Une orgie de tirs et de meurtres plus tard, des dizaines d’âmes étaient avalées par le warp. Tout avait été aussi bref que violent — explosions, déchaînements de lasers, fumigènes, ordres aboyés, lames qui volent dans tous les sens… Blessures, sang, têtes arrachées, grenades, alarmes de voitures, insultes, aboiements de chien, et surtout, une terrible explosion qui fit s’écraser à terre l’un des leurs…
Quand l’équipe avait enfin l’adrénaline qui commençait à se dissiper, ils avaient un homme sur le carreau. Devant la carcasse incendiée d’une voiture de police, Sand, ensanglantée, à bout de souffle, se retourna pour observer ses hommes, avant de s’approcher du techno-prêtre de Mora. Il eut un hoquet de surprise, en annonçant :
« Bordel, il est encore en vie ! »
Le clarificateur-medicae employa son art. Il courut vers sa voiture accidentée pour en ouvrir le coffre, et déploya ainsi un servo-crâne médical — ensemble, ils commencèrent à stabiliser Mora par injection de drogues, surtout de calmants, pour le forcer à retourner dans sa torpeur. Le sang qui coulait par son membre mutilé fut épongé et le flux stoppé par des sutures faites à vif. Il était de loin celui qui avait le plus dégusté, mais le reste de la troupe n’était pas en reste — Séphone et Wullis étaient criblés d’impacts de balles, et devaient maintenant se couvrir de bandages et de pansements homéostatiques, les stimulants de combat les forçant à rester debout.
Tout le monde fit ceci silencieusement, comme par habitude ; les cours de premier secours de l’Inquisition enseignaient, froidement, que la survie de l’acolyte lui appartenait tout d’abord à lui-seul, un devoir mitigé uniquement par le sacrifice et le martyr. Un acolyte utile devait survivre, un excellent acolyte savait ne pas encombrer le système de triage en se plaignant et en réclamant de l’aide à autrui.
Quand enfin le tumulte cessait, que ne restaient que les rythmes cardiaques trop rapides, les dents serrées de douleur, et les oreilles bourdonnant d’acouphènes, Sand décida de siffler et d’inciter l’équipe à se rassembler autour de lui.
« Je… Crois qu’un peu d’explications est en ordre. »
Tout le monde gardait ses armes en main et surveillait les rues, en attendant l’arrivée de renfort. Sand, les deux pistolets aux mains, fit un signe de tête à l’intention de l’élégant homme chromé qui avait perdu de sa superbe, avec sa chemise trouée de balles et enflammée de cordite :
« Vous êtes qui, vous ?
– Céline Strasser, directeur des ressources humaines de l’Hégémonie Skaelen-Har, secteur Neustralien… J’étais sur place pour enquêter sur les disparitions, probablement pas pour les mêmes raisons que vous… Enfin, si je connaissais les raisons. Vos sbires ont décidé de m’intégrer à leur équipe, mais rien de plus. »
Sand hocha de la tête. Puis, il se tourna vers ses trois nouveaux camarades.
« Statut. »
Le Skitarius fit un salut militaire, et avec une voix pourtant impeccablement humaine, il s’exprima dans un discours laconique et automatisé :
« Skitarius-Ranger. Matricule. P.S. Tiret. Dièse. Quatre. Quatre. Un. Trois. J. W. Désignation. John. Doe.
Dégâts légers. Services médicaux auto-administrés. »
Il avait un accent. C’était très bizarre — le bonhomme avait la tête la plus commune possible et le son dans la voix qui le faisait sonner comme un pur paysan de quelconque-planète-land ; mais il semblait bien être passé par le même endoctrinement que le reste du Mechanicus…
La jeune femme à moitié nue, portant une magnifique épée courbée, passa tout le long de son ventre un spray qui força la peau déchirée à se souder ; ça avait l’air atrocement douloureux, vu comment elle sifflait et grognait, mais pourtant, elle semblait sourire.
« Livia van Strafe. Séide-illuminée du culte du Serpent Surréel Doré. »
Séphone grogna. Malgré ses propres blessures terrifiantes, la Sororita posa son doigt sur la détente de son lasfusil, comme prête à se battre.
« Le nom de votre culte me dit quelque chose… J’ai déjà combattu un culte similaire. Hérétique.
– Ceci est Magdalena Séphone, une sœur de bataille… Tranquillisez-vous, Séphone. Livia fait partie d’un culte-fils des hérétiques auxquels vous pensez, et la faction qu’elle a rejointe a été disculpée par l’Ecclésiarchie.
– Sans vouloir vexer… Personne… Je suis, apparemment… Une aussi bonne servante de l’Empereur… Que vous. »
Livia était à bout de souffle. Mais elle ne peut s’empêcher de sourire à pleines dents après sa provocation.
Enfin, restait au sol, la psyker. Elle était un genou à terre, en train de respirer à toute vitesse. Sand s’approcha, mais ne la toucha pas — il se contenta de lui demander oralement :
« Tu es cassée ?
– Non ! Je… Je me remets… Je suis…
Je suis vraiment passée à deux doigts… À ça… »
Elle parlait avec un joli accent, difficile à placer… C’était chantant, et nasal. Finalement, elle prit une grande inspiration, se remit sur ses deux pattes, et lia ses deux mains dans une posture noble et élégante — qui tranchait pas mal avec son apparence actuelle ; sa jolie robe de grande dame était couverte de poussière, de sang et de poudre à balles, déchirée en plusieurs endroits à cause de l’accident. Mais elle cherchait à tranquilliser l’assaut du warp derrière une posture de sang-froid absolument impeccable.
« Je suis Nebael. Nebael fulla Diznin. Psyker assermentée, et devineresse.
Je me tiens prête à servir. »
Sand hocha de la tête.
« Bien, maintenant que nous sommes tous réunis… Est-ce que l’un d’entre vous peut me résumer grossièrement qu’est-ce qui vient de se passer et qui sont les policiers que nous venons d’abattre ? »
Séphone, étonnamment, regarda Enkidu. Elle fit un hochement de tête, l’encourageant à expliquer.
Alors que le pauvre psyker était laissé à faire le briefing, John Doe (Ce n’était pas un nom qu’on lui avait attribué…), parcourait les cadavres des flics. Il en retournait un. Il est vrai qu’il était peut-être une bonne idée de fouiller les poches des morts pour chercher des infos, ou au moins des munitions… Mais c’est plutôt autre chose qu’il foullait.
Au bout d’un moment, il décida de sortir un couteau. Et le voilà qui l’enfonçait dans l’oreille d’un des morts. Il déchiqueta proprement quelque chose, des morceaux de cartilage…
…Jusqu’à trouver une oreillette implantée. Il cherchait à pirater les communications de leurs ennemis.
[Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II
Ça n’aurait pas dû être si dur, les ennemis étaient encerclés et des grenades avaient été lancées, mais c’était sans compter l’équipement surprenant de leurs adversaires. Un policier possédait le même implant que Strasser ! Il sauta vers la dame pas très habillée, qui l’esquiva avec la vivacité d’un démon. Enkidu eu du mal à suivre ce qu’il se passa ensuite, parce qu’il rata un tir et qu’immédiatement après, un flash de lumière lui cacha les personnages principaux qui venaient d’arriver. Il vit seulement Sand se démarquer de la fumée tel le héros antique d’une peinture et tirer partout comme malade… en faisant mouche. Il vit un ennemi s’écrouler. Les autres reculèrent dans le tunnel. La stratégie la plus intelligente serait de rejoindre les gens importants...
C’est là qu’il entendit sa collègue Psyker hurler « LANCE-GRENADE ! ».
Des alliées lancèrent des fumigènes, et les plus excités du groupe s’élancèrent au corps à corps. Enkidu savait ce qu’il avait à faire : avancer lui aussi à travers la fumée, mais plus lentement, en prenant le temps de préserver ses sens afin de tirer juste à la sortie... Ou alors se faire massacrer sans rien voir venir. Ça ne dépendait pas de lui. Il se félicita d’être allé aux toilettes récemment.
En sortant, il entendit une horrible explosion et se prit quelque chose de lourd sur le coin de la tête, mais ne se déconcentra pas. C’était ce genre de détail qu’on lui avait appris à gérer lors de son entraînement : continuer à tenir son fusil par le bon bout et chercher à tuer, même quand il se passait n’importe quoi. Surtout quand il se passait n’importe quoi. Il tira sur un flic qui cherchait à finir Séphone, utilisant le Warp une brève seconde pour transformer son corps en une machine ultra précise dotée d’une vue supérieure. Quelque chose de reptilien, de meurtrier. Le fusil était utilisé avec la vivacité d’un serpent. L’assaut fut aussi rapide qu’exact. L’ennemi s’écroula, touché à la nuque par un laser.
Ensuite, tout se termina assez vite. Celui qui semblait être le chef mourut, tendrement enlacé par la dame pas très habillée. Enkidu baissa les yeux vers ce qui lui avait cogné la tête. C’était un morceau de pied humain, il compta trois orteils, le talon, et un long, long morceau de peau très pâle qui avait dû remonter jusqu’au genou de son ancien propriétaire. Les déchirures ressemblaient à la pâte feuilletée du croissant qu’il avait mangé à la gare hier matin. Elles s’étaient sans foute formées de la même façon.
Le jeune Psyker se mit à vomir à jet dès que l’image lui vint en tête. Il pensait que ça ne lui arriverait plus après son premier combat à bord du Ravel, qu’il était comme qui dirait blindé, mais il restait un bleu en engagement réel. L’adrénaline le vida de son petit déjeuner en quelques secondes, avec une efficacité que la nausée n’obtiendrait jamais. Une voiture d’ennemis décida d’arriver à ce moment-là, mais les personnages principaux, plus efficaces, plus expérimentés, tuèrent tous les occupants avant qu’Enkidu n’ait seulement eu le temps de se tourner et de s’essuyer les yeux d’un revers de la manche. Et puis c’était fini.
Pour l’instant.
Vu qu’il n’était pas blessé, le jeune homme s’empressa de s’assurer que les hérétiques étaient bien morts et incapables de lui nuire en leur mettant une balle dans la tête à chacun. Il s’osait pas trop observer leurs cadavres, si jamais leurs maléfices étaient contagieux d’une façon ou d’une autre. C’était sans doute interdit de les fouiller. Et si il découvrait une chose interdite ? Pour l’instant, ils ressemblaient à toutes les morts violentes du monde : couverts de sang et dans des positions bizarres. L’Empereur soit loué, désormais Enkidu avait un Chef avec lui. Le Chef saurait, le Chef prendrait des décisions. Pour l’instant tout le monde s’agitait auprès des blessés.
Le jeune homme pu enfin se demander à qui appartenait le pied qui lui était tombé dessus. Dans l’urgence et la panique, il se fit bêtement la réflexion que ses ongles d’orteils étaient beaucoup trop propres pour appartenir à des hérétiques. Il chercha des yeux leur propriétaire légitime.
Il trouva Mora. Par là. Là-bas aussi, et dix mètres plus loin également. Le pauvre bonhomme s’était visiblement pris un tir de grenade… bah, comment dire ? Partout à la fois. C’est ce que font les lance-grenades.
Enkidu se demanderait longtemps, pendant des années même, qu’est-ce qu’il l’avait poussé à cet instant à ramasser le pied du technographe et le poser respectueusement près de son corps inconscient et mutilé. Ça lui avait semblé logique sur le coup. Il s’était vu se pencher sur le pied, le prendre délicatement entre ses mains (c’était encore chaud à cause de l’explosion) marcher tranquillement les quelques mètres qui le séparaient du Clarificateur et de Mora et poser le morceau de viande à côté des restes de sa cuisse en mode « tiens, c’est à toi ». Puis il se rendit compte à quel point le geste était stupide. Personne ne pouvait recoller ça, sauf le Warp, et personne ne lui demanda de l’utiliser.
Mais on ne sait comment, Mora survécu. Et là encore, l’équipe de personnages principaux réagit de façon bien plus alerte qu’Enkidu et ses collègues. Sand leur ordonna de parler, et ils s’exécutèrent. Néanmoins, le jeune Psyker n’était pas non plus dénué de tout bon sens et s’appliqua à garder les rues en joue avec son lasgun. Ils n’étaient pas en sécurité. Ce n’était même qu’une introduction aux combats à venir.
Il y avait le Skitarii, John Doe, que Enkidu aurait pu croiser dans les rues de son village sans sourciller. Il était d’ailleurs si oubliable que l’attention du Psyker fut immédiatement capté par le personnage suivant alors qu’il n’avait pas fini de parler. Il faut dire que la cultiste de la Mort avait des arguments pour elle.
La dame peu habillée s’appelait Livia van Strafe. Elle faisait partie du Serpent Surréel Doré. Enkidu en avait entendu parler, brièvement. Ce qu’il en savait importait peu par ailleurs puisque l’Inquisition l’avait jugée elle comme fidèle servante de l’Empereur, dissipant en une fraction de secondes tous les doutes de l’esprit du jeune homme. Il avait appris depuis très jeune qu’on ne s’attardait pas à questionner un régime fasciste sur qui fait partie des biens ou des pas biens, à moins de vouloir s’attirer des problèmes.
Non, ce qui était embêtant avec Strafe du point de vue d’Enkidu, c’était son… sa… ses… enfin, son allure quoi. Le regard du jeune homme était sans cesse poussé à se repentir. Il avait eu quelques pensées envieuses à l’égard du Logicien qui était mort dans une étreinte lascive contre la dame. Elle avait de longs cheveux blonds et brillants, la peau douce et une tenue qui ne se contentait pas de révéler, mais allait carrément jusqu’à mettre en avant ce qu’Enkidu n’avait jusque-là qu’entraperçu dans des contextes qui exigeaient beaucoup moins de chichi. Il y avait l’espèce de minuscule sous vêtement et le tatouage bien sûr, mais aussi la texture moelleuse du sein qui était soulignée par le soutien-gorge push up modelé dans le métal de son armure.
Le jeune Psyker vivant dans un régime fasciste, ce n’était pas la première fois qu’il voyait la sexualité mise en scène de façon étrange, mais c’était la première fois que l’imagerie de la Walkyrie pénétrait sa psyché avec tant de pertinence. Il était là, au milieu de l’odeur de sang et de poudre, son lasgun encore chaud, du vomi dans le nez, et découvrait l’existence des strings.
Enkidu fut presque surpris quand sa collègue Psyker pris la parole. De façon totalement inattendue et surprenante, son attention avait été attirée par quelque chose de plus intéressant qu’une fille au casque bizarre et à la robe couvrante. Il s’insulta intérieurement. Le cliché du garçon qui ne regarde pas les filles moches ! Lui ! Le jeune homme était discret sur son passé antérieur au Vaisseau Noir – et c’était d’autant plus aisé quand personne n’était curieux -, mais sa vie ne l’avait pas préparé du tout à certains types d’événements.
Il récupéra néanmoins assez de capacité cognitive pour comprendre de quoi on parlait. Diznin – c’était le nom de sa collègue – était une lectrice d’augures. Une devineresse. Dommage ! Il aurait préféré un biomancien comme lui, et pas un con de médium. Il remarqua avec horreur qu’elle semblait proche de son âge. L’Empereur soit loué, elle ne risquait pas de reconnaître Enkidu – il avait beaucoup changé depuis Sainte-Terra – car celui-ci avait l’habitude de casser la gueule des devins. Comme tout le monde. Souvent faibles, rêveurs, les yeux larmoyants et le nez qui coule, ils étaient des victimes faciles pour piquer de la nourriture ou des cigarettes. Ses professeurs lui avaient appris les prières, la spiritualité de combat et la vie des Saints, mais c’était les devins qui avaient donné à Enkidu des leçons précieuses sur l’art de frapper quelqu’un jusqu’à ce qu’il abandonne ou comment tendre une embuscade dans un endroit très surveillé. Dans ses bons jours, il pouvait ratisser deux dortoirs de l’école de Divination de la moindre de ses cachettes avant que l’un d’eux ait eu le temps d’appeler une Soeur du Silence.
Celle-ci avait le profil d’une victime facile. Son casque était un implant, cela se voyait, et Enkidu savait qu’il aidait la jeune femme à maîtriser ces pouvoirs, voire à simplement continuer de vivre sans se faire exploser toute seule. Pour quelle autre raison une Psyker aurait-elle un implant aussi coûteux ? Le jeune homme était très fier de ne pas avoir besoin d’un tel artifice … et secrètement soulagé aussi (ce qui était mal). Il se souvenait des corps sanguinolents de ceux qui se remettaient de la chirurgie, des hurlements de douleur, des plaintes, des supplications. Il avait redouté pendant des jours qu’on le prenne, lui aussi, mais mis à part les implants minimaux et quelques puces, on ne lui avait rien fait.
Et la pauvre Diznin avait subit l’assaut de démon ! Il les avait sentis près de lui. Pas étonnant qu’elle soit par terre. Enkidu découvrit à cet instant que les circonstances étaient bien différentes de Sainte-Terra et qu’il avait envie d’aider cette collègue, mais c’était son tour de parler.
Il dut – comme durant tout le reste de l’enquête – se dépatouiller pour remettre les éléments en place :
« Enkidu, Psyker sanctionnite biomancien. Ce ne sont pas des policiers monsieur, ce sont des hérétiques. Ils ont tué presque tous les prévôts pour prendre leur place. »
Le jeune homme grimaça involontairement en disant le mot « hérétique ». Son instinct lui hurlait de ne pas avoir l’air d’en savoir trop, un sport à très haut risque au sein de l’Imperium. Il faisait de gros efforts pour rester maître de lui-même, mais sa terreur à laisser une mauvaise impression au Chef était visible. Il n’hésita pas une seconde sur l’angle de son récit, il allait laisser entendre que ses collègues avaient participé à parts égales à l’affaire tant qu’on ne lui demanderait pas de préciser. Il ne voulait pas se rendre trop intéressant.
« Celle qui dirige les ennemis, qui a pour pseudonyme la Chirurgienne, se cache à l’Aumonerie Tantalus. C’est là que… que la victime a été vue vivante pour la dernière fois. Et euh… oh ! »
Enkidu – avec les précautions réglementaires - laissa son lasgun pendre sur sa sangle afin de mettre son sac à dos devant lui. Il fouilla deux poches avec les mains tremblantes avant de mettre la main sur ce qu’il cherchait. Une plaque en plastique de nature visiblement technologique. Il la tendit au Clarificateur :
« C’est une clef bricolée pour une entrée à l’arrière. Les… les ennemis avaient un accord avec des criminels locaux, mais c’est tout ce que nous avons obtenu d’eux avant de les neutraliser. Nous savons qu’ils sont lourdement armés à l’intérieur. Différemment. Il y a ces… choses... »
Enkidu était coincé. Il avait jusque-là évité brillamment les sujets qui fâchent, mais là il serait difficile de continuer à faire une description sans mentionner les Logiciens. Des hérétiques. Strasser avait donné l’impression d’en connaître plus que lui sur le sujet, mais il détesterait l’idée de faire une bourde. Révéler les secrets de l’Inquisition. Les secrets de quoi que ce soit. Sand commença à s’agacer de voir un Enkidu paralysé par la timidité et le poussa à s’expliquer.
« Ce sont des héréteks, une vingtaine ! Ils ont des alliés haut placés sur la planète, et d’après ce que je sais – pas tant que ça, monsieur – leur objectif est actuellement de cacher les preuves et de s’enfuir, d’où une certaine… hâte. Ils fabriquent des Servitors maléfiques qui parlent et qui crient à l’aide. Ils sont très résistants. Le Seigneur DRH nous a dit qu’ils sont encore sensibles aux grenades flash, comme ils sont humains… »
Le jeune homme, malgré sa terreur actuelle, n’avait pas oublié son désir de contrecarrer Hégémonie Skaelen-Har. Il laissait entendre que la technologie était maléfique et hérétique… mais, à sa propre horreur, il était trop cynique pour croire que ça serait si simple. Il gardait dans un coin discret de son cœur la volonté de tirer « accidentellement » dans la machine qui contiendrait le secret pour faire des Servitors qui peuvent souffrir.
C’est là qu’il entendit sa collègue Psyker hurler « LANCE-GRENADE ! ».
Des alliées lancèrent des fumigènes, et les plus excités du groupe s’élancèrent au corps à corps. Enkidu savait ce qu’il avait à faire : avancer lui aussi à travers la fumée, mais plus lentement, en prenant le temps de préserver ses sens afin de tirer juste à la sortie... Ou alors se faire massacrer sans rien voir venir. Ça ne dépendait pas de lui. Il se félicita d’être allé aux toilettes récemment.
En sortant, il entendit une horrible explosion et se prit quelque chose de lourd sur le coin de la tête, mais ne se déconcentra pas. C’était ce genre de détail qu’on lui avait appris à gérer lors de son entraînement : continuer à tenir son fusil par le bon bout et chercher à tuer, même quand il se passait n’importe quoi. Surtout quand il se passait n’importe quoi. Il tira sur un flic qui cherchait à finir Séphone, utilisant le Warp une brève seconde pour transformer son corps en une machine ultra précise dotée d’une vue supérieure. Quelque chose de reptilien, de meurtrier. Le fusil était utilisé avec la vivacité d’un serpent. L’assaut fut aussi rapide qu’exact. L’ennemi s’écroula, touché à la nuque par un laser.
Ensuite, tout se termina assez vite. Celui qui semblait être le chef mourut, tendrement enlacé par la dame pas très habillée. Enkidu baissa les yeux vers ce qui lui avait cogné la tête. C’était un morceau de pied humain, il compta trois orteils, le talon, et un long, long morceau de peau très pâle qui avait dû remonter jusqu’au genou de son ancien propriétaire. Les déchirures ressemblaient à la pâte feuilletée du croissant qu’il avait mangé à la gare hier matin. Elles s’étaient sans foute formées de la même façon.
Le jeune Psyker se mit à vomir à jet dès que l’image lui vint en tête. Il pensait que ça ne lui arriverait plus après son premier combat à bord du Ravel, qu’il était comme qui dirait blindé, mais il restait un bleu en engagement réel. L’adrénaline le vida de son petit déjeuner en quelques secondes, avec une efficacité que la nausée n’obtiendrait jamais. Une voiture d’ennemis décida d’arriver à ce moment-là, mais les personnages principaux, plus efficaces, plus expérimentés, tuèrent tous les occupants avant qu’Enkidu n’ait seulement eu le temps de se tourner et de s’essuyer les yeux d’un revers de la manche. Et puis c’était fini.
Pour l’instant.
Vu qu’il n’était pas blessé, le jeune homme s’empressa de s’assurer que les hérétiques étaient bien morts et incapables de lui nuire en leur mettant une balle dans la tête à chacun. Il s’osait pas trop observer leurs cadavres, si jamais leurs maléfices étaient contagieux d’une façon ou d’une autre. C’était sans doute interdit de les fouiller. Et si il découvrait une chose interdite ? Pour l’instant, ils ressemblaient à toutes les morts violentes du monde : couverts de sang et dans des positions bizarres. L’Empereur soit loué, désormais Enkidu avait un Chef avec lui. Le Chef saurait, le Chef prendrait des décisions. Pour l’instant tout le monde s’agitait auprès des blessés.
Le jeune homme pu enfin se demander à qui appartenait le pied qui lui était tombé dessus. Dans l’urgence et la panique, il se fit bêtement la réflexion que ses ongles d’orteils étaient beaucoup trop propres pour appartenir à des hérétiques. Il chercha des yeux leur propriétaire légitime.
Il trouva Mora. Par là. Là-bas aussi, et dix mètres plus loin également. Le pauvre bonhomme s’était visiblement pris un tir de grenade… bah, comment dire ? Partout à la fois. C’est ce que font les lance-grenades.
Enkidu se demanderait longtemps, pendant des années même, qu’est-ce qu’il l’avait poussé à cet instant à ramasser le pied du technographe et le poser respectueusement près de son corps inconscient et mutilé. Ça lui avait semblé logique sur le coup. Il s’était vu se pencher sur le pied, le prendre délicatement entre ses mains (c’était encore chaud à cause de l’explosion) marcher tranquillement les quelques mètres qui le séparaient du Clarificateur et de Mora et poser le morceau de viande à côté des restes de sa cuisse en mode « tiens, c’est à toi ». Puis il se rendit compte à quel point le geste était stupide. Personne ne pouvait recoller ça, sauf le Warp, et personne ne lui demanda de l’utiliser.
Mais on ne sait comment, Mora survécu. Et là encore, l’équipe de personnages principaux réagit de façon bien plus alerte qu’Enkidu et ses collègues. Sand leur ordonna de parler, et ils s’exécutèrent. Néanmoins, le jeune Psyker n’était pas non plus dénué de tout bon sens et s’appliqua à garder les rues en joue avec son lasgun. Ils n’étaient pas en sécurité. Ce n’était même qu’une introduction aux combats à venir.
Il y avait le Skitarii, John Doe, que Enkidu aurait pu croiser dans les rues de son village sans sourciller. Il était d’ailleurs si oubliable que l’attention du Psyker fut immédiatement capté par le personnage suivant alors qu’il n’avait pas fini de parler. Il faut dire que la cultiste de la Mort avait des arguments pour elle.
La dame peu habillée s’appelait Livia van Strafe. Elle faisait partie du Serpent Surréel Doré. Enkidu en avait entendu parler, brièvement. Ce qu’il en savait importait peu par ailleurs puisque l’Inquisition l’avait jugée elle comme fidèle servante de l’Empereur, dissipant en une fraction de secondes tous les doutes de l’esprit du jeune homme. Il avait appris depuis très jeune qu’on ne s’attardait pas à questionner un régime fasciste sur qui fait partie des biens ou des pas biens, à moins de vouloir s’attirer des problèmes.
Non, ce qui était embêtant avec Strafe du point de vue d’Enkidu, c’était son… sa… ses… enfin, son allure quoi. Le regard du jeune homme était sans cesse poussé à se repentir. Il avait eu quelques pensées envieuses à l’égard du Logicien qui était mort dans une étreinte lascive contre la dame. Elle avait de longs cheveux blonds et brillants, la peau douce et une tenue qui ne se contentait pas de révéler, mais allait carrément jusqu’à mettre en avant ce qu’Enkidu n’avait jusque-là qu’entraperçu dans des contextes qui exigeaient beaucoup moins de chichi. Il y avait l’espèce de minuscule sous vêtement et le tatouage bien sûr, mais aussi la texture moelleuse du sein qui était soulignée par le soutien-gorge push up modelé dans le métal de son armure.
Le jeune Psyker vivant dans un régime fasciste, ce n’était pas la première fois qu’il voyait la sexualité mise en scène de façon étrange, mais c’était la première fois que l’imagerie de la Walkyrie pénétrait sa psyché avec tant de pertinence. Il était là, au milieu de l’odeur de sang et de poudre, son lasgun encore chaud, du vomi dans le nez, et découvrait l’existence des strings.
Enkidu fut presque surpris quand sa collègue Psyker pris la parole. De façon totalement inattendue et surprenante, son attention avait été attirée par quelque chose de plus intéressant qu’une fille au casque bizarre et à la robe couvrante. Il s’insulta intérieurement. Le cliché du garçon qui ne regarde pas les filles moches ! Lui ! Le jeune homme était discret sur son passé antérieur au Vaisseau Noir – et c’était d’autant plus aisé quand personne n’était curieux -, mais sa vie ne l’avait pas préparé du tout à certains types d’événements.
Il récupéra néanmoins assez de capacité cognitive pour comprendre de quoi on parlait. Diznin – c’était le nom de sa collègue – était une lectrice d’augures. Une devineresse. Dommage ! Il aurait préféré un biomancien comme lui, et pas un con de médium. Il remarqua avec horreur qu’elle semblait proche de son âge. L’Empereur soit loué, elle ne risquait pas de reconnaître Enkidu – il avait beaucoup changé depuis Sainte-Terra – car celui-ci avait l’habitude de casser la gueule des devins. Comme tout le monde. Souvent faibles, rêveurs, les yeux larmoyants et le nez qui coule, ils étaient des victimes faciles pour piquer de la nourriture ou des cigarettes. Ses professeurs lui avaient appris les prières, la spiritualité de combat et la vie des Saints, mais c’était les devins qui avaient donné à Enkidu des leçons précieuses sur l’art de frapper quelqu’un jusqu’à ce qu’il abandonne ou comment tendre une embuscade dans un endroit très surveillé. Dans ses bons jours, il pouvait ratisser deux dortoirs de l’école de Divination de la moindre de ses cachettes avant que l’un d’eux ait eu le temps d’appeler une Soeur du Silence.
Celle-ci avait le profil d’une victime facile. Son casque était un implant, cela se voyait, et Enkidu savait qu’il aidait la jeune femme à maîtriser ces pouvoirs, voire à simplement continuer de vivre sans se faire exploser toute seule. Pour quelle autre raison une Psyker aurait-elle un implant aussi coûteux ? Le jeune homme était très fier de ne pas avoir besoin d’un tel artifice … et secrètement soulagé aussi (ce qui était mal). Il se souvenait des corps sanguinolents de ceux qui se remettaient de la chirurgie, des hurlements de douleur, des plaintes, des supplications. Il avait redouté pendant des jours qu’on le prenne, lui aussi, mais mis à part les implants minimaux et quelques puces, on ne lui avait rien fait.
Et la pauvre Diznin avait subit l’assaut de démon ! Il les avait sentis près de lui. Pas étonnant qu’elle soit par terre. Enkidu découvrit à cet instant que les circonstances étaient bien différentes de Sainte-Terra et qu’il avait envie d’aider cette collègue, mais c’était son tour de parler.
Il dut – comme durant tout le reste de l’enquête – se dépatouiller pour remettre les éléments en place :
« Enkidu, Psyker sanctionnite biomancien. Ce ne sont pas des policiers monsieur, ce sont des hérétiques. Ils ont tué presque tous les prévôts pour prendre leur place. »
Le jeune homme grimaça involontairement en disant le mot « hérétique ». Son instinct lui hurlait de ne pas avoir l’air d’en savoir trop, un sport à très haut risque au sein de l’Imperium. Il faisait de gros efforts pour rester maître de lui-même, mais sa terreur à laisser une mauvaise impression au Chef était visible. Il n’hésita pas une seconde sur l’angle de son récit, il allait laisser entendre que ses collègues avaient participé à parts égales à l’affaire tant qu’on ne lui demanderait pas de préciser. Il ne voulait pas se rendre trop intéressant.
« Celle qui dirige les ennemis, qui a pour pseudonyme la Chirurgienne, se cache à l’Aumonerie Tantalus. C’est là que… que la victime a été vue vivante pour la dernière fois. Et euh… oh ! »
Enkidu – avec les précautions réglementaires - laissa son lasgun pendre sur sa sangle afin de mettre son sac à dos devant lui. Il fouilla deux poches avec les mains tremblantes avant de mettre la main sur ce qu’il cherchait. Une plaque en plastique de nature visiblement technologique. Il la tendit au Clarificateur :
« C’est une clef bricolée pour une entrée à l’arrière. Les… les ennemis avaient un accord avec des criminels locaux, mais c’est tout ce que nous avons obtenu d’eux avant de les neutraliser. Nous savons qu’ils sont lourdement armés à l’intérieur. Différemment. Il y a ces… choses... »
Enkidu était coincé. Il avait jusque-là évité brillamment les sujets qui fâchent, mais là il serait difficile de continuer à faire une description sans mentionner les Logiciens. Des hérétiques. Strasser avait donné l’impression d’en connaître plus que lui sur le sujet, mais il détesterait l’idée de faire une bourde. Révéler les secrets de l’Inquisition. Les secrets de quoi que ce soit. Sand commença à s’agacer de voir un Enkidu paralysé par la timidité et le poussa à s’expliquer.
« Ce sont des héréteks, une vingtaine ! Ils ont des alliés haut placés sur la planète, et d’après ce que je sais – pas tant que ça, monsieur – leur objectif est actuellement de cacher les preuves et de s’enfuir, d’où une certaine… hâte. Ils fabriquent des Servitors maléfiques qui parlent et qui crient à l’aide. Ils sont très résistants. Le Seigneur DRH nous a dit qu’ils sont encore sensibles aux grenades flash, comme ils sont humains… »
Le jeune homme, malgré sa terreur actuelle, n’avait pas oublié son désir de contrecarrer Hégémonie Skaelen-Har. Il laissait entendre que la technologie était maléfique et hérétique… mais, à sa propre horreur, il était trop cynique pour croire que ça serait si simple. Il gardait dans un coin discret de son cœur la volonté de tirer « accidentellement » dans la machine qui contiendrait le secret pour faire des Servitors qui peuvent souffrir.
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II
Hormis pour des grimaces et des grognements, Omardha Sand écouta le rapport d’Enkidu attentivement — du moins, aussi attentivement qu’un homme sortant d’une fusillade et d’un accident de voiture le pouvait. Il semblait avoir la tête qui tourne, puisqu’à un moment il se frotta la tempe avec le canon d’un de ses pistolets (Ce qui n’était vraiment pas très malin et respectueux des saintes-règles du contrôle des armes à feu…). Il soupira visiblement de douleur, et résuma grossièrement les paroles de son subalterne.
« Héréteks… Servitors maléfiques… Ma foi. De sacrés mots utilisés, à se demander le risque de les employer avec une telle libéralité. »
Séphone devint toute rouge. Elle fit un pas en avant pour pointer du doigt le Clarificateur :
« Le sorcier n’a pas d’autres mots à employer que ceux-ci. Tout ce qu’il vient de dire est la vérité, je m’en porte témoin.
Vous vouliez un rapport précis ou qu’il soit convenable à rédiger ? »
Sand eu un sourire canaille. Il hocha de la tête.
« Je plaisantais, sœur Séphone.
Le travail au sein de l’Inquisition nous force à découvrir les secrets que camoufle l’Imperium. Nous sommes tous entre personnes ayant eut la Révélation ici. Nous pouvons employer ces termes.
Je vous remercie de votre rapport, Enkidu. Je n’aurais pas fait plus clair. Et on dirait que pour une première mission, vous avez été occupés.
Dommage que ce ne soit pas encore terminé, si j’en crois vos propres paroles. »
John Doe était en train de trifouiller avec le morceau d’implant couvert d’une oreille interne arrachée. Soigneusement, les genoux par terre, il trifouillait avec des câbles pour les attaquer à un porte-vox. Ce faisant, le sire-DRH, Strasser, s’avança et se fit entendre.
« S’ils sont lourdement armés, nous pouvons immédiatement battre en retraite dans le tunnel et me demander d’appeler mes forces — l’Hégémonie Skaelen-Har a des troupes d’assaut qui pourraient régler la situation à l’Aumônerie en un éclair.
– Oh ? Excellente idée. Allez donc nous chercher du renfort, sire Strasser ; Nous allons attaquer l’Aumônerie en attendant. »
Si le but du message d’Enkidu était, méfiez-vous de l’Hégémonie, c’était bel et bien passé, et Sand n’avait pas eu besoin d’être télépathe. Avec un impeccable sourire, Strasser insista :
« Comme l’a signifié votre… Employé, l’ennemi que nous affrontons est puissamment armé et retranché. J’ignore si vous avez des forces plus importantes, mais nous possédons un équipement approprié.
– Et l’Organisation-que-l’on-ne-doit-pas-nommer vous remercie de votre loyauté et votre proposition.
– …L’idée selon laquelle des héréteks se trouvent derrière tout ça ne repose que sur un simple témoignage d’un gangster, vous savez.
– Bien sûr. J’ai identifié un implant qui a été laissé derrière une des victimes de Lutèce — c’est un artefact du Moyen-Âge Technologique. Je ne suis pas docte comme un technoprêtre mais j’ai ma petite culture personnelle.
Si vous êtes en mission pour nettoyer ce quartier, j’accepterai votre aide mercenaire. Mais ce sera à ma maîtresse, Astrid Skane, de juger toutes les personnes à l’intérieur de l’Aumônerie. Et surtout, tout ce qu’elles possèdent. Vous n’aurez aucun droit dessus. »
Strasser eut un sourire goguenard. Mais la menace des sbires à Sand l’incita à ne pas continuer.
Alors, le micro de John Doe attaché à un morceau d’oreille s’illumina. Et on entendait des conversations hachées, robotiques, grésillantes, qui ressemblaient à la langue étrange des servitors trouvés dans la décharge…
…Doe mit quelque chose dans sa bouche : une sorte d’épingle. Il utilisa alors un petit boîtier à molette pour faire… Quelque chose. Des centaines de chiffres commencèrent à s’afficher à toute vitesse sur un minuscule écran, des nombres d’un vert scintillant apparaissant et se modifiant à toute vitesse. Et au bout de longues minutes de tuning, il posa l’épingle sur sa bouche pour faire on-ne-sait-quoi au milieu des fils de l’oreille interne soigneusement dépiautée… Un mélange d’horreur gore et de capharnaüm de câblages, qui faisait apparaître le Skitarius pour un chamane électrique.
Et là, les conversations robotiques se mirent à être traduites :
« ZzzzzZZZZttttt… Les chi--- WWWWOOOOOO- -sont là. Mobilisez équipes d’assaut Tarentule et Desdak pour évacuer… Déploiement, go, go, go ! »
Et une voix de femme, métallique, se fit entendre :
« Mes échantillons ont encore besoin d’être préparés au transport. Je nécessite encore vingt à trente minutes avant d’évacuer. »
John Doe se leva, s’inclina dans une courbette respectueuse, et tendit la radio. Sand s’approcha, en agitant toujours la multiclé cryptée d’Enkidu, et ramassa le porte-vox. Alors, il appuya sur la radio, et énonça clairement, à l’intention des mécréants :
« Votre fenêtre de fuite est déjà fermée, Chirurgienne. Je crains que l’équipe que vous ayez envoyé pour vous défendre a subi un… Retrait prématuré.
Au nom du Trône d’Or et de la Loi, je vous informe que si vous vous rendez immédiatement et cessez vos agressions, une telle action sera retenue lors de l’énoncé de votre Sentence. »
Silence. Grésillement de métal. Les héréteks sont abasourdis.
Mais la Chirurgienne, puisque visiblement c’est elle, se fait à nouveau entendre avec sa voix féminine et vocodée…
« Les honneurs seront rendus à mes hommes décédés. Mais je crains que quoi que vous ameniez contre moi, j’ai encore suffisamment de ressources pour fuir.
– Êtes-vous prête à le parier ? Nous n’avons pas seulement votre nom — nous avons votre localisation, votre nombre, vos plans, l’identité de votre secte… La Purge vient de commencer. Vous savez qui nous sommes. Personne ne nous échappe jamais. L’Histoire de l’Imperium est riche de personnes s’étant opposé à la volonté divine, simplement pour être bannis dans la souffrance éternelle.
– Dites-le à voix haute, alors.
– Je suis le clarificateur Omardha Sand, serviteur de l’Inquisition, Ordo Hereticus. Chirurgienne, vous êtes inculpée pour meurtre, enlèvement, techno-hérésie, sédition, et divers autres crimes qui relèvent de notre for. Nous sommes arrivés en formant une équipe d’assaut pour prononcer votre jugement, à vous et vos complices.
Ceci était votre seul avertissement.
– …Att… Juste un instant, mon petit monsieur… Juste un instant…
J’ai un échantillon portant le nom de… « Astrid Skane », ici présent… Cela vous dit quelque chose ? Je pense qu’elle serait très intéressée par ça…
On peut toujours faire un deal, monsieur Sand. Vous me laissez m’enfuir, je vous laisse ce qui peut être très intéressant pour votre maîtresse. Ce serait bête que ses chiens de garde la mettent en danger. »
Sand ferma ses yeux. Il frotta ses paupières. Et il énonça, simplement :
« Gardez-le pour nous, mademoiselle, nous venons le chercher.
– Soit. Je vous attends alors, allons-y. »
Sand arracha les fils de l’oreille interne du porte-vox, et jeta le tout par terre pour le piétiner avec sa godasse. Il fit tomber au sol les magasins de ses deux pistolets afin de recharger son armement. Et, regarda un à un les visages de l’équipe, il s’arrêta sur celui d’Enkidu.
« J’ignore si vous avez pu évaluer plus précisément ses forces, mais vous m’en avez déjà beaucoup dit et avez beaucoup servi…
Néanmoins, le service n’est pas encore achevé. Nous devons attaquer l’Aumônerie de force.
Ce plan est-il convenable, ou pensez-vous qu’il est préférable de… Prendre une autre voie ? »
Le chef demandait à son subalterne quoi faire. On marchait sur la tête.
« Héréteks… Servitors maléfiques… Ma foi. De sacrés mots utilisés, à se demander le risque de les employer avec une telle libéralité. »
Séphone devint toute rouge. Elle fit un pas en avant pour pointer du doigt le Clarificateur :
« Le sorcier n’a pas d’autres mots à employer que ceux-ci. Tout ce qu’il vient de dire est la vérité, je m’en porte témoin.
Vous vouliez un rapport précis ou qu’il soit convenable à rédiger ? »
Sand eu un sourire canaille. Il hocha de la tête.
« Je plaisantais, sœur Séphone.
Le travail au sein de l’Inquisition nous force à découvrir les secrets que camoufle l’Imperium. Nous sommes tous entre personnes ayant eut la Révélation ici. Nous pouvons employer ces termes.
Je vous remercie de votre rapport, Enkidu. Je n’aurais pas fait plus clair. Et on dirait que pour une première mission, vous avez été occupés.
Dommage que ce ne soit pas encore terminé, si j’en crois vos propres paroles. »
John Doe était en train de trifouiller avec le morceau d’implant couvert d’une oreille interne arrachée. Soigneusement, les genoux par terre, il trifouillait avec des câbles pour les attaquer à un porte-vox. Ce faisant, le sire-DRH, Strasser, s’avança et se fit entendre.
« S’ils sont lourdement armés, nous pouvons immédiatement battre en retraite dans le tunnel et me demander d’appeler mes forces — l’Hégémonie Skaelen-Har a des troupes d’assaut qui pourraient régler la situation à l’Aumônerie en un éclair.
– Oh ? Excellente idée. Allez donc nous chercher du renfort, sire Strasser ; Nous allons attaquer l’Aumônerie en attendant. »
Si le but du message d’Enkidu était, méfiez-vous de l’Hégémonie, c’était bel et bien passé, et Sand n’avait pas eu besoin d’être télépathe. Avec un impeccable sourire, Strasser insista :
« Comme l’a signifié votre… Employé, l’ennemi que nous affrontons est puissamment armé et retranché. J’ignore si vous avez des forces plus importantes, mais nous possédons un équipement approprié.
– Et l’Organisation-que-l’on-ne-doit-pas-nommer vous remercie de votre loyauté et votre proposition.
– …L’idée selon laquelle des héréteks se trouvent derrière tout ça ne repose que sur un simple témoignage d’un gangster, vous savez.
– Bien sûr. J’ai identifié un implant qui a été laissé derrière une des victimes de Lutèce — c’est un artefact du Moyen-Âge Technologique. Je ne suis pas docte comme un technoprêtre mais j’ai ma petite culture personnelle.
Si vous êtes en mission pour nettoyer ce quartier, j’accepterai votre aide mercenaire. Mais ce sera à ma maîtresse, Astrid Skane, de juger toutes les personnes à l’intérieur de l’Aumônerie. Et surtout, tout ce qu’elles possèdent. Vous n’aurez aucun droit dessus. »
Strasser eut un sourire goguenard. Mais la menace des sbires à Sand l’incita à ne pas continuer.
Alors, le micro de John Doe attaché à un morceau d’oreille s’illumina. Et on entendait des conversations hachées, robotiques, grésillantes, qui ressemblaient à la langue étrange des servitors trouvés dans la décharge…
…Doe mit quelque chose dans sa bouche : une sorte d’épingle. Il utilisa alors un petit boîtier à molette pour faire… Quelque chose. Des centaines de chiffres commencèrent à s’afficher à toute vitesse sur un minuscule écran, des nombres d’un vert scintillant apparaissant et se modifiant à toute vitesse. Et au bout de longues minutes de tuning, il posa l’épingle sur sa bouche pour faire on-ne-sait-quoi au milieu des fils de l’oreille interne soigneusement dépiautée… Un mélange d’horreur gore et de capharnaüm de câblages, qui faisait apparaître le Skitarius pour un chamane électrique.
Et là, les conversations robotiques se mirent à être traduites :
« ZzzzzZZZZttttt… Les chi--- WWWWOOOOOO- -sont là. Mobilisez équipes d’assaut Tarentule et Desdak pour évacuer… Déploiement, go, go, go ! »
Et une voix de femme, métallique, se fit entendre :
« Mes échantillons ont encore besoin d’être préparés au transport. Je nécessite encore vingt à trente minutes avant d’évacuer. »
John Doe se leva, s’inclina dans une courbette respectueuse, et tendit la radio. Sand s’approcha, en agitant toujours la multiclé cryptée d’Enkidu, et ramassa le porte-vox. Alors, il appuya sur la radio, et énonça clairement, à l’intention des mécréants :
« Votre fenêtre de fuite est déjà fermée, Chirurgienne. Je crains que l’équipe que vous ayez envoyé pour vous défendre a subi un… Retrait prématuré.
Au nom du Trône d’Or et de la Loi, je vous informe que si vous vous rendez immédiatement et cessez vos agressions, une telle action sera retenue lors de l’énoncé de votre Sentence. »
Silence. Grésillement de métal. Les héréteks sont abasourdis.
Mais la Chirurgienne, puisque visiblement c’est elle, se fait à nouveau entendre avec sa voix féminine et vocodée…
« Les honneurs seront rendus à mes hommes décédés. Mais je crains que quoi que vous ameniez contre moi, j’ai encore suffisamment de ressources pour fuir.
– Êtes-vous prête à le parier ? Nous n’avons pas seulement votre nom — nous avons votre localisation, votre nombre, vos plans, l’identité de votre secte… La Purge vient de commencer. Vous savez qui nous sommes. Personne ne nous échappe jamais. L’Histoire de l’Imperium est riche de personnes s’étant opposé à la volonté divine, simplement pour être bannis dans la souffrance éternelle.
– Dites-le à voix haute, alors.
– Je suis le clarificateur Omardha Sand, serviteur de l’Inquisition, Ordo Hereticus. Chirurgienne, vous êtes inculpée pour meurtre, enlèvement, techno-hérésie, sédition, et divers autres crimes qui relèvent de notre for. Nous sommes arrivés en formant une équipe d’assaut pour prononcer votre jugement, à vous et vos complices.
Ceci était votre seul avertissement.
– …Att… Juste un instant, mon petit monsieur… Juste un instant…
J’ai un échantillon portant le nom de… « Astrid Skane », ici présent… Cela vous dit quelque chose ? Je pense qu’elle serait très intéressée par ça…
On peut toujours faire un deal, monsieur Sand. Vous me laissez m’enfuir, je vous laisse ce qui peut être très intéressant pour votre maîtresse. Ce serait bête que ses chiens de garde la mettent en danger. »
Sand ferma ses yeux. Il frotta ses paupières. Et il énonça, simplement :
« Gardez-le pour nous, mademoiselle, nous venons le chercher.
– Soit. Je vous attends alors, allons-y. »
Sand arracha les fils de l’oreille interne du porte-vox, et jeta le tout par terre pour le piétiner avec sa godasse. Il fit tomber au sol les magasins de ses deux pistolets afin de recharger son armement. Et, regarda un à un les visages de l’équipe, il s’arrêta sur celui d’Enkidu.
« J’ignore si vous avez pu évaluer plus précisément ses forces, mais vous m’en avez déjà beaucoup dit et avez beaucoup servi…
Néanmoins, le service n’est pas encore achevé. Nous devons attaquer l’Aumônerie de force.
Ce plan est-il convenable, ou pensez-vous qu’il est préférable de… Prendre une autre voie ? »
Le chef demandait à son subalterne quoi faire. On marchait sur la tête.
- Reinhard Faul
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II
Enkidu avait failli tourner de l’œil lorsque Sand fit une plaisanterie impliquant qu’il aurait parlé trop libéralement de l’hérésie. Les combats, l’explosion de Mora, la fatigue, avaient déjà fragilisé ses nerfs, et maintenant des mouches apparaissaient devant ses yeux tandis que sa posture devenait un brin plus chancelante. Il n’était pas con, il avait rapidement saisi qu’il s’agissait de l’humour tordu d’un supérieur (qui n’avait par conséquent aucun besoin d’être drôle), mais les implications étaient trop terrifiantes pour y réfléchir au calme.
Surprenamment, Séphone prit sa défense. Sand répondit en expliquant l’évidence : au sein de l’Inquisition, on était bien obligé de parler de temps à autre. Le strict minimum, au moins. Enkidu se remit à respirer. On ne le mettrait pas à mort. Ou pas tout de suite. Enfin pas plus que d’habitude, quoi. Tant qu’il serait utile.
C’était Strasser qui devait avoir du souci à se faire, niveau utilité. Enkidu jeta un regard méfiant au bonhomme pendant qu’il discutait avec Sand. Il portait une fortune en implant, l’Hégémonie devait beaucoup attendre de lui… et on était en train de le mettre dos au mur. Il était évident qu’il convoitait la technologie des hérétiques, le Clarificateur lui lançait cette accusation à peine voilée et le gars ne se fatiguait pas à nier. Est-ce qu’un Seigneur DRH éprouvait la peur face à l’Inquisition ? Le psyker décida de garder le bonhomme à l’œil.
John Doe pendant ce temps se mit à… à faire quelque chose. Honnêtement c’était aussi bien d’avoir l’oeil sur Strasser, parce que cette scène-là semblait… intime. Sacrée, sans doute. Enkidu fit un discret signe religieux quand le Skitarii s’enfonça une épingle dans la bouche pour brancher quelque chose (il faut comprendre l’effroi spirituel qu’on peut ressentir en voyant un type lécher des restes de cadavre cyborg). Après avoir bidouillé de la bidouille, il tendit une radio à Sand.
Et là, le psyker n’en crut pas ses oreilles : les hérétiques parlaient ! Comme des gens ! Et le Clarificateur leur répondait ! Enkidu, en moins de quelques minutes, entendit plus de choses interdites et offensantes qu’au cours de toute sa vie. Il s’en sentait souillé. La femme défiait l’Inquisition ! Elle menaçait l’Inquisitrice ! Elle balayait d’un revers de la main le mot Purge écrit avec un P majuscule ! Sand écrasa la radio au sol avec dégoût.
Puis il demanda son opinion sur l’assaut à venir… à Enkidu lui-même. Le jeune homme arrêta de tenir les rues environnantes en joue, totalement éberlué. Il serrait maintenant son lasgun sur sa poitrine avec des doigts crispés, comme un enfant terrifié tiendrait un doudou. Combattre des criminels, enquêter, c’était une chose, mais des hérétiques ? Néanmoins Enkidu n’aurait jamais l’insolence de désobéir, il entreprit donc de donner son avis :
« Nous n’avons que vingt minutes pour agir… il reste un policier qui ne soit pas hérétique, mais je ne sais pas où il se trouve. Un dénommé Sikes avait de l’équipement, dont une tourelle, mais je pense qu’il est décédé – peut-être en emportant quelques servitors avec lui. Je l’ai fait exploser sans faire exprès. »
Enkidu baissa le nez. Il était difficile d’avoir l’air penaud en étant un soldat en armure avec un fusil, mais il y parvenait très bien. Avoir perdu le contrôle du Warp lui pesait sur la conscience, et même si Sand ne savait pas ce que ça voulait dire ou ce que ça impliquait, le Psyker se sentait obligé de confesser son crime.
« Nous pourrions difficilement nous faire passer pour des criminels cherchant de l’Obscura ou des locaux ayant tout perdu dans l’incendie il y a deux ans, donc j’imagine que s’infiltrer est exclu. Je ne vois que nos propres forces si nous voulons intervenir rapidement monsieur. Pour l’Inquisitrice. »
Le jeune homme n’envisageait pas une seconde de laisser fuir la Chirurgienne bien sûr. Elle menaçait l’Inquisitrice. Enkidu n’avait vu cette dernière que deux fois de loin, la servait depuis trois semaines, mais il voulait très fort la sauver, quitte à mourir dans un assaut impossible. C’est l’information la plus importante qu’il avait retenu de la conversation radio : l’hérétique avait fait quelque chose à Astrid Skane, ou allait faire quelque chose. C’était elle qui était derrière la prise d’otage à bord du Ravel, c’était évident, mais Sand le savait-il ?
Surprenamment, Séphone prit sa défense. Sand répondit en expliquant l’évidence : au sein de l’Inquisition, on était bien obligé de parler de temps à autre. Le strict minimum, au moins. Enkidu se remit à respirer. On ne le mettrait pas à mort. Ou pas tout de suite. Enfin pas plus que d’habitude, quoi. Tant qu’il serait utile.
C’était Strasser qui devait avoir du souci à se faire, niveau utilité. Enkidu jeta un regard méfiant au bonhomme pendant qu’il discutait avec Sand. Il portait une fortune en implant, l’Hégémonie devait beaucoup attendre de lui… et on était en train de le mettre dos au mur. Il était évident qu’il convoitait la technologie des hérétiques, le Clarificateur lui lançait cette accusation à peine voilée et le gars ne se fatiguait pas à nier. Est-ce qu’un Seigneur DRH éprouvait la peur face à l’Inquisition ? Le psyker décida de garder le bonhomme à l’œil.
John Doe pendant ce temps se mit à… à faire quelque chose. Honnêtement c’était aussi bien d’avoir l’oeil sur Strasser, parce que cette scène-là semblait… intime. Sacrée, sans doute. Enkidu fit un discret signe religieux quand le Skitarii s’enfonça une épingle dans la bouche pour brancher quelque chose (il faut comprendre l’effroi spirituel qu’on peut ressentir en voyant un type lécher des restes de cadavre cyborg). Après avoir bidouillé de la bidouille, il tendit une radio à Sand.
Et là, le psyker n’en crut pas ses oreilles : les hérétiques parlaient ! Comme des gens ! Et le Clarificateur leur répondait ! Enkidu, en moins de quelques minutes, entendit plus de choses interdites et offensantes qu’au cours de toute sa vie. Il s’en sentait souillé. La femme défiait l’Inquisition ! Elle menaçait l’Inquisitrice ! Elle balayait d’un revers de la main le mot Purge écrit avec un P majuscule ! Sand écrasa la radio au sol avec dégoût.
Puis il demanda son opinion sur l’assaut à venir… à Enkidu lui-même. Le jeune homme arrêta de tenir les rues environnantes en joue, totalement éberlué. Il serrait maintenant son lasgun sur sa poitrine avec des doigts crispés, comme un enfant terrifié tiendrait un doudou. Combattre des criminels, enquêter, c’était une chose, mais des hérétiques ? Néanmoins Enkidu n’aurait jamais l’insolence de désobéir, il entreprit donc de donner son avis :
« Nous n’avons que vingt minutes pour agir… il reste un policier qui ne soit pas hérétique, mais je ne sais pas où il se trouve. Un dénommé Sikes avait de l’équipement, dont une tourelle, mais je pense qu’il est décédé – peut-être en emportant quelques servitors avec lui. Je l’ai fait exploser sans faire exprès. »
Enkidu baissa le nez. Il était difficile d’avoir l’air penaud en étant un soldat en armure avec un fusil, mais il y parvenait très bien. Avoir perdu le contrôle du Warp lui pesait sur la conscience, et même si Sand ne savait pas ce que ça voulait dire ou ce que ça impliquait, le Psyker se sentait obligé de confesser son crime.
« Nous pourrions difficilement nous faire passer pour des criminels cherchant de l’Obscura ou des locaux ayant tout perdu dans l’incendie il y a deux ans, donc j’imagine que s’infiltrer est exclu. Je ne vois que nos propres forces si nous voulons intervenir rapidement monsieur. Pour l’Inquisitrice. »
Le jeune homme n’envisageait pas une seconde de laisser fuir la Chirurgienne bien sûr. Elle menaçait l’Inquisitrice. Enkidu n’avait vu cette dernière que deux fois de loin, la servait depuis trois semaines, mais il voulait très fort la sauver, quitte à mourir dans un assaut impossible. C’est l’information la plus importante qu’il avait retenu de la conversation radio : l’hérétique avait fait quelque chose à Astrid Skane, ou allait faire quelque chose. C’était elle qui était derrière la prise d’otage à bord du Ravel, c’était évident, mais Sand le savait-il ?
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II
Sand eut un sourire figé et grimace à la réponse d’Enkidu.
« Au moins ça a le mérite d’être clair. »
Il tira sur la culasse de son pistolet, pour vérifier qu’une balle fut bien enclenchée. Puis, avec une voix soudain ferme, avec un air « militaire », il lança :
« John Doe, Séphone, ouvrez la colonne. Nous allons purger. »
Il était bon que les corps constituants de l’Impérium aient tous d’horribles formations paramilitaires. Presque organiquement après qu’on eut prononcé le mot « Purge », chacun des hommes et femmes de la bande à Sand se mirent en rang, séparés de trois pas, pour former une formidable colonne d’assaut hétéroclites, avec leurs haillons, leurs vêtements étranges, leurs implants et leurs armes disparates… Mais tous unis comme un seul solide poing uniforme. Sand fit un geste de la main à Enkidu de s’approcher :
« Quel chemin vers notre objectif ? »
Suivant les indications du ferrailleur à la mâchoire arrachée, ils purent alors aller vers le sud. Le skitarius pianota sur une plaque de donnée minituarisée attachée à son poignet, et alors, son servo-crâne dans le ciel vola au-dessus des bâtiments, certainement pour les guider et s’assurer qu’il n’y avait pas une bande armée attendant en embuscade sur le chemin…
Prières silencieuses aux lèvres, œil derrière la mire de leurs armements, les acolytes marchaient avec ce pas étrange de soldats en intervention, moins rapide qu’un trot, par des petits pas vifs, en portant le regard loin dans un angle particulier, en comptant sur le fait que les copains couvraient ce qu’ils ne pouvaient pas voir. Sur leur chemin, des sans-abris fuyaient, des habitants de Lutèce se terraient dans leurs maisons. Séphone, lasfusil à l’épaule, avertissait maintenant sans retenue dès qu’elle en voyait un : « Inquisition ! Écartez-vous ! » — le mot suffisait à terroriser les passants, et s’assurait probablement qu’aucun charognard ne s’en prenne au pauvre Mora semi-conscient et endormi par la morphine, abandonné avec ses implants sur la chaussée…
C’est après une longue marche rapide que, petit à petit, l’avenue s’ouvrait, et qu’on découvrait au loin le grand bâtiment de l’Aumônerie. Impossible de se tromper : plusieurs voitures de polices étaient garées devant, dont une absolument criblée de balles et d’impacts de laser. Les hommes du tunnel avaient fui ici. La colonne d’assaut s’arrêta à l’angle d’un résibloc, sous les regards médusés des badauds qui s’enfuyaient en courant. Se penchant de côté, le Skitarius sortit des jumelles qui se déployèrent automatiquement, et observa.
Séphone regarda aussi au-dessus de lui. La Sœur de bataille grimaça, et se retourna :
« Hors de question de passer devant.
– Pourquoi ? Opposition ? Demanda Sand.
– Non. Civils. L’aumônerie est toujours en service, probablement pour nourrir les pauvres et les clochards… Et je soupçonne qu’ils doivent être maintenant pris en otage… »
Strasser, qui n’avait pas quitté le groupe, même s’il faisait maintenant sacrément la grimace, railla :
« Si on a pas de temps à perdre, je ne vois pas en quoi c’est un problème… L’Empereur reconnaîtra les Siens, non ?
– On peut tester, et voir s’il vous reconnaîtra vous, grogna la Sororita en mettant le doigt sur la détente de son fusil.
– On va rien faire de tout ça, coupa le clarificateur. Enkidu a dit qu’il y a une entrée par l’arrière. C’est là où on va.
John Doe. »
Le Skitarius décolla de son pan de mur. Il observa sur l’écran à son poignet ce que regardaient les yeux de son servo-crâne qui vrombissait haut dans le ciel, avec l’ombre d’un obscur oiseau. Avec quelques signes de main, le serviteur de Mars fit signe au groupe de déguerpir dans l’autre sens.
La colonne ignora le résibloc, passa net à travers un jardin communal, où il y avait une balançoire sans enfants et un potager qui était encore utilisé. Une clôture fut escaladée deux à deux ; la sœur de bataille tapa fort sur l’épaule d’Enkidu :
« Je vais t’aider avec ta patte, mutant. On voudrait pas que tu galères… »
Alors que le magicien eut le temps, peut-être, d’être surpris par une telle gentillesse de la part de la Sororita, le psyker comprit trop tard que ce n’était peut-être pas que par amitié naissante…
…Elle le saisit par le col, et, l’air de rien, l’attira contre elle. Afin de lui chuchoter quelque chose à voix basse discrètement :
« Je sais ce que tu as dis à Mora.
Je n’ai aucune confiance dans Strasser.
Je n’ai pas de connaissances technologiques, mais je pense que une grenade ou deux sont dangereuses contre l’Esprit de la Machine. Si c’est toujours ton plan… »
Se collant contre le mur, elle se semi-agenouilla et aida Enkidu à l’utiliser comme marche-pied pour passer au-dessus de la clôture. Se retournant, le psyker offrit son aide — elle n’en eut pas besoin. Séphone prit juste de l’élan, et, toute seule, bondit en l’air pour se hisser derrière. Livia, le Skitarius, et Wullis n’eurent pas plus de résistance. C’était plus difficile pour la deuxième sorcière, qui, tout timidement, regardait tout le monde passer. C’est envers Enkidu qu’elle trouva le plus de confiance, puisqu’elle s’approcha d’elle en tendant sa main gantée :
« Mon semblable, porteriez-vous assistance à ma personne ? »
Elle avait une jolie voix de femme noble. Probablement qu’elle avait le genre d’éducation qui faisait que donner sa main à quelqu’un n’était pas anodin…
En tout cas, le groupe se retrouvait vers l’entrée de service de l’aumônerie. Il y avait là un grand grillage qui entourait une cour, avec des petites portes et une grande double-porte qui devait, dans un autre temps, servir à l’arrivée de cargaisons. Un gros SUV était garé devant. Le Skitarius s’approcha du grillage, et sortit d’une de ses poches une étrange bombe d’aérosol. Il l’agita dans un bruit métallique, et appuya sur la gâchette : alors, une sorte de liquide glacé s’éparpilla. Avec, il dessina un grand cercle dans la clôture, qui gela net. Rangeant l’aérosol, il posa ses mains sur le grillage, et tira à toute vitesse, jusqu’à l’arracher net… Le groupe avait un moyen de passer.
Livia et Wullis s’approchèrent naturellement du SUV. Sortant tous les deux un couteau, ils crevèrent les pneus du véhicule. Puis, tout le monde se rassembla devant les deux grandes doubles-portes. Il y avait un picto-enregistreur au-dessus : Sand sortit de sa poche un suppresseur de bruit qu’il attacha au canon d’un de ses deux pistolets. Une balle suffit à casser la machine.
« Ils savent qu’on est là, maintenant. »
Tout le groupe se colla en position devant les doubles-portes. Sand approcha la clé numérique de son verrou électronique.
Et maintenant, ils s’apprêtaient à affronter l’inconnu.
« Au moins ça a le mérite d’être clair. »
Il tira sur la culasse de son pistolet, pour vérifier qu’une balle fut bien enclenchée. Puis, avec une voix soudain ferme, avec un air « militaire », il lança :
« John Doe, Séphone, ouvrez la colonne. Nous allons purger. »
Il était bon que les corps constituants de l’Impérium aient tous d’horribles formations paramilitaires. Presque organiquement après qu’on eut prononcé le mot « Purge », chacun des hommes et femmes de la bande à Sand se mirent en rang, séparés de trois pas, pour former une formidable colonne d’assaut hétéroclites, avec leurs haillons, leurs vêtements étranges, leurs implants et leurs armes disparates… Mais tous unis comme un seul solide poing uniforme. Sand fit un geste de la main à Enkidu de s’approcher :
« Quel chemin vers notre objectif ? »
Suivant les indications du ferrailleur à la mâchoire arrachée, ils purent alors aller vers le sud. Le skitarius pianota sur une plaque de donnée minituarisée attachée à son poignet, et alors, son servo-crâne dans le ciel vola au-dessus des bâtiments, certainement pour les guider et s’assurer qu’il n’y avait pas une bande armée attendant en embuscade sur le chemin…
Prières silencieuses aux lèvres, œil derrière la mire de leurs armements, les acolytes marchaient avec ce pas étrange de soldats en intervention, moins rapide qu’un trot, par des petits pas vifs, en portant le regard loin dans un angle particulier, en comptant sur le fait que les copains couvraient ce qu’ils ne pouvaient pas voir. Sur leur chemin, des sans-abris fuyaient, des habitants de Lutèce se terraient dans leurs maisons. Séphone, lasfusil à l’épaule, avertissait maintenant sans retenue dès qu’elle en voyait un : « Inquisition ! Écartez-vous ! » — le mot suffisait à terroriser les passants, et s’assurait probablement qu’aucun charognard ne s’en prenne au pauvre Mora semi-conscient et endormi par la morphine, abandonné avec ses implants sur la chaussée…
C’est après une longue marche rapide que, petit à petit, l’avenue s’ouvrait, et qu’on découvrait au loin le grand bâtiment de l’Aumônerie. Impossible de se tromper : plusieurs voitures de polices étaient garées devant, dont une absolument criblée de balles et d’impacts de laser. Les hommes du tunnel avaient fui ici. La colonne d’assaut s’arrêta à l’angle d’un résibloc, sous les regards médusés des badauds qui s’enfuyaient en courant. Se penchant de côté, le Skitarius sortit des jumelles qui se déployèrent automatiquement, et observa.
Séphone regarda aussi au-dessus de lui. La Sœur de bataille grimaça, et se retourna :
« Hors de question de passer devant.
– Pourquoi ? Opposition ? Demanda Sand.
– Non. Civils. L’aumônerie est toujours en service, probablement pour nourrir les pauvres et les clochards… Et je soupçonne qu’ils doivent être maintenant pris en otage… »
Strasser, qui n’avait pas quitté le groupe, même s’il faisait maintenant sacrément la grimace, railla :
« Si on a pas de temps à perdre, je ne vois pas en quoi c’est un problème… L’Empereur reconnaîtra les Siens, non ?
– On peut tester, et voir s’il vous reconnaîtra vous, grogna la Sororita en mettant le doigt sur la détente de son fusil.
– On va rien faire de tout ça, coupa le clarificateur. Enkidu a dit qu’il y a une entrée par l’arrière. C’est là où on va.
John Doe. »
Le Skitarius décolla de son pan de mur. Il observa sur l’écran à son poignet ce que regardaient les yeux de son servo-crâne qui vrombissait haut dans le ciel, avec l’ombre d’un obscur oiseau. Avec quelques signes de main, le serviteur de Mars fit signe au groupe de déguerpir dans l’autre sens.
La colonne ignora le résibloc, passa net à travers un jardin communal, où il y avait une balançoire sans enfants et un potager qui était encore utilisé. Une clôture fut escaladée deux à deux ; la sœur de bataille tapa fort sur l’épaule d’Enkidu :
« Je vais t’aider avec ta patte, mutant. On voudrait pas que tu galères… »
Alors que le magicien eut le temps, peut-être, d’être surpris par une telle gentillesse de la part de la Sororita, le psyker comprit trop tard que ce n’était peut-être pas que par amitié naissante…
…Elle le saisit par le col, et, l’air de rien, l’attira contre elle. Afin de lui chuchoter quelque chose à voix basse discrètement :
« Je sais ce que tu as dis à Mora.
Je n’ai aucune confiance dans Strasser.
Je n’ai pas de connaissances technologiques, mais je pense que une grenade ou deux sont dangereuses contre l’Esprit de la Machine. Si c’est toujours ton plan… »
Se collant contre le mur, elle se semi-agenouilla et aida Enkidu à l’utiliser comme marche-pied pour passer au-dessus de la clôture. Se retournant, le psyker offrit son aide — elle n’en eut pas besoin. Séphone prit juste de l’élan, et, toute seule, bondit en l’air pour se hisser derrière. Livia, le Skitarius, et Wullis n’eurent pas plus de résistance. C’était plus difficile pour la deuxième sorcière, qui, tout timidement, regardait tout le monde passer. C’est envers Enkidu qu’elle trouva le plus de confiance, puisqu’elle s’approcha d’elle en tendant sa main gantée :
« Mon semblable, porteriez-vous assistance à ma personne ? »
Elle avait une jolie voix de femme noble. Probablement qu’elle avait le genre d’éducation qui faisait que donner sa main à quelqu’un n’était pas anodin…
En tout cas, le groupe se retrouvait vers l’entrée de service de l’aumônerie. Il y avait là un grand grillage qui entourait une cour, avec des petites portes et une grande double-porte qui devait, dans un autre temps, servir à l’arrivée de cargaisons. Un gros SUV était garé devant. Le Skitarius s’approcha du grillage, et sortit d’une de ses poches une étrange bombe d’aérosol. Il l’agita dans un bruit métallique, et appuya sur la gâchette : alors, une sorte de liquide glacé s’éparpilla. Avec, il dessina un grand cercle dans la clôture, qui gela net. Rangeant l’aérosol, il posa ses mains sur le grillage, et tira à toute vitesse, jusqu’à l’arracher net… Le groupe avait un moyen de passer.
Livia et Wullis s’approchèrent naturellement du SUV. Sortant tous les deux un couteau, ils crevèrent les pneus du véhicule. Puis, tout le monde se rassembla devant les deux grandes doubles-portes. Il y avait un picto-enregistreur au-dessus : Sand sortit de sa poche un suppresseur de bruit qu’il attacha au canon d’un de ses deux pistolets. Une balle suffit à casser la machine.
« Ils savent qu’on est là, maintenant. »
Tout le groupe se colla en position devant les doubles-portes. Sand approcha la clé numérique de son verrou électronique.
Et maintenant, ils s’apprêtaient à affronter l’inconnu.
- Reinhard Faul
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres - Partie II
Enkidu trottait au milieu du groupe à travers les rues de Lutèce. Il était fatigué et il avait mal, mais pas assez pour cesser de fonctionner. On l’avait entraîné à être endurant. Il refoula la douleur de sa cheville qui résonnait dans toute sa jambe à chaque fois qu’il posait le pied au sol, comme un bruit de fond mental qui rythmait sa course : aïe. Aïe. Aïe. Ses gestes étaient automatiques. Il savait que si il se trouvait à cet endroit-là d’une colonne il devait surveiller ces angles-ci. Maintenant il ne s’agissait plus de s’infiltrer et d’enquêter, mais de Suivre le Chef afin de Purger l’Ennemi, Enkidu avait par conséquent adopté une façon de penser totalement différente. Il adopta la manœuvre standard lorsque le Clarificateur décida de passer par-dessus un mur, surveillant la rue d’où il venait pendant que les autres s’occupaient de l’autre côté. Avec une gentillesse surprenante, la Sororitas proposa son aide au Psyker pour passer la clôture. Enkidu répondit :
« Oh oui merci c’est gen... »
Le jeune homme se retrouva brutalement tout près de Séphone. Le plastron de son armure cogna contre les pièces métalliques de son équipement, faisan un bruit désagréable. Elle l’avait déplacé comme si le Psyker ne pesait rien – elle-même semblait surprise, il pouvait le voir dans ses yeux. Son visage état trop près du sien - sans vouloir faire son délicat, elle puait de la gueule. Il était bien placé pour savoir que ses prothèses dentaires étaient peu hygiéniques, vu que c’était lui qui les avait posées. Ce qu’elle avait mangé le mois dernier devait encore mariner là-dessous. Elle avait voulu du pas cher, à l’époque. Le regrettait-elle ? Enkidu ne savait pas pourquoi il repensait à ce détail débile. La femme voulait détruire les Servitors maléfiques, elle l’avait entendu discuter avec Mora. Il réfléchit vite. Il n’y avait pas de plan à détailler, parce qu’il n’en avait pas. Il se contenta de répondre :
« Toujours, oui. »
Elle hocha la tête et l’aida à franchir le mur. Une fois arrivé en haut, Enkidu se retourna pour l’aider à son tour, mais elle l’ignora, bondit et souleva son propre poids sans effort avant de se réceptionner au sol sans que la visée de son fusil ne subisse d’à-coup. Le Psyker, lui, se préparait déjà à l’embarras de se réceptionner sur une jambe blessée. Il avait trop mal pour se conformer à l’idéal viril de l’Imperium, et risquait de gémir. Tout à son malheur, la petite voix féminine qui lui demandait de l’aide le fit sursauter. Se faire surprendre par une collègue sur le champ de bataille ! Il est beau le soldat !
Enkidu tourna son attention vers sa Dzinin la devineresse. Le casque. Évidemment. Il avait des putain d’énormes ailettes sur les côtés, et il semblait impossible d’escalader un mur avec ce machin sur la tête. Le jeune homme se demanda comment elle ne devenait pas folle au jour le jour avec un pareil bidule littéralement vissé sur sa boîte crânienne. Elle tendait une main fine et gantée de soie vers lui. Il répondit à sa demande :
« Bien sûr ma sœur. Laisse-moi t’aider. »
En dépit de la robe au tissu volumineux et du casque, elle ne pesait pas très lourd. Enkidu n’eut pas à vivre l’humiliation de devoir l’agripper à la taille comme un sac de patates pour la faire passer de l’autre côté de cette foutue clôture. Une fois en haut, elle rassembla ses jupons comme le ferait toute Lady qui devrait franchir du grillage sans accrocher du tissu dessus et se réceptionna avec souplesse. En la regardant, difficile de croire qu’elle avait rejeté des démons de sa propre tête quelques minutes avant.
Son collègue Psyker ressentit alors quelques émotions qui n’avaient rien à voir avec la guerre et le meurtre. Il avait peur de ne pas avoir assez de cafard en lui pour survivre à ce qui allait venir, il avait passé un sale week end et tout le monde avait été méchant avec lui. Ses collègues de Malfi lui manquaient. Ça avait été les premiers amis de sa vie. Il n’en avait jamais eu avant donc il n’avait pas réalisé ce qu’il perdait en rejoignant l’Inquisition, mais maintenant son esprit était encombré de pensées confuses à propos de sa propre mortalité et de la solitude. Il ne savait pas comment gérer ce qu’il ressentait. Dans les feuilletons qu’il regardait à la télé, quand un personnage abordait la Bataille Dont Tout Dépendait (et si c’était un officier) il faisait un joli monologue sur la joie de souffrir et mourir en servant l’Empereur. Même si Enkidu approuvait pleinement cette attitude, il se sentait à court de lyrisme guerrier alors que Livia et Wullis crevaient déjà les pneus des hérétiques pour les empêcher de s’enfuir et qu’il trottinait pour rattraper tout le monde.
Le jeune homme s’approcha à hauteur de sa collègue. Il voulait lui dire quelque chose, avoir un moment de partage, mais il ne la connaissait pas. Il aurait bien aimé lui poser plein de questions sur elle. Il ne savait plus comment parler aux gens d’autre chose que de rapport de mission. Comment ça s’était passé sur Malfi à l’époque ? C’était différent. Enkidu sortait de Sainte-Terra, il était terrifié et ne connaissait RIEN, ses collègues l’avaient accueilli comme un frère. Et encore avant ? Il avait eu une personnalité avant, et il essaya maladroitement de l’exprimer en s’adressant à sa collègue Dzinin la devineresse :
« J’aime bien ta robe. ‘l’est jolie. »
Il s’empressa ensuite de rattraper tout le monde et de se disposer près de la porte afin de procéder à l’assaut, secrètement soulagé d’avoir eu des dernières paroles avant de mourir.
« Oh oui merci c’est gen... »
Le jeune homme se retrouva brutalement tout près de Séphone. Le plastron de son armure cogna contre les pièces métalliques de son équipement, faisan un bruit désagréable. Elle l’avait déplacé comme si le Psyker ne pesait rien – elle-même semblait surprise, il pouvait le voir dans ses yeux. Son visage état trop près du sien - sans vouloir faire son délicat, elle puait de la gueule. Il était bien placé pour savoir que ses prothèses dentaires étaient peu hygiéniques, vu que c’était lui qui les avait posées. Ce qu’elle avait mangé le mois dernier devait encore mariner là-dessous. Elle avait voulu du pas cher, à l’époque. Le regrettait-elle ? Enkidu ne savait pas pourquoi il repensait à ce détail débile. La femme voulait détruire les Servitors maléfiques, elle l’avait entendu discuter avec Mora. Il réfléchit vite. Il n’y avait pas de plan à détailler, parce qu’il n’en avait pas. Il se contenta de répondre :
« Toujours, oui. »
Elle hocha la tête et l’aida à franchir le mur. Une fois arrivé en haut, Enkidu se retourna pour l’aider à son tour, mais elle l’ignora, bondit et souleva son propre poids sans effort avant de se réceptionner au sol sans que la visée de son fusil ne subisse d’à-coup. Le Psyker, lui, se préparait déjà à l’embarras de se réceptionner sur une jambe blessée. Il avait trop mal pour se conformer à l’idéal viril de l’Imperium, et risquait de gémir. Tout à son malheur, la petite voix féminine qui lui demandait de l’aide le fit sursauter. Se faire surprendre par une collègue sur le champ de bataille ! Il est beau le soldat !
Enkidu tourna son attention vers sa Dzinin la devineresse. Le casque. Évidemment. Il avait des putain d’énormes ailettes sur les côtés, et il semblait impossible d’escalader un mur avec ce machin sur la tête. Le jeune homme se demanda comment elle ne devenait pas folle au jour le jour avec un pareil bidule littéralement vissé sur sa boîte crânienne. Elle tendait une main fine et gantée de soie vers lui. Il répondit à sa demande :
« Bien sûr ma sœur. Laisse-moi t’aider. »
En dépit de la robe au tissu volumineux et du casque, elle ne pesait pas très lourd. Enkidu n’eut pas à vivre l’humiliation de devoir l’agripper à la taille comme un sac de patates pour la faire passer de l’autre côté de cette foutue clôture. Une fois en haut, elle rassembla ses jupons comme le ferait toute Lady qui devrait franchir du grillage sans accrocher du tissu dessus et se réceptionna avec souplesse. En la regardant, difficile de croire qu’elle avait rejeté des démons de sa propre tête quelques minutes avant.
Son collègue Psyker ressentit alors quelques émotions qui n’avaient rien à voir avec la guerre et le meurtre. Il avait peur de ne pas avoir assez de cafard en lui pour survivre à ce qui allait venir, il avait passé un sale week end et tout le monde avait été méchant avec lui. Ses collègues de Malfi lui manquaient. Ça avait été les premiers amis de sa vie. Il n’en avait jamais eu avant donc il n’avait pas réalisé ce qu’il perdait en rejoignant l’Inquisition, mais maintenant son esprit était encombré de pensées confuses à propos de sa propre mortalité et de la solitude. Il ne savait pas comment gérer ce qu’il ressentait. Dans les feuilletons qu’il regardait à la télé, quand un personnage abordait la Bataille Dont Tout Dépendait (et si c’était un officier) il faisait un joli monologue sur la joie de souffrir et mourir en servant l’Empereur. Même si Enkidu approuvait pleinement cette attitude, il se sentait à court de lyrisme guerrier alors que Livia et Wullis crevaient déjà les pneus des hérétiques pour les empêcher de s’enfuir et qu’il trottinait pour rattraper tout le monde.
Le jeune homme s’approcha à hauteur de sa collègue. Il voulait lui dire quelque chose, avoir un moment de partage, mais il ne la connaissait pas. Il aurait bien aimé lui poser plein de questions sur elle. Il ne savait plus comment parler aux gens d’autre chose que de rapport de mission. Comment ça s’était passé sur Malfi à l’époque ? C’était différent. Enkidu sortait de Sainte-Terra, il était terrifié et ne connaissait RIEN, ses collègues l’avaient accueilli comme un frère. Et encore avant ? Il avait eu une personnalité avant, et il essaya maladroitement de l’exprimer en s’adressant à sa collègue Dzinin la devineresse :
« J’aime bien ta robe. ‘l’est jolie. »
Il s’empressa ensuite de rattraper tout le monde et de se disposer près de la porte afin de procéder à l’assaut, secrètement soulagé d’avoir eu des dernières paroles avant de mourir.
Natus est cacare et abstergere coactus est.
Lien Fiche personnage: Ici
Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140
Mutations/marques :
Grimoire :
Compétences :
Équipement de combat :
Équipement divers :
Divers divers :
Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140
Mutations/marques :