[Eranor et Artemisia] Garder son sang-froid

[[MJ] Le Djinn]

Quelle belle journée à Lothern! Les fanions flottaient très haut sur les immenses tours bâties par les haut-elfes et la pierre blanche qui parsemait la ville s'illuminait sous l'Oeil du monde. Dans sa chambre d'auberge, Artemisia se reposait, fatiguée par les heures de visites qu'elle avait fait ces trois derniers jours! Cette ville était un véritable labyrinthe, rempli de merveilles, chaque rue, chaque petite place avait été travaillée par un architecte elfe désireux de laisser sa marque dans l'éternité, l'amenant à faire dessiner des motifs abstraits et des formes de pierre invraisemblables... Mais pour autant magnifique.
D'ailleurs, le lieu de repos payé par les bons soins d'Erlendar ne manquait pas non plus de charme! Elle était la seule halfing à s'y trouver (peut-être même la seule de la ville) mais pour autant les domestiques se préoccupaient d'elle avec une attention presque maternelle, lui servant de bons vins et de bons mets, aussi succulents que les plats des cuisiniers réputés impériaux!

Voilà donc une deux petites semaines que l'aventurière découvrait les us et coutumes de la civilisation elfiques, regardant des passants discuter dans leur étrange dialecte, voyant les navires d'une centaine de citées entrer dans le port titanesque, rêvassant à la fraîcheur des fontaines elfiques... On pouvait juste reprocher à l'endroit d'être trop "parfait" pour son esprit tumultueux! Les gardes bien trop efficaces dissuadaient les éventuels pirates et autres mauvaises gens de venir troubler la paix ambiante. De même, les prix étaient souvent trop élevés pour sa maigre bourse et l'absence du mage, reparti pour quelque affaire, se faisait sentir. En définitive: elle était seule dans un paradis doré.

Sur son lit de velours, de plus de cygne et de soie, elle dormait faiblement pour tromper son début d'ennui et sa fatigue... Elle fût sauvée par des coups puissants retentissants sur la porte de chêne. Ouvrant pour voir de qui elle s'agissait, elle eut la surprise de voir un émissaire des elfes, même si malgré son faible rang il était habillé comme un prince humain. Poliment, il s'inclina afin de ne pas dépasser Artemisia.

-"Bien le bonjour Ma Dame. Je suis venu vous informer que le grand mage Erlendar vous attend ce début d'après-midi au port, sur le quai des Défenseurs, à bord du navire "L'Altruiste". Ce navire vous ramènera chez vous, dans l'Empire."

Ayant terminé, il salua bien bas et claque des bottes avant de descendre, toujours avec cette attitude typiquement elfique qui donnait l'impression qu'il était fier comme un pan.
Il ne devait pas être loin de dix heures du matin, en comptant qu'elle devait y être pour treize ou quatorze heures, ça lui laissait le temps de rassembler ses affaires, de se promener une dernière fois puis de déjeuner avant de partir pour le trajet de retour. Qu'Ulthuan lui semblerait loin après ça!

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La caserne des heaumes-d'argents semblait s'imposer dans la périphérie de Lothern, dépassant de toute sa hauteur les dimensions plus modestes des habitation elfiques alentours. On aurait pu s'étonner de sa localisation si excentrée, surtout pour un ordre de combattants si loués... La raison était pourtant d'une évidence éclatante: les vastes plaines derrière la cité était parfaite pour l'entraînement, notamment le combat à cheval! Mais cela, Eranor le découvrirait plus tard, pour l'heure il devait encore se faire connaître auprès des intendants de cet ordre prestigieux.
Ce ne fût pas chose difficile, après avoir confié son cheval aux valets de cour, on le fit entrer dans une petite salle parsemée de mosaïques représentant des scènes de conflits où toujours un heaume-d'argent assurait la victoire. L'officier en charge du "recrutement" lui demanda sobrement son nom et celui de son père, pour juger de sa noblesse, avant de l'envoyer dans une antichambre peu décorée où patientaient sur des sièges en tissu rouge trois autres jeunes elfes, dont l'apparence faisait aisément comprendre qu'ils étaient nobles, comme lui.

Pas un mot ne fût échangé, le dialogue ne s'établissait pas toujours facilement au sein de la noblesse elfique et il apparaissait que chacun souhaitait connaître un peu mieux les compétences des autres avant de leur adresser une de leurs si précieuses paroles.
Il ne fallut pas plus d'une dizaine de minutes, qui en parurent pourtant un million aux elfes dans l'attente de l'entrée dans le cercle des chevaliers utlhuans. Un serviteur entra silencieusement pour les prier de se lever pour le suivre dans la cour arrière de la caserne où leur supérieur expliquerait les principes fondamentaux des heaumes-d'argents et leur remettrait armes et armures complètes. Ce terrain était composée d'une prairie verdoyante où se distinguaient plusieurs cibles ou groupes de sacs de blés, destinés sans l'ombre d'un doute à l'entraînement.

Le Grand Heaume les attendait, autour de lui se dressaient une demi-douzaine de cavaliers équipés et sur monture, venus accueillir leurs nouveaux frères. Les jeunes étaient devant leur supérieur, tous debout dans une position de garde-à-vous, laissant l'officier prendre la parole.

-"Mes frères, aujourd'hui vous rentrez dans la plus belle et la plus rude étape de votre vie, en vous présentant ici ce jour vous avez pleinement accepté l'honneur de devenir un heaume-d'argent. Nos règles sont simples: nous devons exterminer toute menace pour Ulthuan! Oubliez dès maintenant la gloire personnelle ou l'intrigue politique, ici chaque victoire, chaque haut-fait de l'un d'entre vous rejaillit sur l'ensemble! Vos titres et vos distinctions seront autant de marques de votre dévotion à la cause elfique. Nous vaincrons ensemble et nous deviendrons tous des légendes!
Maintenant prenez votre équipement, puis nous décernerons le trophée que tout le monde attend."

Des armes et armures complètes furent offerts à chaque nouvel arrivant, Eranor avait évidemment une arme, un bouclier et une armure pectorale de cette qualité, mais ceux qu'on lui offrait étaient en meilleur état et leurs sceaux stylisés d'argent semblaient scintiller, pour ne rien gâter, une lance d'arçon était offerte, sans doute pour les combats à cheval! Seul moment de désarroi: notre héros n'avait pas reçu, comme ses compagnons, un heaume. L'interrogation dans ses yeux fût lue par le Grand Heaume, qui dans un sourire, saisit un paquet que lui apportait un écuyer, en sortant un heaume d'acier elfique donc le front était orné d'un superbe soleil de métal, possédant en son centre une gemme d'un rouge sang.

-"Abaissez-vous que je vous en coiffe, jeune noble, vous avez bien mérité cette marque de votre bravoure. Mes frères, faites révérence pour Eranor: Vainqueur d'un démon!
N'oubliez jamais: la gloire personnelle est futile, votre exploit fait la fierté de toute notre unité, puissiez-vous en rapporter d'autres!"

Deux semaines passèrent ensuite dans l'ambiance de ferveur guerrière qui animait les combattants. Chacun redoublait d'effort pour atteindre le niveau de maîtrise de l'épée et de la lance du Grand Heaume, peu y parvenaient cependant! Le temps des batailles allait bientôt arriver, il faudrait être prêt...
Un jour, un messager vint trouver Eranor alors qu'il enfilait son équipement avec ses frères-d'armes, celui-ci lui appris, avec moult usages de politesse en face d'un noble, que le grand mage Erlendar l'attendait à bord du bateau l'Altruiste, en début d'après midi, pour entamer un aller-retour vers l'Empire auquel le sorcier souhaitait vivement le voir participer. Notre héros consulta d'un coup d'oeil son supérieur qui opina du chef pour lui indiquer son approbation, mais -ça se lisait dans ses pupilles- à condition qu'il profite du voyage pour s'entraîner et non pas pour regarder paisiblement la mer passer!

Tout allait bien se passer, son destin était en train de s'accomplir: il ferait se voyage puis il reviendrait pour se battre et il deviendrait un héros...

Eranor reçoit: une lance d'arçon, des jambières de plaques légères, un heaume orné d'une gemme rouge. Je mettrais tout ça dans ta fiche plus tard!

[Artemisia Veregard]

Cela faisait deux semaines que notre jeune amie se reposait dans la ville de Lothern, superbe lieu, rempli de majesté, l'architecture était extraordinaire, la petite Halfing avait passé plusieurs heures à admirer cette splendeur le premier jour, puis elle s'était consacrée aux découvertes de la gastronomie elfique.
Elle n'avait pas été déçue, leurs plats étaient raffinés à souhait, leurs vins parfaits et leurs serveurs particulièrement agréables à l’œil.
Lorsqu'elle n'était pas occupée à dévorer où à dormir, elle se baladait dans les rues de la ville, il y avait toujours des choses à découvrir, une échoppe d'antiquaire à visiter, ou une maison à admirer, il lui semblait qu'elle n'aurait pas assé de sa vie entière pour comprendre tous les mystères de cet endroit magique.

Sia aurait adoré faire quelques emplettes, mais malheureusement sa bourse ne lui permettait pas d'acheter quoi que ce soit et elle se contentait de soupirer devant quelques étoffes somptueuses et lames finement décorées.
Au niveau social la jeune fille n'était absolument pas délaissée, son statut d'unique représentante Halfling de la ville lui valait la compagnie de quelques curieux qui la pressaient de questions, il était vrai que sa présence était particulièrement incongrue. En Veregard bien élevée elle répondait patiemment à toutes les interrogations qu'on lui soumettait, parfois lors d'une promenade ou (plus fréquemment cela dit) autour d'un verre de vin.
De plus, les travailleurs de l'auberge étaient adorables et à l'écoute du moindre de ses désirs. Artemisia s'était posé la question puis en avait conclu que les domestiques étaient particulièrement accueillants.
Mais la réalité n'était peut-être pas simple, sans doute éprouvaient-ils de la compassion pour cette gamine qui était passée par tant d'épreuves. Ou alors avaient-ils peur de froisser Erlendar en la traitant mal. Qui savait.

Seulement, l'ennui commençait à se faire sentir, pour notre petite aventurière le temps du repos était déjà passé, elle voulait repartir sur les routes, continuer sa quête, et l'idée de croupir ici ne l'enchantait guère.
La délivrance vint lors d'une matinée alors qu'elle faisait durer son sommeil.
La porte de sa chambre résonna, l'a réveillant, étonnée elle alla ouvrir et découvrit un messager elfe.

-Bien le bonjour ma Dame. Je suis venue vous informer que le grand mage Erlendar vous attend ce début d'après-midi au port, sur le quai des Défenseurs, à bord du navire "L'altruiste". Ce navire vous ramènera chez vous, dans l'Empire. Fit-il avant de repartir le plus simplement du monde.

Surexcitée artemisia se précipita sur ses affaires et empaqueta le tout rapidement, elle descendit ensuite pour déjeuner et fit ses adieux aux domestiques, ils allaient lui manquer, elle les serra tous dans ses bras l'un après l'autre avant de promettre de revenir un jour prochain.
Elle avait choisi de déjeuner sur-le-champ car elle souhaitait faire une dernière promenade dans la ville, histoire d'en graver chaque détail dans sa mémoire.
C'est ce qu'elle fit, puis elle se dirigea d'un pas décidé vers le lieu de rendez-vous.

[Eranor]

La ville était là, devant lui. Éclatante, brillante, magnifique. Un étalage glorieux des exceptionnelles prouesses elfiques, des tours altières, des palais majestueux, des parcs verdoyants et cette caserne, si imposante, où le noble Eranor poursuivrait son destin, voilà ce qu’était Lothern. Avec fierté, le caledorien traversa une cour jusqu’aux portes du bâtiment, où il fut envoyé dans une sorte de salle d’attente par un officier ayant eu le toupet de vérifier la noble ascendance d’un être comme le seigneur Dreanoc. Voilà bien quelque chose qui l’avait agacé, mais il dissimula son ressentiment en contemplant les somptueuses mosaïques où les victoires des heaumes d’argent étaient ressassées. L’esprit de l’Asur dériva quelques secondes sur les prouesses légendaires de ses frères de Caledor, ces princes dragons, qui chargeaient toujours au point le plus désespéré de la bataille et qui, toujours, remportaient la victoire. Ils avaient toujours été les meilleurs chevaliers du ponde, et, un jour, il en serait un, Eranor en était convaincu.

Autour de lui, il y avait trois autres nobles. Il les jaugea du regard, non sans une pointe de condescendance, à qui pouvait-il avoir à faire ? Des nobliaux pistonnés qui ne verraient jamais un champ de bataille ? Ses futurs frères d’armes qui lui sauveraient la vie ? De futurs cadavres dans la boue ? Il saurait bien assez tôt, pour l’heure, un subalterne entrait pour prier les novices de marcher à la rencontre de leur réussite, au-devant de la gloire et de l’honneur, pour rejoindre l’un des corps d’élite de la toute puissante Ulthuan. Dehors, un large espace voué à l’entrainement les attendait, pas moins de six cavaliers tout en armure rutilante et fichue sur leur monture les regardaient patiemment avancer lentement jusqu’au Grand Heaume, arborant son casque sein des plumes d’aigle prouvant son mérite. Il fit un bref discours, mettant en avant la doctrine des heaumes d’argent, puis, arrivèrent enfin le moment fatidique : la remise de l’équipement et l’intégration à proprement parler des novices dans l’unité. Il fut donné à chacun jambière et plastron, d’un bon acier, solide et finement décoré, et, enfin, le symbole de l’unité fut amené. Les grands casques qui donnaient le nom à cette chevalerie asur furent successivement posé sur le crâne de chacun des congénères du jeune noble. Il attendait patiemment son tour, en regardant le Grand Heaume faire son devoir, mais quand vint son tour, nul casque ne l’attendait. Un instant, il paniqua. Ses yeux fusèrent vers le chef d’unité, il ne comprenait pas. Puis, il vit. Il vit le heaume orné d’un resplendissant soleil dans lequel était enchâssée une gemme rouge sang d’une facture exceptionnelle. Son heure de gloire était là, sa victoire se reflétait dans le rougeoiement de la pierre précieuse, sa victoire et sa défaite. Sa sœur n’était plus. Il avait tué le démon, et, par la même occasion, il avait tué sa sœur. Amère récompense que celle-ci, mais il s’en montrerait digne.

Et l’entrainement débuta. Chaque mouvement était étudié pour le groupe, chaque attaque devait toucher sans jamais gêner l’autre, chaque bouclier devait se lever pour son voisin. Les charges étaient rapides et puissantes, les cavaliers s’entrainaient à rester en rang serré, à frapper en groupe et non seul. La discipline était là, et les esprits se tournaient non plus vers la survie personnelle de chacun, mais vers la survie du contingent. Au fil des jours, les cicatrices d’Eranor s’effaçaient, celle de son front avait quasiment disparu, la griffure du chien chaotique sur sa joue ne laissait désormais plus qu’une fine trace, mais, en son cœur, une entaille profonde faisait toujours s’écouler le sang. La nuit, il voyait encore sa sœur voler en poussière. La mort, la fin, la destruction, le dôme… Tout ceci le hantait. Ainsi, la vie du jeune seigneur continua pendant près de deux semaines, jusqu’à l’arrivée du messager qui l’invita, avec l’autorisation de son supérieur, à rejoindre Erlandar, pour voguer jusqu’à l’empire. Le temps était venu de reprendre la route, pour sa gloire, et pour la gloire des heaumes d’argent.

Eranor sella son coursier, un magnifique cheval d’un blanc éclatant. Il avait créé un lien particulier avec cette belle créature durant toutes ces journées à s’entrainer sur son dos. S’occuper de lui était devenue une habitude, tous les soirs, et il lui arrivait parfois de chuchoter à son oreille, de lui recompter la perte de sa sœur, le noble ne voulait pas montrer cette faiblesse à son régiment. Senthoi, voilà comment il l’avait nommé, du nom de la rune de son langage natal signifiant unité, loyauté et promesse rompue. Le jeune seigneur traversa la ville au pas, altier, jusqu’à l’embarcation censée le mener jusqu’à l’Empire. De sa manière de monter et de son apparence, il était impossible de ne pas ressentir sa noble ascendance, voire même, son origine de Caledor et sa fierté exacerbée. Enfin, il arriva devant l’Altruiste, pour y découvrir, non sans une légère pointe d’étonnement, la petite Artemisia. Il n’avait guère pensé à elle depuis les évènements traumatisants du dôme, mais maintenant qu’il la revoyait, cette espèce de chaleur qu’il avait ressentie au cœur au bout d’un certain temps, ce sentiment qu’il pourrait, pour ainsi dire, presque qualifier de paternel, lui revenait. Il avait eu pour devoir de la protéger pendant tout son périple, et il se sentait, en quelque sorte, responsable d’elle désormais. Étrange chose qu’une non-asur puisse se hisser si haut dans son estime, les autres peuples avaient-ils donc plus de valeur qu’il ne leur en avait laissée finalement ? Non, elle était juste spéciale, elle avait vécu les mêmes choses que lui. Il dirigea sa monture avec grâce vers la Halfing et mit pied à terre non loin d’elle. Il la salua d’un léger mouvement de tête, un imperceptible sourire agrémentant son visage, puis, lui parla, avec une voix devenue plus douce qu’au premier jour.

-Vous rentrez au pays jeune fille, n’est-ce pas ? J’imagine que votre contrée doit vous manquer, votre maison et votre famille aussi. Ulthuan est une île magnifique, je me désole que vous ayez dû vous rendre en son endroit le plus sombre et le plus dangereux. Puisse ce voyage maritime vous mener à bon port sans autre malheur.

Eranor mis un genou à terre pour se retrouver à la hauteur de sa petite interlocutrice et apposa sa main sur son épaule.

-Vous avez fait preuve d’un réel courage là-bas, vous m’avez apporté une aide décisive. Je ne l’oublierais pas, je vous le promets.

[[MJ] Le Djinn]

Quelques minutes s'écoulèrent dans une relative intimité pour les deux êtres, le temps pour eux de discuter un peu et de se détendre avant de partir vers le grand voyage. Autour d'eux les elfes des mers s'activaient sans tenir compte de leur présence, il fallut attendre la venue du mage Erlendar pour qu'un semblant d'intérêt leur soit porté.
L'Altruiste était un navire elfique assez classique, qui devait pouvoir contenir une centaine de personnes au maximum, équipage compris, sans doute serait-il moins chargé pour un voyage qui se voulait plus diplomatique que commercial. Heureusement le voyage serait certainement sûr, de vastes flottes d'elfes, d'humains et d'autres races mercenaires parcouraient en ce moment mêmes les eaux à la recherche des derniers pirates venus du Nord, de plus la vitesse habituelle des vaisseaux du beau peuple garantissait qu'ils sèmeraient sans peine leurs potentiels agresseurs.

L'arrivée du bien connu sorcier tira les héros de leurs rêveries, il était vêtu d'une longue robe bleu et blanche, tenant près de lui son éternel bâton orné d'une sphère azur.

-"Je suis ravi de voir que vous êtes revenus! Je dois partir dans l'Empire pour quelques affaires qui requièrent toute mon attention, on a parlé d'anciens tumulus qui pourraient... Oh mais ce que je raconte ne vous intéresse probablement pas! Suivez-moi, nous allons vous trouver des cabines et une petite place pour votre cheval, messire Eranor."

Les chambres allouées et l'animal placé dans une écurie de fortune dans la cale, avec fourrage à volonté, les trois compères montèrent sur le pont, laissant les marins procéder au départ du navire. La côte s'éloignait à vue d'oeil et bientôt le grand port de Lothern ne fût qu'une tâche dans le lointain. Le mage semblait particulièrement loquace et enclin à écouter l'avis d'Artemisia sur les splendeurs elfiques, autant qu'à demander au nobliau si son entraînement chez les heaumes-d'argents s'était bien déroulé.
Quelques jours de voyages plus tard, un albatros se posa sur le bateau, un message à la patte, après l'avoir lu mentalement, le capitaine déclara qu'un détour serait fait par la Lustrie, une Arche Noire avait été vue sur le chemin menant à l'Empire des hommes et il préférait atteindre un port sûr en attendant les nouvelles plutôt que de se précipiter vers une mort probable. Chacun était très troublé mais s'efforçait de masquer son inquiétude, autant la cinquantaine de voyageurs que l'équivalent de marins...

[Artemisia Veregard]

La jeune fille patientait tranquillement depuis quelques minutes quand un bruit de sabots claquant sur le sol de pierre la fit se retourner, et qu'elle ne fut pas sa surprise et son ravissement en voyant Eranor!
Tout de suite, un grand sourire sincère éclaira son visage, c'est qu'elle ne pensait pas revoir le jeune Elfe un jour.
Il s'adressa à elle, semblant plutôt content de la retrouver aussi:

-Vous rentrez au pays jeune fille, n’est-ce pas . J’imagine que votre contrée doit vous manquer, votre maison et votre famille aussi. Ulthuan est une île magnifique, je me désole que vous ayez dû vous rendre en son endroit le plus sombre et le plus dangereux. Puisse ce voyage maritime vous mener à bon port sans autre malheur.

Avant qu'elle n'eût le temps de répondre il descendit de sa monture et posa une main amicale sur son épaule et la félicita sur son courage, lui assurant que son souvenir resterait intact dans son esprit.
Sia rougit de gène et ne put s’empêcher de sauter sur son ami pour le prendre dans ses bras, elle le serra bien fort puis après l'avoir relâché elle se mit à parler à toute vitesse:

-Eranor je suis si heureuse de vous revoir! Il me semble qu'il s'est écoulé une dizaine d'années depuis notre mésaventure et pourtant ce n'était qu'il y a deux semaines! Oui je passe chez moi quelques jours puis je retourne sur les routes, j'ai quelques affaires à régler.

Elle reprit rapidement son souffle puis enchaina:

-Comment allez-vous? Je vois que vous avez un nouveau casque, vous êtes donc entré chez les heaumes d'argent? J'en suis très contente pour vous! Votre allure est resplendissante et votre cheval, quelle beauté, il semble sorti tout droit d'une légende épique, mais je suppose que c'est ainsi que sont tous les destriers elfiques hein? Enfin, je vais me taire et cesser de vous inonder de questions sinon vous allez regretter de m'avoir adressé la parole!

Artemisia rigola un instant, ses yeux pétillaient de malice, et son moral venait de remonter en flèche, il était curieux de constater l'innocence dont elle était capable de faire preuve alors qu'elle était passé par l'enfer quelques semaines plus tôt, l'apanage de la jeunesse sans doute.

Les deux jeunes gens purent discuter quelques instants avant l'arrivée du mage Erlendar, Veregard le salua avec joie, et, une fois qu'ils eurent obtenu leurs cabines sur le bateau, elle le pressa de questions sur les fameux "anciens tumulus".
La joie régnait sur le bateau, tout semblait aller pour le mieux, mais un beau jour, un curieux oiseau inconnu à Sia se posa et apporta un message des plus effrayants, une arche noire sur leur chemin était apparue, le capitaine, préférant rester prudente, leur annonça qu'ils allaient devoir patienter quelque temps dans un port non loin de là, en Lustrie afin d'attendre des nouvelles plus rassurantes.
La petite Halfling resta songeuse, se demandant si l'arche était un phénomène comparable à celui qu'ils avaient affronté, elle fit part de ses interrogations à Dreanoc:

-Pensez-vous que cette chose soit semblable à l'Orbe du dôme?

La perspective de se retrouver une fois encore confrontée à un tel phénomène la remplissait de crainte et la faisait frissonner doucement.
Cela dit, l'excitation face à l'inconnu n'y était pas pour rien...

[Eranor]

Il faisait bon dehors, ni trop chaud, ni trop froid. Il y faisait juste la température idéale pour que l’on s’y sente bien, une douce et rafraichissante brise marine caressant le visage des travailleurs. Et pourtant, c’était bien la chaleur que ressentait le noble saur, de colère ou de plaisir . Il ne savait le dire à première vue. Il était un grand parmi les hauts, il était le passé et l’avenir des civilisations de ce monde, et cette... Parvenue des terres de l’empire se permettait de lui sauter au cou comme une vulgaire peluche ! Il allait la remettre à sa place, et lui faire comprendre sa condition. Son bras se mouvait, et… Enlaça la jeune fille. Elle avait l’innocence de la jeunesse de sa race, elle était aussi touchante qu’une enfant cherchant l’amour paternel. Ce n’était pas la brulante morsure de la colère qu’Eranor avait subie finalement, mais bien le doucereux baiser de l’attachement qu’il avait développé pour celle qu’il avait défendue jusqu’en enfer. Cette fois, il ne réussit pas à retenir un sourire sur son visage altier, cette petite avait quelque chose que les autres non-asurs ne possèderaient jamais à ses yeux, quelque chose qui la plaçait bien haut dans son estime comparée à ce qu’aurait pu espérer une autre personne. Sa jeune amie se mit à parler précipitamment, emportée par sa joie, après avoir lâché le héros en armure rutilante. Il ne tiqua même pas lorsqu’elle l’appela de son prénom et non de son titre, Eranor attendit qu’elle ait fini avant de lui répondre chaleureusement.

-Vous m’avez manqué vous aussi, je suis heureux de vous revoir avant votre départ ! Je vois que vous avez bien appris de vos séjours en Ulthuan ! Oui, j’ai reçu ma place dans l’ordre réputé des heaumes d’argent, avec l’honneur de ceux qui ont vaincu un démon en combat.

Le noble se remit debout et caressa l’encolure de sa blanche monture.

-Senthoi est magnifique, un coursier rapide et intelligent, bien plus un ami pour moi qu’un simple animal domestique. Les chevaux d’Ulthuan sont bien différents de ceux que vous pourriez croiser dans la terre des hommes, nous les élevons dès leur plus jeune âge et nous forgeons des liens avec eux qui nous permettent de ne faire plus qu’un lorsqu’on les monte. En dehors de ces temps, ces belles créatures courent en liberté, en attendant que leur maitre ait besoin d’elles, à travers les plaines avec leur sauvage compagnon. L’on dit bien souvent qu’il y a autant de chevaux en Ulthuan que d’elfe, ce dont je ne doute point !

Sur ce, arriva le mage qui les avait convoqué une nouvelle fois, Erlendar, qui leur octroya une place dans le navire de bonne conception assez peu rempli somme toute. Le coursier du seigneur de Caledor reçu même une bonne place dans la calle, avec fourrage à volonté. Eranor se dit que la première chose qu’il ferait, une fois à terre, serait de faire galoper au vent sa belle monture condamnée à rester pendant tout le voyage dans un espace restreint. Le mage elfique avait évoqué des tumulus… Voilà qui suffisait à intriguer l’asur, il se promit que lorsqu’il en aurait l’occasion, il essaierait de lui tirer les vers du nez. En attendant, durant les premiers jours de traversée, le noble n’oublia pas de s’entrainer l’arme en main, cherchant parfois un marin assez téméraire pour l’affronter en duel d’entrainement. Son casque pendait à son côté, attaché par une lanière de cuir, mais il n’avait quitté son armure argentée depuis le départ du navire si ce n’était pour dormir, elle lui donnait une allure princière qui lui allait parfaitement. Chaque soir, il partait rassurer et bichonner sa monture, se languissant dans la calle. Bientôt, se disait-il, bientôt, nous serons libre de chevaucher vers la gloire. Le voyage fut cependant troublé par l’arrivée d’un message de mauvais augure. Une arche noire avait été aperçue, et, par prudence, l’on avait décidé de faire un détour par la Lustrie. Le noble Dreanoc frissonna sous ses plaques d’acier. Artemisia vint lui poser une question, simple fait de son ignorance. Eranor la regarda, un sourire dissimulant l’angoisse qui prenait lentement place chez lui, et se dirigea vers l’un des bords du bâtiment pour contempler l’horizon dans la peur de voir apparaitre, au loin, un donjon noir. Il répondit alors à la jeune et petite Halfing, tout en ne détachant son regard des flots qui l’entouraient.

-Je vais vous recompter une histoire, ma petite amie. Il y a de cela des millénaires, bien avant que celui que vous nommez Sigmar n’apparaisse sur ce monde, alors que les hommes ne vivaient qu’en tribus primitives, notre peuple était alors uni. Il n’y avait ni elfe noir cruel, ni farouche elfe Sylvain, seulement nous, les glorieux et resplendissants hauts elfes. Mais, un jour, près de deux mille sept-cents ans avant l’avènement de l’Empire, un elfe nommé Malékith, descendant de notre plus grand et plus funeste héros, montra son vrai visage. Lui et son peuple, du royaume de Naggaryth, avaient été marqués par le chaos, le sang et la folie. Par le complot et les intrigues politique, grâce à la discréditation et en accusant ceux qui auraient pu prétendre au trône d’être des adorateurs du chaos, il en finit à être le principal prétendant à devenir le roi phénix une fois l’actuel décédé. Il le fit assassiner en secret, mais le conseil des princes des dix royaumes d’Ulthuan, dans sa sagesse, refusa à Malékith le trône du phénix, de crainte que son sang soit vicié, comme celui de sa mère. Et cette crainte fut justifiée, car aussitôt, le traitre fit tuer les princes dans le temple même d’Asuryan, devant ses flammes sacrées, et s’y jeta pour prouver qu’il était le roi légitime. Le dieu le refusa, le mutila dans d'atroces douleurs et la guerre éclata. Caledor premier prit la tête des hauts elfes et réussit, après maints efforts, à réunir les royaumes contre Naggaryth et le traitre, le plus puissant de tous les royaumes. Cette triste époque prend le nom de déchirure, là où le frère combattait le frère, où le fils tuait le père et où la mère pleurait la perte de sa famille. Bien que puissant, entrainés et parfaitement disciplinés, les futurs elfes noirs de Naggaryth, qui avait tout d’abord enchainé les victoires, ne purent résister face aux neuf autres royaumes réunis, et, dans sa rage, le traitre s’attaqua au vortex absorbant les vents de magie et empêchant les démons de rester stable et de déferler sur le monde pour le détruire, croyant, dans sa folie, qu’il pourrait contrôler cette force de destruction. Mais les sorciers elfiques qui avaient donné leur vie pour la création de ce vortex, bien des millénaires auparavant, et dont l’âme restera à jamais piégée dans ce rituel, redirigèrent les sortilèges du roi sorcier contre lui, refusant de voir leur œuvre détruite. Ce déferlement de puissance provoque une catastrophe horrible, les eaux engloutirent la plus grande partie du nord de l’île, Naggaryth sombra avec ses îles, ses monuments et ses habitants. Cependant, les sorciers noirs du traitre ne s’avouèrent pas vaincus, ils consommèrent toute la puissance dont ils étaient capables pour enchanter leur plus grandes forteresses, et celles-ci se mirent alors à flotter tels des navires indestructibles. Ainsi naquirent les terribles arches noires, il n’existe nul espoir de venir à bout de l’une d’entre elles hormis accompagner de l’un de nos mythiques vaisseaux dragon.

Le noble asur se retourna vers la petite Artemisia et la regarda droit dans les yeux.

-Ce n’est pas un navire comme les autres que nous risquons de croiser, mais une immense forteresse remplie de milliers de durchiis, dont l’unique vocation est de tuer et faire souffrir, cachant, en ses sous-sols, d’horribles monstres dresser pour tuer quiconque s’opposerait à l’arche, disposant de sorcière puissante et prêtons à tous pour se baigner dans notre sang. Cette arche est un péril bien plus grand que ne l’était le dôme dans lequel nous nous étions aventurés, et je pris Asuryan pour que nous ne la croisions pas.

Après un bref silence, conscient du trouble qu’il avait pu créer auprès de la jeune Veregard, l’elfe reprit, se voulant rassurant.

-Mais ne craignez rien, tant que je serais à vos côtés, je vous promets qu’il ne vous arrivera rien. Allez donc vous occuper, j’ai à parler avec Erlendar.

D’un pas rapide, Eranor rejoignit le mage et l’interpela avant de lui parler le plus calmement possible.

-Savez-vous où est cette arche, et que fait-elle dans ces eaux ? C’est un danger grave qui nous guette avec elle, j’espère qu’elle ne connaît pas notre présence. Dites-moi où nous allons en Lustrie, je vous prie, ce n’est pas l’endroit le plus sûr, et je pense que vous le savez très bien.

[[MJ] Le Djinn]

Après avoir hoché la tête de satisfaction quand Eranor comptait l'histoire de son peuple et de la guerre de la Déchirure, le visage d'Erlendar s'assombrit quand le noble commença à lui poser les questions qui fâchaient. Jusque là le sorcier avait fait son possible pour ne pas trop parler et laisser ses amis récupérer, voilà toutefois qu'il se retrouvait face aux mille et une interrogations...

-"Hum, qu'est-ce qu'ils viennent faire dans ces eaux dîtes-vous? Piller, massacrer, violer, sans l'ombre d'un doute. C'est dans la nature de nos sombres cousins, vous ne pensez pas?" C'est bien pour ça que nous allons faire un long détour, les rapports indiquaient qu'elle partait vers l'Ouest, si nous repartions en Ulthuan maintenant nous devrions encore attendre des semaines à quais le temps qu'elle passe! Nous allons passer par la Lustrie centrale, en essayant de ne pas passer trop près des côtes, normalement nous devrions contourner l'arche sans problème. Soyez tout de même prudents, je doute qu'il n'y ait que l'arche dans ces eaux."

Deux jours supplémentaire passèrent sur le bateau et le calme plat finit par laisser place à une tempête! Les éclairs parcouraient le ciel et les flots déchaînés frappaient la coque. Même les marins elfes, pourtant connus pour leur bravoure et leur connaissance des océans semblaient effrayés. Erlendar, sur le pont, semblait en proie à la plus grande agitation.

-"Plus je regarde cette tempête et plus je pense qu'elle n'est pas naturelle. Le doute n'est pas permis, elle est trop ordonnée, trop dirigée: elle nous vise nous!"

Fort de ses conclusions il ordonna à Artemisia et Eranor de retourner dans la cale, loin de tout risque! Comme prévu de prime abord les deux jeunes gens s'en allèrent rejoindre le cheval du noble près de son foin. La bête était énervée par toute l'agitation, mais il n'y avait pas de raison pour que cette créature si intelligente devienne folle pour si peu. Dehors l'ouragan semblait se calmer légèrement... Quand un gros coup se fit sentir sur la coque. Comme un coup de maillet, d'une force prodigieuse. Les planches en bois renforcé avaient commencées à céder.

Un second coup et les marins au-dessus s'exclamèrent de terreur. La coque s'effrita un peu plus. Au troisième coup la coque céda et le bateau se pencha pendant qu'un trou béant apparaissait. Sans pouvoir se rattraper, Artemisia, Eranor, Senthoi et quelques marins tombèrent à l'eau où une étrange créature semblait les attendre. Le Heaume d'Argent n'eût que le temps de voir une énorme boule de flammes foncer sur le monstre avant de perdre connaissance...

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La mort n'est pas la fin, mais un nouveau début. Vous passerez dans l'autre monde et vous les verrez... Les rivages blancs.

Du blanc, du sable blanc et fin à perte de vue, défiant par sa stérilité la jungle luxuriante devant lui. Au milieu de tout ça, trois frêles créatures tentaient péniblement de survivre à la chute. Une halfing, un Haut-Elfe et un cheval blanc d'Ulthuan. Les uns après les autres ils se réveillèrent pour faire face à leur destin.
En face d'eux se dressait la Lustrie, verte et prospère, possédant mille richesses et mille dangers. Pas de trace du bateau ni des autres marins, pas un bruit si ce n'était le ronflement monocorde des vagues... L'aventure recommençait.

[Eranor]

Une arche noire signifiait une nuée de corsaire cherchant meurtre et pillage dans son sillage, Eranor le savait, mais le mage n’avait rien dit sur la probabilité qu’ils aient connaissance de leur présence en ces eaux, ce qui avait le don de l’inquiéter quelque peu. Mais au moins, la sagesse du capitaine qui cherchait à éviter le bain de sang avec ce détour prouvait une fois de plus la compétence des marins asurs en qui, le noble de Caledor avait tout à fait confiance. Il acquiesça aux paroles du mage et termina par un « puisse Asuryan vous donner raison » avant de chercher quelqu’un avec qui s’entrainer à l’épée et au bouclier.

Deux jours passèrent sans autres évènements sur les eaux tranquilles, l’agile vaisseau fendant les flots avec grâce sans que l’horizon ne laisse apparaitre un quelconque danger aux yeux aguerris des elfes. Pourtant, cette situation si commode ne dura pas. Bien vite, de noirs nuages annonçant un fort grain apparurent, et, sans que nul ne puisse rien faire, la tempête finie par s’abattre sur l’Altruiste. Bien décidé à affronter ce péril de face et non caché au fond de sa cabine, Eranor s’était campé sur le pont, aidant de son mieux, malgré son armure, les marins inquiets et débordés. Des éclairs zébraient le ciel, la pluie, lourde et puissante, détrempait en un rien de temps quiconque osait mettre un pied sur le pont. Le roulis était intense, il fallait, à chaque instant, s’accrocher quelque part pour ne pas glisser sur le bois mouillé et risquer de chuter dans les noires profondeurs. On criait partout, des ordres empressés raisonnaient entre deux coups de tonner, partout, des gens couraient, et le noble, oubliant son rang au profit de sa survie, tirait sur les cordes qu’on lui désignait, tenait les boutes le temps que les marins puissent les nouer et écoutait les ordres des rangs inférieurs sans broncher. Puis, apparu le visage perturbé du mage. Criant par-dessus les bruits de la tempête, il fit comprendre que ce phénomène n’avait rien de naturel. Eranor tressaillit en entendant cela. Ceci ne pouvait signifier qu’une chose : une sorcière. Les elfes noirs ne devaient pas être loin, et, là où l’on trouve des durchiis, mort et destruction les accompagnent. Encore une fois, sans broncher, le heaume d’argent descendit, accompagné de la jeune Halfing, dans la cale, où il rejoint son pauvre coursier, affolé par les mouvements brutaux du bâtiment.

-Ne craignez rien, Artemisia, mon peuple est composé des meilleurs marins du monde, et, aidé par Erlendar, ils nous mèneront loin de cet orage.

Il essayait de rassurer la jeune fille, il ne pouvait guère faire autre chose, même si lui-même ne fut que peu rassuré… Pendant quelques instants, la mer sembla moins agitée, le navire remuait moins, les sons provoqués par la pluie fouettant l’embarcation se faisaient moins puissants, et, l’Asur commença à être soulagé. Mais le cauchemar ne se révéla pas être terminé. L’Altruiste sembla percuter un récif, dans un craquement lugubre du bois qui risquait à tout moment de céder. Pourtant, ils étaient en haute mer… Il n’y avait pas de récif ici… Le haut elfe n’eut le temps de mener à bout sa rapide pensée avant qu’un puissant coup ne percute à nouveau le navire elfique, des cris résonnèrent d’au-dessus du seigneur elfique, des cris de terreur cette fois. Un troisième coup et… L’embarcation se fendit en deux, bascula et fit glisser les deux compères et la monture blanche vers les eaux. Il allait mourir, emporté par son armure luisante. Triste mort, nulle gloire, nul combat… Juste la mort, oublié dans les fonds marins, perdu dans les profondeurs, loin de chez lui et des siens. Essayant de lutter pour ne pas couler, l’elfe ouvrit les yeux dans l'eau salée, révélant à ses yeux douloureux la trouble vision d’une gigantesque créature détruisant ce qui fut un fier navire asur. Ce serait sa dernière vision du monde des vivants… Mais une gigantesque boule enflammée fondit sur la créature, libérant d’un tentacule, ou d’une quelconque excroissance, Eranor ne distinguait pas grand-chose, un large morceau de bois qu’il eut le réflexe d’accrocher avant de voir, avec plaisir, la surface se rapprocher. Puis, il sentit un coup derrière la tête et le noir l’envahit.

Sa tête tambourinait, il sentait un liquide le gêner dans sa respiration, tout son corps était trempé, ses muscles, endoloris et pourtant, ses lèvres étaient si sèches… Ouvrir ses paupières lui réclama plus d’efforts qu’il n’aurait crus possible d’y en avoir, il voyait, au loin, dans le ciel, de floues formes blanches et un grand disque brillant. Son âme avait-elle été dévorée par Slannesh ? Avait-il été sauvé par Loec et se trouvait-il dans un autre monde ? Il prit une inspiration, aussitôt, de l’eau salée s’engouffra dans ses poumons et l’Asur commença à tousser. Faiblement et difficilement, il se retourna et se mit à quatre pattes et toussa de plus belle, vidant son corps de cette eau salée qui avait bien failli le tuer. Sa tête lui tambourinait toujours autant, mais sa vision n’était plus aussi floue. Il voyait désormais l’étendue de sable sur laquelle il se tenait, où des vaguelettes trempaient encore ses mains, ses genoux et ses pieds. Il resta dans cette position quelques secondes, sentant la vie lui revenir, la respirant à plein poumon comme après un intense effort physique, puis, il se campa sur ses deux jambes, titubant sous son propre poids. La lanière de cuir qui retenait son casque n’avait pas cédé, il avait toujours ses bottes et son armure, sa cape lui pesait sur le dos, alourdie par l’eau. Son bouclier était toujours en place, ainsi que son épée, et, non loin de la lisière entre cette immense plage et une jungle luxuriante, un coursier blanc broutait des herbes. Les yeux émeraude du sir elfique cherchèrent un quelconque signe de vie sur la plage, peut-être un marin échoué, le mat du navire, Erlendar… Puis, trouva la silhouette de la petite Artemisia qui l’accompagnait, crachotant elle aussi. L’Asur se dirigea vers elle d’un pas encore hésitant et l’aida à se relever, lui proposant son aide pour marcher.

-Allez-vous bien ? Rien de cassé ? Le navire a dû sombrer… Nous devons être en Lustrie, cette jungle en face, aucun doute… Restez près de moi, cet endroit est plein de dangers, suivons la plage, il doit bien y avoir quelques autres rescapés…

Le noble siffla son cheval qui vint le rejoindre au pas. Sur lui, il y avait tout son équipement, quelle chance qu’il soit en place avant la tempête ! Eranor ne se souvenait plus pour quelle raison d’ailleurs, mais qu’importe… Il y avait même sa lance d’arçon accrochée au côté du coursier. Il décrocha sa cape, pesant de trop sur ses épaules, l’essora de son mieux et la plaça sur Senthoi avant de se hisser en selle avec un grognement de douleur. Il tendit alors sa main vers la jeune fille.

-Venez, nous irons plus vite à cheval, ne craignez rien, je vous maintiendrais en selle. Senthoi est un bon coursier, et vous êtes légère, il ne devrait pas avoir trop de problèmes. Si le soleil se couche sans que nous ne retrouvions trace du naufrage ou d’un naufragé, il nous faudra trouver un abri et de la nourriture, ainsi qu’une source d’eau… Soyez attentive à ce qu’il y a sur la berge, je regarderais en direction de la jungle pour dénicher de l’eau.

Le noble avait peur, oui, bien qu’il ne le montrât que peu. Il devait faire preuve de sang-froid, pour se montrer digne de ses ancêtres, mais aussi, pour que la petite fillette qui l’accompagnait ne cède pas à la panique, en tout cas, l’espérait-il.

[Artemisia Veregard]

Pour répondre à notre jeune amie, Eranor lui raconta l'histoire de Malékith, l'éclairant ainsi sur ces Arches Noires dont tout le monde parlait sur le bateau, le récit lui donna des frissons et elle serra ses bras contre elle instinctivement, allaient-ils encore tomber dans une galère de magie noire? Son instinct lui disait que rien n'allait encore se passer comme prévu.
Percevant son trouble, Dreanoc la rassura en lui disant qu'il la protégerait. Cela la fit sourire un peu, une fois qu'il en eut fini avec elle, la petite Halfling décida d'aller s'accouder au bastingage, observant les flots tranquilles, elle prit entre le pouce et l'index son médaillon et le fit tourner entre ses doigts, histoire de se donner un peu de courage en pensant à sa famille.

Elle jeta un oeil à Erlendar et son ami, là les décisions importantes se prenaient, elle aurait aimé savoir ce qu'il se disait, sans doute des choses terribles qui la feraient trembler de plus belle.
Durant deux jours, tout fut calme, à tel point que Veregard finit par presque oublier la tension ambiante et à se détendre en profitant du soleil.
Mais la tempête arriva, on aurait dit que les éléments se déchaînaient justes sur le bateau, Sia était paniquée mais ne laissait rien paraître, enfin elle se figurait qu'elle y arrivait, elle rejoignit Erlendar qui contemplait, effaré, le cataclysme.

-Que se passe-t-il? S'écria-t-elle pour se faire entendre par-dessus le vacarme.
-Plus je regarde cette tempête et plus je pense qu'elle n'est pas naturelle. Le doute n'est pas permis, elle est trop ordonnée, trop dirigée: elle nous vise nous! Déclara Erlendar sans lui répondre en particulier.

"Elle nous vise?" Songea la jeune Halfling en faisant le dos rond pour lutter contre le vent qui menaçait de l'emporter dans les airs, "Fichus Elfes noirs, qu'ils soient maudits!".
Le mage les envoya dans la cale, croyant sans doute qu'ils seraient à l'abri, le Noble et l'aventurière s'y réfugièrent et découvrirent Senthoi complètement affolé, heureusement qu'Artemisia ignorait que ces étalons ne s'éffraieaient que lorsque la situation était réellement critique, sinon elle aurait sans doute éclaté en sanglots.
Le chaos sembla refluer...et un choc sembla briser le monde autour d'eux, la suite se passa dans la confusion la plus totale, tous tombèrent à l'eau, cette dernière entrant dans la bouche de notre amie qui peinait à se maintenir, elle crut apercevoir un monstre, du feu, puis les ténèbres...

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Elle ouvrit les yeux en sursaut, le cœur battant à tout rompre, une crise de panique s'empara d'elle et Artemisia se mit précipitamment à genoux, ignorant la douleur qui irradiait son corps, elle respirait avec peine et ne comprenait rien, elle crachait de l'eau et pleurait en même temps, totalement aveugle aux décors autour d'elle, aux deux autres êtres vivants présents, ses sanglots déchiraient le silence.
Au bout d'un moment elle se calma et observa les alentours, une jungle, du sable et...

-Allez-vous bien ? Rien de cassé ? Le navire a dû sombrer… Nous devons être en Lustrie, cette jungle en face, aucun doute… Restez près de moi, cet endroit est plein de dangers, suivons la plage, il doit bien y avoir quelques autres rescapés…

Elle tourna la tète rapidement et vit Eranor, elle essuya les dernières larmes sur son visage et une bouffée de soulagement s'empara d'elle.

-Eranor! Non non ça va, je vous suis.

L'Elfe appela son cheval qui était installé non loin d'eux, il posa sa cape sur son dos, monta en selle difficilement puis invita la jeune fille à le rejoindre. Elle prit la main tendue et se laissa hisser derrière son ami, elle s'accrocha à lui et hocha machinalement la tète à tout ce qu'il disait, vivres, abri, d'accord, regarder la berge, pas de problème.
La panique était passée, tout son être s'était vidé lors de la crise quelques instants auparavant. Maintenant elle avait l'esprit libre et pouvait enfin penser clairement.

[[MJ] Le Djinn]

Le rivage à perte de vue, les sables éternels qui s'en finissaient pas, comme dans un cauchemars infini. D'un côté la mer, calme et douce comme une femme l'est avec son jeune enfant, de l'autre la jungle silencieuse mais dans laquelle bougeaient les herbes. Parfois on voyait une forme grimper sur un arbre, se faufiler derrière une plante ou pousser un cri guttural. La sauvagerie dans toute sa splendeur. Il n'y avait pas âme qui vive à part les deux êtres esseulés perdus dans cet enfer blanc. De temps à autre ils croisaient des débris, des planches, des pipes, des caisses contenant des habits de roturiers elfes., rien d'intéressant.

L'atmosphère étrange planait aux alentours, comme s'ils étaient épiés. Pourtant rien ne permettait de dire que quelqu'un les observait, si ce n'est un quelconque singe trop curieux. Au loin les yeux d'elfe d'Eranor lui permirent d'apercevoir des ailerons de requins tournant autour de ce qui semblait être un cadavre. Un autre passager du bateau qui les aurait suivi à l'océan? En tout cas le ronronnement des vagues s'étaient mis en priorité d'être leur seul compagnon pendant de longues minutes. Rester sur cette plage ne les mènerait peut-être à rien, mais pénétrer dans les abysses vertes pouvait leur réserver un sort terrible... Quel était le bon choix quand les deux semblaient mauvais?