[Lucrétia] Longue route vers le Sud... en hiver..

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Dès sa fondation par le dieu guerrier Sigmar, l'Empire a dû faire face aux invasions et aux guerres civiles. depuis plus de deux mille cinq cents ans, il survit néanmoins aux périodes de trouble et aux batailles grâce à la bravoure et à la discipline de ses armées

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[MJ] Bonnepierre
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[Lucrétia] Longue route vers le Sud... en hiver..

Message par [MJ] Bonnepierre »

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Cela fut un bien long chemin en compagnie du Chevalier Otto Von Führ, pour la Maîtresse des Spendeurs Lucrétia...

Mais qu'importe un long trajet lorsque l'on a l'éternité devant soi, non pas?

En vérité, le début fut une des parties les plus pénibles: Les forêts enneigées de l'Ostermark étaient souvent impraticables, les éléments froids parfois déchaînés au début de l'hiver... Mais les Ostermarkers, quoique brutes, étaient un peuple serviable et compétent. Aidé de ceux-ci, le couple de cavaliers parvint à n'y perdre pas trop de temps et Otto n'y finit point trop congelé...
Vint ensuite le Stirland, dont la Sylvanie fut habilement contournée, province pauvre, arriérée et rustique, encore plus démunie en cet hiver: Lucrétia et son beau chevalier y firent figure d'hôtes de renom, enviés et respectés...
Plus au sud, l'Averland montra un visage tout opposé: C'était l'une des plus riches provinces de l'Empire grâce à ses célèbres chevaux. Les armées s'y montraient fameuses pour leurs uniformes richement décorés... Là, nos deux voyageurs passèrent un peu plus inaperçus, si ce n'est que peu de gens la parcourait en cette saison glaciale... Les routes étaient néanmoins bien pavées, permettant de hâter le trajet malgré les frimas.
Enfin, vint le Wissenland, réputé pour son agitation et ses guerres nombreuses entre seigneurs... Mais en plein hiver, qui livrait bataille? Nul, en vérité, ou si peu... La traversée de cette province fut toutefois une étape relativement pénible du fait du nombre de "contrôles" par divers groupuscules armés: Lucrétia et Otto furent cependant assez habiles pour éviter tout conflit ou ennui...

C'était maintenant la fin de l'hiver, il avait cessé de neiger et les températures se faisaient un peu moins fraiches... Lucrétia et son Chevalier servant arrivait à Meissen, cité franche du Wissenland où se voyait presque autant de nains que d'humains. Au delà, au Sud, se découpaient de hautes montagnes rocheuses, blanches de neige malgré leur surnom de "Montagnes noires"...

Une cinquantaine de jours s'étaient écoulés, ce qui, en pleine hiver, témoignait tout de même d'une belle allure... Certes, Lucrétia, seule, eût pu aller bien plus vite sous forme de corneille... Beaucoup plus vite... Mais quand même, le chevalier avait fait preuve d'une belle diligence, et géré à merveille les changements de chevaux, surtout si l'on prenait en compte que nombre de chevauchées s'étaient parfois passées lors de nuits glaciales pour éviter des coups de soleils journaliers - lesquels advenaient régulièrement même en cette saison...

Durant ce rude trajet, le Chevalier n'en avait toutefois pas perdu le Nord:
Le soir, que ce fut en des campements ou des auberge, il avait tâché de "réconforter" au mieux sa belle Baronne - et tâché de se réconforter lui-même par la même occasion? Il l'aimait, sa Maîtresse, il la désirait... Lui céda t-elle parfois?... Ou jamais?... Gageons que la réponse à cette question définit dans une certaine mesure l'humeur d'Otto lors de cette arrivée à Meissen.

Sans rapport, durant le voyage, il avait quand même interrogé Lucrétia sur le but de leur périple: Qu'y aurait-il au bout? Pour quelle raison cavaler si loin, en cette saison si peu propice?...
La lahmiane lui répondit-elle quelque chose à ce sujet?

Durant ledit trajet, le Chevalier s'exerça régulièrement à l'épée - avec la Baronne si elle le voulut - Elle-même, que fit-elle de son temps libre?... Car du temps libre, il y en eut, pour un être qui n'avait point besoin de dormir ni ne se fatiguait ni ne craignait le froid... Peut-être Lucrétia étudia t-elle de nouveaux sortilèges? Se développa t-elle de nouveaux pouvoirs?
Ce dernier paragraphe fait état d'éventuelles dépenses de xp et/ou de Pm de ta part, avec en ce cas rp pour les justifier: tu as le temps, en voyage.
NB: Ton grimoire, je ne sais pas où tu l'as eu, mais sauf contrordre, il va se limiter selon moi aux sorts majeurs si c'est un objet de base que tu as depuis le début (pas de sorts supérieurs dedans)...
Enfin, voyager ainsi, cela coûte de la monnaie... Et dans la relation entre une Baronne et son chevalier, il va à priori de soit que la baronne paye les dépenses...
Les changements de chevaux, les auberges, les péages, les éventuels pots de vin, cela coûta très possiblement trois couronnes à Lucrétia: mais est-ce si cher payé pour un voyage en toute tranquillité, sans ennuis ni conflits, vers le but qu'elle s'était fixé?
Tu as payé? Tu as demandé à Otto de payer? (en ce dernier cas, rp le vite fait ;) )
Allez, à toi de rp, en espérant que ça te convienne...

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia] Longue route vers le Sud... en hiver..

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

  • Lorsqu’elle s’était assise à la table d’Otto, Lucretia s’était adressée à ce dernier à la manière d’une intrigante, murmurant ses paroles en distillant çà et là de petites pauses afin de ne pas ménager la curiosité de son vis-à-vis, bien au contraire. L’idée de le voir bouche-bée, eu égard à l’ampleur d’une telle décision, d’un tel voyage qu’il faudrait entreprendre, avait titillé son esprit joueur et cauteleux, et la jeune femme s’était employée à user de toute son éloquence pour ce faire. La réaction de son sigisbée n’avait pas tardé, en une longue exclamation interloquée au-travers de laquelle se mêlaient quelques interrogations abasourdies.

    D’un petit geste de la main, Lucretia lui intima de baisser le ton et de faire silence ; certes, elle quittait tout pour s’engager dans une aventure sans nul autre pareil, dans un pays totalement étranger et isolé de tout, mais l’on ne savait jamais ; certains de ses détracteurs s’avéraient tout à fait capables de la poursuivre à l’autre bout du monde, comme s’était si bien exclamé le chevalier, afin de la traquer et de la pourfendre s’ils apprenaient sa destination. L’auberge avait beau être sise en-dehors de la ville, il se pouvait tout à fait que ses tenanciers échangeassent les rumeurs et les potins avec des gens de la ville, rumeurs et potins qui remonteraient un jour ou l’autre, à terme, dans les oreilles des plus puissants de la région. L’aura qui l’entourait avait pour elle certains défauts ; il était presque impossible à la jeune femme de passer inaperçue, et chacune de ses apparitions ne laissait personne indifférent. On la détestait, la jalousait, l’admirait, ou la considérait avec un scepticisme curieux. Là encore, elle n’avait pas échappé à la règle en entrant dans l’auberge ; les bonnes gens qui s’en occupaient s’étaient tournés vers elle, l’observant entrer dans l’établissement, dans ce long silence tributaire de la cessation de toute activité. Elle l’aimait, cette sensation, et en jouait sitôt qu’elle le pouvait. Et le comble, dans cette histoire, c’est qu’elle avait dissimulé son visage du capuchon de sa pèlerine avant de pénétrer dans le bâtiment. Mais rien à faire ; sa grâce naturelle, sa façon de louvoyer entre les tables et de mettre un pas devant l’autre, avec une noble nonchalance, témoignaient d’un lignage singulier.

    La réponse de son chevalier la fit quand même sourire, et une certaine indulgence s’empara des traits de son visage.
    «Mettons-nous en route ; nous aurons tout le temps d’en parler plus librement. »

    Eu égard la distance qui séparait les Principautés Frontalières de l’Ostermark, il était tout à fait légitime de comprendre les craintes d’Otto. En réalité, les petites gens de l’Empire ignoraient même jusqu’à l’existence de pareilles terres, comme ils ignoraient à vrai dire tout ce qui n’avait pas trait à leur propre pays. Quelques régions comme la Bretonnie ou le Kislevleur étaient connues, respectivement pour le vin que l’on exportait et pour les invasions qui y avaient eu lieu, mais leurs modestes connaissances s’arrêtaient là. Parmi la noblesse, l’on ne colportait que de rares rumeurs sur ces terres étrangères, ajoutant çà et là, parfois, une légende ou une histoire à dormir debout. En fin de compte, peu leur en chalait, tant que cette terre protégeât l’Empire des régions extérieures.

    Quelques piécettes plus tard, distribuées à l’aubergiste pour le repas qu’il avait pu servir à Otto, ils sortirent du bâtiment, se dirigeant vers les écuries. Lucretia laissa son sigisbée s’occuper d’harnacher et de seller les deux montures qu’il avait trouvées. S’il semblait songeur face à une telle entreprise, elle pouvait sentir en lui comme un brin de fébrilité, une envie d’aventure qui le poussait à suivre aveuglément sa maîtresse, en sus de tout autre sentiment bien plus intime. Il ferait ce voyage pour elle, en sa compagnie, elle n’en doutait pas. Et l’homme le confirma par de nouvelles paroles, vibrantes de certitude.

    Dans ce début d’aube enivrante, dans un magnifique levé de soleil qui dardait à travers les nuages, ils mirent cap vers le sud, décidés à faire de la prochaine grande ville une étape. La sensation de liberté demeurait la même, toujours aussi grande, toujours aussi saisissante, pour Lucretia. Pendant un temps, du moins. Le baume au cœur qui la prenait lorsqu’elle talonnait doucement sa monture, la splendeur d’une plaine qu’elle contemplait du haut d’un plateau et qui s’étendait à l’infini, jusqu’à un horizon bleuté, ou encore la fraîcheur qui recouvrait le monde en même temps que ne le faisait le crépuscule, transportant des parfums bucoliques dont elle s’imprégnait les poumons, tout cela laissa bientôt place à une morne indifférence à mesure que le temps s’écoulait et qu’ils progressaient, de hameaux en hameaux. L’aroutinement du voyage la cueillit plus rapidement qu’elle ne l’avait escompté, et Lucretia se contenta d’avancer tranquillement, se laissant balloter au gré des cahots de sa monture. Toutefois, elle garda le moral, sachant pertinemment qu’il s’agissait là de la dernière étape, de la dernière épreuve, avant sa nouvelle vie. Elle trompa son ennui par la discussion, et Otto vint de nouveau reposer la fameuse question ; qu’est-ce qui nécessitait un tel voyage ?

    «L’Empire est bien trop immuable, à bien y réfléchir. Les Comtes Electeurs sont déjà bien installés au fond des sièges qui leur ont été conférés, et ils s’en trouvent indissociables. Ils règnent sur l’Empire en nous accordant çà et là quelques petits lopins de terre sans importance aucune, joue aux échecs en se servant de nous comme des pions, et il nous est impossible que de riposter. L’on doit survenir à leur besoin, en tant que fidèles vassaux, et ne jamais rien dire qui pourrait souiller leur honneur, quand bien même se livrent-ils à une politique particulièrement stupide. Et plus que tout cela, encore, je trouve l’Empire trop… Calme. »

    Juchée sur sa monture qui avançait quiètement sur le chemin de terre que venait border une dense forêt, Lucretia haussa les épaules.

    «J’ai envie de faire bouger les choses, de vivre un peu d’action. De changer d’air, de découvrir de nouvelles landes, de nouvelles terres, de nouvelles gens. J’ai envie de repartir de zéro, de bâtir mon propre domaine, et de pouvoir le régenter comme bon me semble, sans la bénédiction ou la malédiction de puissants contre lesquels il est impossible d’entreprendre la moindre action. Et, dernièrement encore, l’Empire est trop contraignant, avec ses lois rébarbatives, ses mages austères et sans compréhension aucune de leur véritable pouvoir, et ses répurgateurs qui ne savent pas s’amuser. »

    L’orée des bois foisonnait du piaillement des oiseaux, du soufflement du vent, du bruissement des branches et des feuilles, et de l’activité naturel de quelque animal fouaillant dans les taillis touffus. Elle soupira.

    «Tu sais à présent ce que je suis, ce que j’incarne. Je ne craignais pas grand-chose dans l’Empire, tant que je demeurais… relativement discrète, dirons-nous. Elle esquissa un petit sourire. Discrète, Lucretia ne l’avait pas totalement été, mais elle avait pris garde à ne jamais franchir une certaine limite. Je suis las de toute cette discrétion, et je dépérissais d’ennui. J’ai des talents, des dons que la nature m’a conférés, et je compte bien les mettre à profit. Cette fois-ci, il n’y aura plus personne pour m’en empêcher. »

    Le voyage se forlongea, et les jours s’égrenèrent lentement, un à un, avec une lenteur affollissante. Parfois, le temps venait les ralentir, et la pluie tombait en rafales sur les toits des chaumières des petits patelins qu’ils traversaient. Les routes et les bas-côtés se transformaient en ruisseaux furieux qui bouillonnaient, avalaient les bottes des quelques itinérants qu’ils croisaient et des sabots de leurs chevaux. D’autres fois, c’était les bourrasques endiablées qui cinglaient les deux cavaliers, brisant les rameaux des arbres, les fléchant d’éclisses et de petites brindilles acérées. Des bouillons de gouttes froides, des aiguilles de pin qui les perforaient, une tourmente de ramures froissées et de cimes ployées ; le voyage se déroulait toujours aussi paisiblement.

    Pourtant, les routes n’étaient pas sûres, en sus d’être mal entretenues. Le danger n’était jamais loin, en la présence notable de quelques brigands de grand chemin ou d’autres créatures insidieuses qui rôderaient dans les parages, et Otto surveillait chaque tronc d’arbre, chaque branche épaisse capable de couvrir la mort en embuscade. Mais, dans cette première partie de leur séjour, ils s’avérèrent bien seuls. Rien à craindre, sinon la rafale qui arracherait une ramure maîtresse à leur passage. Vinrent quelques champs aux céréales couchées par les averses drues, arrondie par les formes naturelles des collines ; çà et là, quelques fermes trempées qui affrontaient leurs volets clos aux grisailles de brume et de pluie.

    Noble de son état, Lucretia n’avait point de vergogne à réquisitionner un lit ou un toit dans les bourgs où ils s’arrêtaient parfois. Les villageois se pliaient en quatre pour satisfaire ses exigences, du bas de leur médiocrité coutumière, abattant leur meilleure poule, cueillant les légumes et les fruits les plus mûres dont regorgeaient leurs potagers ou leur basse-cour. Lorsqu’il ne s’agissait pas de simples gens des fermes isolées, c’était le bourgmestre lui-même qui venait les accueillir en leur accordant l’hospitalité, hospitalité qu’ils ne déclinaient que rarement. Le matelas s’avérait de meilleure facture, bien plus confortable, et ainsi allaient la nourriture et l’isolation. Toujours, Lucretia déclinait son identité, se faisant passer pour une certaine Ombeline von Andell, vieux fantôme ressurgi d’un lointain passé, et l’objet de son voyage s’altérait à chaque nouvelle rencontre. Il pouvait s’agir d’un voyage d’agrément, d’une fuite éperdue, d’un séjour en villégiature, d’une visite chez des amis, d’amants qui s’enfuyaient loin de leur contré, s’expatriant pour vivre leur amour en toute liberté. Sur une foucade, un jour, Lucretia folâtra, avouant à voix basse, dans un regard ravivé de peur et de crainte, qu’Otto l’avait capturée pour la vendre dans un sordide bordel, contre une somme rondelette. Sa famille avait été exterminée, et elle n’avait nulle part où aller. Résignée, la jeune femme malheureuse suivait son geôlier, dans l’appréhension douloureuse de sa prochaine vente. Intérieurement, Lucretia se gaussait des regards alarmés de ses hôtes, de l’effroi montant qui naissait au sein de leur âme en contemplant Otto, confortablement installé dans leur masure ou leur petit manoir. L’on se mordait les lèvres, l’on ne savait comment réagir à pareil aveu, et l’on esquivait les prunelles implorantes de Lucretia. En fin de compte, bien qu’en sachant l’inacceptable vérité, ils ne firent rien, ne tentèrent aucune action à l’encontre d’un noble chevalier armé, et laissèrent une pauvre jeune femme à la merci de son ravisseur. Lorsqu’elle raconta cela à Otto, quelques lieues plus loin, celui-ci entra dans une petite colère, irrité que l’on pût douter de sa probité à son encontre, tandis que le rire cristallin de la Lahmiane, follement amusée de la mascarade, retentissait par-delà le faîte des arbres.

    La deuxième partie du voyage n’eut rien de notable. Ils optèrent pour la voie fluviale, descendant le cours du Stir en péniche. Voyager ainsi n’était pas exempt de tout danger ; il existait bien des pirates s’attaquant aux bâtiments flottants, pillant les marchandises et rançonnant les passagers, mais pareille exaction devenait bien moins courante que sur les routes, et les voyageurs avaient pour eux le nombre. Il ne s’agissait ni plus ni moins d’une caravane, avec son lot de mercenaires et de soldats pour la défendre, à cela près qu’elle voguait sur les flots.
    Le doux clapotis de l’eau, agréable, les endigua que plus encore dans la paresse et l’inaction, tout le contraire que de que recherchait la jeune femme. Si le trajet, ainsi, s’avérait bien plus rapide, il se révélait aussi ô combien plus morne et triste. Observer la beauté du paysage, accoudé sur le bastingage du pont, était fort plaisant le premier jour, mais cela tournait rapidement à l’ennui. Certains se livrèrent au jeu de la pêche, mais cela quémandait une patience que la jeune femme n’avait pas, tournant en rond jusqu’à mourir, d’autant plus que la récolte de poissons lui était préférable à coup de sortilèges bien placés, l’onde de choc tuant toute vie qu’elle rencontrait. Bien plus efficace ; bien plus rapide.

    Si fait, Lucretia se fraya ainsi à d’autres passagers, jaspinant platement au gré des flots, évoquant ses précédents voyages, des fragments d’une vie inventée, des rêves hypocrites et totalement sortis de son imagination, mais qui n’en demeuraient pas moins plausibles. Le soir, la jeune femme se livrait aux jeux de dés et de cartes autour d’une table ronde, et il s’avéra que son esprit calculateur et combatif ne lui fit pas défaut, révélant une joueuse invétérée. Elle se surprit à pressentir la rotation des dés et à deviner quelles faces seraient ainsi affichées ; elle s’amusa de calculer les cartes qu’un talus comportait en se fondant sur les atouts que l’on avait préalablement défaussés, et, à force de s’être longtemps faufilée avec la noblesse, les intrigues comme les bluff n’avaient plus de secret pour elle.

    Fraîchement arrivés à Wurtbad, capitale du vin de l’Empire, le couple acheta de nouveaux chevaux, et mit le cap sur leur prochaine destination, Wörden. De nouveau, un paysage bucolique s’offrit à leurs yeux, sur de petit sentiers capricieux qui menaient jusqu’à des vallons nichés entre deux collines boisées. Au milieu des prairies sommeillaient parfois une bergerie, cahute veillotte au toit à un seul pan dont les pierres maintenant les tuiles rondes gîtaient vers des enclos parfois vides, parfois habités de paisibles ruminants. Dans cette solitude regagnée, Lucretia ressentit le besoin de se replonger dans les arcanes obscurs. Qu’importait si Otto pouvait apercevoir ce à quoi elle se livrait ; la jeune femme n’en avait cure, et, d’une certaine façon, cela n’était pas plus mal. Il comprendrait ainsi, peut-être, plus aisément ce qu’elle était véritablement, sans ses idéaux chevaleresques qui transformaient sa maîtresse en une dame uniquement bonne à jouer de la harpe et à faire du ravaudage, s’il en doutait encore. Car, si Lucretia lui avait effectivement avoué sa véritable nature, il n’avait pas encore eu l’occasion de comprendre les conséquences d’une telle vérité. Dans un premier temps, ménageant son esprit, la jeune femme ne lança que de petits sortilèges inoffensifs, à la fonction bien plus pratique que mortelle. Quoi de plus fascinant que le pouvoir de faire sécher ses vêtements au cœur même d’une averse ? Pareillement, lorsque le bois était imbibé d’eau et que la mèche du briquet en amadou avait subi les affres de l’humidité ambiante, faire naître un feu n’était pas chose aisé. Usant de son pouvoir, Lucretia en fit étalage devant son sigisbée.

    Puis, se plongeant de plus en plus dans ses expériences, la Lahmiane en vint à fabriquer de petits collets qu’elle dispersa autour du leur campement. Quelques heures plus tard, et ils frémissaient de petits rongeurs ainsi capturés, qui furent ainsi les victimes de ses expériences. La patte d’un lapin se morcela bientôt sous le contact d’un doigt, un rat vit sa vitalité s’échapper lentement mais sûrement de son corps, jusqu’à n’être plus qu’une carcasse composée d’un amas de tendons, d’os, et d’une chaire pourrissante. Plus tard, trottant au pas, un éclair verdâtre vint harper un cerf un peu trop aventureux, le décimant sous l’effet de l’impact, et quelques-uns de ses os vinrent graviter autour du poignet de la jeune femme, flottant dans une danse macabre. Elle n’avait pas perdu la main, et s’endigua que plus encore dans son apprentissage. Elle avait le temps pour elle, et une insatiable soif de connaissance.

    Alors, Lucretia continua. Le long de son périple, elle laissait quelques cadavres derrière elle, frappés par une conscience toujours plus forte, toujours plus aiguisée. Sa maîtrise de l’Aethyr devenait plus élaborée, sa façon de l’altérer, plus incarnée dans la trame du monde qu’elle modifiait à sa guise. Une pensée, un petit effort, et, alors même qu’elle ne les voyait pas, et un sanglier et un petit marcassin s’effondraient, sans pour autant avoir compris ce qu’ils venaient de subir. Lorsqu’ils parcouraient une contrée sauvage et déserte, sans auberge à l’horizon, sans ferme ou bourgade dans le prochain virage, cela représentait toujours quelques livres de viande fraîche et tendre qui ne demandait qu’à être rôtie sur un feu, et à être consommée. Toutefois, eu égard au nombre de ses victimes, elle devait se l’avouer ; Lucretia, pour sa fascination morbide pour l’Aethyr, tuait bien davantage qu’elle en avait vraiment besoin.

    Elle eut bientôt l’occasion de pratiquer sur des humains. Le petit groupe n’en avait pas encore rencontré, jusque-là, mais la logique selon laquelle au plus le voyage durait, au plus la probabilité d’avoir affaire à quelques brigands augmentait ne leur fit pas exception. Quelques fourches furent brandies dans leur direction, et la pointe acérée de deux sagettes dardèrent leur poitrine, encochées sur des arcs rustiques mais suffisamment puissants pour blesser lourdement. Quelques paysans ou braconniers qu’un seigneur avait taxés plus que de raison, les conduisant tout droit au banditisme et à la misère. Peu lui en chalait ; Lucretia n’avait pas le cœur à la charité, et moins encore lorsque l’on osait mettre en péril l’un des plus grands dons qui lui avait jamais été accordé ; son immortalité.

    Le premier avertissement avait à peine eu le temps d’être énoncé que les deux archers churent de leur branche basse, tombant lourdement, frappés au ventre par un mal inconnu. Otto sauta sur l’occasion pour embrocher le gueux le plus proche, le passant au fil de son épée. Voyant que la situation venait brusquement de tourner à leur désavantage, le restant de la piétaille déguerpit dare-dare, sans demander leur reste, avant d’être transpercé et d’une épée, et d’un autre sortilège. Par précaution, mieux valait ne laisser aucun témoin, afin de voyager le cœur plus libre vers une nouvelle contrée.

    Pareille vision ne pouvait faire naître qu’un sentiment d’impuissance, tout en bouleversant l’ordre des choses auquel on avait toujours cru. Il n’était, au fond, pas normal qu’un être humain puisse dépérir aussi rapidement, sous l’injonction d’une simple pensée. C’était ce à quoi avait assisté Otto, et sûrement devait-il longuement méditer sur la question, le voyage lui en laissant tout le loisir. Aussi prit-elle les devant, à partir de ce moment-là.
    En fin de compte, ce ne fut pas tant lui qui chercha à réconforter la jeune femme que l’inverse, et Lucretia substitua ses craintes par une excitation et un désir qu’elle vint combler. Elle lui avait prouvé qu’elle n’était pas la sotte jeune femme que l’on enfermait dans un donjon par peur de se la voir être enlevée ; elle lui montra tout autant qu’elle n’était pas de ces femmes à la vertu intouchée, et que son corps se nourrissait de pulsions aussi insensées que ne l’était la magie qu’elle mettait en œuvre. Car la marionnette que l’on veut façonner selon sa propre volonté perd de sa malléabilité si elle n’est pas contentée, et, la Lahmiane le savait que depuis trop longtemps déjà, son sigisbée brûlait pour elle d’un amour jusqu’alors non consumé. De temps à autre, elle vint rejoindre sa couche à la tombée de la nuit, ou après l’issu d’un combat qui, par jeu, avait déchiré les vêtements de la jeune femme, ouvrant un large décolleté qui béait sur un sein dénudé, découvrant une cuisse sur laquelle la pointe d’une épée avait laissé une douce estafilade qui se gorgeait à présent de sang.

    Car, allant de pair avec sa maîtrise de l’Aethyr, Lucretia tenait à conserver la forme, quand bien même cette simple idée sonnait-elle étrangement en ayant connaissance de sa nature. Cela ne l’empêchait pas de pratiquer son jeu de jambe, son équilibre, ses gardes, et la portée de ses attaques. Rien de mieux, pour ce faire, que d’affronter Otto, et si celui-ci se défendait bien, il dut toutefois se rendre à l’évidence ; sa maîtresse avait à chaque fois un avantage conséquent sur sa personne.

    Enfin, après un très long périple, ils parvinrent tout deux aux abords de Meissen, petite ville au bout du monde. Le trajet avait couté quelques couronnes d’or, dont s’était toujours acquittée Lucretia ; elle disposait encore d’un sacré pécule, et la ruine demeurait encore loin. Ils étaient presque au bout de leur voyage, touchant au but.

    Comme promis ! En espérant que cela te convienne aussi. 8)
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 14 juin 2015, 10:35, modifié 1 fois.
Raison : 6xp/ 102xp -100 pour 1 DDS et 1 compétence, reste 2xp
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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[MJ] Bonnepierre
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Re: [Lucrétia] Longue route vers le Sud... en hiver..

Message par [MJ] Bonnepierre »

Durant le voyage:
Première semaine: Lors d'un temps de marche à cheval en sous-bois, dans la fraicheur nuageuse d'une journée d'hiver, Lucrétia avait répondu aux interrogations de son chevalier.
Ainsi, dit-elle, l'Empire était "trop calme" pour elle, par trop régenté, si bien que s'y élever socialement de manière importante lui paraissait fastidieux, et nécessiter une éternité... Quand bien même y fut-elle quelque peu parvenue, il aurait toujours subsisté au dessus d'elle un Noble Électeur, voire, quoi qu'il en fût, l'Empereur lui-même...
Elle avait soif d'aventures, de se retrouver sans autres maîtres qu'elle même, de cesser de cacher ce qu'elle était vraiment et déployer ses immenses talents aux yeux de tous pour prospérer pleinement...

L'ayant écoutée sans l'interrompre, en serviteur respectueux qu'il était, Otto n'avait pu empêcher un frémissement de le parcourir lorsqu'il avait été fait allusion audits "talents": à ces "dons" qui, selon l'ancienne Baronne, lui avait été "conférés par la nature"... Elle n'était toutefois pas sans savoir, bien sûr, que la vision impériale quant aux pouvoirs vampires était tout autre: Selon la plupart des dogmes religieux, elle était à l'opposée de la "nature", un être impie et maudit... Mais, gageons le, ce n'était point seulement cela qui avait fait frissonner le bel Otto, et bien plutôt son imagination quant aux pouvoirs incroyables et indus que pouvaient posséder un être tel que sa maîtresse: on racontait tant de choses sur les vampires, les associant à tant de puissance, et tant d'horreurs...
Mais Lucrétia n'était point de ces monstres horribles assoiffés de sang dont dégorgeaient les racontars, non pas?...

Ainsi pensif sur sa monture, ses yeux vert sombre dans le vague, il avait répondu:

-J'avais en moi quelque chose de similaire à votre besoin d'évasion, Madame... Non pas que je me compare directement à vous, assurément vos désirs et vos potentiels font passer les miens comme dérisoires... Toutefois, lorsque je vous ai rejoint en Bratian, vous, la fantastique Baronne Guerrière dont tous parlaient, j'espérais aussi me sortir de la triste routine courtisane de Beck, et vivre en vous servant de façon plus palpitante...
Sourire impressionné:
-Je vais être servi, il semble... Déjà, rien que d'être le Chevalier d'une Dame si singulière est une aventure. Nombreux se serait enfuis ou aurait stupidement péris en apprenant votre nature... De plus, les Principautés Frontalières? On les dit terriblement dangereuses, sauvages, peuplées de mille monstres, en surplus du péril vert à ses portes...

Court silence. Il ne put cacher un fugace air inquiet.
Avant que de commenter, philosophe:

- Les immenses terres impériales sont très organisées, souvent régies d'une main de fer. Tellement que les êtres d'exception peuvent s'y sentir étouffés, cela est vrai... Mais tel est le prix de sa main-mise politique et économique sur le monde, de la paix qui y règne en général... Et il n'est nul royaume au monde où les petites gens sont tant en sécurité, si bien traités, tous citoyens impériaux, sans servages, protégés de lois qui visent à une certaine égalité...
Je suis heureux qu'un tel endroit existe, d'autant qu'il est en outre le principal protecteur du monde contre le Chaos.

Il regarda alors Lucrétia, avec humilité:
-Mais voilà que je vous débite des évidences, pardonnez moi... C'était surtout destiné à nuancer ma propre vision de l'ennui que peut amener le contrôle si dense et organisé en le Vieil Empire...
Je ne vous cache point que les dangers qui nous attendent au Sud Frontalier m'interpellent, et d'un côté je me dis que c'est folie que de s'y rendre... D'un autre, cela m'excite: Un chevalier ne peut réellement se forger que dans la vraie adversité...
... et surtout...

Il baissa des yeux emplis de sentiments sur l'encolure de son cheval:
... Surtout cela sera avec Vous, Madame...

Otto ne développa pas plus sur cela, prétextant - à raison - que vos montures s'étaient bien reposée et que vous pouviez relancer l'allure. L'on pouvait deviner son envie de déclarer franchement sa flamme à Lucrétia, mais aussi sa réserve à le faire eût égard à la différence de rang...et de puissance?...

Dans les semaines qui suivirent, cette puissance incroyable de la lahmiane, et sa singularité féroce, éclata clairement aux yeux du Chevalier, autant par ses expériences nécromantiques personnelles que par les sortilèges meurtriers qu'elle lança sur quelques malandrins... que par l'attitude qu'elle opta, sauvage et impitoyable, totalement libre qu'elle pouvait parfois en friser la folie au jugement d'un homme comme Otto... Il est à penser que, sans vraies attentions de Lucrétia pour lui, le Chevalier eût pu prendre réellement peur, se demander pourquoi il restait avec une telle créature, aussi aimable fût-elle... Mais des "attentions", il y en eut, occasionnellement certes, mais qui comblèrent tant ses désirs d'amour et de chair qu'aucune question de la sorte ne s'imposa manifestement à lui: Il était le Chevalier d'un "monstre vampire", mais aussi et surtout celui d'une somptueuse Dame qu'il aimait à en perdre la raison... Car en vérité, n'était-ce pas avoir déjà "perdu la raison" que d'accompagner une si inquiétante créature jusqu'au bout du monde?...
Pour exemple, lorsque Lucrétia le fit passer pour un "esclavagiste": son irritation passée, ses rires francs s'étaient joints à ceux de sa Dame... Les délires sans retenues de la lahmiane lui plaisaient, puis, ses primes émois passés, l'inquiétude que pouvait amener en lui les sombres sortilèges et la sauvagerie débridée de la vampire commencèrent au contraire à l'exciter davantage: Côtoyer en permanence un être si dangereux, coucher avec lui sans savoir si l'on allait se réveiller le lendemain, n'était-ce pas terriblement excitant?...

Mais cessons là de digresser sur les sentiments du Chevalier. Observer ceux-ci fut un des rares passe-temps de lucrétia, mais il y en eut d'autres: lancer des sortilèges régulièrement par exemple:
Souffle de la Vraie Mort: 14 - 1 chance = 13, réussi +3PM
Séchage: 14, réussi +1PM
Flammèche: 5, réussi +1PM
Lorsqu'elle s'amusa à "pêcher du poisson" en les tuant à distance, la lahmiane put se rappeler que "le Souffle de la Vraie Mort" était tout de même un sortilège relativement complexe: Les Vents de Magie lui échappèrent en partie, et elle ne dût qu'à la chance le fait qu'ils s'agencent finalement comme elle le voulût... Elle les sécha, elle et son compagnons, quand c'était nécessaire, et alluma des feux par sa seule volonté...
Quant à ses expériences sur d'innocents animaux - et sur des malandrins:
Fluide vital: 17 raté (sort moyen, malus 2)
Brise Os: 15, réussi +2PM
Regard de Nagash: 16, raté (sort sup, malus 4)
Armure d'os: 18, raté ... et bé, pas terrible le d20 aujourd'hui :(
Esprit d'Os: 11, réussi +3PM
Souffle de la Vraie Mort: 2, réussi +3PM
Total PM pour le voyage: 13PM
Certes, c'était tout au long d'un long voyage, mais jamais depuis longtemps Lucrétia n'avait pu tant s'exercer à la magie... Bien sûr, l'absence conséquente de vrais dangers au moment de dompter l'AEthyr amoindrit considérablement l'expérience qu'elle en gagna - réussir un sort en situation périlleuse, c'était sans commune mesure - mais tout de même, elle progressa... Et put sans doute aussi constater ses limites: Ses sorts supérieurs échouaient quand même souvent...

Quelques entrainements aux armes avec Otto achevèrent d'améliorer Lucrétia... Elle avait facilement le dessus sur le Chevalier mais celui-ci n'en pris jamais ombrage: Au contraire, son admiration pour sa maîtresse en fut renforcée.
Il n'était point si mauvais au demeurant, sachant quand même attaquer ou parer avec une certaine cadence, mais face à la lahmaine il paraissait siiii lent...

Prémices du printemps. Une fin d'après-midi ennuagée. Meissen:
Image
Ce n'était point une "petite cité", comme la taxa Lucrétia, et bien plutôt une "moyenne", presque de l'ampleur, tout de même, de Wurtbad... De grands pâturages, où commençaient à se voir déjà quelques troupeaux ovins, s'étalaient tout autour contre les Montagnes Grises du Sud... Ville franche, alliée des nains de Karak Norn, il fallut payer une modique somme pour pouvoir y entrer...
A l'intérieur, l'architecture comportait quelques jolis restes Merogens et du royaume déchu du Solland, ainsi que nombres de bâtis nains, solides et pratiques.

S'occupant comme de coutume de la logistique, Otto commença par changer une seconde fois les montures - lesquelles étaient maintenant éreintés: Les vendant pour en obtenir d'autres, cela coûta 20 pistoles, soit deux couronnes... Ce changement, c'était en général le frais le plus cher de votre voyage, et chaque fois, par soucis d'économie, Otto ne pouvait qu'acheter des animaux inférieurs aux précédents...
Autant dire que, si cette transaction se fit, vos actuelles montures n'étaient plus que de vulgaires chevaux de selle peu robustes... Il fallait payer dans les 10 couronnes à chaque changement pour garder des montures de qualité...
L'idée du Chevalier était que, de toute façon, il ne serait temps qu'une fois au principauté frontalières de vous trouver des destriers convenables... et il veillait aux économies de sa maîtresse.

Pour ce qui était de la traversée des Montagnes Grises vers les Principautés frontalières, la principauté la plus proche était l'ancienne "Reissen", renommée de puis quelques années "Bundhofstadt", du nom de son dirigeant, l'autoproclamé "Comte" bundhof, aussi surnommé "König Räuber " (roi-voleur)... Elle se situait après les Monts noirs, et la dense forêt malpeuplée qui lui faisait suite.
Plusieurs options furent ramenées par Otto:

-Vous pouviez payer cher et être intégrés à un des premiers convois marchands printaniers en partance pour celle-ci (3 couronnes par personne, nourriture incluse)

-Ou alors vous faire payer, vous, pour escorter ledit convoi (gain d'1 couronne par personne) mais il faudrait alors obéir aux ordres des chefs dudit convoi...

Les denrées de ce convoi étaient très diverses, et il espérait ramener entre autres des onguents médicinaux incroyables qui se font là bas, ainsi que du vin de grande qualité...

-Mais Otto avait aussi rencontré des nains de la forteresse Karak Norn, lesquels cherchaient à engager des gens compétents pour venir en aide à un certain seigneur nain des principautés... Il avait été promis jusqu'à 10 couronnes par personne, selon compétences, et le rendez vous était au col de Norn, sous ladite forteresse.

-Enfin, vous pouviez tout aussi bien continuer comme vous l'aviez fait jusqu'ici, c'est à dire franchir juste à vous deux les cols qui vous mèneraient aux principautés... D'après Otto et les rumeurs entendues, ce serait quand même très très dangereux d'être par trop en effectif réduit pour affronter les forêts noires des versants sud des montagnes: les peaux vertes y étaient légions...
Mais qui savait? Avec une puissance telle que Lucrétia, que craindre vraiment?

En attendant qu'il fût revenu avec ces informations, toi-même t'étais possiblement installée en une auberge où il y avait des joueurs de cartes et de dés intéressants... Ici, c'était une ville "du bout du monde", nombreux aventuriers, malfrats et joueurs en tous genres y trainaient...
J'aurais dû écrire tout ça dans mon précédent rp... pour que tu n'ai pas non plus "qu"un" choix à faire. Du coup, voici quelques indications selon que tu fasses tel ou tel choix:
-Le convoi marchand, que tu veuilles y être en tant que protégée ou protecteur, compte une bonne trentaine de personnes, dont vingt en protection... tu peux un peu inventer, etc, la traversée des montagnes se passe bien. (cinq jours)
-pour le contrat des nains, ce sera plus court: au col de Horn, (1 journée) une douzaine de gens divers y seront rassemblés en attente des employeurs nains... ne les décrit pas stp...
-Pour du voyage en solo, traversée des montagnes sans soucis ( quatre jours), ton rp doit s'arrêter à la forêt maléfique dans les pentes derrière...

-pour avoir vraiment joué dans l'auberge: ça on le jouera alors en flashback: précise moi bien la somme maxi que tu as risquée...

NB: et précise moi si tu payes bel et bien les 2 couronnes du changement de chevaux...

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia] Longue route vers le Sud... en hiver..

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

  • En bordure de Meissen Otto et Lucretia firent une petite pause, englobant du regard le paysage qui s’offrait à eux. Une très grande pleine au milieu de laquelle courrait la Sol, composée de grands champs et pâturages à l’herbe haute et ondoyante, parfois coupée court, broutée par les nombreux ovins dispersés dans les parcelles de terre. Au beau milieu de ce paysage agricole trônait la ville, délimitée par ses grandes murailles que venaient surplomber l’ombre gigantesque, derrière, des falaises déchiquetées des Montagnes Grises. Se remettant en chemin, ils parvinrent jusqu’au corps-de-garde de Meissen, précédé d’un pont aux douves probablement nourries par la Sol, et, afin de pénétrer dans la ville, durent se soulager de quelques piécettes.

    Dans l’enceinte, la hauteur des remparts se faisait concurrencer par celle des murs des habitations dont l’architecture, bien que parfois archaïque, tenait encore bon. Les rues se coupaient et s’entrecoupaient au gré des carrefours, dans un charivari ambiant et tapageur, couvert par le son des rumeurs et de la populace cosmopolite. L’on y trouvait de tout, dans cette ville franche aux frontières de l’Empire ; des humains, principalement, notamment des habitants de l’Empire, des Bretonniens, des Arabéens, mais aussi de rares elfes, des haflings, et, surtout, une quantité hélas fort importante de nains tout droit venu de Karak Norn. Circuler dans ces ruelles parfois étroite s’avérait une tâche difficile, voire même impossible lorsqu’un gros chariot venait bloquer les voies principales, et le tumulte s’amplifiait d’autant plus de voix agacées et de jurons que la queue croissait à perte de vue. Tenant leurs montures par la bride, Otto et Lucretia louvoyèrent entre ces bonnes gens, heurtant nombre de passant, bousculant maints nains, jusqu’à localiser une auberge qui leur sembla probante.

    Là, ils laissèrent leurs chevaux à un garçon d’écurie, lequel s’en occupa, tandis que Lucretia pénétrait dans l’auberge, se dirigeant vers le comptoir. Si l’Empire était une région relativement stable, comme le lui avait rappelé Otto, celle dans laquelle ils étaient sur le point de s’engager ne se révélait pas du même acabit ; bien plus instable, elle recelait de pièges et de dangers en tout genre, et mieux valait ne pas s’y lancer seul ou en petit groupe, même pour elle. Il était assurément plus indiqué de trouver une caravane pour franchir certaines étapes délicates du long trajet qui les séparait encore des Principautés Frontalières, et, pour ce faire, mieux valait donc prendre une chambre dans la ville. Ainsi, trouver les informations qui leur manquaient concernant le départ de tel ou tel convoi pour se joindre à ces derniers ne leur en serait que plus évident encore. Parvenue au comptoir, Lucretia commanda donc une chambre avant d’y entreposer ses affaires.

    Après s’être convenablement installés dans la ville, les deux jeunes gens s’enquérir des différentes options que Meissen leur proposait. Recherchant çà et là des informations, ils errèrent dans les rues, s’arrêtèrent sur la Grand-Place, questionnèrent les maîtres de caravanes et les différentes entreprises ou guilde qui se lançaient dans le commerce avec les Principautés Frontalières. La route la plus rapide, et la plus empruntée, traversait les Montagnes Grises en mettant le cap sur Reissen, la principauté la plus proche. Si Otto questionna du regard Lucretia sur ce dernier sujet, celle-ci n’en connaissait pas assez sur ce royaume et cette région plus que particulière pour étancher la soif de connaissance de son sigisbée ; aussi demanda-t-elle davantage de renseignements. Ce qu’ils en retirèrent ne les avança pas véritablement ; il s’agissait là d’une principauté dirigé par un certain König Räuber. A ce niveau-là, en revanche, les connaissances littéraires de Lucretia leur permirent de caractériser le personnage ; s’il fallait en juger par son appellation, l’homme n’était pas autre qu’un de ces bandits de grand chemin qui s’autoproclamaient parfois roi d’une région. Baguenaudant encore quelques temps dans les venelles de la cité, ils glanèrent d’autres détails et informations, notamment sur une caravane sur le départ, en direction de leur propre destination, et les prix, quelque peu élevés, se révélaient à leur avantage s’ils s’inscrivaient non pas en tant que passager, mais bien en tant que convoyeurs. Cela fit sourire Lucretia ; encore quelques reîtres qui, en la voyant, ne manqueraient pas de se faire abuser et par sa condition de femmes, et par son air ingénu et innocent.

    Quelques nouvelles plus tard, et un contrat leur parvint tout autant ; des nains de la forteresse de Kargak Norn nécessitaient de l'aide afin de porter secours à un de leur confrère situé dans les Principautés. Si la récompense s’avérait alléchante, Lucretia n’y réfléchit même pas ; elle exécrait les nains, leur allure pataude et grossière, et leur corps moche, trapus, et épais, sans compter l’horrible barbe qui affublait tout protagoniste de cette race. Non, elle ne se démènerait certainement pas pour l’un d’entre eux, et encore moins si celui-ci était situé dans les principautés ; même si cela pouvait faciliter son insertion dans la région, elle ne voulait aucunement dépendre de qui que ce fût. Elle passa son chemin.

    En fin de compte, ils optèrent pour la caravane, laquelle partait le surlendemain. Lucretia ne s’était pas tromper ; si Otto fut rapidement admis en tant que garde de la caravane, n’était-ce que par son allure martiale, il en fut tout autre concernant Lucretia. Le type chargé du recrutement, un certain Fred Olward, la considéra du regard, et celui-ci se porta bien sur le visage de la jeune femme, ainsi que sur sa silhouette, de haut en bas. Dans une attitude rustaude au possible, il ne put s’empêcher de ricaner et de lui tourner le dos, sans doute occupé par des affaires plus pressantes ou encore d’autres candidats. Il s’arrêta brutalement lorsque la pointe aiguisée d’une épée lui chatouilla les lombaires, insidieusement. Lucretia venait de le mettre au défi, et, bien trop confiant de remporter le duel, l’homme dégaina sa propre épée dans un geste désinvolte.

    Il ne fallut pas davantage à Lucretia pour afficher la même expression, avec, cependant, une petite moue étrangement sarcastique ; ses yeux smaragdins se rivaient dans les prunelles de son adversaire, petit sourire tranquille lui fendant les lèvres, air goguenard à l’envie. Désireux d’en finir au plus vite tout en lui indiquant son incurie martiale, Fred attaqua brusquement, toute garde dehors. Ce n’était pas la jeune femme qu’il visait, mais bien l’épée brandit devant elle, afin de la lui arracher par la puissance de son coup. Elle la lâcherait, par manque de force et de poigne, et le combat serait terminé sans même avoir mis en danger une femme, bien plus charmante qu’expérimenté au combat. Mais plutôt que d’interposer son épée contre la sienne dans un geste qu’il imaginait certainement maladroit, Lucretia se glissa sur le côté, et, eu égard à l’absence de garde de son adversaire, lui glissa sa lame sous la gorge. Son sourire fut aussi flamboyant que moqueur. Elle recula, lui laissant une autre chance ; peut-être s’agissait-il d’un coup de chance.

    Quelque peu surprit, l’homme, l’air mauvais de s’être fait prendre comme un bleu, recula de quelques pas, raffermit sa prise sur la poigne de son épée tout en rajustant sa garde. L’œil concentré, sur le qui-vive, il observa Lucretia, laquelle s’approchait doucement. Ce fut elle, cette fois-ci, qui passa à l’attaque. Elle suivit exactement la même stratégie qu’avait employée Fred à son encontre ; détruire sa garde et son épée. A cela près que ses propres assauts demeuraient presque inesquivables, et que la seule façon pour l’homme de se protéger était de conserver le maintien de son épée, devant lui. Elle frappa, frappa, et frappa encore ; là où la poigne de la jeune femme demeurait inébranlable et ferme, celle de Fred se morcelait chaque fois plus, se desserrait ; il perdit de l’emprise jusqu’à être contraint, sous la douleur de ses doigts, mains et poignets malmenés, de laisser échapper son arme. De nouveau, il se retrouva à la merci de Lucretia.

    Son ego en prit un coup, d’autant plus que certains condottieres de sa compagnie avaient assisté au combat, jugeant eux aussi du recrutement des potentiels candidats. Fred fut la risée de ses propres hommes, encore qu’ils ne le montrèrent pas ouvertement ; ce fut davantage des regards gênés plutôt que de véritables moqueries. Quoi qu’il en fût, il ne pût laisser passer cette occasion, et Lucretia rejoignit bientôt les rangs des convoyeurs.

    Il leur restait un jour et-demi à patienter. Lucretia, le soir venu, demeura à quelque temps à l’auberge, décidée sur son occupation du moment. Encore imprégnée des jeux de hasard auxquels elle s’était essayée durant sa croisière sur le Reik, la jeune femme décida d’y revenir… A sa manière. Fort heureusement, son amour pour les belles choses et les vêtures de qualité l’avait forcée à garder avec elle quelques affaires fort précieuses de sa garde-robe lors de son départ de la Taladélégation, ce qui comportait notamment des robes d’orfraie richement ouvragés, aux échancrures profondes et provoquantes. Requérant l’aide d’Otto, elle en enfila une, se saisit de ses dés en os, et descendit dans la grande salle.

    Une magnifique noble fit ainsi son apparition au milieu de la plèbe, là où la crème de la crème ne s’avérait pas être autre chose que de riches marchands de passage. Lucretia déambula avec altesse au milieu des tables et des rangées, parcourant du regard les tablées où l’on jouait. Enfin, elle en repéra une qui lui parut intéressante ; s’y tenaient deux hommes aux pourpoints de velours qui, ouverts, laissaient apparaître des justaucorps de bonne facture. Jetant l’un après l’autre les dés, ils échangeaient des pièces d’argent et d’or qui, sans cesse, passaient d’une main à l’autre en fonction des mises et des résultats, et les escarcelles d’où elles sortaient paraissaient fort bien rebondies. Sans ambages, elle s’assit à leur table.

    «Bonsoir, mes doux sires. Dites, si vous me permettez, j’aimerais rejoindre des gens de qualité afin de me désennuyer et de faire passer le temps jusqu’au petit matin. Puis-je ? », demanda-t-elle en battant des cils, sortant son escarcelle et ses propres dés.

    Quelques parties s’enchaînèrent sûrement, au-travers desquelles de petites sommes furent jouées. Un amuse-gueule, rien de plus. Ils parlèrent quelque peu, rièrent sympathiquement en fonction des différents résultats ; cela s’émerveilla d’un jet de dés, pesta au cours d’un autre, et frappa du poing en cas de fiasco. La bonne humeur paraissait toutefois générale, alors que Lucretia jouait parfois bêtement, comme une novice en la matière. Cela de façon à mieux les ferrer.

    Elle arrêta son jeu, soudainement, et laissa son regard errer sur les différents protagonistes rassemblés autour de la table.
    «Dites… J’ai comme une envie folle qui me prend, là. » Elle eut la délicatesse de rosir doucement, se mordillant la lèvre dans une moue hésitante, avant de lâcher la bride à sa pudeur.

    «Que diriez-vous de corser un peu les règles ? Pour le double de la mise que je mettrai en jeu, si je perds, je délace mon corset, de plus en plus. Pour le triple, si je perds, c’est directement une partie de ma vêture que je retire. Pour le quadruple, si je perds, eh bien… Pareil que pour le triple, sauf que, une fois dénudée, je crois que vous mériterez un petit bonus… »

    Elle s’était avancée vers eux, chuchotant en disant cela, et, prenant appuis contre la table, sa poitrine n’en ressortait que plus encore au-travers de l’échancrure de son décolleté. Jetant un regard qui balaya la salle, la jeune femme leur glissa, terminant sur cette dernière note :
    «Je doute qu’il soit très décent de faire cela ici-bas. Si cela vous agrée, rejoindriez-vous ma chambrée, pour ce faire ? »
    Je paye donc bien deux couronnes pour les montures [en fait, je ne sais pas si je l’ai précisé dans le rp, mais bon, je le fais quand même]
    Les premières mises avec les marchands, peu importe, c’est juste d’entrée de jeu. Mais si tu y tiens, ce sont de petites mises, genre 2-3 pistoles.
    Pour le jeu que je propose, dans ma chambre, je mise 6 couronnes. A eux de me dire ce qui les botte. :mrgreen:
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 15 juin 2015, 20:22, modifié 1 fois.
Raison : 6xp/8xp
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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[MJ] Bonnepierre
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Re: [Lucrétia] Longue route vers le Sud... en hiver..

Message par [MJ] Bonnepierre »

Meissen, un soir, une nuit, dans une auberge cossue:
"Cossue", c'est un terme relatif: Certes, c'était la plus luxueuse de Meissen, mais en vérité, ne devrait-on pas dire que c'était surtout la moins minable?... Ce n'était pas que l'endroit était sale, ni vraiment mal tenu, mais en cette ville franche du bout du Sud, la clientèle, même aisée, était surtout composées de mercenaires sortis d'un bon contrat, de gredins enrichis qui se planquaient là pour se faire oublier de l'Empire, d'aventuriers fortunés divers...
... et de quelques marchands, il est vrai...
Mais point de noblesse en ces lieux - point de "vraie", du moins, point de de noblesse "déclarée" qui bénéficiait de privilèges - point de noblesse en Meissen, la ville franche du Sud du Wissenland: cela avait comme des airs annonciateurs de ce qui attendait Lucrétia dans les Principautés Frontalières... Les castes bien définies du Vieil Empire disparaissaient...

Après avoir fait sensation dans la salle en y déambulant dans sa robe luxueuse, la lahmiane s'était donc trouvé deux marchands élégants pour converser et jouer... Enchantés de cette arrivée si féminine, ils se firent un devoir de se montrer galant - du moins autant que ce pouvait pour des bourgeois de Meissen - mais ce ne fut pas pour autant qu'il firent des cadeaux à leur invitée lors des paris aux dés:
Peine perdue, Lucrétia les laissa de toute façon lui prendre quelques pistoles.
Tu perds donc 1d10 pistoles (c'est le minimum) = 8 pistoles perdues...
Les voilà "ferrés", pour réemployer l'expression mentale de notre héroïne: En effet, ils riaient, sûr d'eux, draguouillaient maladroitement, s'amusaient - d'autant qu'ils gagnaient...
Toutefois, cela se sentait, ils voulaient des sommes plus importantes.

C'est alors que Lucrétia leur proposa son "piège"... Elle allait toujours parier, mais, selon mises de ses adversaires, si elle perdait elle se dénuderait en prime!?

Qui pouvait refuser cela?
La températures des deux marchands monta d'un cran, tout excités qu'ils devenaient: Hé, ils étaient tombés sur une superbe chaudasse! Qui ne savait pas jouer en plus! Quelle chance ils avaient!

-Ah! C'est une belle idée ça! J'adore ce jeu que tu proposes, la belle! accepta le plus hardi des deux, ses yeux dans le généreux décolleté offert aux regards.
L'autre, plus timoré, rougit:
-Vraiment, vous... tu... tu veux jouer à cela?

Et oui, bien sûr que Lucrétia voulait jouer à cela!

Otto, assis dans un coin de la salle dans son armure, toisa méchamment les deux gaillards qui montèrent avec sa maîtresse à l'étage... Jalousie? Oui, bien entendu!... Mais il était toutefois assez bien "dressé" pour ne pas interagir, quand bien même les deux marchands portaient lames aux flancs: L'ex Baronne, plus experte encore que lui combat, ne craignait rien...
Non, il n'était pas inquiet, juste jaloux.

Arrivés en chambre avec Lucrétia, les deux marchands en pourpoints et velours commencèrent à prendre leurs aises, s'asseyant sur le lit en éclusant le vin qu'ils avaient amené...
L'un d'eux - le plus hardi - jeta une dizaine de pistoles dans les draps:
-Je mise pour tous tes habits et le bonus!
Lucrétia lui réexpliqua alors sans doute les règles du jeu et dit sa mise.

Silence stupéfait:

-6 couronnes?... hé?... 24 si je veux le bonus?... hé!... ça fait cher la gâterie ça, même de luxe!
C'était une grande gueule ce marchand là, d'autant qu'il était déjà un peu aviné.

L'autre, le timide, hésitait... Il posa finalement 6 couronnes dans un sourire embarrassé.

L'autre râla:
-Moi je veux le bonus, mais les 24 je les ai pas sur moi, là... Baisse ta mise à 3 couronnes, la belle, et j'en mettrai douze!

Lucrétia accepta t-elle?
Les deux bourgeois la déshabillaient des yeux, excités au plus haut point.
La suite du voyage...
Embauchés pour 1 couronne chacun, Otto et Lucrétia avaient intégré l'escorte du convoi printanier qui partait pour "l'ancienne Reissen"... Le trajet, au travers de montagnes et de forêts, durerait environ 5 jours, à ce qu'on leur avait dit... Si Fred Olward, rustre brute en charge de la sécurité, qui n'avait point digéré la déculottée infligée par Lucrétia lors de son engagement, lui infligea en retour des tâches ingrates et difficiles, cela ne dura guère... Car, en surplus d'Otto, nombre de mercenaires qui formaient la garde se mirent à l'aider immédiatement dans ces basses besognes:
-Quel troll, ce Fred, commentèrent-ils à voix basse.
-Un troll qui se bat comme un gob, renchérit un autre.
-T'es sacrément balaise, la rousse, fit un dernier.
Cette opinion était partagée par la plupart, qui pour beaucoup avait assisté à la rouste mise au "chef" Olward...
Fred dût se rendre à l'évidence, il valait mieux qu'il mette son ressenti de côté s'il voulait conserver son autorité sur sa troupe...

Ces petits jeux d'influences furent toutefois vite oubliés dès que le convoi parvint dans les hauteurs montagneuses: Une pluie diluvienne le frappa un jour durant, éreintant hommes comme montures... surtout que cela se transforma en grêle dans la seconde journée!
Mais la troupe tint bon... et, un jour d'accalmie plus tard, enfin, le dernier col fut franchi... Le lendemain, dans la fraicheur humide du matin, la pierre et les rares broussailles avaient cédées le pas à une descente abrupte et brumeuse de forêt sans feuilles... Les arbres étaient tordus, étranges, comme en souffrance, et cet impression était renforcée par l'hiver qui les avait dénudés...

Mais avant d'attaquer la suite, peut-être est-il temps de décrire un peu plus en détail le convoi?

Il n'y avait que trois charriots, tirés par des chevaux de trait robustes mais déjà fatigués:
-Le premier était occupé par deux frères marchands, partis au Sud pour vendre plein de tonneaux... ce qu'ils contenaient? Lucrétia ne le savait pas, personne ne le disait... mais à l'odeur, la lahmiane soupçonna un genre de poix, et de produits alchimiques malsains...
-Le second était le plus cossu: Très grand, il transportait beaucoup de choses diverses: poteries, armes, alcools fins, bijoux... et sans doute d'autres choses... Il y avait trois marchands en charge, et une dure femme qui gérait quatre jeunes garçons qui ne semblaient les enfants de personnes...
-Le dernier contenaient des victuailles: du mouton salé à la mode du Wissenland, aux herbes du Wissenland, aux épices du Wissenland, et d'autres viandes travaillés au goût impériale: C'était une famille qui le gérait, le père, sa femme, deux fils costauds, et leur fille - presque aussi costaude...

L'escorte, dirigée par cet abruti de fred, était au nombre de 21, Lucrétia et Otto inclus... Dans celle-ci, il y avait une moitié de cavaliers, ceux qui - comme Lucrétia et Otto - possédaient des chevaux, les autres, payés moitié moins, étaient montés sur les chariots: beaucoup d'archers parmi ceux-ci... et un mage qui se la jouait mystérieux, encapuchonné de noir, et qui avait un traitement de faveur...
La forêt frontalière:
Quatrième jour... Alors que le convoi, environné de troncs noirs tordus et de brumes, serpentaient sur le versant sud de la dernière montagne...
BOUM BOUM BOUM BOUM BOUM BOUM!!...
Les tam-tams s'entendirent... de partout... Et un vent de panique commença à souffler sur le convoi...
Test de sens pour Lucrétia: 10, réussi facile
Avant même ces tambours qui se répondirent entre eux, la lahmiane avait repéré celui qui avait tonné en premier: là haut, à deux cent mètres à gauche sur une corniche, un guetteur... En réponse à cet ennemi seul, elle perçut deux autres groupes à tambours, et, forte de ses sens surhumains, sentit presque l'odeur forte des orques comme si elle était juste à côté d'eux... Ces deux groupes étaient à une centaine de mètres chacun en contrebas: Des dizaines de guerriers verts remontaient déjà la pente vers le convoi.

Gêné par les bruits de tambour, Fred ordonna:
-EN CERCLE AUTOUR DU CONVOI!!!

Mais Lucrétia le savait, le seul danger existant ne venait que d'en bas...

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia] Longue route vers le Sud... en hiver..

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

  • Suite à la proposition de la baronne, il y eut une demi-seconde de silence, le temps que passât l’information. Les deux marchands se regardèrent, et Lucretia nota chacun de leur regard ; l’un semblait pour le moins et excité, et ses yeux trahissaient sa furieuse envie d’accepter comme l’autre affichait une mine plus réservée, douteuse. Le plus enclin à l’affaire se renfonça dans sa chaise, comme s’il se préparait mentalement à jouer plus serré que jamais, tout en déclarant d’emblée qu’il était tout à fait partant pour ce faire. L’homme s’était déjà plongé dans le corsage de la jeune femme, s’imaginant gagnant après la piètre performance de Lucretia. Pourquoi diable se priver lorsqu’une offre si généreuse que cela était proposée ? Il existait bien de nobles femmes qui, par souci d’une probité hypocrite, refusaient de se donner librement au premier venu, et ce quand bien même l’envie de se faire bataculer comme une vulgaire rombière les harcelaient à plein temps. Si fait, la meilleure façon restait encore de sauver son honneur en proposant çà et là une activité annexe pour passer le temps, en sachant pertinemment que, de toute façon, cela revenait au même.

    Le second, quand à lui, rougit effrontément face à la proposition de la jeune femme qu’il avait devant les yeux. Contrairement à son compère, s’il était emballé par l’histoire, sa timidité l’empêchait de pleinement apprécier ces nouvelles règles du jeu. Toutefois, son comparse réussit à le motiver suffisamment pour qu’il acceptât enfin, et le petit groupe s’éclipsa pour monter à l’étage. Lucretia parvint toutefois à capter le regard de son sigisbée, et celui-ci n’en menait pas large ; endêvant en silence, il jetait de mauvais regards en direction des deux hommes sur le point de rejoindre la chambre de sa maîtresse. Elle ne fit aucun mouvement, mais n’en pensa pas moins ; il pouvait ronchonner tout son soûl, cela ne changerait rien. Cela dit, eu égard à ce qu’elle avait prévu, il était possible que les choses en viennent à mal tourner. Se rapprochant de son chevalier, juste avant de monter, elle lui glissa quelques mots.

    «Au pire, on se retrouve comme pour Bechafen. »
    Elle espéra qu’il eût assez de jugeote et de mémoire pour se remembrer la façon de trouver leur point de rendez-vous lorsqu’ils avaient fui la Taladélégation.

    Dans la pièce louée par Lucretia, les deux marchands s’impatronisèrent facilement, prenant leurs aises, s’asseyant dans le lit de la jeune femme comme si celui-ci leur était déjà acquis. Le plus excité des deux se jeta sur la proposition faite ; il prendrait la totale, multipliant sa propre mise par quatre. Le second, quand à lui, conservait son attitude réservée, mais suivit tout de même son compagnon.

    «Bien. J’aime quand les choses se corsent ; le jeu gagne soudainement plein d’intérêt. Quatre fois la mise, alors ? Pour ma part, je mise six couronnes. »

    Le plus hardi en prit ombrage ; cela lui sembla bien cher payé, même pour le corps de la baronne. L’autre hésita quelques secondes avant d’allonger la monnaie, mais simplement pour la première option. Elle en prit note ; le plus hardi ne possédait pas grand-chose, et son comparse non plus. Continuant de râler, le premier proposa de miser trois couronnes. Avec sa voix la plus sensuelle, Lucretia révisa donc les termes de ses règles.

    «Les jeux sont faits ; six couronnes pour toi, simplement, et… Trois couronnes pour toi, qui pourront s'élever jusqu'à douze... Et autre chose, si tu gagnes. »

    ***



    Ça, c’était la liberté, la vraie. Quitter l’éminent poste de diplomate et d’ambassadrice de la Comtesse Electrice Elise, s’enfuir du faste des festins et du confort des hôtels privés ; tout plaquer, en quelques mots, pour s’en aller rejoindre une caravane miteuse et passer du rang de baronne à celui de portefaix. Plutôt que de porter des lettres parfumées à la belle calligraphie, la voilà qui transportait des paquets et des caissons de médicaments ; plutôt que d’entretenir ses bavardises d’un certain cataglottisme qu’elle avisait raffiné, elle écoutait dorénavant le ahan pénible et douloureux de ses comparses, lesquels se rompaient le dos à soulever des amphores et des jarres. Fred les avait tous attribués à la main-d’œuvre générale afin de charger au plus vite la caravane et de respecter ses engagements, et Lucretia n’avait pas échappé à la règle, pas plus qu’Otto. Présentement sous les ordres du reître, ils n’avaient pas d’autre choix que de plier l’échine sous ses directives et de faire d’incessants allers-retours entre les entrepôts et les différentes charrettes et animaux de bâts. Si Lucretia ne ressentait pas à proprement dit la véritable fatigue physique, celle de l’esprit menaçait de la submerger. Elle avait autre chose à faire que cela, des ambitions bien plus glorieuses que de servir de rustres porteurs pour des crétins de marchands qui, bien installés dans leur carrioles, avaient les doigts de pieds en éventails. Et comme si cela ne suffisait pas encore, Fred, après la rouste que lui avait administrée Lucretia, semblait en vouloir personnellement à la jeune femme, la considérant d’un regard mauvais, ne desserrant jamais les dents sitôt qu’il lui adressait la parole, et s’arrangeant toujours pour lui confier les tâches les plus difficiles. Il semblait vouloir la faire craquer, lui faire quitter le convoi avant même qu’il n’eût le temps d’être prêt, et montrer à tous qu’il avait eu raison en ayant de prime abord refusé de la considérer. La jeune femme, de son côté, n’était pas connue pour son tempérament calme et discipliné, mais cela ne l’empêcha pas pour autant de prendre son mal en patience, et de ressasser toute cette rancœur qu’il avait à son égard, afin de le lui faire payer lorsque viendrait le moment.

    Enfin, la caravane fut prête à mettre les voiles. Si une trainée noire de personnes s’agglutinait de temps à autre devant la porte nord de Meissen, du côté de l’Empire, bien moins de monde ne s’y risquait à la porte sud, par ailleurs plus lourdement gardée. Toutefois, par mesure de précaution, l’on déclara interdit le passage du corps-de-garde pour étranger à la caravane, afin de libérer le passage. Montée sur un nouveau cheval récemment acheté par Otto, Lucretia s’engagea à la suite du cortège, enchâssée dans sa tunique de cuir tanné, pèlerine rabattue sur ses longs cheveux cuivrés.

    Le paysage nuancé de gris par les gros nuages qui tapissaient le ciel annonçait le passage de la pluie, ce que bon nombre de gens attendaient au sein de la caravane. Les lourds véhicules, bringuebalés par le cahot de la route, soulevaient à chaque nid-de-poule de la route asséché par le soleil des volutes épaisses de poussière qui rendaient l’air parfois difficilement respirable, à tel point que certains maraudeurs s’étaient noués un foulard au niveau du nez, à la manière des arabéens.

    La petite troupe de gardes chevauchaient côte-à-côte avec les trois chariots, gardant un œil sur l’horizon, guettant le moindre danger susceptible de surgir à l’improviste. Dans la grande plaine, de l’autre côté de Meissen, il n’y avait pas grand-chose à craindre, et si les montagnes se profilaient non loin, écrasantes de hauteur, il leur faudrait encore quelques temps avant de parvenir jusqu’à elle. Trompant l’ennui, les gardes comme les marchands discutèrent entre eux, les premiers se portant à l’allure de leurs homologues, les seconds en rejoignant le charriot d’un autre.

    Lucretia en profita à son avantage, aussi bien pour frayer avec les convoyeurs que pour connaître les marchandises ainsi transportées. Eu égard à la petite rouste qu’elle avait flanquée à Fred, elle avait les autre à la bonne, d’autant plus que sa maîtrise inopinée les avait tous conquis. En dégoisant un peu, les différentes remarques des gardes à l’encontre du capitaine lui indiquèrent que ses hommes ne le portaient pas véritablement dans leur cœur, le taxant de troll qui se battait comme un gobelin. Pouvait-elle parvenir à se les mettre dans la poche ? Elle y pourpensait déjà.

    «Ouais, il est plutôt naze, ce type, et il se bat comme une donzelle… Si vous voyez ce que je veux dire. Je suis sûre que sa grosse épée cherche à contrevaloir ce qu’il parvient facilement à dissimuler dans ses chausses, eh », répondit-elle aux autres reître sur le même ton, à voix basse, sans pour autant cacher un petit sourire sarcastique. C’était connu ; dans ce genre d’environnement, avec ce genre de mercenaires, toute action ou parole qui touchait à la virilité de ces messieurs voyait ses chances de succès multipliées par dix. Grâce à quelques dialogues supplémentaires et le fait qu’elle avait porté des caissons en tout genre, Lucretia se fit une petite idée de ce qu’ils étaient en train de convoyer.

    Se trouvaient ainsi dans le troisième charriot bon nombre d’aliments et de viande séchée, que ce fût du mouton, de la vache, du porc, de l’agneau ou du gibier. Le deuxième comprenait tout un ensemble hétéroclite d’objets en tout genre ; bijoux, parfums, armes, alcools et épices, poteries et autres bricoles. Enfin, bricoles, peut-être, mais l’ensemble représentait à lui seule une petite fortune qui surpassait de loin, semblait-il, la valeur marchande des deux autres charriots réunis.
    Il ne s’agissait là que d’une supposition, car Lucretia ignorait encore ce que dissimulait le premier charriot. Toutefois, ses sens aiguisés lui permirent de se faire une petite idée ; l’odeur dégagée trahissait des composants alchimiques, de la suie, du salpêtre, du souffre, de la poix ; tout le nécessaire pour se livrer à de joyeuses expériences spagiriques.

    La jeune femme dut toutefois interrompre ses discussions en cours ; une lourde pluie se mit à battre le monde de son crachin contendant, frappant les toiles bâchées des charriots et le cuir des selles, trempant les vêtures et humidifiant les cheveux. Le déluge sépara les compagnons d’armes et de parlotes ; tout le monde se renfrogna, rentrant la tête dans les épaules, s’abritant sous les capuchons de tissu, et le bruit assourdissant des gouttelettes s’abattant sur le bois et la charpentes des véhicules empêcha tout échange de parole. Seul côté positif de la chose ; l’épaisse poussière autrefois soulevée par les sabots des chevaux retomba aussitôt que s’était levée la pluie.

    Le second jour, le temps, loin de s’abeausir, empira que plus encore, et les gouttes se muèrent bientôt en grêlons ravageurs et douloureux. Il fallut tenir les montures ; ayant rejoint la montagne depuis quelque temps déjà, le chemin était devenu autrement plus délicat que les routes des plaines herbeuses, se transformant en raidillons pentus et abruptes, déformés par les torrents d’eau qui dévalaient les flancs des à-pics. Là encore, impossibilité de parler, et tout le monde se concentrait sur la tâche qui lui avait été assignée. Pour les gardes, cela se révéla être un véritable calvaire ; les traits indistincts de la grêle tombant drue floutait le paysage dans un brouillard dardé de petites pointes acérées, tant et si bien qu’il demeurait impossible de surveiller convenablement les environs. Ils serrèrent tous les dents en s’apercevant des reliefs déchiquetés du terrain, capable d’abriter une flopée d’ennemis derrière chaque rocher. Mais ils eurent tous raison de cet épreuve, sans rémora aucun, et, bientôt, le dernier col de la montagne fut franchi, et la caravane laissa dans son sillage le mauvais temps et la mauvaise humeur.

    Descendre des hauteurs, quitter la montagne et ses monts venteux fut salué par des petits soupirs de soulagement et de contentement. S’il régnait un petit brouillard ici-bas, il n’était aucunement dû aux retombées météorologiques de grêlons assommants, mais bien tributaire de la suspension de fines particules d’eau dans les airs, autrement plus agréable. Au plus le convoi avançait, au plus s’enfonçait-il dans un paysage étrange composé d’arbres sans feuille. L’on aurait dit qu’une tornade s’était abattue sur la lande, déformant les troncs, arrachant les rameaux les plus fragiles pour ne laisser que des branches basses et épaisses. Le brouillard environnant absorbait la lumière du soleil, et il régnait sur les lieux une inquiétante plénitude. Mais, là encore, rien ne se passa.

    Ce fut au quatrième jour, alors que le voyage touchait bientôt à sa fin, que débutèrent les premiers ennuis. Des écharpes de brume continuaient d’étouffer tous les sons que produisait la caravane, et les voix s’envolaient aussitôt qu’elles étaient prononcées, happées par le brouillard. Les brindilles craquaient péniblement sous les roues et les sabots des chevaux, sans pour autant se répercuter dans la totalité de la forêt, comme n’importe quel bruit l’eût fait en temps normal. Pareillement, ne résonnait nul chant de criquet, nul stridulation d’insecte, et aucun bruissement d’animal. La forêt semblait comme morte.

    Un lourd bruit tonna, bas, puissant, réveillant le couvert des arbres. Un tambour battit la mesure, non loin de là, et un autre reprit à son tour, en canon. Ce fut comme si un vent immatériel, invisible, incapable de faire bouger les branches des arbres, venait de se lever dans la forêt. La caravane frémit, comme un seul corps, à l’unisson. L’on savait bien ce que cela signifiait ; les orques n’étaient pas loin.

    Guidée par la répercussion des sons, Lucretia fut en mesure de localiser leur provenance. Les surplombant de leur hauteur, sur une corniche isolée, un guetteur et ses percussionnistes surveillaient le convoi sans même chercher à se dissimuler aux regards. Quelques aboiements, quelques signes, et les gardes se braquèrent sur eux, comme s’il s’agissait de l’unique source de danger. Si les yeux de Lucretia n’était qu’en mesure de deviner cette unique menace, ses autres sens devinèrent la présence de plusieurs autres groupes dans les environs. Elle puisa de longues et lentes respirations, décupla son ouïe. La provenance des autres sons comme l’odeur immonde qui montait peu à peu vers eux acheva de la convaincre qu’il s’agissait d’un piège tendu par les orques ; le véritable danger montait sus à eux, en contrebas de la pente.

    Un ordre retentit ; celui de se mettre en cercle afin de protéger le convoi contre toute attaque ennemie, d’où qu’elle provînt. L’idée était la plus indiquée qui fût lorsque l’on ne connaissait pas la provenance de l’adversité, et permettait d’être paré face à toute éventualité. Mais lorsque l’ennemi était localisé, mieux valait agir en conséquence. Elle démentit aussitôt l’ordre, talonnant sa monture le long de la caravane.

    «Ils avancent sur nous depuis le contrebas de la pente, au sud ! Les tambours de la corniche ne sont que des leurres, Archers, placez-vous dans les hauteurs, plein nord, et trouvez-vous un champ libre ! Que les hommes à pieds et montés protègent le convoi en prenant une ligne fixe sur le flanc de la pente, et qu’ils ne bougent pas tant que l’ennemi ne sera pas au corps-à-corps. Qu’ils laissent d’abord les archers clairsemer les rangs ennemis de leurs flèches ! »
    Je me mets en position aux côtés des hommes montés ou à pied, en restant sur la monture (cela offre des bonus de combat, d’après le wiki, semblerait-il).
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 16 juin 2015, 01:14, modifié 1 fois.
Raison : 6xp (parce que je ne peux pas donner plus) / 14xp
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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[MJ] Bonnepierre
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Re: [Lucrétia] Longue route vers le Sud... en hiver..

Message par [MJ] Bonnepierre »

L'auberge, le jeu...
«Au pire, on se retrouve comme pour Bechafen. »
Ces mots, susurrés au Chevalier Von Führ, avaient eu un drôle d'écho dans ses yeux, et il ne s'en cacha pas... car entre ici, cette auberge misérable, et le Palais de Bechafen, il y avait quand même un fossé... Rien de comparable... Qu'allait donc faire Lucrétia de ces deux drôles qui montaient avec elle? Otto s'inquiéta du pire, sans doute...

Il n'en sut rien de plus dans l'immédiat, mais en vérité Lucrétia se montra tout à fait accorte avec eux non pas?...
... du moins dans ce début de jeu...

18 couronnes avaient été posées sur les draps du lit par ses opposants - 6 du timide pour la plus prude dénudation en cas de gain- 12 par l'autre pour la totale - ... elle-même avait posé 6 couronnes...

-Ouais! T'es à moi si je gagne! Grogna le plus rustre avec envie.

Et cela joua aux dés - c'était un jeu de paris multiples, il fallait quand même un peu de jugotte:
Chance de Lucrétia: 11 -1chance = 10 / INT de Lucrétia: 1, réussite critique (-4) / Total: 10-20 = -10
Chance du teigneux: 4 / Int du teigneux: 12, raté de 1/ Total: 4 +1 = 5
Chance du timide: 10 / INT du timide: 5, réussi de 5 / Total: 10-5 = 5
Malgré des tirages moyens, Lucrétia sut gagner la partie en faisant d'excellents choix...
Le timide eut juste un air déçu - mais bon enfant - en vérité, celui là était peut-être bien plus riche qu'elle ne le croyait.
L'autre, par contre, elle l'avait bien cerné: il râla et tenta d'abuser:

-Bien joué, baïasse! tu me prends mes 12 couronnes c'est ça?... D'accord... d'accord...
Il s'était levé, ses paumes ouvertes en signe de reddition, mais dans tout le reste de son attitude Lucrétia lisait de la violence prochaine... regard vicieux et méchant:
-Je vais quand même avoir le droit à ma petite gâterie hein?!... 12 couronnes, c'est de la pute de luxe là!

Il allait se servir si Lucrétia n'y fit rien... (c'est à dire qu'il commença à vouloir la déshabiller lui même...)

Forêt brumeuse, des jours plus tard:
BOUM BOUM BOUM BOUM BOUM BOUM BOUM...
Alors que, scandée par les tambours guerriers qui résonnaient dans les bois noirs, l'angoisse était montée dans tout le convoi, Lucrétia, montée sur son cheval, avait démenti haut et fort les ordres donnés par Fred.

-Non mais c'est moi le chef, qu'est-ce tu fais là, greluche!! Non, j'ai dit que...!??? que...
Ainsi beuglant, le "soit disant" chef de la sécurité avait essayé de reprendre son autorité, mais il était finalement resté béat de voir ses "soit disant" hommes obéir à la lahmiane.
Ayant su blaguer avec eux, dotée d'un charisme époustouflant, et d'une hardiesse et dextre qui avait mis le Fred minable lors de son engagement, ils l'avaient appréciée dès le début...
... le fait que présentement elle paraissait la seule à savoir vraiment ce qui les attendait avait achevé de les gagner à sa cause:
Les archers remontèrent la pente, les guerriers et cavaliers la descendirent pour se placer tel un mur de défense avec elle...

Et grand bien leur en pris!
En effet, les multiples tambours, venant de partout, étaient destinés à désorienter l'ennemi, diviser ses forces... Mais l'ennemi vert, zigazaguant entre les arbres en silence, vint en effet "d'en bas"!

Image

Grâce à Lucrétia, des tirs organisés massacrèrent les premiers rangs orques avant qu'ils n'arrivent au contact... C'est qu'ils étaient une bonne cinquantaine, à la base!... Seulement une trentaine y parvint.
lucrétia ATT: 6, réussi / dommages (visés hors armure?) : 23 (épée) + 32 (FOR x2) -9 (END) = 46pv
Riposte: 16, raté
Seconde ATT de Lucrétia: 14, réussi (visé hors armure?): 24 (épée) + 32 (FOr x2) - 9 (End) = 47pv, il est mort...
NB: ne sachant pas ta stratégie, je t'ai fait viser (à-2) dans les points sans armure... tu n'as pas d'épée longue dans ton équipement, mais je gage qu'en fait tu en as une (Otto te l'aura donnée sinon...))
Juchée sur son cheval, bonne cavalière grâce aux leçons passées d'Otto, Lucrétia pulvérisa un orque en deux frappes précises...

Mais autour d'elle, tout n'allait pas si facilement... Certes Otto, superbe cavalier en armure solide, avait dominé son ennemi direct, assurant la résistance près d'elle, mais certains mercenaires se faisaient bien malmener... Des orques avaient passé le rempart humain, ils allaient droit sur le premier charriot!
Fred, seul à pouvoir les arrêter, battit en retraite en beuglant piteusement: "Archers archers!"
ZOUFRRR! Fort heureusement, une boule de feu du mage encapuchonné les balaya...

Mais la brèche était toujours présente...
Lucrétia y alla t-elle, quitte à se prendre deux ou trois orcs en même temps?... Ou tant pis pour le convoi, préféra t-elle rester où elle était, où seulement un orc pouvait lui venir sus?... battit-elle carrément en retraite, après tout qu'ils se débrouillent?...
bilan à,l'arrache:
sur le front où tu es présentement, entre toi et Otto, vous avez calmé les orcs, ils refluent ailleurs...
Il y a une brèche dans le front qui va s'agrandissant, le mage ne saura pas seul la juguler... Toi ou Otto devrait y aller si vus voulez limiter la casse...

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia] Longue route vers le Sud... en hiver..

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

  • L’éclair de surprise qui avait jailli dans les yeux de son chevalier servant sitôt que Lucretia avait abordé le sujet d’une possible retraite ne lui échappa pas. A vrai dire, elle s’en était même inquiétée ; s’il y avait bien eu de la stupéfaction, aucun éclair de compréhension n’était survenu pour effacer l’étonnement de ses traits. Le message n’était pourtant pas bien compliqué, et, pour suivre les directives de la jeune femme, il lui eût suffit de quitter la ville vers le sud, et de s’arrêter à la première auberge rencontrée sur la route. Là-bas, si les choses venaient à mal tourner, elle l’eut rejoint. Cette directive pour le moins spécifique, dictée à l’intention d’Otto, laissait présager du pire, certes, et l’homme nourrit de vives inquiétudes quant aux possibles actions de sa maîtresse. Qu’il s’en rassurât ; il n’était pas le seul à éprouver une certaine appréhension, quoique pour une toute autre raison, laquelle n’était pas autre que le manque de compréhension de son chevalier.

    Là, de nouveau dans la chambre de Lucretia. L’ambiance s’était quelque peu détendue dans la pièce lorsqu’elle avait agréé à modifier la somme qu’elle était prête à mettre en jeu, et tout le monde avait suivi. Toutefois, une certaine tension restait palpable, dans la chambrée ; les gestes nerveux du premier marchand, le plus hardi des deux, trahissait la pression qu’il vivait, si désireux de faire sienne cette jeune femme qui, d’une façon tout à fait délibérée, s’était à moitié allongée sur le matelas, repoussant sa chevelure en arrière, dégageant sa nuque et son corsage, et jouait à présent avec les liens qui unissaient les deux pans dissimulant encore sa poitrine. En fin de compte, la tension n’était pas uniquement présente dans l’air, mais également dans les chausses du marchand, plus que jamais, et il ne pouvait la quitter du regard. Son cœur battait à tout rompre, et son sang pulsait dans ses veines et ses artères, à travers tout son corps, et s’étranglait plus spécifiquement encore dans son bas ventre. Tout cela, Lucretia le percevait, le sentait, et était à même que de l’entendre. Elle lui jeta un autre de ses petits sourires.

    Les dés roulèrent, et, avec eux, tombèrent les premiers chiffres. Le premier marchand l’esprit obnubilé par la jeune femme, fit quelques lourdes erreurs dans sa façon de conserver ses valeurs les plus fortes afin de jeter de nouveaux les plus faibles, dans le but de former de nouvelles combinaisons. Il laissa passer trop d’occasions pour pouvoir gagner à plate couture, encore que la chance lui sourit à quelques reprises. Il fit un score honorable, mais le battre, sauf malchance évidente, s’avérait tout à fait possible.

    Le second marchand, quant à lui, arborait une expression bien plus calme, que venait d’autant plus renforcer sa timidité. Il demeurait serein dans sa façon de jouer, et ses choix n’étaient pas dépourvus d’une certaine stratégie. En vérité, peut-être que le manque de témérité qui dont regorgeait le premier avait fait défaut au second, et que la prudence de ce dernier, qui manquait au premier, l’avait desservi. Si les deux hommes étaient venus à s’accorder et à jouer de concorde, usant de leurs caractères si différents mais complémentaires, nul doute que Lucretia se serait vue forcée d’abdiquer, et que quelques pièces de vêtement auraient atterri par terre. Mais ils jouaient chacun de leur côté, avec leurs objectifs propres, leur somme propre.

    Lorsque ce fut à son tour de jouer, la Lahmiane s’essaya à quelques exercices mentaux. Tenant les dés dans sa dextre, elle s’imagina la force qu’il lui faudrait pour faire rouler les petits cubes à une certaine vitesse, laquelle engrangerait un certain nombre de rotation sur le sol avant d’afficher la face qui lui seyait au mieux. Cela sortait presque du domaine du possible, même pour une créature telle qu’elle. Pourtant, la jeune femme demeurait certaine que cela fût possible, à force d’entraînement et de volonté. Elle jeta les dés.

    Rien n’en fit ; elle avait beau avoir essayé, il sembla que ce fût davantage du ressors de la chance plutôt que de sa maîtrise du jeu et des dés. Particulièrement bien astrée en cette soirée, Lucretia ressortit du pari avec un premier jet très convaincant. Elle s’avisa du résultat de ceux de ses partenaires, jugea des combinaisons nécessaires pour les vaincre, et, en choisissant judicieusement les dés à rejeter, parvint à l’emporter avec une belle avance. Sa gestuelle et ses choix présent démentaient son impéritie passée en la matière, mais qu’importait ; les dés avaient tranché, et l’avaient désignée gagnante.

    Le timide, une nouvelle fois, n’en prit point ombrage, et accepta le jugement de la chance et de la stratégie. Il semblait quelque peu déçu, mais, eu égard à la mine confiante qu’il arborait tout de même, ces quelques six couronnes qu’il venait de perdre ne représentaient pas grand-chose face à la totalité de son saint-frusquin. Lucretia se demanda même si ce n’était pas lui-même qui avait plumé le plus hardi des deux, tout à l’heure, alors qu’elle venait juste de faire son entrée dans la grande salle de l’auberge.

    En parlant du loup, le premier marchand quant à lui, sembla dans un premier temps s’avouer vaincu ; bras levés, paumes ouvertes vers le haut, il se rendait à elle. Mais son regard dur, ses gestes brusques, et le ton de sa voix trahissaient un tout autre dessein, qu’il ne tarda pas à dévoiler dans un choix de mots crus et vulgaires. Lucretia, toujours affalée sur le lit, pencha légèrement le visage sur le côté, dans une attitude suffisante et provoquante.

    «Tu bandes, mon choux ? Tu veux que je te taille une pipe, pour les douze couronnes que tu m’auras laissées ? Cela peut se faire. » Dans un sourire qui n’avait plus rien d’accort, devenu soudainement aussi froid que la glace, la jeune femme se redressa subitement. Une dague, sortie de nulle part, venait d’apparaître dans sa main. Elle s’approcha de l’homme, comme une louve jouant avec un agneau esseulé.

    «Je te la fais. Mais, juste après, je profite de ta raideur pour te scarifier ta virilité. » Il n’y avait plus rien d’aguicheur dans le ton de sa voix, plus rien de joueur dans son attitude, et nulle joie n’égayait à présent son regard smaragdin. Elle était plus sérieuse que jamais, prête à mettre à exécution sa menace. « Imagine, lorsque tu auras pris ton indicible plaisir, le fil aiguisé de cette dague s’apposant tout doucement sur ton gland. Comme si les simples mots ne suffisaient pas, elle mima le geste, posant sa lame sur son pouce. Là, alors qu’aucun mouvement n’aura été fait, tu sentiras immanquablement le froid s’emparer de tout ton être, gouttant au tranchant glacial de la lame. Et, tout doucement, je cisaillerai, de gauche à droite, déchirant la peau lisse de ta chair rosée. »

    L’ancienne baronne de Bratian arrêta le mouvement représenté sur son pouce, sans pour autant que la dague eût jusqu’alors mordu dans son doigt. Elle plongea son regard dans celui du marchand, demeuré coi tout du long de l’horrible explication, et cilla, une simple fois.

    «Alors, on joue ? Mmh… Si jamais tu ne cries pas alors que je m’exécute à l’aide de mon petit poignard, je te rends tes douze couronnes. Commençons ! »
    Arborant le sourire le plus sadique dont elle disposait dans son répertoire gélasin, Lucretia se mit à dénouer les chausses du marchand.



    ***



    Talonnant sa monture, Lucretia s’était époumonée en clamant haut et fort ses ordres, patrouillant de long en large le petit sentier sur lequel s’était arrêtée la caravane. Si elle était née Lahmiane sans aucune connaissance de la guerre, la vie qu’elle avait par la suite vécue l’avait transformée de bien des manières, et l’art martial faisait désormais partie de ses compétences. Certes, elle n’était probablement pas la plus experte qui fût en la matière, mais elle en connaissait suffisamment assez pour prendre à contre-biais la peur qui s’emparait de tout homme soumis au danger. La présence, dans un premier temps, reconnaître une figure alliée lorsqu’il y en avait une, et leur faire sentir qu’elle ne les abandonnerait pas. En patrouillant de la sorte, elle s’était exhibée aux yeux de tous. La parole, que ce fût par un long discours galvanisant, ou la plus criante des vérités. Et des directives, afin de les occuper. Car un mercenaire prenant peur n’était jamais apte à penser par soi-même, et lui donner une visée, un but, lui permettait de se focaliser dessus, et la concentration nécessaire à l’accomplissement de l’acte prenait le pas sur l’appréhension qu’il vivait.

    Dans une autorité toute puissante qui venait appuyer ses compétences aussi bien martiales que dans le domaine du commandement, Fred tenta tant bien que mal de se faire entendre et obéir. S’il réussit son premier objectif, invectivant et aboyant à tort et à travers, se faire écouter relevait d’une toute autre chose, et il ne put que constater l’ampleur de son échec lorsque ses hommes se mirent à se mouvoir pour suivre non pas ses directives, mais bien celles de la jeune femme. En fin de compte, il ne put qu’ouvrir la bouche dans une mine d’intense stupéfaction, commençant à bégayer sous l’effet de la stupéfaction. Il ne lui en fallut pas davantage pour définitivement perdre tout le crédit qu’avaient un jour pu lui accorder ses hommes.

    Lucretia lui tourna délibérément le dos, faisant volter sa monture dans l’autre sens, et s’en alla rejoindre les rangs nouvellement formés de ses troupes. Un mur d’hommes et de chevaux se dressa bientôt en amont de la pente, mur que venait surplomber une deuxième rangée d’archers, arc bandé en main, sagettes en attente. Les tambours de guerre résonnaient toujours de plus en plus fortement à mesure que l’ennemi approchait, battant la mesure dans ce rythme endiablé que connaissaient parfois les galères et leurs esclaves. La rencontre, le combat était imminent. Ils les virent alors, ces créatures abjectes et difformes mais étrangement bien musclées, puissantes, et redoutables par leur nombre. Vêtues de peaux de bête et de tuniques maladroitement ravaudées et cousues, armées d’un ensemble de haches et d’épées de mauvaise qualité, les bestioles affluaient vers eux. Un seul geste de la Lahmiane, et les premiers assaillants mordirent la poussière ; une pluie de flèches franchit la distance qui séparait les archers de leurs cibles, noircissant le ciel nuageux de traits noirs et sifflants, et la retombée mortelle clairsema les rangs. Quinze secondes plus tard, et se réitérait la même opération, fauchant les orques.

    Si bon nombre de peaux-vertes tombèrent, ce ne fut hélas pas suffisant, et une quantité plus grande encore vint frapper les rangs humains, se ruant à leur rencontre. Les boucliers se dressèrent tandis que les hommes campaient sur leur position, les mains raffermirent leur prise autour des manches des épées, et l’on répondit, coup pour coup. Des mercenaires tombèrent, des cheveux hennirent de douleur, se cambrèrent, éjectant çà et là un cavalier.
    Lucretia, forte des leçons de son sigisbée, contrôla sa monture, et frappa avant même qu’un orque eût le temps de véritablement la menacer. Un premier coup l’affaiblit plus que de raison, rendant sa frappe inoffensive ; elle obvia le coup, et sa réplique fut sans appel.

    Tout près d’elle, Otto fit un sort à sa propre créature. Ils croisèrent leurs regards, jugèrent ensemble de la situation, en une fraction de seconde ; certains de leurs alliés étaient en train d’être dépassés par les évènements, et il leur fallait agir. Des orques s’étaient affranchis du mur de lames qui formait un rempart humain protégeant l’un des charriots, et courraient sus à celui-ci, prêts à massacrer une famille ou quelques marchands. Alors qu’ils furent sur le point de se rejet à leur poursuite, une déflagration retentit, et le sol sembla se soulever dans une explosion gigantesque, emportant avec lui les restes calcinés des peaux-vertes. Si une odeur de viande trop cuite vint chatouiller les narines de Lucretia, celle-ci n’y prêta guère plus attention ; la brèche par laquelle s’étaient engouffrés les orques n’avait pas encore été comblée, et la menace, toujours présente, risquait de transformer cette faille en leur future défaite.

    Lucretia n’avait de compte à rendre à personne, et risquer sa vie ne demeurait pas dans ses priorités les plus élevées. Toutefois, sa suffisance et sa vanité la poussaient à sous-estimer les orques, bestioles du même acabit que, à ses yeux, la plus abjecte et la plus insignifiante des créatures. Aucun danger, pour le moment, ne la guettait véritablement, et elle était certaine de pouvoir vaincre ces immondices sur pattes. Et, toute cette action, n’était-ce pas là ce qu’elle avait demandé ?

    «Otto, avec moi ; comblons cette brèche, et protégeons le convoi ! »


    Mais bien sûr que si, que tu peux. :mrgreen: Genre tu les stockes et les rajoutes en bonus à la fin de mon combat gagné. :cool:
    Je me demande même, parfois, si je ne devrais pas faire plusieurs postes. Je me sens grugée. è_é
    J’utilise effectivement coup précis sur les endroits non protégés (sauf la tête). J’esquive si l’on m’attaque (Sang Vif peut être un plus). S’il le faut, au bout de deux tours, Régénération Impie referme une partie de mes blessures.
    Ah, oui, il est aussi étonnant qu’aucune épée ne soit indiquée dans mon inventaire. =P
    (Et je vais défendre le convoi et la brèche, donc).
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Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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[MJ] Bonnepierre
Messages : 761

Re: [Lucrétia] Longue route vers le Sud... en hiver..

Message par [MJ] Bonnepierre »

Meissen. Chambre d'auberge, le jeu...
Sans doute plus gêné par la dague sortie par Lucrétia que par son attitude ou ses paroles doucereusement menaçante, le marchand teigneux avait dégainé sa rapière:

-Hélà, catin! Qu'est-ce tu fais avec ça en main? Tu préfères te faire percer d'acier plutôt que par la chair de ma verge?

Il balaya l'air devant d'un sifflement de sa fine lame, pour empêcher la lahmiane d'approcher... Mais, se tenant quand même sur ses gardes, il ne lança pas pour autant l'assaut:.. Sûrement que tuer des femmes dans les chambres, ça faisait trop désordre...
-Je connais des gens ici à Meissen, tapineuse! Des importants! Je pourrais te balafrer ta jolie gueule sans que personne me cherche noise ensuite!... Allez, va, rends nous notre or et dégage de ma vue!
Un geste menaçant de la rapière ponctua ces derniers mots. Sûr de sa supériorité masculine, il pensait manifestement que ce genre d'intimidation fonctionnerait.

Du reste, point besoin de "rendre éventuellement" son or à son compère: celui là était déjà en train de quitter la chambre sans demander son reste... Des règlements de comptes à l'acier, très peu pour lui!
Forêt brumeuse, des jours plus tard:
BOUM BOUM BOUM BOUM BOUM BOUM BOUM...

Tandis que la bataille faisait rage, la cavalière rousse et son Chevalier en plates longèrent l'arrière du mur de mercenaires pour fondre sur les orques qui passaient par une brèche:
test d'équitation: 8, réussi
frappe précise (et puissante du fait de sa charge): 19, raté...
Riposte orque sur le cheval: 20, maladresse / suivi de 3, réussi
Hélas, peut-être un peu trop sûre d'elle, Lucrétia manqua sa charge équestre sur l'ennemi qu'elle s'était assignée... Fort heureusement, celui-ci, visant la monture, manqua juste en retour de se casser la gueule...

En même temps, Otto, faisant montre d'une expérience certaine, envoya au loin un autre orque ensanglanté de sa charge cavalière, dispersant en même temps les autres peaux vertes de la brèche...

Les orques n'étaient pas si stupides: leurs archers, s'étant planqués dans les brousses alentours, visèrent les deux cavaliers, lesquels faisaient clairement figures de "chefs"...
Tirs orques sur Lucrétia: 15, 13, 14, tous ratés
Si les flèches sifflèrent sans toucher la lahmiane montée, l'une d'elle perça néanmoins Otto au flanc... Mais le chevalier, bien armuré, et maître de son cheval, n'en montra presque aucune gêne. Il cria à Lucrétia:
-Descendez de cheval, Madame! Vous êtes bien meilleure à pieds! Et ferez une moins belle cible!
Lui-même repartait prendre son élan en contournant un grand tronc à l'écart... sans doute pour mieux relancer une charge ensuite!
A cheval, il s'agissait de toujours rester en mouvement...

Un puissant mur de feu se dressa alors en contrebas, bouchant la brèche, d'où seulement une demie douzaine d'orques étaient passés...
Le mage, un homme encapuchonné de noir - capuche d'où émergeait des cheveux très roux - s'il restait en retrait, n'en demeurait pas moins actif... et son sort, ce gigantesque mur de flammes de 4 mètres de haut, brûlants nombre d'orques, témoignait d'une maîtrise magique certaine!

Mais, oh! Un orque - déjà passé par la brèche - lui court dessus, hache à deux mains brandie!... ledit mage s'en sortira t-il face un ennemi à son contact?
Bilan à l'arrache:
tu es toujours à cheval, ce qui gêne un peu tes mouvements et te prive de certaines NA si tu restes en mouvement dessus (l'animal est plus lente que toi, il ne fait qu'un mouvement par round...)
Otto va revenir en charge équestre, sans doute latter un des orques passés par la brèche.
Il y a environ 4 orques passés par ladite brèche, mais Otto les a bien dispersés...
Le mur de feu a bloqué la brèche, en crâmant des ennemis...

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia] Longue route vers le Sud... en hiver..

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

  • Il s’était bien vite relevé, le bonhomme, en voyant la dague de Lucretia s’aventurer un peu trop près du côté de ses bourses. A tâtons, ses mains avaient parcouru le matelas, et ses pieds avaient glissé sur le sol, suivant le rebord du lit, et ce jusqu’à être suffisamment éloigné de la jeune femme pour se mettre debout. Là, après avoir fouillé la pièce du regard, il s’était emparé de son épée. Il avait beau avoir la dégaine belliqueuse et le verbiage agressif, Lucretia percevait comme des relents d’incompréhensions ; les choses avaient effectivement basculé vers une situation qu’il n’avait jamais imaginée en pénétrant la première fois dans la chambrée. En l’entendant vociférer de la sorte, elle eut un petit rire, et ses yeux pétillaient librement, comme si elle avait un enfant devant les yeux.

    «Allons allons, voilà qui n’est vraiment pas sérieux ! J’aurais bien souhaité la seconde solution, mais, hélas, vous avez perdu aux dés, et je ne peux décemment pas revenir en arrière. Soyez certain que j’en suis des plus accablée. »

    Son sourire ne s’agrandit que plus encore, avec une telle clarté, une telle sensibilité, que cela en devenait véritablement insolent. Elle rangea sa dague, calmement. Celle-ci demeurait toutefois à sa portée, prête à être dégagée au moindre mouvement suspect. La Lahmiane savait qu’elle en était capable, et qu’elle tirerait l’arme au clair bien avant que l’épée du marchand ne pointât en sa direction. Elle fit un pas en avant, laissant le fil de la lame adverse sur sa gauche.

    «Vous ne ferez rien, et moi non plus. Je ne suis présentement plus armée, et la moindre attaque qui me sera portée vous mettra dans une périlleuse situation. Car, sachez bien que je puis me montrer ô combien convaincante, vous-même l’aurez remarqué en montant dans ma chambre pour y déverser tout cet argent que vous avez-vous-même perdu, tout seul. Et comme vous l’avez gagé au jeu, et que celui-ci tourna en votre défaveur, il ne vous sera aucunement rendu, et je le garderai. S’il y a une personne qui doit dégager, c’est bien vous, et non pas moi, car vous êtes présentement dans ma chambre. Dernièrement, s’il m’arrive la moindre chose, mon chevalier servant, l’homme à qui j’ai parlé juste avant que nous montions à l’étage, se fera une joie de vous pourfendre. Là aussi, j’ai suffisamment su le convaincre pour qu’il s’exécute de la sorte. Alors, avec tout cela, je vous le demande ; remettre-vous en cause votre propre probité en attaquant une jeune femme sans défense après vous être fait plumer par celle-ci, dans le simple but de pouvoir profiter de ses charmes ? »

    Elle jeta un petit coup d’œil à son comparse qui, lui, bien indiqué, venait de fuir de la chambrée.

    «Prenez donc exemple sur lui. Sans quoi, et ce d’autant plus si vous connaissez effectivement du monde céans-même, votre réputation en pâtira. »

    ***



    Quelques flèches volaient encore, perforant armures et muscles, et quelques hommes tombèrent. Non loin de là, une énorme hache, maniée par un orque tout aussi énorme, vint se ficher dans le crâne d’un soldat, qui tomba à genoux. Un cheval eut la patte brisée par un marteau de guerre ennemi, et s’écroula sur le sol tapissé d’aiguilles de pin dans un concert de hennissement déchiré. Le cavalier chuta de concert avec sa monture, et tarda trop à se relever ; le marteau s’abattit sur lui de toute sa masse, broyant le fer de son armure, les maillons de sa cottes de mailles, et sa cage thoracique. Plus loin, au niveau de la brèche, quelques guerriers tenaient encore tête aux peaux-vertes ; l’une d’entre elle gisait au sol, traversée par une épée abandonnée, comme une autre titubait bêtement, l’espace de quelques secondes, venant tout juste de voir sa tête être décollée par un habile coup de taille. Venant au secours de leurs écœurants confrères, d’autres orques se précipitèrent au-travers de la brèche, sus au convoi.

    Ayant écouté les ordres de sa maîtresse, Otto virevolta sur sa monture, et, après l’avoir fouettée de ses talons et de la bride, se lança droit sur eux. Lucretia le suivit de près, collée à ses talons. Le terrain n’était pas si traître que cela, sur le petit sentier où s’était postée en contrebas la ligne de défense humaine, et, après avoir évité quelques basses branches, fut rapidement sur les lieux. Décidée à profiter de l’avantage conféré par la vélocité de sa monture, Lucretia s’essaya dans un ample coup de taille, fauchant les airs du fil aiguisé de son épée. Bien qu’elle se fût bien penchée sur le côté, la jeune femme rata son attaque, et l’orque, après un prompt pas sur le côté, contrattaqua en retour. Le mouvement effectué fut au moins aussi désordonné que celui de l’ancienne baronne, et, plutôt que de l’attaquer, elle, l’orque visa l’encolure du cheval. Désemparé par la vitesse de la bestiole, il n’eut pas d’autre solution que d’agir dans l’urgence, levant hautement son arme dans le but de la rabattre aussitôt. Emporté par son geste, il trébucha, fit un pas en arrière, et une traître racine vint le faire choir. Hélas, personne ne se trouvait à ce moment-là dans les environs pour l’achever en propre et due forme.

    Les archers orques comme humains avaient eu tout le loisir de s’emparer d’une nouvelle flèche avec laquelle ils bandèrent leur arc. Lâchant brusquement la corde, des traits acérés s’envolèrent de part et d’autre du champ de bataille, traversant les landes ensanglantées où gisaient dans la mort humains et peaux-vertes. Lucretia le sentit aussi qu’elle l’entendit ; elle était la cible de bon nombre de flèches dont les légères bourrasques retentirent à ses oreilles. Un petit ricochet métallique lui annonça, juste devant elle, qu’une pointe venait de toucher une armure ; relevant le regard, elle s’aperçut qu’Otto venait d’être frappé. Rien de grave en apparence, et il fut fort possible, l’objet n’ayant apparemment pas percé le métal, qu’il ne s’en fût pas même avisé. Le jeune homme, plutôt préoccupé du sort de sa maîtresse, lui lança à son tour ses conseils.

    Il n’avait pas tort ; mieux valait pour elle qu’elle démontât et se battît à pied. D’une légère poussette sur son pied gauche, Lucretia prit appui sur l’étrier droit ; sa jambe gauche décrivit une gracieuse et large courbe avant qu’elle ne descendît de la monture, déjà prête à croiser le fer avec quelque orque qui aurait le malheur de croiser sa route. Relevant le regard aussi bien que sa garde, elle s’avisa des créatures dans les alentours.

    La ligne d’infanterie continuait de tenir bon, boucliers contre épées, retenant la marée orque sans cesse plus clairsemée. Toutefois, plusieurs de ces créatures s’étaient également aperçus de la brèche et rompaient le combat, dévissant pour s’engouffrer au-travers des rangs humains. Les archers continuaient de faire pleuvoir la mort par-delà les hommes d’arme, mais certains s’étaient également rapprochés, prêt à combler la brèche ou, à tout le moins, décocher des flèches à ceux qui tenteraient de la franchir.

    Six orques s’engouffrèrent dans cette même brèche, se ruant aussi bien sur Lucretia que sur les archers et le convoi. Deux furent aussitôt cloués au sol par quelques sagettes habilement décochées, et les autres se dispersèrent, mais toujours en territoire allié. Lucretia allait se ruer à leur contact lorsqu’une nouvelle déflagration retentit.

    Un mur de flammes déversa des torrents de feu sur les proches environs, là où béait la brèche humaine, carbonisant tout sur son passage. Les armures des orques qui se trouvaient non loin de là fondirent sous l’effet de la chaleur générée par cette subite fournaise, et les poignées métalliques de leurs armes rongèrent leurs chairs verdâtres, s’imprimant dans leurs grosses pattes. Le mage, encore lui, venait d’obstruer une faiblesse stratégique de premier plan dans le flanc des humains. Cela pouvait être vital, mais Lucretia fronça se renfrogna malgré elle ; elle n’appréciait pas trop le fait qu’un tel mage fût dans les parages, l’un de ces alliés pouvant subitement se muer en adversaire pour une raison comme pour une autre. Et le sorcier du collège flamboyant se révélerait sûrement comme étant un adversaire à ne pas prendre à la légère.

    Ce petit interlude, tout en son et lumière, ainsi que le cours de ses pensées, la détournèrent de ses attentions premières, et le paysage ne fut plus tout à fait le même. S’il demeurait encore et toujours ces quatre orques, voilà qu’un nouveau venait de faire son apparition, courant sus au mage. La possibilité que, ainsi occupé par un adversaire, l’homme ne fût plus en mesure de tenir le mur de feu l’effleura, sans compter la possibilité qu’un tel ennemi, au contact, eût toutes les chances de le vaincre. Elle ne réfléchit pas davantage, et se rua en travers du chemin de la créature, bien décidée à l’abattre avant qu’il ne puisse causer le moindre mal. C’était, d’ailleurs, une option de taille pour transformer un potentiel ennemi en un allié certain.

    Même chose qu’au-dessus, pour le combat. =P
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 21 juin 2015, 21:26, modifié 1 fois.
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Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
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- Sacoche de chanvre
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