Et puis le sang se répand, la chair se délite, les muscles s'épluchent. Là, les voix se taisent, la lumière s'estompe, la pierre s'arrête, sans éclat.
Et puis la haine survient. La sueur se mêle au sang, la colère devient palpable, odeur présente dans tout l'espace. Les voix reviennent, crient, hurlent, geignent, feulent
- "Non !
- Non, à moi !
- Moi !
- Moi-moi !"
Lorsque le rongeur plongea, des silhouettes apparurent dans son champ de vision, avant de se démultiplier dans toute la salle couverte de gravats et d'ossements. Et comme les gravures murales, il y avait là des formes de toutes les espèces : Nains, Elfes, humanoïdes de tout horizon, bêtes difformes et autres créatures à-demi réelles...
- Moi !
- Moi !
- Moi !
Les murs se mirent à trembler, les voix à résonner, à étourdir certains des potentiels rescapés. Juste derrière, la mêlée s'enclencha, plus semblable à une marée de corps qu'à un véritable combat.
Tenant coûte que coûte à approcher le cristal, l'homme-chèvre s'élança une fois, deux fois, trois fois et plus encor, tenant les silhouettes en respect... Mais pour chaque thorax qu'il enfonçait, chaque forme qu'il brisait, deux autres s'avançaient à sa place, vifs comme des ombres portées. Du coté du rat, la tâche fut plus simple : Le sol était jonché de débris et de morceaux dégoulinants, mais le plafond était encore brut, intact, inoccupé, sautant sur un visage, sur une épaule puis sur un casque, il agrippa des deux mains un piton rocheux, plongea sur une stèle, rebondit dangereusement vers... Oui, là voilà.
La chose qu'ils convoitaient tous, qu'ils s'appropriaient à chaque déclaration. Un bloc de cristal rouge, vaporeux et scintillant à cette distance, comme de... Oui, comme de la malepierre, mais en mieux. Il l’attrapa d'une main, puis d'une autre, puis y plongea ses dents pour la faire basculer. Lorsqu'il l'eut enfin entre ses mains et qu'il put sentir son poids, il entendit une voix caverneuse, suave et claire, qui prononçait chaque syllabe avec une lenteur fatidique, appuyant chaque voyelle tel un marteau. Il sentit ses paumes se crisper, ses mains se fendre comme des ciseaux, puis ce fut au tour de ses bras, de ses épaules... Et puis plus rien. Tout s'estompa. Il n'y eut que l'ombre autour d'eux tous, et la faible lueur émise par la fourrure du rat géant, les reflets de ses douze griffes et de ses cornes, la sueur sur ses quatre bras.
...Bravo...
...Vous...
...Avez...
Gagné ?