Ce fut à cet instant qu'elle prit conscience de l'ignoble odeur qui envahissait ses narines. Elle porta alors le bras devant sa bouche et son nez pour les protéger des relents fétides et âcres qui émanaient de la fourrure graisseuse et couverte d'immondices de l'homme-rat mais eut un hoquet de dégoût qui faillit lui faire rendre son déjeuner.
Lorsque Catuvolcos retira sa hache du corps sans vie répandant un bouillon sombre dans l'eau saumâtre des égouts, l'odeur du sang s'ajouta au fumet infect qui planait autour d'eux.
Qui était cet homme ? Que faisait-il ici alors qu'il n'y semblait pas à sa place ?
*De toute façon, personne n'est à sa place ici et à cette heure...*
Prenant sur elle pour ne pas vomir, Mélétê se courba et arracha la hachette restée plantée dans la poitrine du mutant pour la rendre à son propriétaire.
- Tiens, « caveman », je crois que ça t'appartient.
Elle avait appris ce mot lors de son passage en Bretonnie. Il désignait aussi bien un personnage solitaire et rustre qu'un homme à la chevelure hirsute et à la pilosité abondante, en référence aux premiers hommes qui avaient peuplé le Vieux Monde et qui n'avaient d'autre choix, pour s'abriter, que de vivre dans des grottes. Ne connaissant pas le nom de son compagnon, elle avait employé cette dénomination avec espièglerie mais sans impertinence. Mieux valait ne pas se mettre à dos quelqu'un qui pourrait se révéler nécessaire à sa survie.
- On m'appelle Mélétê... se présenta-t-elle. Et maintenant ? Tu ne saurais pas comment on échappe à tout ça par hasard ?