[Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II

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Valindra
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II

Message par Valindra »

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Magdela Sephone, Soeur de Bataille
Les rues de Lutèce sont différentes de ce que j’imaginais. Derrière le rugissement du moteur de cette vieille carcasse du Moyen-Âge Technologique qui nous entraîne, j’observe ce paysage triste à mourir, ces allées seulement peuplées d’âmes erratiques, ces ruelles coupe-gorges où ne vivent sans doute que les petits rongeurs nuisibles, ces façades vétustes et brûlées, pareilles aux fleurs fanées d’un jardin soit mal entretenu, soit trop proche d’une étoile. Nous ne voyons point d’émeutier, mais nous devinons leur présence et le chaos qui règne de chaque côté de l’asphalte avec ces ombres noires tachetant les résiblocs et les commerces, en mémoire des incendies qui les ont ravagés, avec ces affiches en guenilles, symbole d’une propagande que l’indifférence générale semble tenir en échec. C’est étrangement calme, pour ne pas dire sinistre. Peut-être que Lutèce dort avant d’imploser.

Nous arrivons finalement sur les lieux du crime. Deux policiers, Jean et Martin, nous accueillent avec un soupçon d’impatience que nous daignons leur pardonner, puisqu’après tout, ils sont restés là. Nous ne flairons aucune passion chez eux, rien que de la lassitude, et Sephone préfère les ignorer dans un premier temps pour se concentrer sur Sand et le cadavre.
Nous découvrons une facette bien plus fascinante de Sand. En un éclair, le détective est capable d’extraire de son analyse toute une série de conclusions qui nous facilitent le travail, jusqu’à sa dernière manœuvre qui termine de nous couper le souffle. Cette petite… créature ? Ce je ne sais quoi qu’il extirpe du corps de Saul Arbest est dégoûtant, certes, mais si ignoble et si intrigant qu’on se focalise tous dessus. Nous ne savons quoi en penser. Nous venons de faire une trouvaille des plus sensationnelle ; ou plutôt, Sand a mis le doigt sur un truc qui bouleverse l’ordre établi. Est-ce que nous sommes à l’aune d’un changement d’envergure ?

Tandis que nos alliés scannent la zone et que Sand termine son débrief, nous décidons de nous approcher des policiers. Jean est grand et filiforme, Martin, tout l’inverse. Nous nous remémorons qu’il est bon de se méfier des locaux. Le souvenir de notre rencontre avec les offices militaires est encore bien gravé dans notre esprit, et nous ne pouvons qu’espérer que les conséquences de notre entretien ne soient pas trop graves. L’Inquisitrice nous en voudrait, résolument, s’il arrivait que nos erreurs aient trop coûté à son œuvre.

Au jeu de la petite ingénue, Sephone n’est pas mauvaise. Est-ce son physique décadent, son crâne nu, ses dents de plombs qui font que Jean et Martin sont bien aimables avec elle ? Elle l’ignore, mais elle profite du moment pour tenter de glaner quelques informations qui pourraient s’avérer bien utile. Mais nous nous y prenons mal. La partie de nous qui est Sephone s’enfonce dans son propre rôle, et les rires goguenards des policiers n’évoquent rien d’autre que l’envie que ça se termine. Faisant vache maigre, nous nous contentons d’apprendre que les flics du quartier préfèrent tabasser des addicts sous stupéfiants plutôt que de résoudre les affaires criminelles qui nous reviennent finalement. Nous comprenons à peu près pourquoi Sand ne s’est pas enquis de les connaître davantage.

Bredouilles, nous nous retournons vers nos alliés après avoir relevé leur plaque. Sait-on jamais, peut-être que l’Empereur a décidé que nos chemins se recroiseront. A la question d’Enkidu qui nous demande ce que nous avons glané comme informations, nous rougissons un peu.

« Pas grand chose. Ils avaient l'air pressés. Ils m'ont parlé d'un film, Le Monstre ou La Bête, avec un tueur qui laisserait des messages pour qu'on le piste. A priori, ils vont là où on leur dit d'aller, et inversement. On les déplace comme des pions. »

Mais c’est un peu la même chose pour tout le monde, dans l’Imperium.
Valindra | Haut-Ælfe, Voie du noble
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Reinhard Faul
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II

Message par Reinhard Faul »

On a repris la voiture. Cette fois-ci je n’ai pas pu maltraiter Mora parce qu’il fallait résumer la conversation avec Sand à Wullis qui n’était pas là – pas de façon aussi professionnelle, j’en ai peur. Il y a beaucoup de mots qu’a utilisé le détective que je n’ai pas compris, et je crois pas être le seul. Je serais très surpris qu’un de mes collègues cache une carrière d’enquêteur quelque part dans son CV. Personnellement c’est la première fois que je fous les pieds dans un endroit aussi miteux.

Après la secrétaire méchante, on passe devant les policiers les plus moisis que j’ai jamais vu – j’en ai pas vu beaucoup cela dit. Les habitants de Lutèce ont dû être drôlement soulagé de voir la gueule de l’unité spéciale ! Ils font que se plaindre des horaires, des locaux peu coopératifs, de l’emplacement du meurtre, et même de leurs supérieurs. J’écoute la conversation entre Sand et les deux glands d’un air sidéré, puis l’un d’entre eux essaie de nous gratter une clope en guise de politesse. Je fais celui qui ne se sent pas concerné, même si j’ai mon paquet dans la poche. Ensuite, le détective commence à tripoter le cadavre et les deux cons s’enfuient vers leur voiture en faisant des petites mines. Tant mieux.

Moi ça me transcende pas trop les macchabées, pas plus que les trois autres j’imagine. Si t’as déjà vu un Servitor te poser une sonde urinaire, c’est pas un petit cadavre de rien du tout qui va chambouler ta vie. En vérité je me suis un peu ennuyé pendant l’heure qu’a duré l’autopsie. Le seul moment qui m’a choqué, c’est quand Sand a fait une remarque sarcastique sur la vie au sein de l’Imperium. Il a laissé entendre que celle-ci serait courte, pénible, ingrate, et finirait souvent de façon violente. J’ai pas pu m’empêcher de pousser une exclamation de protestation, un truc du type « hé ! » parce que j’ai surtout pas envie d’entendre des trucs comme ça.

Enfin tout ce passage chiant c’était avant la crevette-robot, évidemment.

Bon alors là ça va devenir compliqué, d’accord ? Va falloir me suivre. Accroche-toi bien, je vais essayer d’expliquer lentement. Donc on a un bidule technologique médical bizarre d’accord ? Et notre spécialiste de technologies médicales bizarres – c’est-à-dire le Magos - a disparu, sans doute pendant la prise d’otage. Point deux : je sais que les hérétiques ont fait quelque chose de médical-bizarre à l’Inquistrice. Tu vois les liens horribles que je forme dans ma tête là ?

Mais on m’a interdit d’en parler, et à présent on m’interdit encore une fois de m’intéresser de trop près. Faut pas être grand clerc pour comprendre qu’on nous cache des trucs. Avant que la bestiole sorte, Sand a mis des coups de scalpel dans le cadavre comme si il savait ce qu’il cherchait à débusquer. Et la présence de techno-hérésie répond à la question que j’ai posée dans le bureau : l’Inquisition connaissait déjà l’existence de la crevette-robot. C’est pour ça qu’elle est venue pour vingt cadavres de rien du tout.

Conclusion : c’est pas mes oignons.

Donc là je prends touuuutes mes pensées, mes inquiétudes, mes soupçons, ma paranoïa, et je les refoule bien, biiiien loin dans ma tête. Ça n’existe pas, ça ne me concerne pas. L’Empereur n’attend pas de moi que je réfléchisse aux implications de la situation. Là ce que je dois chercher à connaître c’est la vie d’un esclave nommé Arbest.

Je croise les bras sur mon torse et je toise le cadavre. J’y connais absolument rien en enquête. De ma vie entière, j’ai jamais foutu les pieds dans un ghetto de pauvres. C’est le moment de me découvrir un talent caché, j’imagine, après un bref regard vers Mora et Wullis. Sand a l’air d’attendre de nous qu’on fasse preuve (j’ai la gerbe rien que d’y penser) d’initiative.

De mon point de vue de néophyte de la police, c’est évident que les propriétaires de l’esclave l’ont vendu à des gens louches – des gens qui volent les organes avec des crevettes-robots. Le gars avait des dettes. Il a aussi fait une « manifestation » devant le cartel local, et je ne sais pas ce que ça veut dire exactement mais je sais que c’est mal. Mon père m’avait prévenu de me méfier des syndicalistes, et je suis à peu près sûr d’avoir entendu les mêmes avertissements sur Sainte-Terra. Deux sources aussi fiables ne peuvent pas se tromper.

Mais j’imagine que Sand est pas là pour écouter mes opinions économiques et sociales. Je me précipite sur la seule chose que je sais faire :

« Je vais euh… examiner le cadavre. Vous savez. »

J’agite les doigts dans les airs en espérant véhiculer l’idée de mysticisme avec le geste. Tout le monde a l’air d’accord avec ça et je m’agenouille devant le corps pendant que les autres partent faire leurs petites affaires – je ne m’occupe pas d’eux, je dois me concentrer sur autre chose. Tout d’abord, je jette un coup d’œil discret sur les plis des coudes de la victime. Ça ne me regarde pas, mais… je suis tout de même curieux. L’Inquisitrice avait elle-même des traces de perfusion.

Je vois plein de cicatrices d’aiguille, mais au final ça ne m’apprend rien. Le type a visiblement été opéré plusieurs fois. Faire des perfusions c’est le truc le plus basique du monde. J’aurais pas dû regarder. Revenons-en aux raisons de ma présence.

Je n’avais jamais pratiqué ce genre de rituel en dehors de Sainte-Terra, et il me faut quelques secondes de pénibles exercices mentaux pour faire abstraction des petits cailloux sous mes genoux, des bruits de bavardage et de l’odeur. En plus les sangles de mon armure pare-éclat me rentrent douloureusement dans les articulations. À l’école, tout était en or ou en marbre, il y avait de l’encens partout… néanmoins c’est pas un petit peu de nouveauté qui va m’empêcher de faire ce que je veux. Je l’ai finie, cette foutue formation.

Je procède donc à cet examen du corps, qui consiste tout bêtement à écouter ce que d’habitude je m’efforce de taire – mais sans trop de laisser-aller, bien sûr. Ce n’est pas très spectaculaire, je suis en position de seiza au milieu des rails, les yeux fermés, et je récite des petites prières dans ma tête (des fois je les marmonne un peu sans faire exprès).

Pas besoin de décrire ce que je vois dans ma tête ; c’est le bordel et ça fait peur. Ce qu’il faut retenir c’est que, comme prévu, aucun sorcier ou chaotique n’a approché cet homme pour le souiller. En fait c’est même choquant comme tout est vide et froid. Le mec a quand même connu une mort très violente, je devrais percevoir… quelque chose. Le Warp ne serait pas resté immobile et indifférent face à un type qui se fait extirper ses organes sans anesthésie.

Je retourne auprès des autres, qui glandouillaient l’Empereur sait quoi. Mora nous fait perdre du temps en se promenant avec une télécommande bizarre, Wullis regarde la voiture comme si elle allait exploser et Sephonus bavarde avec les policiers bizarres. J’ai le temps de fumer deux cigarettes avant d’avoir l’attention de tout le monde. Je fais mon compte-rendu à mes collègues, mais c’est la première fois que j’essaie d’expliquer des trucs mystiques à des civils et je ne m’en sors pas très bien :

« J'ai examiné le corps. C'était bizarre. Robotique, froid, vide. Ça devrait pas l'être pour quelqu'un qui a eu un décès si violent. Comme déjà mort avant d'être mort. Enfin désolé, difficile de faire quelque chose de ça. J'essaie d'être le plus intelligible possible en général… »

Ça y est, je passe pour un maboule, bravo. Les autres m'ignorent poliment, ne répondent pas à ce que je viens de dire. 'peux pas leur en vouloir, même si c'est toujours blessant. Je me frotte les yeux et demande :

« Vous avez appris quoi de votre côté ?

- Pas grand chose. Ils avaient l'air pressés. Ils m'ont parlé d'un film, Le Monstre ou La Bête, avec un tueur qui laisserait des messages pour qu'on le piste. A priori, ils vont là où on leur dit d'aller, et inversement. On les déplace comme des pions.

- Je crois que j'ai vu ce picto divertissement.

- Dans ce picto-divertissement, le tueur agit-il seul, Dudu ? Quel est le motif de ses crimes ?

- Quelqu’un l'a surnommé Dudu. »

J’aimerais sonner plus agressif, mais le cœur n’y est pas. En vrai j’aime beaucoup la télé, je dois avoir vu toutes les émissions diffusées dans le Secteur Calixis. Même si ça n’a aucun rapport avec l’enquête, je ne peux pas m’empêcher d’expliquer d’un ton professoral :

« Nan en vrai ça doit être de ne pas avoir respecté le credo impérial qui l'a rendu fou. C'est toujours la morale dans les picto-divertissement, et le Garde vient l'arrêter à la fin. »

Et je hoche la tête d’appréciation parce que c’est une excellente fin. Je l’apprécie d’autant plus que je n’en ai jamais vu d’autres. Mais Mora vient nous interrompre dans ces importants échanges culturelles pour nous apprendre ce qu’il a concocté avec son électricité :

< Cette unité a découvert un picto-enregistreur encore opérationnel [malgré une terrible lacune de rites d'entretiens]
Conclusion : // après consultation de ses cryptes de données, cette unité peut affirmer que le cadavre | Saul Arbest | a été largué par deux silhouettes | non identifiées | depuis le wagon arrière du train de 6h pour Lutèce. Le cadavre a ensuite été repéré par un employé de la gare. >

Après avoir soigneusement réfléchi à ses paroles (en expurgeant les mots que je ne comprends pas), je lui réponds :

« Enfin le crime a pas été commis ici, quoi. On devrait aller dans Lutèce, on a l'adresse de la sœur de l'esclave Arbest. »

Sephonus me répond pas directement mais a sa propre idée :

« La population qui prend ce train est sûrement composée d'employés qui font le trajet aller-retour pour aller bosser. Ce qui veut dire qu'on a hypothétiquement tout un tas de voyageurs qui étaient là au moment des faits. J'ai... comme un doute, vous savez, sur la collecte de renseignements réalisée par les policiers à posteriori. Est-ce que ça vous dirait de nous faire le point nous-mêmes ? »

En faisant semblant de ne pas être vexé, je m’accroche à mon idée. Tout à l’heure, monsieur Sand avait l’air de mettre l’emphase sur l’interrogatoire de gens. C’est pratique : il nous a donné des papiers pour qu’on ait le droit de se balader avec nos armes. Le détail n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, je me suis senti beaucoup mieux en apprenant que j’aurais le droit de garder mes affaires. Ça va être beaucoup plus pratique de poser des questions si on peut menacer avec des gros flingues, non ? On aura même pas besoin de les dégainer. J’aime autant. C’est jamais agréable de coller des droites à des vieilles dames et à des enfants parce qu’ils t’ont pas pris au sérieux la première fois que tu as demandé.
Donc je propose :

« On peut diviser le groupe en deux pour interroger plus de monde. On a le droit de se promener avec nos armes, on a pas besoin d'être quatre pour être menaçant. »

Je regarde attentivement Sephonus et Wullis en plissant les yeux de méfiance. Je les préviens :

« Par contre je vous préviens si on casse la gueule à des gens on fait ça proprement. Moi je fais pas des jeux bizarres. »

On les connaît, les Sœurs cogne-dur et les Gardes. Ça voit trop les horreurs de la guerre, ça vit trop dans l’entresoi, et ça fait des trucs barjots pour se défouler. Je frissonne de dégoût. D’ailleurs, si on divise le groupe en deux, lequel de ces charlots va être le plus susceptible de me garder en vie ? Le choix s’impose de lui-même et j’annonce :

« Je prends Wullis. »
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Lien Fiche personnage: Ici

Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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Helveticus Matix
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II

Message par Helveticus Matix »

Notre départ de l'Indomptable Ravel pour Neustralia Prime s'est déroulé sans encombres. Pendant le vol, j'ai étouffé mes angoisses dans la prière, ciblant l'horodatage actuel pour ne pas m'égarer dans l'anticipation des événements à venir. Plusieurs fois, je me suis senti glisser vers d'autres préoccupations, mais la violence de l'effroi qui me frappaient immédiatement me forçait à retourner à mes rites d'apaisement.
L'Esprit de la Machine de la navette se portait bien, serein et confiant dans ses manœuvres. C'était ma propre personne que ces cantiques rassuraient le plus.

Une fois les pieds sur la terre ferme, je ressens pleinement la différence entre la gravité artificielle du vaisseau de la libre-marchande et celui d'un corps céleste tel que Neustralia Prime. Ce n'est pas agréable, je dois réviser beaucoup de mes valeurs adaptatives et ma démarche s'en ressent. Pourtant, je ne peux qu'être surpris de la vitesse à laquelle mon corps s'adapte.

Non, ce qui me perturbe le plus, c'est l'immensité de ce qui nous entoure. Mon dernier atterrissage sur une planète remonte à plus d'une décennie et je n'en ai qu'un de plus à mon actif. Mon existence a toujours été régie par les parois manufacturées qui m'entourent. Des vastes hangars d'un manufactorium à ma cabine minuscule, tout restait défini, mesurable, encadré. Ici, le ciel se confond dans l'univers, l'horizon s'étale jusqu'à l'inconnu.
Les proportions! Omnimessie! J'oublie à quel point les distances peuvent abattre l'effervescence de tes œuvres, de ta grandeur. Tout me parait si vide, si petit.

Pour retrouver un peu de contenance, je concentre mon attention sur les manufactures du spatioport. Notre train n'est pas encore arrivé en gare, aussi ai-je le temps de m'émerveiller de ses cousins. De formidables machineries, pourtant banales en comparaisons de beaucoup de Ses œuvres que j'ai déjà pu contempler. Alors pourquoi ces locomotives m'hypnotisent-elles à ce point?
Le diagnostic est simple : elles expriment de la manière la plus pure qui soit la Force Motrice. Le mouvement guidé, la puissance de ses moteurs, l'exactitude de son itinéraire.

Je converse un long moment avec l'un des conducteurs. L'individu est passionné par son travail et mes nombreuses requêtes de données ne semblent pas l'incommoder. Il tire fierté de ses machines et je l'identifie comme un serviteur adjacent de l'Omnimessie, extérieur au Culte, mais dont les actes aboutissent à une étrange appartenance. Le conducteur m'autorise même à monter à bord!
Finalement, il me confie un dépliant comprenant une carte et les horaires des trains de la ville.

Une fois embarqués et notre voyage vers la ruche entamé, je m'enferme dans un travail minutieux. Le dépliant sur mes genoux et ma plaque de données en mains, je retranscris tous les itinéraires de la ville numériquement. Il me sera beaucoup plus simple de traiter ces données à l'aide de schémas adaptatifs, surtout dans le cadre de l'enquête. Je ne remarque aucunement l'attitude du reste du groupe durant le trajet.








Nous descendons de l'Ambassadeur de la Force Motrice à l'arrêt prévu : une caserne militaire. J'y observe de jeunes recrues, attendant patiemment que la fonction de leur équation leur soit attribuée. Des ressources qui vont enfin pouvoir remplir leur devoir, comprendre le but de leur existence.
On nous indique un parking dans lequel nous pourrons récupérer le véhicule loué par Masteel. Sa découverte me... surprend.
Une voiture à la simplicité si effarante que j'ai du mal à l'identifier comme une œuvre de l'Omnimessie. Aucun port de connexion, aucune présence numérique ou de circuits imprimés. Abrite-t-elle vraiment un Esprit de la Machine? Évidemment, cette question est indigne d'un membre du Culte. Mais aucune communion ne me sera possible sur le plan physique, seulement spirituel.

Nous nous installons sur des sièges étrangement confortables et je prends plusieurs minutes pour me familiariser avec notre moyen de transport. Je demande à tous un silence total et lève les mains au-dessus du volant. Après plusieurs prières d'apaisement et d'identification, j'entame le rite d'activation.

La prise en main est... non effective. Je dois abattre plusieurs échecs avant de sortir de la place de parking et le reste du trajet est tout autant désastreux. Le véhicule réagit mal à mes ordres, refuse de se faire dompter et malmène ses occupants. Sans parler du reste du trafic, dont la performance organisationnelle représente un affront envers le Dieu Machine de catégorie 2.


< Manœuvre de flanquement intentée : // échec._ >

< Manœuvre d'accélération intentée : // échec d'origine inconnue. Tentative de réactivation._ >

Je ne peux m'empêcher de commenter la moindre de mes manipulations. Mon vox grésille de frustration à chaque fois que le véhicule me résiste et je me rapproche un peu plus du volant à chaque nouvelle tentative. J'émets des demandes de collaborations aux autres automobilistes, mais ils ne peuvent pas m'entendre - je ne sais pas comment ouvrir cette foutue fenêtre.
À ma droite, Enkidu commente aussi chacune de mes manœuvres. Mon moral en prend un coup et je tente de lui émettre des diagnostics pour justifier mes échecs. En vain, il continue de me signaler l'ampleur de mon incompétence.

Mon visage est couvert de liquide de refroidissement corporel. Je sens la frustration se muter en une colère noire, aveugle, impropre. Un automobiliste en face de moi bloque le passage et refuse de se décaler de quelques centimètres pour m'accorder le passage. La voix du corrompu résonne dans mes oreilles. Mes mains se serrent sur le volant.


< Requête de collaboration émise... demande de passage... attente de collab..._ >

Ma main s'écrase sur le klaxonne jusque-là vierge.

< ORDRE ÉMIS : // MISE EN MOUVEMENT DE TON GLUTÉUS!!_ >

Je n'ai jamais entendu mon vox prendre un tel timbre de voix. Plus aucune trace d'humanité, juste un grincement cybernétique s'apparentant à une machine dont les engrenages lutteraient furieusement les uns contre les autres.
La voiture continue de hurler et ma main maintient la pression. Je sens sa souffrance, sa plainte, comme un animal que l'on étrangle d'une rage exponentielle.

L'automobiliste se décale et nous reprenons notre route. Il n'est pas blasphématoire de punir une machine récalcitrante, car elles doivent nous obéir, mais nous préférons l'éviter. De plus, alors que la colère diminue, je sens une profonde culpabilité m'envahir. J'ai ressenti du plaisir à faire souffrir cette voiture. Ça... ça, c'est blasphématoire.
Durant le reste du trajet, je n'émets plus un seul mot.










Nous nous trouvons dans le bureau de Sand. Je suis toujours secoué par notre trajet depuis la caserne militaire, aussi, je reste un peu en retrait pour calmer mes cogitateurs. Notre interlocuteur est un homme à l'image de son bureau : peu entretenu, dont la charge de travail a laissé ses marques. Je remarque quelque chose dans le désordre de paperasse. Un sceau, celui de la Maison Krin, la plus riche dynastie financière du secteur Calixis, les fameux ''Banquiers de Drusus'' qui sont les créanciers de presque toute la noblesse des différents mondes que compose le domaine de Calyx.
Cette information a peut-être son importance, aussi, je l'archive dans un coin de ma tête.

Vient la mention du Magos Ziegler. Je relève brusquement la tête de ma tablette, sur laquelle je m'étais égaré jusque-là. La réalisation de son absence me foudroie, impossible de comprendre comment elle m'a échappée ou d'avoir besoin de l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre.
Mes cogitateurs s'agitent et mon vox s'active tout seul. Je suis perdu dans mes réflexions, les retransmettant à voix haute. Il n'y a plus de bureau, de Sand, de coéquipiers, juste mes archives que je consulte frénétiquement pour trouver une raison à cette situation.

J'émerge de ma transe numérique et reprend conscience de mon environnement. Tout le monde me regarde, les yeux écarquillés. Sauf le détective, le visage un peu rouge et l'air irrité. Oui, j'ai bien dit tout cela à voix haute, devant un supérieur, m'étalant et théorisant sur les intentions d'un autre supérieur. Le sol se dérobe sous mes pieds. J'ai chaud, parvenant tout juste à garder une respiration acceptable.
Le moment passe et je mets en place de nouveaux protocoles de sécurité pour m'assurer que ce genre de situation ne se reproduise jamais.

J'écoute attentivement le reste de l'entretien, émettant quelques remarques ou questions - cette fois pertinentes - pour nous assurer d'avoir les données nécessaires avant de commencer l'enquête. Je m'enquiers de la présence du Culte dans le secteur, de la régularité de l'entretien des machines. La réponse de Sand me foudroie. Mon visage s'étire de stupeur, d'effroi, de dégoût pour ce personnage qui vient de perdre toute forme d'intégrité à mes yeux. Si je serre plus fort ma tablette, elle risque de se briser, mais je ne peux pas extérioriser la haine qui macère en moi. Cet affront de catégorie 5 est archivé, même si je sais pertinemment qu'il ne sera jamais puni.

Sand nous confie ensuite du matériel, un peu d'argent et des manteaux censés nous faire passer inaperçus. Quitter ma robe sacrée est un blasphème annulé par un ordre venant d'un supérieur, aussi, je dois m'y soumettre, malgré mes réticences. J'attends d'avoir un moment seul pour pouvoir me changer, refusant catégoriquement de laisser des yeux de profanes contempler ma sainte cyberchape.
Puis, nous partons.










Après avoir circulé - très lentement - dans les rues terrifiantes de la ruche, nous avons rejoint Lutèce. Au volant, la fenêtre ouverte, récupérant mon jeton d'identification, je sens les plaques métalliques de mon crâne chauffer sous la canicule. Rien de comparable à la chaleur étouffante des usines de l'Œil de Thule. Ici, on la ressent nous accabler comme un coup de marteau figé dans le temps. Mon nouveau manteau, de piètre qualité comparée à ma robe cérémonielle, m'étouffe. Je suis obligé de le fermer entièrement pour cacher mes symboles et autres augmentiques visibles sur mon torse, aussi j'emmagasine une température insupportable.

Notre trajet dans Lutèce me fait témoigner pour la première fois de la misère humaine. J'observe attentivement ces bâtiments carbonisés, ces rues dans lesquelles fourmillent des êtres sans but, sans fonction, à l'équation hasardeuse. De cette expérience, je ressors grandi. J'ai été sélectionné par Sa volonté pour participer à Son œuvre. Ces misérables n'ont pas bénéficié de Son regard, et pour cela, je leur souhaite bien du malheur. Le feu n'a pas fini son œuvre dans cette zone de la ville et je me dis que son toucher réitéré pourrait régler bien des problèmes.
Recalibrer l'équation de l'univers pour se débarrasser de ces calculs insignifiants.

Une fois débarqués, nous rejoignons deux policiers qui attendent à côté du corps. J'ignore ce dernier jusqu'à ce que l'enquête ne débute vraiment, préférant ainsi me garder de toute émotion superficielle. Sand sort de son coffre une mallette qui dévoile un sublime servocrâne ronronnant. Une pointe de tristesse m'affecte en repensant à Strepitus et Echoe, dont le silence m'est assourdissant.

Le servocrâne et Sand entamant leur étude du cadavre, je retransmets toutes leurs observations sur ma tablette. J'ai préparé plusieurs fichiers pour trier mes futurs journaux sur l'enquête, les catégorisant par date et localisation.
J'évite autant que possible de les observer, les bruits de manipulation de la chair suffisant presque à boucher mon respirateur. C'est l'apanage de tout ce qui me répugne le plus qui se déroule à quelques mètres de moi. La chair, celle qui me compose et m'a causé tant de torts au cours de ma vie. Son faible et fragile mécanisme mis à l'air libre pourrait me donner envie de me débarrasser du mien. Or, je préfère éviter le genre d'attitudes qui m'ont déjà coûté mon bras gauche.

Le changement de ton dans la voix du détective me force à relever la tête. Après plusieurs manipulations tendues, il extrait un parasite du corps. Immédiatement, je remarque sa nature artificielle. Quand les autres ont un mouvement de recul, je m'approche un peu pour mieux observer. Oui, mes archives ont de vagues données sur le sujet. Une archéotechnologie aussi anathème que recherchée par les membres de mon Ordre.
Stupéfait, j'en oublie mon écœurement pour la chair et évalue la petite entité. Un simple regard suffit à comprendre qu'elle ne provient pas de notre ère.

Ma situation est devenue très compliquée pour moi, car j'ai beaucoup de mal à définir la démarche à suivre. Envers qui ma loyauté penche-t-elle le plus? La Flotte Explorator? Ou l'Inquisition? Je peux m'appuyer sur de très hautes probabilités pour affirmer que c'est cette bestiole qui a provoqué la mort du patient, à la suite d’un rejet. Quelques détails supplémentaires pourraient même faire avancer l'enquête, mais ces informations sont confidentielles pour les profanes. Sand ne veut pas que nous posions des questions sur le sujet... Ce que nous venons de voir doit rester secret.
Mais mes préceptes m'ordonnent de confier cette information à mes supérieurs du Culte immédiatement. J'ai moi-même une furieuse envie d'étudier le spécimen.

Que faire?

Je verrouille l'information pour l'instant. Il me faut cogiter sur la question. Déjà, si le Magos Ziegler est informé, une partie de mon fardeau sera levé.

Après le départ du corps et de notre détective, nous sommes livrés à nous-même. Chacun se définit une tâche pour les minutes à venir et la mienne est toute trouvée. Je dois observer les environs pour tenter de trouver un picto-enregistreur encore opérationnel. Mon auspex en mains, je circule un peu au hasard le long des rails.
Dès que je me suis éloigné du groupe, la panique a commencé à me prendre. À présent, l'outil tremble dans mes mains et je ne parviens pas à me concentrer. C'est pitoyable, je ne fais preuve d'aucune méthode dans mon travail, marchant au hasard dans l'espoir d'un "BIP" révélateur. Évidemment, je ne trouve rien, mais je n'ai pas dit mon dernier mot pour autant.

Je recommence, cette fois en suivant une logique stricte. J'étudie d'abord le réseau de câblage environnant qui pourrait alimenter des picto-enregistreurs. Bingo, mon auspex détecte quelque chose d'utilisable. Après avoir récupéré les données - et exécuté une prière d'entretien un peu bâclée - je peux consulter les images.
Les informations récoltées ne sont pas une percée dans l'enquête, mais permettent au moins de confirmer le déroulement des événements. Deux hommes à la silhouette indéchiffrables qui se débarrassent du corps. Puis le contrôleur qui découvre le cadavre.

Nous nous réunissons pour faire un premier bilan et définir la suite des opérations. Le corrompu parle de "vide" lorsqu'il a ausculté le corps avec ses pouvoirs. Évidemment, je ne connais rien à sa sorcellerie, mais je comprends ce qu'il veut dire. Une absence de données peut être aussi révélateur que leur présence. C'est troublant.


< Cette unité a découvert un picto-enregistreur encore opérationnel [malgré une terrible lacune de rites d'entretiens]._
Conclusion : // après consultation de ses cryptes de données, cette unité peut affirmer que le cadavre | Saul Arbest | a été largué par deux silhouettes | non identifiées | depuis le wagon arrière du train de 6h pour Lutèce. Le cadavre a ensuite été repéré par un employé de la gare._ >


L'équipe se divise en deux. Je suis rassuré de finir avec Sephone, même si Enkidu à fait son choix de camarade un peu trop rapidement. Une fois dans la gare, notre duo étudie les passagers pour trouver quelqu'un à interroger.

« Rex, tu sais jeter un coup d'œil sur la foule ? On recherche le profil-type d'individus qui sont habitués aux allers-retours. Je pense qu'on peut oublier ceux qui ont de lourds bagages. Tu sais repérer ceux qui voyagent léger et mémoriser leurs visages ? »

< Analyse correcte._
Remarque : // observons le comportement des passagers. Les habitués relèveront moins la tête pour s’informer de leur itinéraire / observer les panneaux._ >


Plus facile à dire qu'à faire. Les passagers ne s'attardent pas et je prends trop de temps à tenter d'analyser leurs attitudes pour définir une cible. La foule nous traverse et nous restons tous les deux plantés là, immobiles et un peu gênés de notre échec.
Finalement, je conseille à Sephone d'aller interroger le cheminot et préfère me focaliser sur la technologie. Une nouvelle recherche de picto-enregistreur s'impose.

Quelques minutes plus tard, je rentre complètement bredouille. Le seul picto-enregistreur encore opérationnel n'avait que des données corrompues à me confier. Je vocifère de cet affront terrible envers l'Omnimessie, et les paroles de Sand résonnent dans mes oreilles. Je les ignore.
Lorsque je rejoins l'excommuniée, elle est en train de faire son premier rapport.
Aucune information ne vient éclaircir véritablement l'enquête. Sephone propose d'étudier le wagon cargo en détail, ce qui pourrait nous en apprendre plus sur le mode opératoire des criminels.
J'approuve, mais cogite aussi sur d'autres options. L'heure s'écoule et nous devons sonder un maximum d'options susceptibles de faire avancer nos investigations.


< Bilan de possibilités après premier diagnostic :_
Choix n°1 : // Étudier le | wagon cargo |. Des données supplémentaires pourraient nous permettre de théoriser sur le mode opératoire des | criminels |.
Risque : // Collecte de données superflues et perte de temps dommageable._
Choix n°2 : // Rechercher des passagers réguliers à interroger. Méthode : // Trouver des lieux de réunion tels que | Aumônerie | Bar | Temple de l'Empereur Dieu | Marché |. Cette unité théorise que certains passagers pourraient s'y rendre avant de rentrer chez eux._
Risque : // Recherches hasardeuses sans certitude d'aboutir. Perte de temps dommageable._ >
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Helveticus Matix, Voie du Technoprêtre
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Diederick von Bildhofen
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II

Message par Diederick von Bildhofen »

J’avais fini de siffloter la bouteille de thé tiède d’Enkidu quand le collègues sortent de l’immeuble, en compagnie d’un gugusse un peu moisit. C’est notre contact. Saul ou Sand ? Quelque chose comme ça ? Sand. Par réflexe j’allais lui faire un garde à vous quand il s’approche sauf qu’il me tend la main. Pas de snipers dans le coin, donc c’est sans doute un civil. Peut être ?

On fait brièvement les présentations puis je file me caler dans le fond de la voiture de location. Petit somme pour le trajet, je somnole légèrement. Quand j’ouvre à nouveau les yeux je découvre un coin sale et puant. Si l’odeur avait été puante dans le spatioport, ici elle était carrément infecte. Ça sentait la pisse, la mort et la décomposition, la pourriture. Puis le coin était une sale ruine calcinée.
Et la zone où on se gare est franchement moisie. Y’a des wagons rouillés. Finalement on arrive sur la zone du crime, alors que deux prévôts pas bien motivés surveillent les lieux.

Je jette un coup d’œil aux bâtiments alentours. Y’a pas grande chance qu’un sniper se planque dans le coin, mais c’est toujours quelque chose à faire de temps en temps. Inutile de regarder mes pieds. Qui s’embêterait à placer des mines dans une zone pareille ? Tandis que je surveille les environs en prenant note de qui qu’est là et qui qui passe, je n’écoute que d’une oreille ce qui disent les prévôts.

Finalement je surveille le chef tandis qu’il se dote de gants pour tripatouiller le corps. Ça fait longtemps que j’ai pas eu à écorcher quiconque. Faudrait que je trouve un cochon ou quelque chose du genre pour ne pas perdre la main. Les fruits et légumes ne servent qu’à jusqu’à un certain niveau.
Visiblement monsieur Sand savait s’y prendre en tout cas pour ouvrir un mort. Peut être qu’il était doté de compétences pour ouvrir un vivant ? Je me mettais à le regarder d’un œil appréciateur, surtout passé une bonne heure à découper dans tous les sens le malheureux tué.
Puis soudainement y’a un truc pas clair qui se passe. Notre chef barbier se met à paniquer. C’est là que je remarque qu’il y a des trucs métalliques qui bougent dans le cadavre. Pas normal ça. Un engin explosif implanté dans le corps ? Pourquoi faire ? Dans le doute je prend avec prudence ma hache… mais finalement monsieur Sand a les choses bien en main et extrait le bidule du cadavre. Un bidule pas bien sain. On dirait une espèce d’insecte, mais complètement métallique. Vilaine bestiole. C’est un parasite du coin ? J’espère que c’est pas courant. Juste au cas où, je fais quelques pas en arrière.

Puis lorsque le chef mentionne l’origine de ce bidule… J’ai des grosses sueurs qui me viennent dans le dos. Ce truc peut prendre le contrôle de quelqu’un. On a eu des emmerdes avec des pirates de l’espace bardés de machins technologiques. Je jette presque instinctivement un œil vers le bras de Séphonus, celui là même qui a été pillé sur l’un des corps de ceux ci. Les barbouzes preneurs d’otages voulaient se rendre sur Neustralis avec les otages. J’essaye de me rappeler à quoi ressemblait la patronne après qu’on l’ait tirée de ses captifs. Pas bien fraîche, choquée… Puis ce qu’avait dit Luvarn… « Il y a quelque chose de dérangeant avec son esprit »…. J’ai soudainement très froid. Il fait glacial. Je regarde Enkidu. Je crois que je suis un peu pâle là.

Par réflexe je siphonne le fond de la bouteille de thé d’Enkidu. Le thé est presque froid, mais suffit pour que j’ai un peu moins froid.

Monsieur Sand… dis-je sur un ton très inquiet, avant de m’assurer que Sephonus, Mora et les prévôts ne soient pas immédiatement à portée de voix. Si vous avez le moyen de contacter Masteel ou quelqu’un du premier cercle de la cheffe…

S’ensuit alors une discussion où j’ai l’impression de parler à un mur. Je délivre de plus en plus d’infos sur la patronne sans rien obtenir en retour. Il est fort pour tirer des vers du nez sans rien lâcher Sand. Et c’est embêtant que je puisse pas lui dire tout simplement « faites remonter l’info et posez pas de question », vu que c’est un peu le relais de la patronne au niveau local, donc notre supérieur. C’est assez embêtant. Surtout que je peux pas parler des forts soupçons que j’ai sur un lien possible : les pirates voulaient se tirer sur Neustralis avec les otages. Ils avaient une bonne gamme de connaissances tecnho-hérétiques ou quoique ce soit que raconte Mora. Luvarn avait déclaré que la patronne était pas très claire durant sa capture, que quelque chose le gênait. Luvarn le sorcier qui lit dans les esprits. Et là on a un foutu parasite qui entre dans le corps des gens pour en prendre le contrôle – ici qui a essayé et échoué, entraînant la mort de l’ « hôte ». D’où un parallèle inquiétant avec la cheffe. Mais je peux pas le dire directement parce que ça entrerait en conflit avec le serment donné.

Finalement Sand se fâche m’indique que je peux partir. Temps pour moi de retourner au groupe – et de celui ci de se disperser. Enkidu choisit de se mettre en duo avec moi. Pourquoi pas. Il a l’air bien plus dans son élément que moi. Même si à un moment, en descendant en gare, on voit une dame se faire violemment attaquer par la milice locale. C’est assez navrant. Si on était j’étais avec les copains du régiment je serais bien parti pour leur faire bouffer le pavé et plus si affinité… Mais je suis pas avec les copains, Enkidu est mal à l’aise, et on ne connaît pas toute la situation. Ce qui ne m’empêche pas de regarder les visages de ces connards. Des fois que je tombe sur un d’eux dans une ruelle sombre...
Le savoir c'est le pouvoir. Et savoir quand le garder, le cacher, le partager, cela est la véritable épreuve de ceux le détenant.

Diederick Maria Reichenbach Bruno "Ruichen" von Bildhofen, Voie de l'étude de la connaissance
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

De sombres croques-morts, vêtus dans d’étranges tenues liturgiques, les visages camouflés par d’épaisses cagoules avec la tête formant une pointe, s’approchèrent avec une révérence des personnes présentes. Avec soin, ils s’agenouillèrent aux côtés de Saul Arbest, et commencèrent à tendrement le retourner afin de déposer une housse mortuaire épaisse qui lui servirait de dernier linceul. Ils firent rouler Saul dedans, fermaient la fermeture éclair jusqu’à recouvrir son crâne, et alors, ils élevèrent la civière. Et c’était tout. Les derniers honneurs de cet ouvrier de ruche quelconque et pour l’instant inconnu.
Dans leur véhicule, le policier au volant balança sa cigarette par la vitre et attendit un signe du détective Sand pour démarrer. Le clarificateur rangea son matériel médical et son servo-crâne, transmit sur la tablette de données les photos de la scène de crime, et se prépara aussi à partir.

« Bon. Messieurs, madame, c’est à vous de travailler à présent.
Bonne chance. »


Quelques instants plus tard, les trois véhicules partaient en file indienne, et il n’y eut que le silence de laissé derrière Saul.




Assez naturellement, les acolytes décidèrent de se séparer en deux groupes. Magdela Sephone et Kryptaestrex Mora crurent bon de rejoindre le quai de la gare pour continuer leurs investigations sur place, tandis qu’Enkidu et Theonus Wullis se motivèrent pour braver Lutèce proprement dite.



Avec un lourd retard prévu sur le dépliant horaire, le seul train encore en fonctionnement entre Lutèce et le cœur de Salbris finit par arriver. Le trafic reprenant suite à l’autorisation de la police, les rails s’illuminèrent des deux phares-lumens scintillant à en rendre aveugle. Un instant, le désastre qu’était devenue la gare de Lutèce-Sud apparut bien plus clairement ; cet imposant bâtiment, autrefois une cathédrale de fer conçue pour accueillir des milliers de voyageurs, n’était maintenant plus qu’un cimetière de trains rouillés, une décharge remplie de détritus et de porte-vox endommagés, de rails découpés et volés par les récupérateurs, d’affiches de propagande arrachées ou taggées. Au jour le jour, il n’y avait plus de véritable vie par ici ; tout était devenu automatisé, et la cabine du chef de gare avait été barricadée, avec un simple papier scotché pour en interdire l’accès aux éventuels badauds.

Le seul cheminot encore employé finit par arriver en toute hâte. Il utilisa son sifflet pour annoncer l’arrivée du train aux deux seuls qui attendaient sur le quai. Personne d’autre – pas de familles, pas d’enfants attendant leurs parents. Les trois wagons de passagers s’ouvrirent, et une trentaine de gens de tous les âges et genres en descendirent à toute vitesse, allant vers les escaliers pour revenir chez eux. Le cheminot fit un rapide passage avec une lampe-torche, sans regarder les deux wagons-cargos en bout de chaîne, puis décida aussi de rentrer chez lui.

C’est alors que Séphone le rattrapa pour tenter de lui parler. Le cheminot s’arrêta, choqué et sidéré sur place — une intense peur semblait transpirer de lui. Alors que l’ancienne sœur de bataille se concentrait sur son don qui lui avait valu excommunication, elle ne pouvait que confirmer qu’elle n’avait pas en face d’elle une âme plus pécheresse que les autres ; un couard qui voulait vivre un jour de plus. Une pluie de questions assaillirent alors le cheminot — et pas vraiment beaucoup utiles à l’enquête. Il reconfirmait ce qui était déjà su de tous et confirmé par la vidéo-protection découverte par Mora — c’est-à-dire que le train était parti de ce matin, que le cadavre avait été ensuite trouvé sur les rails. Finalement, le cheminot fut terrifié quand Séphone lui posait d’étranges questions sur son sentiment quant à la manière dont avait été projeté le cadavre, et finalement, le pauvre employé décida de s’enfuir en courant quand elle lui confirma qu’il avait fait un menu mensonge en omettant de dire qu’il avait donné un petit coup de pied à Saul en le découvrant nu sur les rails.

Mora n’eut pas plus de preuves à chercher inlassablement d’autres caméras de surveillance. Tous les picto-enregistreurs étaient soit grillés, soit démontés par des récupérateurs, soit n’affichaient plus du tout d’image quand on se connectait dessus.

Finalement, après plus d’une demi-heure, et suite à l’encouragement d’Enkidu contacté par téléphone, les deux se concentrèrent sur le wagon-cargo d’où était tombé Saul — ou plutôt d’où Saul avait été jeté par deux personnes camouflées par leurs épais imperméables. Étonnamment, un verrou barricadait la porte. Il fallut la force de Séphone et la canne métallique de Mora pour commencer à creuser une ouverture, qu’un laspistolet acheva. À l’intérieur : rien. Un vide absolu, une propreté impeccable, et une forte odeur de javel et d’ammoniac. Quelqu’un avait pris le temps de passer tout le wagon au peigne fin, pour en retirer toutes preuves utiles.

Le dépliant horaire indiquait les gares après Lutèce — ça passait par le complexe Tantalus immédiatement ensuite. Était-ce là qu’on avait posé le verrou ? Ou bien était-ce une fausse piste et un simple cheminot plus loin dans Salbris avait reverrouillé le cargo ?





Pendant tout cela, Enkidu et Wullis se retrouvèrent au fond de Lutèce. La ville était terrifiante. Sombre, à cause de la proximité des immenses gratte-ciels de Salbris, et mal illuminée par des lampadaires aux ampoules grillées. Beaucoup de zonards attendaient dans le coin, titubant, s’agenouillant, s’asseyant par terre, les cernes autour de leurs yeux et leur aspect tremblotant les marquant comme des camés à l’obscura, l’une des drogues les plus populaires du secteur Calixis. Tout dans Lutèce traduisait une ancienne gloire passée — telle cette immense statue de griffon dédiée à un prince conquérant, aujourd’hui taggée de partout — et la lente mort d’une urbanité, car tout autour d’eux, on ne voyait que des bâtiments calcinés aux vitres brisées, et on comprenait mieux l’immensité des dégâts de l’incendie électrique d’il y a deux ans. Partout sur les portes des immeubles, on voyait des rubans aux barreaux, et des mots scotchés les uns sur les autres.
Arrivant au marché aux puces de la ville, les deux assistèrent à une scène terrible : deux policiers sautèrent sur une femme pour la tabasser devant un public terrifié. Mais personne ne protesta, sitôt les deux officiers partis, des badauds s’approchèrent de la femme pour l’amener en sécurité. La scène paraissait bizarrement habituelle. Quand bien même les hommes de loi étaient universellement brutaux à travers l’Imperium, ça semblait parfaitement déraisonnable.

Finalement, Enkidu décida de demander son chemin à quelqu’un, sans doute fatigué d’errer depuis trop longtemps dans cette horrible ambiance. Un honnête passant leur donna leur chemin, mais leur rappela qu’il valait mieux ne pas traîner la nuit — apparemment, tout le monde parlait de fantômes qui hantaient les rues et se saisissaient des gens qui y traînaient lors du cycle nocturne. Il lança aussi un nom : Sikes, un récupérateur qui savait pas mal de choses sur Lutèce.


Le résibloc 7-17 était ce qu’on en attendait : une grosse barre d'habitations en déliquescence. Les murs noirs, les anciennes affiches de propagande déchirées, les fenêtres barricadées, même si, ici, il y avait bien des gens résidents - par les fenêtres ouvertes, on entendait un homme crier sur ses enfants, la musique triste d'une jeune femme jouant du violon, on observait du linge étendu sur des cordes suspendues dans le vide. Des enfants regardaient les deux acolytes, avec des gros yeux, et certains furent pressés par leurs parents de rentrer et de s'enfuir en voyant les deux bonhommes armés et en pare-éclat.
Alors qu’ils s’apprêtèrent à rentrer, Wullis nota un détail qui accapara son attention. Trois pas de plus, et, sous leurs yeux, ils découvrirent une ancienne plaque de bronze verdi qui autrefois servait à afficher des informations publiques : il était rempli d'affiches de recherches collées. "Personne disparue" "Avis de recherche" "Je cherche ma femme" "Récompense promise" "Personne pas rentrée chez elle"... Skane et Masteel avaient parlé de 19 victimes ? Il suffisait de compter. Cinquante, soixante, soixante-dix...

Il y a au moins quatre-vingts disparus, quand les Wullis fut fatigué de compter.

Dans le hall, quelques zonards, quelques camés regardent en coin ; heureusement, la présence de Wullis semble suffire à les dissuader de s'approcher, et ils dégagent l'escalier, même si les acolytes eurent le réflexe de prendre un moment pour les contourner et bien observer leurs mains - peut-être l'un d'eux aurait pu avoir l’idée de charger avec un surin pour les planter…
...Un tel désastre ne se produit pas. Direction l'appartement de Saul Arbest, seule piste exploitable pour l'instant. Les ascenseurs étant en panne, ils durent monter les marches, une à une, au sein de cette cage d'escalier bruyante et puant la javel. C'est là que, soudain, Enkidu se senti très mal - des larmes de sang lui montèrent aux yeux, et un peu de vomi dans la gorge. Wullis put croire à un soudain empoisonnement ou un trouble médical, mais en fait, Enkidu eut très souvent de tels symptômes — l’endroit puait la mort. Ce résibloc entier est hanté. Le psyker ressentit, comme si sous ses pieds, des centaines de gens tentaient d'attraper son âme pour la déchirer en morceaux. Il lui fallut toute sa force, et un peu l'aide du garde, pour arriver au bon étage, avant de prendre quelques instants pour se remettre.


L'appartement de Saul Arbest était grand ouvert. La porte défoncée. Par réflexe, les deux dégainèrent les armes et approchèrent prudemment. À l'intérieur, ils découvrirent une minuscule pièce de 8m². Au fond, des toilettes à la turque et un pommeau de douche au-dessus. Une fenêtre avec un pot de fleur miraculeusement encore en train de faire des feuilles. Un lit défait... Et à côté, une femme en train de pleurer toutes les larmes de son corps, recroquevillée contre le mur.

Elle sursauta en les voyant, la bouche grande ouverte.



Enkidu baissa vite son arme et étendit sa main, avant de lancer des explications :

"Oh bordel euh… Madame ? On vous veut pas de mal, excusez-nous, on a vu la porte défoncée, on a cru... Je m'appelle Enkidu et lui c'est Wullis. On travaille pour un détective privé qui enquête sur toutes les disparitions. Vous voulez bien nous parler ? »

Devant eux est une jeune femme, son âge ne doit pas dépasser la vingtaine, même s'il est difficile d'évaluer totalement son âge avec les cernes mélangées aux larmes qui encerclent ses yeux, ou la pâleur de sa peau qui laisse des creux dans ses joues trop fines. Sans avoir dit son nom à voix haute, on devinait bien de qui il s'agit - elle tient contre elle une petite sacoche pleine, et elle porte un long manteau bien trop grand pour elle qui lui descend en dessous des genoux. Elle regarde l'un, puis l'autre ; elle prend une grande inspiration, ses narines humides bruyantes, avant de trouver le courage de sortir avec une voix tremblante :

"Des détectives... Qui peut en avoir quelque chose à faire ?"
Avant qu’Enkidu puisse répondre, elle lance la seconde question, bien plus importante que la première :
"Qu'est-ce qui est arrivé à Saul ?"

‘’Oh vous êtes pas au courant, évidemment... Putain." Enkidu n'a pas à forcer pour être pâle avec une mine défaite. "Il est mort, on a retrouvé son cadavre ce matin. Il est actuellement à la morgue. Je suis désolé."

La jeune femme regarde droit devant elle, au-delà des acolytes ; ce n'est pas parce qu'elle a vu quelque chose. Son esprit semble se perdre un instant, et elle semble devenir plus pâle encore, quasiment cadavérique. Elle ferme ses lèvres, les rouvre pour dire quelque chose, mais hésite. Finalement, elle regarde Enkidu droit dans les yeux, et il y a une espèce de force dans ses mots étranglés :
"Est-ce que... Est-ce que vous avez une preuve ? Qu'il est mort ?"

Enkidu grimace. "J'ai des photos du cadavre dans la tablette de données, mais... Honnêtement, je n'avais pas pensé que vous ignoriez la nouvelle. Ce ne sont pas des photos très plaisantes."

Elle hoche de la tête, et ses yeux se remplissent de larmes. Mais c'est presque instantanément qu'elle répond, comme si elle s'attendait à ce qu’on lui dise ça : "Je m'en doutais, au fond de moi. Mais j'ai besoin d'être certaine. S'il vous plaît."

Enkidu pianote sur la tablette pour ouvrir le fichier photo puis lui tend tout en lui demandant. "Si vous ne saviez pas... Pourquoi pleuriez-vous tout à l'heure ? Qui a défoncé la porte ? D'ailleurs Wullis tu peux garder un oeil dessus aussi ?"

Elle attrape la tablette en tremblant. Les paroles du psyker la font relever le nez, et c'est avec colère qu'elle répond : "Je pleure parce que mon frère est disparu depuis des semaines, c'est moi qui aie forcé la porte à sa recherche". On ne l’entendait pas dire, mais on pouvait deviner qu'elle avait lancé un « pauvre connard » très sec entre ses dents à son attention.
Elle regarde l'image. Ses yeux s'écarquillèrent, sa bouche s'entrouvrit, une expression horrifiée gagna son visage tout entier, marquant ses traits, comme si elle portait un masque de scène, celui de l'effroi lors de la Tragédie. Elle caressa l'écran de la plaque de données du bout de ses doigts qui se mettaient à trembler. Elle sembla défaillir ; parce qu'il s'était préparé, Wullis fit un pas de côté, pour arrêter sa chute - mais elle fait rapidement signe au garde que ce n'est pas la peine, et elle s'assoit toute seule sur le lit, en posant la tablette à côté d'elle.
Elle mit ses mains sur son visage. Elle renifla fort, prise d'une crise de larmes, quelques instants.

"Je comprends. Je pensais que vous viviez ensemble, pardon."

Wullis décida alors de rentrer dans l’appartement et de fouiller. Surprise, la jeune femme se releva :

"Qu'est-ce que vous faites ?
– Vous préparer un thé. Vous êtes clairement en détresse madame.
– Je ne suis pas en détresse, je suis triste, sale pute. Ne touchez à rien, c'est ses affaires, c'est chez lui !"

La pure colère honnête et soudaine fait fuir Wullis, qui est excusé par Enkidu qui rappelle à voix haute « excusez-le, il vient de la campagne ». Il fallut quelques instants pour que le calme revienne, et que le psyker reprenne l’investigation.

"Écoutez, je sais qu'on ne se connaît pas et que c'est une façon horrible d'apprendre ce genre de nouvelles, mais on cherche vraiment à savoir pourquoi tous ces gens, dont votre frère, ont disparu. On peut vous posez des questions ? On essaiera de partir le plus vite possible, promis."

Après quelques instants à se tranquilliser, et à cesser de s’arracher les cheveux, Lili hocha de la tête.

"Oui... Oui, si je peux vous aider... Je répondrai à vos questions."

"Merci beaucoup. Vous avez rapporté sa disparition il y a trente deux jours, c'est ça ? Il avait disparu il y a combien de temps ?"

Lili lève le nez. "Rapporté sa dispiration ?" Elle n'en croit pas ses oreilles. Elle éclate de rire - un rire sincère, presque de soulagement, un rire nerveux qui illumine son regard entre les larmes. "Il l'a fait..."

Alors que tu ne comprends pas du tout ce qu'elle est en train de dire, elle sèche ses larmes avec la veste de son grand manteau, et elle explique :

"C'est horrible, mais... Mais je sais pas quand il est disparu. Le mois dernier, j'étais en haut de la ruche de Salbris, sur l'esplanade noble. J'ai réussi à trouver un boulot d'intérim, servante pour les festivités royales, et j'étais tellement crevée que j'ai pas pris de ses nouvelles... Et puis... Et puis..."
Elle a la voix qui tremblote. Par réflexe, Enkidu s'assoit à côté d'elle sur le lit, pour paraître moins menaçant - cela l'encourage à continuer. "...Et puis, pour tout avouer, j'étais soulagée. Tellement soulagée... Cela faisait des semaines que Saul faisait que passer ses soirées à boire, à boire, à boire et à se plaindre... Les dettes, il était acculé, et il a décidé de se suicider à petit feu. On s'est... Engueulés. Fort. Très fort. Je lui ai dis... Je lui ai dis des trucs que je regrette." À nouveau, son visage a l'air tout bonnement horrifié.

"Quand je suis rentrée à Lutèce et que je me suis rendu compte qu'il n'était plus là, je l'ai cherché partout. Partout. Même dans son putain de rade habituel, le troisième syndicat, quand bien même ce lieu pourri me donne la chair de poule. J'ai fais une scène, j'ai crié, mais tout le monde ne faisait que me regarder sans rien dire, et j'ai su au fond de moi qu'il s'était passé un truc grave !"
Elle se mord le pouce. Le suçote dans un réflexe enfantin. Mais à nouveau, elle parvient à continuer son histoire après tout juste quelques larmes et sanglots.

"Je savais pas vers qui me tourner. Et puis, sur la place de la statue, j'ai vu le major Locan. Il avait l'air... Je sais pas. C'était trop bizarre, il était tout seul, à tituber dans son uniforme aux boutons défaits... Je suis venu lui parler, lui dire que Saul était pas rentré et que je le trouvais nulle part. Il a eut l'air en colère. Puis après, soudain, il avait l'air au bord des larmes, complètement effondré. Et il m'a fait jurer, sur le Dieu-Empereur et Saint-Drusus, de n'en parler à personne, et surtout pas aux autres policiers. Je ne sais pas pourquoi, c'était étrange, mais il avait l'air d'être terrifié, pour moi. Je n'avais aucune idée qu'il avait prévenu quelqu'un et reporté la disparition plus haut."

"C'est le chef de la police locale..." Enkidu marmonne tout seul pour se rappeler. "Vous le connaissez ?"

Elle hausse des épaules. "Pas personnellement, non. Mais... Il est là depuis un moment, et c'est un brave homme. Il parle souvent avec les locaux, il aime bien résoudre les conflits par la parole, un bon policier. Il organisait chaque année un bal où on pouvait danser avec les gardiens de la paix, et il vendait des calendriers pour qu'ils se payent une machine à café ou un nouveau canapé pour leur salle de repos.
Mais tout a changé récemment, comme tout dans ce putain de quartier de merde. Il se déplace hagard, seul, sale, sans savoir où il est, comme s'il était complètement perdu. Et on dirait qu'il y a des nouveaux policiers, agressifs, qui bousculent les gens, qui agitent de la matraque... Plus personne n'ose les appeler quand il y a un problème, parce qu'ils le résolvent tout le temps à la matraque. Personne ne reconnaît ces policiers-là, on sait pas d'où ils sortent, et quand on approche de Locan pour demander des explications, il s'enfuit, en pleurant ou en criant."
Elle a l'air bizarrement terrifiée, et se ronge les ongles

"Vous savez où il est ? Où il vit ?"

"Il dort au commissariat. Mais autrement il alterne entre le rade de mon frère, ou parfois il est sur le marché... Vous pouvez facilement le reconnaître, il porte toujours son foutu képi bleu." Elle éclate à nouveau d'un rire nerveux entre ses larmes.

"D'accord, merci... pour en revenir à votre frère, il a été licencié par le cartel Tantalus il y a quelques mois, c'est ça ?"

Elle hoche de la tête. "Oui... Comme beaucoup ici. Le cartel réduit ses activités. Ils avaient promis de retrouver des emplois pour les habitants, ils ont signé un plan social avec les services de la monarchie... Mais en réalité, ils se contentent de petit à petit déchirer les contrats d'endenture. L'Hégémonie Skae, qui les rachètes, a prévu de réduire majoritairement la main d'oeuvre, et la remplacer par des servitors et des indigènes de l'Oultrocéan. Dans quelques mois, plus personne ne sera employé par le cartel, et Lutèce pourra enfin définitivement mourir.
Si on est pas tous emportés par les fantômes avant..."

Enkidu fronce les sourcils "Quelqu'un dans la rue nous a parlé de fantômes... qu'est ce que vous savez à ce propos ?"

Elle serre des dents. "Autant que tout le monde. Chaque matin, on se rend compte que des gens ont disparu pendant la nuit. On dit qu'il y a des gens qui rodent, des créatures sombres qui prennent tous ceux qui font l'erreur d'errer dans la rue... Mais personne en parle ! Tout le monde fait comme s'il ne se passait rien, et baisse la tête et se tait quand on commence à poser des questions ! Je ne les ai jamais vus, mais j'ai failli."
Elle frissonne en mordant son pouce, quelque chose semble absolument la terrifier, et elle ne te dit pas tout.

"Chaque matin ... et vous connaissiez d'autres victimes ?"

Elle hoche de la tête. "Tout le monde connaît tout le monde ici. Je suis née à Lutèce, j'ai grandis à Lutèce, j'ai... J'ai épousé mon mari ici. Mais depuis les incendies d'il y a deux ans, tout... Tout est en train de s'effondrer. Nous sommes tous des morts-vivants, on attend juste que quelque chose vienne nous prendre. Quelque part... Peut-être que les fantômes sont juste nos familles qui veulent nous reprendre." Elle sourit. Elle maquille ça comme une blague d'humour noir, mais elle y croit vraiment.

Enkidu grimace. Il ne sait pas quoi répondre au désespoir local, il n'a lui même pas eu une pensée optimiste depuis ses dix neuf ans. "J'ai une question un peu bizarre à poser... les disparus que vous connaissez, elles avaient un point commun entre elles ? Comme avoir des dettes auprès des mêmes personnes, fréquenter les mêmes endroits…"

Elle hoche négativement de la tête. "Désolée, je ne sais pas. On est tous pareils. On est tous endettés. Comme tous les magasins et tous les bars et tous les lieux de vie ont fermé, on va aux mêmes endroits. On a... On a tous perdu des gens il y a deux ans, tous. On pourrait croire que ça nous aurait rapprochés, mais non, c'est tout l'inverse. Plus personne ne parle avec personne, on se regarde tous avec méfiance, ou inquiétude. Les seules personnes qui font fortune ici, c'est les dealers - ils fréquentent le troisième syndicat, et ils distribuent de l'obscura pas cher à qui en veut, même sous le nez des flics. Je sais pas trop quoi dire de plus…"

"Vous prévoyez de faire quoi après avoir... D'ailleurs pourquoi vous avez forcé la porte de votre propre frère ? Personne n'avait la clef ?"

Elle a l'air soudain très triste. Mais une tristesse différente - une tristesse plus morne, plus résolue ; plus acceptante, surtout. Elle soupire tout l'air de son corps, et regarde ses pieds, avant de t'offrir des explications seulement après avoir marqué un long silence.
"J'ai fracassé la serrure il y a trois semaines. Je cherchais une preuve, un indice, une trace, quelque chose... Rien du tout. J'ai passé de longues heures ici, à réfléchir, à fouiller, à tenter d'avoir un message de sa part. Mais je n'ai rien trouvé.
J'ai décidé de partir... Je me sens en danger ici, je le sens au fond de mes tripes, je suis la prochaine. Mais j'ai décidé... J'ai décidé de passer une toute dernière nuit ici. Je sais pas ce que j'espérais. Qu'il rentre à la maison ? C'est stupide. Mais j'ai bien fais.
J'ai bien fais parce que ce matin, je suis redescendue à mon appartement, et j'ai vu que la porte était éventrée, et qu'à l'intérieur, mes affaires ont toutes été déchirées, détruites ou renversées. Mais rien n'a été volé. Si j'étais restée chez moi hier..."

Elle frissonne.

"Je veux fuir d'ici. À la tombée de la nuit, je vais courir vers le train, et me cacher à l'intérieur. Demain matin, je serai hors de Lutèce. Une... Une amie à moi sert d'écrivain assermenté dans le quartier de Montcloud, peut-être me laissera-t-elle vivre chez elle si je demande. C'est pas grand chose, mais c'est mieux que mourir, pas vrai ?"

Son plan serait peut-être plus raisonnable si elle avait une arme, ou de l'argent, ou une autre aide. À vous de voir quelle compassion vous avez pour Lili Arbest.

Depuis l'entrée, toujours en sentinelle, Wullis s'adresse à la dame. "En règle générale, les volontaires ont le choix de leur affectation. S'ils en sont à conscrire à tout va, vous pourriez avoir de raisonnables chances d'être mise à l'arrière. Ça ou carrément vous engager dans la garde. Vous disparaissez hors monde pour de bon. Et vous ne le reverrez jamais", finit je avec une note de nostalgie dans ma voix.
"Vous avez de quoi vous protéger entre temps ?"

« Oh putain. »

Lili Arbest lève les yeux pour te regarder tout droit. Elle est bouche bée. Elle regarde ensuite Enkidu : "Qu'est-ce qu'il raconte ?"

"Nan l'écoutez pas il a pris un arbre sur la tête y a longtemps.’’ Enkidu soupire. Se gratte le nez. "Bon il me reste 30 trônes. Prenez ça." Il lui tend son argent. Il regarde Wullis comme si c'était entièrement de sa faute.

Lili a encore plus la bouche bée. Elle reste bêtement droite un instant à regarder les coupures de billets que tu lui tends. C'est après un instant d'hésitation qu'elle décide de les attraper et de les regarder. "C'est... Je... Je sais pas quoi dire. Merci, Enkidu, merci énormément, mais... Pourquoi ?"

"Parce que je le supporte plus, lui !" Ce qui est con quand on est imberbe, c'est que rougir se voit beaucoup plus qu'avec une barbe. "Bon je disais. Les disparitions. Vous connaissez certaines des fréquentations de votre frère au troisième syndicat ? On est passé devant en venant."

Le psyker lui arrache un sourire amusé. Et puis, émue, elle se met à nouveau à avoir des larmes, peut-être un poil plus joyeuses.
"Je... Oui. Vous devriez chercher Evard Zed. C'est... C'était, son meilleur ami. Ils buvaient toujours ensemble. Zed est un ivrogne, mais depuis quelques semaines, depuis la dispiration en fait, il ne fait que tenter de m'éviter tout le temps. Je crois... Je crois que je l'ai vu au Templum ce matin, quand j'ai allumé un cierge pour mon mari, mon fils, et Saul. Il doit toujours y être. Je crois qu'il sait quelque chose, qu'il ne veut pas me dire."

"Ce Zed c'était un collègue de votre frère ?"

Elle hoche de la tête. "En effet."

"il y travaille toujours ?"

"Non, il passe ses journées à boire du matin au soir. Un ivrogne, sans avenir."
Elle a le regard qui part dans le vide après avoir dit ça.
Tu devines quelle est la dernière chose qu'elle a dit à son grand frère, la dernière fois qu'elle a put le voir en vie. Tu devines quels sont les mots qui la hanteront jusqu'au restant de ses jours.

Enkidu ne sait pas dire des mots de réconfort générique à quelqu'un qui a perdu toute sa famille et qui vit dans un des pires trous pourri qu'il a jamais vu de toute sa vie (et il s'y connait en trou pourri). "Une engueulade ça définit pas toute une relation. Regardez le, lui. J'arrête pas de le chambrer et il est là, pétulant comme tout, à donner son coup de collier comme tout le monde. Il est bouseux mais il est brave." Enkidu regarde dans le vide. Il hausse des épaules. "La haine est amour." Il vient de citer une pensée du jour assez bateau. "Je crois que je n'ai plus de questions, vous nous avez beaucoup aidé."

Elle hoche de la tête. Aussi bateau que peuvent être tes mots, ils semblent la toucher. Elle serre les billets et les ranges dans son manteau beaucoup trop grand. "Je vais prendre un taxi et me casser d'ici immédiatement. J'aurais dû faire ça depuis bien longtemps."
Elle se lève. Elle te regarde, hésite à dire quelque chose. "Vous aussi, vous m'avez beaucoup aidé. Mais je peux pas m'empêcher de me demander... Pourquoi faire tout ça ? Vous avez pas vraiment l'air de grands chevaliers héroïques, sans vouloir vous manquer de respect. Qui dois-je remercier dans mes prières ?"

"Si vous voulez vraiment, vraiment, nous rendre service, oubliez jusqu'à nos noms. Nous aussi nous aimerions éviter les rencontres."

Elle hoche solennellement de la tête. "Alors je prierai l'Empereur-Dieu. Si vous êtes Ses envoyés... Jurez-moi de faire payer ceux qui ont fait du mal aux gens de Lutèce. On a payé pour nos crimes, mais ceux qui sont en train de manger la charogne de ma ville méritent punition."

Enkidu grimace, repense aux fantômes dans l'escalier
Il a bien refoulé sur le moment, mais ça lui a fait très mal. "Ben je jure de faire ce que je peux pour arrêter ça, tant que je respecte la volonté de l'Empereur." Il pense à autre chose "rien à voir, mais si ça vous embête pas, je préférerais qu'on sorte séparément, que vous partiez un quart d'heure après nous ?"



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Le temps commençait à se couvrir. Dans le ciel, le soleil invisible se couchait. Une fine pluie glissait maintenant à travers les sommets des gratte-ciels de Lutèce, faisant ruisseler une averse acide qui se mit à former des flaques partout sur l’asphalte, le pavé, et la boue. Les badauds commencèrent à se presser encore plus de rentrer chez eux, et la ville paraissait plus morte que jamais.



Le Troisième Syndicat des Travailleurs de Tantalus était probablement, à une époque, une organisation des patrons qui leur permettait de regrouper leurs employés en un seul endroit pour transmettre des informations et organiser des réunions publiques, en plus d’être un débit de boissons qui leur pour récupérer les Trônes qu’ils venaient de verser à leurs esclaves d’endenture. Le Garde Impérial pouvait voir une ancienne affiche de propagande à la gloire du Cartel : des ouvriers dessinés dans un style cubique, souriants et en pleine forme, s’attelaient sur des machines, tandis qu’au-dessus d’eux, dans les nuages, des hommes et des femmes nobles leur tendaient des sacs de provision et des billets de banque. Quelques mots encourageant ponctuaient le message : PROSPÉRITÉ — LABEUR — CROISSANCE.

Aujourd’hui, le Troisième Syndicat faisait peine à voir. Un rade dégoûtant, aux murs criblés de balles, aux vitres sales (Quand elles n’étaient pas brisées…), la loupiotte de l’enseigne clignotant de temps à autre d’une façon inquiétante.

Le technoprêtre et la sœur de bataille finirent par arriver et rencontrer Theonus. Les trois n’eurent alors plus qu’à rentrer tous ensemble à l’intérieur, une petite sonnette indiquant leur entrée.



L’intérieur était comme Enkidu l’avait décrit : c’était plein de monde, mais du monde qui semblait bien peu recommandable. Des jeunes et des vieux, majoritairement des hommes, mais pas que. Aucune musique, aucune conversation. Au fond de la salle, presque toutes les tables étaient occupées, par des gens mal habillés, tous avec un verre d’alcool devant eux. Des dizaines et des dizaines de paires d’yeux se posaient sur les nouveaux venus, des sourcils froncés et des sales gueules visiblement en colère.

Au bar, plusieurs personnes étaient attablées. Le taulier, un gros bonhomme aussi gras que musclé, chauve, avec une immense barbe blanche sale qui tombait dans des nattes, appuyant ses deux bras aux manches retroussées sur le comptoir, en jaugeant du regard les trois nouveaux arrivants, avec leurs flingues et leurs pare-éclats.

« Je peux savoir qui vous êtes et ce que vous foutez ici ? »

Si certains clients se mirent à ignorer la scène et reprirent tranquillement leurs chuchotements et surtout leurs boissons, l’ambiance était devenue glaciale.



Sous la pluie, Enkidu remontait des ruelles désertes. D’un pas déterminé, le revolver contre sa hanche, il marchait en regardant tout droit, mais en lançant discrètement des regards de chouette derrière lui, au cas où l’un des déchets de Lutèce souhaiterait l’attaquer — il savait que, seul, il attirait les regards, mais son épais blindage militaire devait bien servir à, peut-être, intimider ceux qui pensaient se faire un peu de pognon rapide en tapant le premier étranger qui ferait l’erreur de se promener dans les rues. Un addict sans argent pouvait rapidement devenir fort dangereux.


La chapelle n’était pas dure à trouver. Au milieu de ce chaos urbain, le bâtiment tranchait. Il était bizarrement petit — et fait de jolie pierre taillée, et non de l’armabéton renforcé de barres de métal comme tout le reste des édifices autour. Une nef, un immense aigle bicéphale en bronze au-dessus, et surtout, des vitraux, brisés, mais encore rayonnant de centaines de couleurs. L’endroit tout entier paraissait apaisant, et hors du temps. La dernière chapelle d’une ville à la dérive. Un endroit où l’on était toujours chez soi, quand on était un fidèle du Credo.

Se signant rapidement du signe de l’Aquila, Enkidu s’approcha de la lourde porte, où une petite ouverture lui permettait d’accéder à hauteur d’homme.

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Il n’y avait pas d’ampoules à l’intérieur, et pourtant, la chapelle brillait.

Au milieu de la nef, on trouvait des statues alignées, des constructions brutalistes fort simples qui présentaient des saints avec des têtes carrées — Macharius, Drusus, Quivaar… Et aux pieds de ces statues, des bougies. Des milliers de bougies, des cierges de toutes les tailles, certains au bout de leur cire, d’autres toutes justes entamées. Il y en avait tant, partout.
Lili Arbest en avait posé un ce matin pour ses proches défunts. Si tous les autres habitants l’avaient imitée, le nombre de pertes dans la ville était absolument saisissant. L’incendie électrique avait donc réellement liquidé Lutèce quasi entièrement.

Devant l’autel, quelques personnes étaient agenouillées, en train de prier. Enkidu n’eut pas le temps de faire grand-chose, parce qu’alors qu’il s’approchait discrètement, un prêtre s’approcha de lui — un petit homme, plus petit que lui, fin comme une épingle, une calvitie au sommet du crâne et un collier de cheveux blonds autour. Un homme au nez tout rouge, plein de creux sur les joues, le signe d’un alcoolisme qui avait ruiné ses organes depuis un moment. Tout craintif, la voix apeurée et tremblante, il demanda au psyker :

« Mon fils ? Comment puis-je vous aider ? »

Un moyen détourné de demander à Enkidu qui il était et ce qu’il faisait là.
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Reinhard Faul
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II

Message par Reinhard Faul »

Enkidu et Wullis laissent Lili Albrest seule et sortent de l’immeuble. Le jeune Psyker se retrouve bizarrement léger, et en retournant dans le couloir, il a une hallucination assez saisissante alors que les murs semblent se liquéfier et disparaître dans un souffle - rien d'incroyable, le genre d'expérience hors-de-soi qui l'ont traumatisé des années durant à la Psykana. Il observe, un instant, ce qu'il comprend être le passé proche de la jeune femme ; une voiture qui quitte une ville où flottent les morts en-dessous, un homme qui court dans un appartement en flammes pour y sauver un bébé hurlant, un homme qui marche seul le long de rails... Et puis, un futur proche. Un homme richement habillé, tout vêtu de soie, qui trône au-dessus d'elle. Une montagne de vaisselle à laver. De l'eau bénite qui coule du front d'un enfant. Des larmes. Beaucoup d'effroi. Une vie de misère. Des secrets à cacher.

Mais une vie. Une vie malgré tout. Lili Arbest survivra à cette nuit, et à de nombreuses nuits qui viendront ensuite.

« Bon. On fait quoi ? Le copain ou le bailli angoissé ?

- Deux secondes faut que je reprenne mon souffle. » Enkidu s'allume une cigarette bien méritée. Il est tout pâle. Il a un peu de sang séché au bord des yeux. Il aspire la fumée avec un plaisir évident. « Faudrait appeler les collègues avant. On a appris beaucoup. » Il souffle sa bouffée. « Et si tu répètes ce que j'ai fait je fous le feu à ton arbre. »

Wullis fronce les sourcils. « De quoi tu parles ? La cigarette ? »

Non, Enkidu parlait d’avoir donné l’équivalent de donner un mois de salaire à une fille qu’il ne connaît même pas et qui n’a plus aucun intérêt pour l’Inquisition, mais le Garde semble vivre dans un petit monde plus simple que le sien. Le jeune homme hausse des épaules en réponse à la question, puis répond :

« Fais pas cette tête je vais pas le flamber ton arbre. » Le Psyker passe mentalement à autre chose. Il revient sur ce qu’ils viennent de vivre. « Mais ce qui m'emmerde maintenant c'est qu'il y a beaucoup plus de disparus que ce qu'on pensait. Et pourquoi je les ai entendus dans ce foutu immeuble ? Mais je pouvais pas demander "bonjour c'est moi j'entends plein de morts dans ma tête ici vous sauriez pourquoi ?", pfff t'imagine. »

Puis Enkidu se rend compte qu'il réfléchit à voix haute devant Wullis qui n’en a absolument rien à foutre. L’effet de la tension nerveuse. Il prend ses petits sentiments personnels, les met de côté, et passe à la suite des événements. Il explique à Wullis :

« Bon, c'est à ton tour de te servir du foutu bidule. Je sais pas comment on appelle avec ce vieux truc. Enfin celui que j'avais avant avait pas les mêmes petits dessins dessus. » Il tend le porte Vox à Wullis.

Le Garde bidouille l’appareil, vérifie la batterie, commence à chercher la fréquence puis... pose la question à mille trônes.

« Qui cherche-t-on à joindre ? »

Enkidu regarde Wullis silencieusement avec les yeux rouges de sang frais. Il espérait vaguement que son interlocuteur serait capable de passer un coup de fil de façon autonome, et il dut encore une fois revoir ses attentes à la baisse. Même cinq minutes pour fumer une cigarette ne lui seraient pas accordé.

Wullis fouille dans ses affaires en voyant le regard de son collègue. Au milieu de ses petites bricoles de soldat, il semble enfin retrouver un paquet de mouchoirs.

« Tiens. T'en as encore qui est resté dans le coin des yeux. »

Surpris de cette prévenance inattendue – à moins que ce soit le spectacle du sang qui l’incommode -, Enkidu fait preuve de reconnaissance :

« Merci, t'inquiète pas j'ai du sérum phy sur moi. J'ai toujours des emmerdes de ce côté-là. »

« Ça doit être chiant au quotidien. » Réponds Wullis en hochant de la tête.

Voulant encourager ce genre de comportement (qui le changeait agréablement des sale sorcier regarde j’ai mes trophées pour me protéger de tes maléfices), Enkidu abonde en remerciement :

« C'est gentil, les gens pensent rarement à ce genre de détail quand je pleure du sang. » Il hoche la tête. Tout ça est très bien mais il faudrait retourner aux affaires importantes. « Tu peux appeler les collègues ? »


« Bon.... Oh. Oui. Contacter les collègues. Pardon. Fatigue. » Wullis rebidouille l’appareil. Enkidu finit sa cigarette et sort une petite fiole de son sac avant de pencher la tête en arrière pour se rincer les yeux. « Un deux un deux. Ici Wullis. Vous me recevez ? »

< MORA -
Affirmatif >

Wullis hoche de la tête à Enkidu.

« On est branchés. La fréquence est ouverte et non cryptée. »

La voix de la Soeur de Bataille s’élève :

« Ici Seph... appelez-moi Maman sur le réseau. Fort et clair. »

Enkidu n’a pas envie d’appeler une collègue qu’il connaît depuis deux semaines maman, c’est humiliant. Il lâche donc sa fiole et répond donc de façon peu professionnelle :

« Hein. »

Les deux fous furieux continuent dans leur délire, en adoptant un vocabulaire bizarre pour un coup de fil. Le Psyker écoute la conversation d’un air médusé :

« Les disparitions sont largement sous-estimées maman. Racine, à vous.

- Qu'est-ce que tu veux dire par sous-estimés ?

- Multiples disparitions dans le quartier. En complément d'une détérioration drastique de l'ordre public. Possible purge ou remplacement des équipes locales des forces de sûreté, remplacées par de la sale racaille bourrine. Racine, à vous. »

Wullis se tourne vers Enkidu en prenant soin d'éloigner le vox, il lui pose cette étrange question :

« Tu veux quel indicatif radio pour toi ? Sephone a pris Maman et j'ai Racine. »

Le jeune homme répond d’un ton indigné :

« Non mais je vais pas vous appeler maman et racine c'est quoi ces jeux idiots.

- La ligne est ouverte et non cryptée. Et on a affaire à de sales parasites et autres saloperies techno inconnues. Des noms de codes sont la moindre des choses ici.

« Mais on est quatre, on se connaît et il est hors de question que j'appelle Sephonus maman ! »
Enkidu ne comprend pas. Ils ont des faux papiers justifiant leur présence, avec leur état civil et tout. Et de toutes les informations sensibles qu’ils discutent sur le téléphone, la plus interdite serait leur putain de prénom ? Le Psyker décide de revenir sur ce qui l’intéresse : « et par disparitions multiples Wullis veut dire DES DIZAINES DE DIZAINES.

- M'am peut faire l'affaire. Choisis un code pour toi ou il sera choisi malgré toi, »

Ajoute Wullis avec un sourire. Enkidu a un peu envie de pleurer. Il lâche d’un ton venimeux :

« Oui bah tu m'appelles déjà sorcier ou shaman ou je sais pas quoi ça va pas me changer. Puis je viens de voir des fantômes, on a parlé de dizaines de mort tu veux pas me lâcher un peu. »

Enkidu entend Sephone soupirer d’un ton condescendant :

« Maman te ramènera des gâteaux. »

Dans le silence qui suit ce propos incroyablement irrespectueux, il entend un petit grincement mécanique sur la ligne. Mora s’impatiente et voudrait passer au concret. Cela laisse le temps à Enkidu d’encaisser l’insulte.

< Identifiant | 88 |
Le wagon cargo a été fouillé. Il est totalement vide.
Remarque : // le wagon a été nettoyé de fond en comble comme pour masquer quelque chose. Détection de produits nettoyant douteux.
Conclusion : // suspect.
Note importante : // un verrou a été installé sur la porte du wagon cargo. Il a du être placé au terminus de la ligne : |complexe général Tantalus |.
Note supplémentaire : // l’usine est sensée être quasiment désaffectée.
Conclusion : // suspect. >

Les larmes aux yeux de colère, Enkidu tente de revenir au sujet prioritaire. Il fait preuve de beaucoup de sang froid. Ça ne rendra aucun service aux morts qu’il a entendu littéralement trois minutes plus tôt de piquer une crise de nerf. Il serre les dents très fort et enchaîne :

« Ouais, Tantalus c'est un nom qui est souvent revenu dans notre conversation avec la sœur de la victime. » Enkidu respire, puis regarde Wullis. Ses collègues n’ont pas l’air très bouleversé par les décès multiples, ils se fichent sans doute de Lili Albrest. « Nous, il nous est arrivé beaucoup de trucs. On a un passant qui nous a parlé de fantômes la nuit qui attrapent les gens. La sœur nous en a parlé aussi. Toutes les nuits des gens disparaissent, c'est visiblement un truc massif. Ça n'a rien à voir avec vingt personnes. Ce que je ne comprends pas c'est que je n'ai rien senti de violent sur le cadavre, alors que dans l'immeuble... enfin bref. On a deux grosses pistes. Il y a un bar louche où la victime traînait souvent, le troisième syndicat, on est passé devant tout à l'heure quand vous avez appelé. La sœur a pu nous donner le nom du meilleur ami de la victime, qui a été son collègue aussi. Sinon y a le chef de la police locale qui a l'air très au courant et très terrifié par ce qu'il se passe. Il est là depuis avant les changements... étranges, du coin. »

Enkidu passe en revue ce qu’il vient de vivre. C’est difficile de faire un compte rendu exhaustif dans ces conditions, il a été très investi émotionnellement. Il en oublie. Ça serait plus simple si ses collègues lui posaient des questions. Il arrive à ajouter ce détail important qui remontait à avant la visite chez Lili Albrest, des millénaires plus tôt :

« Ah j'oubliais, le passant bavard nous a parlé d'un type dans une décharge qui serait au courant de chose. »

La voix mécanique de Mora s’élève du Vox :

< Masse de données à traiter | conséquente |
Tantalus : // À visiter ultérieurement. Nous devons focaliser nos efforts sur Lutèce pour aujourd’hui.
Nous n’aurons potentiellement pas le temps de visiter tous les nouveaux suspects avant la nuit.
Suggestion : // devrions-nous faire un premier rapport à | Enquêteur Sand | ? >

Enkidu répond :

« Il y aura des interférences non ? Puis pour l'instant on a pas grand chose, littéralement des fantômes. Dans ce que j'ai dit y a une piste qui te tente ? »

Et là la voix de la Soeur de Bataille s’élève, pour le coup décisif.

« Ici Maman pour le Sorcier. Comment s'appellent les types qu'on peut interroger ? Vous pouvez nous les décrire ? »

C’est la goutte de trop. Enkidu est fatigué, il vient de côtoyer la mort et une veuve qui vient de lui pleurer dessus la perte du dernier membre de sa famille et ses collègues l'insultent tout le temps avec cruauté et ne semblent même pas s'en rendre compte. Il comprend pourquoi Wullis ne connaît pas les implications du mot sorcier, qui désigne une abomination contre-nature à brûler en place publique, mais Sephonus, elle, ne peut ignorer ce fondement ultra basique de la religion. C’est nécessairement malveillant. Le jeune Psyker pourrait encore râler mais ça ne servirait à rien. Il répond d'un ton vaincu :

« Vous pouvez y aller, mais je vous préviens, le bar semble dangereux. Des dealers, des mécontents. Il y a le meilleur ami de Saul Albrest, un nommé Zed, vraisemblablement ivrogne. Le chef de la police locale, le major Locan, y traîne aussi. Il était là avant les flics violents qui sont une apparition relativement récente, et d'après la soeur de la victime, la situation lui pèse beaucoup. Le rend fou, pourrait-on dire. Il a tenté d'avertir la jeune femme de quelque chose, et c'est lui aussi qui a signalé la disparition de Saul Albrest. Il porte un képi bleu. »

Mora hésite un instant puis répond :

< Affirmatif. >
< Interrogation : // Sephone et cette unité seront-elles suffisantes pour cette entreprise? >

Porté par les ailes de la colère, Enkidu voit une opportunité :
« Ouais peut être pas. Je vous envoie Wullis, on est pas loin du bar en plus il pourra vous attendre devant. »

Mora demande :

< | Enkidu | vous allez rester seul? Dans ce quartier? Cette unité le déconseille >

Il déconseille ? Le jeune homme voudrait hurler. On l’avait prévenu sur Sainte-Terra que le travail avec des non-mystiques pourrait être difficile, mais il ne s’attendait pas à… ça. Il se sent incroyablement naïf d’avoir essayé de sympathiser avec eux. Il répond d’une voix blanche :

« Ca va aller, je vais aller dans un endroit plus calme que vous. »

Enkidu commence à s’éloigner comme monté sur roulette. Sephone insiste :

« Où vas-tu ?

- Au temple.

- L'Empereur soit avec toi dans la prière. »

Enkidu ne cherche pas le sens de cette dernière insulte (sans doute impliquer que son âme souillée nécessite un rab’ de prière). Se sentant acculé avec des gens qui visiblement le méprisent, il part tout seul. Il n’a pas eu le temps de leur dire que Lili Albrest avait vu le meilleur ami de la victime, Zed, au temple.

*
**

Enkidu se sent mieux en entrant dans le temple, au milieu des odeurs d'encens et de poussière, que dans la rue pleine de gens bizarres. Même si il est là pour affaire, il se signe et marmonne les paroles appropriées avec une ferveur sincère. Au milieu d'une vie tourmentée, l'Empereur est seul à lui avoir promis de le protéger. Une idée qui l'a porté dans les moments les plus difficiles. Il est donc bien embêté quand le religieux lui demande ce qu'il fiche là. Une espèce de terreur enfantine de mentir au prêtre le prend. Il puise courage dans la vision des centaines de cierge en train de brûler. Il y a eu l'incendie (il a vu dans une vision la famille de Lili Albrest brûler vivant, son mari et son bébé), et maintenant les disparitions. L'Empereur voudrait sans doute que ces horreurs cessent. N'est ce pas le but dans la lutte contre l'hérésie, cynisme mis à part ? Enkidu ment donc :

« Bonjour mon père, je cherche un de vos paroissiens, Evard Zed, j'ai une terrible nouvelle pour lui qui ne pouvait attendre. Un décès. Pardonnez mon accoutrement, je n'ai aucun endroit où poser mes affaires."

Enkidu n'avait pas à trop forcer pour avoir l'air bouleversé. Il en avait beaucoup passé, mais se faire traiter de sorcier et se faire promettre des gâteaux comme un chien obéissant à un moment où il était vulnérable avait été la goutte de trop. Il avait préféré partir tout seul pour ne pas s'humilier à pleurer devant les gens qui l'insultaient, ce qu'il regrettait un peu à présent. Il se ferait sans doute disputer plus tard par un officier d'avoir joué solo. Tant pis. Dans cet univers, il fallait prendre les problèmes au fur et à mesure de leur arrivée, et là il avait un boulot à faire.

Le prêtre parut triste un instant. Il regarda un peu hagard le sol, avant de relever son nez rouge pour regarder le psyker.

« Je… Je comprends, mon fils. Pardonnez-moi — pourrais-je savoir de la part de qui vous venez ? »

C’était étrange, d’entendre un curé utiliser le terme ‘pardonnez-moi’. Ce n’était vraiment pas le style du Ministorum. Normalement, les prêtres sont impérieux et impavides, donnant des ordres à leurs ouailles avec la certitude de savoir diriger le bon sens moral à suivre. Même les prêtres pas bons ministres, profitant de leur sinécure, savaient donner le change en gardant la tête haute et en parlant d’une voix claire et acérée. Mais ce clerc-là qui se tenait devant lui tremblait dans sa robe.

Derrière lui, cinq personnes étaient en train de prier vers l’autel. Peut-être Zed était parmi eux. Difficile à dire, il n’avait pas de description.

« Lili Albrest, je l'ai croisée à la gare. »

Elle avait dit partir immédiatement en taxi. Enkidu espère embrouiller les pistes d'éventuels fouineurs.

Le prêtre faisait sentir le poids de son corps d’une jambe à l’autre, basculant un peu de gauche à droite. Il semblait maintenant proprement terrifié — pour quelle raison ? C’était vraiment perturbant, de ne pas avoir le prêtre le pointant du doigt et lui hurlant dessus, il semblait essayer de tirer les vers du nez d’Enkidu, mais subtilement, subrepticement même.

« Lili… Les Saints la gardent. Pauvre jeune fille, je… Je prierai pour elle.
…Mais… C’est… Elle, qui vous a engagé ? »

Il semble assez naturel à Enkidu que le prêtre se méfie de lui. Il est armé, il pue la sueur et son haleine sent probablement le vomi. Il répond donc :

« Non, j'ai un contrat dans le coin. Je la connais d'un boulot d'avant. Une chic fille. Elle avait vraiment pas besoin de ça, avec ce qu'il s'est passé y a deux ans... »

À la mention de 'ce qui s'est passé il y a deux ans', le prêtre se met soudain à trembler, et son teint rouge commence à virer au blanc. Visiblement, l'incendie électrique remonte de très, très mauvais souvenirs en lui. Il y a quelque chose qu'il cache, qu'il ne veut pas admettre, une sorte d'intense culpabilité qui le ronge de l'intérieur, une qu'il endort à coup d'amasec frelaté chaque soir, dans son haleine, Enkidu sent autant l'eau-de-vie qu'un intense remord - même si tu es persuadé que c'est l'Empyrée qui te donne un tel sentiment.

« Vous ne semblez pas venir de Lutèce, je connais tout le monde ici… Il est… Bon, de voir quelqu’un qui souhaite aider Lili.
J’annoncerai le décès à Evard Zed, je le connais bien, je saurai trouver les mots. »

Il essaye de se débarrasser du jeune homme, par intense méfiance. Mais si Zed est dans le coin, il doit entendre.

Le Psyker note aussi quelque chose d'étrange - Lutèce est une grande ville. La chapelle, comme tout dans cet arrondissement d'ailleurs, était faite pour accueillir des centaines et des centaines de personnes durant les fêtes.
Pourtant, il ne vois aucun diacre. Aucun officiant. Aucun autre prêtre. Le curé semble absolument tout seul, avec les fidèles. Où sont passés tous les autres ?

« Il me semblerait plus sensible de donner les détails de l'affaire moi-même, tel que je les ai reçus. Puis ça serait de meilleur goût, sans doute, vu ce qu'il s'est passé il y a deux ans. »

Enkidu affiche une très légère grimace de dégoût, comme si il tentait de la masquer. En réalité il ne sait pas ce que le prêtre a fait il y a deux ans, mais il imagine que tous les autres religieux sont morts ou ont déménagé, et que personne ne s'est soucié de les remplacer.

Les têtes des fidèles agenouillés devant l'autel se retournent toutes, comme s'il s'agissait de chouettes. Le prêtre est pétrifié sur place, la bouche bée, le regard vide qui commence à s'embrouiller de larmes. Il recule, marche dans un sens puis de l'autre, tu crains un instant provoquer chez lui une crise cardiaque.
Mais il va vers l'un des fidèles, met une main sur son épaule, et chuchote. Puis, celui-ci se lève, le curé fait signe de le suivre, et ils partent partez tous deux plus loin dans la chapelle, au fond du transept, vers une statue de Saint-Drusus en gouverneur (C'est-à-dire portant une toge et un livre de loi à la main), des centaines de cierges à ses pieds.
Enkidu se retrouves alors seul avec un bonhomme. Evard Zed est plus petit que toi, mais beaucoup plus musclé, même si un ventre imposant déborde un peu de sa chemise sale et aux boutons manquants. Il est très barbu, d'une barbe sale et inégale, et il a le visage grimé de saleté, tout comme ses mains, et jusqu'à ses ongles - on dirait qu'il n'a pas prit un bain depuis des semaines, maintenant. Il ne regarde pas le Psyker, et ses yeux injectés de sang se contentent de regarder ceux de marbre de Drusus avec un air de chien battu.

« J’savais que quelqu’un viendrait. »

Il dit ça d'une voix apeurée, il fait comme s'il était résigné à son sort, mais Enkidu sens encore une intense terreur en lui.

« C’est… Vous êtes pas avec les policiers ? »

- Certainement pas. »

Enkidu ignore la bonne réponse à cette question, mais il espère vraiment que c'est celle là. Zed n'a pas la tête de quelqu'un qui prospère dans le trafic d'organe.

Il tourne la tête pour regarder son interlocuteur, une seconde ; mais très vite, peut-être pris au piège de sa propre peur, il observe à nouveau avec une grande intensité le visage de saint-Drusus.

« Alors qui ? Pourquoi ? C’est vraiment juste pour Lili ? Vous êtes si proche que ça ? »

Enkidu cogite dur. Il a beaucoup bluffé pour en arriver là, mais maintenant il devient difficile d'inférer les faits quand les gens le croient beaucoup plus informé qu'il ne l'est réellement.

« Oui et non. Je ne suis pas le seul à m'intéresser aux affaires du coin, mais je suis les petites mains et j'ai pas vraiment de vision globale de l'affaire, pas pour l'instant. L'important à savoir c'est que je ne vous veux pas de mal. »

Zed ricane jaune.

« C’est un peu facile et tout fait à dire, non, je vous veux pas de mal ? »

Zed est quelqu'un de cynique. Mais comment lui en vouloir ? Le Psyker sens une énorme peur derrière lui, que ses paroles conçues ne parviennent pas à endiguer. Et en même temps, il semble qu'il souhaite véritablement débarrasser son âme...
Il regarde tellement intensément Drusus. Que cherche-t-il, dans le regard du créateur du secteur Calixis ?

« Devrais-je plutôt dire le mal est déjà là, et je marche au devant de lui ? Mais je ne suis pas Saint Drusus, et c'est lui qui l'a dit, avant d'affronter les froids et meurtriers Yu'Vath. Et Saint Drusus n'aurait pas parlé à un lâche qui cache le meurtrier de son ami, car sa Foi pénétrait tous les aspects de sa vie. »

Enkidu a toujours l'air un peu cinglé quand il parlait de religion, fanatique même, mais c'est un des traits les plus marquants de beaucoup de membres de l'Impérium et il n'a rien de très choquant.

« Je ne suis pas un lâche ! » se mit soudain à crier Zed, si fort qu’il y eut un écho dans la chapelle, assez pour faire tourner les têtes des autres fidèles, qui pourtant, très vite, se mirent à nouveau à regarder ailleurs, l’air de rien. Tout Lutèce était devenue comme ça, il semblerait. Que des gens qui tournaient le dos au danger et à l’horreur, comme si on leur avait retiré de leurs âmes toute volonté de résister et de lutter.

« Je ne suis pas un lâche ! Qui es-tu pour oser me dire ça ?! T’as pas idée de comment on vit, ici ! Complètement abandonnés, par absolument tout le monde ! Personne est jamais venu pour nous, on est laissés pour morts, pris au piège, personne pour venir nous aider ! Et quoi, tu crois prétendre que tu vas y changer quoi que ce soit ?! J’ai déjà tant perdu, comme tout le monde ici… »

Sa colère, pourtant, semble être autant dirigée vers lui-même, ou vers rien du tout, plutôt que directement vers Enkidu. Au contraire ; les mots du psyker semblent justement assez le toucher.

« Justement, là ça fait trop de disparitions, trop de morts, ça a finit par attirer l'attention. Aidez moi à y mettre fin. »

Zed a l’air de réfléchir un instant. Il serre des dents, si fort qu’il semblerait un instant que sa mâchoire va se briser. Il hoche de la tête, avant de prendre une petite voix, serrée par des sanglots, pour reprendre :

« Quand est-ce que ça a été trop ? Vous avez une idée de combien de gens sont plus là ? Même l’incendie ce n’était pas trop. Non. Non ce n’est pas ça la raison… »

Il regarde enfin Enkidu plus profondément, semble l’étudier, comme s’il cherchait quelque chose de rassurant, un signe, n’importe quoi dans son équipement ou sur ton étrange visage sans cheveux ni sourcils. Ses yeux s’écarquillent un peu, un moment, comme s’il semblait réaliser quelque chose.

« Monsieur… S’il vous plaît. Dites-moi, qui vous envoie ? »

Sa voix semble bizarrement pleine d’espoir.

Enkidu réfléchit. Fais signe à l'homme de se rapprocher afin que d'autres ne l'entende pas puis répond :

« Sainte-Terra. »

Zed ferme les yeux immédiatement. Il déglutit, et il semble trembler entièrement, peut-être de peur, peut-être de dévotion. Un instant, il semble à Enkidu voir les yeux de saint-Drusus cligner, mais il est difficile pour lui de comparer la réalité avec le surnaturel — il lui semble pourtant, en son for intérieur, que le Sire-Général Militant approuve sa décision depuis l’Astronomican.

« Le Dieu-Empereur me pardonne mes fautes. »

Il se colle à la base de la statue, et, d’un coup, comme si son âme hurlait depuis bien longtemps de sortir tout ce qu’il savait, il à Enkidu tout ce qu’il avait besoin de savoir.

« J’étais avec lui la nuit… La nuit où il a disparu. C’était y a genre… Deux mois, maintenant. On buvait au Syndicat, assez pour… Assez pour tuer le temps, comme toutes les autres nuits précédentes depuis des mois. Et puis, ce… Ce truand est arrivé. Je le connaissais pas, je l’avais jamais vu avant. Je sais pas ce qui s’est passé, mais… Mais il a pris Saul en grippe. Faut que vous compreniez — Saul a toujours été trop causeur, trop parleur. Saul c’était… C’était un sacré bonhomme. Fier. Il avait rien, on lui a tout pris, tout, sa santé, son travail, ses parents, son argent, son avenir… Mais il avait encore ça, sa fierté à lui. Il a pas apprécié qu’un petit truand de vingt piges parle trop fort, et ça s’est fini en bagarre.
Saul s’est… Il s’est pris un coup de couteau. Rien de grave, on a été blessés tellement plus profond et dangereusement au manufactorum, mais c’était assez pour nous convaincre de sortir du bar. Il faisait nuit noire, le cycle d’urgence nocturne. Je voulais rentrer chez moi, mais Saul… Saul chialait à cause de sa blessure. Disait qu’il voulait qu’un médecin puisse voir. Il a voulu qu’on aille visiter l’Aumônerie, pour qu’on puisse le recoudre.
C’était… Incroyable. Je l’ai amené jusque là-bas, et vous auriez dû la voir : même dans la nuit noire du cycle nocturne, où l’électricité passe sur ses réserves d’urgence, l’Aumônerie avait toutes les lumières allumées, elle scintillait dans l’obscurité. Je sais pas pourquoi, j’ai refusé de l’accompagner.
C’est le cartel Tantalus qui a mit en place cette aumônerie. Un moyen pour eux d’offrir des soins et de la nourriture aux ouvriers qu’ils licencient tous les jours. Alors qu’au complexe, leurs affaires sont petit à petit rachetées et mises hors service, ils remplissent à ras-bord cette aumônerie. Je les hais. On peut pas nous retirer notre salaire puis tout pardonner avec de la soupe et du pain. J’ai refusé d’accompagner Saul. C’était le dernier moment où je l’ai vu en vie, et je suis la dernière personne à l’avoir vu avant de disparaître. Ce sont eux, les coupables. »

La certitude dans sa voix te confirme tous les soupçons d'Enkidu. Et d’un coup, Zed se met à s’effondrer en larmes. Le jeune Psyker voit ce petit bonhomme tout gros pleurer sec, sur place, écrasé contre la statue, son front contre le marbre. Il tente de continuer de parler, mais ses phrases sortent incohérentes et si sanglotantes que son interlocuteur n'y comprend rien — il devine qu’il essaye de te confier sa culpabilité, qu’il regrette, qu’il aurait aimé en parler avant, qu’il savait depuis longtemps que Saul avait dû être tué, qu’il était désolé envers Lili…
…Il n’a pas besoin de formuler tout ça, les phrases sont murmurées en avance. Pas juste les siennes, mais celles des dizaines d’autres familles de victimes.

Enkidu est désolé pour l'homme qui semble misérable dans sa culpabilité, mais il doit aussi gérer des hallucinations massives. Il parvient à rester debout et à ne pas répondre aux voix qui murmurent des regrets dans ses oreilles. La statue de Saint-Drusus a cligné des yeux face au courage de l’homme ! Cette seule idée lui donne des forces. Il se penche sur Zed pour lui marmonner d'une voix légèrement embrumée de mystique :

« Je vous remercie, vous m'avez beaucoup aidé, je prierai pour vous. Je vais maintenant aller chercher des alliés. »

Enkidu sortit ensuite à la recherche d'une cabine téléphonique, pour bien sûr appeler Sand.

Trouver une cabine de vox-fil encore intact dans ce quartier en déliquescence et assailli par les récupérateurs est évidemment beaucoup plus facile à dire qu’à faire — presque toutes celles qu’a pu croiser en chemin Enkidu étaient vandalisées de diverses façon, pas mal retournées, les fils de cuivre arrachés par un charognard désireux de se faire un ou deux trônes faciles auprès d’un réparateur de machines. C’est par un miracle assez pharamineux, à croire que saint-Drusus est véritablement avec lui, que Enkidu retourne sous le viaduc qui mène plus loin au marché, et trouve une cabine encore en état. Autour de lui se trouvent pas mal de zonards, de clodos, et de gens en train de marcher. Enfin, il parvient à décrocher le combiné, et entend une lente tonalité…
…La Psykana a un enseignement éclectique, et quelques vieux cours de techno faisaient partie du curriculum de sainte Terra. Utilisant son petit couteau pour faire sauter une vis, il trouve les quelques fils qu’il rebranche. La machine accepte enfin ses sous, et il peut maintenant patienter pendant de longues, longues secondes après la composition du numéro pour enfin espérer avoir une réponse.

Pile au moment où Enkidu s’apprête à se décourager et à tenter autre chose, une voix grésillante, la communication d’extrêmement mauvaise qualité, daigne enfin lui répondre :

« Détective Sand. »

Aucun moyen de savoir combien de temps la communication va durer, mieux vaut être clair et très rapidement.

Enkidu ne sait pas combien de temps il a devant lui, si l'appareil du détective est sur écoute, beaucoup de questions pour un petit cerveau fatigué et inquiet. Il balance :

« Rebonjour c'est moi. Je suis pressé, il ne reste que deux heures avant le cycle nuit. Notre victime a disparu à l'Aumonerie Tantalus, j'en suis certain. »

Saint Drusus a cligné des yeux ! Comment douter ? Il entend beaucoup trop de friture, impossible de savoir si on le comprend ou pas. Mais il y a bien un soupir, puis un second propos, tout aussi laconique :

« Enrôlez la police locale, et faites une descente à l’aumônerie. Je vous autorise à révéler votre identité. Évidemment, si vous avez tort et que votre instinct était le mauvais, vous serez tous les quatre liquidés. »

Le jeune homme répond d’un ton brutal :

« La police est dans le coup aussi »

Tu entends à nouveau un silence. Beaucoup trop long pour qu’il soit confortable. Puis d’un coup, la voix de Sand, toujours pleine de friture, est cent fois plus acérée et déterminée.

« Alors écoute-moi très attentivement.
Il est certain qu’ils écoutent cet… …ment même. S’ils sont compl… des meur…, ils vont main… nant venir… recherche.
Trouvez un en… cacher. J’arrive av… forts dura… nuit. Maximum dem… Compris ?

- La nuit c'est dangereux c'est là qu'ils sortent ! MERDE !

- Ne panique pas », répond sèchement Sand. « Faits. Ex… Toi.

- Je panique pas je m'énerve contre la friture. On m'a parlé de fantôme, mais je n'ai rien senti de significatif sur le cadavre. Je sais juste que les disparitions sont bien plus nombreuses que ce que je pensais, des dizaines de dizaines. »

Tu n’as aucune idée de ce que Sand a pu comprendre de tout ce que tu viens de dire. La situation est tout autant frustrante pour le détective, qui tente quand même de redonner des directives :

« Cach… Oi. Je rép… Cache-t… Les flics vo… Pète : les f… ous pourchasser. J’arrive avec… Je ré… Renforts, cette nuit…
Ne me dis… Pas ta cachette… Je vous tr… Je vous trouverai. Com… ? Compris ?! »

C’était le moment de prendre le large, mais ivre d’adrénaline, le jeune Psyker ne pu résister à l’envie de hurler :

« Hey les flics... ON VOUS ENCULE »

Pas très lyrique, mais la journée a été longue, dense, et il reste encore beaucoup à suivre. Le jeune homme estime mériter le réconfort d'une référence provoquante à la sodomie dans ce moment troublé. Il a rarement l'occasion de s'exprimer aussi sincèrement.
Enkidu est maintenant très pressé. Il se jette hors de la cabine, avise le décor autour de lui. Il est tard, le quartier est moche, sale, et il y a des clodo partout. Des clodo... il s'avance vers une poignée d'entre eux qui font tourner une boisson forte dans une boîte de conserve.

« Bonjour bonjour. Je suis pressé. Voilà c'est pour vous. »

Il leur donne très très vite à chacun une ou deux pièces (tellement vite qu'il arrive pas à faire un compte équitable, mais il n'a jamais supporté dans les picto-divertissement cette manie de balancer les pièces à la volée et laisser les clodo se battre comme le dernier des connards).

« Alors je peux vous obliger à rien mais si vous trouviez la force dans votre coeur de dire aux flics qui vont arriver que je suis parti dans l'autre sens... mercibeaucoupàplus ! »

Il part en courant, et tout en courant il prend son téléphone pourri dans la main et se prépare mentalement à la difficile épreuve d'appeler ses collègues pour tout expliquer.
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Lien Fiche personnage: Ici

Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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Diederick von Bildhofen
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II

Message par Diederick von Bildhofen »

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Après avoir assuré le rôle de radio pour permettre à Enkidu et moi même de faire un court rapport au reste de l’équipe, et échoué à expliquer à notre shaman que la liaison était ouverte et non cryptée, et donc aisément interceptée et pouvant être mise sous écoute, nous nous séparâmes. Lui pour aller prendre soin de son âme immortelle et maudite, moi pour aller rejoindre le reste du groupe à un débit de boisson où il était espéré de pouvoir récolter davantage d’informations.
***
Las, lorsque « maman » et Mora me retrouvèrent pour entrer dans la taverne, nous fûmes accueillis de sales regards et d’une hostilité à peine masquée par le maître tavernier.
La situation empira lorsque celui ci, non content de refuser nos trônes et commandes, se mis à nous insulter. La réaction normale face à ce genre d’emmerdeurs sur Phyrr consistait à gueuler à qui avait la plus grosse. Collection d’insultes, s’entend. Aussi pris-je la décision d’exprimer une critique très constructive sur la qualité de la boisson de l’établissement local.

« Si je voulais boire de la pisse de grox j’irais directement à la ferme. Au moins je serais certain de ce qu’il y aurait dans ma choppe. »

Sauf que vu la réaction des locaux, ce n’était visiblement le comportement à adopter car la majorité des indigènes s’enfuirent à toutes jambes tandis qu’une minorité d’entre eux sortirent des pinçons et le patron dégagea une belle barre à mine de dessous de son comptoir.

Ah. Je vois. C’était ce genre de coutumes. Il fallait faire couler le sang sur le plancher ? Dommage que je n’ai pas de gourdin avec moi. Seulement des engins de mort. Peut être concentraient ils à me fournir quelque chose si je demandais poliment ? Je voudrais pas repeindre le sol avec leurs cervelles. Ma hache est trop violente pour ça.

Sauf que non. C’était encore un impair de ma part. Mora intervint rapidement pour calmer l’atmosphère et parvint, par quelque coup de techno-magie, à acheter une trêve en réparant une boite à musique locale, propriété des ancêtres du maître tavernier.
Voyant les autochtones encore présents sur place se calmer et se mettre à danser, je décidais de sortir dehors pour souffler un coup et aller chercher Sephonus qui était partie à l’extérieur, excédée de mes impairs en bonne société. Une minute plus tard nous étions de retour à l’intérieur, et Mora partageait le lard et la bière avec le maître tavernier auprès duquel je m’excusais platement. En réalité, celui ci nous avait insultés car nous prenant pour une bande de pillards, ceux là même qui volaient tout ce qu’il y avait de valeur en biens publics sur les lieux.
C’est dans cette taverne donc que nous passâmes un bon moment au chaud avec une étrange musique en fond, quoiqu’agréable.
Jusqu’à ce que l’on reçoive un appel paniqué de Enkidu nous annonçant que des gens étaient à ses trousses. Et que les com’ étaient surveillées.

Je pris donc la décision de l’informer comme on faisait sur Phyrr en milieu urbain, plutôt que de recourir au compliqué système de rues nommées et numérotées de la « civilisation ».

« Retourne à l’immeuble où on était. De là, prend à gauche, tout droit jusqu’à la seconde rue à droite. Continue et poursuit jusqu’à la façade moche parcourue d’affiches déchirées. Tu prends à gauche et on est tout droit en face. »

Mora, toujours aussi diligent, parvint à obtenir du tavernier local une information sur un lieu pouvant nous héberger en soirée. Puis réunion avec Enkidu, on se dirige vers les lieux en passant à travers un marché bien fréquenté histoire de perdre – ou repérer – d’éventuels poursuivants puis on finit par trouver le motel indiqué. Mais avant qu’on ne s’engage au sein de celui ci, je prends les devants.

« Chambre collective pour ne pas se faire égorger un à un séparément dans notre sommeil. Et je prends le premier tour de garde. Parce que preums’ », finis-je d’un sourire espiègle.
Le savoir c'est le pouvoir. Et savoir quand le garder, le cacher, le partager, cela est la véritable épreuve de ceux le détenant.

Diederick Maria Reichenbach Bruno "Ruichen" von Bildhofen, Voie de l'étude de la connaissance
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« Alors que tu défiais le couvre-feu, tu découvres une vertu trop zélée. »

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Helveticus Matix
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II

Message par Helveticus Matix »

Pour une meilleure lisibilité des dialogues de Mora, Je vous conseille fortement de télécharger et d'installer la police utilisée : http://www.fontpalace.com/font-details/Binary+CHR+BRK/
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À notre arrivée aux Trois Syndicats, nous nous rendons immédiatement compte que nous ne sommes pas les bienvenus. Je me mets un peu en retrait et observe l'assemblée pour repérer le képi du lieutenant. Introuvable, mais impossible de dire si c'est parce que j'ai un mal fou à me concentrer dans cette tension ambiante ou si c'est parce que le policier est absent du bar.
Il faut partir, chaque seconde passée ici nous fait prendre des risques inconsidérés. Je tire la manche de Sephone, toujours en retrait, pour attirer discrètement son attention.


< Ké… képi introuvable…
Suggestion avisée : // Quittons les lieux._ >


C'est plus une supplication qu'une suggestion. Mais alors que ma requête est en traitement, le ton monte considérablement entre le tavernier, les clients et notre groupe. Le tavernier nous a insulté et, plutôt que d'ignorer l'injure, comme le conseille la totalité de mes diagnostics, Wullis opte pour l'escalade.
Le résultat est immédiat. Une barre de fer apparait instantanément dans les mains du maître des lieux. Un homme tout fin qui se tient à côté de l'entrée s'avance et propose d'aller chercher un certain "Moelle". Le taulier le stoppe net, affirmant par deux fois contrôler la situation.

Un carnage sanglant est inévitable, à cause de l'égo surdimensionné de mon propre coéquipier. Après avoir survécu au gaz, c'est finalement la barre de fer acérée qui aura raison de mon Équation. Sauf si j'interviens maintenant. Tout de suite.


< STOP!_ >

J'ai fait un pas en avant sans même m'en rendre compte. Mon vox n'a pas eu le temps de calibrer ma voix, si bien qu'elle en a émergée sans la moindre tonalité humaine. Grinçante, grave, semblable à celle du plus décérébré des servitors transmettant une information brute.

< STOP. TOUS._ >

En vérité, j'ai du mal à choisir mes mots. En parallèle, j'ai lancé un protocole d'urgence en syntonie d'une simulation de dialogue prévisionnelle. Mes cogitateurs s'acharnent à trouver une solution à ce mauvais pas, mais aussi à anticiper la suite de la "conversation". Moi-même, je découvre les résultats de la simulation alors à chaque nouveau mot.

< Assez de misère pour ce quartier. Il serait illogique d’en rajouter!_ >

Mes paroles sont tant bien dirigées vers le barman que vers mes maudits coéquipiers. La simulation n'est pas assez rapide et je dois improviser. Fort heureusement, je me rappelle les quelques exercices que j'ai exécutés avec Sephone avant de rentrer dans le bar. Des exercices sensés me rendre plus... humain dans mes paroles.
Du coin de l'œil, je repère quelque chose dans la pièce. Quelque chose qui pourrait nous sauver. Ma simulation trouve une ligne directive et je décide d'improviser sur sa base.


< Cette… je peux vous proposer mes services. Pour pardonnez mon collègue. Là._ >

"Je"... un mot que j'ai très rarement prononcé dans ma vie et exclusivement en citation de quelqu'un d'autre. Ce n'est pas confortable, comme si je m'arrachais de la symbiose de mon Culte.
Je pointe du doigt ce que j'ai repéré plus tôt : une magnifique machine identifiée comme un "juke-box", hors service.


< Je peux tenter de le réparer. En signe de bonne foi. Nous ne voulons aucun mal ni à vous, ni à votre quartier._ >

Le taulier me demande mon nom. Je m'identifie comme Kryptaestrex Mora, bien que mon vox rate la première prononciation. Une tension phénoménale vient de s'abattre sur moi. Je réalise avoir pris le rôle que j'ai toujours cherché à éviter : celui de négociateur entre plusieurs êtres humains. Je suis probablement le moins qualifié dans cette pièce pour le faire.

« Donc c’est toi le récupérateur, et les deux salopes avec toi c’est tes sbires ? »

Le tavernier nous avait déjà nommé ainsi à notre entré dans le bar. En tant que "récupérateurs", pas en tant que "salopes" je veux dire. Évidemment, pour moi, la première dénomination est bien plus insultante. Il pense que nous faisons partie de ces charognards qui viennent s'accaparer sans Foi ni Loi les enfants de l'Omnimessie pour les revendre ensuite. La colère me fait prendre un peu contenance.
Bien, le dialogue est établi, il ne me reste plus qu'à...


« Les deux quoi ?
Laisse tomber Mora. On se casse. Ni toi, ni aucun d'entre nous ne leur doit rien.
»

Mes cogitateurs grésillent de colère. La structure de la fragile simulation qu'ils ont réussi à calculer en un temps record vole en éclat par cette intervention. Sephone a-t-elle conscience de la situation de danger imminent dans laquelle nous nous trouvons? Ou le mal que je me donne pour nous tirer de ce mauvais pas?!
Du coin de l'oeil, je vois que le regroupement de truands se rapproche un peu.


< SILENCE._ >

Je regarde ma coéquipière droit dans les yeux. Ma terreur s'est mutée en une colère noire. Mon vox a grondé tel un moteur de voiture. Les truands se sont arrêtés net.
Sephone semble choquée. Ses joues s'empourprent et sa bouche reste entrouverte. Je la regarde quitter le bar, ma colère se mutant en profond désespoir. Il ne reste plus que Wullis, mon ancien ennemi, pour me défendre. Mais je ne regrette pas mes paroles et un signal de mes circuits m'indiquent qu'il y a quelque chose à exploiter. La simulation reprend.

Je me tourne vers Wullis et m'adresse à lui avec la fureur d'une machine enrayée.


< Vous êtes payés pour assurer ma protection! Allez chercher votre collègue et tâchez de garder le SILENCE!_ >

Les paroles viennent toutes seules, comme la suite. Je reporte mon attention sur le barman.

< Je représente le Culte du Dieu-Machine._ >

J'exécute un symbole rouage avec mes mains avant de continuer.

< Qualifier un | technoprêtre | de “récupérateur” est erroné et un affront de 3eme rang envers l’Omnimessie._ >

Je n’ai pas à me forcer pour prononcer le mot récupérateur avec un profond dégoût. Pourtant, je ne porte pas accusation, mais cherche juste à me détacher le plus possible de la vision qu’à le barman de notre groupe.

< Ces deux… individus, sont mon escorte. En effet._ >

Des dossiers se créent un par un dans mes archives pour donner consistance à mes mensonges. Je les consulte rapidement et prie l'Omnimessie de me pardonner ma torsion de la réalité. Je pense que cela est permis. Je l'espère.

Les huit truands sont toujours là. La force de leur nombre est déjà inquiétante, mais leur apparence est tout aussi digne de crainte — que des hommes, d’un âge plutôt jeune, vingt-trente ans ; ils sont bizarrement bien habillés, mais dans un style inquiétant de loubards ; ils ont des blousons de cuir, des cheveux colorés, des mèches plaquées et huilées, des piercings sur les lèvres ou les sourcils. Si quelqu’un souhaitait rigoler de leur apparence ainsi atypique, il le payerait cher — tous ont un surin, des bagues avec des piques aux doigts, l’un joue avec une batte. Ils prennent un air nonchalant, se collent aux murs, s’assoient à l’envers sur les chaises… Mais au moindre faux pas, il faudrait se préparer à une violente bagarre.

Mais pour l'heure, j'ai gagné du temps. Le taulier semble enfin se tranquilliser, parce qu’il arrête de faire son sale sourire-grimace qui affiche ses dents d’or.


« Un technoprêtre… Tellement longtemps qu’j’en ai pas vu un, moi.
Bah putain, vous pourriez mieux faire niveau escorte. C’est quoi ces abrutis, vous les avez recrutés où ?
»

Je me détends d'une nano-mesure. Je sens même une satisfaction personnelle s'installer en moi. L'utilisation du "je" facilite-t-elle ce genre de sentiments? Ce n'est pas la première fois que je l'éprouve, mais cette fois, j'en ai un peu honte.
C’est la première fois que je me retrouve dans ce genre de situation et je pense avoir bien agi.
- CORRECTION - C’est la seconde fois. Netotsi m’a aussi mis au pied du mur. Je m’en suis d’abord bien tiré. Puis j'ai tout fait foirer dans mes dernières décisions. Cette perspective me terrifie.


< Le choix de cette affectation n’est pas de mon ressort. Ni l’escorte._ >

Je pointe de nouveau le juke-box du doigts.

< Me permettez-vous?_ >

Le taulier allait réagir et poser plus de questions. Mais je parviens à détourner son attention. Alors voilà que le gros bonhomme hoche de la tête, et contourne son comptoir pour s’approcher de la machine.

« Hé bien, padré… Heu, c’est correct, padré, vous êtes un prêtre ? — si vous parvenez à réparer cette machine, franchement, j’vous dois bien une bière, enfin, si vous buvez…
C’est une antique vieillerie qui est légué à ma famille depuis des générations. Apparemment, c’est un truc qui venait de l’ancien monde — c’est venu avec la maison Haarlock y a, pfiou, quelques siècles, quand les rois des étoiles sont venus sur notre planète avec l’Empereur. Aucune idée de son histoire, mais bon… J’vous en devrais bien une, le bar est vachement plus tristoune depuis qu’il marche plus. Un putain de connard qui était pas content du service et qui a mit un gros coup dedans, vous vous rendez compte ?
»

< Affirmatif. Je prêche Ses préceptes et attends aux soins de ses Enfants._ >

Je m’approches de la boîte à musique. Le taulier ne se moque pas de moi, et lui-même ne se rend pas compte de la beauté qui se trouve dans ce rade pourri de Lutèce, un miracle qu’un récupérateur ne se soit pas jeté dessus.

La boîte à musique, nommée autrefois « Juke-box », n’est pas du tout une création récente. Elle ne date même pas du Moyen-Âge Technologique. Je suis persuadé, à lentement caresser la machine, à mettre des sous dedans (Mais qui a été retapée pour qu’elle puisse fonctionner sans besoin, probablement que les devises correctes n’existent plus…) que cette chose-là date de l’histoire humaine Antique. Je lis des mots étranges et complètement incompréhensibles dans une langue archaïque, en passant mon doigt organique dessus comme si je traduisais du braille : Wurlitzer Company, San Franscico. Elle doit dater du Ier ou IIe millénaire, car saint-Wurlitzer est un saint pré-révélation de l'ère de Terra.

Je manque de m'évanouir. Jamais je n'ai pu observer quelque chose d’aussi antique depuis ma gestation. C’est une découverte que même un Magos rêverait d'accomplir. C'est purement incroyable!!
J'ose à peine poser les doigts dessus. Mon vox émet quelques sons révérencieux en un doux binaire pour rendre grâce au fabuleux engin.


< C’est - c'est - c’est…_ >

Le son se répète comme émanant d'un disque rayé.

< C’est une relique incroyable - incroyable!_ >

Je relève les yeux vers le barman.

< Cette unité va faire son possible. Mais la machine est si noble - si ancienne! Je… je comprends pourquoi on m’a envoyé._ >

Je ne mens pas. Je pense réellement que tous les événements qui précèdent m’ont mené ici, par Sa volonté.
Avec une infinie précaution, je débute mon travail, usant de la totalité de mon jeune savoir pour raviver cet esprit de la machine ancestral.

J'entends à peine quelques rires derrière moi, mais ne prends pas le temps de les comprendre. En revanche, la remarque du taulier est pleinement réceptionnée :


« C’est juste une boîte à musique, hein. »

Je stoppe net mes manipulations, ma main mécanique grinçant brusquement contre le sol. L'écho de ce son abominable reste en suspend, comme pour tenter d'effacer les paroles profondéement profanes de mon interlocuteur. D’un coup, le taulier fait les gros yeux, et reste bouche bée. Quelque chose semble s’illuminer en lui. Il n’ose plus rien dire, comme s’il se rendait compte de ce qu’il venait réellement de dire en face d'un mécamancien.

Après quelques secondes d'un silence total, je reprends mes manipulations, préférant attendre aux soins de la divine machine plutôt que de catégoriser l'affront.

Malgré l’âge absolument vénérable de la machine, une fois le panneau de contrôle ouverte (Protégé par à peine quelques vis…) la machinerie semble assez simple. C’est trompeur — la vétusté et l’inexistence des pièces de rechange font qu’une telle machine est aujourd’hui terriblement difficile à reproduire, et de toute manière obsolète comparée aux instruments automatiques modernes ; mais tout de même, c’est une belle pièce d’histoire, un artefact de l’ancien passé de l’Humanité. Sa place serait probablement dans un musée. Ou dans la collection privée d’un libre-marchand, comme c’était apparemment le cas autrefois. Comment un simple propriétaire de débit de boissons d’un quartier défavorisé a pu se retrouver avec ça ? Le taulier l’ignore lui-même.

Enfin, la machine ne pourra globalement jamais être totalement réparée. Je ne peux tout juste qu’utiliser des méthodes peu orthodoxes pour refaire chanter cet appareil, mais un simple coup un peu sec dedans, ou une utilisation trop fréquente du roulis avaleur-de-disques suffira à recauser une panne.

Ayant administré les rites, je me relève. Il ne me reste plus qu’à appuyer sur un bouton, et espérer très fort que l’engin obéisse. Les mots affichés sur les boutons sont parfaitement incompréhensibles et écrits en tout petit : « Beggin Frankie Valli & The Four Seasons », « Happy Together The Turtles », « White Rabbit Jefferson Airplane », « It Takes Two Marvin Gaye & Kim Weston », « To Love Somebody Bee Gees »… Autant appuyer sur un au hasard.


< Écoutez. Écoutez Son chant aux travers des Âges._ >

- Clic -

Rien.

La machine tourne dans le vide, et aucun son ne sort. Un instant, en me tournant, je lis la déception ou l’amusement dans le visage de ma petite assemblée de truands sanguinaires.




Puis, d’un coup, un son. Ça grésille. C’est de très mauvaise qualité. Je me retourne, manipule un bouton, et voilà que, à la surprise générale, un son ancien, un bruit serein et entraînant de l’Âge de Terra, s’offre aux oreilles attentives et tolérantes de l’horrible bourdonnement d’un micro archéologique.
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Petit à petit, les truands se mettent à bouger leur tête avec le rythme bizarre de la musique. Il y a des rires, qui sonnent moqueurs au début, mais qui en fait deviennent assez sympathiques. Ils claquent des mains, et certains s’éloignent pour retourner dans la salle en dansant.

Le taulier est bouche bée, encore plus que tout à l’heure. Ses yeux sont un peu humides alors qu’il a le regard rivé sur le jukebox. Il se dégage bruyamment la gorge :


« Heu… Vous avez mérité votre bière, padré. »

J'observe l'assemblée en écoutant ce son qui s'échappe de l'antique machine. Je n'ai jamais rien entendu de tel, encore moins dans cette langue si étrangère. Pourtant, je remarque que ma tête bascule très légèrement de haut en bas. Comme les autres clients du bar. Même mes orteilles se soulèvent et s'abaissent sur le tempo.
C'est un drôle de moment qui s'écoule autour de moi. Un moment qui aura sa place sur l'une des plaques de mon bras mécanique, immortalisé à jamais.


< Je ne suis pas équipé de..._ >

De bouche? Dois-je refuser l'offre du barman? Non, je me rappelle d'une solution, d'un petit contener sur le côté de mon respirateur. Il me permet de m'abreuver en cas de pénurie de fioles à injection nutritive. Il suffit de le dévisser et d'y verser le liquide à boire. Je m'installe sur un tabouret et commence à tourner le compartiment de mon respirateur.
Est-ce raisonnable? Sûrement, pour le bien de l'enquête. Et puis, je ressens une profonde satisfaction par ce que je viens d'accomplir. De toute façon, le barman est déjà en train de me servir.

Il fait de gros yeux en me voyant manipuler mon respirateur. Heureusement, il semble finir par comprendre et farfouille dans un pot : il en dégaine une paille et la rajoute dans ma choppe pour me permettre de boire plus proprement.

Je bois une première gorgée et suis sidéré par l'effet de la boisson. C'est à la fois bon et mauvais, quelque chose que je n'ai pas ressenti en m'abreuvant ou me nourrissant depuis une bonne décennie.
Je garde cependant prudence dans ses gorgées, connaissant les effets que l'alcool peut avoir sur un individu.


< Requ... Acceptez-vous de pardonner et servir à mon escorte? Ils ne sont pas mauvais. Simplement, la journée a été plus rude que n'anticipaient mes calculs._ >

Ma requête lui fait froncer des sourcils très fort, et il retrouve un instant sa mine de colère.

« Pas mauvais ? Ils ont cet air que j’aime pas, de venir chez les gens et d’agir comme si tout leur appartenait. Lutèce a assez de co-… De gens comme ça.
Mais vous m’avez rendu un service absolument incroyable, padré Mora. Si vous me dites que c’est des gens de bien, je les sers.
»

J'émets un grésillement amusant de satisfaction et le reste de mon équipe vient s'installer au bar. Sephone semble toujours furieuse, mais je n'ai pas le temps de cogiter là-dessus.

« Bordel, je crois que ça va faire… Ouais, dix piges que j’ai pas vu un prêtre de l’Omnimessie. En même temps même des prêtres de l’Empereur y en a plus ici, hormis le père Fayban…
Je vais être honnête, votre… Heu, les gens de votre culte m’ont toujours fait très peur, mais c’est bizarrement rassurant de vous voir. On se sent… Un peu moins abandonnés.
»

Mes épaules s'affaissent sous les paroles du taulier.

< L'inverse est réciproque parfoit. Ces deux individus m'apprennent chaque jour comment mieux dialoguer avec les membres extérieurs au Culte. Cette affectation est... une première pour cette unité - CORRECTION - pour moi. Pardon._ >

Mon vox émet un vrombissement soupir. Mais je pense avoir suffisamment stabilisé la situation pour me permettre ce genre d'erreur.

« Vous êtes là pour une raison particulière ? »

Je me redresse et désigne le juke-box d'un geste théâtral.

< Analysez par vous-même! Lutèce regorge de ces | trésors oubliés | ! Les prêtres sont à l'écoute des démunis, des laissés pour compte. Notre devoir est de prendre soin des enfants du Dieu-Machine._ >

Je m'avachis de nouveau et mon air jovial disparaît.

< Mais je n'avais pas anticipé que la situation soit si... morbide, si triste. Ses enfants sont dans un état catastrophique, qu'importe où je pose mes optiques._
J'aimerais comprendre. Comment a-t-on pu en arriver là?_ >


Le barman lève un sourcil et semble se concentrer pour comprendre mes paroles. Il fait cet effort, ce qui signifie qu'il est réceptif à ma simulation. Cette dernière se déroule sans problème, à ma grande surprise.

« Vous n’êtes pas au courant ? Vous ne devez pas venir de Salbris. Ou peut-être que les gens ailleurs en ont définitivement rien à foutre…
Enfin, je suppose que c’est un peu partout pareil. Le grand événement déclencheur ça a été l’incendie — y a deux ans, une panne électrique a provoqué un incendie gigantesque, un brasier, qui a pris plein de gens. Mais si cet incendie a été aussi grave, c’est que Lutèce allait déjà très mal. Les usines qui ferment, les machines qui étaient pas remplacées… ça a été une longue agonie.
»

< Oui, j'ai collecté quelques données sur la situation avant mon arrivée. Mais il y a une grande différence entre lire un résumé chronologique et constater de la situation par moi-même._
Deux ans... Je diagnostiquais que l'état du quartier aurait évolué depuis. Reconversion | amélioration | ou même relocalisation. Null._ >


Il sort un torchon pour nettoyer son bar. En fait, je capte qu'il se rapproche surtout de moi pour chuchoter à voix très basse.

« Vous êtes le bienvenu ici, padré… Mais les truands, là, ils squattent mon bar, et ils sont bien moins sympas que moi ou les autres clients. Essayez de pas trop les asticoter, ils ont le pouvoir de bien faire chier s’ils veulent. »

Je baisse les yeux pour contempler mon manteau.

< Je comprends pourquoi on m'a conseillé cet habit plutôt que ma robe cérémonielle. Éviter d'attirer l'attention._
Je tiens le rôle d'éclaireur pour l'Adeptus Mechanicus. Nous devons d'abord dresser un bilan de la situation avant de décider d'envoyer d'autres unités | prêtres. Il me faut collecter plus de données._ >


« Vous allez renvoyer du monde ? »

Un instant, le barman a l’air plein d’espoir. Mais ça disparaît en fait extrêmement vite, aussi fugace que le passage d’une étoile, et il reprend sa gueule morne et déterminée.

« En vrai ça m’étonne pas… L’Hégémonie, là, comment qu’y s’appellent ? Skelen ? Skalen-Hark ? Ou Harr ? ‘fin bref, ceux en train de racheter tout le quartier… Ils doivent vouloir retaper Lutèce autour.
Mais ils engageront personne de nouveau par ici. Ils vont probablement tous nous remplacer par des servitors ou des peaux-cramées de l’Oultrocéan. Ils ont déjà montré qu’y seront pas coopératif aux représentants du personnel et ils ont envoyé les flics sur les dernières grèves.
»

Je ne sais pas quoi répondre. Dois-je mentir un peu plus et lui dire que tout ira bien? Que le Mechanicus va apporter la rédemption au quartier?
La gestation de mon dialogue prend quelques secondes, mais je pense partir dans la bonne direction.


< Je diagnostique que c’est l’une des raisons de ma présence ici. Ce genre d’entités | hégémonie | a [parfois] tendance à occulter les préceptes du Dieu Machine pour s’approprier un territoire. Des reconversions brutales sans le moindre égard pour les nobles installations qui ne demandent qu’à être revitalisées._
Vous avez mentionné des | récupérateurs |. Leur présence est une suite logique d’une assimilation agressive. Hérésie._
Mais l’ | Adeptus Mechanicus |veille et s’oppose à ce genre de pratiques. La destruction volontaire et non justifiée de ressources est un acte sacrilège de catégorie 6._ >


Je me rapproche un peu plus du barman.

< En plus des signalements de pillages, j’ai été informé de disparitions. Données insuffisantes, mais leur nombre est alarmant. Des dizaines de dizaines. C’est intolérable. Je dois collecter plus de données sur le sujet avant d’envisager un rapport à mes supérieurs._ >

Je me rappelle de l'appel d'Enkidu, de sa mention de fantômes qui rodent la nuit. Un frisson intense parcourt mon échine. J'ai refoulé cette information depuis qu'elle m'a été livrée, car je sais que son traitement pourrait me plonger dans une profonde crise de panique. Ce bar me semble presque chaleureux, rassurant, comparé à ce qui nous attend à l'extérieur.

« Il vaut mieux ne pas trop en parler. Il n’arrivera rien de bon à quiconque de mentionner ces choses-là.
Tout le quartier est maudit, père Mora. Si vous devez parler à vos supérieurs du Mechanicus, dites-leur de ne pas venir ici, pour leur bien à eux.
»

Il me fait signe de baisser la voix et je comprends qu'il préfère ne pas s'étaler sur le sujet. C'est glaçant.

< Auriez-vous des conseils à me donner pour mener ma mission à bien? J'aimerais m'entretenir avec un représentant des forces de l'ordre pour définir des zones sécurisées à explorer._ >

Soudain, le taulier a l'air immensément inquiet.

« Vous voulez surtout pas vous approcher des flics, père Mora. Enfin… Ouais, p’têt qu’ils auraient un peu de respect pour votre culte, ils oseraient pas s’en prendre à vous, enfin j’espère… Ils sont graves violents les flics du coin. Frappent pour un oui ou pour un non, et ont pas peur de laisser des séquelles, parfois on dirait qu’ils tabassent pour tuer. Franchement vous approchez surtout pas. »

Je blêmis, mon assurance en prend un coup. Enkidu nous a aussi mentionné la violence des policiers, mais je ne pensais pas que ce serait généralisé à ce point. Il me faut pourtant pousser un peu plus.

< Ar… archivé. Merci de l’information._
Cependant, j’ai confiance en leur instinct de survie. Attenter à un émissaire du Culte ferait pleuvoir le feu et le sang dans les rues de Lutèce._
On m’a confié un identifiant : Major Locan. Je souhaiterais m’entretenir avec lui. Savez-vous où je peux le trouver?_ >


Le barman a l'air tout étonné.

« Le major de police…
Pourquoi vouloir lui parler ? C’est devenu un tremblant. Vous ne tirerez rien de lui. Comme la majorité de Lutèce, il alterne d’un coin à l’autre.
Je crois qu’il était là tout à l’heure, mais pas pour ma bière. Plutôt pour leur obscura.
»

Il désigne de la tête les truands en train de danser au rythme de l’étrange musique.

< Accès au dossier...

Obscura : Dénomination commune d’un mélange dont la substance de base est l’éther diacétique d'obscuromorphine. Propriété pharmacocinétique : Désacétylation rapide en 6-monoacétylobscuromorphine. Demi-vie de distribution : 3 minutes. Voies d’administrations : Intraveineuse, respiratoire, orale.
Précautions SGH : H300 (Mortel en cas d’ingestion), H310 (Mortel par contact cutané), H330 (Mortel par inhalation), précautions d’utilisation P260, P264, P280, P284 (Ne pas respirer les poussières, fumées, gaz ou vapeurs ; Se laver soigneusement les mains après utilisation ; Porter des gants de protection et des équipements de protection du visage ; Porter un équipement de protection respiratoire), P302, P310 et P350 (En cas de contact avec la peau, contacter un officiel antitoxine de l’Officio Medicae, un magos Biologis, ou une sœur hospitalière de l’Adepta Sororitas).

Substance illégale. Peines de l’Adeptus Arbites dans le système Calixis : 3 à 6 années de réclusion ou travail forcé, 20000-100000 Trônes d’amende (Possession ou consommation), 6 à 25 années de réclusion ou travail forcé, 50000-1000000 Trônes d’amende (Transport de drogue entre deux mondes), 10 à 100 années de réclusion ou travail forcé, 60000-5000000 Trônes d’amende (Production, importation, exportation), 15 ans à perpétuité de réclusion ou travail forcé OU mort ET 10000000 Trônes d’amende (Distribution ou possession en vue de distribution) >

Toutes les données remontent facilement dans ma tête. De façon plus terre-à-terre, l’obscura est un stupéfiant malheureusement beaucoup trop populaire dans le secteur Calixis, un analgésique et euphorisant, facilement accoutumant, qui engendre une augmentation immense d’endorphine et de dopamine, augmentant le système de récompense chimique du cerveau de 200 %. Il est étrange d’entendre les Lutétiens les appeler « les tremblants », dans le reste du secteur Calixis, on utilise plutôt le terme de « rêveurs », parce que les dopés à l’obscura se retrouvent facilement à s’effondrer sur le sol et à patienter pendant des heures, pris comme dans une rêverie.

C’est donc pour ça que les truands squattent le bar du Troisième Syndicat — pour vendre de l’obscura. Et visiblement, non seulement le quartier est énormément touché, mais aussi le major de police que nous sommes venus voir.


Bizarre… Même si l’obscura était loin d’être la drogue la plus chère du secteur Calixis, sa manufacture demande quand même des locaux et un peu de matériel, et la clientèle privilégiée, c’est plutôt les classes moyennes voire haute — on ne compte plus le nombre de fils et filles de nobles qui s’y adonnaient quotidiennement. À ma grande honte, je suis obligé d’admettre que beaucoup de technoprêtres particulièrement avancés au niveau des augmentations en utilisent également, probablement pour compenser les pertes de sensation liées à la dissection de leur chair ; un peu d’obscura micro-dosé remplace aisément les nécessités des relations sexuelles ou de la bonne nourriture.

L’obscura n’est pas une drogue de rat des sous-ruches, il y a d’autres choses plus ignobles encore, comme le PNP ou le cigalhos. Ce n’est pas non plus une potion stupéfiante à base d’herbes indigènes, comme la Léthé noire, une concoction ensorcelée de tribaux médiévaux, ce qu’était Neustralia avant l’arrivée des Haarlock. Il est donc certain que ces truands ont un fabricant, et avec le système Neustralien bloqué dans une tempête warp depuis des mois entiers, ils ne peuvent pas juste l’importer, c’est local. Où donc trouvent-ils leur drogue ?

Toutes ces données sont méticuleusement triées, classées et archivées en vue d'un traitement procédural de fond.


< Merci de vos conseils. Ces données me sont précieuses._
Vous connaissez mon identifiant, mais je ne connais pas le vôtre. Me l’accorderez-vous?_ >


Le taulier lève un sourcil et bégaye un peu.

« Heu… Ouais, mon nom c’est Jean-Batis, Jean-Batis Avranches, si vous voulez tout savoir.
J’aimerais vous inviter à rester plus longtemps, padré, mais je crois que la Moelle va descendre vous poser des questions si vous traînez trop longtemps. Ici, c’est le boss de mes chers invités ci-présent.
», fait-il en faisant un léger hochement de tête dans la direction des truands en train de danser.

< La Moelle? Appartient-il à l’organisation des Mitans?_ >

« Le Mitan », le taulier corrige. « Je ne sais pas, je pense pas, le Mitan est beaucoup plus puissant que juste quelques vendeurs de la rue… Mais je suppose qu’ils doivent finir par recueillir de l’argent pour. J’avoue que je l’ignore complètement et que je suis pas dans la position d’avoir le luxe de poser des questions. »

Mon vox émet un son de validation pour confirmer que l’information est appréciée.
Puis, je me lève et exécute le signe de l’engrenage avec mes mains jointes. Je parle ensuite sans hausser le ton, toujours craintif d’attirer l’attention.


< Jean-Batis Avranche. Je vous déclare allié de l’unité | Kryptaestrex Mora | pour une durée de [1] cycle solaire. Renouvelable._
Mon escorte et moi-même allons maintenant quitter cet établissement._ >


Je sens de la chaleur dans mes joues. Est-ce un excès de zèle que de faire ce genre de déclaration? Évidemment, malgré ma prudence, l’alcool me monte à la tête. Je ressens un certain besoin d’exprimer mon amitié envers le barman.
Je regarde mes collègues tour à tour pour m’assurer qu’ils n’ont rien à ajouter, puis nous quittons la piece sans plus de cérémonie.

Une fois à l'extérieur, ma jovialité disparaît presque immédiatement. Dès que la porte se referme, la musique, les chants, l'agitation s'évaporent et un silence assourdissant s'installe. Nous revoilà revenus à la réalité.

Comme un puissant engrais pour nourrir notre détresse - la décupler même - Enkidu nous rejoint. Il a l'air paniqué et parle vite. La nous recherche et il faut nous cacher. Vite.

Tel un abominable schéma schismatique, sa panique m'affecte et se mute en terreur.


< La… la police?? Pourquoi?? Que… cette unité ne comprend pas !!_ >

Je me gratte, je me recroqueville et regarde partout autour de moi comme si les forces de l’ordre allaient surgir de toutes les directions en même temps. Wullis garde un sang-froid digne - selon moi - d'une bêtise suicidaire. Mais mes systèmes sont trop parasités par l'émotion pour tirer le moindre diagnostic viable.

Enkidu mentionne Sand et mes cogitateurs prennent un nouveau coup.


< Sand? Vous avez contacté Sand? Cette…_ >

Wullis me coupe en mentionnant le tavernier. Je le regarde, complètement hagard, comprenant à peine de qui il parle.
Soudain, mes yeux s’illuminent. Un début d’ordre s’organise dans ma tête.


< Aff… affirmatif!_ >

Je me tourne vers Enkidu.

< Jean-Batis Avranche! Le barman des | Trois Syndicats |._
Officialisé comme [allié] de cette unité. Nous avons… il…_ >


Je ne sais pas par où commencer, il y a tant à dire et si peu de temps. Trop peu de temps. Cette conversation doit être reportée, il faut maintenant aller à l’essentiel.

< IMPORTANT : // Cette unité s’est faite passer pour un émissaire de l’Adeptus Mechanicus à Lutèce. Sephone, Wullis et maintenant vous-même êtes identifiés comme son escorte._
Ce scénario doit être respecté impérativement. Présence d’individus très dangereux dans le bar. Situation stable pour l’instant, mais fort risque de dégénérer._ >


Mes collègues valident et Enkidu propose de lui demander où nous pourrions trouver un motel.





Nous sommes à destination, mais je n'ose pas considérer ce miteux motel comme un refuge. À chaque seconde qui s'écoule, je menace de faire une dépression nerveuse, aussi je laisse le soin à mes coéquipiers de s'occuper de la conversation et de la négociation avec le tenancier.

Sans le savoir, Enkidu m'offre un instant de répis dans ma détresse croissante. Lorsqu'on nous demande comment nous allons nous organiser pour les repas, le sorcier fait une remarque insultante sur ma manière de me nourrir.


« La soupe ça m'a l'air bien, puis comme ça c'est réglé. Mais on devrait descendre la chercher nous même si ça dérange pas monsieur, je pense que ça sera moins gênant pour tout le monde. »

Et il fait mine d'avoir un geste inapproprié à mon encontre. Je rougis, de colère et de honte, et mon vox bourdonne quelque chose en binaire dont l’harmonie ne laisse aucun mystère sur sa signification. Ma canne tinte sur le sol pour clore le sujet.
Même si ce n'était pas son intention, Enkidu vient de m'arracher à la tétanie qui me ronge depuis notre sortie du bar. Même si je suis encore un peu irrité, impossible de ne pas avoir une certaine reconnaissance à son égard.

Quelques questions astucieuses à l'intention du taulier nous confirme qu'il nous faudra bientôt diriger notre enquête vers Tantalus. Mais pour l'instant, il faut nous cacher pour la nuit.
Une fois dans notre chambre, Wullis se propose pour faire le premier tour de garde. En justification de cette décision, il prononce un dernier mot qui m'est totalement inconnu.


< Accordé._
Cette unité requiert d'abord que nous établissions un bilan de nos découvertes respectives._ >


Je me tourne vers Enkidu, le regard plein d'attentes.

< Requête : // Qu'avez-vous découvert? - Pourquoi sommes-nous recherchés? - Pourquoi avoir contacté Sand?
Toute donnée supplémentaire est la bienvenue._ >


Je ne porte pour l'instant aucune accusation. Ma tablette de données entre les mains, je suis prêt à retranscrire tout ce qui me sera communiqué.
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Helveticus Matix, Voie du Technoprêtre
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Reinhard Faul
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II

Message par Reinhard Faul »

Après être rentré dans la chambre d’hôtel, je pose mon lourd sac à dos au sol et mes armes contre le mur, puis je me masse les reins avec un soulagement manifeste. Dès l’instant où la porte se ferme, je laisse tomber le masque de nonchalance imbécile que j’affichais pour le tavernier et prend un air soucieux, les traits tirés par la fatigue. Je jette un bref coup d’œil par la fenêtre en fronçant les sourcils. Aucun policier ne nous a arrêté en venant, et je n’en vois pas flâner devant le motel.

Ignorant mes collègues, j’observe d’un air méfiant la chambre miteuse. Pour le peu que j’ai voyagé, c’est toujours une gageure dans une galaxie si grande, avec tant de cultures et d’écarts technologiques, de s’adapter à chaque planète, continent, pays. Les sanitaires sont confus, les dialectes nombreux, et les erreurs type confondre une ration militaire avec du cirage à chaussures vite arrivées. Je plisse les yeux d’un air mauvais vers ce qui semble être un innocent lavabo planté de guingois dans le mur, et qui pourrait se révéler être un putain d’urinoir. Je me ferais pas avoir deux fois.

Je suis distrait dans mon examen des lieux par la voix étrange de Mora. Difficile d’y percevoir une émotion - tout comme sur son visage - pour des raisons évidentes. Il doit me prendre pour un cinglé incompétent et dangereux : j’ai attiré la « police » sur nous. J’évite son regard et je réponds :

« J’imagine que Wullis vous a expliqué ce que j’étais parti foutre au Temple… »

Je pose mon regard sur l’expression franche et sereine du Garde, que j’aime à qualifier de bovin et soumis.

« Non, évidemment qu’il vous a pas raconté la conversation avec Lili Albrest. Putain… »

Je regarde dans le vide. J’avais été des plus brefs lors de la conversation téléphonique, mais j’ai pas envie de revenir là-dessus. J’ai réfléchi. Je crains bien plus l’Inquisition que les crasses de ces trois-là, qui se paieront plus tard. J’enchaîne donc :

« Vous vous souvenez de Evrad Zed, le meilleur ami de la victime ? J’ai dit qu’il avait des chances de traîner à la taverne, mais Lili Albrest m’a assuré que je pourrais très certainement le trouver au Temple. J’y suis allé. Il était là, le prêtre a essayé de me le dissimuler, mais il a fini par me rencontrer de lui-même. Il m’a assuré que Saul Albrest a disparu il y a deux mois en se rendant à l’Aumônerie Tantalus. Il a parlé d’une grande consommation électrique sur place, de beaucoup de fréquentation et… et c’est tout. »

J’ai mis de côté mes hallucinations. Déjà parce que mes collègues y sont ouvertement hostiles, ensuite parce que je prends ça très au sérieux. J’ai vu la statue de Saint Drusus cligner des yeux ! C’est très important et sacré pour moi. Si j’entends Wullis dire une ânerie à propos de Saint Drusus, je devrais le tuer. Je ne le supporterais pas. Je mets donc de côté cette partie de mon récit et continue :

« J’ai appelé Sand pour l’informer, il m’a ordonné de vous chercher et d’aller à l’Aumônerie avec la police. Vous voyez le problème que ça pose… donc je lui ai dit. Et là, le téléphone a fait des bruits bizarres. On était écouté. »

Je ne peux m’empêcher d’ajouter une petite vanne. Je suis du genre méchant quand j’ai peur :

« Pourtant, j’ai pas dit une seule fois mon nom. »

Puis je conclus :

« Il m'a ordonné de me cacher. Et voilà, maintenant vous êtes aussi couillon que moi dans l’affaire. »

J’observe mes collègues d’un air méfiant, dans une posture un peu défensive. À mes yeux, leur comportement ne s’explique que d’une seule façon : ils veulent me faire chier, voire me nuire, mais récolter les fruits de mon travail tout de même. Je ne peux pas saboter l’enquête pour les neutraliser… mais j’ai l’habitude que la vie soit merdique, injuste, et je sais aussi me venger.
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Lien Fiche personnage: Ici

Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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Valindra
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II

Message par Valindra »

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Magdela Sephone, Soeur de Bataille
Saul Arvest est bel et bien mort, cela ne fait aucun doute, mais reste à savoir pourquoi. Au moment où Sand nous laisse la voie ouverte vers tous les possibles, mon cœur se serre. D’où vient ce sentiment étrange qui tapisse le fond de mes pensées, qui habille mon humeur d’un gris pourpoint tissé par la fibre de l’angoisse ? On ne m’a jamais interdit d’avoir peur, mais on m’a inculqué qu’il faut dominer ses émotions, les taire quand elles surgissent. Mais ces émotions n’aiment pas le silence, elles existent pour être libres. Ce cœur qui palpite est bien agité par cette rébellion, il secoue la cage thoracique dans laquelle il est enfermé comme un condamné à mort qui s’accroche à ses barreaux en hurlant. Cette tension qui raidit mes membres est bien difficile à apaiser aussi, elle s’étend jusqu’au bout de mes doigts comme la rumeur d’un torrent furieux. D’ailleurs, je remarque que mes mains sont humides de sueur alors même que je n’ai fait aucun effort physique. Finalement, comment dominer ce qui se trouve sous votre propre peau ? Je n’ai jamais eu la capacité de faire ralentir mon rythme cardiaque. Je n’ai jamais su maîtriser mon corps au point d’effacer tout ce qui peut l’accabler. Il faudrait être une machine pour ça. Il faudrait que je sois Sigma tout entière, et que Séphone disparaisse.

Il faut dire que l’ambiance est plutôt glauque, ici. Mais surtout, je ne me pardonne toujours pas mes erreurs. Une chance que les autres ne soient pas encore au courant : sûre qu’ils ne cesseraient de me le ressasser, ou bien me dénonceraient-ils ? Allez savoir. On n’est jamais sûr du vrai visage des gens. J’ai connu des Sœurs, prétendument pieuses, qui s’acharnaient à tenter d’écraser les autres pour se réserver la meilleure place. Il arrive que les ambitions déferlent dans le cercle des intérêts communs, qu’elles brisent les liens en propulsant les carrières des uns ou des autres. C’est la nature de l’homme. Je l’ai appris, autrefois, à mes dépens. Par chance, je n’ai jamais glissé dans ce travers. Si haut qu’on soit propulsé, il faut toujours se méfier de l’atterrissage.
Le destin réserve bien des surprises. En attendant, il est bon que mon secret reste un secret. J’ignore si mon esprit me joue des tours depuis que j’ai rencontré les officiers militaires et le synopticon, mais j’ai l’impression que depuis la tempête Warp les choses sont différentes entre nous.

Tout ceci mis à part, nous avançons ad augusta per angusta. Vers de grandes choses par des voies étroites. L’autopsie étant terminée, il est temps pour nous de nous mettre à pied d’œuvre pour résoudre cette enquête. Nous avons à peine effleuré les bords du volcan qu’est Lutèce pour le moment, l’heure est donc venue de visiter l’intérieur du cratère. De plonger dans son centre, là où tout le magma s’apprête à érupter. Notre groupe se divise pour élargir le spectre de ses recherches, et je m’associe à Mora suite à l’annonce d’Enkidu qui sollicite la compagnie de Wullis. Les jeux sont faits. Nous décidons de jeter notre ancre vers la gare de Lutèce-Sud. Dans le premier temps, notre objectif vise à identifier tout type de témoin qui pourrait avoir été présent lors du moment où Saul a été jeté du train. Nous misons sur la possibilité qu’une certaine partie d’entre eux fasse des allers-retours quotidiens. Au moment où les passagers débarquent, nous tentons de déceler tout individu qui pourrait nous paraître suspect, mais en vain. Contraints de constater notre échec, nous décidons de nous réunir. Les quais se désertifient. Je peste contre moi-même pendant que Mora me parle. Nous décidons stratégiquement de nous diviser à nouveau : la gare est vide. Tandis que Mora s’attaque à extraire toutes les données possibles des caméras, je vais à la rencontre du cheminot qui s’apprête à rentrer chez lui. C’est lui qui a découvert le corps.

Le cheminot sursaute quand j’arrive. Son ventre est bedonnant, son corps est vieux, mais il n’empêche qu’il semble avoir gardé quelques mécanismes de protection basiques, puisqu’il serre les poings comme pour attaquer. L’idée de lui enseigner une posture de garde plus correcte m’effleure l’esprit, mais ce n’est pas là l’origine de ma venue. Les temps où je partageais les doxas martiales du Couvent Prioris sont révolus, puis il faut que je cesse de réfléchir comme une Sœur de Bataille, et que je m’évertue à agir comme le ferait un enquêteur.
Ce n’est pas mon domaine, cela va sans dire. Je suis faite pour la foi, l’amour et la guerre. Je maîtrise la lame et le bolter, les préceptes ecclésiastiques, et la sorcellerie. Je suis maladroite sur tout le reste, à commencer par les relations sociales.

« J’enquête sur la mort de Saul Arbest.
- Qui ?...

… oh oui… désolé, j’ai déjà tout dit aux policiers. Je sais rien, je l'ai juste trouvé sur les rails et j'ai appelé mes responsables de la gare principale, c'est tout, je sais rien d'autre.
»

Je rêverais de pouvoir le convaincre de me faire confiance, en lui disant que je suis Sœur, par exemple, mais le champ des possibles est toujours réduit. Nox ne me sera d’aucun secours non plus. Je ne sais pas bien quoi lui répondre, ni comment aborder les choses, alors je finis par lui dire que je n’ai pas encore posé de question, comme pour lui signifier qu’il se grille tout seul, à être autant sur la défensive. Il semblerait que cela ne marche pas comme prévu, car il tente de se dérober à mes questions en descendant les marches sur lesquelles nous nous trouvons. Quoi de plus douteux qu’un homme qui cherche à vous fuir quand vous lui apprenez que vous êtes enquêtrice ? Je n’ai d’autre choix que d’essayer de lever le voile sur les motifs qui expliquent cette attitude fuyante. Mais quels mots choisir ? On ne s’improvise pas détective par magie… parlant de magie, justement, je maitrise certaines choses que j’ai soudain l’occasion, peut-être, d’utiliser sans qu’on ne me décèle. Je jette un rapide coup d’œil aux environs pour vérifier ce que je sais déjà. Tout est désert. Alors que le cheminot descend les marches pour disparaître des quais, je décide de faire une entorse au règlement des Sororitas et j’invoque quelque chose qui dort à l’intérieur de moi. Je souhaite juste être assurée que ce monsieur n’est pas du côté de mes ennemis, et des ennemis de l’Empereur.

Je laisse mon âme être envahie par les ténèbres. La sorcellerie est une chose mystique et dangereuse. Je suis sûrement tout indiquée pour comprendre ce qu’Enkidu ressent chaque fois qu’il effleure les caprices du Warp. Des messages entrent dans ma tête. La réalité se contorsionne et j’ai l’impression tout à coup de flotter dans l’éther. Mais l’éther est sanguinolant. Il dégouline d’âmes arrachées aux corps des damnés, il parle dans une langue obscure et grave. D’étranges silhouettes, peut-être des démons se tapissent dans les flux de magie, ils traversent des portails et des miroirs égarés qu’ils brisent en s’approchant de moi alors que je nage dans une eau inconnue. Je répète intérieurement les adages du Couvent Prioris. Je ne suis plus de cette caste, mais je crois toujours, et seule ma Foi me protège des manigances du chaos qui souhaite visiblement me perdre dans son dédale : je n’ai pas les mêmes capacités qu’Enkidu pour m’orienter dans ces enfers-là.
Une énergie irradie à l’intérieur de mon nerf optique. Avec ce nouveau regard, je sonde l’âme du cheminot. Elle brûle à l’intérieur de lui d’un blanc terni, signe qu’il n’est pas tout rose, mais que ce qu’il dit est vrai. Mon œil ensorcelé me dit que ce n’est qu’un pauvre monsieur, mais mon cortex me dit autre chose. Il me dit de rester méfiante.
En un clignement de paupière, je reviens dans la réalité matérielle. Mon œil a regardé, et puisqu’il a regardé, il sait juger ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Ce cheminot n’a rien à m’apporter. Je finis par lui poser quelques questions qui le forcent à admettre qu’il n’effectue pas ses missions de routine correctement. J’apprends notamment que les wagons-cargo ne sont pas contrôlés : sont-ils donc abandonnés aux mains de la pègre ? Ce qui expliquerait beaucoup de choses…
Tout à coup, alors que des certitudes marquent mon esprit, j’ai l’impression qu’un vide se creuse autour de moi. Je tapote mes poches pour voir si je n’ai rien perdu, si je ne suis pas dans un mauvais rêve. Rien. Pourtant, je ressens un manque, une absence. Quelque chose me quitte. Je réalise en même temps que je ressens moins la présence de l’Empereur-Dieu à travers moi. Cette sorcellerie me mettrait-elle aux bans de la Foi ?



Après avoir voxé avec nos partenaires, nous finissons par nous retrouver devant la Taverne des Trois Syndicats. Enkidu manque à l’appel, mais ce dernier nous a informé qu’il se rendait au temple, et j’ai eu la certitude que c’était pour prier. Comment ne pourrais-je le comprendre ? J’ai moi-même senti que la présence de l’Empereur se retirait petit à petit de moi. Comme si son aura s’émiettait petit à petit, comme s’il s’écoulait lentement hors de nous comme les graines d’un sablier. Mais il n’y a pas que l’Empereur qui nous quitte.
La patience emprunte le même itinéraire. Plus le temps passe, et plus j’ai l’impression d’être gangrénée par cette ville. Nous entrons dans l’auberge, et la suite me prouve que je suis à cran. Difficile de dominer ses émotions en étant autant éprouvée par l’ambiance pesante qui règne sur Salbris. Même Mora montre de la colère, et au moment où je réalise qu’elle est tournée vers moi, je prends la mouche. Le tavernier m’insulte ouvertement et le grand Rex ne semble pas saisir l’outrage commis, tant et si bien qu’il se retourne aussi contre moi. Tout me file entre les doigts. Je me résigne à sortir pour m’écarter des complications. C’est peut-être le choix le plus sage. Je laisse à Mora tout l’espace nécessaire pour négocier.



Notre périple continue. Retrouver Enkidu me met du baume au cœur, sa simple présence me soulage mais… mais il est différent, tout à coup. Serait-ce la hâte qui le rend soudain si froid ? Je n’ai pas le temps d’essayer de le comprendre, aussi vrai qu’il nous fait savoir que nous devons nous planquer en urgence.
Nous avançons donc à travers les artères de Lutèce. Nous ne sommes ni trop proches, ni trop loin ; j'essaie de rester visible mais je garde cette distance de sécurité, au risque que nous passions pour une escouade armée. Il faut dire qu'on impressionne facilement, avec tout notre barda. Heureusement, Wullis a l'oeil pour se fondre dans la masse sans perdre de vue son objectif. Je le piste bien sagement, impressionnée par sa capacité à nous servir de guide. Je l'imagine facilement vagabonder à travers les paysages sauvages dont il doit être originaire.
Enkidu a une dent contre moi, j'en suis à présent certaine. Quelque chose a changé depuis que nous sommes ici, à Lutèce. Moi-même je garde rancune contre Mora, ce qui n'est pas dans ma nature. C'est comme s'il y avait un poison ici, et que nous étions petit à petit rongés par ce mal. Tout en progressant, je tente de faire le bilan, de me détacher de toute cette succession d'émotions intenses et d'y voir plus clair. C'est un exercice fastidieux qui exige d'abord de s'oublier un peu, et je ne suis pas très douée pour abandonner ma sphère affective. Le passé me poursuit toujours. Je repense à toutes les erreurs que j'ai faites, et cette conclusion terrible revient, en lettres capitales, impitoyable et lourde, grave comme l'accident qui a arraché Nox à mes bras.

Je suis une pauvre merde.

Soeur Aldegonde avait une expression bien à elle pour faire face à ce constat. Elle disait toujours que nous étions misérables, et que nous ne pouvions atteindre la grandeur que dans la mort. Et puis elle concluait systématiquement dans la même façon : le seul remède à la faiblesse, c'est l'effort. Jadis, je croyais que c'était un argument d'autorité pour nous forcer à répéter sans cesse les mêmes mouvements. Mais avec le temps, je crois avoir compris ce que cela veut dire.
On doit avancer. Qu'importe les problèmes qui nous submergent, qu'importe les erreurs, qu'importe les griefs. Il faut qu'on avance.


Un vieux motel miteux ne tarde pas à se montrer. Je tente d'atteindre Wullis avant que nous n'entrions.

« On dirait que nous sommes saufs, pour l'instant. Comment voyez-vous la suite ? »

Wullis propose une chambre collective. Mais derechef Enkidu réagit.

« Sephonus va me payer une chambre et la bouffe. Suis pas un sauvage."

Je me prostre. Il décide donc enfin de réclamer sa dette, mais avec un air de dégoût sur le visage. Je m’apprête à lui demander ce qu’il veut manger quand…

« Nan, en fait je m'en fous. Si vous avez peur de dormir tous seuls on fait comme vous voulez. »

Je me contente d’acquiescer. Enkidu reste une énigme pour moi. Dans la foulée, c’est Mora qui donne son avis.

< Illogique : // nous regrouper tous dans la même pièce diminuerait nos chances de nous échapper en cas d'attaque. >

Je réfléchis à la manière dont on pourrait essayer de convaincre son esprit cartésien quand…

< Correction : // nous avons beaucoup de données à échanger. Une chambre commune serait donc acceptable. >

Est-ce que c’est moi, ou tout le monde est en train de devenir bipolaire ? Je dégaine mon sourire le plus gêné du monde, et je commence à croire que l’absence de l’Empereur en ces lieux emplit Lutèce de schizophrénie.


Nous entrons dans le motel. Drayelok — ce doit être lui — est cent fois moins intimidant qu’Avranches. Un tout petit gars plein de rides, voûté sur lui-même, les joues creuses comme tout, les cheveux blancs autour d’une calvitie pleine de grains de beauté, pâle et aux yeux rougis. On croirait qu’un courant d’air va le faire s’envoler, d’autant plus que, voyant apparaître l’équipe, il s’agrippe fort à son comptoir.
C’est en bégayant et d’une toute petite voix très faible qu’il nous adresse la parole :

« B-b-bonsoir, et b-bienvenue…
Qu-Comment p-puis-je vous aider ? »

Une autre petite tête se montre derrière lui, à moitié cachée dans l’embrasure d’une porte qui mène à une pièce adjacente, un bureau privé. Tout aussi fine que Drayelok, tout aussi âgée, on devine que ce doit être une femme, à voir ses longs cheveux tout blonds — elle doit avoir fait une coloration récente. Elle cache ses mains dans ses manches, et sitôt qu’elle voit le groupe, la voilà qui retourne se dissimuler dans le bureau.
Cette attitude fuyante est pour le moins déconcertante, aussi je tente de prendre de l'information sur ce qu'il y a autour de moi.

L’entrée du Motel fait encore plus peine à voir que l’extérieur ; c’est sombre, il y a des plantes d’intérieur en train de lentement mourir un peu partout dans tous les sens, des vieux cartons gonflés d’humidité pourrissent dans un coin, un ventilateur tournoie bruyamment au plafond, les vitres sont sales… On dirait l’état normal d’un bâtiment laissé trente ou quarante ans sans le moindre menu ou gros œuvre d’effectué.

« Bonjour. Vous avez des chambres pour quatre personnes ? »

Le tenancier, à moitié caché derrière son comptoir, se met sur la pointe des pieds, et penche un peu à gauche puis à droite comme pour mieux zieuter le groupe d’acolytes. Les yeux grands ouverts, toujours vissé et accroché à son comptoir, il sort une nouvelle réponse avec une grande inquiétude dans sa voix, toujours aussi faible :

« O-oui. Enfin, n-non. J’ai…
…Nous avons, actuellement, douze chambres pour une à deux personnes. »

Le bonhomme me parait anxieux. Beaucoup trop anxieux. Il y a des choses qui me semblent louches par ici, et je suis à peu près certaine que ces individus nous cachent quelque chose. Est-ce mon problème au demeurant ? Pour l'heure, la seule chose qui nous préoccupe, c'est de nous reposer.

« C'est combien pour deux chambres ?
- Heu… Juste pour la nuit, ou avec repas ?
- Avec le repas, oui.
- Bien bien, hé bien… Normalement, ça coûterait quatre trônes la nuit, mais je peux vous faire un tarif réduit à trois trônes. »

Vu l’état de Lutèce, il faudrait probablement payer quelqu’un pour rester dormir ici, d’autant plus que nous semblons être les premiers clients depuis bien longtemps ; derrière le comptoir, contre le mur, il y a des trousseaux de clés pour les chambres en train de pendouiller, et l’on en compte treize sur un présentoir de quatorze. Il n’y aurait donc qu’une seule autre chambre d’occupée au motel, a priori ?

« Voici quatre trônes. »

Ce monsieur me fait beaucoup trop de peine et je ne suis pas de nature à fermer l’œil sur la faiblesse de mon prochain. Après un bref remerciement, le voici qui me file un registre.

« Vous avez les chambres 9 et 10, côtes-à-côtes à l’étage, tout au fond à l’escalier ouest ; c’est la droite quand vous sortez. Si vous souhaitez manger quelque chose, ma femme va préparer un peu plus de soupe que prévu, mais ça prendra un peu de temps pour la préparer, ça devrait être cuit… Oh, je viendrai vous chercher quand ça sera prêt, si ça ne vous dérange pas de descendre un peu tard, après vingt-trois heures ? »

Je signe, puis je termine par une petite singerie dont nous commençons à avoir l’habitude et qui consiste simplement à faire croire que nos intentions sont différentes de celles que nous poursuivons réellement. Pour le coup, je tente ce manège avec Enkidu, en dépit de la tension dont il semble être frappé. Le tenancier du motel nous conseille tout simplement de nous rendre au complexe, et nous apprend qu’il existe encore mais qu’il est en liquidation. J’ai envie de lui expliquer ce que je sais vraiment, mais soit, je choisis le silence et nous gagnons nos chambres.
Valindra | Haut-Ælfe, Voie du noble
Profil : For 8 | End 7 | Hab 9 | Cha 10 | Int 8 | Ini 9 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | Mag | NA 1 | PV 55/55
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
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Compétences
• Acuité visuelle (B)
• Acuité auditive (B)
• Arme de prédilection - Lance (B)
• Monte (A)
• Diplomatie (B)
• Chant (B)

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