Le post du tiléen !

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Piero Orsone
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Le post du tiléen !

Message par Piero Orsone »

Ici je posterais des chansons , des textes , et des photos de mon tatou de compagnie ! En tout premier , un texte fort agréable.

Une Terre dénuée de principes

Le soleil était haut dans le ciel , harassant sans traitement de faveur tous ceux qui pointaient leur nez dehors. La chaleur avait desséché la végétation arbustive de la région , et rendait l'herbe jaune et cassante sous le pas d'un voyageur et de sa bête. Il avait des cheveux grisonnants et une barbe dure et inesthétique de la même coloration. Ses vêtements de voyage étaient élimés et trahissaient son statut modeste. Il tirait la longe d'un âne presque aussi rabougri que lui , mais ce dernier avait un pas sûr idéal pour ces chemins au cœur de la garrigue des Principautés frontalières. Quatre jours de voyage depuis Secbourg et précédemment quatre pour y aller. Si les dangers du voyage étaient nombreux et la mort quasiment assurée le risque en valait la chandelle. En effet à travailler jour après jour la terre , il sentait poindre l'hiver de sa vie et ce brave baudet allait lui permettre de soulager une partie de son labeur. Il pria les dieux que son voyage se poursuive sans encombre maintenant que sa ferme était toute proche , seulement certains devaient avoir un étrange sens de l'humour.
Alors qu'il descendait de son sentier de chèvre pour rejoindre une route de plus grande envergure il vit une escarmouche , événement si courant dans ce pays désolé que l'on se souvient plus des jours sans que des jours où il s'en déroule. Deux loufiats du cru agitaient leurs lames face à un étrange hurluberlu à chapeau qui braillait à attirer la moitié sud du vieux monde :
« Bastardo ! Fellone ! S'en prendre à votre client ! » Se chagrina-t-il en parant un coup de schlass avec son sabre.
L'autre malandrin essaya de l'avoir à revers mais le chapeauté dégaina un pistolet en sa direction et un plomb lui explosa au visage. Il se tint le fouillis de cartilage et de chair sanguinolent et criblé d'éclats en poussant un cri rauque chargé de douleur.
« Jette ton arme ladrón et toi et ton compañero pourrez fuir dans l'antre fétida d'où vous êtes sorti ! »
Le bandit balança son coutelas et attrapa le blessé par les épaules pour disparaître dans les broussailles sous le regard du pistolero. Jugeant qu'il pouvait s'approcher sans risque d'un coup perdu , le voyageur récupéra son âne par la longe et se retrouva face à l'aventurier. Il avait des habits de myrmidien , colorés et exubérants , de grosses plumes d'oiseaux tropicaux ornaient son chapeau qui abritait du soleil sa gueule mat sertie d'une moustache lustrée.
« Holà hombre au bourricot , j'espère qué vous n'êtes pas vénou me détrousser , j'ai mon quota de combat pour la giorno !
-Non m'sire...Je che'che just'à rentrer ch'moi. Balbutia le voyageur , assez méfiant.
-Et quel est ton nom ? Demanda-t-il en rechargeant son pistolet.
-Ecbert , m'sire.
-Alors tout d'abord saches que tou as affaire au mirobolant Piero Orsone da Trantio ! Scanda-t-il avec une posture de comédien de scène à une foire avant de reprendre : Les affreux que tou as vou je les avais engagé comme guide. Mais il semblerait qué cé n'était pas des uomini d'honneur , ils voulaient me détrousser !
-V's êtes dans les principautés m'sire , v's auriez dû être plus vigilant.
-Enfin lé problème est réglé...Le nouveau par contre...S'interrogea-t-il en se tenant le menton dans entre le pouce et l'index avant qu'une idée saugrenue ne traverse son esprit.
-M'sire ?
-Ecberto , connais-tou le seigneur Denté ?
-Oui m'sire pour...
-Perfetto ! Perfetto ! Tou pourras me conduire à lui !
Il se précipita sur le vieux et lui serra les mains frénétiquement.
-Mais...
-Et moué qui craignait de devoir errer dans cette terra maudite comme oune idiota ! Pour la peine tu auras oune...non deux pièces !
-Enfin...
-En route ! Il vaut mieux arriver avant la notte ! » S'exclama le tiléen en s'avançant sur le chemin en plantant son guide.
Résigné , Ecbert décida d'accompagner le méridional , se disant que de toute façon il serait plus en sécurité avec un gaillard à ses côtés que seul. Il avait le pas vif de l'homme confiant , inattentif à ce qui pourrait surgir d'entre les chênes verts et les noisetiers.
Ils longèrent des fours à cade qui prenaient la poussière le long des routes , délaissés après une quelconque guerre locale. Le natif de la région craignait les représailles des bandits , surtout si ils appartenaient à une bande , voire pire , si ils étaient à la solde d'un seigneur du coin. Combien de bougre avait fini pendu pour avoir tenu tête aux mauvais ruffians ? On ne tenait guère d'archive dans les confins des royaumes des hommes.
« Tou sais Ecberto , depuis que ié suis arrivé dans les principati , j'ai croisé plein de gens : Des scélérats , des fous , des taiseux , des types bêtes comme des orques et des orques malins comme des types...Par contre tou sais qui ié n'ai pas rencontré ?
-Des hommes d'honneur ?
-Parfaitement ! Où est passé l'honneur ? Les gens souffrent comme des bestie , et encore , ton bourricot a pas l'air de mal vivre...Mais pas oune once d'honneur ou de bien ici...
-L'honneur m'sire , ça nourrit pas son homme.
-Certamente , certamente...Mais la gente serait mieux traité , peut être ouné semblant de cohésion...
-La Bretonnie vit sur l'honneur...Ca n’empêche pas les gens de mal y vivre.
-Sacré Ecberto , tou connais la Bretonnie ? Demanda Piero en riant.
-Mon père était paysan d'Gasconnie , il s'est rendu hors-la-loi et a traversé l'montagnes pour vivre ici , n'y a certes pas d'honneur mais on est libre .
Le tiléen resta silencieux pendant cinq bonnes minutes , visiblement songeur.
-C'est ouné point de vue qui se défend...Vivre durement et être libre , ou bien...Bah ! Ié né souis pas fait pour la philosophie ! La seule pensée qué ié défends , c'est qu'il faut profiter de la vita avant la fin , car elle arrive toujours plous vite qu'on ne le pense.
-Une mentalité d'tiléen , sauf ton respect.
-Baaah , ié souis du sang de Tilée et d'Estalie , pense qué quand oune ladrón m'a traité de Hijo de puta ié lui ai répondu : Ié né souis pas blessé par la vérità !
Ecbert éclata de rire , du rire franc de ceux qui ne miment pas les émotions pour le plaisir de leur entourage.
-C'était sa tête qui était lé plous comique , sacré truand , il a fini avec oune rapière dans lé ventre...
-Où c'est arrivé ?
-A Sartosa , l’île des forbans ! C'est peut être lé seul endroit plous anarchique qu'ici. »
Le paysage avait changé , de collines couvertes de broussailles ils avaient remonté dans un vallon plus boisé , au loin se dressait la forteresse du Seigneur Denté. De facture ancienne avec de grosses tours carrés et basses , des remparts épais qui avaient souffert l'assaut de nombreux ennemis qu'ils soient verdâtres , velus ou humains. Alors que les deux voyageurs et leur âne étaient encore à une lieue du château , ils virent les premières sentinelles dans les hauteurs , prêtes à cribler de flèches un arrivant indésirable. En toute honnêteté , ils avaient l'air d'une bande de brigands , et la réputation que traînait Denté n'aidait pas.
« Pas commode la guardia...
-Non , mais ils sont doués , ç'leur suffit. »
Alors qu'ils levaient la tête vers l'un des gardes , une flèche fusa pour percer le flanc de ce dernier qui se mit à hurler.
« EMBUSCADE ! S'égosilla une des sentinelles avant de souffler dans un cor. Des coupes-jarret se déversèrent comme une masse informe sur les troupes de Denté , dans une boucherie de coutelas , d'épées rouillées et de morgenstern. Piero attrapa son pistolet et tira sur un maraudeur qui descendait vers eux. Les combattants s’écharpaient comme des animaux sauvages se ruant sur une charogne , le tiléen donnait du sabre de tout les cotés , accompagné des soudards de Denté. Des cadavres s’amoncelèrent sur le sol caillouteux et les bandits commencèrent à perdre la partie.
Piero enfonça son sabre dans le gras du ventre d'un adversaire et poussa un rugissement qui s'étrangla en voyant s'effondrer Ecbert , les deux mains s'accrochant à la flèche fichée dans son thorax.
Le Tiléen accouru vers son guide et lui soutint la tête tandis que la vie s'échappait du corps du Frontalier.
« Non, non , non , Ecbert ! Bordello ! Amigo... »
Les dernières crapules étaient mises en déroute par les soudards , tandis que râlaient les mourants des deux camps. Le Trantien chercha le baudet qui avait détalé à cause de la bataille , et après l'avoir ramené en tirant sur la longe au point de l'avoir agrandie de quatre bons pouces il hissa le corps d'Ecbert sur le dos de l'animal.Les hommes d'armes s'affairaient à s'occuper des leurs tombés au champs d'honneur.Un d'entre eux s'approcha de Piero et de sa macabre cargaison :
« C'quoi son blase ?
-Hm ?
-Pour l'enterrer , idiot.
-Marquez Ecbert , Homme Libre. »
La route allait être longue jusqu'au château , et l'aventure était loin d'être terminée.
Piero Orsone da Trantio, explorateur
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: Le post du tiléen !

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Ce genre de récit court a plus sa place dans l'Arène de la Sage Ecriture. Texte très sympa au demeurant.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Piero Orsone
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Re: Le post du tiléen !

Message par Piero Orsone »

Après avoir posé le pied de l'autre coté de la herse du bastion , Orsone n'eut pas le temps de souffler qu'on le traîna jusque dans le donjon afin qu'il aille enfin voir le seigneur .Après les avoir brisé à tout le monde sur le chemin en déclamant à quel point il était pressé de parler à Denté, ils n'avaient aucune envie de le voir une minute de plus.
Le Seigneur Denté était né à Myrmidens , une des quelques villes des Principautés Frontalières qui avait réussi à dépasser une dizaine d'année d’existence. Il était donc un habitant du cru, pragmatique , réaliste et qui inspirait des sueurs froides aux natifs des Royaumes civilisés.
Il avait reçu Orsone à son bureau qui croulait sous les papiers et les enveloppes en tout genre.
A peine capable de discerner son nom en grosse lettre , les lettrés avaient toujours rendu mal à l'aise Piero : Plus les gens lisaient et écrivaient et plus ils complotaient , tramaient de sinistres manipulations...Et en plus ils vous regardaient de haut !
Quant à Denté , il aurait pu être grand comme un halfling qu'il vous regarderait de haut :
Il avait des cheveux blonds coupés aux épaules , une épaisse barbe qui dissimulait un menton carré et des iris glacées comme un lac des Voûtes ,une carrure de bûcheron et la chaleur de la Norsca.

« Je présume que tu ne viens pas pour la fête des Moissons.
-Ça serait mentira sì.
-Piero Orsone...Da Trantio. La dernière fois que je t'ai vu , tu avais dix ans de moins et une bande armée en plus. Et aujourd'hui tu débarques avec un âne et un macchabée.
-C'était oune autre tempo sì...Les Croisés di Myrmidia. Ma si ié souis là oggi c'est car ié besoin de tes compétences.
-Voyez vous ça ?
-Ié veux quitter ce continent et per ça , ié veux partir à Sartosa .Solamente il me faudra dé l'argent...Oune listo , ié té rembourserais né t'en fait pas des cheveux blancs ! Ma tou es lé seul ousourier qué ié connaisse qué né veux pas ma peau. Implora Orsone en triturant son chapeau.
-Je vois que tes talents ne se sont pas améliorés avec l'age. Commenta son interlocuteur en soupirant.
-Per favor Denté ! Lé dernier m'avait balancé à sa bande dé stryganis après avoir grougé sour les intérêts.
-Tu devrais apprendre à écrire , tu ferais plus carrière dans le romanesque que dans le mercenariat.
-C'est pas oune complimento ça. »

Le seigneur se pinça l’arête du nez puis prit le temps de la réflexion , plusieurs minutes avant de répondre:
« Je vais sûrement m'en mordre les doigts mais je vais t'accorder ce prêt , tu as deux ans pour revenir avec la somme , et ne t'inquiète pas je n'oublierais pas.
-Gracias ! Grazie mille ! Denté tou es oune héros !
-Si seulement Da Trantio si seulement... »
Après les formelles salutations Piero descendit dans la cour du château , où traînaient manants et gardes près d'un tripot miteux.
Il donna le picotin d'avoine à l'âne d'Ecbert qui était attaché à une barre avec toutes les rosses de la région.Il se demanda si il pourrait l'embarquer avec lui pour son périple jusqu'au port le plus susceptible de l'emmener à Sartosa.
Entre ceux où personne ne comptait partir pour un cloaque à truands et ceux qui le feraient mais qui l'égorgerait en mer pour le détrousser , ça allait être ardu pour se rendre sur l’île et plus encore de trouver une expédition là bas.
« Brave bourricot , tou as moins dé soucis qué nous pauvres hommes »
Hélas pour le tiléen l'animal n'avait pas autant de verve que pouvait l'avoir feu son maître après qu'on l'avait déridé un peu
Décidant de ne pas s'attarder trop près de Denté ou de quelques malandrins désagréables du cru , Orsone attrapa la longe de l'âne et prit le chemin de départ.
Il se dit que bientôt il voguerait loin de tout ce foutoir , et la seule frontière qui restera sera celle de l'horizon.
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Piero Orsone da Trantio, explorateur
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Re: Le post du tiléen !

Message par Piero Orsone »

De feutre et de plumes

Les deux chevaux galopaient sur le sentier en soulevant des amas de poussière à chaque fois qu'un sabot ferré heurtait la terre écorchée de la route.
Si la scène pouvait paraître de prime abord sans grande sensation , le fait qu'une foule en colère poursuivait les cavaliers en brandissant des torches , des fourches et des piques rajoutait un peu d'épice à ce brouet. Et des épices il allait en falloir car ils n'étaient ni dans l'Empire et ses mornes voyageurs ni en Bretonnie , terre des chevaliers errants. Ils étaient dans la campagne de Tilée , où le soleil resplendit trois cent quatre-vingt jours par an , calendrier verenéen oblige.

Heureusement leurs montures étaient rapides et ils arrivèrent à semer la bande de paysans à travers garrigue et champs avec plus de peur que de Mal. Ils arrêtèrent leur folle cavalcade pour accorder un peu de répit aux bêtes.
« Señor...Ié crois qu'on a semé les péones...
-Pedro ta perspicacia m'étonnera touiours...Et ié té l'avais déià dit ! L'apellido en entier !
-Perdón Señor Salvadore Manicha Enrico de Riviera di Cruz... »Se corrigea le dénommé Pedro en soupirant.
Il était d'un physique méridional banal, courtaud, une tignasse noire sur le crâne et une barbe mal entretenue sur ses joues tannées de soleil. Ses vêtements étaient ceux d'un paysan quelconque qui trahissait son origine des plus modestes.
« Ié préfère ça ! N'oublie pas qué si nous sommes sour ces tierras dé sauvages c'est pour oune noble cause ! Et ié mé dois dé conserver prestance !
- Señor Salvadore Manicha Enrico de Riviera di Cruz...Ils seraient peut être menos sauvages si vous n'aviez pas mangé à l’œil à la taverne dou pueblo.
- Ié leur avais dis qu'ils auraient l'argent à mon rétour ! Ces maudits tiléens sont plous codiciosos qué des créanciers ! » S'exclama le fameux Señor.

Il avait lui des habits de voyages d'une excellente facture , décorés comme doivent l'être ceux d'un Diestro qui se respecte. Une cape accrochée à ses épaules larges couvrait la selle de son cheval d'étoffe noire. Ses cheveux longs d'un noir de corbeau mélanique volaient librement au grès de ses mouvements de tête. Son visage avenant était orné d'une barbiche et d'une moustache fine mais il le dissimulait en partie sous un chapeau à plumes.
Ce que faisaient un Diestro Estalien et son laquais au milieu des champs et des forêts sèches de la Tilée pouvait soulever de nombreuses questions, surtout connaissant les inimitiés entre ces deux peuples.
En tout cas dès leur arrivée à Rémas ils avaient sentis les regards posés sur eux par la populace au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient des cosmopolites quartiers marchands et portuaires.

De plus le caractère du Diestro n'aidait pas pour une aventure discrète , et Pedro pria la Sainte Myrmidia au moins vingt fois lors de la traversée du Fleuve Remos , où son maître avait trouvé le moyen de s’embrouiller avec un marchand rondouillard qui avait néanmoins deux énormes Norses comme gardes du corps.
Et là l'émeute au village ; Pedro le jura , si il survivait à cette aventure il réclamerait une augmentation, en commençant par réclamer une rémunération. Après ces réflexions déloyales il ouvrit la bouche d'une voix hésitante :
« Señor Salvadore Manicha Enrico de Riviera di Cruz , vous êtes soûr qué votre aventura vaut touiours lé coup ?
-Pardi ! Oui ! Trantio est oune ciudad magnifique !
-Ié souis soûr qué vous n'y allez pas pour l'architecture... Señor Salvadore Manicha Enrico de Riviera di Cruz. Répliqua le serviteur d'un ton moqueur.
-Ma qué ?! Para ton insolencia ié dévrais t'abandonner à ton sort ! Maudit Pedro tou mé blesses
dans mon âme.
-Elle est aussi bella ?
-A sé damner.
-Alors né traînez pas , la route est longue iousqu'à Trantio. »

Selon le Calendrier Impérial , qui était autant en vigueur que le Verenéen dans la Ville de Trantio , nous étions en l'an de grâce 2498. Nichée dans les collines éponymes la cité était plus que reconnue pour sa beauté et la qualité de ses marbres , mais les deux Estaliens n'étaient pas des grands amateurs d'architecture et ils ne prêtaient pas attention aux détails qui fourmillaient sur les murs , les remparts ou même les allées. Cependant ils remarquèrent très bien après avoir posé leurs chevaux dans une pension qu'ici aussi on reniflait un maudit estagnolo à cent pas.
En s'aventurant dans un chemin de traverse ils le constatèrent d'autant mieux qu'une bande de canailles tiléenes les lorgnait.

Un d'eux s'approcha en ricanant , chemise ouverte dévoilant des tatouages obscène, il leva les bras devant les deux voyageurs et s'exclama :
« -Per gli Dei ! Deux bouffeurs di Paella viennent foutre leurs sales pattes dans nostra bella città ! Ragazzi ! Ils méritent un accueil digne d'eux les estagnolos n'est ce pas ?! 
-Voyons voir si l'oune de vous est oune vrai hombre ! Déclama le Diestro d'un ton digne.
-Répète ?!
-Ié démande oune vrai duel ! Qui a les Corones dé sé battre uno contre uno ? »
Le vantard se retrouva embarrassé devant toute sa bande , son honneur était en jeu et il le savait. Il poussa un juron avant d'attraper une rapière.
« Ié souis votre uomo , estalien.
-Alors qué lé plous degno gagne. »
Le tiléen se jeta sur Don Salvadore pour essayer de l'embrocher. Son adversaire s'écarta d'un pas avant de lui asséner une volée dans le dos d'un geste expert avec le plat de son épée estalienne.
« Et oune point pour moi ! 
-Vaffanculo ! Beugla le gredin rouge de rage et de honte avant de tenter une frappe de taille.
-C'est avec oune langage comme celui ci qué la jeunesse sé dévergonde. » S'attrista le voyageur tout en parant son attaque.
Avant que le Trantien ne puisse réagir il lui envoya un soufflet qui lui abîma plus l’ego que le visage
mais suffisant pour l'envoyer bouler sur les pavés de sa propre cité.
Le Diestro approcha la pointe de sa lame vers le visage de son adversaire : « I'ais gagné ladrón , maintenant déguerpis ou ta Mamma va passer la nuit à pleurer.
-Ça sé passera pas comme ça ! On reviendra té faire la peau sale estalien ! » Couina le vaincu en se redressant maladroitement avant de s'enfuir comme un chien battu , suivi de sa bande qui affichait l'air piteux des Humiliés.
Le duelliste replaça son chapeau avec un angle presque calculé sur son crâne avant de regarder Pedro d'un air curieux.
« Oui ?
-Rien... Señor Salvadore Manicha Enrico de Riviera di Cruz. Ajouta-t-il avant toute remarque.
-Alors en route , et i'espère qué l'adresse sera la bonne ! »

Après maints allers-retours dans le labyrinthe des rues de Trantio ils déboulèrent devant une minuscule maison mitoyenne en briques ocres. C'était là , il fallait que ce soit là ! Tant de temps à attendre pour cet instant. Le Diestro congédia Pedro tout en lui donnant quelques pièces pour qu'il profite de la taverne la plus proche avant de toquer à la porte. Une logeuse rabougrie lui ouvrit et demanda ce qu'il cherchait d'un ton loin d'être aimable.
« Holà Señora , Ié cherche oune dénommée Lucia, habite-t-elle ici ?
-Sí , dernière porte à droite. »

Gravissant les marches branlantes, il exultait de joie, ce jeu du chat et de la souris allait prendre fin.
En arrivant à la dernière porte à droite, il constata qu'elle était entrouverte. Glissant le museau par l'embrasure il poussa un « Ma Qué ?! » retentissant lorsqu'une lame fusa en sa direction avant de se planter à quelques centimètres de de son oreille gauche.
« Emilio ? Demanda une petite voix tintée de l'accent tiléen.
-C'est bien lui pero il a failli finir borgne ! C'est como ça qué tou m'accueille ? »
Elle était là , aussi belle que la première fois qu'il l'avait vu il y a déjà six années. Ses cheveux noisettes bouclés qui dévalaient sur ses épaules et sa nuque , ses yeux d'un vert marin et sa gorge opulente. Elle avait un visage gracieux mais qui se déforma soudainement alors qu'elle se mit à parler , ou plutôt à invectiver :
« Bastardo ! Figlio di puttana ! Fannullone ! »
Elle se jeta néanmoins sur lui et l'étreint avec une force insoupçonnée.
« C'est toi qui m'a laissé ié té rappelle ! Avec une adresse cousue sour oune enaguas ! I'ais parcouru la moitié dé la région avec des péones aux fesses !
-Je voulais voir si tu m'aimais veramente !
-Par tous les diestro dé Magritta ! Ié t'ais souivi toutes ces années ! À sé séparer , à sé retrouver ! Tou té demandes encore si ié t'aimes ? I'aimerais fêter nos retrouvailles comme lé Rey dé Bilbali ! Pero ié n'ai qué dou vino et dé la Comida et... »
Il ne put finir sa phrase car elle l'avait saisi par le col de sa chemise pour l'embrasser. Le reste de la nuit leur appartenait.
Le Soleil perçait à travers les volets vermoulues et une raie de lumière sur son minois tira du sommeil Lucia Orsone , bien qu'elle soit encore rompue. Elle frotta ses yeux après avoir déplacé quelques mèches bouclées. Tournant les yeux vers la moitié du lit ou dormait son amant estalien , elle ne vit qu'un drap mal refait et un chapeau posé sur l'oreiller.
Lucia poussa un long soupir , attrapa le chapeau et le lova contre elle avant de s'effondrer sur le matelas.
« Hijo de puta » marmonna-t-elle dans le dialecte de son Don Emilio avant de jouer mollement avec les plumes colorées du couvre-chef.
Piero Orsone da Trantio, explorateur
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