Humiditas et MachinaJe sauve ce texte de l'oubli (ou plutôt du backup d'Historia JDR), au cas où je reviendrais
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Medenorius analysait les flux de données qui s'affichaient dans son esprit. Les informations se déversaient de son UIC tel un flot d'huile, épais et compact, sans bavures. Lisse. Ordonné. En parallèle, les relevés électromagnétiques de son auspex ne faisaient que confirmer ce qu'il craignait à propos de l'appareil étendu devant lui, une petite sentinelle trapue dédiée au défrichage des chemins empruntés par la Garde.
L'humidité de la jungle. Toujours. Inlassablement.
Une grande partie du parc d'appareils et d'équipements de la Garde avaient toutes les peines à durer plus de quelques mois sur Catachan. La première cause de défaillance était, sur cette planète, liée à l'un des éléments les plus simples de l'univers. Une simple molécule, un atome d'oxygène surmonté de deux atomes d'hydrogène. L'eau. Saturant à outrance l'air de la jungle, elle attaquait chaque parcelle de métal au travers du processus appelé "corrosion aqueuse", lié aux propriétés de conduction électrique entre la phase métallique et la phase aqueuse, l'électrolyte. En tout cas, c'est ce que sa banque de données sur les lois physico-chimiques lui retournaient comme résultat.
L'équipement impacté était systématiquement celui produit via des chaînes de productions de colonies de seconde zone qui ne maîtrisaient pas les techniques de galvanisation des métaux censée bloquer le phénomène de corrosion. Et, malheureusement, le parc Catachéen était bourré de ces équipements de seconde qualité. Au grand dam de Medenorius qui avait toutes les peines à contenter l'Esprit de la Machine. Même ce dernier subissait l'influence néfaste de l'humidité de Catachan. Dans son dos, les pas pesants de la sentinelle de l'unité rattachée à sa protection le sortirent de ses réflexions...
Fascinante. Tout simplement... Fascinante. Mais ne vous en approchez pas trop. Hé, vous ! Reculez, j'ai dit. Vous voyez ces petites dents au centre ? Oui ? Bien, descendez votre regard. Vous voyez l'énorme poche derrière ? La taille de la poche ? Imaginez que vous êtes dedans. Charmant, n'est-ce pas ? Alors reculez, sinon c'est ce qui arrivera dans moins d'une minute. Le Garde de Catachan recula promptement de la plante, une énième forme mutante indigène de Cephalotus. Une dizaine de secondes plus tard, un claquement retentit dans l'air alors que la plante projetait, depuis sa "gueule" centrale, un puissant harpon biologique droit devant elle, à l'endroit où se trouvait le Garde quelques instants plus tôt. Heureusement, pensa Medenorius, que cet énième spécimen de Cephalotus avait un délai de réaction physiologique élevé, comme tous les autres genres étudiés jusqu'à présent sur Catachan. Si l'imbécile avait persisté dans son obstinée fascination, la plante aurait transpercé aisément son plastron avant de l'attirer dans son gosier rempli de sucs et d'anesthésiant à action ultra rapide. Il serait tombé inconscient avant d'avoir eu le temps de comprendre ce qui venait de se passer.
Maintenant que la plante avait actionné son harpon de capture, elle pouvait être approchée et étudiée pendant un temps moyen de 37 minutes et 28 secondes. Par mesure de sécurité, ils se cantonneraient à 25 minutes. Medenorius sortit son attirail d'étude, un paquetage métallique frappé des sceaux de l'Adeptus et de la Divisionis. Il prit quelques clichés à partir de son implant oculaire, clignant simplement des yeux après avoir enclenché mentalement le mode de prise de vue photographique. La lumière étant faible, il ne fut pas satisfait de la qualité des clichés et décidé d'enclencher le lumiglobe portable. L'appareil grésilla puis se mit à luire, flottant à mi-hauteur du sol. Les clichés furent bien meilleurs. Les Gardes qui escortaient Medenorius dans sa mission naturaliste d'inventaire se dispersèrent pour former un cordon de sécurité autour du point d'étude. L'adepte n'était pas du tout adapté au combat, sa seule arme étant son pistolet lance-flammes qui, à vrai dire, lui avait été imposé par l'Astra lorsqu'il était arrivé sur Catachan. La petite arme faisait son office dans les jungles, mais il rechignait à s'en servir. Ce n'était pas "son truc".