révélée aussi fructueuse que promis. Néanmoins, la sigmarite n’avait pas pris tous ces risques pour rien : elle avait permis au Che de confirmer ses soupçons, et avait pu donner des renseignements précieux sur la nature et le nombre des ennemis qui les attendaient. L’ingénieuse religieuse avait même donné une piste pour espérer gagner contre les soldats. C’était certes maigre, mais déjà beaucoup mieux que rien. Quand à son projet de retourner vers les militaires et les mercenaires, juste avant l’assaut, et accompagnée seulement d’une personne, le chef du groupe n’y répondit pas tout de suite, mais parut impressionné et sortit de sa poche un morceau de papier et un petit crayon. Au bout de quelques secondes de réflexion, Gustavo Che Ernesta répondit à la nonne :

-J’accepte votre offre très généreuse. Ma avant de partir, j’aurais oune dernière démande à vous faire, si cé n’est pas trop abouser de vous… Pourriez-vous s’il vous plaît m’écrire le mot « liberté » sour cé papier ? Si jé dois partir aujourd’hui, j’aimerais que l’on retrouve ça sour mon corps,…

Une fois que la sœur eut écrit le mot, Gustavo examina le papier et parut satisfait. Il savait très certainement lire et écrire, mais pour une raison inconnue, il avait préféré que Sarah lui écrive ce mot. En fait, il dévoila bientôt la clef de ce mystère :

-Excousez-moi d’avoir douté dé vous oune instant, mais jé voulais être sour que vous n’aviez pas rédigé lé premier message vous-même. Maintenant, jé souis rassouré : vous n’êtetes pas oune espionne. Ma jé vais vous dire : même avec tout cé qué vous avez fait pour nous aujourd’hui, nos chances sont faibles. Jé veux que vous me promettiez qu’oune fois parmi les soldats, vous ne ferrez plous rien pour nous aider, rien dou tout. Il ne faut sourtout pas qué vous preniez part à la bataille. Ainsi, quelque soit la partie qui gagnera, vous vivrez, Sarah. Promettez lé moi, jé né vous laisserai pas quitter cet endroit sans cela...

Et Sarah promit. Quelques secondes plus tard, Gustavo Che Ernesta était déjà en train de donner des instructions à ses camarades. Il fallait que le camp soit levé le plus tôt possible. Les hommes, femmes et enfants « en âge de porter sur trois kilomètres un gros de farine » devraient tous partir au village, afin de ramener de la nourriture, tandis que les autres, les plus petits, les attendraient au camp, sous la surveillance d’une femme malade et d’un vieil homme, auquel il donna des instructions particulières en privé (il expliquait certainement la vérité à ce dernier pour qu’il sache à quoi se préparer s’il entendait des bruits de combat). Moins de cinq minutes plus tard, tout le monde était prêt. Le Che expliqua à tous qu’à priori, Sarah n’avait rien vu d’anormal et que les autochtones étaient prêts à les aider, mais il ordonna tout de même à chacun de prendre ses armes et de revêtir ses armures, car « on n’était jamais trop proudent dans la forêt » . Enfin, le groupe se mit en marche vers son destin. Seuls étaient restés au camp le doyen du groupe, la femme malade, et neuf enfants qui avaient entre un et dix ans.

Evidemment, seules trois personnes dans le groupe d’une quarantaine d’hommes et de femmes qui allaient au village savaient à quoi s’attendre : Gustavo, Sarah et le traître. Pourtant, à part Ernesta qui paraissait très tendu et ne parlait pas, tout le monde paraissait plutôt joyeux et même enthousiaste. Marchant aux côtés de Sarah, Ingrid Breinacht lui dit d’une voix enjouée :


-Allons, pourquoi faire cette tête d’enterrement ? Finalement, tout est bien qui finit bien, non ?

Et le frère Tucco d’ajouter, à l’attention de tous :

-Mes frères, yé vous l’avais dit ! Les dieux sont avec nous ! On peut être certain qué Sigmar et Taal nous ont entendus et exhaussés, pas vrai, ma sœur ?

A part Gustavo et Sarah -qui étaient au courant que le groupe marchait vers un bain de sang-, seul l’éternel impassible et taciturne Walter Judendach restait neutre, froid et insensible, comme à son habitude. Tous les autres étaient de bonne humeur, ce qui était normal puisqu’on leur avait annoncé qu’ils allaient bientôt être accueillis par des villageois acquis à leur cause qui leur donneraient à manger. Enfin, arrivés à quelque distance du hameau où l’embuscade était tendue, Gustavo ordonna la halte, et demanda deux volontaires pour vérifier que les habitants étaient bien prêts à les accueillir et que la situation n’avait pas changé. Le groupe principal, lui, les rejoindraient par défaut dans une trentaine de minutes s’ils ne remarquaient rien d’anormal et restaient dans le village. Evidemment, Sarah se présenta… Restait à savoir qui la suivrait.
Test caché.
Et le second choisit fut Walter qui leva la main, sans dire un mot. Rien ne prouvait qu’il soit le traître, mais rien ne le disculpait non plus. A voir son profil, il avait tout de l’homme sans peur, capable de tout et d’une efficacité implacable, qui devait se porter volontaire presque tout le temps. Gustavo salua la religieuse d’un signe de tête (il ne pouvait faire plus sans risquer d’éveiller les soupçons du traître), puis la laissa s’éloigner vers son destin avec son camarade silencieux...

Walter Judendach resta d’ailleurs silencieux pendant tout le voyage. Arrivés en vue du village, la Lénor put constater que miliciens et soldats s’étaient effectivement cachés dans les maisons. De loin, rien ne laissait deviner que les quelques bâtiments étaient remplis d’hommes armés prêts à piéger les inconscients qui se précipiteraient sans méfiance dans la nasse. Mais ils ignoraient bien entendu que Sarah avait joué le rôle d’agent double dans cette affaire, et qu’ils auraient affaire à des hommes, femmes et adolescents déterminés bien préparés au combat. Il fallut attendre d’arriver sur la place centrale du village pour que le capitaine Reikhart s’avance vers eux. Il ne semblait ni surpris, ni agressif. Au contraire, il les salua chaleureusement :


-Monsieur Lukas Wiedenfehler ! Ca alors, je dois avouer que votre maître n’avait pas exagéré à votre sujet : vous avez fait de l’excellent travail en infiltration. Je ne m’attendais pas ce qu’un seul homme parvienne à un résultat aussi vite et aussi parfaitement. C’est remarquable. Et je vois que vous en avez même profité pour recruter une adjuvante. Désolé d’avoir douté de vous, sœur Lénor.

Avec froideur toujours, Walter, ou plutôt Lukas, répondit :

-Capitaine Reikhart, comme prévu, ces imbéciles devraient se jeter dans votre piège d’ici une demi-heure. Ils sont armés et croient en leur cause, acculés, ils pourront se révéler féroces. Mais avec l’effet de surprise et le premier choc de l’attaque, vous et vos hommes devriez facilement prendre le dessus. Ils ont laissé un groupe d’enfants en bas âge gardé par deux adultes infirmes à leur campement, mais nous pourrons nous en charger plus tard.

-Hum. Oui, merci, mais je n’ai aucune crainte quand à ces racailles. Ces bouseux idéalistes vont apprendre ce que c’est que des vrais soldats. D’ailleurs, voudrez-vous prendre part au massacre ?

-En règle générale, je me contente d’accomplir la volonté de maître, et rien de plus. Sachez que je ne partage en rien votre goût pour le sang, capitaine. Cependant, il se trouve que mon maître m’a justement envoyé ici pour détruire ce groupe par tous les moyens, je vous aiderai donc. Quant à ma camarade initiée, libre à elle de prendre ou non part à l’affrontement qui s’annonce.

-Oui, Sarah. Si vous désirez combattre à nos côtés, vous serez la bienvenue. Sinon, pas de problème, allez vous réfugier dans la scierie à l’Est, avec les autres habitants. Elle est séparée du reste du village et il n’y aura pas de combats de ce côté là. Nous vous y retrouverons après les combats.

Puis le capitaine retourna rejoindre ses hommes dans l’une des maisons qui entourait la place. Des groupes de soldat étaient disséminés dans les habitations tout autour de cette place, qui constituerait dans leur esprit la nasse où seraient pris au piège les hommes de Gustavo. Encereclés de toutes parts au centre, ils n’auraient qu’à les massacrer jusqu’au dernier, pensait-il. Seul, Lukas alla trouver un poste de tir dans le clocher de la chapelle du village. De là, il aurait une vue idéal pour sniper tout ceux qui auraient le malheur de se retrouver dans la mire de son fusil à lunette…
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Re: [Sarah Lénor] Fuite et poursuite

Message par Sarah Lénor »

La liberté était un concept abstrait, sans doute trop pour une fille comme la Lénor, mais elle commençait à entrevoir pourquoi les gens la chérissait autant. Souhaiter mourir avec ce mot sur le corps... Un bon moyen de faire valoir ses idéaux.

Vivre dans la honte ou mourir dans la gloire, une question qu'avaient dû se poser avant elle de nombreux grands hommes, qu'ils soient impériaux, bretonniens, tiléen, noble ou non, pieux ou pas. Toujours peser le pour et le contre d'une action, c'est ce qu'on lui avait enseigné. Elle aurait pu se battre, essayer de faire triompher une idée qu'elle pensait efficace pour combattre l'influence du chaos, pour sauver des gens qu'elle savait innocents.
Mais à la place la jeune femme avait choisi de vivre quel qu'en soit le prix, pour détruire le mal qui l'avait réduit à son état et, qui savait, peut-être transformer le système de l'intérieur. Sarah y pensait de plus en plus: si les rebelles vainquaient elle mènerait une existence de parier, tentant de rallier à elle des fidèles pour faire avancer son groupe, si les soldats gagnaient elle retournerait à son état de nonne, peut-être même serait-elle promue exorciste pour ses actions! A partir de là elle aurait accès au système... Au prix de la mort de ses amis. Cela dit, si elle pouvait grâce à leur sacrifice sauver des hommes des ténèbres... Alors elle n'hésiterait pas.

La suite fût des plus difficiles pour Sarah, elle dût assister aux derniers regards de ses alliés, ils étaient heureux, joyeux, enjoués, prêt à la remercier de les avoir aidé! Quel douleur elle ressentait tandis qu'elle accompagnait la brute silencieuse -et si c'était lui le traître?- vers le village. Trop intimidée la nonne n'osa pas commencer une discussion, même totalement courtoise, seul comptait le résultat... Mais elle y pensait à présent: si ce n'était pas lui le traître, ne serait-elle pas immédiatement fusillée en arrivant? Elle déglutit difficilement en y songeant.
Heureusement pour l'initiée, l'accueil qui leur fût réservé était tout ce qu'il y avait de plus chaleureux, le capitaine s'excusa même de son attitude envers elle! En tout cas il n'y avait plus de doute: c'était bien ce grand type le traître! Ils avaient tout préparé depuis le début à cause d'un mystérieux "maître" que Sarah se faisait fort de découvrir...

Vint enfin l'épineuse question de la bataille...


-"Verser le sang n'est pas quelque chose que j'aime faire capitaine, si vous voulez bien m'excuser je vais me retirer à la scierie pour rassurer la population."

Après quoi, on la lui indiqua pour qu'elle s'y rende, le bâtiment était plein d'habitants inquiets pour leur village et Sarah ne pu que murmurer une prière pour ceux qui allaient se battre.

-"Sigmar, ces gens luttent pour leur liberté de penser, de s'exprimer.
Cette attitude est la bonne, comment le chaos pourraient-ils s'en prendre à des êtres qui sont trop heureux pour lui succomber et qui pour se distraire n'ont pas besoin d'expériences nouvelles, leur envie de vivre suffisant?
Je ne peux croire que les hommes qui les attendent, armés de fusils et d'épées œuvrent pour ton bien, je les ai entendus me menacer, moi, une de tes servantes, des pires choses... Accorde au Che et à mes amis la victoire, accorde à Ingrid et au père Tucco la survie, accorde aux mourants un décès indolore... Sigmar, je vous en supplie, faites nous vainqueur."

Mais tout ces gens qui avaient peur... Oui, eux aussi avaient besoin de croire en quelque chose, montant sur une petite estrade trouvée par hasard, Sarah appella:

-"Mes frères et soeurs! Une grande bataille va se jouer en ce jour! Agenouillez-vous, priez pour ceux que vous aimez! Priez tous Sigmar! Pour qu'il vous aide, vous devez le vénérer et accomplir sa volonté, qui est ici de ne pas paniquer et de vous comportez en vrais impériaux! Priez mes frères et soeurs, priez votre Dieu!"
Modifié en dernier par [MJ] Kriegsherr le 28 oct. 2013, 19:16, modifié 1 fois.
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Sarah Lénor, Voie de l'exorciste
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[MJ] Kriegsherr
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Re: [Sarah Lénor] Fuite et poursuite

Message par [MJ] Kriegsherr »

Sarah Lénor choisit donc la solution qui était peut-être la plus sage, car la plus sûre pour elle. Cependant, ses motivations principales ne furent pas la peur ou l’égoïsme, mais étaient plus nobles. Quoi qu’il en fut, le résultat revint au même : elle alla rejoindre les villageois dans la grange, à l’écart des combats qui n’allaient pas tarder à éclater. Les habitants du petit village où les soldats avaient décidé de tendre leur embuscade étaient tous recroquevillés au fond du bâtiment, et tous tremblèrent quand la religieuse poussa la porte. En effet, il ne faisait maintenant aucun doute que le capitaine Reikhart et ses hommes n’avaient aucun scrupule, pas plus que les mercenaires qu’ils avaient embauchés. D’après ce que la sigmarite avait pu comprendre, il était même probable que les soldats réguliers soient en fait à la solde d’une tierce personne, le mystérieux maître de Lukas Wiedenfehler, alias Walter Judendach. Le grand cœur de la nonne ne put rester de marbre face à la détresse des gens sans défense qui étaient réunis et attendaient devant elle. Aussi décida-t-elle de les aider en les réconfortant par le biais de la prière… Au même moment, au dehors, à une portée de flèche, les premiers bruits de combats retentirent. L’affrontement avait commencé.

***


La suite fut relativement rapide, puisqu’une heure tout au plus après les premiers bruits de combat, il n’y plus que le silence au dehors. Il fallut cependant attendre encore une bonne heure de plus avant que des bruits de pas rapide approchant de la grange ne se fissent entendre. Une voix forte lança un ordre sec, et deux hommes ouvrirent en grand les portes de la grange. Dans la lumière se tenait un homme de petite taille, cheveux noirs, au teint extrêmement pâle et avec de grandes cernes grises foncé sous les yeux. Il devait avoir une cinquantaine d’années, et avait tout d’un pur intellectuel qui ne sortait que rarement de sa bibliothèque. Peu athlétique et peu charismatique, l’homme était néanmoins impressionnant par l’impression de pouvoir et d’assurance qui émanait de lui. Il semblait avoir le pouvoir de vie ou de mort sur tout ce qu’il regardait, et il était clair qu’il n’hésiterait pas à l’utiliser s’il le jugeait opportun. Enfin, il fallait préciser qu’il était tonsuré (le front dégagé) et portait une robe de bure noire à capuchon (non rabattu). Seul signe de richesse apparent sur cet homme, une grande chaîne d’argent en collier, qui descendait jusqu’au milieu de sa poitrine, et à laquelle pendait un médaillon gravé d’une flamme. Derrière lui, deux prêtres-guerriers de Sigmar en armure lourde attendaient. Ce fut l’un d’eux qui prit la parole :

-Ceux-là semblent fidèles à l’Empereur et à Sigmar, père inquisiteur. Que doit-on faire ?

Le petit homme prit la parole d’une voix aigüe, mais assurée, pour répondre :

-Assurément, frère Kilderg, assurément… Regardez qui dirigeait leur office : la sœur Lénor en personne.

A ses mots, les deux prêtres-guerriers sursautèrent et firent mine d’avancer vers Sarah, leurs armes levées, mais leur chef les arrêta d’un geste. Les deux prêtres-guerriers protestèrent alors :

-Mais père inquisiteur, Sarah Lénor est recherchée. Elle a trahi Sigmar pour se vouer au culte des dieux sombres. Il faut la supprimer le plus vite possible.

-Frère Kilderg, il ne faut jamais se fier à ce que dit une personne que l’on n’a pas questionnée personnellement.

-Oui, père inquisiteur, mais tout un village a témoigné de sa culpabilité auprès des autorités. Le doute n’est pas permis : elle a commis l’hérésie !

-Frère Kilderg, croyez-moi, je sais reconnaître un innocent d’un coupable. Et si sœur Lénor n’est pas exempte de toute culpabilité, je puis vous assurer qu’elle n’a jamais ne serais-ce que pensé à renier sa foi pour les dieux du chaos, sans quoi j’aurais ordonné de brûler cette grange et ceux qu’elle abrite. Au contraire, je pense qu’elle ne ratera pas la chance de se racheter publiquement au cours de son ordination. Si elle a réellement le chaos, alors le pouvoir de Sigmar l’anéantira tout simplement pendant la cérémonie, tant sur le plan du corps que de l’âme, et elle ne pourra pas ainsi augmenter le pouvoir des dieux sombres, ni les rejoindre par delà la mort. Si, en revanche, sa foi n’a pas vacillé, alors elle sera récompensée par le tout puissant.
D’ailleurs, comme nous sommes pressés, nous allons dès maintenant procéder à la cérémonie, dans cette grange. Que l’on apporte l’autel portatif, l’eau et le marteau consacré.

Sœur Lénor, je suis le grand inquisiteur Ponce, nouvellement nommé à ce rang et chargé de mission par le grand théogoniste Volkmar en personne. Je suis membre de l’ordre de la flamme purificatrice depuis maintenant quinze ans, ayant commencé dans l’ordre de l’Enclume, c’est pourquoi je permet qu’on m’appelle « frère Ponce », comme il est coutume chez les moines, bien que je puisse revendiquer les titres de « grand-prêtre », de « père » et de « grand-inquisiteur ». Avant que nous commencions, si vous avez des questions, vous pouvez me les poser. Mais sachez que je suis connu pour mon intransigeance envers les hérétiques.
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 493#p70493

Et vous pouvez donner un grade au Kriegsherr ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 764#p70764

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