Il ne fallut pas beaucoup de force pulmonaire à Reinhard pour souffler dans le cor. Il prit une grande inspiration, souffla tout dans le bec, et voilà que le cor maudit des Museaux-Annelés se mit à vociférer un grand bruit.
Le cor s’illumina de magie. Le dhar s’agita tout autour de l’objet, avec les capacités d’un artefact impie. Et le bruit, un tel bruit… Le cœur de Reinhard se mit à trembler, il sentit le son se réverbérer dans sa poitrine et jusqu’au bout de ses doigts. Il subit des acouphènes.
Le bruit du cor fut porté bien loin. Il voyagea, non seulement avec les vents atmosphériques, mais également avec ceux aethyriques.
Nul doute que tous les habitants du château, tout en haut de la falaise, venaient d’être alertés.
Mais le Magus le savait, on allait répondre bien vite à son appel…
Le chemin jusqu’au château était bien traître. Construit en plein sur une hauteur, couvrant tout le marais de Langhagen, le bastion avait été élevé tout au sommet d’une imposante falaise qui grimpait à pic. Entourée de sapins aux feuilles mourant en cette fin d’automne, il avait un aspect plus lugubre, et surtout plus imposant que jamais.
Azyr déchaîna les nuages. Recouvrit tout le marais de brume. Et dans le ciel, d’épais nuages gris cachèrent bien vite le soleil.
Il pleuvait.
Au tout départ une petite ondée.
Puis une véritable averse, qui battait les corps, s’immisçait au fond des bottes, engorgeait les manteaux.
L’équipe de Reinhard n’était pas faite de soldats professionnels, Irmfried excepté. Il n’y avait que lui pour marcher droit devant, les autres suivant en file indienne, Kurt avec son étrange casque de Taal profané en guise de couvre-chef. Ils ne payaient pas de mine ; ils s’étaient vêtus de leurs plus beaux haillons puants, avaient tous dessiné des symboles de Nurgle sur des tabliers en guise de tabar, et les voilà équipés du meilleur que Nuln pouvait produire, avec arquebuses et crochets à la ceinture. Même la pauvre Sigrid s’était prêtée au jeu : elle cachait son visage sous un lugubre sac de toile, qui lui donnait un sombre aspect d’épouvantail.
Le chemin fut crevant. Reinhard manqua de glisser sur un tas de cailloux tandis qu’Irmfried montait à petites foulées. Au-dessus de leurs têtes, ils observaient comment les Stryganis s’étaient séparés en deux groupes, distincts de plusieurs dizaines de mètres ; ils rampaient quasiment le long de la falaise, tandis qu’Irmfried épaulait son fusil et les espionnait à travers la lunette grossissante de son arme.
« Putains de salauds. »
Il se tourna derrière, posa la crosse du fusil contre son genou, et expliqua :
« Ils tentent de contourner le château par l’ouest. Ce bastion est une ruine ; ils se réservent un endroit bien saccagé pour entrer en douce.
Et ils nous laissent la porte. »
Il retira le linge qui protégeait la gâchette de son arme, et arma le chien en bronze.
« Ils vont essayer de nous utiliser comme diversion. »
Le pistolier Brandt n’avait plus dit un seul mot depuis que Reinhard l’avait apaisé à l’aide de la magie noire. Si Heidemarie disait vrai à son sujet, peut-être qu’il y avait un désir de mort dans son courage si soudain.
Il attrapa son fusil par le canon, et trotta en avant, et se colla sur le gravier humide qu’il escalade de plus belle.
Sur le côté ouest du château, il y eut, soudain, un déluge de grêle.
Des épines dardées, minuscules et sombres à contre-jour, étaient crachées des meurtrières, et s’écrasaient sur le sol dans la direction des Stryganis. Ensuite, il y eut des cloches qui sonnèrent à toute vitesse. Puis des détonations, des cris portés avec un écho tout le long de la vallée. Irmfried ricana.
« On dirait que c’est eux la diversion, maintenant… »
Détonations.
De l’ouest de la falaise, de la fumée blanche et épaisse s’éleva, et commença à gagner les murs. Oswin grogna en observant :
« C’est quoi ça ?
– Fumigène. Ils vont pouvoir ignorer les archers…
– Ils auraient pu nous en prêter, les enculés.
– Ils sont dans ce jeu pour eux-mêmes. Faut qu’on atteigne le château avant eux ! »
Tous les cultistes s’alignèrent les uns à côté des autres. Irmfried regarda à gauche, à droite, et leva la main.
Et alors, tous les six en même temps, ils se levèrent, sprintèrent douze mètres à toute vitesse, puis se jetèrent au sol.
Et devant eux, se dressait le château.
Aucune flèche ne tenta de les transpercer.
Alors, à nouveau, Irmfried leva la main, et ils firent un saut de grenouille, un bond à pleine vitesse, d’une douzaine de mètres, et retournèrent à couvert en s’écrasant au sol.
Ils n’apercevaient plus les Stryganis. Mais ils entendaient encore les crics, et les cloches, et maintenant, des petites explosions, comme des pétards d’artifice si habituels à Nuln.
Finalement, c’est sans être repérés à un seul moment, que la douzaine de fidèles de Reinhard chargea vers le château, et s’écrasa contre le mur d’enceinte.
Tous les six s’assirent, sauf Irmfried qui restait accroupi. Ils soufflèrent un instant, et le pistolier, déterminé et professionnel, chuchota la suite qu’il avait en tête :
« Les hommes-bêtes vont venir en faisant un putain de bruit de fous furieux. S’ils voient les portes fermées, ils vont se ruer dessus en se mangeant toutes les flèches.
Il faut qu’on ouvre la porte avant leur arrivée. Qu’on tienne jusqu’à ce qu’ils soient là. Ensuite, ils pourront terminer le boulot. »
Reinhard approuva le plan, et personne n’émit d’autres objections.
Sauf Kurt :
« Agagaga, geuh, gneuuh, hhnnnn, prrrttt. »
« Soit, mais comment pensez-vous que nous parviendrons à escalader les murs de cette effroyable citadelle sans l’assistance de grappin ou de cordages ? »
Reinhard savait très bien comment faire. Il s’écarta, agita les mouches autour de lui, et incanta une longue prière pour avoir les faveurs de Nurgle, eeeet-
-et rien.
Devant des cultistes impatients, son sort fut un pétard mouillé. Le temps que tout le monde batte des cils, Sigrid se leva et alla le rejoindre, observa le toit dégarni d’une des courtines.
« Vous voyez ce rebord ?
Tant que je l’ai visuellement… Je peux vous faire grimper. Tous. »
Reinhard accepta, bien curieux de voir le sort en action. Il demanda simplement à Kurt et son énorme tromblon de rester avec Sigrid pour la couvrir.
La jeune mage renégate appela à elle les vestiges de la nuit ; avec le soleil camouflé par les nuages gris, Ulgu était probablement plus prégnant que d’ordinaire. Mais cette fois, son utilisation de la magie n’avait rien de celle d’un magistère. Elle avalait d’autres vents avec celui qu’elle avait appris à déceler et maîtriser. Elle parvenait à le corrompre…
De la forêt, des oiseaux se mirent à piailler. Plusieurs surgirent de nulle part, et commencèrent à descendre en piquet vers Reinhard et Irmfried.
Le mage se sentit être décollé du sol. Les centaines d’oiseaux qui se saisissaient de son manteau avec leurs petites pattes avaient une force insoupçonnée. Il arriva jusqu’au rebord du toit de la tour, leva sa main, et sans aucun danger, se glissa à l’intérieur.
Une minute plus tard, Oswin et Waldo eurent le même traitement, alors que le pistolier collait son oreille à la trappe qui camouflait la porte descendant à l’intérieur de la tour.
« J’en compte trois… »
Il se tourna, et épaula son fusil.
« Ici est un endroit parfait pour mon arquebuse lisse. Je peux te couvrir sans aucun problème.
Vous avez juste à descendre, et ouvrir en grand les portes. Ensuite, tenez bon ; espérons que les Stryganis n’échouent pas trop tôt. »
Waldo dégaina un long poignard, et Oswin une masse qu’il posa à son épaule. Ils ouvrirent la trappe à deux, la posèrent délicatement, et ils commencèrent à descendre un par un l’escalier circulaire en pierre.
Ils étaient dans un lieu abandonné. Il faisait sombre, et froid. Il y avait des araignées en toiles au plafond. Et quand ils arrivèrent sur le parquet, il se mit à craquer.
Une petite passerelle surmontait l’intérieur de la porte principale. Reinhard passa devant, et arriva dans le dos de deux personnes en train de discuter.
« Et si c’est des hommes d’Alberich ?! Ils vont tous nous faire rouer, putain ! Pleurait un garçon avec une voix paniquée.
– L’grand-comte a mieux à faire que s’occuper d’un château paumé. S’il avait ramené ses hommes, on le saurait… Tentait de le rassurer d’une voix quelconque un autre à la gorge plus rauque.
– Et… Et s’il a envoyé des espions ?! Et si c’est des agents de chez lui ?!
– Personne n’a pu parler ! Écoute, si tu t’enfuis dehors, y a les villageois de Langhagen qui vont te lyncher, les gobelins et les hommes-bêtes ! Ici on est en sécurité, avec de la bouffe et d’quoi pas s’ennuyer.
Ne chie pas dans ton froc. Et si tu dois encore me sous-entendre que tu vas déserter… hé bien, t’as pas envie de savoir ce que je vais t’faire subir. »
Collés au mur, les deux cultistes laissèrent Reinhard passer. Le mage arriva dans le dos des deux militaires, lia ses mains entre elles, et commença à chuchoter une sombre prière.
« Nurgleee’aaaa… Aksho’pestira… Sala’et vo, zur’aaaah… »
Les inquiétantes incantations n’avaient pas à être très silencieuses. Aussi, l’un des deux se retourna, et écarquilla gros les yeux.
« Hé, c’est qui ce…
C’est qui ce type ?!
ARNO, Y A UN PUTAIN DE TARÉ ICI ! »
Les deux chargèrent après un instant d’hésitation. Mais Reinhard ne manquait pas de protections…
D’abord, sa nuée de mouches vola dans leur direction, fonça vers leurs yeux et dans leurs bouches ouvertes.
Ensuite, Waldo et Oswin chargèrent en avant, et se collèrent à leur chef. Les deux cultistes offrirent une intervention salvatrice ; avec un coup de pied et des tailles dans le vide, ils gardèrent les deux éloignés.
Un troisième homme, mieux armé qu’eux, surgit dans leur dos, et alla les rejoindre en criant.
Reinhard se leva, décrocha ses mains, et hurla d’une voix tremblante la fin de son sermon.
Un jet de couleur vert vola comme une vague devant lui, soufflant les trois adversaires. Le trio s’effondra au sol, en pleurant de douleur, tandis que de la bile lumineuse commençait à ronger leurs peaux comme de l’acide.
Waldo et Oswin achevèrent les deux moins armés. Le troisième s’était déjà levé, et s’enfuyait en courant ; c’est à la seconde près que le magus de Nurgle parvint à éjecter un trait de vomi suffisamment loin pour lui traverser le dos, et l’envoyer raide mort dévaler l’escalier à toute vitesse.
Les Nurglites le suivirent, eux simplement en descendant les marches une à une. Ils s’approchèrent de la porte, l’ouvrirent, et, en sortant agenouillés tous les trois, un par un, ils pénétraient dans la cour.
Ils se cachèrent derrière un parapet. Descendaient une rambarde. Et, en se coordonnant avec des gestes, ils allèrent trouver du bois derrière lequel s’asseoir.
La porte d’un corps de garde s’ouvrit, et une ribambelle de personnes en sortirent en parlant.
Il y avait, tout devant, et toute pressée, une grande dame. Elle n’était habillée ni pour la saison, ni pour la province, ni pour le milieu social de ses accompagnateurs… C’était une femme très belle, vêtue de noir, avec des gants et un haut de dentelle, des manches qui laissaient découverts ses avant-bras, et des colliers autour de son cou. Elle avait une très jolie coiffure, bien laquée, si bien qu’on aurait pu croire cette femme allant aux banquets de la comtesse Emmanuelle.
L’homme juste derrière, qui était en train de parler, correspondait mieux avec la faune locale. Un petit gars tout maigre et fin, avec un nez proéminent, une moustache qui lui donnait un air de rat, et un gros équipement mi cuir-clouté mi-plate de munition. Ils étaient suivis par une bonne huitaine de militaires mieux armés que ceux que Reinhard venait de tuer, beaucoup avec des capuches pour se couvrir de la pluie, et des arcs longs parfaitement Stirlander à leurs mains…
« Vot’ noblesse, on peut vous couvrir d’puis le donjon, j’déplace des hommes sur l’flanc ouest…
– Ce n’est pas ma sécurité qui importe, putain ! Ils sont après la masse de Caephas !
Vous descendez avec moi sous terre ; j’ai bien de quoi leur faire passer l’envie de me suivre ! »
Elle stoppa soudainement sa marche, ce qui provoqua l’arrêt complet de la colonne de balourds.
« Retenez-les aussi longtemps que vous pourrez — et oubliez pas, vivant comme mort, vous me servez !
– Oué, vot’ noblesse. »
Et les deux s’approchèrent d’une grande porte au fond de la cour, qui menait vers un escalier descendant dans les profondeurs de la terre.
Face-de-rat s’arrêta juste pour faire un signe à un de ses sbires, qui ne suivit pas la grande dame. Il se retourna, et resta une main sur l’épée, à patienter.
Ce fut le moment adéquat.
Reinhard et co foncèrent vers le corps de garde. Waldo et Oswin se poussèrent contre la porte, et commençaient à essayer de soulever à deux la grande barrière de bois qui verrouillait l’entrée.
Le sbire fit un pas en avant, et fronça des sourcils.
« HÉ ?!
HÉ VOUS ÊTES QUI PUT…
FERREZ-MOI CES TYPES ! »
Reinhard posa son bâton par terre, et leva la main pour incanter, tandis que plusieurs mercenaires s’avançaient vers lui.
Et il y eut une détonation fracassante.
Et l’un des crânes des militaires explosa, son corps tomba comme une poupée désincarnée par terre, et la pluie commença à déverser son sang dans des flots.
Irmfried venait de faire un carton.
Tous les hommes prirent peur. Ils sautaient à droite ou à gauche pour rester à couvert. Seul le grand sbire, plus gradé que les autres, tenta de donner un coup de fouet à ses hommes — d’une voix tremblante.
« OH ! OH LES GAAARS, LEVEZ-VOUS MEEERDE ! »
Un coup d’œil derrière, et Reinhard vit comment Waldo et Oswin galéraient contre la porte, à lancer des jurons et grogner.
Seul, il allait devoir gagner un peu plus de temps…
L’un des militaires, plus courageux que d’autres, se leva et fonça vers lui, ses pas éclaboussant des grandes flaques d’eaux. Il agita son épée, et Reinhard dût faire deux, trois, quatre pas en arrière pour esquiver chacun de ses coups. Il chantait, à toute vitesse, des psaumes d’une puissance infecte et terrible.
Il leva la main.
Et envoya une flèche magique directement dans le corps du vétéran qui semblait donner des ordres.
Le pauvre homme fut foudroyé de douleur. Il s’écrasa à terre, et se contorsionna en hurlant au martyr. Quand il parvint à se remettre sur ses genoux, des sortes de gros bubons commençaient à pousser sous sa chemise, et sur le côté de sa tempe.
Presque au même moment, la porte était entrouverte. Sigrid puis Kurt glissèrent à l’intérieur, et les deux se ruaient, l’une avec des traits magiques, l’autre avec un fléau d’armes, sur l’adversaire qui gênait Reinhard.
Les bubons de l’officier explosèrent. Il se remit tout droit, et, malgré sa peur et sa douleur, des morceaux de peau manquants, il leva une grande épée à deux mains et vociféra d’un cri terrible :
« CHAAAAAAARGEEEEEEZ ! »
Les Stirlander suivirent, et coursèrent à toute vitesse.
Les bubons au sol grossirent.
L’officier arriva à portée de Reinhard, et lui fit une grosse taille qui lui barra le dos.
Des bubons, sortirent des Nurglings…
« Ouiiiiiiiiii ! Hahahahah, Ouiiiiiiiiiii !!!! »
Entre des mages, des cultistes et des démons mineurs d’un Dieu du Chaos, les mercenaires n’avaient aucune chance. Tout ce qui suivit ne fut rien de plus qu’un massacre aussi ignoble qu’expéditif.
Galvanisés par les vents de magie, les Nurglings se mettaient à sautiller, et à courir comme des chatons espiègles tout autour d’un Reinhard qui mena sa troupe quasiment au grand complet vers la porte que venait d’emprunter la grande dame.
Une autre porte s’ouvrit, et cinq mercenaires en sortirent. Cinq vite réduits à quatre, car à nouveau, Irmfried parvint à réaliser un tir en plein dans la tête de celui qui allait crier.
Les humains se collèrent à Reinhard, les Nurglings chargèrent gaiement tout droit en criant de joie.
Et alors, les deux mages déchaînèrent leurs sorts avec une cruauté immonde…
La renégate jeta des liens noirs qui forcèrent les militaires à tomber au sol, ligotés et étranglés. Juste derrière, Reinhard en percutait avec sa flèche magique, et amena au monde de nouveaux Nurglings prêts à le servir.
À l’ouest, à nouveau des renforts ! Il en déboulait de partout. Les humains se retournèrent et maintinrent leurs positions, Irmfried en tua un autre, et les petits amis de Nurgle fonçaient au combat en laissant une traînée de bave derrière eux.
Les mercenaires savaient se battre. L’ennemi qu’affrontait Reinhard aujourd’hui, ce n’étaient plus des petites frappes habituées à faire du mal à des commerçants, ou des flagellants bons à juste terroriser des femmes désarmées. Eux, ils avaient l’attirail et l’équipement de vrais soldats. Ils massacrèrent les Nurglings sans paniquer, un par un, en beuglant des ordres avec un dialecte bien militaire.
Mais alors qu’ils venaient de terrasser ces créatures, Reinhard tortura l’un d’eux à l’aide de la magie noire, et il en invoquait des nouveaux pour déjà remplacer les pertes…
Au bout de cinq minutes, il n’y avait plus que des cris de souffrances des blessés qu’on achevait. Tout le monde se regroupa devant les portes, quand, soudain, Reinhard entendit un sifflet.
Gurbanguly, et une petite demi-douzaine de ses gitans étaient en train de dévaler les passages à l’ouest. Avec eux, un lion à la gueule dégoulinante de sang. Le strygani ouvrait grand les bras et hurlait quelque chose pour les oreilles de Reinhard :
« Joli carton, maître Maximale ! Joli carton !
Alors, vous n’allez pas à l’intérieur ?! On vous suit, vous inquiétez pas ! »
Il avait le grand sourire de quelqu’un tout amusé. Dans son dos, des garçons et des filles tiraient des frondes sur lesquelles ils armaient des petits pots — ils visaient la tour d’Irmfried, probablement pour déployer des fumigènes au cas où le tireur d’élite était gênant.
Il allait peut-être falloir négocier avec eux.
Enfin. Reinhard se disait ça peut-être six secondes. Parce que le sourire de Gurbanguly se changea en un visage purement horrifié quand il sentit le sol trembler, et qu’il vit ce qui venait de dépasser la porte d’entrée.
Reinhard souhaitait des renforts.
Ils venaient de le rejoindre.
Des gros, des petits, avec des lances ou des masses étoilées, nus ou avec des patchwork d’armures rouillées.
Une harde sous son commandement.