Cependant, il imaginait déjà la fière allure qu'afficherait Barag Zon une fois modifié et l'idée de le sortir de ce "coma" dans lequel il l'avait plongé lors de leur dernier atterrissage était une compensation largement suffisante. Les deux ingénieurs ainsi que les assistants s'affairèrent jours et nuits sur les améliorations et les réparation. La tâche était des plus complexes mais chacun mettait tout son entrain dans le travail. Avec ce rythme effréné, Malbalor fit quelques erreurs qui furent immédiatement corrigées par Odarfionn, notamment au niveau de l'équilibrage, du moteur/sprint et de l'habitacle. Pour ces trois manœuvres, le maître ingénieur avait été obligé de repasser derrière Brokim pour rajuster ou même réparer certaines anomalies. En revanche, il était fier de son amélioration des moteurs et d'autant plus de la réalisation du réservoir à bombes.
Ce dernier avait été l'aboutissement d'un travail des plus minutieux. En effet, Malbalor avait réussi à placer un maximum de bombes tout en les gardant toutes accessibles aux mains des pilote et co-pilote. Pour cela, il avait installé un système de toboggan de sorte à ce que les bombes du fond roulent vers où on pourrait les prendre une fois les premières utilisées. Ce "toboggan", fait en métal renforcé, serait aussi une forme de protection primaire en cas de crash car le sol risquerait de racler le bas de l'appareil et donc les bombes sans ce système (et qui pourrait causer l'explosion pure et simple de la machine).
Bref, après deux jours et deux nuits de travail acharné, Barag Zon était prêt. Ingénieurs et assistants avaient travaillé en parfaite coordination et avaient respecté les délais. L'engin, bien plus massif qu'auparavant, était réellement impressionnant. Malbalor comprendrait très bien qu'un non-initié à l'ingénierie n'imaginerait jamais une telle machine s'élever à plus de trois centimètres du sol, mais son œil à présent aguerri arrivait à déchiffrer la puissance de Barag Zon rien qu'en évaluant son moteur, ses réacteurs et ses cylindres de loin. Un larme coula sur sa joue, il était si fier de voir comment son bébé avait grandi. D'une main pleine de suie tenant une clé à molette, le nain balaya la goutte et s'approcha ensuite de l'engin. Il s'y installa finalement, presque impérieusement pour lui prouver son respect, puis il mit enfin le contact.
Il avait les yeux rougis par la fatigue, son crâne avait tellement travail qu'il en avait mal et ses muscles semblaient sur le point de se déchirer. Pourtant, lorsque le vrombissement de la machine retentit, jamais Brokim ne se sentit autant en forme. Les vibrations secouèrent l'organisme de Malbalor tout entier et lorsqu'il fit décoller Barag, il eut l'impression d'être attaché à une véritable fusée (oui, même si elles n'existaient pas encore...). Après quelques essais jouissifs, l'ingénieur alla se poser parfaitement et s'adressa à Odarfionn.
Il est plus maniable tout en étant plus massif qu'auparavant! Si je n'étais pas ingénieur je dirais que c'est de la magie!
Le jeune maître ingénieur posa ensuite une question qui mit Malbalor mal à l'aise : il proposait qu'ils deviennent tout deux associés, or, du point de vue de Brokim, c'était impossible.
Bien sûr que nous créerons de nouveau ensembles! Cependant, il faut que je t'avoue quelque chose : je travail sur des machines aériennes pour une bonne raison, j'adore voyager. Il m'est inconcevable de ne pas continuer à exploser les royaumes nains et au-delà pendant encore quelques temps. De plus, je m'imaginais peux-être prendre un apprenti bientôt après ma montée au grade d'ingénieur. Quand je regarde ton Juggernauth, je me dis qu'il serait cruel de t'en séparer, et puis Zhufbar aura sûrement encore besoin de toi.
En revanche, parole de nain, je reviendrai souvent prendre des nouvelles et inventer de nouvelles folies avec toi, au moins jusqu'à ce que je dépasse tes talents dans le domaine (soit pas avant fort longtemps!)
Il lui donna une grosse tape dans le dos tout en rigolant. Odarfionn offrit ensuite à Brokim une magnifique arquebuse à vapeur pour sceller leur amitié et Malbalor balbutia bien trente secondes avant de trouver les mots pour le remercier.
L'ingénieur avait tellement travaillé durant ces deux derniers jours qu'il n'avait suivit aucun des évènements qui s'étaient déroulés durant cette période. c'est pourquoi il fut presque surpris de voir que les préparatifs pour attaquer le prochain campement (indiqué grâce à son espionnage) étaient terminés et que les nains étaient prêts à partir au combat. Il salua Gaermorf lorsque ce dernier le rejoignit et lui présenta le "Neo" Barag Zon (il se promit intérieurement de ne plus jamais l'appeler de la sorte).
Il n'en a pas l'air, mais ce bel engin est rapide et très maniable. Tu t'en rendras vite compte durant les premières heures de vol car je n'ai pas eu le temps de tester toutes ses capacités...
C'est très simple, tu seras installé ici, derrière moi, et tu n'auras qu'à ramasser les bombes sur ce petit toboggan puis les lancer le moment venu. Nous en avons cinq chacun, c'est beaucoup, mais ça part vite, il faudra donc viser correctement. Essaie de mettre quelque chose de chaud car il fait frisquet là-haut.
Rik Rok vint ensuite rejoindre les deux compagnons et leur expliqua leur nouvelle mission en insistant bien sur un fait : le pentacle était leur priorité. Cependant, Malbalor préféra spécifier quelque chose.
Nous détruirons le pentacle, mais s'il nous reste des munitions ensuite, il est hors de question que je les envoie au hasard sur un camp où des milliers de halfings sont tenus en otages. Même si cela est plus risqué, nous prendrons soin de viser les structures ennemies. Cela vous convient-il?
Brokim tenait tête à un commandant d'armée, mais il préférait de risquer de se faire lyncher plutôt que d'accepter sans protester le risque de massacrer des innocents.
Une fois ces différents réglés (de quelque façon que ce fut), Malbalor aida Gaermorf à s'installer, lui indiquant le harnais qu'il devait enfiler, puis il alla à son tour se placer sur son siège, abaissant ses lunettes et préparant la machine au décollage. Il fut particulièrement ému de voir la quantité de nains qui les entouraient et attendaient avec impatience leur envol, s'il se ratait, il passerait pour un imbécile complet. Soufflant un grand coup, il mit le moteur en route et manipula les manettes pour décoller.
C'est parti!!