L'excommuniée est de mon avis quant à mes remarques. Masteel, lui, semble les trouver pertinentes, mais bien trop prématurées pour leur porter réellement intérêt. Je valide qu'il ne faut pas faire de conjectures trop tôt, mais m'irrite aussi un peu de la remarque, car il n'en a pas compris l'objectif. C'est bien Ndiame qui a commencé à nous parler de trafics d'organes, à tirer des conclusions sur des preuves bancales ou inexistantes. Mon but n'était pas de trouver immédiatement une conclusion à l'enquête, mais plutôt de prouver qu'il y avait d'autres voies possibles.
Néanmoins, ce n'est pas contre le lexiconographe que je m'irrite, mais bien contre moi-même. Une fois de plus, je n'ai pas été foutu de m'exprimer correctement et de me faire comprendre. Je pense que cette fois, c'est parce que je me suis trop éloigné de ma manière de communiquer et ai tenté de m'adapter à leur langage. Moins d'informations fournies, moins de probabilités, moins de chiffres. Car dans ma tête, c'est bien ainsi que j'étudie la question, chaque donnée supplémentaire rognant un pourcentage théorique pour le conférer à un autre.
Mon diagramme est déjà généré et agencé, j'ai même pris soin de laisser beaucoup de vide à combler avec l'avancée de nos investigations.
J'espère que l'on ne me prend pas pour un impulsif ou pire, quelqu'un qui bâclerait le travail. Ça me donne envie de faire des précisions supplémentaires, d'étaler mes théories devant tout le monde. Mais ce serait contre-productif.
Sephone requiert des données supplémentaires, pour mon plus grand régal. Masteel les lui fournit et je les dévore avidement. Mon dossier interne "Enquête_Inquisitrice_Neustralia_Lutèce_00001" gagne de la panse.
Ndiame nous précise bien l'importance de notre discrétion. J'écarquille un peu les yeux, lançant un regard furtif aux autres membres du groupe. Ce n'est pas gagné. Heureusement que Wullis, avec son masque dérangeant, ne fera pas partie du voyage! Résultat, le plus hétéroclite des membres, c'est... moi-même. Cette unité. Technographe reconnaissable d'entre mille sur n'importe quel monde de l'Impérium. Et je ne vois absolument pas comment remédier à cela.
Masteel mentionne le lexiconographe que nous devons rencontrer sur place. Un certain Sand tenant une agence à son nom, décorée d'un "déduction" à la fin. Les optiques de notre interlocuteur s'égarent un instant sur le plafond pendant qu'il expire. Je ne comprends pas pour... Oh! Sand Déduction... Sans Déduction? Quelle étrange coïncidence!
Mes épaules se soulèvent de quelques degrés et j'identifie une sorte de toux s'échapper de moi. Une volute de fumée s'échappe de mes ventilateurs en réaction. Le phénomène ne fait pas mine de s'interrompre, bien au contraire : il gagne en intensité. C'est incompréhensible, mais mon corps refuse toute directive. Je ne peux enlever cette image du lexiconographe, de cette situation d'un sérieux total et du jeu de mots, combinés. Cela me semble erroné, tandis que quelque chose croît en moi au point de m'en inquiéter.
Un virus? Ai-je été infecté par ces maudits serviteurs?!
< Krrrz_ > arrh < Krrrx_ > ehrrr < Kronzzz_ > ouerrrh
Je me courbe un peu et plaque ma main pour boucher mon respirateur. Ce mélange de sons gutturaux et artificiels m'est incompréhensible. Les soubresauts continuent quelques instants avant de se calmer. Je pense pouvoir en identifier la source, ayant déjà vécu ou observé des phénomènes similaires au cours de mon existence.
Il y a cinq ans, trois mois et cinq jours, je débattais vivement avec l'un de mes collègues. Il affirmait que la pression d'une valve n'était pas suffisante. Je rétorquai qu'elle était excessive. Le ton commençait à monter quand, pour conclure le débat, il avait décidé de l'ouvrir. Le jet de vapeur bouillante qui en résulta ravagea le haut de son corps, balayant sa capuche, ses augmentiques et sa pilosité en arrière. L'adepte avait alors tourné son visage brûlé, mais stoïque, vers moi, lâchant un son que je n'oublierai jamais - même sans mes archives - avant de s'écrouler au sol.
Je n'ai pu demander de l'assistance que cinq bonnes minutes plus tard, mon corps et mon vox trop agités de spasmes pour réagir.
Comme alors, ces réactions sont un mystère. Elles sont néanmoins horripilantes et mettent grandement à mal ma crédibilité. Je me ressaisis et écoute le reste de l'entretien dans un silence honteux.
Finalement, après un court discours n'invitant aucune réplique, Rorich nous tend un porte-vox. Parfait, ce rôle me revient de droit. Personne dans notre groupe ne peut emmagasiner et émettre autant d'informations que moi-même. Mais alors que je m'apprête à bouger, Enkidu me dépasse et le saisit. Va-t-il me le confier ensuite? Non, il retourne à sa place sans m'accorder le moindre regard. Je suis figé dans mon geste, le bras à peine relevé.
La colère monte en moi. J'ai envie de faire part à l'assemblée de ma désapprobation, mais je me sens encore trop honteux pour prendre la parole. L'impasse est totale, le corrompu a bien mené son jeu : il a gagné. Et moi, je fulmine.
Nous nous tenons sur la passerelle et, pour la première fois de mon existence, je peux contempler l'étendue de l'espace de mes propres yeux. N'est-ce pas un comble? J'ai passé 99.99 pourcent de ma vie dans un vaisseau stellaire et c'est lorsque je quitte mon foyer que je peux me rendre enfin compte de cette étrangeté. Les vaisseaux du Mechanicus n'ont aucune forme de hublot, même dans la passerelle de commandement - c'est aussi une première pour moi, celle de mon Arche se trouvant à des kilomètres de mon secteur d'activité.
Tout est transmis sous formes de données détaillant minutieusement les distances, les phénomènes stellaires, les astres à proximité etc. De grands panneaux d'interface simulent constamment tout ce qui nous entoure, de près ou de loin.
Ce fourmillement d'activité numérique est en opposition totale avec le... vide qui s'offre à nous. Infini, éternel, physique. Ce que je vois aujourd'hui n'est pas une simple équation sans résultat chiffrable, c'est... palpable. Et pourtant non, car c'est le vide. Mais si, puisque c'est physique. Mais comme il n'y a rien, peut-on qualifier cela de physique?
Je sens quelque chose en moi. Ce n'est comme tout à l'heure, avec Sand Déduction. Je n'ai d'ailleurs aucune envie de m'agiter de spasmes en y repensant. Non, c'est ma chair, mais aussi mes cogitateurs qui se sentent mal. Il n'y a rien sur ces fenêtres pour nous informer de notre point d'ancrage dans l’immensité de l'univers. Juste le vide, le physique, le palpable, le Tout, le Rien.
Par la Force Motrice, comment font-ils tous pour rester bien droit, confortables sur leurs appuis, sans même savoir où est le dessus et le dessous? De quoi d'ailleurs?!
Le vertige me prend, brusquement. Je porte mon bras véritable à mon visage pour l'enfermer dans sa main disproportionnée. Son tendre contact pourra-t-il me calmer? Non, dans sa dextérité toute relative, il écrase sa paume de métal contre mon crâne. J'ai le tournis et, seulement maintenant, je me rends compte que c'était ce même bras qui tenait ma canne un peu plus tôt. Il l'a lâchée, et je n'ai plus d'appui.
Mes genoux heurtent violemment le sol. Mes mains, organiques comme mécaniques, rattrapent ma chute. Je regarde l'alliage de la surface sans l'analyser, ou même la voir. Mes yeux sont trop humides.
Je me cabre, des muscles que je soupçonnais être morts jusque-là se contractent à outrance, hurlant leur atrophie. Mon vox grésille, incapable de traduire les informations qui cherchent à s'échapper de ma gorge.
Euuuarph... Euuuoorp...
Après deux abominables contractions, mes tuyaux organiques cherchant quelque chose à purger de mon corps, je sens quelque chose remonter. Mais c'est impossible! Qu'y a-t-il donc à évacuer? Et surtout, mon respirateur n'est absolument pas fait pour gérer cela! La panique m'envahie aussi fortement que la gerbe.
< Non non non n... BRXC_ > Euuuuuuuurglbrp!
Une pâte de restes nutritifs, noirâtre et mousseuse, se met à couler de la grille de mon respirateur. Je tente de reprendre mon inspiration, mais tout est bouché! Mon système de ventilation est totalement entravé par cette mixture qui s'enfonce un peu plus dans mes systèmes à chaque tentative. Je ne sais pas quoi faire. Je vais mourir là, comme un déchet organique, sous le regard écœuré d'inconnus. Même mes servocrânes sont impuissants, bourdonnant autour de moi dans l'attente de directives cohérentes.
Je me rappelle soudain mes systèmes d'urgence, un canal secondaire censé purger tout blocage respiratoire. Il est rudimentaire, mais devra faire l'affaire. Je presse un bouton dans mon cou. Un "pschhhht" sonore se manifeste tandis que de l'air sous pression tente de libérer le chemin. Le liquide s'écrase au sol, suivit de plusieurs petits "pop" de grumeaux s'échappant en mitraille.
Enfin, je prends ma bouffée d'air! Elle est chargée d'un goût immonde que même mes papilles endormies parviennent à capter. Mon respirateur grince toujours d'encombrement, mais l'oxygène passe. C'est le plus important.
Je tâtonne, ma main de métal trouve ma canne et s'en sert pour me relever. Je manque de m'affaler une nouvelle fois, mais les membres ombilicaux sous ma robe me permettent de me stabiliser. Sans rien dire, je m'échappe avec empressement.
Un serviteur vient à ma rencontre. Je lui saisis le bras pour qu'il m'aide à avancer. Une fois dans une pièce discrète, j'entreprends mon rituel de purification d'urgence. Tandis que mon vox énonce une suite de cantiques prévus à cet effet, je me rapproche de la glace réfléchissante et dégaine un tournevis de ma robe. La grille en triangle arrondi se détache et je la pose soigneusement sur l'évier. Derrière, plusieurs filtres, câblages et autres systèmes d'assainissement sont imbriqués dans la structure. Fort heureusement, ils peuvent être retirés pour l'entretien sans être endommagés.
Même durant mes rituels quotidiens de maintenance, je ne vais jamais aussi profondément dans cet augmentique. Aussi, lorsque la dernière couche de son armature se disloque dans un "clic" satisfaisant, je peux voir ce qui est derrière pour la première depuis... je n'ai aucune date archivée pour cela. Je contemple la blancheur osseuse de mon crâne. Il n'y a plus de mâchoire, mais je peux contempler le maxillaire supérieur, totalement à nu sous mon luminoglobe. Les dents ont été retirées il y a bien longtemps, jugées comme dérisoires.
Au bout du "tunnel", des tuyaux artificiels font leur apparition, censés répartir l'air entrant dans différents canaux de purification.
Je reste un long moment à regarder mon vrai visage. Je sens mes protocoles de quarantaine émotionnelle aux aguets, prêts à bondir. Aussi, je vogue sur la surface d'un océan de pensés qui pourraient ravager mon être et ma foi si j'osais y tremper le pied. Mon vox continue de déblatérer des prières qui restent sourdent à mes oreilles.
Finalement, je secoue la tête et reprends mon office. Je ne tiens pas à passer dans l'Immatérium avec un tournevis dans la bouche.
***
À mon retour sur la passerelle, avec toujours un léger goût de vomis en gorge, je tente de me faire le plus discret possible. Sans grand succès, évidemment. Une voix me fait sursauter, et je lève la tête pour en identifier l'origine. Mon regard croise celui d'Astrid Skane. L'inquisitrice en personne vient de s'adresser à moi et je suis frappé de surprise à l'idée qu'elle ait connaissance de mon existence. M'a-t-elle vu m'humilier ainsi?
Le sang me monte à la tête et je n'ose supporter son regard une seconde de plus. De nouveau, je me dis que je n'ai rien à faire ici.
Omnimessie, par pitié, laisse-moi rentrer chez moi.
L'inquisitrice entame ensuite une conversation avec le Magos Ziegler. Je leur accorde ma plus totale attention. Au premier abord, je m'offusque du point de vue de l'adepte qui a semblé ouvertement blasphémer sur les capacités des enfants du Dieu-Machine. Le reste de son propos me rassure dans nos convictions partagées, mais me laisse un goût - encore - plus amer en bouche. Il mentionne l'Âge Sombre et y affilie le Mechanicus, puis rapporte l'exploit des navigateurs aux talents de genetors tels que lui-même. À contrecœur, je suis obligé de lui concéder ce dernier point...
L'agitation se fait de plus en plus grande sur la passerelle. Je capte la dispute entre le timonier et le prime technaugure : le premier veut surcharger le réservoir quand le second fait preuve de sagesse. Que la parole de l'adepte ne fasse pas acte de vérité absolue m'abasourdit. Qui d'autre pouvait connaître les tenants et les aboutissants exacts de ce genre de manœuvre?
Le navigateur fait ensuite son apparition, une silhouette à peine humaine qu'on pourrait associer à celle d'un technoprêtre en étrange tenue. Cette simple comparaison m'horrifie et je la mets en quarantaine de mon plein gré.
Enkidu, le voleur de Vox, n'est pas le pire des corrompus avec qui on aurait pu nous associer. Sa malédiction ne se manifeste pas de manière aussi ostentatoire, aussi dérangeante, que chez le nouveau venu.
La libre-marchante fait enfin son apparition et s'entretient avec l'être maudit. Après quelques échanges, avec lui et l'inquisitrice, elle fait ce que je redoutais jusque-là. Elle donne raison au timonier et ordonne la surcharge des réservoirs. Le prime technaugure accepte sans broncher, comme si une nouvelle probabilité plus acceptable venait de se manifester.
Que puis-je y faire, de toute façon? Je m'y connais dans les machines antiques, même dans le fonctionnement de réacteurs et autres systèmes de vaisseaux. Mais pour ce qui était du voyage dans l'Ailleurs... Autant demander à un nouveau-né fraichement incubé.
Le Saut est imminent. Une foule monstrueuse est amassée dans une grande chapelle. La voix de l'archi-aumônier résonne contre les antiques murs. Je préfère me mettre sur le canal des technaugures et prier avec eux, depuis ma place. Mes rites binaires sont les seuls de ce coin de la salle et, une fois de plus, je me sens seul. Ce n'est ni grave, ni vrai, car par le simple chant de ces cantiques, je sens l'étreinte du Dieu-Machine me raviver.
Lorsque la Dame-capitaine prend la parole, je baisse le volume de mon vox pour pouvoir les entendre et permettre à mes voisins de faire de même. Son discours est brut, presque sauvage et... étrangement enivrant. Malgré l'écart culturel qui m'éloigne de l'assemblée, je suis porté par ces paroles, comme les autres. Je me sens comme appartenant au Tout de cette épopée.
Son discours se termine sur la fermeture des volets blindés. Si la peur comble chaque iota de mon corps, je ressens aussi une forte excitation. Que peut l'Anti-Matrice contre nos Fois cousines? Contre l'œuvre du Dieu-Machine telle que l'Indomptable Ravel?
Mais lorsque la chapelle se plonge brusquement dans une quasi-obscurité, le flottement qui s'ensuit fait grandement retomber l'effervescence.
Puis c'est au tour de la vox d'annoncer l'approche du Point de Mandeville.
Je joins mes poings pour former le symbole de la Roue Dentée, chaque doigt s'imbriquant dans ses voisins. Enfin, j'augmente mon volume pour continuer mes prières.
< Bddirtm` Idlbdmssbm, âeiutm lis prbèrmsLius siddms tms mlfnlts, pbmux âruabts au Ehmdbl am `nDnehblmLius vn`irbsils `n eillnbssnlem pnr-amssus tiut, enre'mst til enamnu âtmrlm` sur `'hudnlbtâAbmu dnehblm, vmb``m sur lius anls lis viyngms,pritègm-lius am dâtn` mt am fiuarm. Enr `'ulbvmrs mstul vbam blsmlsbo`m, mt `m Wnrp n fnbd am lius tius._ >
Cela fait combien de jours que nous voyageons? Je n'en ai pas la moindre idée. Pour la première fois depuis des décennies, j'ai stoppé mon horologium interne, de peur que son subtil mécanisme ne soit parasité par une influence extérieure. Beaucoup d'autres de mes systèmes informatiques ont été réduits ou carrément stoppés juste avant le Saut. Si la tempête ne fait pas encore rage, je préfère éviter toute contamination externe et verrouiller mes cogitateurs au maximum.
Je préfère ne pas m'informer de l'heure à bord du vaisseau, car je n'y accorde que peu de confiance. Je sais, c'est stupide. Tant de systèmes vitaux dépendent du bon fonctionnement de machines autrement plus complexes qu'un simple horlogium. Sans eux, nous serions aux mains des martyrs de l'Immatérium.
Et pourtant, je n'en suis pas convaincu. Le temps est une valeur aléatoire, dérisoire en ces lieux, bien moins concrète que les effets de l'inébranlable réacteur Geller. Lorsque nous atteindrons notre destination, alors seulement, je pourrai mettre à jour mon horlogerie interne.
Jusqu'alors, j'ai erré dans l'Ingeniarium pour bénir toute machine dont j'avais accès. C'est une tâche nécessaire, bien que phénoménale.
C'est pourquoi lorsque j'ai été convoqué par l'étrange Magos Ziegler, je me suis d'abord senti arraché à mon devoir, avant de reprendre conscience de l'autorité hiérarchique à laquelle je dépends.
Bien que mon malaise soit palpable, je ne peux qu'être subjugué devant la sagesse - spéciale - de l'individu qui se tient devant moi. Impossible de quitter des yeux cette silhouette qui témoigne pleinement de l'aboutissement d'une foi véritable. Je suis intimidé par sa simple proximité, mais aussi honoré qu'elle me soit permise.
Incapable de sortir le moindre mot tant cela me paraîtrait dérisoire et inapproprié, je me contente de suivre.
Echo et Strepitus me suivent dans le même silence religieux. Et heureusement! Depuis quelques jours, il leur est arrivé de me murmurer des choses sans aucun rapport avec leur programmation. Ces signaux ont été immédiatement purgés de mon système sans aucune forme d'analyse. Mais pendant mes quelques heures de sommeil, je les suspecte de reprendre leurs tirades hérétiques dans le but de m'infecter. Je pourrais les détruire, mais ne juge pas encore que ce soit nécessaire.
Une fois dans l'ascenseur, le prévôt ne remarque pas que les deux adeptes qui l'accompagnent posent sur lui un regard d'une offuscation profonde, à la suite de ses actes blasphématoires envers le Dieu-Machine. Fort heureusement, Magos Ziegler prend les devants et remet l'imbécile à sa place d'une remarque particulièrement tranchante. Si je suis de son côté, voire ainsi la colère du vénérable s'abattre me terrifie autant qu'elle me satisfait.
Omnimessie, faites que jamais je ne me retrouve de l'autre côté de genre de réprimande!
Nous débouchons finalement dans un atelier de réparation. Immédiatement, je remarque la présence de deux autres porteurs du rouge de Mars. Cette vision me détend. Je suis entouré des miens.
Magos Ziegler me présente et je me redresse immédiatement pour exposer mes données d'identification.
< Unit..._ >
Je suis immédiatement coupé par les deux technaugures qui semblent fort peu ravis de me voir. Je comprends rapidement pourquoi, un détail qui avait échappé à mon esprit troublé par la peur d'un environnement étranger. Ces deux adeptes de taille ridicule provenaient de Lathès. On m'a toujours mis en garde contre ces énergumènes à l'esprit fermé et méfiant. Leur incapacité de voir plus loin que leurs mécadendrites va à l'encontre de beaucoup de mes principes et je les considère comme la cause principale des troubles qui existent au sein du Mechanicus de Calixis.
Quel manque d'analyse j'ai fait! Je pensais que mes plus grands détracteurs au sein du vaisseau viendraient des incultes. Mais c'est bien de mon ordre, de mes cousins, que la menace risquait d'être la plus grande. Cette pensée me dévaste, mais je garde contenance. Les tristes individus qui se disent technaugures ne parviendront pas à me faire perdre contenance face à un Magos.
< Cette unité a pour maîtres : // Trinité _ Dieu-Machine / Omnimessie / Force Motrice
Cette unité théorise : // ce point communie toutes les unités actives présentes dans cette sainte pièce._ >
À cela, je couple un flux de données binaires généreusement projeté dans leur direction. Elles les informent de toutes les informations nécessaires pour répondre à leur question. Inutile de tenter de dissimuler mon appartenance aux disciples de Thule. D'abord par fierté, si cela ne leur plait pas, ils peuvent bien aller se faire greffer un membre organique. Ensuite, le dénommé KV-8 aura tôt fait de m'identifier.
Sans attendre de réponse, je tourne la tête vers Magos Zielger pour m'assurer de son autorisation, puis je m'approche des serviteurs défaillants avec une grande prudence. J'active aussi l'aupex qui repose sur mon épaule droite. Les informations qu'il collecte sont transmises à l'interface de mon implant monocle.
Je suis invité en tant qu'observateur, mais j'ai aussi l'intention de mettre mon expertise à l'œuvre si je découvre quelque chose.