D'ailleurs, le lieu de repos payé par les bons soins d'Erlendar ne manquait pas non plus de charme! Elle était la seule halfing à s'y trouver (peut-être même la seule de la ville) mais pour autant les domestiques se préoccupaient d'elle avec une attention presque maternelle, lui servant de bons vins et de bons mets, aussi succulents que les plats des cuisiniers réputés impériaux!
Voilà donc une deux petites semaines que l'aventurière découvrait les us et coutumes de la civilisation elfiques, regardant des passants discuter dans leur étrange dialecte, voyant les navires d'une centaine de citées entrer dans le port titanesque, rêvassant à la fraîcheur des fontaines elfiques... On pouvait juste reprocher à l'endroit d'être trop "parfait" pour son esprit tumultueux! Les gardes bien trop efficaces dissuadaient les éventuels pirates et autres mauvaises gens de venir troubler la paix ambiante. De même, les prix étaient souvent trop élevés pour sa maigre bourse et l'absence du mage, reparti pour quelque affaire, se faisait sentir. En définitive: elle était seule dans un paradis doré.
Sur son lit de velours, de plus de cygne et de soie, elle dormait faiblement pour tromper son début d'ennui et sa fatigue... Elle fût sauvée par des coups puissants retentissants sur la porte de chêne. Ouvrant pour voir de qui elle s'agissait, elle eut la surprise de voir un émissaire des elfes, même si malgré son faible rang il était habillé comme un prince humain. Poliment, il s'inclina afin de ne pas dépasser Artemisia.
-"Bien le bonjour Ma Dame. Je suis venu vous informer que le grand mage Erlendar vous attend ce début d'après-midi au port, sur le quai des Défenseurs, à bord du navire "L'Altruiste". Ce navire vous ramènera chez vous, dans l'Empire."
Ayant terminé, il salua bien bas et claque des bottes avant de descendre, toujours avec cette attitude typiquement elfique qui donnait l'impression qu'il était fier comme un pan.
Il ne devait pas être loin de dix heures du matin, en comptant qu'elle devait y être pour treize ou quatorze heures, ça lui laissait le temps de rassembler ses affaires, de se promener une dernière fois puis de déjeuner avant de partir pour le trajet de retour. Qu'Ulthuan lui semblerait loin après ça!
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La caserne des heaumes-d'argents semblait s'imposer dans la périphérie de Lothern, dépassant de toute sa hauteur les dimensions plus modestes des habitation elfiques alentours. On aurait pu s'étonner de sa localisation si excentrée, surtout pour un ordre de combattants si loués... La raison était pourtant d'une évidence éclatante: les vastes plaines derrière la cité était parfaite pour l'entraînement, notamment le combat à cheval! Mais cela, Eranor le découvrirait plus tard, pour l'heure il devait encore se faire connaître auprès des intendants de cet ordre prestigieux.
Ce ne fût pas chose difficile, après avoir confié son cheval aux valets de cour, on le fit entrer dans une petite salle parsemée de mosaïques représentant des scènes de conflits où toujours un heaume-d'argent assurait la victoire. L'officier en charge du "recrutement" lui demanda sobrement son nom et celui de son père, pour juger de sa noblesse, avant de l'envoyer dans une antichambre peu décorée où patientaient sur des sièges en tissu rouge trois autres jeunes elfes, dont l'apparence faisait aisément comprendre qu'ils étaient nobles, comme lui.
Pas un mot ne fût échangé, le dialogue ne s'établissait pas toujours facilement au sein de la noblesse elfique et il apparaissait que chacun souhaitait connaître un peu mieux les compétences des autres avant de leur adresser une de leurs si précieuses paroles.
Il ne fallut pas plus d'une dizaine de minutes, qui en parurent pourtant un million aux elfes dans l'attente de l'entrée dans le cercle des chevaliers utlhuans. Un serviteur entra silencieusement pour les prier de se lever pour le suivre dans la cour arrière de la caserne où leur supérieur expliquerait les principes fondamentaux des heaumes-d'argents et leur remettrait armes et armures complètes. Ce terrain était composée d'une prairie verdoyante où se distinguaient plusieurs cibles ou groupes de sacs de blés, destinés sans l'ombre d'un doute à l'entraînement.
Le Grand Heaume les attendait, autour de lui se dressaient une demi-douzaine de cavaliers équipés et sur monture, venus accueillir leurs nouveaux frères. Les jeunes étaient devant leur supérieur, tous debout dans une position de garde-à-vous, laissant l'officier prendre la parole.
-"Mes frères, aujourd'hui vous rentrez dans la plus belle et la plus rude étape de votre vie, en vous présentant ici ce jour vous avez pleinement accepté l'honneur de devenir un heaume-d'argent. Nos règles sont simples: nous devons exterminer toute menace pour Ulthuan! Oubliez dès maintenant la gloire personnelle ou l'intrigue politique, ici chaque victoire, chaque haut-fait de l'un d'entre vous rejaillit sur l'ensemble! Vos titres et vos distinctions seront autant de marques de votre dévotion à la cause elfique. Nous vaincrons ensemble et nous deviendrons tous des légendes!
Maintenant prenez votre équipement, puis nous décernerons le trophée que tout le monde attend."
Des armes et armures complètes furent offerts à chaque nouvel arrivant, Eranor avait évidemment une arme, un bouclier et une armure pectorale de cette qualité, mais ceux qu'on lui offrait étaient en meilleur état et leurs sceaux stylisés d'argent semblaient scintiller, pour ne rien gâter, une lance d'arçon était offerte, sans doute pour les combats à cheval! Seul moment de désarroi: notre héros n'avait pas reçu, comme ses compagnons, un heaume. L'interrogation dans ses yeux fût lue par le Grand Heaume, qui dans un sourire, saisit un paquet que lui apportait un écuyer, en sortant un heaume d'acier elfique donc le front était orné d'un superbe soleil de métal, possédant en son centre une gemme d'un rouge sang.
-"Abaissez-vous que je vous en coiffe, jeune noble, vous avez bien mérité cette marque de votre bravoure. Mes frères, faites révérence pour Eranor: Vainqueur d'un démon!
N'oubliez jamais: la gloire personnelle est futile, votre exploit fait la fierté de toute notre unité, puissiez-vous en rapporter d'autres!"
Deux semaines passèrent ensuite dans l'ambiance de ferveur guerrière qui animait les combattants. Chacun redoublait d'effort pour atteindre le niveau de maîtrise de l'épée et de la lance du Grand Heaume, peu y parvenaient cependant! Le temps des batailles allait bientôt arriver, il faudrait être prêt...
Un jour, un messager vint trouver Eranor alors qu'il enfilait son équipement avec ses frères-d'armes, celui-ci lui appris, avec moult usages de politesse en face d'un noble, que le grand mage Erlendar l'attendait à bord du bateau l'Altruiste, en début d'après midi, pour entamer un aller-retour vers l'Empire auquel le sorcier souhaitait vivement le voir participer. Notre héros consulta d'un coup d'oeil son supérieur qui opina du chef pour lui indiquer son approbation, mais -ça se lisait dans ses pupilles- à condition qu'il profite du voyage pour s'entraîner et non pas pour regarder paisiblement la mer passer!
Tout allait bien se passer, son destin était en train de s'accomplir: il ferait se voyage puis il reviendrait pour se battre et il deviendrait un héros...