Ils l'avaient attaché à un arbre bordant une petite clairière et étaient maintenant en train de manger. Il n'y avait aucun doute sur leurs intentions : ils l'avaient prise pour la violer. La seule question était pourquoi ils n'avaient pas encore agit. Peut-être attendaient-ils la nuit ? Celle-ci ne tarderait plus maintenant. Comme ils lui avaient prit son poignard et sa dague de jet, elle ne pouvait même pas se défendre. Heureusement pour elle, ses liens ne semblaient pas avoir été très bien attachés, et Tiana avait jusqu'à présent tout fait pour les briser et se libérer. Mais même avec les mains libres, il lui faudrait encore échapper aux trois hommes, et puis, seule dans la forêt sans armes ? Ce n'était qu'une question de temps avant qu'un autre groupe ne la trouve. Ou pire encore.
Le soleil descendait lentement derrière les arbres. Le petit rat se leva pour aller satisfait un besoin naturel, et le blond se leva pour aller nettoyer ce qui leur servait de vaisselles. Le gros bonhomme restait assis à fumer une petite pipe en terre. Étonnant qu'il est du tabac, celui-ci était extrêmement rare. Sans doute un marchand qu'ils avaient dévalisé. Les derniers rayons du soleil éclairèrent le visage de la jeune femme avant de disparaître. Ses liens se brisèrent enfin.
Thrunrir Graffen avait faim. Son ventre gargouillait depuis ce matin, mais il espérait toujours trouver une proie et ne pas avoir à piocher dans ses rations. L'expérience lui avait enseigné qu'il valait mieux ne les utiliser qu'en dernière extrémité. Il souffrait donc en silence et continuait à pister les quelques traces qu'il trouvait dans ses bois oubliés de tous.
Soudain, une trace lui attira le regard sur un sentier boueux. Une trace de pas ! Laissée par une botte sans aucun doute, mais de petite taille, ce qui devait donc indiquer une femme. L'homme se mit à la suivre, un peu de compagnie pourrait être plaisant, et surtout elle pourrait lui indiquer un village proche. En poursuivant les pas, il arriva à un endroit où la piste était brouillée, comme si on s'était battu. Les traces se transformaient en trois rangées de traces de pas de plus grandes tailles, et un objet que l'on trainait. Ces ruffians devaient avoir capturé la demoiselle.
Dans la lumière déclinante, le jeune homme courut en suivant la piste, son gourdin en main. Il arriva bientôt à une clairière. Sur sa droite, une jeune femme était attachée à un arbre. Un peu de sang séché marquait sa tempe. Au centre, trois hommes mangeaient. L'œil de Thrunrir fut tout de suite attiré par les longs poignards et les haches qui reposaient à portée de main. Ces bandits étaient bien armés. L'un d'eux, un petit homme se leva et vint dans sa direction en se grattant les parties. Il s'arrêta à deux mètres pour uriner contre un chêne. Un second se leva pour nettoyer la vaisselle, et le dernier restait assis à faire quelque chose que le jeune homme ne pouvait pas voir.