[Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

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Les Montagnes sont depuis l'aube des temps le domaine des Nains : c'est là, parmi les pics colossaux et les précipices vertigineux, qu'ils bâtirent jadis d'immenses forteresses souterraines.

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[MJ] Le Djinn
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[Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par [MJ] Le Djinn »

Suite de l'aventure de Snorri Sturillson.

RP précédent: viewtopic.php?f=8&t=6858

Belle ville de Zhufbar, belle ville du Torrent.

Nous sommes en deux mille cinq cent quarante cinq depuis la création du calendrier impérial par l'empereur des hommes: Sigmar. Éternel et stoïque, l'Ankor se dresse toujours, fier et vaillant, devant les multiples menaces qui s'agitent autour de lui. On parle d'attaques massives de gobelins et d'orcs dans les Voûtes, d'instabilité dans l'Empire Umgi, de dangers venus du Nord, de l'attaque, à l'Est, des terribles Dawi-Zharr dont on prononce le nom avec crainte et dégoût. Pourtant, dans la Ville aux Quatre Cascades, c'est comme si le temps était figé. C'était nu peu vrai, d'ailleurs, quand on connaissait la lenteur des nains devant le progrès et leur fascination pour les méthodes ancestrales. Un observateur taquin aurait pu faire remarquer que la chose était moins vraie à Zhufbar, tant la ville était progressiste technologiquement avec ses chauffages géants, ses presses hydrauliques de plusieurs tonnes, ses forges à demi-automatisées qui ne laissaient aux nains que le travail le plus difficile, et le plus noble, à faire.
Dans le hall de la riche Guilde des Ingénieurs, c'était une journée comme une autre. Les apprentis se faisaient engueuler car ils ne ramenaient pas assez vite les instruments de travail à leurs maîtres, les compagnons râlaient pour la millième fois sur un détail insignifiant et les maîtres pestaient contre la lenteur des jeunes et leurs "idées nouvelles", comme le fait de classer les outils de manière rationnelle, par exemple.

Mais pour Snorri, fils de Sturill, ce n'était pas une journée comme une autre, loin de là. Dans le bureau de son maître, dont il partageait l'établis depuis une vingtaine d'années à présent, il effectuait les dernières touches de son Œuvre de Passage. Chez les nains et chez les humains aussi d'ailleurs le passage du statut d'apprenti à celui de compagnon donnait lieu à une démonstration et à la présentation d'un travail effectué pendant une longue période de temps. Le travail en question, son but, était libre mais très souvent en rapport avec la spécialité recherchée par l'apprenti. A noter également qu'il était plus que rare que le passage au grade de compagnon soit accepté du premier coup, les conditions de l'épreuve étant particulièrement difficiles. En effet, l'objet, ou le projet, devait passer sous les mains, les cannes et les yeux noirs surmontés de sourcils épais des longues-barbes de la guilde ainsi que de potentiellement un ancêtre vivant quand l'occasion se présentait. Ceux-ci se faisaient ensuite une joie de tester l'appareil sous toutes les coutures, de la plus évidente à la plus ridicule, et de poser des questions pièges sur le fonctionnement de l'engin afin de s'assurer d'une compréhension complète. Souvent même le premier passage donnait à des scènes, pour ainsi dire, franchement ridicules.
Et ça Snorri l'avait vécu en première loge! Son œuvre, choisie depuis longtemps, se prénommait "Modération", une version affinée, retravaillée et améliorée de Tempérance, le fusil offert deux décennies plus tôt par Herr Yodel à son père, Sturill, et de Sturill à Snorri. Il repensait parfois à cette époque, surtout quand il recevait des lettres de la famille lui demandant des nouvelles ou l'informant du mariage d'un de ses frères.

Mais revenons au sujet. Modération avait été présentée une décennie plus tôt au conseil des Maîtres-Ingénieurs malgré l'insistance d'Olarkson pour ne pas s'y précipiter. Au départ pourtant les choses ne se passaient pas si mal: l'arme n'avait pas explosée, son fonctionnement complet était certes imprécis mais compris en majorité, la reliure était en cuir de bœuf tanné à la main et en bon cuivre nain... Tout allait bien jusqu'à ce que Maître Gadrik ne se saisisse du fusil et le brise sur son genou dans un coup sec avant de balancer deux moitié de Modération au sol en grognant qu'elle était "Beaucoup trop fragile".
Le second passage, cinq ans plus tard, toujours avec une Modération renouvelée, se passa dans la même veine à la différence que l'arme eut une pétarade durant les tirs sur cible, grillant quelques poils de barbe du Grand-Ingénieur Hurakson. Résultat? Il attrapa son marteau et l'abattit sur l'engin de son malheur de toutes ses forces! Mais Snorri avait bien prévu la chose et l'arme avait été forgée dans l'acier le plus solide qu'un nain puisse créer. Le motif de refus à cette épreuve avait donc était que l'arme était "bien trop rigide".


Et le voilà qui revenait pour cette troisième tentative encore cinq ans après, avec une version encore améliorée de Modération: Sobriété. Bon, Olarkson l'avait prévenu: le nom ne plairait pas aux longues-barbes et il aurait mieux fait de l'appeler "Zap-Grobi" ou "Solde-Rancunes", mais qu'importait. L'instrument était là à présent, une nouvelle arme qui s'ajouterait bientôt dans la liste des atouts du peuple Dawi. Alors qu'il resserrait une vis sur le manche, son professeur entra dans le bureau, un tas de papiers sous la main.

-"C'est la panique aujourd'hui! On nous a livré huit canons qui doivent partir sur le front demain et il faut tout vérifier! Je jure sur ma barbe que si la Guilde des Artilleurs ne règle pas rubis sur ongle ses factures d'ici demain je vais faire un malheur..."

Les guerres permanentes aux frontières de l'Ankor et les troubles dans le Vieux Monde avaient fait augmenter la demande en armement. Les nains aimant conserver leurs canons le plus longtemps possibles, Zhufbar recevait chaque semaine de nouvelles pièces d'artillerie à analyser, vérifier et réparer au besoin. Les sommes rapportées à la Guilde des ingénieurs étaient faramineuses, mais le travail finissait par être constant et quelque peu rébarbatif. De la même façon, les pauvres bougres de l'étage des alchimistes passaient leurs journées sur des onguents, des potions, des élixirs et autres cataplasmes médicaux, sans avoir une minute pour eux.

-"J'ai été voir Maître Hurakson, tu passes dans deux heures dans la grande salle. Je viendrai te chercher trente minutes avant, ici, repose toi bien, les longues-barbes sont de mauvais poil."

Toujours pressé, il posa ses parchemins, grimoires et catalogues sur son bureau privé avant de repartir, marteau en main, vers un énième test d'artillerie. Habituellement Snorri l'accompagnait mais aujourd'hui il en était dispensé. Au fond il savait que son professeur en avait sa claque des armes et qu'il aurait préféré travailler à l'édification de nouveaux monuments ou de défenses fortifiées, surtout sur la partie du génie civil. Chez les dawis, pourtant, on ne faisait pas toujours ce qu'on voulait...
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

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Snorri Sturillson
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Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par Snorri Sturillson »

Huit canons en une journée, pouah. Rien ne va plus, on dirait. Ce sont trois de plus que la semaine dernière, et deux que celle d'avant. Sauf que celle d'avant était assignée à la garnison du contrefort Nord avec deux semaines de temps disponible, pas aux Artilleurs en temps très court. En même temps, la garnison n'a besoin de changer ses bombardes que tous les dix ans... Ils ont le flanc le plus resserré, et le plus difficile à envahir. C'est certainement pour cela qu'ils ont ce rôle un peu relâché. Mtr Orlakson va encore devoir dormir sur des cannes s'il veut tout finir à temps. Je n'aimerais pas être celui qui va le timoner de travers lors de la rédaction du devis d'envoi ou du contrat de transport. Celui-là est bon pour quinze ans de rebut de fonte. Quinze ans...

C'est à peu de choses près la durée de mon séjour ici, tiens. Je suis arrivé en été 2529, autour du Zhommerstikul. Est-ce que j'avais encore des cheveux à cette époque ? Je crois me souvenir d'un passage par l'esplanade, par ce goulet d'étranglement que l'on réserve aux caravanes marchandes de tout horizon. Oui, je crois bien que j'avais encore ma tignasse à cet instant. Ce n'est qu'autour de ma trente-septième année que j'ai commencé à déblayer. Tsss, je suis sûr que Furadsson continue ses manigances à ce propos. Si ça se trouve, il pense encore que c'est à cause de mes essais d'alchimie que je me rase la tête. Comme si de la magnésite et du basalte concassé avaient quelque chose à voir avec mes décisions...

C'est un bon Dawi pourtant, un individu aux mains stables et à la cervelle capable. C'est sans doute la meilleure personne que je puisse connaître qui soit de mon rang et de ma "catégorie" - soit celle des nains arrivés et hébergés par la Guilde. Bon, certes, il n'a pas le niveau du grand "Massé" Fergusson, mais il est issu d'un clan de Middenheim, si je me souviens bien. Il s'est très vite affirmé en alchimie, au point que certains maîtres lui ont proposés des travaux de très-gros-oeuvre au déplaisir de Mtr Orlakson, qui aimerait bien avoir un de ses apprentis assignés à une telle tâche. Hélas, je maintiens encore ma volonté de produire de l'armement avant tout autre prodige, quitte à m'y arracher les cheveux s'il le faut... Bon, c'est un peu tard pour ça.

De fait, dès que la pénurie s'est annoncée au-delà de ma ligne d'oreille, tout a disparu. Après tout, d'aussi loin que ma mémoire me porte, Père a toujours eu le crâne glabre - à l'exception de son visage, évidemment - alors à quoi bon ? Thorek et Alrin ont eux aussi obtenus un tel essor capillaire, ce n'est que logique que je suive la même moisson. Je me demande comment ils vont en ce moment.

Aux dernières nouvelles, Père s'est enfin remis de l'échauffourée survenue sur l'Emmanuelleplatz. Bon, j'ai bien peur qu'il ne retrouve jamais l'intégralité de sa main gauche, mais il vaut mieux pour nous tous qu'il puisse assurer ses fonctions sans aide. Si j'ai bien compris les indications de Mère et de Thorek, l'odieux malpropre a tout avoué en quelques semaines d'interrogation, et a été correctement jugé et puni, ainsi que tous ses compagnons. Pfeildorf est désormais sous haute surveillance des Monts, et connaissant mon frère, il n'hésitera pas une seule seconde à noyer les individus trop virulents, voir à forcer d'autres décisions. Il n'écrit plus pareil depuis qu'il est père...

Enfin bref, Maria a bel et bien scellée les rênes de Nuln et de tout le Wissenland entre ses mains. La fin des conflits et l'effondrement des sécessionnistes devrait amener plus d'effluves commerciales dans la région, et c'est tant mieux. Les von Alptraum continuent leurs effronteries en Averland, et ce n'est pas l'Ostermark ou le Stirland qui va - ni doit - tirer son épingle du jeu. C'est fou ce que la réapparition d'un von Adeldoch a pu provoquer comme tumulte, dix ans après l'improbable déconvenue de son prédécesseur. Mère semblait tout aussi surprise du coup d'éclat de Meissen au Nachexen dernier, mais elle n'a pas précisé s'il s'agissait de ce même baron ou non. Elle a simplement complimenté les efforts de Maria von Liebwitz, "digne de sa défunte tante".

...

C'est vrai qu'Emmanuelle ne dirige plus désormais. Voilà bien trois ans maintenant. Je ne sais pas ce qui lui est arrivée depuis, tiens. Sans doute est-ce dû à sa huile-toux, ou à ses penchants pour les poudres de réjuvénation. Il fallait bien que toutes ces expérimentations aient un prix sur sa santé un jour ou l'autre. Peut-être est-ce pour cela qu'elle n'a jamais pu ou voulu enfanter, qui sait. Ce doit être terrifiant, pour quelqu'un d'un tel ego, de se rendre compte que "finalement, malgré tous les efforts, moi aussi, je suis éphémère". D'un autre coté, quel âge avait-elle ? Cinquante-huit ans ? Soixante ? Plus encore ? Quelle idée de vouloir se marier si tardivement. Bien des Umgis ne voient jamais un tel âge sur leur front, et tout le monde n'a pas la hargne d'un Todbringer ni l'envie ou l’audace de ce dernier, qui vient de dépasser les 90 ans. J'espère franchement que Père et Mère n'auront pas autant de souci avec la nièce qu'avec la tante...

... Et me voilà déjà à quarante-six cuvées, ainsi que deux passages ratés devant les maîtres. Que cela peut-être long et fastidieux, une œuvre à présenter. Si cela n'avait tenu qu'à ma cervelle de trente-et-une brassées, je me serais présenté face aux vénérables avec Tempérance entre les pognes, prêt à en découdre avec le moindre réfractaire. Et pourtant, il a fallu attendre mon trente-septième été pour que je montre enfin mes trouvailles. Ah, je m'attendais à des réactions, et que diable, j'en ai eu !

Foi de Burlokkson, quel ignare je fus, à fanfaronner, à présenter "Modération" comme un tableau de peintre, à tracer de grands arcs avec mes mains, ... Que je me donnerais de gifles, si je pouvais remonter le sablier ! Expliquer de la peinture à des maçons et des soldats, quelle idée grandiose ! La seule tête qui ne fut pas troublée dans l'auditoire fut Brynnhilde, étrangement. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit présente ce jour-là, mais elle le fut. En raison de l'affront que j'avais commis en présentant un tel brouillon aux vénérables, Mtr Orlakson me fit convier auprès d'autres dignitaires de la guilde, et à d'autres expéditions, afin que j'évite de troubler quelque réputation ou que je m'en construise une désagréable à force de pousser contre l'avis des longue-barbes.

Et voilà que les saisons passèrent en un coup de vent, que ce soit à étudier les principes de la poudre, les mélanges thermiques, les techniques de coulée, les travaux de vérification, de consolidation des aqueducs, de conservation des alliages, d'approvisionnement fluidique, etc. Je pense avoir traversé toute la périphérie de la Forteresse désormais, vu le nombre d'expéditions accomplies auprès des différents compères de Mtr Orlakson (ou de lui-même). Tout cela pour un simple "Bien trop rigide. Fils de Sturill, reprenez vos travaux". Heureusement que Brynnhilde n'était pas présente ce jour-là.

Je serais une bien mauvaise langue de dire qu'elle ne me fut pas d'une grande aide durant ces années de corrections. Certes, il a toujours fallu privilégier ses devoirs et les requêtes de la Guilde à toutes les autres volontés du Monde, mais ce n'est plus un mal à présent (et si j'avais été plus instruit, cela n'en aurait jamais été un). Elle ne put se présenter lors de mon second passage, et elle ne fut donc que très peu impliquée dans le litige qui s'en suivit. Quand je pense qu'une année après mon arrivée me fut nécessaire avant de discuter sans ennui ou interruption quelconque...

Évidemment, nos conversations n'eurent rien de très personnel au début, étant donné nos occupations respectives. Mais avec le temps, et peut-être quelque acclimatation de ma part, nous sommes parvenus à trouver un terrain commun. Les conversations et le temps ainsi dépensé ont rarement dépassé les quelques heures, bien que le contenu et le fond développé par celles-ci s'est accru continuellement. Je ne saurais pas dire de quelle volonté est-ce que ces périodes surviennent, mais je pense être juste en disant que l'on en tire un bénéfice réciproque. Mes idées, mes élucubrations et mes pensées sont, si je reprends ses mots, "d'une simplicité et d'une formulation apaisante", contrairement à tous les adages des Mères supérieures.

Je crois qu'elle est en froid avec bon nombre de responsables depuis quelques temps maintenant, et que les ordres locaux trouvent un réconfort non-négligeable à son absence, vu la quantité de pérégrinations qu'elles lui imposent à chaque retour. Dans sa dernière lettre, elle semblait ulcérée à propos de certaines directives locales, et du retard que cela impliquait sur son retour aux Cascades.

Au mieux, cela signifie qu'elle sera de retour d'ici quelques jours, et qu'elle manquera donc mon troisième passage... Qui n'est que dans une heure et demie.

Reprenons tout depuis le début. [ NDR : accrochez-vous, ça va être n'importe quoi.]

Le manche et la poignée, avec rainures de préhension et marquages, pour le maintien en position bras-tendu, main levée, armée à l'épaule ou à hauteur de hanche. Bois rigide, en deux parties, scellées au montage, mais démontable en cas de choc ou au besoin de l'entretien. Les deux moitiés s'emboîtent sur l'armature, et pivotent pour se démonter. Pour la prise en main, l'aspect, l'entretien et la stabilité de la main, les deux parties de support et de maintien manuel sont couvertes de cuir en trois étapes, avec serrage et tension du cuir à chaud, afin d'épouser la forme et de ne pas gêner l'utilisation, le démontage, ou la production. Les serrages sont aux dimensions standard, réglementaires, classiques.

L'arme n'étant ni à poudre ni à charge liquide, elle ne présente aucune culasse, chien ou rouet fragile et dégradable. L'ensemble du boîtier extérieur et du fût de décharge est en alliage cuivre, couvert à l'acier-noir, sans rainures ni rayures internes. La production, la coulée et le montage peuvent quasiment se faire à froid, à l'exception de la tige de décharge, ou du "sapin d'embout", qui est entièrement démontable et modifiable au besoin - on y revient bientôt. Ainsi, les températures de fusion des matériaux étant assez bas, le coût de chauffe et le rapport "houille-production" est bien plus haut qu'à l'accoutumée, sans risques de dissipation - ce qui était un des défauts de Modération, et ce qui lui donnait ultérieurement ce côté "trop rigide". La fixation du canon et des métalliques sur le manche se fait à froid, sauf si l'on veut protéger le processus, auquel cas l'embout...

Merde, j'ai plus le plan d'embout. Fais chier, fais chier, fais chi-Là ! Le voilà ! Donc, je disais : Sauf si l'on veut protéger le procédé de l'arme, auquel cas l'embout du manche, qui est métallique, peut être fondu ou soudé à l'ensemble. La rigidité ou la prise en main n'est pas impactée dans les deux cas vu que l'arme n'est pas soumise à des chocs thermiques dans cette partie, contrairement à une arme à poudre ou incendiaire. Là, voilà.... Dans ce sens le plan. Le coin marqué doit toujours être en haut à droite, à l'opposé. Bref...

Une fois que les deux blocs ont été unifiés, l'arme n'est pas dangereuse pour autant. Viennent alors les assemblages finaux, soit le placement de la charge gazeuse, dans ce compartiment, qui coulisse selon cet axe intermédiaire, entre la butée de prise en main et celle de verrouillage... Ici.

Une fois placée, il n'y aucunement besoin de recharger, de modifier ou de remplacer le compartiment ou la charge, puisque celle-ci ne s'épuise pas, et sert simplement de "stockage" lors du tir. La manivelle est en soi la pièce la plus importante de l'ensemble, et c'est pourquoi elle est montée en avant-dernier lieu. Elle remplace la gâchette et le cran de sûreté des armes à poudre. Le montage et démontage se font avec ce mouvement-ci, à l'aide des outils standard de la Guilde de Zhufbar. L'armement et désarmement de l'intégralité de l'objet se font avec ce glissement, dans ce sens ou dans l'autre - le premier cran permet de placer la tige en roue libre, le second pour charger le tir, le troisième pour décharger.

Chaque cran est agrémenté de points de sûreté, afin d'éviter les changements intempestifs, les charges involontaires ou tout type de malfaçon et de contre-utilisation. Le serrage de ces deux blocs secondaires est effectué au besoin, soit à température ambiante avec les pas de vis ici, soit avec des rivets à chaud aux mêmes points. Étant donné les caractéristiques des matériaux et les traitements standard effectués en ces lieux, il n'y a aucun risque de coulée, de déformation intempestive ou d'effort résiduel non-négligeable.

Enfin, en dernière étape, le réglage de l'embout permet de déterminer le type de tir et de décharge occasionné - grâce à cette culasse, et ces deux pions de maintien. On choisit en coulissant ce pion dans l'une des deux encoches, et en réponse, les anneaux de l'embout coulissent pour former le cône de dispersion voulu - ce qui donne grossièrement une forme d'embout "en sapin ou en cuvette". En forme de pointe, le tir est alors unique et concentré, la distance et la précision étant favorisée au détriment de la zone d'impact. En forme de bassin, ... C'est l'inverse... Et il n'y a pas d'intermédiaire, puisque si le pion n'est pas dans une encoche, l'axe interne qui transmet le mouvement et la charge ne... Transmet plus rien du tout. Si besoin est, il est possible de positionner un cache ou une protection sur ce pion, afin d'en assurer l'immobilité - en cas de grand choc, ou de situation désespérée.

Maintenant, pour l'utilisation de l'arme...Note à soi-même : ne surtout pas briser la capsule de gaz. L'avant-dernière fois que j'ai tenté de reproduire ce qu'il y avait à l'intérieur du globe de Herr Yodel, j'ai respiré un truc certainement nocif, puisque j'ai eu des saignements de nez quasiment continus pendant plusieurs jours - le pire étant que le sang ne se répandait pas à l'extérieur ou sur ma barbe, mais à l'intérieur de ma bouche et de ma gorge. J'ai cru à un empoisonnement au début, puis quand je me suis mis à cracher brun sans chique, j'ai compris. De toute façon, j'ai les cloisons nasales scellées maintenant - ordre d'Orlakson auprès des Guérisseurs. C'est la méthode qu'il m'a indiquée pour éviter que j'ai d'autres désagréments avec l'alchimie : une grande tige chauffée dans chaque narine, et on sèche - ou brûle, selon les avis - les muqueuses fragiles du fond de nez. Résultat : perte d'odorat pendant deux semaines, interdiction de se moucher pendant deux autres, et ensuite "tout ira bien pour le prochain siècle à venir".

Furadsson m'a aidé à retrouver le type de gaz utilisé - ce n'est plus le même, mais c'est un produit plus stable et plus accessible à la production Dawi, selon son maître actuel. Je n'ai donc aucun souci à me faire de ce côté. De plus, la capsule - ou la "charge", comme je l'appelle simplement - est en verre renforcé avec armature-cage en alliage serré. Le gaz est inodore et inoffensif - j'en ai respiré bien assez avec le maître de Furadsson pendant ma dernière tentative pour confirmer ces faits.

Et...

Il ne reste donc qu'à resserrer les dernières sécurités, et à vérifier les bûches d'essais. Mais ça, ce sera pour la présentation des tirs, pas avant. Et cette étape-là, ...

...

Je ne peux pas la préparer plus que cela.

Une fois que tout ceci sera réglé - et je l'espère, sera conclu à l'affirmative -, je pourrai enfin me concentrer sur le dernier cadeau de Herr Hugelstein. Il m'aura fallu quinze ans pour le déchiffrer : quatorze pour me rappeler de son existence et du lieu où je l'avais rangé, et une autre année pour trouver le temps libre et une personne capable de me le traduire. Étant donné les mouvements intempestifs dans les étages inférieurs et au sein de la Guilde, j'ai préféré chercher un individu dans les étages supérieurs, ou dans la grande esplanade extérieure.

Par chance, je suis enfin tombé sur une caravane nomade qui avait été recalée toute la matinée. Les Umgis à l'intérieur m'ont vu venir de loin, et vu mon allure et mon crâne chauve, ils ont certainement dû me prendre pour plus important que je ne le suis. Ils m'ont ainsi proposé moult services en échange d'une aide au passage, ou de quelque attention afin de les extirper de ce bourbier. C'est fou ce que la neige tallée peut faire à un terrassement, surtout en cette saison. Les diables d'Umgi ont certainement cru qu'un Dawi dégarni serait plus à l'écoute de leurs doléances que les fiers gaillards de la Porte. Ah, comme je les plains ... Pas. Ils m'ont promis trois fois devant leur Déesse statuesque qu'ils me rendraient moult faveurs en échange d'un libre-passage ou d'un coin chaud pour se reposer.

C'est fou ce qu'un peu de neige et de faim peut amener un Umgi à faire, franchement. Je souhaitais juste me dégourdir les jambes et m'aérer les méninges, à la base. Si j'avais amené quelque pain-noir ou quelque charcuterie, ils m'auraient mangé dans la main comme des roquets, sans aucun doute.

Je n'ai eu qu'à signaler à la garnison de jour qu'ils étaient "bien trop proches des murs" depuis "bien trop longtemps" pour que celle-ci se charge de les extirper et de fouiller quatre fois l'intégralité de leur convoi et de leurs personnes. En échange de cette perte de dignité et en plus de toutes les "taxes de suspicion", l'un des marchands a traduit l'ouvrage devant moi, et me l'a copié avec élan. C'est fou ce dont ces gens sont capables, une fois en face du froid inhospitalier des Monts. Tous les salaires de Nuln n'auraient pas permis une traduction aussi exacte et aussi rapide, j'en suis certain. Et puis ce n'était que le premier de leurs services, à ces gens-là.

Voilà donc "L'explicité de poliorcétique ou l'Art de la Paix, par Signore Mateo Liburdi di Luccini". Ce livre était donc écrit dans une sous-forme de dialecte Tiléen. Intéressant.

Mais cela reste négligeable ! Je n'avais pas vu l'heure filer ! Vite, mon sablier, mes plans enroulés, le tube de transport, l'arme, les... Comment vais-je pouvoir transporter les bûches pour les essais de tir ?

...
...
...

Vite, une brouette, un wagonnet, une case roulante, quelque chose !
Snorri Sturillson
Voie de l'étude de l'ingénierie - Compagnon (Ingénieur Nain de Zhufbar)
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"Vous n’avez pas le droit d’avoir votre opinion. Vous avez le droit d’avoir votre opinion renseignée.
Personne n’a le droit d’être ignare.
"
Snorri dans un univers parallèle très mignon et propre :
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Fiche personnage wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_snorri_sturillson

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Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par [MJ] Le Djinn »

La grande salle s'emplissait d'ingénieurs et d'artisans, famille des participants, curieux venant assister au défilé des inventions ou confrères attendant de voir dans quel bois serait taillés leurs successeurs. Des estrades avaient été montées de part et d'autre de la grande salle pour se faire et les bancs de bois craquaient déjà sous les arrivants, alors que pourtant d'autres venaient encore assister au spectacle: l'examen final d'une fournée d'apprentis! On ne voyait pas ça tous les jours. En face de la porte principale, symétrique entre les estrades mais quasiment contre le mur du fond, les tables de pierre servant d'oratoire aux Longues-Barbes, les cinq maîtres-ingénieur du jour qui donneraient leur avis sur le passage ou non des recrues. Le nombre impair était volontaire: il n'y avait aucune absentions, on votait ou pour, ou contre, point.

Actuellement vide, les cinq chaises de pierres ouvragées accueilleraient bientôt les séants de maître Ulrik Marteau-Flamme, l'ingénieur-alchimiste inventeur renommé du stabilisateur de drake-de-fer, maître Guntrak Morgasson qui, contre toute attente, était parvenu à faire fonctionner son infernale Hosgid dans les temps. Ensuite s'ajoutaient maître Jotnar Hurakson, brillant optimisateur de tous les radiateurs hydrauliques de Zhufbar accompagné de son éternel compère Bombur Fier-Pavois, qui avait fait toutes les guerres des Montagnes des Bords du Monde, disait-on. Enfin pour conclure ce charmant quatuor, l'ancêtre Grimli Poing-de-Fer, souverain absolu de la Guilde des Ingénieurs de la Cité du Torrent serait présent, prêt à poser son regard aussi fier qu'inquisiteur sur les travaux qui lui seraient soumis.
Derrière la grande porte close, quatre apprentis ronchonnaient en silence et rongeaient leur frein. Snorri, tout d'abord, qu'on ne présentait plus, qui se tenait avec Sobriété dans une main et un tas de bûches posées sur une charrette dans l'autre. Houldar Fiergranit était là aussi, passant pour la cinquième fois son examen d'entrée. Depuis la mine il avait pourtant bien progressé mais son invention de passage, un produit qui huilait et polissait le métal en quelques gouttes étalées, subissait le lobbying de la Guilde des Forgerons qui y voyait une concurrence déloyale et qui achetait ainsi les maître-ingénieurs pour qu'ils ne le laissent pas passer. Après venait Milwar Coeur-de-Cobalt pour son premier passage qui, de l'avis de tous, était assuré. Jouant la sécurité il avait perfectionné une machine à vapeur pour augmenter son rendement de vingt à vingt-cinq pourcents, ce qui représentait une optimisation d'importance. Peu nouveau et pratique, les longues-barbes lui feraient un sort favorable. Le petit dernier, repassant son examen pour la deuxième fois, était un certain Molgar Staderson, un illustre inconnu qui essayait désespérément de vendre de faire valider son plan pour un réseau de tubes de cuivre permettant de communiquer à distance en quelques secondes. Il appelait ça le "cuivrophone" mais l'invention ne trouvait pas écho chez les anciens.

Les professeurs venaient saluer une dernière fois leurs élèves puis iraient rejoindre les bancs au premier rang, histoire d'être en grande loge pour assister aux performances de leurs étudiants. Maître Olarkson déboula d'un couloir, quelques parchemins sous le bras et posa une main paternelle sur l'épaule de Snorri.


-"Je t'ai déjà fait le discours deux fois, alors je te l'inflige pas une troisième. Mais ça va le faire, moi j'y crois."

Sur ces mots, il franchit avec les autres maîtres comme Talerson et Morgensen qui finissaient les derniers conseils à leurs étudiants avant de franchir les lourdes portes de pierre taillée en visage de Morgrim, ancêtre des ingénieurs dawis. Vingt secondes passèrent puis il y eut un tonnerre d'applaudissements suivi d'un long silence: les anciens s'asseyaient.

-"Milwar Cœur-de-Cobalt! Vous êtes appelé à passer sous le regard de Morgrim!"

Le concerné eut le souffle coupé et l'anxiété sembla l'envahir. Il franchit les portes plus pâles que le marbre blanc et les quatre nains venant aider à porter la machine durent s'y reprendre à trois fois avant qu'il puisse leur répondre. La porte se referma vite mais chacun put voir l'œil noir de Poing-de-Fer qui s'impatientait. La pierre étouffa ensuite la majorité des sons. On entendit le ronronnement lointain de la machine, les murmures des explications de Milwar qui reprenait contenance, quelques commentaires des ingénieurs dans les tribunes, puis des remarques inaudibles brandies par les maîtres-ingénieurs. Finalement après une petite heure un mot filtra, laconique:

-"Approuvé."

Une ovation eut lieu derrière les murs, à tel point que ceux-ci tremblèrent. Cinq minutes plus tard, un autre nom:

-"Houldar Fiergranit."

Le nain en question soupira, bomba le torse et pénétra dans la pièce avec sa fiole sous le bras. L'examen fût bien plus court: vingt minutes, après quoi un mot fusa:

-"Rejeté."

Il y eut des protestations jusque dans le public, puis une bordée d'injures visant la corruption et l'incapacité des aînés à comprendre quoique ce soit à l'ingénierie. Quelques coups de poings, puis plus rien.

-"Molgar Staderson."

L'intéressé se mordit la lèvre inférieure et attrapa son barda de tuyaux et de coudes en cuivre qu'il ramena dans la pièce centrale avec un boucan infernal. Quelques commentaires arrivèrent pendant la petite heure de présentation, tels des "pas mal", "pratique", "de mon temps on utilisait des lettres".

-"Rejeté, reprenez vos travaux."

Un long silence suivit, brisé par le raclement du métal sur la pierre et des murmures dépités.

-"Snorri Sturillson."

On y était. Snorri allait entrer, demander aux aides de placer les bûches et commencer son long exposé et démonstration avant de passer aux questions des anciens. Dans l'assistance des regards curieux, très curieux. Olarkson inquiet, les longues-barbes aux gros sourcils le toisant d'un air inquisiteur, les visages des ancêtres ceignant les murs de la pièce. Eclairés par les torches ils avaient l'air de face spectrales, juges silencieux de la performance.

Au tour de Snorri, donc.
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

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Snorri Sturillson
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Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par Snorri Sturillson »

Haaaa, on y est...
À qui ai-je le droit cette fois ? Marteau-flamme, Morgasson, Hurakson, Poing-de-Fer, Fier-Pavois. Morgasson et Marteau-flamme, cela devrait aller. Par contre, Fier-Pavois et Poing-de-Fer... Ils étaient déjà présents lors de mes précédents passages. Cela n'augure rien de favorable de leur côté. Rah, cela veut dire que tout va se jouer sur ce ciboire-à-suif de Hurakson. Quelle veine, vu comme il m'avait recalé au dernier moment auparavant...

Quoique non.

Si j'arrive à amadouer Morgasson et Marteau-flamme dès le début avec le procédé général, je peux me concentrer sur l'un des trois autres lors de l'étude de plan, quitte à orienter le discours sur leurs personnes - Morgasson ne m'en voudra pas, et comprendra certainement la manœuvre, vu comme son apprenti avait fait de même il y a une dizaine de lunes. Orienter le discours... Oui, mais comment ? Hurakson est spécialisé en conduits & hydrauliques, Fier-Pavois en défense et logistique militaire, et Poing-de-Fer en... Direction de la Guilde ? Vu qu'il tient les rênes de la Guilde depuis tout ce temps, j'imagine que c'en est devenu sa spécialité.

Relier de l'hydraulique, de la gestion et de la politique dans un discours centré sur une arme à manivelle... Qu'est-ce que des systèmes thermiques à tubes, l'expérience de milliers de conflits et la gestion d'une organisation ont en commun ? Qu'est qui en inhérent à chacun et qui pourrait leur parler sans image ?

...
...

Les coutumes. Les standards internes, voilà ce qu'il me faut ! Il faut que je me concentre sur les standards de montage et de production. C'est ce qui leur parlera le plus. C'est ce qui les lie tous entre eux. Plus que leur âge ou leur cervelle de tungstène, c'est leur attrait pour l'optimisation, la production maîtrisée et contrôlée et le coût qui va les déstabiliser - ou plutôt les stabiliser en ma faveur. Si j'arrive à leur prouver derechef que mon arme est fiable, reproductible par centaines et de manière maîtrisée, ils ne pourront me le reprocher. Et aucun d'eux n'étant réellement spécialiste des matériaux de l'armement - à l'exception de Marteau-flamme, qui ne pourra me contredire une fois que j'aurai déroulé les nomenclatures et les catégories d'alliage utilisables -, je devrais pouvoir exploiter cette faille...

-"Milwar Cœur-de-Cobalt! Vous êtes appelé à passer sous le regard de Morgrim!"

Bon sang ! On y est ! On-y-est ! Si tout se passe bien, tout sera décidé dans deux ou trois heures pour l'ensemble des apprentis. Allez, une dernière vérification : les bûches, c'est bon ; les bâtis de support, c'est bon ; le tableau d'attache, il devrait y en avoir un dans la salle ; Sobriété, c'est bon ; les plans, ils sont tous dans ce grand étui... Un, deux, trois, quatre, cinq, six. Oui, je les ai tous ;

Attends, mais si les maîtres se placent au fond de la salle, ils ne verront pas forcément les sous-notes et les spécifications de surface et de perçage. Il me faut des pupitres-loupe. Oui, mais combien ? Trois devraient faire l'affaire pour que tous puissent bien lire, non ? Disons cinq, pour que les spectateurs ne soient pas excl-, un traînard qui range les chaises !

- " Hé, toi ! Va me chercher cinq pupitres creux, et cinq plaques de verre grossissant !"

-"Houldar Fiergranit."

- " Et dépêche-toi !"

Bon sang, c'est bientôt mon tour. Il est temps de se calmer, j'en ai les mains toute raides. Respire, en caverne, sans le fût... Là, voilà, doucement... Faut que je trouve un truc pour m'occuper la tête. Une broutille, un truc... Rah, y'a rien à observer dans ce préau fermé !

Tant pis. Une chanson fera l'affaire.

Un petit gobelin, mange dans ta main...
Deux petits gobelins, volent du bon pain...
Trois petits gobelins, cisaillent tes reins...

Un petit gobelin, mange dans ta main...

[...]

Un petit-

-"Snorri Sturillson."

Pétard, on y est. Allez, du coffre, du sang-tiède, et de l'acier dans les mains. Pierre & Acier, c'est maintenant qu'il faut bien faire...

Et voilà l'autre qui ramène enfin les plaques de verre.

- " Viens, on les amène dans l'enceinte. Ah non - hé oh - OH ! Dans l'enceinte, j'ai déjà tout ça à transporter."

Il a failli se faire la malle, le gredin.

- " Messieurs de l'assistance, veuillez placer ces bûches à vingt pieds de moi, et à dix gradians d'écart par rapport au tableau, pendant que je prépare le reste. Merci bien."

Alors, où sont-ils ? Des forgerons, des officiers-mineurs, des scribes - ! Les voilà. Tous les cinq, en rang serré à la même table. La table est à .... Quinze, trente, ... Plus de soixante pieds de vue, et environ quarante pieds de distance.

- "Maintenant, aidez-moi à placer ces pupitres-à-verre afin que tous puissent voir correctement ce que j'ai à présenter. Trente pieds, vingt gradians d'écart, depuis le centre de la pièce."

Bien. Maintenant, on prend une grande respiration, on se racle la gorge fortement, et on y va. Huffff...


- " Messieurs, mesdames, Dawis de tout clan et de tout horizon, je vous souhaite à tous une bienvenue tardive mais nécessaire à cette démonstration et présentation. Je sais qu'en ces temps hivernaux, l'heure n'est pas au palabre ou à la mièvre discussion, et si les Ancêtres me l'accordent, je tâcherai d'être aussi clair que concis dans mon discours.

Si je vous demande votre oreille en ce jour, c'est en effet pour vous présenter le dernier de mes travaux, et l'œuvre accomplie durant ces cinq dernières années, sous l'œil et la gouverne des ingénieurs et inventeurs de Zhufbar, et plus particulièrement de mon maître Barudin Olarkson du clan Brise-Étoiles. Ce travail rappellera certainement quelques détails à différents individus de l'assemblée, étant donné sa ressemblance avec mes précédents travaux, que j'ai parfois même présenté dans cette salle.

Sur ce point, passons à la technique."


On déroule le premier plan, et on sort la tige de bois.

- " Voici la vue complète de mon projet d'armement, qui se décompose en quatre étapes standardisées de production et d'assemblage, et une étape de démonstration. Évidemment, la démonstration sera présentée ici-même, et en dernier lieu. Est-ce que tout le monde arrive à déchiffrer ceci ?"

La ligne que je pointe est hors du cadre à dessin, et j'y ai simplement marqué : " Si vous arrivez à lire ceci, hochez la tête". Vu comme ils piquent du menton en même temps, je prends ça pour un oui général. Même Hurakson et Morgasson ont hoché la tête, alors qu'ils ont tous deux oubliés leurs lunettes "par pur hasard".

- "Bien, passons aux généralités. L'ensemble de l'arme est conçu pour un usage personnel et militaire, et permet une utilisation sans recharge et sans usure due à l'utilisation. Les parties extérieures sont intégralement en alliage cuivre standardisé, ne nécessitant que les prérogatives générales de coulée et de correction. Les boîtiers de marquages, de sûreté, et la crosse que voici sont eux aussi en couverture acier-noir standardisé, comme le sont les pistolets et les arquebuses des forges, tandis que la prise en main est pourvue d'une couche de bois rigide, enveloppé de cuir-roulé, serré à la main ou au tour. L'exemplaire que j'ai déposé sur cette table a été enveloppé à la main par mes soins, afin d'éviter tout type de surcoût et de dépenses inutiles aux apprentis.

L'arme se charge et de décharge à l'aide d'une manivelle externe, verrouillable et amovible, elle aussi en alliage cuivre & acier-noir. L'ensemble de l'arme ne nécessite aucun rainurage, aucun guidage au fil de plomb, et ne contient aucun roulement sensible à l'usure ou à la rouille. Les caches présentés sur cette vue - peint en bleu sur l'exemplaire physique - servent à protéger les quelques parties sensibles aux intempéries.

Pour le bien de cette présentation, l'exemplaire physique est tout à fait démontable, et se compose d'un nombre de pièces minimal, présentées sur ce second plan, et sur cette partie en éclaté. Cette spécificité de démontage n'est pas universelle, puisque chacune des fixations - que voici - sont issues des coulées de vis et de rivets standards - l'ensemble s'adaptant aux deux types de serrage. Ainsi, si l'on souhaite observer tous les compartiments, voici le procédé entier..."


Marteau-flamme est déjà en train de prendre des notes. Qu'est-ce que cela veut dire ? Nan, je n'ai pas le temps d'y réfléchir, on continue sur la lancée.

- " On enlève cette butée, on retire ainsi les deux caches peints en bleu, suivi de la culasse juste ici, de la manivelle... Et on peut donc accéder à cet ensemble. Là, il suffit de retourner l'arme, de dévisser cette sécurité, d'enlever cette... Case... Et ensuite, on peut retirer le cône d'embout, suivi de la tige et de l'anneau interne. Viennent ensuite les blocs de maintien, que l'on sépare avec le moindre outil de serrage - par exemple, si je prends ce tournevis de mineur, ou cette pointe de charpentier - et on peut donc défaire la crosse, et enlever le dernier bloc interne, soit ces roues de friction.

Comme indiqué sur ce plan, voici toutes les spécifications matières, les températures de coulée, et les corrections ou spécifications nécessaires au montage et à l'utilisation. Avant de remonter tout cela, passons à la présentation de chaque compartiment."


On met en place le troisième grand-calque, et on laisse le second sur le tableau auxiliaire. Ah, voilà que ça se penche du côté gauche, le pupitre doit être mal placé. Ils... Voilà, un assistant qui a enfin vu mes signes de main. Morgasson me fait des signes de tête, c'est bon signe.

- "D'abord, nous avons la partie de prise-en-main, celle qui sera accessible à tous, et qui sera la partie la plus visible et la plus sensible aux chocs...
NDR : Certaines parties sont issues du dernier post vu que ... Bah, c'était une répétition avant la vraie présentation. Je suis un Nain, je vais pas inventer un oratoire par minute.

- "Le manche et la poignée, avec rainures de préhension et marquages, pour le maintien en position bras-tendu, main levée, armée à l'épaule ou à hauteur de hanche. Bois rigide, en deux parties, scellées au montage, mais démontable en cas de choc ou au besoin de l'entretien. Les deux moitiés s'emboîtent sur l'armature, et pivotent pour se démonter. Pour la prise en main, l'aspect, l'entretien et la stabilité de la main, les deux parties de support et de maintien manuel sont couvertes de cuir en trois étapes, avec serrage et tension du cuir à chaud, afin d'épouser la forme et de ne pas gêner l'utilisation, le démontage, ou la production. Les serrages sont aux dimensions standard, réglementaires, classiques, C22-H9js8, comme indiqué sur ce plan...

... Et qui s'emboîtent comme ceci. Juxtaposé à la crosse, viennent les parties dites "de friction" ou "de charge", suivis des blocs de transmission et le support de visée....

... L'arme n'étant ni à poudre ni à charge liquide, elle ne présente aucune culasse, chien ou rouet fragile et dégradable. L'ensemble du boîtier extérieur et du fût de décharge est en alliage cuivre, couvert à l'acier-noir, sans rainures ni rayures internes. La production, la coulée et le montage peuvent quasiment se faire à froid, à l'exception de la tige de décharge, ou du "sapin d'embout", qui est entièrement démontable et modifiable au besoin - on y revient bientôt. Ainsi, les températures de fusion des matériaux étant assez basses, le coût de chauffe et le rapport "houille-production" est bien plus haut qu'à l'accoutumée, sans risques de dissipation. Les valeurs exactes sont encadrées ici, sur ce tableau d'annexe, et donnent [je vais pas non plus inventer des unités imaginaires et des valeurs imaginaires, donc démerdez-vous.].

La fixation du canon et des métalliques sur le manche se fait à froid - comme ceci - sauf si l'on veut protéger le processus, sauf si l'on veut protéger le procédé de l'arme, auquel cas l'embout du manche, qui est métallique, peut être fondu ou soudé à l'ensemble. La rigidité ou la prise en main n'est pas impactée dans les deux cas vu que l'arme n'est pas soumise à des chocs thermiques dans cette partie, contrairement à une arme à poudre ou incendiaire.


Les fixations se placent dans chacun des trous de serrage indiqués. Il n'y a pas de réglage préférentiel. L'arme étant adaptable à différentes postures de tir, il n'y aucun réglage ultérieur à faire. Et une fois que l'on a serré l'intégralité du bloc, la crosse vient s'emboîter comme ceci jusqu'à ce que l'on ait... - CLAC - Voilà. Là, deux derniers serrages sont à placer, tandis que les serrages intermédiaires sont déjà placés et mis en butée.

Maintenant, c'est la partie que je redoute.

Une fois que les deux blocs ont été unifiés, l'arme n'est pas dangereuse pour autant. Viennent alors les assemblages finaux, soit le placement de la charge gazeuse, dans ce compartiment, qui coulisse selon cet axe intermédiaire, entre la butée de prise en main et celle de verrouillage... Ici.

Une fois placée, il n'y aucunement besoin de recharger, de modifier ou de remplacer le compartiment ou la charge, puisque celle-ci ne s'épuise pas, et sert simplement de "stockage" lors du tir. La manivelle est en soi la pièce la plus importante de l'ensemble, et c'est pourquoi elle est montée en avant-dernier lieu. Elle remplace la gâchette et le cran de sûreté des armes à poudre. Le montage et démontage se font avec ce mouvement-ci, et pour changer de râtelier, je vais le faire à l'aide des outils standard de la Guilde de Zhufbar. L'armement et désarmement de l'intégralité de l'objet se font avec ce glissement, dans ce sens ou dans l'autre - le premier cran permet de placer la tige en roue libre, le second pour charger le tir, le troisième pour décharger.

Chaque cran est agrémenté de points de sûreté, visibles sur cet encadré-ci, afin d'éviter les changements intempestifs, les charges involontaires ou tout type de malfaçon et de contre-utilisation. Le serrage de ces deux blocs secondaires est effectué au besoin, soit à température ambiante avec les pas de vis ici, soit avec des rivets à chaud aux mêmes points. Étant donné les caractéristiques des matériaux et les traitements standard effectués en ces lieux, il n'y a aucun risque de coulée, de déformation intempestive ou d'effort résiduel non-négligeable.

Enfin, en dernière étape, le réglage de l'embout permet de déterminer le type de tir et de décharge occasionné - grâce à cette culasse, et ces deux pions de maintien. On choisit en coulissant ce pion dans l'une des deux encoches, et en réponse, les anneaux de l'embout coulissent pour former le cône de dispersion voulu - ce qui donne grossièrement une forme d'embout à forme variable. En forme de pointe, le tir est alors unique et concentré, la distance et la précision étant favorisée au détriment de la zone d'impact. En forme de bassin, l'effet est élargi, mais la précision ou discrétion du tir est amplement réduite. Veuillez noter qu'il n'existe aucun intermédiaire, puisque si le pion n'est pas dans une encoche, l'axe interne qui transmet le mouvement et la charge est simplement maintenu, et ne transmet plus rien du tout. Si besoin est, il est possible de positionner une cache ou une protection sur ce pion, afin d'en assurer l'immobilité - en cas de grand choc, ou de situation désespérée.

En effet, l'arme a beau être adaptée à de multiples usages et décomposée en bloc de matière standardisée, on pourrait penser qu'elle n'est pas à l'abri des Umgis et de toutes les espèces de chapardeurs. C'est pourquoi, afin de protéger l'ensemble et d'imperméabiliser l'ensemble à toute tentative de copie, l'arme est inutilisable sans cette petite pièce, qui sert de charge.

La capsule que je tiens entre mes mains - dont voici un second exemplaire -, est réalisée à l'aide de verre renforcé soufflé, avec armature-cage en alliage acier-serré. Les deux exemples présentés ici ont été réalisés grâce aux savoirs des artisans-verriers et de la guilde des Ferroniers de Zhufbar.

Cependant, cette capsule n'est pas qu'une simple armature translucide. À l'intérieur, se trouve un gaz "à efficacité", produit en masse par les maîtres-alchimistes de la guilde de Zhufbar. Il s'agit d'un produit secondaire, d'un résidu gazeux que les maîtres obtiennent lors de la production d'alumine et d'alliage-clair. Le contenu est ainsi un résidu inodore et inoffensif, dont l'utilisation et la production a été autorisée par Maître Heggan Fût-Acier et son apprenti Furadsson.

Lorsque la capsule est présente et verrouillée - comme ceci -, l'arme est utilisable et le tir est initié à l'aide de la manivelle. Cependant, en situation critique ou en cas de combat rapproché, l'arme peut tout à fait être abandonnée, juste en y enlevant la manivelle - comme ceci - et/ou la capsule de gaz - comme cela.

À présent, l'ennemi, sans ces deux pièces mineures, est incapable de faire quoi que ce soit avec cette arme, et ne peut même pas la refondre ou la trafiquer, vu que les matières internes fusionneront avant que l'acier-noir n'ait été percé ou plié à-chaud.

Ainsi, messieurs-dames, cette arme a été conçus et remaniés plusieurs fois, selon les principes écrits par les Vénérables Maîtres de la Guilde, dont certains ont même daignés nous accorder leur présence en plus des savoirs de leurs ouvrages. Afin de résumer les procédés nécessaires à sa construction, voici les tables de matériaux, les modèles d'ouvrage, et les différentes sources d'où j'ai tiré mes conclusions. De manière générale, les choix matières effectuées sur cet exemplaire..."


Et on passe aux quatrièmes et cinquièmes calques, avec toutes les tables et les coloris. Là, va falloir jouer de la tige.

- "... Sont basés sur les travaux de Mtr Morgasson, Mtr Olarkson, et Mtr Burlokson, et plus particulièrement leurs ouvrages << Traité sur les Matériaux d'Usage Dawi >>, << De l'acier-noir et de l'usage des engins de guerre >>, << Alliages & Frictions >>, et bien évidemment les cinq volumes de standardisation et de production du << Dénominatif d'atelier : Pierre & Acier >>.

Selon ces ouvrages, ainsi que ceux énoncés dans ces tables - je considère évidemment les versions les plus récentes, avec les annotations et addendum les plus récents, effectués par le Conseil de la Guilde -, on peut donc observer que cette arme, que ce soit pour chaque partie ou pour l'ensemble, est reproductible selon des capacités de production déjà atteintes par la moindre forge hydraulique des Quatre Cascades. De plus, grâce à ces ouvrages, il est aussi possible de considérer d'autres alliages, si jamais un conflit réduisait la quantité disponible - ou si une restriction survenait à propos - de certains matériaux ou certains procédés de fabrication.

Voici donc les combinaisons possibles en cas de pénurie ou de périodisation des matières.
[...] "

Laissons-leur une courte pause, le temps que j'empile les calques déjà présentés et que les assistants s'écartent.

- "Maintenant, et comme certains le savent déjà, passons à l'étape de démonstration. En effet, une fois que l'arme a été intégralement assemblée, il ne reste plus qu'à la charger - comme ceci."

Quelques tours de manivelle... Et on est bon.

- "Maintenant, et avant de passer à la partie la plus visuelle, j'aimerais corriger une lacune volontaire à cette présentation. Comme certains l'ont remarqués - et j'en vois dans l'assemblée qui n'ont pas tardé à me le signaler, ce pourquoi je vous remercie en partie -, j'ai jusqu'à présent tu le nom de ce projet et de cette arme. En effet, comme de nombreux individus inconnus et extérieurs à la Forteresse du Torrent, j'ai bien malgré moi fait preuve d'ignorance, avec mes idées de basse-altitude. Qu'il soit retenu de cette période que je ne voulais que combler le manque flagrant de Tempérance provenant des ennemis des Ancêtres et de l'Empire de Sigmar, puisque c'est de cette région que j'arrivais à votre porte. Après des années d'apprentissage et une correction bien méritée de la part de Mtr Olarkson, j'ai compris qu'il fallait apprendre à chacun des ennemis des Dawis ce qu'était la Modération, qui à leur forcer la main à chaque instant..."

On va laisser un temps de pause ici.

- "... Mais en vérité, je vous le dis avec tout le respect qui vous est dû : je manquais encore d'apprentissage. Plus que la tempérance, plus que la modération, les ennemis des Ancêtres méritent tous un sort bien pire que les maigres efforts que j'ai pu fournir. Durant ces années de correction et d'apprentissage auprès de vous, vénérables maîtres, j'ai appris quel était le plus grand mal infligeable sur nos ennemis. Plus que la Tempérance forcée, plus qu'une virulente Modération, j'estime que ce que les ennemis des Dawis méritent...

C'est une forte dose de Sobriété."


Et là, on enchaîne, avant que quiconque n'éructe.

- "La véritable bière est un savoir qui se garde et qui se préserve fermement, et seuls les Dawis méritent d'en connaître les secrets. C'est pourquoi cette arme a été conçue, ce pourquoi elle est présentée devant vous, Dawis de l'assemblée et Vénérables Maîtres de la Guilde.

J'estime cette arme capable de refroidir toutes les ardeurs, toutes les envies malicieuses de nos ennemis, une fois que ceux-ci auront reçu une décharge de Sobriété. Voyez-vous cette bûche au centre ?"


Vite, le tir. En visée, debout. Allez, la distance est amplement suffisante, et il y a assez d'espace pour empêcher les débordements ou les arcs secondaires.

- DZZZZT -

- "Et ensuite, vient le second mode de tir, si jamais l'utilisateur doit faire face à plusieurs Grobis, ou autres individus ingrats et indignes."

Le pion en butée, on remet le cache, on mouline, et on y est.

Allez, par tous les Ancêtres, par tous les Forts des Monts, par tous les flocons de neige des Cimes, allez !
S'il y a un moment où j'ai besoin d'une aide, d'un coup de pouce de Morgrim, c'est maintenant !

Allez, quinze ans de gâché à suivre des ordres et écouter cent fois la même rengaine soporifique, allez !
J'ai tout fait, tout vu, tout entendu entre les Quatre Cascades ! Réparer des conduits, corriger des calibres, visser des crochets, remplacer des engrenages, polir des haches, rincer des chaudières, souder des grilles, écouter des rumeurs de dragons des tunnels, ... J'en ai ma claque !

J'ai tout fait !
J'ai fait tout ce qu'il fallait !
Allez, bon sang !
Qu'est-ce qu'il vous faut de plus ?
Qu'est-ce que j'ai fait de mal, hein ?
J'ai tout relu, tout repris, tout recopié, testé, vissé, cogné, plié, chauffé, démonté... Tout !

J'ai tout fait !
Tout refait, encore et encore !
Quinze années à vous écouter, à vous entendre maugréer, à décrypter vos sourcillements, à compter vos poils de nez, à cirer vos bottes et à lire vos saletés de traités verbeux et indigestes, à dévier les conduites à bière pour vous, à se servir après vous, à parler après vous, à prendre les railleries et les critiques à votre place, à subir les réprimandes quand vos ordres étaient erronés, à prendre des coups quand vous n'acceptiez pas une réplique...

Laissez-moi enfin !
Laissez-moi finir !
Lâchez-moi la grappe !
Lâchez-moi les oreilles, retournez à vos ouvrages et à vos cire-canons, et surtout, mais alors oui, surtout :

LAISSEZ-MOI SORTIR DE CETTE CAGE DE PIERRE !

- DZZZT -
Ca fera 8xp et un rang 2, merci. Gardez la monnaie
Snorri Sturillson
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"Vous n’avez pas le droit d’avoir votre opinion. Vous avez le droit d’avoir votre opinion renseignée.
Personne n’a le droit d’être ignare.
"
Snorri dans un univers parallèle très mignon et propre :
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[MJ] Le Djinn
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Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par [MJ] Le Djinn »

Pour les besoins du RP il sera considéré que les maîtres ne posent une question que quand la précédente a été répondue. Tu pourras donc répondre aux questions "à la suite" dans ton post, histoire de fluidifier le RP.
Un silence.

Un long silence.

Les longues-barbes relisaient leurs notes, retiraient leurs lunettes et grognaient dans leurs barbes des malédictions naines envers leur vision défaillante ainsi que le crayon et le parchemin "plus aussi résistants que dans le bon vieux temps". Quelques murmures s'échangèrent entre ces maîtres de profession, sans doute des commentaires sur le projet ou des questions à poser. Ils descendirent de l'estrade quand Snorri achevait de carboniser un nouveau tronc de bois qui n'avait rien demandé à personne. Le constat était sans appel: les cibles avaient été carbonisées nettes, démolies sur le coup comme aurait pu le faire un coup d'arquebuse. Sobriété était une arme terrible et, sans aucun doute, les ennemis des dawis apprendraient à la craindre dans les décennies qui viendraient... Mais nous n'y étions pas encore et les vieux nains grincheux qui notaient l'examen final avaient des questions à poser avant de donner leur jugement définitif. Evidemment, étant des longues-barbes, on ne pouvait pas s'attendre à ce que toutes leurs questions soient de bonne foi, bien intentionnées ou juste motivées par la simple volonté d'en savoir plus. Ils avaient un caractère de cochon et il fallait le faire savoir.

Jotnar Hurakson monta en premier à l'assaut, arrachant l'arme des mains de Snorri et beuglant, en observant Sobriété comme s'il s'agissait d'une lance grobi:


-"Et pourquoi l'utiliser au lieu d'une arbalète, hum? C'est très bien les arbalètes! Ou une arme à poudre, vous aimez ça vous, les jeunes!"

Grimli Poing-de-Fer, le Grand Maître de la Guilde des Ingénieurs de Zhufbar, se voulait quant à lui plus pragmatique maintenant que la grande question avait été répondue:

-"Et bien! Concrètement, quelle est la portée de cette arme? J'ai bien vu que le faisceau diminuait en intensité assez vite. Quelle est sa portée efficace et sa portée maximale, si tu veux plus de précision?"

La réponse donnée, c'est un troisième larron, Ulrik Marteau-Flamme, qui prit la parole:

-"Tout ça c'est très bien! Mais la vraie question est: est-ce que ça ne va pas brûler les poils de barbe?"

Guntrak Morgasson, plus favorable à Snorri dû au côté déjanté de ses propres inventions, vint à son secours avec une question simple:

-"Pas de munition tu disais je crois? On pourrait donc potentiellement tenir une ligne de front indéfiniment avec ton arme?"

Le dernier maître, Bombur Fier-Pavois, conclut cette première tournée:

-"Et en terme d'accidents de tir, on se situe à combien? C'est vérifiable? Parce qu'on va pas équiper les gars avec des pétoires qui sautent à la gueule, hein! "

La question répondue, vint la suivante du même:

-"Sur le plan de la reproductibilité, est-ce qu'on peut espérer la même fiabilité pour les répliques?"

Grimli Poing-de-Fer attrapa à son tour Sobriété et lança quelques essais de tir, qui touchèrent au but.

-"Mouais. Mouais, mouais, mouais, ça vaut pas une pétoire de ma forge ça. Et si l'ennemi s'en empare, y'a pas moyen qu'il répare les parties qu'on aurait arrachées?"

Guntrak Morgasson, plus désireux de connaître l'aspect technique, reprit:

-"Sur les alliages, vous avez pensé à utiliser des métaux rares, comme de l'or? C'est cher mais ce peut être très bien conduire la chaleur, notamment au niveau de la manivelle et du chargement verrier."

Bombur Fier-Pavois qui s'y connaissait un peu en verre sauta sur l'occasion.

-"Parlant du verre d'ailleurs! Fragile, ça! Si ça casse pendant une attaque ou par accident, on fait quoi? Ca s'trouve pas sous l'cul d'un squig ces conneries."

Et finalement Ulrik Marteau-Flamme acheva:

-"Mais on parle, on parle... Mais ces éclairs là... Ce serait pas un truc de sorcier?"

Il y eut un frisson d'horreur. De la magie? De la magie à l'intérieur de la Guilde des Ingénieurs de Zhufbar!
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Snorri Sturillson
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Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par Snorri Sturillson »

Les voilà qui descendent enfin. Allez, plus qu'une étape.

- " Et pourquoi l'utiliser au lieu d'une arbalète, hum ? C'est très bien les arbalètes ! Ou une arme à poudre, vous aimez ça vous, les jeunes !

- C'est une arme tout à fait utilisable en lieu et place d'une arbalète, en effet. Déjà, l'arme n'est que partiellement conçue avec du bois, ce qui réduit grandement les chances de couardise du matériau. J'ai en effet appris que seul l'acier et ses alliés étaient d'honnête matériaux, et cette arme en est pourvue sur son ensemble. Enfin, cette arme ne rouille pas, ne se plie pas comme du bois, et ne s'use pas à cause de la pluie ou des cours d'eau - contrairement aux armes à poudre ou aux cordes d'arbalète

- Eh bien ! Concrètement, quelle est la portée de cette arme ? J'ai bien vu que le faisceau diminuait en intensité assez vite. Quelle est sa portée efficace et sa portée maximale, si tu veux plus de précision ?

- Selon le mode choisi - avec ces pions de sureté -, la portée et l'intensité évolue, en effet.

Dans le premier mode que j'ai présenté - le mode "concentré" -, on peut aisément tabler sur une portée efficace de cinquante à soixante pieds. Avec un entraînement correct, on peut atteindre les quatre-vingts ou cent pieds. Dans le second mode - le mode "diffus" -, l'intensité du tir se répartit entre les cibles touchées, comme le montrent ces marques ciselées sur le bois ici et ici. La portée efficace est donc réduite jusqu'à une vingtaine de pieds, et avec entraînement, une quarantaine de pieds est atteignable, comme je viens de vous le présenter avec ces bûches.

Cependant, comme vous l'avez remarqué, le tir amène deux particularités : avec un carreau ou une charge à poudre, l'objet propulsé se dirige directement vers sa cible, et il est possible de dévier ou de bloquer le projectile avec un bouclier suffisamment épais ou une maille suffisamment solide. Ici, il n'y a pas de projectile en tant que tel, et la trajectoire de la décharge n'est ni rectiligne, ni continue. Ainsi, il est strictement impossible de bloquer la décharge, même si l'ennemi se cache derrière un roc ou une rambarde de bois.


- Tout ça, c'est très bien! Mais la vraie question est : est-ce que ça ne va pas brûler les poils de barbe ?

- Et c'est justement le but de ce second cache de sécurité, bien plus imposant, juste ici. Comme vous le voyez, en dessous de ce dernier, il n'y a ni goupille, ni culasse, ni loquet. Il n'y a que la coque externe. Ainsi, ce cache a pour utilité principale de diriger la décharge en cas de mauvaise utilisation ou de charge trop importante. De plus, étant donné que ce cache est tressé de cuir, il n'y a aucune chance qu'il s'enflamme, ou que des poils ou des mèches se coincent dessus.

- Pas de munition, tu disais, je crois ? On pourrait donc potentiellement tenir une ligne de front indéfiniment avec ton arme ?

- En effet, il n'y a aucune munition, sinon cette capsule amovible - qui ne se vide et se recharge jamais. Par conséquent, il est tout à fait possible de considérer une tenue au front indéfinie avec cette arme ou ce procédé - pourvu que son détenteur possède encore un peu d'huile de coude. Et cela tombe bien, puisque l'huile de coude, c'est gratuit !

- Et en terme d'accidents de tir, on se situe à combien ? C'est vérifiable ? Parce qu'on ne va pas équiper les gars avec des pétoires qui sautent à la gueule, hein !

- Eh bien... En termes d'incidents... Voilà une quinzaine d'étés qui sont passé depuis que je travaille sur ce modèle et sur ce projet, et je n'ai pour ainsi dire pas eu de véritable incident de tir. Les deux seules anomalies répertoriées dans son fonctionnement proviennent d'avant mon arrivée à Zhufbar - le tir défaillant a calciné une demi-douzaine de morts-qui-marchent -, et de mon premier passage devant cette assemblée - cette fois, la butée juste ici avait glissé au dernier moment ce qui n'est plus possible sur cette version de l'arme.

Voilà donc dix ans que je n'ai pas eu d'incidents avec cette arme, en admettant tout de même que j'en ai pris soin.


- Sur le plan de la reproductibilité, est-ce qu'on peut espérer la même fiabilité pour les répliques ?

- Étant donné que ce modèle, ainsi que tous les plans réalisés et présentés aujourd'hui ont été coulés, tracés et construits selon les normes et les règlementations standard de la Guilde et de chacune des filiales impliquées, je ne vois pas comment est-ce que des répliques pourraient être moins fiable que celle-ci, à moins qu'un des individus impliqués dans sa reproduction falsifie un composant, ou oublie une règle de coulée.

- Mouais. Mouais, mouais, mouais, ça ne vaut pas une pétoire de ma forge ça. Et si l'ennemi s'en empare, y'a pas moyen qu'il répare les parties qu'on aurait arrachées ?

- Vu que les parties que l'on doit enlever sont amovibles - comme ceci, tenez -, je doute que le moindre Grobi soit capable de reproduire l'un ou l'autre. De toute manière, il faudrait que l'ennemi reproduise les deux à l'identique, manivelle et capsule, y compris le gaz contenu à l'intérieur du verre.

Ainsi, vu que le gaz est un résidu secondaire lié à la production d'alumine, je doute que le moindre de nos ennemis soit capable de reproduire tous les composants manquants au fonctionnement de l'arme. Il pourrait tenter de forcer ou de trafiquer l'ensemble, mais les pièces internes étant logées sur des toises, si l'on force avec un pic, une main ou un caillou, l'ensemble se défait et les roues de friction tournent dans le vide. De plus, aucun pic, main, ou caillou ne peut transmettre correctement la charge et la décharge.


- Sur les alliages, vous avez pensé à utiliser des métaux rares, comme de l'or ? C'est cher, mais ce peut être très bien pour conduire la chaleur, notamment au niveau de la manivelle et du chargement verrier.

- Il serait possible d'utiliser de l'or, en effet. Cependant, étant donné les restrictions de ma fonction, j'ai préféré ne pas dépenser de matière lucrative pour rien. De plus, le but n'est pas de conduire la chaleur jusqu'à la manivelle, mais jusqu'aux supports externes. Je ne voudrais pas que l'utilisateur se brûle une main avec cette arme.

- Parlant du verre d'ailleurs ! Fragile, ça ! Si ça casse pendant une attaque ou par accident, on fait quoi ? Ca ne s'trouve pas sous l'cul d'un squig ces conneries.

- Eh bien, si jamais le verre vient à manquer, la Guilde des Scribes, des Notaires et des Maçons - qui sont toutes les trois reliées à la Guilde des Ingénieurs de Zhufbar, étant donné les nécessités de chacune et chacun - pourront nous fournir tout le sable clair que l'on nécessite, puisqu'ils en utilisent et en stockent une quantité faramineuse pour leurs travaux de fondation et de correction littéraire. Je le sais personnellement, vu que ce sont eux qui m'ont fourni du sable et de l'encre lors de mes calculs préliminaires.

Néanmoins, pour ce qui est de la casse et de la fragilité de la capsule... Comme vous pouvez le voir, la capsule est engoncée dans une cage-armature métallique. Cette cage sert à renforcer l'ensemble du ballon, à le maintenir en place, et aussi à faciliter sa prise en main et son utilisation dans l'arme.


- Mais on parle, on parle... Mais ces éclairs-là... Ce ne serait pas un truc de sorcier ?

De quoi ? De sorcier ? ... Euh... Mais où est-ce qu'il va chercher tout cela ?

- De la sorcellerie ? Attendez, je vais vous montrer, venez à la table.

Laissez-moi juste de quoi étaler les plans... Voilà. Comme vous pouvez le voir sur chacun d'entre eux, il n'y a aucun manquement, aucune incertitude sur chacune des faces et surfaces fonctionnelles. Aucune spécification ne manque. Par conséquent, je ne vois pas où est-ce que de la sorcellerie pourrait avoir lieu au sein de cet engin, étant donné que...

Eh bien, ni vous ni moi ne sommes capable de telles choses. Regardez-donc mes mains si vous le voulez, ou celles de n'importe quel Dawi dans l'assemblée - elles n'ont rien en commun avec celles d'un sorcier. De plus, les ouvrages que j'ai utilisés pour produire cet outil sont listés juste ici, et comme vous le remarquerez, aucun d'entre eux n'est lié à quelque magie.
un pied nain = 25 <-> 35cm de long

Le vrai souci des cordonniers, c'est la largeur du pied, et le coût du polish
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"Vous n’avez pas le droit d’avoir votre opinion. Vous avez le droit d’avoir votre opinion renseignée.
Personne n’a le droit d’être ignare.
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Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par [MJ] Le Djinn »

Jets cachés.
La phase des explications fût longue et laborieuse, pleine des grognements des longues-barbes et des hochements de tête peu convaincus. Finalement, Hurakson qui avait repris Sobriété en main décida qu'il était temps de passer à la partie la plus pratique, celle où la demi-dizaine de maîtres-ingénieurs allaient se livrer aux tests nécessaires. Le vieux nain plaça l'arme à l'épaule, se fit expliquer comment la faire tirer, et mis en joue. Trois tirs sur des bûches, trois tirs au but. A défaut d'être un interlocuteur agréable, l'ancien était sans le moindre doute un excellent tireur. Tous les autres passèrent après lui, sans ordre particulier, vérifiant après chaque essai qu'aucun précieux poil de barbe ne soit brûlé, carbonisé, arraché ou tout autre sort équivalent. Poing-de-Pierre, la grand seigneur, fût le premier et à vrai dire le seul à trouver un défaut. Durant un tir l'arme ne tira pas, se contentant de produire une petite étincelle. Il y eut des maugréements et des critiques acerbes, du type:

-"Avec une hache de jet ça ne serait pas arrivé, ça."

L'intervention de Morgasson se voulut plus positive:

-"C'est quand même mieux qu'il y a cinq ans."

Certains haussèrent les épaules, d'autres opinèrent du chef. Le tir ayant été testé il fallait essayer les autres possibilités de disfonctionnement! Aussi Bombur Fier-Pavois attrapa-t-il Sobriété à deux mains et la fracassa au sol plusieurs fois d'affilées, dans les grandes largeurs, pour tester sa résistance. Il en sortit que l'arme avait été ébréchée mais que le gros avait tenu. Quelques fêlures ça et là se présentaient cela dit mais le tir fonctionnait encore.

-"Mouais."

Et après la fameuse "épreuve de l'eau". Pour faire simple, Marteau-Flammes tenait Sobriété à bout de bras tandis que deux dawis versaient dessus des trombes d'eau qui retombaient ensuite dans une bassine. L'exercice aurait été mortel à Tempérance ou Modération mais Sobriété sembla tenir le choc. A vrai dire c'était à Olarkson que Snorri devait l'imperméabilité de son arme, celui-ci étant au courant de ce petit rituel destiné aux armes à distance et effectué systématiquement pour tester la fiabilité des armes. Il en résultat tout de même une baisse de la précision de l'engin, du moins les anciens en étaient-ils persuadés.
Il y aurait ensuite une phase de test subsidiaire post-examen mais celle-ci concernait plus la production que l'arme en elle-même. Originellement les Guildes des Ingénieurs incluaient ce processus dans le protocole de sélection, recalant ainsi beaucoup d'idées neuves, mais Zhufbarr avait en la matière une politique particulière et plus permissive. Cette légèreté semblait être la raison qui poussait les savants des autres cités à les considérer comme des progressistes, voire des excentriques! Pour autant la Citadelle des Quatre Colonnes compensait par l'irascibilité de ses maîtres et l'enseignement rigoureux et difficile qu'elle prodiguait. Finalement les examinateurs emportèrent les plans et l'arme pour les amener dans une arrière salle où ils pourraient lire à leur aise avant de donner leur réponse.


-"J'assure que j'ai vu un éclair résiduel sur la partie sphérique basse du verre."

-"Et comment on va faire pour recharger la toupie si la manivelle se tord, hein? Je vais vous montrer qu'c'est possible."

-"Non puis les éclairs c'est un truc de skaven, que d'la saloperie, j'vous dis que les nouveautés attirent les ennuis.."

-"Mais regardez-ça! Ca se coince quand je mets un peu de pression dessus, regardez, je mets mon genou sur le canon et ... Gnnn... Non mais vous allez voir ça... Gnnn... Mais... Gnnn..."

-"Puis c'est écrit tout petit là! Franchement les jeunes de nos jours! De mon temps on écrivait gros par respect pour les anciens..."

Les ronchonnement sortis, Snorri restait seul, debout, au milieu des deux tribunes. La coutume voulait qu'il reste ainsi sans rien dire à être regardé comme un objet de spectacle jusqu'à ce que les maîtres aient décidés chacun de leur verdict. Cela devait durer une heure. Une heure d'attente avant que les barbes-grises ne se démènent, les plans et Sobriété toujours en main, pour les reposer sur une petite table et aller se positionner derrière leur auteul-pupitre, les fesses paisiblement placées sur les petits trônes de pierre. Conformément au protocole, chaque maître ferait passer au plus âgé, ici Grimli Poing-de-Pierre, sa réponse définitive. Ce dernier lirait ensuite avant d'y ajouter son vote et déclarerait le passage ou le recalage d'une voix forte. Le silence était absolu et on entendait plus que le bruit des calames dorés appartenant aux décideurs. Les plaquettes passèrent alors au plus vétéran de tous sans qu'un autre ne puisse les voir. Celui-ci les mélangea afin de ne pas savoir qui avait décidé quoi puis les tira une à une. Finalement il leva la tête et prononça d'une voix puissante ornée d'un ton morne:

-"Approuvé."

Ce fût l'ovation dans la salle, le tonnerre d'applaudissements. Les ingénieurs descendaient de leur tribune pour frapper dans le dos le nain nouvellement introduit à leur grande famille, on promettait de lui payer un tonneau, non, deux tonneaux de bonne bière! Olarkson observait la cohue du dehors, de la sueur perlait sur son front chauve. Snorri entendit simplement un murmure de soliloque:

-"Sturill, j'ai accompli mon serment."
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Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par Snorri Sturillson »

Eh, allez, plus qu'une heure et je serai fixé. Bon sang, une heure à tuer, à les regarder bricoler, tricoter leurs mensonges et leur amertume, à dissimuler leur non-créativité et leur incapacité à progresser... Dans quoi est-ce que je me suis fourré, moi encore... Au moins, le nom n'a pas eu autant d'effet que ce que Mtr Orlakson m'avait prédit. Heh, c'est sans doute une bonne chose. Cela veut soit dire que je les ai assez emmaillotés dans mes paroles, soit qu'ils ne l'ont même pas remarqué durant mes discours. Dans tous les cas, ... Oui, tout à fait, on s'en fout.

Après tout, c'est qu'un nom, qu'est-ce que ça peut faire ? Qu'ils l'appellent "Compensation" ou "Complexe De Dippe" si ça leur chante, cela ne me regarde pas, tant qu'il y a mon nom sur l'idée et le procédé. J'ai passé quinze hivers à écouter leurs chamailleries d'érudits coincés et mal-rincés, je sais comment faire maintenant : L'important, c'est de rien dire, et de fixer le point entre leur museau et le nez. Ils verront que vous suivez leurs mots, et ne remarqueront pas que vous êtes parti aux confins de votre caboche, à faire des plans et des calculs mentaux.

-"C'est quand même mieux qu'il y a cinq ans."

Bah tiens, qui l'eut crû ? Ça, cela veut juste dire qu'il ne trouve rien à dévisser ou me coincer. Allez, Morgasson, je coche. Le Grand-Maître mentionne les haches de jets, c'est bon signe. Il est de bonne humeur si il parle de haches. Allez, on le coche aussi. Il n'en manque plus qu'un ou deux...

...

Ah oui, faut que je rassemble mes carnets et mes plans quand ils auront finis et qu'ils seront passés à leur conciliabule. Il ne faudrait pas que l'un d'eux remarque que je suis en train de refaire mes plans horaires pour la soirée et le lendemain. Orlakson est formel là-dessus : c'est mal vu par tous, sauf chez les bâtisseurs... C'est-à-dire tous sauf lui et les gars du périmètre extérieur. Ah, on passe la machine à l'eau ! Je n'ai pas trop regardé, ils ont fait le test du sable avant ou non ? S'ils ont décidé de faire les deux d'un coup, je suis bon pour déchausser et traverser tous les halls à grands coups de savate dans le siège...

On verra bien...

Qu'est-ce que... Hm, c'est vrai qu'ils doivent tout emporter pour leur discussion privée. Hm. Bon, allez Snorri, répète ce que tu as écrit. Dans une heure et un quart de sablier, je clôture la lettre ; dans une heure et demi minimum, je passe par les porterunes pour l'envoyer ; dans deux heures ou avant si j'ai le temps, je passe par mon dortoir et j'emballe mes affaires, et je trie mon coffre de rangement ; dans trois heures maximum, je remballe mes plans et mes carnets ; dans trois heures, le dernier candidat sortira de la salle de présentation (où je suis actuellement) ; dans trois heures et un quart, tout est rangé, tout est scellé, empaqueté, préparé, je passe voir Orlakson pour clôturer notre accord et sa dernière promesse ; dès que cela est fait, je me laisse attraper par les cent cinquante furieux et assoiffés qui devraient être en train de me pister comme les cabots de Westen.

Ensuite, c'est le flou jusqu'à demain.

Ah, quoique, non. Il faut que je passe aux Halls inférieurs. Il faut donc que je croise d'abord vers la Guilde, puis les porterunes, les temples, et enfin la Guilde et la tonnée du soir. Heureusement que je me suis rasé la tête avant-hier, je suis sûr que deux-trois soudards sont déjà en train de préparer la cire et les sabots.

Le seul bémol à tout cela... C'est si l'un des maîtres trouve à y redire.

Et là... Eh bah... Il me faudra beaucoup, beaucoup d'air frais. Cela tombe bien, on est en plein hiver.


***


-"Approuvé."

Gh-!

Aaaaaaa-gh ! De l'air !

Huffff.... Et on serre les dents.

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

ENFIN ! NOM DES CENT-QUATRE-VINQT CANONS, ENFIN !

...

Oh pétard, j'ai une suée qui vient, j'suis pas prêt. Nan, là, faut que je trouve de quoi m'asseoir. Oh pétard, ils ont tous accepté, ouah, ... Roh, j'en ai cassé mon crayon et la page que je tenais - Ah non, j'en ai déchiré une demi-douzaine en tirant. Bah, c'est juste mon dernier carnet de tracés, j'en ai d'autres au dortoir.

Bon sang... Je vais enfin pouvoir travailler sur mes idées... Grungni, Morgrim, merci du coup de pouce. Là, il faut vraiment que je passe aux temples, j'ai du monde à remercier pour la fin de corvée.

Et voilà deux barbus qui filent en courant. Sans doute les coursiers ou les annonces. L'un d'eux file vers le Hall, et l'autre vers les fours, pour rajouter un anneau à forger et un nom à noyer sous l'alcool. Est-ce que Orlakson est p- Aïe ! Bon sang, ils pourraient enlever les bagues quand ils tapent dans le dos, ou au moins polir les pointes.

Allez, plus une seconde à perdre.


***


Hufff- pfff - Haaaa... Je crois que je les ai enfin perdus. Quelle cohue, mes aïeux ! Ils m'auraient dessapé sans le vouloir, les barges ! Troisième sous-sol... Encore quelques marches, soit.

Ah, voilà mon dortoir. Voyons voir le sol... Rien. La porte et le fil entre les linteaux du coffre ? Rien. Bien, personne ne m'attend ou n'est en train de me jouer un tour. Vite, la lettre. Alors, est-ce que c'est lisible...

"Mère,
Je sais que je n'ai pas été très communicant ces dernières semaines, et que tu as ainsi dû faire ce travail ingrat de notaire et messagère sans aval et sans réponse pendant plusieurs lunes maintenant. Je tenais tout d'abord à m'excuser pour la gêne occasionnée, mais sache que ces silences répétés n'étaient aucunement dû à ma propre volonté, mais à ceux de mes pairs et de mes ainés. Je sais que cette remarque vient très souvent s'accoler à ma plume, mais comme tu le sais, les Guildes Karakis d'ici n'ont rien à envier à celle que vous aviez côtoyé au Mont-du-Cor.

Je t'écris ainsi, de manière assez brève et aussi claire qu'il m'est possible, car enfin, enfin, je viens à toi avec des nouvelles. J'espère d'abord que l'hiver n'est pas aussi fâcheux à Nuln qu'ici, et surtout que le temps n'est pas trop sec en ville. Je sais que, depuis l'incident, Père a des soucis "hydroliques" lorsqu'il reste à la maison. Quoi qu'il en soit, sache que, encore une fois, la saison est assez paisible entre les Quatre Cascades. Comme d'habitude, les Contreforts sont scellés dans un seul sens, et les Souterrains sont sous pression. La Dernière Gorgée s'est étonnamment bien passée, ce qui annonce de bonnes cuvées et de bons alambics pour la fin d'année, mais le Conseil n'est jamais trop prudent, et à raison. Enfin, et pour tout t'avouer, ce qui m'a le plus préoccupé ces derniers temps ainsi que mes aînés est purement lié aux affaires de la Guilde. Voilà cinq ans que je ne me suis pas présentés devant les Maîtres et l'Assemblée, et tu comprendras certainement pourquoi je fus si occupé. En effet, j'ai choisi de me présenter pour la troisième fois cet hiver, encore avec la même création, bien que celle-ci eut été revue de fond en comble avec certains de mes camarades, après la précédente déconvenue sur-le-fil."


Et là, il faut écrire.

"A l'heure où je t'écris, sache que l'épreuve est désormais close de mon côté, et que celle-ci est même clôturée. Si j'étais un brin plus urbain, je te dirais sans doute que "c'est une histoire passée", et par souci de simplicité, vous pouvez tous deux considérer les choses comme tel. A peine fus-je sorti de l'Assemblée que j'ai surpris quelques second de forge qui se ruaient vers les ateliers. La Guilde devrait, selon le rituel, me forcer à prendre l'anneau crénelé demain dans la matinée, sinon lors du réveil "corné", après quoi je serais enfin capable et libre de mouvement entre les Forts et les terres oû notre peuple est représenté.

Je pense pouvoir me présenter comme convenu au sein du Fort-le-Cor à la fin de la prochaine semaine, soit aux alentours du 27 Kaldezeit, si ma mémoire des calendriers Umgis est encore valable. Avant que tu ne t'empresses de me répondre pour disposer de plus d'informations, sache que je serai indisponible et inatteignable par toute missive jusqu'à mon arrivée à Karak Hirn, étant donné mes nouvelles responsabilités et la promiscuité du voyage qui m'attends. Essaye de ne pas trop secouer Thorek, je sais qu'il est très occupé en cette saison de ville-pleine.

As-tu des nouvelles de l'Université depuis la dernière fois ? Tu ne m'avais pas mentionné de changement dans ta dernière recommandation, et je préfère te demander ainsi.

En espérant que Maria ne vous réquisitionne pas dans son domaine d'hiver de Meissen,

Snorri Sturillson, proche-ingénieur de Zhufbar."


Et quand ce sera sec, on plie en quart, puis on pivote, et on scelle, comme ça... C'est tout de même mieux quand c'est fait-maison. Mais avant cela, le coffre.

Alors... Pas de fil, pas de traces, pas de sable déplacé, bien. Au travail...

Les carnets, ici. Les rouleaux, dans la sacoche, avec... Les tablettes d'encre, les pointes, le biseau, le cadre, les pions, ... Les pots en ferraille seulement... Tiens, qu'est-ce que c'est que ce truc tout au fond ?

...

Attends, quoi ? Qu'est-ce que cela fait là, cette affaire ? Je ne l'avais jamais rendu, cette arme ? Et en-dessous, y'a un carnet. Il est vieux celui-là, et tout compressé. Hm, fabrication Umgi, à coup sûr.

Fabrication Umgi ? Mais attends, pourtant, c'est bien dans mes affaires... Sigmarzeit 2529. Mon vieux calepin de route ! Tonnerre, moi qui pensais qu'on me l'avait jamais rendu ! Tant pis pour Hikarrson, il est trop loin pour que je lui montre, il peut mâcher mes savates !

Bon, trêves de rigolade, reprenons le sac. Ca, ce sont mes tentatives de plans des Halls, et à coté, ça devrait être... Mes premiers plans de modification pour Tempérance. Bon sang, je n'avais pas posé les yeux sur toutes ces choses depuis une décennie... Et dire que j'ai gardé une arme à poudre vide en dessous de toute cette paperasse... Dans le doute, je la rendrai avant de partir, vu que je n'ai pas envie de me prendre l'Office de l'Inventaire sur le dos. Une décennie là-dessous...

C'est passé franchement vite, toutes ces broutilles... J'avais encore du mal à tracer droit sans outil à cette époque. Heh, en même temps, je ne m'étais pas encore coltiné trois jours complet de géométrie à la craie, sur tableau roulant, et sans tabouret. Quelle idée, ça aussi... Ah, je n'avais pas eu le temps de rouspéter, vu qu'Orlakson me tenait le museau à chaque trait frileux. Mais à l'époque de ce carnet, j'avais... J'avais encore des cheveux, et une bonne couche. Et dire qu'il y en a qui essayent de lutter contre la calvitie... Les pauvres. Un bon coup de rasoir aura suffi, de mon côté. Si seulement tout cela avait pu être aussi simple qu'un coup de lame, je serais déjà loin en ce moment... Ou déjà mort. Qui sait ?

...

Tiens, une pile de lettres. Sans doute les premières... Exactement, les premières discussions avec Brynnhilde...

...

Non, je n'ai pas le temps de les relire. J'ai déjà eu une suée dans l'Assemblée, je ne vais pas m'en coller une deuxième en lisant mes sottises d'il y a quinze ans ! Néanmoins, est-ce que... Est-ce que je corrige ma lettre, et je mentionne Brynnhilde ? Je l'ai toujours nommé de manière impersonnelle dans mes adresses à Mère, mais il serait sans doute temps de briser le voile, non ? Hm, je vais y réfléchir...

Et après cela, direction les Halls de Ferveur.

***
"Office de course, de poste et auxiliaire de la Confrérie des Porterunes", c'est bien là.

Allez, avant qu'un des chasubles-noirs ne me reconnaissent. Quelle guigne je me colle, sans mon manteau de la Guilde...

- " Ca suffira, la tonsure. Qu'est-ce que t'as comme affaire pour nous ?

- Oh, une broutille, comme à chaque fois.

- Ah ouais, une broutille ? Quel genre de b-

- Comme à chaque fois. Lettre diplomatique, signée, scellée pour Nuln, Wissenland, Empire Umgi. Importance maximale, à l'attention de l'Ambassade des Monts, sans intermédiaire, sans copie possible. Le sceau est ici. C'est de l'encre terne, séchée au préalable, et du papier de la Guilde des Ingénieurs."

- Les Ingés ? Et qu'est-ce qu'ils y ont dans cette -?

- Routine habituelle, j'en sais rien. Je te conseille de suivre ce qu'on m'a dit : << moins t'en sais, mieux on se porte >>. Et voilà le pourboire pour les gars. Remerciements de la Guilde.

- ... Très bien. Dis-leur que ce sera fait."

Une semaine et demie envolée en un bout de papier scellé. Un jour, quelqu'un devra remanier ce sytème de messagerie, ça devient vraiment fastidieux à financer. Bref. Maintenant, faut déguerpir en direction de la Guilde. Bon sang, j'espère que le courrier de la Guilde n'est pas déjà parti. Si c'est un coureur de seconde liste qui doit se libérer pour ma lettre, ça va faire des histoires... Et maintenant, on bifurque vers les Temples avant de croiser une chasuble familière. Allez, allez !

***
Je ne sais pas ce que j'ai à toujours commencer mon petit parcours par les Halls Inférieurs. À chaque fois, je chope une goutte au nez qui met bien deux heures à s'en aller. Ce n'est pas faute d'avoir étudié les circuits de chauffe entre les Halls pourtant, je sais pertinemment que le Temple de Gazul est dans le bloc le moins chauffé de tout le Fortin. D'un autre coté, c'est aussi l'endroit le plus calme, et où l'on me laisse une paix cordiale et silencieuse... Que je rends sans faire d'histoires. Loin de moi l'idée de troubler les offices des Lames-Flambées.

Une fois que c'en est réglé avec Gazul, je file toujours devant le Temple Majeur, où se trouvent les Trois Ancêtres (enfin surtout Valaya, vu que les deux autres sont plus représentés dans les Caves voisines).

Pour cette fois, je ne vais même pas rentrer dans le Temple, tiens. Cela me facilitera la tâche, à moi et à toutes les prêtresses en service. De cette manière, j'évite à tout le monde les mines austères des grises gorgones des grands-offices, ainsi que l'éruption de leur clairvoyance grinçante. Ce n'est plus à prouver de toute façon, elles sont toutes au courant de mes intentions, de mes idées, et de mes perceptions, que je sois présent ou simplement mentionné. Qu'à cela ne tienne, cette pause n'en sera que meilleure pour toute la Forteresse si je me repose ici-même.

Est-ce que j'ai éga-Non, le voilà. J'arrive donc à la fin de ce tabac, quelle belle coïncidence. Voilà une autre chose qui se vide et se clôture pour des années, on dirait. C'est fou ce que j'ai pu déblatérer intérieurement pendant cet apprentissage... Heureusement que j'ai toujours tu mes propos. Heh, on m'aurait sans doute collé un pot de roux dans les mains au bout de trois phrases... Et ceux-là auraient vu juste, à n'en point douter.

Mon arrivée dans les Bords du Monde s'est faite avec trois décennies de retard, et Mtr Orlakson en est conscient depuis longtemps : même trente-cinq années de corvée ne changeraient rien à ce que j'ai entre les deux écoutes. Je suis aussi Dawi que quiconque en ces lieux, mais malheureusement pour moi, je ne serai jamais capable d'être aussi "identique" que mes semblables. L'accent, le ton, le vocabulaire, l'expression, ce ne sont que des détails insignifiants par rapport à la culture, les idées, la réflexion, la psyché, le cran, et j'en passe. Et toutes ces choses, ça s'encastre dans votre tête avant que vous ne l'ayez décidé. Et toutes ces choses-là...

C'est ce qui fait que je ne veux pas rester, ou que selon certains, je ne peux pas rester. Très honnêtement, je n'y vois aucun mal. Je fais sans doute une erreur, et je m'attends à recevoir moult remarques dans mon dos ou de plein front, mais qu'importe. Je ne suis pas un Umgi. Je n'ai pas le temps pour le copinage, et contrairement à mes parents ou Brynnhilde, je n'y suis nullement obligé.

...

À vrai dire, je ne sais pas pourquoi j'avais planifié un arrêt ici, devant les Stèles Majeures. Mon seul intérêt serait d'y retrouver Brynnhilde, mais j'ai plus d'une dizaine d'heures d'avance sur son retour au Fortin... Oui, c'est exactement ça. Je n'ai aucun but à m'arrêter ici, aucune raison, sinon de faire demi-tour, et de retrouver Mtr Orlakson une dernière fois. Il prendra sans doute mes remerciements à la légère, pensant que je fais cela purement par politesse et non par sincérité, mais qu'importe. Il m'a été d'une aide immense, et il reste sans doute l'une des dernières personnes avec un peu d'esprit individuel, parmi toutes celles que j'ai pu croiser à la Guilde.


***


Bon, visiblement, la revue l'accapare encore plus que prévu. Tant pis, il n'aura qu'un minuscule rouleau de parchemin. Après tout, notre marché n'incluait pas des adieux théâtraux, mais un échange de services. Il a même pris la peine de l'enrouler... Le Grimgrandel, en direction de Karak Hirn... Cela sera sans doute plus intéressant à raconter qu'une de ces sempiternelles escapades dans les caves à champignons des Alchimistes. Et puis, en un sens, c'est un retour à la maison. Je l'ai bien mérité, non ?

Qu'est-ce que c'est que ce vacarme ?

Oh non. Non. Non-non-non ! Les gaillards m'ont vu entrer chez Orlakson ! Bon sang, j'entends les chopes en étain ! Vite, ce couloir ! Vous ne m'aurez pas avant que j'aie fini mes paquetages et mes sacs, bande de soiffards !

...

Merde, en voilà qui attendent devant mon dortoir. Eeeeeet... Et ils m'ont vu ! Bon, mieux vaut respirer maintenant, parce qu'avec mes escapades, je ne sais pas si ils vont me laisser le temps entre deux tonneaux de fraîche !

- " Ouais, ouais, hé, lâ-chez-moi-bon-sang, j'ess-aye pas de m'en-na-ller, oh ! Hé, c'est pas une pelote, ça - Ho, d'acc - Oh hé, d'accord, je touche plus le sol, si vous le dites ! "
Snorri Sturillson
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"Vous n’avez pas le droit d’avoir votre opinion. Vous avez le droit d’avoir votre opinion renseignée.
Personne n’a le droit d’être ignare.
"
Snorri dans un univers parallèle très mignon et propre :
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[MJ] Le Djinn
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Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par [MJ] Le Djinn »

-"Ahahahaha! Il est là le nouveau!"

-"Allez viens, on est bien!"

Quelque part au plus profond de la Guilde des Ingénieurs de Zhufbarr, là où le commun des dawis ne va jamais, était un réfectoire. Plus luxueux que celui des repas normaux, il se formait d'une large salle close aux murs parcourus de mosaïques et de décorations en or, acier et argent aux armes des Ancêtres, des clans dominants du lieu ou de souvenirs ayant émaillés la vie de la corporation. Outre le fait qu'elle servait de salle à manger aux maîtres-ingénieurs et aux officiels de haut-rang, la pièce tenait également office de salle des fêtes. Il s'en donnait justement une, suite à la graduation de plusieurs jeunes ingénieurs nains: des plus vieux dansaient, chantaient, au rythme de tambours umgis, de chants de gorges traditionnels ou de cor de brumes instrumentalisés et produisant un bruit d'enfer qui se répercutait jusqu'à la surface. Etait-il même besoin de préciser que les tireuses automatiques à bières fonctionnaient à un tel débit que les spécialistes en hydrauliques bénissaient leurs prédécesseurs d'avoir fait du bon travail?

Et trois vétérans s'acharnaient d'ailleurs à tirer Snorri à l'intérieur.


-"Allez, c'est pas le Lac Sombre à boire!"

-"Puis l'ambiance est bien tu verras!"

Derrière eux les chants traditionnels retentissaient, amplifiés par la configuration de la salle prévue pour que des gens puissent s'en parler d'un bout à l'autre.
"AH QU'EST-CE QU'ON EST SERRÉS!
AU FOND DE CETTE MINE!
CHANTENT LES GROBIS-EUH! CHANTENT LES GROBIS-EUH!"

Bien déterminé à échapper à un tel destin, Snorri s'accrochait à tout ce qu'il pouvait: les meubles, les linteaux de porte, les dalles du sol, jusqu'à laisser la marque de ses doigts dans la poussière des dalles. Bien agrippé à un lourd bureau de pierre, les trois vétérans ne parvenaient pas à le faire bouger malgré leurs forces combinées, jusqu'à ce qu'un d'entre ait une idée.

-"Bougez pas, je reviens!"

Plusieurs minutes passèrent.
"PAN PAN PAN J'LUI METTRAIS BIEN UN CARREAU!
PAN PAN PAN J'LUI METTRAIS BIEN UN CARREAU!
PAN PAN PAN J'LUI METTRAIS BIEN UN CARREAUUUU!
JE NE SUIS PAS RANGER MAIS J'LUI METTRAIS BIEN UN CARREAU"

Soudainement Snorri sentit quelque chose de froid, le tenir au niveau de la ceinture. Se retournant vivement il constata qu'il s'agissait en fait d'un mousqueton, relié à une corde qui se perdait dans les fêtards. Une irrésistible attraction le saisit alors et ses doigts lâchèrent à l'unisson alors qu'il était traîné au sol sur six mètres à travers les jambes des dawis qui éclusaient leurs choppent en chantant bruyamment. En fait, un certain Davalson avait amené un treuil et y avait accroché notre héros en herbe! A la merci de ses coreligionnaires, Snorri fût placé sous une fontaine à bière ambrée et ses camarades en furent pour leur divertissement:

"BOIS! BOIS! BOIS! BOIS!"
Test d'Endurance de Snorri: 6, réussite!
Le flot d'alcool fût suffisamment puissant pour mettre au sol un humain entraîné, mais Snorri tint bon! Des années à la Guilde avait fortifié son estomac et sa gorge, ainsi engloutit-il le précieux breuvage sans coup férir!

La fête continua encore quelques temps! Les chants paillards ou moqueurs alternaient aux récitals plus sérieux sur la gloire passée du Karaz Ankor, la grandeur de ses rois et la bravoure de son peuple. Le rire le plus franc se mêlait aux larmes les plus amères. Toutefois la fête se débrida totalement à vingt et une heure quand des cuisiniers vinrent apporter les plats. Viande d'auroch saignante, filets de poissons du Lac Noir, champignons des tunnels en sauce, miel de montagne, ours à la bière, coq au vin du Wissenland, pain aux cinq céréales... Un banquet sur lequel les soiffards se jetèrent sans peine.

Bien des activités eurent ensuite lieu. Par exemple le lancer d'assiettes sur les armes du chef grobi Ursul Pik'Têt qui étaient accrochées en hauteur sur le mur du fond. Faire le tour de la pièce en faisant rouler un tonneau également, ou le plus fameux: le Bâton d'Acier.
Un jeu très simple en réalité: deux piles de choppes remplies de la plus forte bière étaient construites en tour par un maître-architecte présent dans la salle. Au sommet de ces deux piles trônaient une barre d'acier, donnant son nom au jeu, l'ensemble formant comme une arche sous laquelle le participant devait passer au rythme des encouragements de ses pairs. Une fois la barre franchie, le vainqueur buvait les deux premières chopes, faisant diminuer la barre d'un cran de hauteur, puis il recommençait. Le jeu s'arrêtait lorsqu'il la faisait tomber. Bien malgré lui, ou non d'ailleurs, Snorri en fût.

Test d'HAB de Snorri. Tu commences avec un +6 et tu diminues de 2 à chaque passage. Il y a 10 passages.

Passage 1: 1, réussite critique! Tu auras +2 pour le prochain tour uniquement!
Passage 2: 15, échec.
Le premier passage fût réalisé avec brio et maestria! Ayant parfaitement compris le principe du jeu, le nouvel-ingénieur passa la barre sans aucune difficulté. Le deuxième passage ne fût pas si simple et un hoquet suffit à faire chuter le bâton de métal! Il y eut un cri de déception dans la foule mais heureusement Morgasson, dont la taille de ventre avait exponentiellement augmentée en quinze ans, arriva pour mettre tout le monde d'accord: En pliant ses genoux à chaque passage il fit huit réussites sur dix, provoquant la stupeur et la joie de la salle entière!

Quant à la fête, elle se continuerait tard, très tard. Quelques nains partaient déjà pourtant: demain était la remise des bagues et diplômes, il faudrait se lever tôt...
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

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Snorri Sturillson
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Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par Snorri Sturillson »

- " Lâchez-moi j'vous dis! Tonnerre de tonnerre, vous allez me lai-ss-er tran-quill'oui ?! Qu'est-ce que-!"

C'est quoi ce truc froid sous ma ceinture ?

...

Oh, les rustres.

- Ehm, pardon, je voulais dire -

- " AAAAAAAAAAH !"

Qu'est-ce que c'est que cette affaire ? Oh une - fontaine ! FONTAINE EN APPROCHE ! - Nan pas le t- Blblblbl... Attendez, mais là, ce sont juste mes pensées... Pourquoi est-ce que l'on m'entendrait me noyer alors ?! Hm... Quelle drôle d'idée.

Par contre j'aimerais pouvoir resp-ir-er...

Ah bah voilà !

"BOIS! BOIS! BOIS! BOIS!"

Grande inspiration. Plus grande. C'est une barrique de cent qui arrive ? ...
Beaucoup plus grande.


***


"Tiens, voilà du vélin, voilà du vélin, voilà du vélin
Pour les Fortins et les riches et les copains,
Pour les Elfes, y en a plus,
Pour les Elfes, y en a plus,
Ce sont des tireurs au cul.
Pour les Elfes, y en a plus,
Pour les Elfes, y en a plus,
Ce sont des tireurs au cul.

Nous sommes des Dawis,
Nous sommes des cloutards,
Des types qui poussent pas dans-la-terre.
Nous avons souvent notre buvard,
Nous sommes des bides-à-bière.

Aux Confins, les Canons qui martèlent
À Karak Norn il y a notre drapeau,
Héros de Karak Varn et frères modèles
Dormez en paix dans vos tombeaux.

Nos anciens se sont enrichis,
Pour la gloire de la Maison.
Nous saurons bien tous grossir,
Suivant la tradition.

Au cours de nos réflexions lointaines,
Affrontant la balèvre et le jeu,
Oublions avec nos peines,
L'impôt qui nous oublie si peu.

Tiens, voilà du vélin, voilà du vélin, voilà du vélin
Pour les Fortins et les riches et les copains,
Pour les Elfes, y en a plus,
Pour les Elfes, y en a plus,
Ce sont des tireurs au cul.
Pour les Elfes, y en a plus,
Pour les Elfes, y en a plus,
Ce sont des tireurs au cul.
"

- " Ouaiiiiiiiiis ! Iiiiil est des nôôôôtres, il a bu son verre comme les..."

Oh pitié, pas celle-là, ça fait déjà trois fois !
Ma tête, faites quelque chose pour ma tête...

- " Ami Dawi, ami Dawi, lève donc ta bière, et surtout - ET SURTOUT - ne la renverse pas - Ca risque pas ! - Ami Dawi, ami Dawi,..."

Et un litron de plus, oooh... Il me faut quelque chose pour éponger, ou c'est moi qu'on va devoir éponger dans quelques heures.

Là, les chariots de cuisine !
Je suis sauvé !

***
...
...
...

Quel jour on est ? Il fait déjà jour ?
...
Ah non, je suis sous terre.

Qu'est-ce que j'ai dans le crâne, oua-a-a-h... Ça pique les yeux... Tiens, on m'a laissé une bassine, un racloir, et tout un attirail en plus d'un savon. Euh...

Déjà, on va enlever ça, et on va se tremper là-dedans.

- " Terre brulée, au vent
Des landes de pierres
Autour du Lac, c'est pour nos vivants.
Un feu, du fer, le Throng répondra...
"

Non-non-non, pas de chanson. Plus de chansons pour au moins une saison. J'espère que je vais arriver à me décrisper les sourcils avant la remise des anneaux.
Snorri Sturillson
Voie de l'étude de l'ingénierie - Compagnon (Ingénieur Nain de Zhufbar)
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"Vous n’avez pas le droit d’avoir votre opinion. Vous avez le droit d’avoir votre opinion renseignée.
Personne n’a le droit d’être ignare.
"
Snorri dans un univers parallèle très mignon et propre :
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