[Uvi] Un apprentissage lourd comme du plomb

[Uvi]

-Hummm, hé bien, figure toi que je me le demande encore parfois. Personne ne sait jamais pourquoi les dieux choisissent de laisser certaines personnes en vie et d’épargner d’autres. Sur le moment, j’ai pensé que si j’avais survécus c’était uniquement parce que j’étais destiné à quelque chose de particulièrement grand et glorieux. Je crois me souvenir d’avoir fait une série de rêves étranges, je pensais être au royaume de Morr, j’étais allongé sur une sorte de nuage épais et des silhouettes fantomatiques passaient à côté de moi se parlant parfois entre elles sans que je ne puisse saisir un seul mot. Je me sentais libéré de mes sensations corporelles.

Puis je revins à la raison et ouvris les yeux. J’étais dans une tente, couché sur un lit dans une sorte de petit hôpital de fortune. Un prêtre dont je ne pus déterminer le dieu qu’il vénérait se trouvait prêt de l’entrée, il me semble qu’il dormait. A ce moment là je me suis rappelé les derniers évènements, un regard en direction de ma jambe gauche et je compris que je n’étais pas mort. Ma jambe avait été tranchée.

-Mais, comment c’est possible ? Vous marchez encore sur vos deux jambes.

-Oui bien sur, c’est impressionnant ce qu’est capable de faire le collège doré, ma jambe gauche est actuellement une version partielle et permanente du serviteur de métal. Mais on n’en est pas encore là. Bizarrement, je n’étais pas très affecté par la perte de ma jambe, cela ne me gênerait aucunement dans mes études. Et il me serrait toujours possible de me déplacer avec un appui. Mais je me rappelais de ma mission et je devais absolument aller à Carroburg dans les plus brefs délais. J’entrepris alors de me lever mais une grande douleur venant de ma jambe manquante me paralysa. Je me suis rendormi et à mon réveil je fus content de voir que la jeune femme qui avait été rescapée de l’arène au même temps que moi se trouvais là, en pleine forme à s’occuper des blessés. Elle m’apporta de quoi manger et de quoi boire. J’acceptais son assistance avec plaisir, après tout, ne lui avait-je pas sauvé la vie ? Je lâchais un vague ‘’merci’’ avant de commencer à manger, mon estomac était sans doute atrophié alors il ne fallait pas que je mange trop vite. Elle semblait trop polie et presque craintive et je n’en connaissais pas la raison, sans doute avait-elle été traumatisée par les récents évènements. Elle me demanda aussi si je voulais que je la laisse seule, mais pourquoi voudrais-je une chose pareille ? Il me fallait des explications, trop de questions se posaient dans mon esprit. Je pris le temps de lui répondre entre deux bouchées de pain ‘’Bien au contraire, m’dame, contez-moi tout ce qui c’est passé depuis que je suis allé jouer aux dés avec Morr, et s’il vous plait, n’oubliez aucun détail.’’ Je m’apprêtai à écouter son récit avec attention.

[[MJ] Kriegsherr]

La jeune femme parut assez amusée par la réponse d'Uvi. Elle découvrait qu'après tout, les magiciens eux aussi avaient de besoins normaux communs à tous : manger, être curieux, ... Aidant son sauveur à se nourrir, elle lui sourit et répondit.

-Oh, vous pouvez m'appeler mademoiselle et me tutoyer, si vous voulez, je ne suis pas vieille ni riche, monsieur.

Et elle continua son récit.

-Quand ce lâche a attaqué par derrière votre ami, j'ai bien cru que nous allions tous mourir, qu'il allait nous tuer et nous dévorer. Puis vous vous êtes battu, et j'ai essayé de vous aider, mais il était trop fort. Au moment où vous êtes tombé et où il s'est jeté sur vous, je pensais que c'était fini, que vous êtiez mort, que j'étais la dernière. Mais il restait une blessée en vie au moins, cette dame brune. Je ne pouvais l'abandonner à ce monstre, il l'aurait violée, torturée, tuée et mangée. Sans armes, j'avais peu de chances de faire le poids face à cette armoire à glace qui semblait en plus s'y connaître en combat, mais il fallait au moins que j'essaie de faire mon possible pour essayer de sauver ceux qui pouvaient encore l'être. J'ai relevé les bras et serré les poings, j'ai tenté de lui donner l'illusion que je n'avais pas peur, mais en fait j'étais morte de trouille...

Elle eut un petit rire amère en y repensant, puis reprit.

-Evidemment, ça n'a pas pris, je voyais très bien qu'il savait que j'étais terrifiée et il semblait aimer ça. Il savait qu'il me dominait et me l'a fait savoir avec un de ces regards qui vous glacent le sang et un ricannement cruel. Il m'a dit que j'étais mignonne et que ça faisait un bout de temps qu'il n'avait pas... Enfin bref, qu'il allait profiter de moi et qu'il allait se régaler. Le pire, là-dedans, c'est que je savais qu'il ne lançait pas de menaces en l'air. Et comme je n'avais pas envie du tout de "passer à la casserole" avant de finir dans son estomac, j'ai répliqué en lançant mon poing droit vers sa sale figure. Et devinnez quoi ?
Je l'ai mis KO en un seul coup, puis je vous tous transportés ici sur mon dos un par un !

Si ce qu'elle disait était vrai, il valait mieux prendre très au sérieux la jeune fille d'un âge pourtant à peine équivalent à celui de Uvi, mal nourrie, et qui paraissait frêle de l'extérieur : il était incroyable qu'elle ait réussi ce tour de force que même un homme fort aurait eu du mal à accomplir. Elle semblait néanmoins la plus sérieuse du monde, très convaincue de la véracité de ses propos, du moins jusqu'à ce qu'elle éclate d'un rire discret, avant de se reprendre comme si elle avait fait une gaffe devant un professeur à l'école.

-Oh heu... Désolée... Heu... Pardonnez-moi monsieur, je ne voulais pas vous offenser, ma mère m'a toujours dit que j'étais trop joyeuse pour ce monde. Je ne voulais pas me moquer de vous. Enfin, heu... En fait si, mais pas méchament, je vous jure. Je vous en prie, ne m'en voulez pas.

Elle avait peur que son humour ne fut pas du goût d'Uvi, où que celui-ci le trouve déplacé ou inapproprié, ou encore ne la prenne pour une sotte. Et elle n'oubliait pas que c'était son sauveur, en plus d'être un magicien. Elle avait eu un peu peur de sa réaction [HRP : je suppose que tu ne vas pas réagir violemment, sinon j'éditerai ce message], mais elle décida quand même courageusement de continuer son histoire, avec une gravité qu'Uvi ne lui avait encore jamais vue. Elle se remémorait visiblement des moments très difficiles dont l'évocation avait même réussi à l'assombrir et à lui ôter son joli sourire.

-Eh bien en fait non, ça ne s'est pas passé comme ça. La vérité, c'est qu'il a lâché sa hache et a arrêté mon bras avec sa main gauche, puis il m'a poussée et je suis tombée par terre. A ce moment là, je savais qu'il était trop fort, que je n'avais plus aucun moyen de lui échapper... Puis il s'est jeté sur moi. Je me suis débattue de toutes mes forces, mais c'était inutile. Vous ne pouvez pas savoir ce qu'on ressent quand on est une femme dans cette situation, qu'on sait ce qu'un homme comme celui-ci veut vous faire, et qu'on est totalement impuissante à l'en empêcher. Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie, même pas quand je vous ai rencontré pour la première fois... Il m'a immobilisée et mes vêtements sont partis en lambeaux avant que j'ai seulement pu comprendre comment. J'ai fait la seule chose que je pouvais encore faire : hurler au secours. J'avais complètement oublié nos poursuivants. Il m'a donné un violent coup de poing dans le ventre pour me faire taire. Ca m'a coupé le souffle, mais je n'ai pas arrêté de me débattre. Il m'a encore frappée. Et encore. J'avais trop mal, j'étais à bout de forces, je n'allais plus pouvoir lui résister. Heureusement, au moment où il s'apprêtait à... A passer à l'acte, des bruits de gens qui approchaient l'on fait fuir. Je me suis évanouie, et quand je suis revenue à moi quelques dizaines de minutes plus tard, j'étais habillée d'une tunique blanche et entourée d'un groupe d'hommes armés et de religieux, sur la route. On m'a questionnée, et je crois qu'ils ne me font pas confiance, et ils ont bien failli me tuer quand ils ont vu que vous étiez un mage. Finalement, ils ont acceptés, en attendant de nous interroger plus longuement, de me laisser "libre", à condition que je n'aie pas d'armes, que je ne m'éloigne pas d'eux et que je ne tente rien de suspect. C'est une sorte de convoi de sigmarite, si j'ai bien compris, ils sont donc dans le bon camp, mais je crains fort qu'ils soient un peu "extrêmistes", si vous voyez ce que je veux dire. Il nous faudra donc être très aimables et prudents avec eux.

La jeune fille blonde fit une courte pause, pendant laquelle elle retrouva son sourire et son air joyeux. Elle osa même une question.

-Sauf votre respect, monsieur, pourquoi n'avez vous pas tout simplement changés en rats ou réduits en cendres vos ennemis, au lieu de les combattres à armes égales ?

[Uvi]

-Elle me dit que je pouvais la tutoyer car elle n’était ni vielle ni riche, à cela, je lui répondais que j’été pas beaucoup plus âgé qu’elle sinon plus jeune et que ma seule fortune était une amulette que je portais depuis ma naissance. J’ajoutais que je ne méritais pas plus le tutoiement qu’elle. Puis elle me conta comment après que je me sois évanouis elle avait choisit de rester pour nous sauver. Je remarquai que ses descriptions étaient très justes, sa voix mélodieuse et son rythme rendaient son histoire captivante, elle aurait fait une excellente conteuse. Puis elle me dit qu’elle avait pus le mettre à terre et l’assommer d’un simple coup de poing. J’avoue avoir mis un certain temps avant de comprendre qu’il s’agissait d’une blague. Je pense qu’à ma simple expression elle a préférée poursuivre son récit plus sérieusement. Cette fois, j’étais réellement touché par ce qui lui était arrivé, elle avait été stupide de croire qu’elle avait la moindre chance de faire quoi que ce soit à un pareil monstre et sans armes qui plus est, mais elle avait aussi fait preuve d’un grand courage en restant, un courage bien supérieur à la moyenne des soldats de l’armée régulière de l’empire. Puis elle m’expliqua comment les prêtres de Sigmar sont arrivés juste au bon moment faisant fuir le cannibale.

Une fois son récit finit elle me demanda pourquoi je n’avais pas utilisé ma magie pour le détruire. A cette question j’ai répondu que la magie prenait beaucoup de temps à apprendre, qu’il m’avait fallut un an d’études intensives pour pouvoir la pratiquer et que mon ordre de magie se base plus sur les connaissances et l’alchimie que sur la destruction. Je lui dis aussi que même pour un seigneur sorcier ayant passé une cinquantaines d’année à étudier, la magie comprend de gros risques et ne doit être utilisée que pour un des raisons importantes ou bien en ayant pris un grand nombre de précautions auparavant.

Mais bien que son récit était riche en détail, il me restait un question importante : Je m’inquiétai sur l’état de santé de nos deux autres compagnons et plus particulièrement celui de Falkar qui c’était prit un puissant coup de hache. Je lui demandai également de donner plus de détail sur les Sigmarites, leur nombre, leur mission, une éventuelle destination, et surtout, des renseignements sur l’endroit ou nous étions par rapport à Aldorf et Carroburg.

[[MJ] Kriegsherr]

Visiblement, la réponse du sorcier sur le tutoiement amusa la jeune fille. De même la question, plus sérieuse, posée par Uvi ne dérangeait pas du tout qui eut au contraire l'air ravi. D'un grand sourire qui découvrit toutes ses dents, elle répondit :

-Ho, monsieur, vous savez, vous êtes un grand magicien, moi je ne suis rien. Et quant aux autres, j'étais sûre que vous alliez me poser la question, j'aurais été déçue si vous ne l'aviez pas fait. Grâce à votre courage et à votre bonté exemplaire, ils sont tous saufs ! Votre ami a pris un vilain coup sur la tête, c'est vrai, mais heureusement, le monstre l'a frappé avec le manche de sa hache. Le médecin a parlé d'un léger traumatisme, mais ce n'est rien de grave. Sinon, nous étions tous en état de choc, encore à demi-drogués, quasi-morts de fatigue et sous-alimentés, tous avec au moins des blessures superficielles, mais ça va beaucoup mieux depuis que ces religieux sont tombés sur nous, il y a deux jours.
Quand à ces hommes, j'ai cru comprendre qu'ils étaient un convoi de sigmarites armés, accompagnés de fidèles fanatiques, au service d'un certain grand inquisiteur, "frère Ponce", je crois. Ce serait un fervent défenseur de la religion sigmarite dans sa pureté.

Elle chuchota le reste de sa phrase à l'oreille du mage :

-Autrement dit ce sont des extrémistes officiels un peu timbrés sur les bords qui veulent remettre de l'ordre dans le bazar, par la force si nécessaire.

Et elle ajouta dans un souffle, légèrement plus sérieuse, mais toujours avec la même joie de vivre, et ses yeux dans ceux de Uvi :

-Et... Je tenais à vous remercier encore pour tout ce que vous avez fait. Vous nous avez tous sauvés la vie, au péril de la votre. Je sais que vous allez me dire que ce n'était rien, que tout le monde à votre place aurait fait pareil, mais... Croyez moi, ce n'était pas rien et très très peu de gens auraient fait la même chose. Si je vis encore aujourd'hui, c'est uniquement grâce à vous, et il en va de même pour ces gens. Vous nous avez aidés sans rien attendre en retour, quand bien même ça vous mettait directement en danger, vous êtes même allé jusqu'à perdre une jambe et essayer de vous sacrifier pour me donner une chance de fuir. Nous avons tous une dette envers vous. J'ai une dette envers vous. Vous êtes un véritable héros, quoi qu'on puisse dire de vous, et le monde a besoin d'hommes de bien comme vous.
Je voulais que vous le sachiez.

Puis elle se tut et rougit en baissant les yeux...

[Uvi]

-La demoiselle m’apprit que tous les survivants étaient en vie, mal en point, traumatisés par les événements mais en vie. Falkar avait simplement été estourbit par le nécrophage. Apparemment, j’étais celui qui avait la plus grosse blessure. Cela me rassurait car j’avais commencé à nouer des liens avec mes compagnons d’infortunes.
Puis elle me parla des hommes qui nous avaient trouvés. C’était des sigmarites, tout un convoi composé de prêtres, de guerriers et peut-être de flagellant. Bien que pas très contrôlables, ces derniers sont des fantassins impitoyables, combattant jusqu’à la mort, souhaitant mourir en emportant le plus d’ennemis de l’Empire dans leurs tombes. Ils étaient tous guidés par "frère Ponce", je ne le connaissais pas mais elle me le décrivit comme quelqu’un de particulièrement pieu et violant.
Puis la jeune femme se mit à chanter mes louanges, une partie de moi aimait ce qu’elle me disait. Après tout qui ne voudrait pas être respecté et admiré ? Mais une autre partie de moi était troublée, je ne méritais pas tous ces compliments car je n’avais pas l’étoffe d’un héro, du moins pas encore. Pesant le pour et le contre je pris une décision : Je ferais mon possible pour avoir une attitude héroïque mais resterait le plus honnête possible. Je n’étais pas encore prêt à porter les lauriers de la victoire.

‘’Je vous remercie de ces compliments mais je crains que vous vous trompiez sur mon compte. Je risque de vous décevoir, mais vous êtes très loin de la vérité. Tout d’abord, je ne suis pas un grand sorcier mais simplement un apprenti en première année, mes pouvoirs sont très limités. Pour ce qui est de sauver vos vies au péril de la mienne, c’est encore inexact. La première fois que j’ai sauvé Falkar j’étais à l’abri derrière un arbre et j’ai utilisé ma magie pour faire peur aux bandits qui l’agressaient. Quand on s’est retrouvé dans l’arène c’est pas un antidote mais un poison mortel que j’ai voulu préparer pour pouvoir me défendre, mais j’ai complètement raté ma potion et je me suis rendu compte par la suite que ça inhibait les effet de la mixture. C’est alors que je vous ai libéré mais ma motivation première était de m’échapper de cet endroit et plus nombreux nous étions, plus cela serait facile.
La dernière fois, sur la colline, j’étais épuisé, j’ai voulu vous sauver mais pourtant je ne vous ai demandé de partir qu’au dernier moment quand tout semblait déjà perdu.
Si vous vivez, c’est probablement grâce à Sigmar, c’est bien lui que vous devriez remercier.’’

J’avais honte de ce que j’avais fais, mais aussitôt que j’avais confessé mes péchés, je me sentais déjà mieux. Mais je ne laissais que peu de temps à la jeune femme lui demandant un dernier service.

‘’Pouvez-vous aller chercher le frère Ponce et lui dire que je suis prêt à lui parler ? Je suis vraiment désolé de vous avoir déçu, mais je pense qu’il aurait été bien cruel de vous laisser penser que j’étais l’équivalent d’un dieu plus longtemps.’’

[[MJ] Kriegsherr]

La jeune fille ne parut pas surprise par les explications d'Uvi, car elle s'attendait à une réaction de ce type. Mais elle ne semblait pas pour autant changer d'avis sur son sauveur. Elle répondit simplement d'une voix douce :

-Ne soyez pas trop dur avec vous. Quand au frère Ponce, il ne dirige pas ce convoi directement, il l'attend à son point d'arrivée. A ce que j'ai compris, ceci n'est qu'un convoi parmi d'autres, et le frère inquisiteur a de grandes intentions. Mais je vais vous appeler le chef de cette bande-ci.

Elle signala au religieux de garde à l'entrée que le magicien doré c'était réveillé et qu'il demandait à parler à son supérieur. Bientôt, un très grand homme tonsuré et borgne entra dans la tente, accompagné de deux prêtres-guerriers armés. Le garde leur indiqua le lit du mage et ils s'approchèrent. Uvi put sentir que sa compagnonne était mal à l'aise, car elle n'arrivait pas à regarder le clerc dans les yeux et qu'elle se retourna vers le sorcier pour lui prendre la main, autant dans le but de l'encourager que de s'encourager elle-même. A ce contact, le magicien constata que le pouls de la jeune femme blonde avait augmenté et qu'elle tremblait légèrement. Le chef du convoi prit alors la parole, d'une voix forte et autoritaire :

-Êtes vous magicien ? Que faisiez vous dans cette forêt ? Répondez, et sans me mentir ou me cacher quoi que ce soit.

[Uvi]

-Mais malgré tous ce que j’ai pu lui dire, elle ne montra pas de signe de déception. Sûrement devait-elle penser que j’étais trop modeste. Le chef du convoi était borgne, ne sachant pas si je devais fixer son œil valide ou regarder entre les deux yeux, je détournais légèrement mon regard sur l’un de ses gardes du corps. Tout en caressant discrètement la main que la jeune fille me tendait dans le but de la rassurer, je pris la parole.

‘’Bonjour, je m’appelle Uvi et je suis sorcier, mais rassurez-vous, je ne suis pas l’un de ces vulgaires jeteurs de sorts que vous traquez. En fait, j’appartiens au collège doré qui est sous la protection de l’empereur lui-même et qui l’a servit à maintes reprises. Par respect envers votre culte, je ne me servirais pas de ma magie en votre présence sans avoir votre permission au préalable.
Cela fait plusieurs jours, mais je ne saurais dire combien, que je suis parti de la capitale en prenant la route de Carroburg. Je devais remettre un objet à un alchimiste qui s’y trouve. Mais je me suis fais capturé par une tribu adorant des dieux probablement du Chaotiques, ils nous ont donnés une potion pour nous rendre assoiffés de sang. Je pense qu’il y avait du bonnet de fou dedans, le champignon que les chamanes gobelin de la nuit font avaler à leurs soldats pour les rendre fanatiques. Ils voulaient que nous nous combattions jusqu'à la mort et que nous nous entre dévorions. J’ai réussit à créer une potion qui dissipait les effets de la potion et j’ai réussit à libérer un petit groupe de prisonniers. Ensuite nous avons réussit à nous enfuir en courrant. Malheureusement, l’un de nos compagnons avait déjà goûté à la chair humaine et y avait prit goût. Cet homme c’est retourné contre nous et vous connaissez la suite.’’

Lâchant la main de ma compagnonne, je désignais du doigt ma jambe manquante d’un air ironique. Il fallait absolument les rediriger sur la tribu cannibale. Car ce sont des soldats du bien mais ils sont amenés à faire le même choix que nous autre les sorciers: combattre le feu par le feu. Ils utilisent la violence quand nous utilisons la magie et ils arrivent parfois à être plus dangereux.

‘’Si vous me conduisez là où vous nous avez trouvé, je pourrais vous conduire à eux, ils sont entre deux cents et trois cents, mais il ne savent pas tous se battre et possèdent un armement pauvre, de plus la plupart sont très peureux, il n’y aura même pas à les combattre si vous les encerclez. Mais j’aurais ensuite besoin de retourner sur la route de Carroburg pour retrouver l’objet que j’avais perdu’’

[[MJ] Kriegsherr]

Certes, le sorcier doré disait la vérité aux religieux, mais ceux-ci étaient, comme la quasi-totalité du clergé sigmarite, encore plus hostiles envers tout ce qui touchait à la magie que les citoyens basiques de l'Empire, ce qui n'est déjà pas peu dire. Seul le fait que l'empereur Magnus ait, depuis la Grande Guerre contre le chaos, autorisé officiellement la pratique de la magie par les humains au sein des collèges les empêchaient de tuer Uvi et ses congénères : il n'aurait pas été bon, en effet, de se débarasser d'un membre d'une composante politique et stratégique passée au premier plan pour l'Empire. Mais le simple fait d'être magicien suffisait à éveiller les soupçons de corruption chaotique dans l'esprit des ecclesiastiques, et il serait difficile de les convaincre.

Test de persuasion : 7. Réussite.

Toutefois, les dires d'Uvi semblaient suffisament sincères, et de surcroît concordaient avec ce que les prêtres avaient pu retirer de l'interrogatoire de la jeune femme blonde. Si l'inquisiteur et ses deux accolytes ne semblaient pas totalement convaincus par son discours, la menace de la proximité d'un culte chaotique était suffisament grave pour être prise au sérieux. Le borgne répondit au magicien :

-Je suis loin d'être persuadé que vous nous disiez toute la vérité. Si vous aviez été un homme comme les autres, j'avoue que vous m'auriez convaincu : vous ne ressemblez pas à un menteur, néanmoins... Un magicien est par nature fourbe, plus apte et plus habile à cacher ce qu'il veut que le commun des mortels. Et seul un membre du collège doré pourra nous confirmer la véracité de ce que vous avancez. Quoi qu'il en soit, en attendant, vous resterez mes prisonniers, vous et tous vos amis, je ne veux prendre aucun risque. Et il est hors de question que nous dévions de notre route, frère ponce a été clair, il ne faut à aucun prix être en retard. Nous nous rendons toujours à Middenheim, et là-bas, un membre de votre ordre pourra nous confirmer votre identitée, espérons le pour vous et vos camarades : en attendant, interdiction de faire n'importe quel acte magique ou de toucher une arme, sous peine de mort. Quant aux prétendus hérétiques adorateurs du chaos, nous ne pouvons nous permettre de les traquer dans les bois, ça nous retarderait et pourrait nous affaiblir, nous nous contenterons donc de doubler les gardes, et d'avertir les troupes régulières les plus proches. Exécution !

Et le chef du convoi quitta la tente, suivi de ses deux prêtres guerriers, laissant les prisonniers/blessés seuls dans la tente avec leur gardien religieux. La jeune fille semblait soulagée que rien ne se soit passé...

[Uvi]

-Je pense que le prêtre guerrier m’a cru innocent, mais le fait que je pratique de la magie le faisait hésiter, mais contre toute attente, il préférait continuer sa route et nous garder comme prisonniers. La ville dans laquelle ils se rendaient était Middenheim et c’était bien trop loin. J’avais déjà perdu beaucoup de temps et il fallait que je me remette en route au plus vite. Il fallait le faire changer d’avis, mais il semblait borné et de surcroît se méfiait de moi. Tenter de le lui expliquer que son choix n’était pas le meilleur ne pourrait que renforcer l’image manipulatrice qu’il avait des sorciers.

Mais il avait une faiblesse exploitable ; sa fierté et peut être une certaine envie de monter en grade. Il fallait que je garde un ton neutre et innocent presque au point d’être sarcastique.

‘’Alors comme ça vous pensez que tous les magiciens sont fourbes, je ne vous en veux pas, l’un de mes maîtres m’a appris qu’il fallait se libérer de tous arrières pensées ou jugements préétablis si on voulait pouvoir étudier quelque chose avec précision. Mais nous sommes tous humains et il m’arrive aussi d’avoir des jugements un peu trop hâtifs…
Tenez par exemple, ne le prenez pas mal mais il y a quelques minutes, j’aurais été prêt à miser ma deuxième jambe qu’un prêtre guerrier était par nature prêt à mourir pour combattre le chaos. Je peux bien imaginer que ce n’est pas le cas de tout le monde, mais de là à penser qu’une centaine de prêtres guerriers fuient à toutes jambes un bout à l’autre de l’Empire de peur qu’un petit culte probablement chaotique puisse leurs infliger quelques pertes ?
Maintenant, je ne serais presque pas étonné si demain notre empereur serrait la main de Grimgor Boit-en-fer en signe de réconciliation et lui offrait l’une de ses cousines en mariage.’’

Je m’arrêtais un instant de peur d’être allé trop loin, puis décidait d’en rajouter un peu. Après tout les règles avaient été claires : pas de magie, pas d’armes. Le reste ne devait pas me mettre en danger.

‘’Hé bien très bien, allons à Middenheim, je suis sûr que le frère ponce vous remettra en personne la médaille de la ponctualité ainsi que celle de l’économie d’énergie. Vous semblez préférer recevoir des ordres plutôt que d’en donner.’’

[[MJ] Kriegsherr]

Oulà, osé ça ! Pas mal, audacieux pour le moins, et même culotté si l'on peut dire ! En tout cas je sais si ça va marcher, mais tu gagnes toujours 2 xps pour l'originalité.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que personne ne s'était attendu à une telle réponse de la part du jeune magicien. Déjà qu'il était en position d'infériorité, et que le clergé ne semblait pas particulièrement ravi de sa présence, il avait le culot de tenter une pique. L'effet en fut immédiat, et la réaction à ce discours imprévu était plus instinctive que réfléchie. Le chef du convoi et ses deux acolytes s'immobilisèrent net sur place, comme gelés, la jeune fille blonde poussa une exclamation de surprise et porta une main à sa bouche comme si c'était elle qui avait dit ces mots, horrifiée, et le vieux moine qui gardait l'infirmerie tomba de sa chaise. Puis, lentement, le chef se retourna vers Uvi, imité par ses deux hommes. D'après son regard assassin, il s'en fallut d'un doigt qu'il ne tue le sorcier sur le champ. En bon commandant, il s'en était retenu, mais il se dirigea résolument vers le lit de l'amputé...

Test de persuation : 8. Réussite.

Dès qu'elle s'aperçut du danger que son sauveur courait, la blonde se leva et se mit entre le lit et les trois ecclésiastiques furieux, en écartant les bras, et en tentant par un flot ininterrompu de paroles de les ramener au calme. Mais leur colère n'était pas calmée pour autant. Le chef se rapprocha jusqu'au lit du mage, et poussa violemment la jeune femme qui tentait de le raisonner et de s'excuser pour les propos de son compagnon, la faisant tomber par terre. Un des deux autres prêtres-guerriers posa sa lourde ferrée sur le ventre de la blonde pour l'empêcher de se relever et la menaça de son marteau. Cela la fit tout de suite taire, et elle resta muette et sans bouger d'un pouce pendant que le supérieur prenait le blessé par le col de sa chemise et le soulevait de son lit avec une force inouïe, défaisant les draps au passage. Puis il projeta le magicien doré sur le sol, à côté de la jeune femme blonde. Une botte du second prêtre guerrier sur sa poitrine vint le clouer par terre et lui couper la respiration, tandis que le prêtre principal se penchait vers lui et lui parlait lentement :

-Je vous conseille de faire attention à ce que vous dites, minable nabot. Tout apprenti du collège doré que vous prétendez être, je pourrais et peut-être même devrais vous tuer, aussi facilement qu'on écrase un insecte, vous et tous vos amis, et personne n'en saurait jamais rien. Mais je ne m'abaisserais pas à tuer un être aussi faible que vous comme ça, fut-il abject. Peut-être bien que vous me tendez un piège, pauvre fou, mais je vais tout simplement vous montrer comment l’Eglise de Sigmar traite les impies : par la force ! Mais je vous préviens, vous venez avec nous, et si je découvre que vous nous avez menti, ce sera la mort !

Frère Wilbur, prenez le commandement du convoi, et ne ralentissez pas, sous aucun prétexte, vous devez tenir les délais de frère Ponce. Frère Kreizhold, rassemblez une vingtaine des nôtres, qu’ils soient en armes et prêts à en découdre dans dix minutes.

Le chef du convoi partit de la tente en trombe, bientôt suivi des prêtres Wilbur et Kreizhold, qui libérèrent enfin Uvi et sa jeune compagnonne. Mais ceux-ci se trouvaient maintenant embarqués dans une traque, et peut-être dans un combat à une vingtaine contre deux ou trois cent. Et le pire était que s’ils ne trouvaient rien, ils serraient exécutés. Ces prêtres de Sigmar étaient quand même un peu fous sur les bords, ils avaient dans leur convoi une centaine de prêtres-guerriers, des novices et des flagellants en grand nombre, et ils préféraient partir à vingt ! Encore tremblante, la jeune fille blonde semblait au bord des larmes. Elle allait de nouveau se retrouver face à ses tortionnaires, ceux-là même qu'elle avait cru ne plus jamais devoir revoir, et espéré pouvoir oublier un jour. Elle vivait un véritable cauchemar éveillée, mais elle savait qu'elle avait plus que jamais des responsabilités vis-à-vis d'Uvi, qui était faible et estropié, et elle se ressaisit vite. Se remettant debout, elle aida le magicien à s'asseoir sur son lit. Puis elle tenta de se rassurer en lui disant vainement que tout allait bien se passer, et alla chercher des vêtements aptes à une sortie en forêt pour lui. Elle lui remit une tunique, un pantalon et un manteau. Elle se retourna quand Uvi dût enlever sa tunique blanche de blessé pour enfiler ses nouveaux vêtements. Le surveillant religieux-médecin qui était tombé de sa chaise grogna que c'était de la folie, que son patient était trop faible pour sortir se battre, et qu'il était absoluement hors de question qu'il mette une jambe de bois avant une semaine au moins, mais il semblait penser qu'Uvi l'avait quand même bien mérité. Une fois habillé, la blonde se retourna vers le jeune Uvi et lui dit :

-N'ayez pas peur, nous... Nous n'aurons pas à nous battre. Je ne vous quitterai pas et vous pourrez prendre appui sur moi en guise de prothèse.