[Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Image
Les Montagnes sont depuis l'aube des temps le domaine des Nains : c'est là, parmi les pics colossaux et les précipices vertigineux, qu'ils bâtirent jadis d'immenses forteresses souterraines.

Modérateur : Equipe MJ

Répondre
Avatar du membre
[MJ] Le Djinn
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Messages : 1199
Profil : FOR / END / HAB / CHAR / INT / INI / ATT / PAR / TIR / NA / PV (bonus inclus)
Localisation : Dans ma lampe...

Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par [MJ] Le Djinn »

La logorrhée, et à dire vrai le cri du cœur de Snorri, prit au dépourvu Sturill qui ne devait pas être habitué à ce genre d'agissements. Quand on était habitué aux faux-semblants de la politique Wissenlandaise ou au stoïcisme neutre des nains, un tel déballement de sac troublait plus qu'il n'éclairait.

Il lui fallut quelques secondes pour laisser à son esprit le temps d'avaler les informations qui lui sautaient au visage. Sa main gauche se posa contre le mur tandis qu'il reprenait une consistance. Que répondre à tout ça? Pouvait-il simplement tourner le dos à son fils et l'ignorer, mettant ça sur le compte d'un caprice? Pouvait-il aussi lui dire tout ce qu'il pensait vraiment, lui qui n'avait jamais été éduqué dans cette perspective, ni n'avait jamais eu l'occasion de la développer en plus de soixante ans?

Sa glotte grimpa dans sa gorge quand il s'éclaircit la voix.


-"Je ne voulais pas te l'avouer comme ça, Snorri, mais si je te félicite avec... parcimonie... C'est pour une raison simple: ces éloges ne t'auraient rien apportées, elles t'auraient ralenties."

Enfin, Sturill revenait à la vie avec les yeux du diplomate qu'il était. Non, du patriarche de communauté qu'il était.

-"Je sais ce que tu vas me dire: tu aurais aimé des "bravo mon fils", des "je suis fier de toi mon garçon", des choses comme ça. Mais je pense que tu peux monter, Snorri. Tu peux grimper plus loin que la majorité des dawis et tu le feras, tu en as le potentiel; je n'en ai jamais douté. J'ai lu les lettres d'Olarkson à ton sujet et il était aussi optimiste à ton sujet que moi."

D'un geste impérieux, il remonta ses bretelles naines et laissa sortir son ventre pour se donner la pose du professeur dominant l'élève.

-"Qu'aurais-tu gagné à des caresses ou des mots d'affection? Je vais te le dire: tu t'en serais enorgueilli, Snorri. Tu aurais cherché mon approbation et à quoi cela t'aurait-il mené? Aurais-tu été plus heureux en petit fonctionnaire à Nuln aux côtés de ta mère et moi, à réparer les petits soucis des dawis de la ville? Je te le demande."

D'un geste impérieux, Sturill leva la main autour de sa tête avec un mouvement vif.

-"Mais tu resteras mon fils que tu le veuilles ou non. Tu es un nain, Snorri. Tu chercheras à être différent, mais tu échoueras. Crois-tu que tes frères ne m'ont jamais dit qu'ils ne voulaient pas être comme moi? En es-tu sûr? Ah! Ils l'ont tous fait. Je l'ai fait à mon propre père et il l'a fait à son propre père avant lui. Mais voilà la vérité, jeune dawi..."

Son gros doigt cogna le front de Snorri.

-"Tu vas essayer de changer, d'être autre chose. Tu réussiras en partie, tu échoueras en partie. Tu seras différent de nous sans l'être, comme tes frères, comme moi, comme mon propre père. Que cela soit gravé dans ton esprit, Snorri Sturillson, la chair de ma chair sur laquelle mon oeil veillera jusqu'à ce que je rejoigne Gazul."

La messe était donc dite et la conclusion en était claire: oui il aimait son fils, oui il croyait pour lui à un grand destin, plus élevé que celui de la grande majorité de la famille, mais il ne croyait pas à son émancipation réelle. C'était très fataliste, en y repensant. Snorri aurait un dernier mot, court, à donner.... Ensuite il faudrait partir.
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

Avatar du membre
Snorri Sturillson
Warfo Award 2022 du Maître Orateur
Warfo Award 2022 du Maître Orateur
Messages : 95
Profil : For 8 / END 10 / Hab 8 / CHAR 8 / INT 10 / INI 7 / ATT 9 / PAR / TIR 9 / NA 1/ PV 70 (bonus inclus)
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_snorri_sturillson
Autres comptes : Alekzan Gievlevitch (en construction)
Localisation : Près d'un fourneau

Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par Snorri Sturillson »

Ainsi, il fait exprès. Ce n'est donc pas de l'ignorance ou de l'ego, mais de la malice. Il fait sa volontairement, consciemment, et cela, sans la moindre culpabilité. Je reconnais bien là que le culot de mon paternel. Quelle audace, oui. Il faut donc mieux frustrer qu'aider son prochain. Je passe sur l'étape où il paraphrase ce que j'ai dit, ce n'est pas la première fois après tout. Cependant, je refuse de laisser passer cet argument-là. Lui qui n'a jamais voulu que je sois indépendant, qui n'a jamais accepté que j'essaye d'être différent, il ose justifier ces manies.

Je veux bien admettre que je n'aurais pas eu accès à toutes ces connaissances sur son aide et son appui, mais il est trop tard pour espérer ma sympathie. J'ai passé toute ma vie à espérer ne serait-ce qu'un sourire ou un regard, et je devrais désormais être content de ne jamais en avoir eu ? Je devrais donc être satisfait de cette innaine neutralité, de cette permanente froideur et de tous les regards inquisiteurs qu'il m'ait jamais portés ? Je devrais donc être content de tous ces jugements silencieux et de tout cet autoritarisme inexpliqué ? Encore, qu'il se montre dur et autoritaire, c'est normal et nécessaire, mais c'est le manque d'explications qui me dérange. Ce n'est pas comme s'il avait eu quinze ou trente ans pour me l'expliquer...

Enfin bref, comme je l'ai dit, il est trop tard. Ma décision est prise. Ce serait bien la preuve que je n'ai pas grandi si je revenais sur mes décisions. Néanmoins, sa question est valide. Aurais -je été ou serais -je plus heureux avec de plus petites responsabilités ? Serais-je plus heureux avec un simple métier, des connaissances incomplètes, des avis préconstruits, des idées limpides et claires, sans tracas ni souci, sans réussite ni péril ?

- " Peut-être bien que oui, je serais plus heureux à l'heure qu'il est, Père. Peut-être bien que oui."

J'ai tout le temps pour réfléchir à cette question - enfin, je l'aurai durant les prochains mois, et les décennies suivantes une fois que j'aurai obtenu tout ce que je mérite.

- " Je comprends cependant que notre clan n'est pas basé sur le bonheur ou le lien social entre ses membres. Et si l'on veut perdurer, il faut bien que certains d'entre nous - certains Dawis - fassent le boulot qu'aucun autre ne désire. Je l'ai compris tardivement, Père, je l'admets... Mais on apprend bien plus lentement lorsque l'on est seul et sans appui."

Ah, je perds mon temps, je le sais. Lui aussi, il le sait, puisqu'il ne parle plus - Et puisqu'il a fini, mettons fin à ces aveux décevants.

- " Au revoir, Père. Dites à Mère que je l'aime beaucoup, que je lui écrirai dès que je me serai à bon port, et que ce sera Soeur-gardienne Brynnhilde de Zhufbar, ou une équivalente, ou bien personne d'autre. Je suis sûr que je brise une foule de protocoles, mais après tout, si j'en crois votre << relation >> avec Ulfbert, vous avez bien obtenu Mère au culot, alors pourquoi n'aurais-je pas le même privilège, en tant que fils de mon père ?"

Là, je lui tends la main - la bonne - comme si je voulais sceller un pacte ou un accord. Une poignée de main Dawi, la première et la dernière de cette année, sinon de la décennie. Qu'il me la refuse ou me l'accorde, je tourne les talons, et je m'enfonce une dernière fois dans les corridors vers mes bagages scellés.


***


J'y suis enfin - peut-être ? -, je crois. Les Halles Supérieures de Karak Hirn, après Morgrim-sait-combien de fausses routes et de détours. Heureusement que nous ne sommes pas en guerre totale, sinon j'aurais pu être bloqué dans les sous-sols inférieurs. Enfin, j'y suis arrivé. Il ne me reste plus qu'à atteindre le point de convoi, et à dormir quelques heures avant le départ. Ou alors ... Je dormirai mieux plus tard. Je préfère encore l'insomnie à l'obligation familiale - surtout quand cette famille n'a jamais donné signe de vie auparavant.

Allez, plus que quelques heures...
Snorri Sturillson
Voie de l'étude de l'ingénierie - Compagnon (Ingénieur Nain de Zhufbar)
Profil: For 8 | End 10 | Hab 11 | Cha 9 | Int 11 | Ini 7 | Att 9 | Par 9 | Tir 9 || NA 1 | PV 75/75

"Vous n’avez pas le droit d’avoir votre opinion. Vous avez le droit d’avoir votre opinion renseignée.
Personne n’a le droit d’être ignare.
"
Snorri dans un univers parallèle très mignon et propre :
Image

Fiche personnage wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_snorri_sturillson

Avatar du membre
[MJ] Le Djinn
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Messages : 1199
Profil : FOR / END / HAB / CHAR / INT / INI / ATT / PAR / TIR / NA / PV (bonus inclus)
Localisation : Dans ma lampe...

Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par [MJ] Le Djinn »

Les boucs de bât bêlaient après leur maître qui tardait à leur fournir le foin. L'activité, faible en ce début de mâtinée, semblait ralentir les dawis d'ordinaire si prestes. Il fallait se presser cependant: la mission dont on les avait chargés (et grassement payés) nécessitait de la célérité et de l'exactitude. Budor du clan Triste-Chant regarda sa montre, un exemplaire unique de la guilde des ingénieurs nains de Marienburg. Six heures du matin et sept minutes. Ils prenaient du retard.

La figurine pâle de Snorri émergea de l'obscurité du quartier des marchands, un paquetage sur le dos et la boule au ventre. Il pouvait encore sentir la pogne de son père contre la sienne, avec juste assez de force pour assurer sa sincèrité mais pas assez pour montrer un respect conséquent. Il avait encore du chemin à parcourir, Sturill lui avait fait comprendre d'un geste. Ce chemin pouvait-il être parcouru en une vie naine... Là demeurait toute la question.


-"C'est toi le client ?"

La voix grave de Budor perça le calme des voûtes taillées.

-"Tu montes à l'arrière et tu te planques dans les fourrures. Tu caches ta trogne quand on démarre et tu la sors pas jusqu'à ce qu'on vienne te chercher."

Avec ce genre de marchands il ne faisait pas bon négocier. Le plan était simple: à cette heure les gardes de la cité dormiraient à moitié et ne seraient pas méfiant, surtout envers un représentant du vénérable clan Triste-Chant, renommé pour ses marchandises tiléennes de qualité. Snorri passerait inaperçu sous les fourrures et les peaux de boucs et de chèvres pendant que le petit convoi constitué de trois charrettes et d'une dizaines de dawis, tous fidèles à leur père ou chef, ne passe. Ensuite il serait libre à jamais.
Quelques minutes de plus furent nécessaire pour atteler les bêtes et vérifier les cargaisons.


-"Respire un grand coup et plonge, on y va."

Se frayer un chemin à travers les peaux ne constitua pas la partie la plus difficile, ni respirer d'ailleurs, bien que l'odeur absolument infâme aurait fait préférer à Snorri d'être né sans nez. Les petites bestioles qui pullulaient n'aidaient en rien et sentir une variété de puce animale bondir sur la peau tout en sentant à pleins poumons les effluves musquées d'un bouc avait de quoi faire paniquer les plus braves.

Mais non, le plus dur était l'attente, l'inconnu. Le chariot qui avançait, tantôt doucement, tantôt plus vite. Les cris des conducteurs, les discussions extérieures au son étouffé. Là demeurait l'horreur absolue: dans l'incertitude.

Soudain plus de bruit, juste le mouvement chaotique des roues sur les pavés puis sur la terre meuble. Aucune sensation du monde du dehors, pas le froid ou la neige des montagnes car rien ne perçait sous toutes ces couches. Puis un rai de lumière: le soleil, le bien-aimé soleil des évadés!

Une main puissante chercha Snorri puis le tira de sa retraite. Le fils de Bador, qui devait avoir l'âge de Snorri, lui sourit.


-"Et voilà, frère! Escapade réussie!"

Autour d'eux, de grandes montagnes, les Voûtes. Des pics rocheux et parfois enneigés et une fine pluie qui s'abattait, bercée par un grand vent. Et de là-haut, sur les pics des aiguilles éternelles, on voyait tout, le monde et plus encore.

Au loin on la voyait, la Tilée. Une nouvelle terre. Une terre libre.
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

Avatar du membre
Snorri Sturillson
Warfo Award 2022 du Maître Orateur
Warfo Award 2022 du Maître Orateur
Messages : 95
Profil : For 8 / END 10 / Hab 8 / CHAR 8 / INT 10 / INI 7 / ATT 9 / PAR / TIR 9 / NA 1/ PV 70 (bonus inclus)
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_snorri_sturillson
Autres comptes : Alekzan Gievlevitch (en construction)
Localisation : Près d'un fourneau

Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par Snorri Sturillson »

-"Respire un grand coup et plonge, on y va."

Comment ça respire un g-Oh, misère ! Ca sent la fortune, tout ça ! Et dire que j'ai les nasaux soudés au fer rouge ! Pouah ! J'ose à peine imaginer ce que ce serait si je pouvais encore sentir les odeurs normalement. J'ai l'impression de voir une couleur de plus depuis quelques secondes...

Enfin, tout cela ne nous rendra pas Barak Varr. Je n'ai jamais compris cette expression d'ailleurs, puisque nous n'avons jamais perdu Barak Varr... Bah, c'est sans doute un idiome, un abus de langage ou quelque chose comme ça. Sans doute était-ce un tout autre proverbe il y a des siècles, mais maintenant, voilà ce que l'on a. C'est fou ce que le temps peut faire, même à une race comme la mienne et malgré notre résilience. Je me demande si cela pourrait expliquer les différences entre le khazalid et le langage des runes, tiens, ou l'apparence illogique de certains marquages utilisés par les mineurs et porterunes. Hm, oui, je me le demande.

...

Je me demande surtout si je ne vais pas finir aplati, dévoré ou empaqueté dans une caisse sur un monte-charge. Il parait que c'est - aïe - pas très - hé mais c'est quoi cette piqûre - pratique pour respirer. Ce serait quand même dommage. Un nain égaré qui finit emprisonné dans un paquet. Fort heureusement, j'ai deux fusils chargés, donc je pourrai sans doute faire un trou quelque part pour respirer - ou au moins signaler ma présence, ou éventrer mon tortionnaire. C'est fou ce que c'est pratique, un fusil. C'est à se demander ce que je faisais de ma vie avant d'avoir un ou deux fusils - Oui, je sais, en temps normal on dit arquebuse, oui, sauf qu'ici vous êtes dans mes pensées, donc je ne peux pas me moquer des Umgis en faisant exprès de mal traduire les mots.

En khazalid, une "arquebuse" avec canon rayé et torsadé, on appelle ça un fusil, c'est comme ça. Bien évidemment, je ne suis pas fou, et mes maîtres non plus : ce fusil que j'ai sur moi n'a rien d'exceptionnel, et si jamais on me dévalisait, son nouveau détenteur ne pourrait le copier puisqu'il faut connaître les astuces des guildes de Zhufbar pour le démonter ou le reproduire à l'identique. C'est cela, l'avantage de l'industrie naine : aucun artisan ne peut copier les manoeuvres d'une forge automatique à vapeur ou d'une enclume pivotante à pivot-glissant, ni même battre le rythme mécanique des forges automatisées. Personne n'y est arrivé en trois mille ans, et à moins de connaître un Umgi aussi vieux, personne n'y arrivera avant autant de temps.

Bref, cela ne me dit toujours pas ce que je faisais avant d'avoir un fusil, enfin, une "arquebuse de meilleure qualité" - vous voyez comme cela sonne faux de dire de telles choses ? Vous comprenez pourquoi l'on se moque de l'ingénierie Umgie ? - ...

A vrai dire, j'ai bien des souvenirs et des empreintes dans ma mémoire, mais je ne sais pas vraiment ce que je faisais. Certes, je déambulais dans les rues de Nuln, je lisais à foison, j'écoutais les vieux maîtres de l'Université sans jamais avoir mis les pieds dans un hémicycle ou une salle de classe publique... Et quand je n'étais pas dans une bibliothèque à dévorer des ouvrages, je m'ennuyais si fort pendant les réceptions mondaines et les diners privés que j'ai failli provoquer un tôlé en faisant expulser ma famille de l'un d'eux. Fort heureusement pour les Umgis, l'incident fut étouffé assez vite, et Père étant Père, il a amplement profité de la situation pour recadrer la Comtesse et ses sujets sur leur statut et le fonctionnement des relations entre Karak Hirn et Nuln - cela allait de soi, et trop de Wissenlandais auraient péri si Madame la Madame n'avait pas écouté ou compris. En plus de cela, cette chère Madame avait trouvé un contrepied parfait : m'envoyer à l'Ecole Imperiale d'Artillerie.

Je dois avouer que j'étais absolument ravi par une telle nouvelle, contrairement à mes semblables. Vous imaginez ? Passer des bureaux des professeurs aux canons et mortiers-blanc, quelle progression ! Mais bien évidemment, Père avait une autre idée, et une douzaine d'atouts cachés dans ses manches. Cela faisait à peine deux semaines que j'avais mis les pieds dans cette Ecole que je fus envoyé auprès d'un maître-ingénieur du Mighdal-Bar, afin d' "apprendre vraiment ce qu'il en est". La suite, vous la connaissez, je m'en doute bien :

- Mornin m'envoie avec trois empotés et toute une escorte de brise-fer. Je n'ai jamais compris d'où ils venaient, ni pourquoi aucun d'entre eux n'avait eu l'extrême obligeance de faire un rapport au représentant des Dawis ET supérieur hiérarchique des Dawis qu'était Père. A croire que ceux-là non plus n'avaient pas compris le rôle de l'ambassadeur des Forteresses.

- Les brise-fer, de part leur rutilante efficacité et leur inébranlable savoir-faire, attirent et retirent quelques rangées de miséreux et misérables du registre de Nuln. J'aimerais dire que j'ai aussi participé, mais à part deux-trois tirs affolés, je n'ai pas fait grand-chose.

- Un de ces tirs éclate en mille, apparement à cause d'une munition spéciale que j'aurais dû remarquer sans la connaître, sans le savoir et sans avoir été éduqué à ce sujet. Demander de l'initiative, de la déduction et de la quasi-divination à un Nain, vous imaginez ?

- Mécontent de mon exploit involontaire, Gazul ou qui-sais-je m'envoie une horreur gélatineuse et dégoulinante pour me rosser, moi et mes compères empotés. Devant l'inaction de mes camarades, je dégaine, j'enclenche et j'efface de la surface de la terre cette chose immonde qui me menaçait de mort. Evidemment, sans connaissance ni apprentissage, il y a des dommages collatéraux sur toute notre troupe, et pire que tout cela, me voilà accusé d'avoir failli et d'avoir fauté ! Comme si sauver des empotés d'une mort atroce était un crime !

- S'en suit un procès fantoche, que Père a surement orchestré en arrière-plan, et qui le condamne tout de même à une amende injustifiée. Ensuite, me voilà parti pour Zhufbar, et je me retrouve alors armé d'un fusil flambant neuf, et tellement neuf qu'il en flambait la face de tout ce que je visais.

Voilà ce que j'ai fait avant d'avoir un fusil à mes cotés. J'ai ... Pas fait grand-chose. C'est comme si, après calcul et somme de tous les biens et maux, la véritable étincelle de ma progression et de mon éducation provenait de cette ... machine, de cette chose que j'ai en bandoulière à chaque instant, et qui ne quitte jamais vraiment ma paume ou mon épaule. C'est ... étrange, quand on y pense.

Plus j'y réfléchis, et plus je me dis que je ne serais rien sans ce fusil. Encore que là, dans le cas de Sobriété, ce n'est pas vraiment un fusil - oui, je sais, c'est compliqué les dénominations des armes Dawi... A votre avis, pourquoi est-ce qu'on leur donne des noms aussi poétiques que "Fend-les-Crânes", "Nourrit-les-Corbeaux" ou "Solde-Rancunes" ? Par plaisir ? - Sobriété est ... une créature étrange, un peu comme moi sans doute. Elle n'a aucun semblable parmi les milliers d'autres exemplaires sortis de Zhufbar, elle n'est pas la plus grande merveille du coin, elle ne répond pas aux règles les plus simples (munitions rondes, poudre noire, ...). En somme, peut-être que cette arme a déteint sur moi.

Je n'étais qu'un Nain parmi tant d'autres, loin de ses terres et des "siens". Maintenant, je fuis mes terres et ceux qui sont les miens pour me réfugier auprès des pires menteurs qui puissent exister sur ce continent, parce que ces gens et ces terres ne me conviennent pas ou plus. J'imagine que c'est le véritable prix après tant de labeur et d'isolement : Je ne ressemble plus à mes pairs. Je suis ... véritablement hors-du-commun ? C'est étrange de le penser, et encore plus de le dire. Je ... Je vais avoir besoin de digérer tout cela. Oui.


***

-"Et voilà, frère! Escapade réussie!"

Ouah, il a de la poigne le cocher ! Sitôt appelé, sitôt arraché à mon linceul plein de tiques et de picots. C'est ...

C'est ... C'est tellement beau.

Je ... J'ai pas les mots, mais je comprends pourquoi nos ancêtres ont choisi ces montagnes. C'est si ... Naturel, et en même temps si puissant. C'est ...

- " C'est quoi la plaine à l'extrême sud-ouest, par là-bas ?

- Oh, ça, c'est la Tilée, grand.

- La Tilée, déjà ? A-attendez, on est quel jour ?

- Le jour du départ, grand. Rassure-toi, on a pas volé jusqu'ici, ha ! C'que tu vois là-bas, c'est le bout des montagnes, mais avant d'l'atteindre, faut traverser tout ce que tu vois de plus près.


- Je... Je vois. Cela nous prendra combien de temps ?

- Oh, un bon mois. Deux si on s'pose pour l'solstice et l'nouveau calendrier."

Il hausse les épaules comme si c'était une broutille. Un mois ou deux dans les montagnes... C'est... C'est nouveau. Je devine maintenant l'origine de la région. J'imagine que les Nains de maintenant et de jadis ont dû se blottir contre les parois et sous le regard glacé des pics et des sommets avant d'arriver à bon port, et qu'ils ont ainsi dû voyager très longtemps sous les "Voûtes" de la région. C'est ... C'est rudement sensé, et tout à fait logique.

...

C'est à se demander si qui que ce soit parmi les Nains de maintenant est capable d'égaler ou dépasser la sagesse et la jugeote de nos Ancêtres. Je ... Je ne veux pas la réponse à cette question. Je n'ai pas envie de l'avoir, ni même de m'en approcher. J'ai un long voyage qui m'attend.


Au revoir.
Snorri Sturillson
Voie de l'étude de l'ingénierie - Compagnon (Ingénieur Nain de Zhufbar)
Profil: For 8 | End 10 | Hab 11 | Cha 9 | Int 11 | Ini 7 | Att 9 | Par 9 | Tir 9 || NA 1 | PV 75/75

"Vous n’avez pas le droit d’avoir votre opinion. Vous avez le droit d’avoir votre opinion renseignée.
Personne n’a le droit d’être ignare.
"
Snorri dans un univers parallèle très mignon et propre :
Image

Fiche personnage wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_snorri_sturillson

Avatar du membre
[MJ] Le Djinn
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Messages : 1199
Profil : FOR / END / HAB / CHAR / INT / INI / ATT / PAR / TIR / NA / PV (bonus inclus)
Localisation : Dans ma lampe...

Re: [Snorri] Rester c'est exister. Voyager c'est vivre.

Message par [MJ] Le Djinn »

Suivant la demande expresse de Snorri, le message précédent celui-ci sera le dernier du RP ainsi que du personnage.
Il convient donc d'annoncer...



La Fin
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

Répondre

Retourner vers « Les Royaumes Nains »