[Helveticus Matix/Gob'] Acte 2 - Prologue : Les Rouages de la Connaissance

[[MJ] Le Gob']

Savoir et Pouvoir

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Septième Loi Universelle
"Le Savoir est la clé de toutes choses."

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Dix années ont passé.

Désormais investi de la fonction de technoprêtre de l’Omnimessie, Helveticus Matix s’est depuis vu attribuer des missions variées, comme autant d’opportunités de s’accoutumer à son nouveau statut. Néanmoins, aussi diverses ces expériences successives fussent-elles, toutes avaient en commun de l’avoir occupé sur le sol de Mars. Certaines de ces tâches lui avaient été communiquées par son géniteur, d’autres lui avaient été proposées par le biais du réseau noosphérique dont il commençait à avoir une maîtrise satisfaisante.

Il va sans dire que la noosphère constituait aux yeux d’Helveticus une révolution à nulle autre pareille. De jour comme de nuit, et en tout point de la planète rouge, ce flux de données habitait tant sa vision que ses autres sens, attachant à chaque couloir une position géographique, à chaque objet des caractéristiques, à chaque individu un rang -parfois un nom. Helveticus avait rapidement compris que les caractères hexamatiques qu’il lisait n’étaient pas partagés avec autrui. Il avait aussi pris conscience que ce flux d’informations, aussi considérable fut-il à ses yeux, était pour partie verrouillé derrière différents niveaux d’accès, et qu’une même requête ne donnait donc pas nécessairement les mêmes résultats selon le rang hiérarchique. En tout état de cause, chaque scène de la vie du technoprêtre était assortie de ce flux d’informations parallèle, à tel point qu’il en avait peut-être oublié que cette commodité demeurait tributaire d’infrastructures extérieures, comptant parmi les plus précieuses du Mechanicus, pour en maintenir le fonctionnement sur de vastes étendues.

Le sommeil du technoprêtre avait été à plusieurs reprises habité de songes similaires à son premier rêve, déclinaisons éphémères rapidement occultées par ses protocoles d’apaisement psychologique. Semblables rêves ne survenant qu’à plusieurs mois d’espacement, quoique de plus en plus régulièrement, il lui semblait pourtant se souvenir de précédentes visites en ce hangar. De visites en visites, le voyageur hagard se faisait peu à peu acteur, surmontant sa torpeur onirique pour chercher à satisfaire sa curiosité. Pas à pas, il se rapprochait ainsi toujours plus aisément des lourds battants de la porte pour en déchiffrer les caractères en hexamatique, mu par l’intuition pressante que le nom inscrit ici était d’une importance primordiale pour lui.

Une autre vision venait enfin, quoique moins fréquemment, troubler son sommeil. Dans celle-ci, il n'était pas acteur, tout au plus spectateur dans l'accablante immensité du vide. Sous son regard, une sorte de station de recherche du Mechanicus gravitait lentement autour d'un corps céleste anonyme auquel il tournait le dos, mais dont la station reflétait par endroit l'éclat.

On reste sur un régime de narration assez surplombante pour quelques posts, si ça te va, le temps de décrire tes évolutions, réflexions, agissements pendant l’ellipse. Tu peux poster plusieurs fois d’affilée si ça t’arrange, j’interviens notamment pour les fruits de tes éventuelles recherches au sujet du coffret, introspections, ou investigations durant cette période, et selon tes actions, on enchaînera sur une narration plus classique et « in situ ».

Test de Force Mentale (= à ta plus haute carac, soit 12) à -2 : 4, réussite, d'où second rêve. Bonus ultérieurs.

[Helveticus Matix]

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Bonne lecture

Helveticus Matix avait terminé sa journée et se dirigeait vers ses quartiers personnels. MOC lévitait lentement à ses côtés, synchronisant parfaitement son allure à celle de son maître. Epuisé, Matix savait qu'il en aura encore pour une heure, trente-sept minutes et dix huit secondes et demi avant de retrouver le confort de ses rituels d'assainissement et d'entretien, devant traîner sa lente carcasse dans les somptueux couloirs du Mont Pavonis. Il ne pouvait plus accélérer son avancée à l'aide de transporteurs, car il se trouvait déjà dans la structure abritant ses appartements, mais, bien qu'il se soit habitué à la lourdeur de sa propre silhouette, le technoprêtre se déplaçait toujours à une lenteur accablante.



Résultat, ses nuits étaient raccourcies, ses longs itinéraires ne lui accordant que très peu de temps de repos pour accomplir à temps les missions de l'Omnimessie. A cela s'ajoutait les rituels quotidiens, qu'il chérissait, mais qui grignotaient encore un peu plus son temps de veille régénératrice. Or, c'était durant ces dernières que Matix se perdait dans des rêves mystérieux. Le manque de sommeil n'était pas un problème en soit, le prêtre s'étant habitué depuis fort longtemps à un cocktail de drogues quotidiennes sensées purger son organisme tout en balayant les effets de la fatigue. Mais c'était la curiosité d'Helveticus vis-à-vis de ces moments oniriques qui l'incitaient chaque soir à retourner dans sa torpeur.

Ils évoluaient, très lentement, au rythme des années, accordant toujours un peu plus d'autonomie au technoprêtre. Matix explorait ce petit monde semblant se fabriquer comme un logiciel procédural particulièrement lent. Et parfois, une autre vision s'offrait à lui. Il n'y était plus acteur, pas même spectateur. Le rêve ressemblait plus à une image, un film sans mise en scène particulière. Une station spatiale du Mechanicus gravitant lentement autour d'autres corps célestes.

Dix années durant, le disciple avait exécuté à merveille la volonté du Dieu Machine. Si, à la suite de sa canonisation, Helveticus avait senti le jugement de ses supérieurs se poser sur lui à cause de sa Cyberchape, un don accordé beaucoup trop jeune selon eux, il ne leur avait donné aucun moyen de convertir leur jugement en désapprobation. Matix faisait preuve d'une volonté sans faille pour mener ses taches à bien. Car c'était ses talents de planifications réglés à la demi seconde prêt qui lui permettaient de garder le cap, de faire son devoir… et encore plus.

D'autres taches, s'additionnaient au travail quotidien d'Helveticus. Des taches qu'il ne devait dévoiler à personne, sous peine de risquer le recyclage au rang de serviteur. Il était convaincu de toujours servir l'œuvre de l'Omnimessie, mais c'était surtout sa propre curiosité que le technoprêtre tentait d'étancher. Il avait bien conscience d'avancer sur un terrain glissant, tant bien pour sa sécurité physique que pour l'harmonie de sa croyance, jusque-là indéfectible.

Chaque jour, alors qu'il se noyait dans le flux incroyable de la noosphère, Matix émettait une immense quantité de requêtes. Des questions anodines au premier abord, traitant de sujet aléatoires et semblant résulter d'un esprit à la curiosité compulsive, mais pas poussive. Rien qui ne pourrait être interprété comme un manque de foi. Mais en réalité, beaucoup des questions posées avait un but bien précis : dévoiler le mystère de la boîte de stase, permettre à Matix de l'ouvrir et de garder son contenu en vie pour l'interroger.

Poser des question directement sur ce sujet serait trop dangereux, trop facilement repérable. C'est pourquoi Helveticus grignotait tout autour et, lorsqu'il s'approchait un peu trop, il faisait demi-tour pour chercher dans une autre direction. Ainsi, à partir de multiples éléments anodins, le technoprêtre comblait le vide, se basant sur ses cogitateurs et à quelques déductions. Le procédé était extrêmement lent et en dix années, Matix avait avancé en pattes de mouches.

Mais l'adepte persévérait, prenait même du plaisir à cette lente mascarade, se découvrant un plaisir certain pour l'enquête. Beaucoup de préceptes du Culte Mechanicus se retrouvaient dans le métier d'enquêteur : la recherche de Savoir, obtenue à l'aide d'indices soigneusement décortiqués. Certes, il agissait dans le plus grand des secrets, mais cela rajoutait un challenge à l'épreuve et permettait de tester l'efficacité des cogitateurs du technoprêtre.

Bien plus performants que lorsqu'il était un simple acolyte, Matix s'était offert plusieurs améliorations à ses implants corticaux. Ses capacités de traitement et de simulations s'étaient décuplées, ouvrant son esprit à une toile de nouvelles possibilités. En continu, les multiples processeurs du prêtre traitaient plus de données qu'il n'en aurait jamais pu rêver dix ans auparavant. Son intellect faisait tant de choses en même temps que si quelqu'un aurait pu l'observer, il se serait probablement perdu dans ce vaste univers, à jamais. Toute cette activité se déroulant sous le chapeau cylindre blindé agité par les systèmes de refroidissement.



Enfin arrivé devant ses appartements, Helveticus lâcha la lourde hache Omnissienne qu'il avait reçu pendant sa canonisation. Comme par magie, l'arme resta parfaitement droite, apparemment en parfait équilibre sur le sol. Mais même un membre du Culte savait qu'une telle prouesse ne résultat que d'un savant mélange d'aimants et de systèmes de stabilisation, pas d'un acte divin.

Sa main mécanique libérée, le technoprêtre pointa son auriculaire vers la porte. Allongé et pointu, ce doigt était un autre don offert à ceux qui s'élevaient dans les rangs de la prêtrise martienne. Cet implant à circuit fermés (pour empêcher toute intrusion extérieure) pouvait produire des codes uniques d'injonction avec un niveau d'autorité digne du rang de son hôte. Ce n'était pas des requêtes qui devaient attendre une réponse, mais des ordres qui serait immédiatement exécutés, tant bien par une machine, un serviteur, ou un subordonné. Le doigt ne pouvait en revanche pas se plier, car il représentait l'autorité du Dieu Machine. Et ce dernier ne pliait jamais.

Chaque implant "Touché de Grâce" était unique, leurs codes sacré comprenant les données d'identifications de son possesseur, ainsi que quelques autres subtilités propres à chaque individu le portant. Matix se rappelait du tout premier code sacré qu'il avait reçu de la part de son mentor, Kryptaestrex. Tant de portes s'étaient ouvertes immédiatement pour lui permettre d'exécuter sa mission divine le plus efficacement possible. Et maintenant, il était lui-même en possession d'une telle technologie!

La porte n'avait pas de serrure, ni d'interface, juste un symbole du Culte en son centre. Helveticus pointa le Touché de Grâce vers l'œil droit du crâne et, une demi seconde plus tard, il avait enfin accès à ses quartiers. Froids et sans la moindre décoration, il était bien plus vaste que l'occasionnelle cellule dans laquelle dormaient les acolytes. Une antichambre donnait accès à un bureau de taille modeste et à la Bassine. D'un coup de mécadendrite optique rapide, Matix fut satisfait de fois que son établi/serviteur trônait toujours dans son bureau, veillant sur son précieux contenu.

L'adepte posa sa hache dans le châssis prévu à cet effet et se dirigea immédiatement vers la pièce de gauche, la Bassine. Sa main gauche de libre, il n'avait plus que sa canne pour s'appuyer, mais des années de martyr à porter la Chair Véritable lui avaient permis de trouver un certain équilibre… après de multiples et douloureuses chutes sous le poids de sa propre carcasse. La souffrance était toujours présente, à chaque mouvement, mais elle faisait à présent partie intégrante du technoprêtre qui ne la remarquait presque plus.

La Bassine était le seul luxe que l'adepte s'accordait, et il n'était pas des moindres. Une grande baignoire circulaire remplie d'huile bénie si opaque qu'elle reflétait le symbole du Culte gravé au plafond. Seule la Bassine était accessible, le sol et les murs de la pièce étant recouverts de bougies régulièrement entretenues par un serviteur pouvant se rétracter derrière un panneau savamment dissimulé. Ce n'était pas une pratique répandue au sein de l'Adeptus Mechanicus, mais plutôt une interprétation personnelle des rituels d'entretiens. L'huile était quotidiennement bénie par les soins de Matix pour garantir leurs effets purificateurs.

Helveticus lâcha à présent sa canne qui, tout comme la hache, resta fixée au sol. Derrière lui, le sol se déroba pour laisser émerger plusieurs bras articulés. Les membres s'affairèrent à déshabiller l'adepte de ses ornementations ne pouvant tolérer le contact avec le liquide. Des parchemins, des cierges, des encensoirs, tous fixés aux habits et à la Cyberchape de Matix pour exprimer sa dévotion envers l'Omnimessie. Pendant ce rituel, Helveticus récitait des psaumes, avançant lentement, les bras ouverts, vers le Bassin.

Une fois délivré de ses décorations, mais revêtant toujours son habit cérémoniel, l'adepte s'immergea. Les pieds, les genoux, le torse, les épaules et la tête, puis enfin, le sommet de la Chair Véritable. Une heure durant, sans jamais s'arrêter de réciter ses psaumes, Helveticus resta immobile, son bionique respiratoire l'alimentant de ses réserves d'oxygène. Un calme, une sérénité profonde, enivra l'esprit en constante cogitation du technoprêtre. C'était un moment qu'il chérissait particulièrement, plus encore que ses quelques heures de sommeil.

Une fois ce rituel accompli, Matix émergea de la Bassine, semblable à une statue de cire dégoulinante. Il se dirigea vers son bureau, résistant à l'envie d'ôter la tête amovible de Tekh pour observer une énième fois son bien le plus précieux. Au lieux de cela, les appendices de sa Cyberchape se fixèrent à des poignées au plafond prévues à cet effet. Il avait eu le temps d'apprendre à maîtriser ces nouveaux membres et, à présents, il les contrôlait aussi instinctivement que les autres. Helveticus plia les genoux et se sentit libéré du poids de sa carapace.

Derrière lui, une tête se redressa brusquement. Squelettique, elle émergeait d'un petit alcôve dans le mur. Une armada de bras articulés ou tentaculaires l'encerclait, s'animant lentement pour répondre aux ordres du crâne aux optiques rougeoyants. Shilica avait été son nom, bien des années auparavant. Une acolyte prometteuse qui avait malheureusement commis l'irréparable en endommageant une machine sacrée lors d'un rituel d'entretien. La machine avait pu être sauvée, et Shilica aussi. Miséricordieux, Helveticus l'avait prise sous son aile, lui évitant ainsi la honte d'être bannie à jamais au rang d'acolyte sans la moindre perspective d'avenir.

A présent, Shilica était son serviteur attitré d'entretien, s'animant quelques minutes par jours pour s'assurer du bon fonctionnement de son son supérieur. Elle ne pensait plus, elle ne subissait plus, seule son devoir demeurait.

Le technoprêtre avait devant lui deux heures, dix sept minutes et trente trois secondes de sommeil avant d'attaquer la journée suivante. Alors que derrière lui, les appendices se rapprochaient lentement de sa silhouette pour resserrer les vis, ajuster les boulons et lustrer le métal, Helveticus sombra dans le sommeil sans même lancer d'injonction de repos à son organisme.