[Temps de Sigmar][Thrunrir & Tiana] A la recherche d'un chef

[[MJ] Le Sombre Garde]

La porte s'ouvrit brusquement en claquant. Des clameurs retentirent tandis que deux hommes se penchaient pour prendre les cordes qui tenaient Tiana et Thrunrir et les trainer sur sol hors de la cabane. Les humains qui les entouraient ne leur ressemblaient pas. Ils étaient bruns de peau, petits, trapus, la plupart avec des moustaches tombantes. Leurs habits étaient faits de fourrure et de peau, même si beaucoup se tenaient torse nu. Ni l'un ni l'autre avaient jamais vu des hommes semblables.

Un grand bûcher trônait au centre d'une clairière, avec tout autour des tentes circulaires aux murs bas. La cabane où ils avaient été logés semblait la seule construction en dur de l'endroit. Des chiens rôdaient entre les tentes, certains faméliques, d'autres énormes et poilus. Tous les regardaient passer sans rien dire maintenant. Un chemin avait été dégagé jusqu'à une tente solitaire. Elle ressemblait en tout point aux autres, sauf qu'elle faisait cinq fois leur taille. Il y avait des piques tout autour, certains vides, d'autres avec des têtes. Les plus proches de la porte étaient familières aux deux jeunes gens : il s'agissait des trois bandits.

Enfin ils pénétrèrent dans la tente. Le sol était couvert de tapis et de coussins, mais rapiécés et abimés. Des hommes étaient confortablement installés autour d'une chaise en bois toute simple. Ils étaient comme ceux dehors, en plus costaud. Un homme était assis sur la chaise. Le crâne rasé, une longue moustache tombante, il avait des yeux bleus glace, qui attiraient le regard. On pouvait y lire l'intelligence, mais aussi l'absence de pitié et le courage. Un homme dangereux. Son torse nu était peint, mais les figures étaient allégoriques, et ne disaient rien aux deux compagnons. Sur ses genoux, un gros poignard à la lame nue reposait. Ses deux mains étaient posées sur les accoudoirs, et il se tenait bien droit, digne.

Tiana et Thrunrir furent jetés à ses pieds, et maintenus dans une position de suppliant, à genoux, par leurs gardes. Seules leurs têtes pouvaient bouger. Le chef s'adressa à eux. Sa voix était calme, neutre et douce.

« Voilà donc les deux personnes qui affrontaient la vermine. Qui êtes vous donc et que faites vous ici ? »

[Thrunrir Graffen]

Quand la porte du cabanon s’ouvrit, Thrunrir fut brutalement tiré dehors par ses cordes et traîné par terre à travers ce qui se révélait être une sorte de campement tribal. Ceux qui les avaient capturés étaient bien des humains, des hommes d’une peuplade inconnue et étrange, oui, mais des humains quand même, et c’était déjà ça. Ce peuple semblait avoir des coutumes dures, puisqu’il ne manifesta pas plus de délicatesse dans le traitement qui fut infligé à Tiana, malgré qu’elle fût une femme. Visiblement, les gens attendaient qu’il soit décidé quelque chose à leur sujet, puisque nul ne pipa mot sur le chemin. Bien que le voyage fût relativement inconfortable, Thrunrir en profita pour prendre le maximum d’informations possibles. Les tentes suggéraient une tribu nomade, elles étaient adaptées à la taille des hommes, petits et trapus. L’énorme brasier, quand à lui, pouvait avoir plusieurs explications. Religion ? Fête ? Coutume ? Il ne pouvait le deviner sans plus d’informations. La présence de chiens ne présageait rien de bon, car en cas de fuite, ils seraient facilement rattrapés. Enfin, ils arrivèrent au terme de leur chemin, dans une grande tente sans doute réservée au chef de la tribu, qui était entourée de têtes coupées, ce qui laissait penser que la peuplade était très axée sur les prouesses martiales, ce qui n’était pas bon signe : Thrnurir n’aimait pas les brutes sanguinaires, lui-même ne tuait des êtres humains que par nécessité. Il n’aimait pas non plus les chefs dominateurs qui tenaient leur légitimité de la force, qui l’étalaient sans retenue, en usaient et en abusaient. Mais toutefois, il décida, dans la situation où il était, qu’il valait mieux pour lui et Tiana qu’il laisse le bénéfice du doute à cet homme, ce chef qu’il ne connaissait pas mais devant lequel on les amenait sûrement, avant de le juger sur les signes extérieurs.

Et il avait vu juste, c’était probablement le chef de la tribu qui leur faisait face à l’intérieur de la tente, puisqu’on les jeta à ses pieds et que Tiana comme lui furent ensuite maintenus à genoux à ses pieds par les gardes qui les avaient traînés jusqu’ici. Thrunrir nota au passage la richesse de l’intérieur du lieu : des tapis, des coussins, et même un meuble en dur, une chaise, signe évident de richesse chez des nomades. La tente était remplie d’hommes forts, probablement des sous-chefs ou des guerriers membres d’une sorte de conseil. L’homme assis sur la chaise était le plus fort d’entre eux, il était brun de peau, comme les autres, mais avait les yeux bleus, et le crâne rasé. Comme beaucoup d’entre ses hommes, il portait la moustache, était torse nu et arborait des tatouages dont Thrunrir ignorait la signification. Il parla le premier, comme il se devait sûrement :

- Voilà donc les deux personnes qui affrontaient la vermine. Qui êtes vous donc et que faites vous ici ?

Thrunrir n’avait pas peur de cet homme pourtant impressionnant, il ne se considérait pas comme son inférieur, mais comme son égal. Aussi répondit-il d’une voix normale :

-Je me nomme Thrunrir, et je suis un homme libre. Je vais là où bon me semble, et je ne veux de mal à personne. Lorsque vos hommes sont intervenus pour nous aider, j’étais en train d’essayer de tirer Tiana, cette jeune femme, d’un mauvais pas. Mais avant de continuer, pourriez-vous nous détacher et dire à vos gardes de nous lâcher ? Ma compagnonne et moi ne représentons pas une grande menace et nous ne vous voulons aucun mal. A moins, bien sûr, que vous n’ayez peur de nous.

Thrunrir avait parlé poliment, mais pas servilement. L’homme qui était là, ou du moins certains de ses hommes, les avait aidés, certes, mais il estimait qu’ils n’avaient pas à être traités en prisonniers pour autant et n’appréciait guère la manière dont le chef et sa tribu avaient traité Tiana, d’autant que la jeune femme qui semblait malade et accablée par les malheurs. Evidemment, il avait parlé franchement et spontannément, et sa note d'humour finale pouvait très bien ne pas plaire du tout à son interlocuteur, mais il pensait que cet homme l'apprécierait plutôt...

[Tiana Roban]

La fournaise du grand feu s’intensifia encore plus. Elle sécha le sang sur les poignets de Tiana, laissant une croûte brune qui se couvrit de mouches. Cumulée à cette envie de boire, la situation de la jeune femme n’était pas enviable.

Finalement, elle tomba dans un sommeil hanté et agité qui ne lui apporta guère de repos. Une fièvre foudroyante remplit ses rêves d’innombrables fantômes aux dents acérées. Les pires étaient ceux ayant les visages des femmes de ses anciens clients. La prostituée suppliait ces fantômes enragés lorsqu’ils descendaient sur elle, tentant de leur dire que ce n’était pas sa faute. Pour l’amour de Shallya, ce n’était pas de sa faute….

Certains l’écoutèrent. Quelques-uns comprirent. La plupart non. Ces femmes prirent leurs revanches sur la femme qui avait fait tourner la tête de leurs maris dans le dédale infini de ses cauchemars.

Quand les deux hommes entrèrent finalement dans la cabane, leur étreinte froide fut presque un soulagement après les fantômes. Presque.

Elle se débattit tout de même, bien sûr. Malgré la faiblesse due à sa maladie et à la soif, Tiana se battit. Que pouvait-elle faire d’autre ?

En vain. Vidée et désarmée, les efforts de la jeune femme étaient aussi futiles que ceux d’un enfant dans la gueule d’un crocodile. Les deux hommes laissaient ses coups porter sans effet. Ils la maitrisèrent en leur sein et l’immobilisèrent de leurs poignes fortes comme l’acier. Tiana Roban, injuriant ses tortionnaires quand la force lui manqua, se sentit céder sous leur poids maléfiques.

Des larmes d’impuissance coulèrent sur son visage alors que le petit groupe traversait le campement en direction d’une tente plus imposante que les autres. La colère l’assaillit et elle balaya la clairière du regard, en quête d’une arme ou d’une issue, qui lui permettrait de rendre leurs coups à ces barbares qui l’avaient capturé.

Elle prit de profondes inspirations et rassembla ses forces.

Ils pénétrèrent finalement dans la plus grande tente du campement et en réponse à un ordre silencieux, les deux humains se mirent prestement sur le côté, laissant Tiana et Thrunrir au milieu de la tente. L’homme, qui semblait être le chef, était assis sur une chaise et son torse était recouvert de multiples peintures.

« Voilà donc les deux personnes qui affrontaient la vermine. Qui êtes vous donc et que faites vous ici ? »

La jeune femme se força à étudier cet homme, avec un air de défi qu’elle ne ressentait pas. Déglutissant nerveusement, elle plongea ses yeux dans les profondeurs glacées de ceux du barbare.

"Je me nomme Tiana Roban et je suis à la recherche de celui que l’on appelle Sigmar ! "

[[MJ] Le Sombre Garde]

Le chef rit à gorge déployée et longuement devant la bravade de Thrunrir. Ses hommes rirent avec lui. Le rire était rauque et guttural, peu agréable. Finalement, il cessa. Car ce que venait de dire Tiana avait capté leur attention. Tous la regardaient, et un ou deux cimeterres furent dégainés. Mais le chef leva une main.

« Reposez ces armes. Ces individus sont sous mon toit, il serait fort impoli de les tuer ici. D'autant plus que j'aimerais en savoir davantage. Oh, et coupez leur leurs liens et apportez à manger et à boire. »

Un guerrier vint couper les cordes qui maintenait les deux jeunes gens attachés, tandis qu'un homme habillé d'une tunique beige, sans armes, leur apporta une cruche d'eau et une miche de pain. Il y avait un fort contraste entre son allure de guerrier, ses bras musclés, ses cicatrices, et son visage doux et son attitude servile. Un mystère.

Le chef attendit qu'ils soient restaurés pour reprendre.

« Thrunrir et Tiana donc. Deux jeunes gens perdus dans les bois, en prise avec trois bandits. Quelle belle histoire. Un jeune homme qui désire libérer sa promise des mains de brutes. Je suis sûr qu'un de nos compteurs pourrait en tirer un beau chant. Mais baste, ce n'est pas cela qui m'intéresse. Vous avez parlé de Sigmar. Comment le connaissez vous ? Pourquoi voulez vous le rejoindre ? Et surtout, êtes vous prêts à rejoindre vos dieux en cas de mauvaise réponse ? »

Ses yeux bleus glacés renvoyaient le meurtre, et l'attitude générale dans la tente rejoignait l'humeur du chef. Le sujet semblait épineux.

[Tiana Roban]

Ces derniers jours avaient été encore plus longs qu’une semaine où son père aurait été perpétuellement à ses côtés : Tiana Roban se sentait mal, et ce depuis plusieurs semaines, mais son état n’avait été qu’une dégringolade perpétuelle. Au début, elle s’était sentie irritable – entendez plus que d’habitude – puis son humeur était devenue aussi changeante qu’une girouette en plein cyclone …

Ayant perdu l’habitude, depuis le départ de chez elle de prendre soin de ces préoccupations, elle n’y avait pas prêté attention, se persuadant qu’il s’agissait d’une mauvaise passe et que tout finirait par rentrer dans l’ordre, jusqu’à ce soir fatidique où, prise d’un violent haut le cœur elle avait vidé le contenu de son estomac au beau milieu d’une passe, faisant fuir par la même occasion son client – un habitué des lieux.

Prise de panique – les hauts le cœur, ça court pas les rues – la jeune femme avait finalement réussi à trouver un possible remède grâce au chaman du village : trouver Sigmar, un homme qui pourrait sans doute purifier son corps.

Bien décidée à reprendre rapidement du service pour gagner sa vie, Tiana était donc parti à la recherche de cet homme et en moins de temps qu’il faut pour le dire, elle s’était fourrée dans des problèmes.

« Mais baste, ce n'est pas cela qui m'intéresse. Vous avez parlé de Sigmar. Comment le connaissez-vous ? Pourquoi voulez vous le rejoindre ? Et surtout, êtes vous prêts à rejoindre vos dieux en cas de mauvaise réponse ? »

Tiana ne se sentait pas d’humeur à s’expliquer. Elle lui aurait bien mis quelque part, son gros poignard, mais faisant un monumental effort de self control, elle se retint. Les poings – maintenant déliés - fichés sur les hanches, le regard orageux, elle rétorqua :

"Je ne connais cet homme que de nom ! C’est le chaman de mon village qui m’a parlé de ce jeune homme, apparu à la suite d’une comète à deux queues, qui se nomme Sigmar. Il m’a aussi dit que cet homme pourrait sans doute extraire ce mal qui me ronge de l’intérieur…"

C'est possible d'avoir une petite mise à jour de nos xp (quand tu auras le temps) ?

[Thrunrir Graffen]

Thrunrir avait calculé et misé juste : le chef n’avait pris sa boutade comme un défi et les avaient libérés et mis dans une position plus confortable, même si bien sûr, le risque persistait d’être tués, lui et Tiana, notamment s’ils répondaient « mal » (comprendre « comme le chef ne voulait pas qu’ils répondent) à la question de savoir pourquoi ils voulaient trouver le chef Sigmar. L’ennui dans cela, c’était que d’une part l’un comme l’autre des prisonniers ignoraient ce que voulait entendre le chef, et aussi que Thrunrir ignorait tout de cet homme, ce Sigmar, sauf ce que lui en avait dit Tiana. S’il était vrai qu’avant de tomber sur sa piste, il recherchait de la compagnie humaine (ou du moins de la compagnie consciente et non maléfique), pour mener une vie normale, il n’avait aucune volonté particulière de tomber sur un chef de guerre qui cherchait à unifier les tribus et à se forger un empire. Evidemment, il pouvait bluffer et inventer une histoire fausse, mais il n’avait pour l’instant aucun intérêt à le faire, et ne recourrait à cette extrémité que si cela tournait mal et que c’était la seule manière d’essayer de sauver Tiana et, plus accessoirement, lui-même. Il choisit donc de se taire et de se concentrer sur la boisson et les victuailles. En attendant, leurs deux destins reposaient sur les épaules de la jeune femme, si elle répondait quelque chose qui plairait au chef, celui-ci les épargnerait probablement, et peut-être même les libérerait. Thrunrir n’avait pas vu d’esclaves enchaînés, ce qui était un bon signe dans ce sens. Mais en revanche, si sa réponse ne plaisait pas, il se battrait et essaierait de leur donner, à lui et sa compagnonne, le temps de fuir. Si même ce plan B était un échec, il aurait alors recours au plan C, en désespoir de cause, un plan risqué pour lui mais qui avait une chance de sauver Tiana.

Il espérait de tout cœur ne pas avoir à en arriver là, et écouta, tendu, la réponse de Tiana. Une réponse juste, vraie, qu’il jugeait personnellement très bonne. Mais le chef n’était peut-être pas de cet avis, aussi, après s’être désaltéré et avoir mangé un morceau, il se prépara à se battre, au cas où il faudrait tenter le « plan B ».

Thrunrir regarde avec attention les réactions de gens autour de lui et plus particulièrement du chef. Il se prépare (discrètement) à se lever brusquement et à frapper l’homme le plus proche au cas où. S’il avait bu dans un gobelet ou une tasse en bois, il la prend dans sa main comme s’il s’agissait d’une pierre. S’il avait un couteau, il le serre dans l’autre main. Je laisse mes mains visibles sur la table/le sol pour autant, pour ne pas éveiller les soupçons ou me montrer agressif.

[[MJ] Le Sombre Garde]

Pendant que la tension était à son comble, un petit chaton s'avança vers Thrunrir et tenta de grimper sur ses genoux. Il dut s'y reprendre à trois fois pour y arriver, mais quand ce fut fait, il se roula en boule en ronronnant contre le torse du jeune homme. C'était le premier félin qu'ils apercevaient, et sa présence était plutôt étrange dans un campement où rôdaient tant de chiens.

Le chef retira finalement la main de son poignard. Les guerriers présents dans la tente se relâchèrent. Apparemment, Tiana avait bien répondu.

« Vous ignorez tout de Sigmar, dîtes-vous ? Et bien vous êtes chanceux. Cet homme est un salopard arrogant. Il veut unifier toutes les tribus. J'ai refusé, tenant à notre indépendance. En conséquence, nous avons été chassés de nos terres et au cours d'une longue errance nous avons finit ici. Vous avez vu l'état de misère du campement et de cette tente ? Avant les tapis étaient resplendissants, les coussins de même. Nous étions un peuple fier, et si nous n'étions pas riches, du moins nous ne manquions de rien... Maudit soit ce Sigmar ! »

Il cracha, et nombre de guerriers le firent avec lui. Sigmar ne semblait pas du tout apprécié en ces lieux. Le chef reprit.

« Quant à votre mal, acceptez vous d'être observée par l'une de nos guérisseuses ? Elle pourrait peut-être l'enlever. »