[Déchirure][Ori & Ætinis] La cour des Grands

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Depuis la Déchirure jusqu'à la création de l'Empire et de la Bretonnie, revivez ces âges passés de légendes.

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Ætinis Verteflèche
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ætinis Verteflèche »

Assurément, la jeune fille ne s’était pas attendue à une telle réaction de la part de l’esclave qui se tenait face à elle. Ætinis avait imaginé la soumission et envisagé la rébellion de l’elfe blond. Ces deux réactions que l’on pouvait classiquement attendre d’un esclave, d’un serviteur, bref, d’un inférieur. Cette fois-ci, Verteflèche en fut pour ses frais, car l’attitude qu’adopta son interlocuteur fut d’une tout autre nature et la surprit autant qu’il la fit se sentir coupable.

En effet, Godion s’était retourné et avait croisé les bras derrière son dos, comme un chef sévère, voire un père, dans une attitude de constatation d’une faute commise par elle. Malgré sa jeunesse et sa situation sociale inférieure, l’assurance dans la posture et dans le ton, le naturel avec lequel Godion lui avait répondu presque instinctivement suffirent à mater tout sentiment de supériorité chez l’archère. Toute penaude, celle-ci avait l’impression de se faire sermonner par un noble et n’osait pas interrompre ni répondre au jeune serviteur.

Sa nature reprenant le dessus –jusqu’ici, elle avait toujours été dans la position de l’inférieure, à tel point que cette nature « soumise » faisait partie intégrante d’elle- elle sembla l’espace de quelques instants se retrouver face à un supérieur. L’homme face à elle parlait sur le même ton qu’aurait pu avoir Ori ou Nahël envers elle. Sa posture était également semblable, ainsi que son expression faciale. Contrairement à elle, il était clair, que, tout esclave qu’il fut actuellement, cet elfe était plutôt un dominant naturel qu’un dominé, et il sut imposer son autorité à la tout aussi jeune héroïne. Il parlait avec tellement de naturel, avec un phrasé parfaitement maîtrisé, aux accents beaucoup plus mélodieux et jolis aux oreilles de Verteflèche que son propre accent de bucheronne rustique. Oui, elle se trompait peut-être, mais elle reconnaissait là quelqu’un d’un rang social bien plus élevé que le sien. Un noble, peut-être, ou alors un intellectuel ou un artiste, mais certainement pas un très modeste travailleur manuel comme elle.

Et puis, outre la forme, il y avait aussi le fond, le contenu de ses paroles. Il s’adressait à elle comme « archère », sans doute par habitude pour marquer une différence de fonction, une supériorité sociale qui était évidente. Un de ses supérieurs hiérarchiques de l’armée n’aurait pas utilisé un autre mot ni un autre ton pour la désigner. Il la disait naïve, critique qu’elle accepta, bien consciente de son ignorance presque totale du monde nouveau qu’elle découvrait depuis qu’elle avait quitté son village natal. Apparemment, d’après le reste de son discours, plusieurs facteurs avaient joué pour qu’il accepte sa nouvelle condition. Tout d’abord, la violence physique, et cela, Verteflèche l’encaissa difficilement, refusant de croire que ses chefs avaient pu user de cruauté ou de menaces à son encontre, lui qui était un prisonnier de guerre elfe, un propre membre de leur race. Car elle en était encore persuadée, elle servait le camp du bien, et jamais de telles pratiques ne lui auraient paru conformes à ses principes, à sa conception du bien, à ses valeurs. Mais il semblait également y avoir plus que des prétendues violences physiques ou menaces de telles violences qui avaient pesé dans la balance. D’après ce qu’elle comprit, il y avait peut-être aussi une raison plus politique. Se pouvait-il que cet elfe ait accepté l’esclavage pour une raison politique ? Protéger sa famille, voire son peuple s’il était noble ? Empêcher une guerre ou des représailles ? Elle l’ignorait, mais ces hypothèses tournèrent dans sa tête tandis qu’elle commençait à le voir différement.

Et elle, à sa place, se serait-elle sacrifiée ? Sa propre liberté ? Son amour-propre ? Sa condition elfique même, car, très fière, Ætinis considérait que l’esclavage était incompatible avec la race elfique. En l’acceptant, on acceptait ainsi à ses yeux de se renier soi-même, ce qui était la pire des hontes, le pire des châtiments, bien pire que la mort qu’elle était prête à accepter. Et s’il avait raison, s’il ne mentait pas sur les violences physiques ? Aurait-elle pu résister à des tortures ou des menaces de tortures ? Elle trembla en y pensant, la réponse était loin d’être certaine dans son esprit. Ou plutôt, elle avait peur de s’avouer elle-même qu’en admettant que Godion ne lui mente pas, elle n’arrivait pas au dixième de son courage, de son dévouement. Car oui, elle sentait au fond d’elle-même qu’elle aurait sûrement cédé face à des coups et des menaces de tortures, et que non, elle n’aurait probablement pas été capable d’assez d’altruisme pour accepter de se soumettre volontairement à l’esclavage pour sauver d’autres personnes, mis à part celles qu’elle aimait, sa famille proche.

Pour toutes ces raisons, elle décida que, faute de preuve, Godion mentait, car il lui aurait trop insupportable d’accepter tout ce qu’aurait impliqué de considérer qu’il disait la vérité, tant sur elle-même que sur la prétendue cause « juste et bonne » qu’elle servait ou du moins croyait servir.

Honteuse malgré tout, car bien consciente de la potentialité que Godion ne mente pas, même si par commodité elle avait décidé qu’il mentait jusqu’à preuve du contraire, Ætinis baissa les yeux et la tête, en rougissant légèrement au niveau des joues. Sans oser croiser de nouveau le regard sévère de Godion, elle répondit avec respect d’un ton désolé et assez pitoyable, cette fois en faisant les efforts qu’elle faisait habituellement pour essayer, maladroitement, de minimiser son accent du bas peuple forestier :


-Je suis désolée, monsieur.

Elle appuya sur le « monsieur », presque par habitude, comme lorsqu’elle était encore adolescente ou enfante, il y a quelques années à peine, et qu’elle s’adressait aux adultes, ou comme si elle parlait à quelqu’un qu’elle savait supérieur à elle. Un silence gênant aurait pu s’installer, quand soudain la porte mitoyenne s’ouvrit à la volée, laissa apparaître un Ori Aen Elle aussi sévère que Godion l’avait été envers elle. Décidément, c’était son jour, pensa-t-elle... D’un ton sec, son seigneur la sermonna, comme il avait sermonné son esclave juste auparavant, l’appelant aussi « archère », parallélisme troublant avec l’expression de Godion et qui dénotait exactement la même supériorité. Il alterna en outre dans un curieux mélange entre tutoiement et vouvoiement lorsqu’il s’adressa à elle, sans qu’Ætinis sache si la seconde partie de la phrase s’adressait également à Godion et donc si le vouvoiement représentait donc le pluriel, ou si elle était la seule visée par l’injonction de « cesser d’obéir à ses émotions, même devant l’injustice ou la contradiction ».

Ætinis Verteflèche encaissa une fois encore le reproche, dur, mais exact. Elle s’était d’ailleurs dit elle-même dans le carrosse qu’elle devait s’endurcir. Oui, mais à quel prix, lui glissa la petite voix dans sa tête qui représentait sa conscience, le meilleur d’elle-même, le côté qui lui avait toujours dit de se battre pour le bien. Mais à l’inverse, son pragmatisme lui disait qu’elle devait être capable de mettre ses convictions de côté, de faire l’impasse, de s’endurcir, d’être prête à commettre ou regarder commettre le mal sans rien faire, à devenir la méchanceté même, si c’était nécessaire pour arriver à son but. Combattre le mal par le mal.

Elle hésitait encore, mais l’impact des mots de son seigneur fut terrible dans son esprit. Ori Aen Elle venait peut-être de donner une légitimité qu’elle n’avait jamais eue aux penchants les plus noirs d’Ætinis, ceux qu’elle avait toujours réprimés, sous prétexte qu’elle savait pertinemment que c’était mal de s’y adonner. Ceux qui avaient été ravivés par la vision de l’esclave, et du prisonnier partisan de Calédor. Une Ætinis noire, prête à tout pour parvenir au soi-disant bien, inconsciente du fait que commettre le mal n’apporterait jamais un bien. Une Ætinis qui peu à peu pourrait perdre toutes ses illusions et finalement abandonner même l’idée de bien et de mal à terme, pour se consacrer uniquement à sa personne et à ceux qu’elle aimait, qui à écraser les autres.

Ce que venait de dire Ori, cela était le véritable premier pas vers la perversion de l’archère, même si pour l’instant, elle restait encore fondamentalement bonne, une première brèche mentale venait de s’ouvrir, une minuscule fissure dans un mur de principes et de morale jusqu’à présent immaculé. Serrant les dents tandis qu’elle se résolvait à accepter la critique et à prendre plus sur elle à l’avenir, la jeune elfe répondit d’un ton glacial, tandis que tout son être souffrait de la concession terrible qu'elle s'était résolue à accepter, aussi petite soit-elle :


-Oui, monseigneur. Comme vous voudrez, monseigneur.
Modifié en dernier par [MJ] Le Gob' le 18 mai 2016, 23:23, modifié 1 fois.
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Ætinis Verteflèche, voie de l'archère elfe
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Equipement et compétences de combat:
Equipement de combat:
-Lame en or marin : 14+1D8 dégâts, 15 parade
-Arc elfique : 30+1D8 dégâts Malus de -2 TIR tous les 36 mètres, précise : (quand vous utilisez une telle arme lors d'une attaque localisée, vous gagnez un bonus de +2 ATT/TIR. Vous pouvez combiner ce bonus avec celui qui est associé au talent Coups précis/Tir précis...)
-Coutelas : 12+1D6 dégâts, 6 parade.

Compétences de combat :
-Adresse au tir (arcs) : +1 en TIR quand utilise un arc.
-Tir en mouvement : annule le malus pour les tirs en mouvement.
-Tir à déclenchement rapide : Sur un test d'HAB réussi, permet de tirer deux projectiles par round au lieu d'un seul (maximum 2), avec un malus de -1 à chaque tir dans ce cas.
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[MJ] Le Gob'
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par [MJ] Le Gob' »

***

Deuxième jour à Tor Æthil…

Comme Nahël l’avait laissé entendre la veille, une délégation de nobles arriva dans la matinée du jour suivant. Ori, s’étant réveillé aux aurores, pu assister à l’arrivée de l’un des cortèges dans la cour principale de la citadelle, sur laquelle donnait l’une de ses fenêtres. Ayant fait sa toilette matinale, Ori put s’apercevoir que de nouveaux vêtements avaient été déposés, soigneusement pliés, sur un meuble proche de son grand lit à baldaquin. Godion, fidèle au rôle qui lui avait été attribué en dépit des évènements de la veille, semblait s’acquitter de ses devoirs avec application. En effet, à peine Ori eu-t-il fini de se vêtir, que le serviteur réapparut pour servir le petit déjeuner. Ayant anticipé le réveil de son maître, il était allé chercher un assortiment de fruits, pâtisseries et diverses boissons, qu’il avait rapportés des cuisines pour satisfaire l’éventuel appétit d’Ori. Etonnamment, le regard du serviteur n’était pas fuyant, comme s’il ne tenait plus aucun compte de ce qui s’était passé la veille. Ou bien était-ce qu’il tentait de compenser pour son dérapage de comportement ? Toujours est-il que ce premier matin s’annonçait fort agréable pour Ori. Godion demeura immobile à quelques mètres de la table basse sur laquelle avait été déposé le déjeuner, attendant que son maître termine son repas. Il resta là un moment, droit dans sa livrée immaculée, attendant sagement un éventuel ordre d’Ori. Lorsque ce-dernier fut prêt à se rendre à la réception tenue par les Æthil, Godion se proposa pour l’aider à revêtir ses derniers atours, lui proposant plusieurs tuniques appropriées pour l’occasion, issues de la garde-robe de ses appartements. Manifestement, le seigneur Nahël avait tout prévu.

Une fois équipé, Ori put demander à Godion de le mener jusqu’à la salle de réception, qui se trouvait être la salle du trône. Tandis qu’ils cheminaient dans les blancs couloirs de la forteresse, ni l’un ni l’autre ne pipèrent mot. En effet, aux yeux des différentes personnes qu’ils auraient pu croiser au détour d’un corridor, il eut été inconvenant qu’un noble de bonne famille s’entretienne trop longuement avec son serviteur. Qui plus est, les évènements de la veille avaient laissé un certain malaise entre les deux elfes, et Ori avait plusieurs raisons d’être perturbé, au vu du comportement impeccable de Godion. C’était comme si la nuit avait complètement apaisé l’ancien esclave de Nahël. Ori était toujours perdu dans ses pensées lorsqu’ils parvinrent aux portes de ladite salle de réception. Un vieil elfe, probablement quelque majordome, fit signe à Godion de rester sur le seuil, puis s’effaça pour laisser entrer Ori, lui ouvrant la porte tout en s’inclinant gracieusement. Le fils Aen Elle n’eut d’autre choix que de franchir l’embrasure de la grande porte, ce qu’il fit machinalement, sans même y penser, comme irrésistiblement contrôlé par les règles de l’étiquette.

La salle de réception était immense. Et pour cause, car de nombreux nobles étaient déjà présent, et d’autres affluaient encore par différentes entrées. A vue de nez, Ori estimait que la pièce devait faire au bas mot cent-cinquante ou deux cent mètres de long, mais la foule l’empêchait de bien évaluer les distances. Lorsqu’il eut suffisamment examiné les alentours, Ori put avancer, fendant la foule, sans trop savoir que ni qui chercher. Bien évidemment, il ne connaissait personne, aucun visage familier ne se distinguait des autres. Il s’y était attendu, bien sûr, mais se retrouver confronté à une marée d’inconnus indifférents avait peut-être de quoi le mettre mal à l’aise. Ou peut-être avançait-il avec confiance, sans toutefois savoir trop où aller.

Son errance prit fin lorsqu’un elfe le héla, l’abordant sans détours. Il portait de riches vêtements turquoise brodés d’argent, par-dessus une scintillante armure d’écailles en ithilmar. A sa ceinture, deux épées, dont les pommeaux ornementés, sculptés à l’image de deux têtes de félin, brillaient de mille feux. Un troisième fourreau, plus court, et courbe, se distinguait également, mais il devait s’agir d’une arme de cérémonie, car Ori n’en avait jamais vu de pareille. Enfin, pendant au ceinturon de cuir de l’inconnu, une imposante gemme luisait d’une douce lueur bleutée. Relevant les yeux vers son interlocuteur après ce bref examen qui n’avait duré qu’une fraction de seconde, Ori découvrit un visage curieusement familier. L’elfe avait les cheveux noirs, qui lui tombaient jusqu’aux épaules. Deux longues mèches avaient été soigneusement tressées, qui encadraient son visage anguleux. La mine austère, les yeux noirs, le port altier, son interlocuteur se déplaçait d’un pas vif et martial. Il était sans nulle hésitation un noble de haut rang, et bien plus âgé que notre héros. Soudain, un nom refit surface dans la mémoire d’Ori, qui parvint à retrouver l’identité de l’elfe qui lui faisait face. Dranduil… Nagaril. Ori se souvenait avoir entendu ce nom une fois, étant plus jeune, alors qu’il n’avait encore achevé son éducation. Ce nom ne lui disait rien d’autre quant aux motivations de l’individu, mais il lui sembla se souvenir que ce Dranduil connaissait sa famille. En tout cas, il était certain de l’avoir déjà vu, ne serait-ce qu’une fois, même s’ils n’avaient pas été présentés. Cette conviction fut confirmée par la façon dont l’elfe l’apostropha.

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« Ces yeux vifs et intelligents… Comment ne pas reconnaître le fils cadet de mon ami Azuro ?

Vous avez bien grandi, seigneur Ori Aen Elle.

Il me semble que notre dernière rencontre remonte à plus d’un demi-siècle…

Vous étiez encore bien jeune, mais peut-être vous souvenez-vous du nom de Dranduil Nagaril ? »
Seigneur Dranduil Nagaril

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Un sourire avenant aux lèvres, le dénommé Dranduil, patricien de la famille Nagaril, se saisit nonchalamment de deux coupes de vin sur le plateau d’un serviteur, avant de tendre l’une d’elles à Ori.
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« Allons, mettez-vous à l’aise.

Je n’ai plus de nouvelles de votre père depuis que je suis revenu du front de l’Ouest.

Mais si je m’attendais à trouver son rejeton ici…

Heureux hasard, en vérité. »

***


La journée d’Ætinis avait également commencé sous de bons auspices. Et pour cause, puisque quand l’archère s’était réveillée, elle avait eu le plaisir de constater l’absence de Godion. La larve servile au vocabulaire fleuri avait probablement dû se lever plus tôt qu’elle afin d’aller remplir son rôle d’esclave. Qu’il devait être agréable de ne pas avoir cette mauviette dans les pattes alors qu’elle s’éveillait après une bonne nuit de sommeil. Elle aurait le loisir de s’habiller et de faire ses ablutions matinales sans être dérangée par ce poltron prétentieux. Du moins était-ce ce que devait penser l’archère, à mesure qu’elle s’apprêtait pour cette nouvelle journée. Ori serait occupé par la réception aujourd’hui, ce qui signifiait concrètement qu’elle aurait quartier libre. En effet, le nobliau n’aurait pas besoin de son assistance en tant que garde du corps, et elle ne serait pas la bienvenue au milieu de tous ces nobles, ce qui l’empêchait également de s’acquitter de la mission confiée par le frère aîné d’Ori… du moins pour aujourd’hui. Mais ce n’était pas plus mal aux yeux de l’archère, car elle savait comme occuper sa journée, y ayant réfléchi la veille. S’aspergeant le visage d’eau fraîche, l’archère entreprit de récapituler ses projets. Ce matin, elle souhaitait aller visiter les geôles, dans l’espoir de revoir l’étranger aux yeux verts qu’ils avaient fait prisonnier lors de l’escarmouche de l’aller jusqu’à Tor Æthil. Puis, si Ori n’avait pas besoin d’elle, elle irait volontiers tenir compagnie à Nalthaël, qui devait sortir de l’infirmerie aujourd’hui et s’était proposé de l’emmener visiter la ville.

Ætinis n’eut aucun mal à trouver un garde pour l’aiguiller en direction des geôles. L’elfe qui lui indiqua la direction était posté devant une entrée dérobée donnant sur la cour, à l’ombre d’une arcade, qui permettait de rejoindre les niveaux supérieurs de la citadelle seigneuriale via un escalier en colimaçon dont elle avait dévalé les marches quatre à quatre, à tel point il était raide. Le garde donc, se tenait aussi droit que la lance qu’il brandissait, mais se détendit un peu lorsqu’elle lui adressa la parole : même si elle ne portait pas la livrée blanche, noire et bleue des Æthil, elle restait une soldate, et il se montra très coopératif, lui indiquant comment rejoindre les cachots sans poser de questions quant à la raison pour laquelle elle souhaitait s’y rendre. Il était probable que la maison des Æthil soit entourée de tant d’agents de confiance que même les soldats en oubliaient le risque de trahison intérieure. Du moins, en apparence.

Suivant les indications, Ætinis parvint sans peine à la zone des geôles, qui se trouvait enfouie bien profondément dans les entrailles du mont sur lequel était juchée la ville de Tor Æthil. L’air y était plus frais, et les murs étaient tantôt constitués de roche grise, tantôt de pierre taillée. En maints endroits, Ætinis put déceler des sillons d’humidité qui couraient le long des parois. De temps à autres, elle croisait un garde, mais aucun ne fit mine de l’arrêter pour la questionner sur sa destination. Tous les elfes qu’elle croisa affichaient un air absent, lointain, comme en veille. Pour autant, lorsqu’elle passait près d’eux, l’archère pouvait sentir leur regard la suivre jusqu’au prochain angle du couloir : elle en frissonnait presque, comme si la froideur de ces sinistres gardiens au regard vide était contagieuse. Oserait-elle demander son chemin ?

Elle finit par tomber sur une porte de cellule ouverte, un garde tout aussi frigide posté à côté de l’entrée. L’elfe la regarda approcher, et si Ætinis osait croiser son regard pâle, elle aurait été effrayée de n’y trouver aucune once de chaleur. C’était un regard sans vie, mais qui la suivait néanmoins alors qu’elle s’approchait de l’embrasure de la porte. Le garde ne fit rien pour empêcher Ætinis d’entrer. Oserait-elle passer, ou préfèrerait-elle questionner le sinistre individu ? Peut-être pour lui demander pour quelle raison la porte était ouverte ?

Un sanglot étouffé attira l’attention de l’archère, provenant de l’intérieur de la cellule. Bien malgré elle, Ætinis ne put éviter de chercher l’origine de ce bruit, universel signal de détresse des races civilisées. L’acuité entraînée de ses yeux d’elfe et d’archère lui permit de distinguer une silhouette dans la pénombre, agenouillée à même le sol froid du cachot. Elle reconnut en un éclair l’étranger aux yeux verts, enchaîné au mur par les poignets. Un frisson incontrôlable parcourut l’échine d’Ætinis devant un tel traitement infligé à des mains d’archer. Mais son attention se recentra bien vite sur le visage du prisonnier dont elle ignorait le nom : ses yeux s’étant complètement habitués à l’obscurité maintenant, elle put distinguer un visage endeuillé, des joues sillonnées de larmes, et un regard fixe tourné vers le mur opposé.

Suivant le regard de l’elfe à la chevelure brune, Ætinis vit que quelque chose avait été suspendu à un anneau, sur le mur face au prisonnier. Un sursaut d’horreur la secoua lorsqu’elle reconnut le visage mort d’Ælynn, l’elfe décapitée par le capitaine Arthorias lors de l’escarmouche de la veille. Sa tête exsangue était accrochée à un anneau de fer par les cheveux, mais la pâleur mortelle du visage féminin n’était pas le plus horrible aux yeux de l’archère. En effet, des symboles avaient été dessinés sur le visage. Il y en avait trois, un sur chaque joue, et un sur le front de l’elfe. Des trois scarifications, Ætinis n’en reconnut qu’une seule, car tout elfe en Ulthuan avec un semblant de culture religieuse connaissait ce symbole issu du Panthéon eltharin.

C’était la rune de Khaine, le Seigneur du Meurtre, qui semblait avoir été gravée à coups de scalpel dans la peau morte.
Un gobelin inspiré a écrit :Pour toute réclamation ou problème, traversez la forêt et rendez-vous à la Caverne aux Champignons. Mais prenez garde aux vapeurs de bonnet-de-fou...
A l'entrée de la grotte se tient le gobelin : ses vêtements sont crasseux, et ses yeux vitreux. Plusieurs champignons d'une taille impressionnante pendent en grappes à sa ceinture. Dans l'une de ses mains, il tient une feuille d'arbre roulée en cylindre, dont l'extrémité fumante dégage les même fumerolles que celles qui planent lourdement au-dessus de sa tête. Il tire une bouffée de son étrange et longue cigarette, expire ensuite tranquillement par le nez, tout en dévisageant son interlocuteur d'un air rêveur. Puis, il prend la parole, d'une voix cassée, grave et enrouée, comme s'il avait quelque chose de très important à vous chuchoter :


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"Pourquoi cet air si sérieux ?
Écoute-moi bien, voyageur égaré.
Il y a quelque chose dont je voudrai te parler.
En tout temps, en tout lieu, tu dois bien être conscient que :

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En cas de non-respect de ces quelques règles,
Tu serais confronté à cet étrange animal,
Qui du forum régit le Bien et le Mal :
Le Modo, en vérité, créature fort espiègle."

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Un gobelin douteux a écrit :

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Ori Aen Elle
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ori Aen Elle »

Le soleil à peine levé, Ori se réveilla étant un jeune homme aimant se lever tôt, de plus l'excitation du programme de la journée, lui avait empêché de bien fermer l'oeil. Les premières lueurs du jours frappant à sa fenêtre, il ne put s'empêcher d'observer depuis ses appartements les différents cortèges de grandes familles arriver dans la cours du palais.
Mais n'ayant guère le temps à rester à ne rien faire, il quitta son poste de surveillance, dans le but de faire sa toilette matinale, profitant des biens faits de la magnifique salle de bain dont il disposait à loisir. De nouveaux vêtements lui avait été assigné, sûrement apporté par les bons soins de Godion, s'habillant, il portait dès à présent un vêtements rouge, orné de motifs uniques et brodées en argent.

A peine fut il prêt, que Godion arriva dans sa chambre, apportant à son nouveau maître de quoi se restaurer. Ne mangeant que très peu le matin, il ne fit que grignoter quelques fruits, restant plongé dans ses pensées, tandis que son serviteur restait telle une statue non loin de lui, attandant un ordre pouvant arriver à tout moment. Le plus surprenant dans l'attitude de Godion, était que malgré les événements de la veille, celui ci ne semblait en aucun cas troublé, ne fuyant guère le regard du jeune Ori. Le noble ne savait comment le prendre, aussi préféra t'il oublier ce détail... pour le moment...

Dans tout les cas, aidé par le garçon aux cheveux d'or, il pu finir de se préparer, arborant en plus de son vêtement rouge, une tunique noir brodée dans un tissu confortable et hors de prix. Il semblait que Nahël avait tout anticipé pour son invité...
Sortant de sa chambre, guidé par Godion à travers les immenses couloirs blancs du palais, il marcha d'un pas tranquille et sûre, se délectant une nouvelle fois de l'architecture moderne de la demeure des descendants de Valarion. La salle du trône ferait office de salle de réception pour la matinée, en cours de chemin, il croisa déjà quelques nobliaux, mais ormis quelques regards aucun n'échangea avec lui.

Son serviteur toujours prêt de lui, on pouvait sentir un certain malaise entre les deux elfes, Ori n'ayant guère totalement oublié la colère qu'il gardait encore face aux dernières actions de l'elfe blond. Aussi de toute la matinée ils n'échangèrent aucun mot. Arrivant enfin à destination, il fut abandonné par son serviteur, qui d'une révérence, lui ouvrit la porte qui donna accès à la grande salle du trône.

La salle était immense, y émanait une pureté impossible à décrire, l'effet provenant sûrement de la composition des murs en marbre blanc. La foule qui s'y était tassée était nombreuse, tellement d'ailleurs, qu'il en fut légèrement intimidé, se baladant sans but précis, observant les visages des différentes personnes croisé es. Bien sûre, il ne connaissait personne ici, et n'osa pour le moment engager la conversation.

Heureusement pour lui, il ne resta guère longtemps à ne rien faire, car un elfe le héla, vêtu d'une tenue riche et turquoise, portant une armure finement ouvragée. Il portait à sa ceinture deux épées dont les pommeaux représentaient des félins, ainsi que une de plus petite taille et qui devait vraisemblablement être, selon Ori, une arme de cérémonie. Il portait aussi une sorte de diadème bleu et étrange...
L'elfe aux cheveux noir, était selon toute vraisemblance bien plus âgé que lui, et ce fut en observant son visage avec le plus de soin possible, qu'il pu y mettre un nom tiré de ses souvenirs... Dranduil Nagaril... c'était tout ce dont il savait du personnage, se souvenant que dans sa jeunesse, il l'avait aperçu en compagnie de son père Azurö, dans la demeure des Aen Elle. Le seigneur Nagaril lui confirma ses pensées lorsque celui ci fit la comparaison entre ses yeux et ceux de son patriarche.
Le saluant par une révérence protocolaire, il répondit :


«Je préfère dire que je possède les yeux de ma mère, seigneur Nagaril... Il est vrai que la dernière fois que je vous ai vue, vous m'aviez semblé plus grand, à moins que en réalité c'était moi qui était bien trop petit.»

Il afficha un sourire, acceptant au passage la coupe de vin offerte par son homologue. Celui ci voyant que Ori semblait peu à l'aise avec la foule présente, lui demanda de se détendre. Il était fort probable que avec le temps, il prendrai l'habitude de ce genre de réception.
Une nouvelle fois, le sujet de son père fut mit sur la table, son interlocuteur ayant croisé pour la dernière fois Azurö sur le front de l'Ouest.


«Des nouvelles ? Il n'en donne pas même à ces propres fils...»On pouvait sentir une pointe de rancoeur dans ses mots «Un heureux hasard que je partage avec vous, car je ne pensais pas croiser quelqu'un ici me connaissant... Le seigneur Nahël à eut l'amabilité de me faire venir ici, je ne pouvais refuser une telle invitation, surtout quand on voit le nombre de grande famille ayant fait le déplacement.»

Il bu une gorgée de vin, son regard perdu sur la foule, puis l'idée d'une question lui vint, profitant de croiser la route d'un seigneur revenant de l'Ouest

«Pardonnez ma curiosité, mais vous seigneur Nagaril qui revenez de l'Ouest, peut etre serez vous capable de m'éclairer sur la situation actuel. On entend beaucoup de chose ces derniers temps, que je ne sais plus qui croire...»
Modifié en dernier par [MJ] Le Gob' le 21 mai 2016, 08:11, modifié 1 fois.
Raison : +6 xp (total 14). Wikifié.
Ori Aen Elle, Voie de l'aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 14 | Int 11 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | NA 1 | PV 55/55
Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... i_aen_elle
Liste compétences :
• ACUITE VISUELLE (B)
• ALPHABETISATION
• CONNAISSANCE TACTIQUE (E)
• DIPLOMATIE (B)
• ELOQUENCE (E)
• ETIQUETTE (B)
• INTRIGUE DE COUR (B)
• SEDUCTION (B)
• VISION NOCTURNE (E)

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Ætinis Verteflèche
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ætinis Verteflèche »

Cela faisait bien longtemps qu’Ætinis Verteflèche n’avait plus pu profiter d’une bonne nuit de sommeil. A Tor Æthil, elle avait bénéficié du confort d’un lit au sommier de qualité, presque plus, peut-être, que le sien à Ilmaltir. Et pourtant, ce n’était qu’une petite chambre destinée aux serviteurs et aux esclaves. L’archère n’osa imaginer le confort de la chambre d’Ori. Son lit devait probablement avoir la texture d’un nuage pour être plus agréable que le sien !

Se levant alors que le soleil était déjà haut dans le ciel de la cité du Sud de Nagarythe, elle constata avec bonheur que l’esclave Godion était déjà parti, ce qui était une bonne chose, car cela lui laissait le champ libre pour faire convenablement sa toilette sans avoir à se méfier pour ne pas être dérangée par l’importun. Tandis que la très jeune elfe se lavait avec délice, elle pensa à sa mission et se dit qu’aujourd’hui encore, elle ne pourrait pas surveiller son protégé, car ce dernier devait se rendre à une réception de nobles où la présence d’une garde du corps ne serait ni nécessaire, ni opportune. Elle bénéficiait donc d’un quartier libre pendant la journée, un temps qu’elle comptait bien exploiter.

Se sentant un peu coupable de profiter de cette vie relativement détendue alors qu’elle s’était engagée pour se battre contre la tyrannie, elle alla s’habiller de son habituelle tenue verte. En passant, elle en profita pour s’équiper comme elle se devait, et vérifia que tout son paquetage était entier. On ne savait jamais, avec un ancien partisan de Calédor asservi dans sa chambre, mieux valait être prudente. Après avoir attaché son épée nue à sa ceinture, cachée sous sa cape, elle testa son arc et le mit dans son dos, ainsi que son carquois dont elle compta minutieusement les flèches. Il était hors de question que ce Godion ne lui vole ne serait-ce que le moindre petit objet, et encore moins un de ses projectiles qu’elle avait taillés elle-même, et avec lequel il aurait pu tenter d’attenter à la vie de quelqu’un.

Dès qu’elle fut rassurée, certaine qu’il ne lui manquait rien et que l’esclave n’avait pas saboté ni sa lame, ni son arc –corde comprise-, ni ses flèches, la jeune fille se décida à rendre visite au prisonnier qu’ils avaient fait la veille lors du trajet en carrosse. Ce si jeune elfe qui lui ressemblait tant, mais en version masculine et dans le camp de Calédor. Elle ne savait toujours pas trop quoi penser de lui. D’un côté, il avait blessé Nalthaël, mais heureusement celui-ci était maintenant sauvé, grâce à l’intervention miraculeuse de l’archimage Cythar l’Eclatant. De l’autre, il disait se battre pour les mêmes causes qu’elle, il avait probablement simplement été abusé et avait choisi le mauvais camp. Et puis, qui était-elle pour lui en vouloir pour avoir obéi aux ordres et blessé Nalthaël, alors qu’elle aurait fait la même chose à sa place, elle en était sûre, et d’ailleurs, le fait était qu’elle avait blessé la dénommée Ælynn et que par sa faute, celle-ci avait été tuée par le terrifiant capitaine Arthorias, décapitée pendant sa fuite. L’archère n’arrivait pas à effacer de sa conscience un certain sentiment de culpabilité à cet égard, justement. Il lui brûlait d’en savoir plus sur cette jeune femme dont elle avait malheureusement contribué à écourter l’existence.

Ætinis savait bien sûr qu’elle aurait dû se réjouir de la mort d’une ennemie, d’une traitresse, se vanter d’y avoir participé, même. Mais il n’y arrivait pas. C’était d’une elfe qu’il s’agissait là, d’une elfe exactement comme elle. Cette fille avait perdu la vie par sa faute et cela la rendait presque malade d’y repenser, mais ce nom et ce visage resteraient pourtant à jamais gravés dans son esprit, jusqu’à l’heure de sa propre mort. Se ressaisissant un peu, elle se souvint des mots durs de son seigneur, la veille au soir. Elle devait s’endurcir, arrêter d’écouter ses émotions. Mais alors, pourquoi désirait-elle tant aller voir le prisonnier ? Pourquoi voulait-elle en savoir plus sur lui et sur cette Ælynn ? Pourquoi s’identifiait-elle tellement à lui ?
Se mentant encore à elle-même sciemment, elle trouva l’excuse de la curiosité pour y aller quand même sans fonder sa visite sur son sentiment de culpabilité, même si évidemment elle n’était pas dupe : on ne pouvait pas si facilement se tromper soi-même.

Curieusement, avec le recul, Verteflèche se rendit compte qu’elle ressentait beaucoup moins de colère qu’avant en repensant au prisonnier, mais toujours autant d’empathie et de compassion à son égard. Sans doute était-ce le fait qu’elle sache que désormais, Nalthaël était tiré d’affaire. Elle se demanda comment elle pourrait bien l’aborder et ce qu’elle ressentirait en le revoyant, enfermé dans une cellule, à vie, en vertu de la terrible sentence prononcée par Ori. Oui, cet elfe était dangereux et il méritait de la prison, mais Ætinis pensait que puisqu’il n’avait tué personne, on pourrait peut-être un jour lui accorder au moins une chance de libération en cas de rédemption. Vivre des siècles entiers enfermé dans une cage, c’était un supplice terrible.

L’archère des Aen Elle n’eut aucun mal à trouver le chemin des cachots. Les gardes coopérèrent volontiers avec elle, lui indiquant la bonne direction sans même la questionner sur ses motivations. Sans doute était-ce dû au fait qu’elle était elle aussi soldate, comme le prouvait le port ostensible de son arc et de son carquois, son épée étant elle cachée sous les plis de sa cape. Comme elle ne relevait pas des troupes des Æthil, puisqu’à l’évidence elle ne portait pas leur uniforme, ils croyaient peut-être avec raison qu’elle obéissait à un autre seigneur, ou, se fiant à son habit forestier, qu’elle était une sorte de spécialiste des milieux boisés, une sorte de membre d’une force spéciale dotée d’une mission très spécifique.

Quoi qu’il en soit, elle nota au passage l’extrême professionnalisme des gardes de la citadelle de Tor Æthil. Ces soldats étaient tous froids et détachés, surtout ceux des geôles. La fille de bûcheronne les comprenait d’une certaine manière, car leur rôle ne devait pas être très drôle. Pire, voire des prisonniers toute la journée, cela devait être franchement déprimant, et il leur fallait sûrement « déconnecter », rendre plus abstrait, plus machinal, moins elfique tout cela pour ne pas en souffrir. Bref, encore une fois, « cesser d’obéir à ses émotions », et donc, par extension, cesser d’en ressentir, afin de ne pas être brisée par la lourdeur psychologique de leur travail. C’était sûrement cela, mûrir, devenir adulte, et plus encore, une soldate : ne plus rien ressentir, se dit-elle avec un frisson : était-ce vraiment cela qu’elle voulait pour son avenir ? Le pourrait-elle seulement ?

Enfin, sans même avoir eu besoin de demander son chemin une nouvelle fois, elle arriva devant une cellule à la porte ouverte, gardée par un geôlier qui semblait lui avoir réussi à faire le vide de toute émotion. Il resta immobile telle une statue de marbre, seul son regard glacial suivant le moindre mouvement de l’archère. Cette dernière supposa que puisque la porte était ouverte, rien ne s’opposait à ce qu’elle y entre. D’ailleurs, si ce n’était pas le cas, le garde n’aurait eu qu’à l’arrêter. D’un pas décidé, elle poussa donc le battant et entra dans la cellule sans demander son reste. Elle était pressée d’en savoir plus sur le prisonnier et sur cette Ælynn qui la hantait. Certes, il était également intrigant de savoir pourquoi on laissait les portes de cellules ouvertes, mais cela, elle pourrait le demander en sortant, alors que peut-être, elle ne pourrait parler longtemps avec le prisonnier si elle perdait son temps à questionner le geôlier.

Ætinis, en entrant, entendit les pleurs du prisonnier, et en un éclair, s’aperçut tout de suite qu’elle ne s’était pas trompée. Il s’agissait bien du jeune elfe capturé la veille. Il était dans un cachot froid, humide et sombre, ses mains enchaînées au mur. Il n’avait aucune marge de manœuvre, aucune liberté, et était obligé de rester agenouillé dans la même position. Il semblait souffrir terriblement, et sa simple vue fit un pincement au cœur de notre héroïne. Mais ce n’était pas le pire, car son regard était fixé sur le mur en face de lui, où était accroché la tête tranchée d’Ælynn, mise en évidence dans la mince lumière qui descendait d’un puits de lumière dans le plafond. Cette vision arracha un sursaut d’horreur à Verteflèche, suivi d’un sentiment de malaise qui s’accentua lorsqu’elle vit que l’on l’avait mutilée, en taillant des runes dans la chair, y compris celle du dieu Khaine.

Notre archère, en voyant cela et les larmes qui s’écoulaient des beaux yeux verts, semblables aux siens, du prisonnier, eut d’abord envie de décrocher la tête tranchée. Puis elle se souvint des paroles de son seigneur, Ori, et serra les dents et les poings, tandis qu’elle se répétait intérieurement, allant contre sa conscience :
*N’écoute pas tes émotions, il l’a bien mérité. N’écoute pas tes émotions, tu dois t’endurcir, Ætinis. C’est un mal nécessaire au plus grand bien…* Mais elle voyait mal en quoi torturer le prisonnier pouvait être nécessaire au plus grand bien, elle n'arrivait pas à se convaincre par ses mensonges. Au prix d’un terrible effort de volonté, et certaine en elle-même d’être en train mal agir, du moins sur le court terme, elle détourna son regard de la tête d’Ælynn pour s’approcher du prisonnier auprès duquel elle s’assit en tailleur, afin d’être à sa hauteur. Avec un pâle sourire qui se voulait réconfortant et une main hésitante, elle voulut sécher les larmes qui coulaient sur les joues du prisonnier. Puis, d’une voix douce et timide, et plutôt basse pour éviter que le garde ne surprenne leur conversation, elle lui parla, essayant de modérer au plus son accent pour rendre ses paroles facilement compréhensibles :

-Bonjour. Je ne sais pas si tu te souviens de moi, Ætinis Verteflèche. N’aie crainte, je suis venue pour te voir et te parler, non en ennemie, mais en sœur de la race elfe. D’une archère à un archer… Je… Pour Nalthaël, le cocher, sache qu’il est sauvé, Isha soit louée.

Elle ne savait pas trop pourquoi elle lui disait ça, sans doute parce qu’elle projetait ses propres peurs et cas de consciences sur le prisonnier. Elle se disait que ce qu’elle pouvait ressentir à l’égard d’Ælynn, lui devait le ressentir envers Nal. Les yeux remplis de tristesse, elle plongea son regard dans celui étrangement semblable du prisonnier, prit une inspiration, et osa enfin lui avouer la raison de sa visite, sur le même ton que précédemment, et toujours en murmurant pour éviter que le garde n’écoute ce qu’elle avait à dire, c’était bien trop personnel :

-Je… Je suis désolée, désolée pour Ælynn… Je repense à elle tout le temps depuis cet instant. S’il y a une fautive à blâmer pour sa mort, c’est bien moi.

Elle eut un petit rire nerveux et amer avant de reprendre :

-C’est drôle, tout le monde semble penser que je devrais être fier de ce que j’ai fait, même moi, avant ça, je rêvais d’être une grande guerrière. Mais je ne peux pas… Ca me rend malade. Elle était en train de fuir, elle n’était plus un danger… Je l’ai condamnée. Son visage, il reste gravé dans ma mémoire, il me hante, et je me sens coupable. Pas une seconde ne se passe sans que je regrette ce que j’ai fait.

Et toi aussi, tu es là… Mon seigneur a ordonné que tu finisses ta vie ici, mais je te jure qu’une fois cette guerre finie, je ferrai tout pour te sortir de là. Je n’approuve pas ce qu’ils te font. Les prisonniers de guerre devraient avoir droit à un traitement décent. Spartiate, mais décent. Une liberté de mouvement dans ta cellule, un lit, de quoi faire ta toilette et tes besoins proprement.


Serrant les dents et accordant un regard à la tête coupée qui était située derrière elle, Verteflèche compléta, d’un ton ou perçait une souffrance certaine :

-Et les morts méritent tous le respect... Celui qui a fait ça est un monstre.

Après une courte pause, elle en vint à la question qui lui tenait le plus à coeur :

-S’il te plaît, parle moi d’elle, parle moi d’Ælynn. J'aimerai... J'ai besoin de la connaître...
Modifié en dernier par [MJ] Le Gob' le 22 mai 2016, 14:55, modifié 1 fois.
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Ætinis Verteflèche, voie de l'archère elfe
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Equipement et compétences de combat:
Equipement de combat:
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-Arc elfique : 30+1D8 dégâts Malus de -2 TIR tous les 36 mètres, précise : (quand vous utilisez une telle arme lors d'une attaque localisée, vous gagnez un bonus de +2 ATT/TIR. Vous pouvez combiner ce bonus avec celui qui est associé au talent Coups précis/Tir précis...)
-Coutelas : 12+1D6 dégâts, 6 parade.

Compétences de combat :
-Adresse au tir (arcs) : +1 en TIR quand utilise un arc.
-Tir en mouvement : annule le malus pour les tirs en mouvement.
-Tir à déclenchement rapide : Sur un test d'HAB réussi, permet de tirer deux projectiles par round au lieu d'un seul (maximum 2), avec un malus de -1 à chaque tir dans ce cas.
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[MJ] Le Gob'
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par [MJ] Le Gob' »

La question d’Ori était plutôt logique dans ce contexte, et elle ne surprit guère son interlocuteur, qui avait par ailleurs l’allure d’un individu maîtrisant toutes les subtilités des réceptions mondaines. Aussi le seigneur Dranduil ne broncha-t-il pas suite à la remarque respectueuse d’Ori au sujet de l’origine de sa couleur d’yeux si particulière. Bien au contraire, l’aîné des deux eut un grand sourire, avant d’ajouter d’un ton amusé.
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« Vous avez certes hérité des remarquables yeux de votre défunte mère.

Toutefois, c’est l’intelligence teintée d’ambition que j’y ai lu qui m’a rappelé le regard de mon ami Azuro.

Je puis vous conter notre histoire, si vous le souhaitez. »

La conversation était bien lancée, et les deux nobles poursuivirent leur discussion, le verre à la main, fendant la foule des autres convives, Ori se laissant guider par le patricien qui avait déjà repris la parole, et s’était lancé dans un récit riche d’informations.
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« J’ai fait la connaissance de votre père lorsque nous avions votre âge. Lui et moi étions -et sommes toujours probablement- similaires en bien des aspects : tous deux issus d’une famille nagarythienne de renom, nous venions de finir notre éducation princière, et étions pressentis, en tant qu’aînés de nos fratries respectives, pour diriger nos maisonnées le jour venu.

Dans notre jeunesse, nous avions coutume de jouter ensemble, l’arme à la main, lorsque nous nous rencontrions. Je sortais généralement vainqueur de nos passes d’armes, mais votre père ne déméritait pas, étant lui-même un fin épéiste.

Lorsque nous sommes devenus chefs de nos famille respectives, les choses ont changé à mesure que nous étions confrontés à nos nouvelles responsabilités. Nous n’avions plus autant d’occasion de nous rendre visite, et notre relation s’est teintée d’une distance qui n’a jamais disparu depuis. Un bon vieux temps révolu, pour ainsi dire. »

Dranduil s’interrompit dans son long récit, et but une gorgée de vin avant de reprendre, son regard vif toujours rivé à celui d’Ori, à l’affût de la moindre réaction de sa part.
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« Nous nous sommes récemment croisés sur le front Est, et Asuryan soit loué, nous avons été soulagés de nous savoir dans le même camp dans le contexte actuel.

Azuro était en bonne santé la dernière fois que je l’ai vu, seigneur Ori, rassurez-vous donc à ce sujet.

Toutefois, on ne peut pas en dire autant du front Est. Les affrontements sont encore de l’ordre de l’escarmouche, en divers lieux, mais même si nous sommes indéniablement sur l’offensive, la progression de l’essentiel de nos forces en direction du Sud d’Ulthuan été fortement ralentie.

L’objectif premier était de reprendre les Royaumes de l’Est, jusqu’à hauteur de l’île de l’Autel d’Asuryan, tout en maintenant un statu quo ici à l’Ouest. Mais la tournure des évènements justifie probablement certains changements de stratégie.

Je crois d’ailleurs que le prince Malékith prévoit prochainement de se déplacer jusqu’à Tor Æthil.

Vous n’avez jamais rencontré notre glorieux meneur, je crois, seigneur Ori ? »

***


Le sinistre spectacle auquel avait assisté Ætinis l’avait manifestement perturbée, à tel point qu’elle avait décidé de pivoter de façon à sortir la tête suspendue de son champ de vision. Libérée de la contemplation morbide de cette macabre mise en scène, l’archère put de nouveau mettre de l’ordre dans ses pensées. Accablée par un étrange remord qu’elle n’assumait qu’à moitié, une part d’elle tentant désespérément de la dédouaner de son implication dans les récents évènements, Ætinis brûlait d’envie d’en savoir davantage sur cette elfe inconnue qu’elle avait contribué à abattre. Elle voulait pouvoir repenser à l’histoire de cette Ælynn, comme si sa mémoire constituait un devoir inhérent à sa fonction de soldat.

De manière assez surprenante, son petit monologue d’excuses mêlées de questions ne fut pas sans réponse, puisque le prisonnier remua, levant les yeux vers elle. Son visage était marqué par d’impressionnantes cernes, mais il ne semblait pas blessé. En revanche, sa voix était terriblement rauque lorsqu’il lui répondit, l’ayant visiblement reconnue.

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« Ælynn était… la lumière de mes jours.

Sa manière d’être, son sourire… Tout en elle me faisait garder espoir en l’avenir.

Elle était… d’un optimisme rayonnant, quelle que soit la situation. A l’entendre, notre peuple allait trouver une issue pacifique à cette guerre.

Maintenant qu’elle est partie… »

La voix du prisonnier trembla, ce qui résulta en une pause dans la narration, le temps qu’il reprenne contenance.
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« Maintenant qu’elle est partie, je suis perdu.

Elle disparue… ce monde ne vaut pas la peine d’être vécu. »

Le regard de l’elfe aux yeux verts croisa enfin celui d’Ætinis, et celle-ci put y lire une souffrance infinie, doublée d’un vide effrayant, semblable à celui qu’elle avait observé dans celui de certains gardes en venant jusqu’ici. Toute trace de haine ou de vindicte avait disparu : c’était maintenant un regard vide de toute émotion dans lequel s’était plongée l’archère.

Soudain, une lueur enfiévrée apparut dans les yeux du détenu, comme s’il venait de réaliser quelque chose. Relevant nettement la tête, il s’adressa à Ætinis d’un ton pressant.

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« Je… Je ne nourris aucune rancœur envers toi, archère.

Tu as fait ton travail, il s’est simplement trouvé que tu sers le camp de l’infamie et du chaos. »

Etait-ce une teinte de folie qui était apparue dans le regard enfiévré de l’elfe, alors qu’il concluait, à mi-voix, ses paroles à peine audibles crachées dans un souffle rauque :
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« Tu… Tue-moi. Maintenant.

Le capitaine au visage blême sera bientôt de retour.

Je t’en supplie… Fais vite.

Permet-moi de rejoindre Ælynn… »
Un gobelin inspiré a écrit :Pour toute réclamation ou problème, traversez la forêt et rendez-vous à la Caverne aux Champignons. Mais prenez garde aux vapeurs de bonnet-de-fou...
A l'entrée de la grotte se tient le gobelin : ses vêtements sont crasseux, et ses yeux vitreux. Plusieurs champignons d'une taille impressionnante pendent en grappes à sa ceinture. Dans l'une de ses mains, il tient une feuille d'arbre roulée en cylindre, dont l'extrémité fumante dégage les même fumerolles que celles qui planent lourdement au-dessus de sa tête. Il tire une bouffée de son étrange et longue cigarette, expire ensuite tranquillement par le nez, tout en dévisageant son interlocuteur d'un air rêveur. Puis, il prend la parole, d'une voix cassée, grave et enrouée, comme s'il avait quelque chose de très important à vous chuchoter :


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"Pourquoi cet air si sérieux ?
Écoute-moi bien, voyageur égaré.
Il y a quelque chose dont je voudrai te parler.
En tout temps, en tout lieu, tu dois bien être conscient que :

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En cas de non-respect de ces quelques règles,
Tu serais confronté à cet étrange animal,
Qui du forum régit le Bien et le Mal :
Le Modo, en vérité, créature fort espiègle."

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Un gobelin douteux a écrit :

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Ori Aen Elle
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ori Aen Elle »

Le seigneur Dranduil et Ori continuèrent leur discussion, la foule présente continuant de s'agiter dans tous les sens, chacun discutant de chose et d'autre, histoires personnels ? Affaires politiques ? Nouvelles rencontres ? La noblesse présente discutait de tout et de rien à la fois. Verre en main, Ori savourant le doux nectar dans sa coupelle, avançant au rythme de son interlocuteur, écoutant son récit sur sa rencontre avec son père, il écouta les passages de cette histoire d'une oreille distraite, sans pour autant le faire remarquer, histoire de ne pas irriter son homologue. Ses yeux se perdirent dans la foule, cherchant un point précis à observer, mais ne trouvant rien de particulier, puis son regard se posa sur deux charmantes créatures, murmurant en l'observant, se sentant bête sur le moment, il afficha tout simplement un sourire, la gente féminine, bien que compliqué à cerner même pour lui, avait toujours eut un faible en sa faveur, il était fort probable que le jour où il devrait se marier, il trouverai assez aisément une compagne digne de son rang. Son visage d'ange, et ces yeux uniques, ainsi que son nom lui donnaient toute les qualités requise pour obtenir bien des privilèges auprès des femmes.
Son regard se reporta rapidement sur le seigneur Dranduil, qui venait de terminer son petit monologue, non sans une certaine pointe de nostalgie dans la voix. Il semblait que le patriarche des Aen Elle et le noble avaient partagés de bons moments durant leur enfance. Nagaril insinuant même qu'il était bien meilleur que Azurö au combat, la chose était plus que terrifiante à imaginer, tant Ori savait à quel point son père était craint pour ces qualités au combat. Dans tout les cas, le temps et les responsabilités avaient séparé les deux hommes, à telle point qu'ils ne s'étaient plus revue, tout du moins dans des circonstances normales.


"Mon père est comme cela, il en oublie même parfois qu'il à des enfants, je n'ose imaginer comment il considère ces amis..."

Une nouvelle fois, cela avait été dit sur le ton de l'amertume. On pouvait donc aisément comprendre que la relation du jeune Aen Elle avec son père était plus que compliqué. Il fallait le comprendre aussi, comment pardonner un père qui n'était jamais présent pour lui, en particulier depuis sa plus tendre enfance, depuis que sa mère avait disparu tout particulièrement. Un père qui n'avait qu'un nom à la bouche, celui de son fils aîné : Eredin, le jeune Ori vivant dans l'ombre des exploits de son frère.

Le seigneur Dranduil s'attarda sur lui, posant son regard à l'affût de la moindre expression susceptible de trahir ces pensées. Puis il enchaîna, répondant à la question qu'il avait posé plus tôt, le jeune noble l'écouta avec attention, voulant comprendre les enjeux des dernières manœuvres politiques et militaires dans la région. Nagaril tenta de le rassurer sur le fait qu'il avait vu son père pour la dernière fois au front est, où il avait été vu en bonne santé. Bien que cela ne se voyait pas, Ori fut content de l'apprendre, après tout, on parlait de son paternel...
Pour le moment, le front est était le théâtre de quelques combats, similaires à des escarmouches sans réel impact sur la guerre, mais les troupes du roi sorcier étaient dans une idée offensive, cela lui fut confirmé, l'ombre de la guerre avançait à grand pas. Le but étant de conquérir le plus de territoire possible, tout en tentant de garder l'Ouest en paix, les deux camps s'affrontant seulement à travers des plans politiques, dans l'espoir de voir de nouveaux alliés leur porter allégeance. Mais il semblait que la stratégie devait changer, et c'était pour cela que toutes les grandes familles de la noblesse s'étaient réunis ici à Tor Æthil.
De plus, il semblait bien que le prince Malékith allait se déplacer en personne pour discuter de futurs manœuvres, on put voir le visage de Ori rayonner à cette nouvelle, l'idée de rencontrer son roi représentait pour lui un privilège immense.


"En effet, je n'ai jamais eut l'occasion ni de le voir, ni de l'entendre, et j'ai hâte d'enfin pouvoir voir notre roi."

Puis buvant une nouvelle fois dans sa coupe de vin pour la finir, il reposa son verre, le donnant à un des nombreux serviteurs assurant le service en salle.

"Dîtes moi, j'aimerai que vous puissiez m'éclairez une nouvelle fois de votre précieux savoir, si je vous parle de Tor Velanor, serez vous capable de m'en dire plus sur ce lieu et sur la famille qui la dirige ?"
Modifié en dernier par [MJ] Le Gob' le 26 mai 2016, 00:49, modifié 1 fois.
Raison : +6 xp (total 20). Wikifié.
Ori Aen Elle, Voie de l'aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 14 | Int 11 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | NA 1 | PV 55/55
Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... i_aen_elle
Liste compétences :
• ACUITE VISUELLE (B)
• ALPHABETISATION
• CONNAISSANCE TACTIQUE (E)
• DIPLOMATIE (B)
• ELOQUENCE (E)
• ETIQUETTE (B)
• INTRIGUE DE COUR (B)
• SEDUCTION (B)
• VISION NOCTURNE (E)

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Ætinis Verteflèche
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ætinis Verteflèche »

L’archère écouta avec attention la réponse du prisonnier au nom inconnu. Elle fut surprise par cet émouvant récit qui la toucha, mais aussi par le changement brusque dans l’attitude de l’elfe aux yeux verts. Elle se souvenait de sa combattivité, de sa colère, de ses premiers mots suite à sa capture. Il affirmait alors qu’il ne pourrait jamais leur pardonner d’avoir tué Ælynn. Maintenant, au contraire, l’acte qui lui avait donné dans un premier temps l’envie de résister et de se venger semblait l’avoir totalement vidé de tout espoir. En fait, il semblait perdu, en pleine dépression.

Et pour cause, il sut expliquer par ses mots la nature des sentiments qu’il éprouvait pour sa défunte compagnonne. Il s’agissait d’amour, à n’en point douter, un sentiment qu’Ætinis n’avait jamais personnellement éprouvé pour quelqu’un qui n’était pas membre de sa famille, mais dont elle avait tant entendu parler par les poètes et les histoires qu’elle inspirait qu’elle ne pouvait pas s’y tromper. Un sentiment tellement fort qu’il désespérait l’homme face à elle à tel point qu’il semblait lui ôter l’envie de vivre. C’était très curieux, mais pour l’instant, de ce qu’elle en voyait, Verteflèche se félicita de l’ignorer quant elle constatait quels étaient ces effets. Tomber amoureuse ne serait certainement pas non plus totalement mauvais, pensait-elle, mais pour l’instant elle était très heureuse comme cela et ne ressentait pas ce besoin ni même une simple envie de partager une relation amoureuse avec qui que ce soit.

Notre héroïne fut en revanche grandement soulagée quand le prisonnier la pardonna pour ce qu’elle avait fait. Cela lui ôta un grand poids des épaules, même si au fond d’elle, elle se sentait toujours coupable, au moins ses excuses avaient-elles été entendues et acceptées. Ætinis détestait faire sciemment le mal, même pour une cause juste, et blesser un elfe, ce qui avait entraîné sa mise à mort était indéniablement et fondamentalement un acte mauvais dans son esprit, quelque soit les raisons de cet acte. Toutefois, elle fut confortée dans la nécessité de son action par la réponse du prisonnier. Oui, elle avait fait le mal, et oui, elle devait l’assumer, car c’était la seule chose à faire pour parvenir à vaincre les traîtres et les félons, ceux qui servaient le camp de l’usurpateur Calédor. C’était affreusement difficile et douloureux, horrible même, mais c’était une nécessité pour rétablir la paix, le bien et la justice en Ulthuan.

Oui, c’était pour ça qu’elle s’était engagée. Elle avait idéalisé l’armée dans un premier temps, et avait vite déchanté dès son premier combat. Il n’y avait rien de glorieux à tuer des gens, qui plus est des gens qui comme elle n’étaient que des pions sans aucune importance, manipulés sciemment par des supérieurs, et acceptant cela pour servir des idéaux. Mais ce qui était glorieux, c’était de faire ce qui était nécessaire, au péril de sa vie, et au prix de sacrifices terribles, y compris à la morale. Accepter de faire consciemment le mal pour en vaincre un plus grand et rétablir finalement le bien, définitivement. C’était ça qui était réellement héroïque, pensa-t-elle.

En entendant les demandes suicidaires de son vis-à-vis, elle eut un petit sourire ironique. De la part de quelqu’un dans sa situation, ce n’était pas réellement surprenant. Dans les histoires qu’on lui racontait, nombre d’amants s’étaient tués parce qu’ils ne supportaient pas de vivre sans leur âme sœur, voire, pire encore, parce que leur amour n’était pas partagé. Décidément, ce sentiment était bien destructeur en réalité, et elle se jura de garder la tête froide, elle, s’il s’avérait qu’un jour elle tombe amoureuse.

Par ailleurs, mis à part psychologiquement à cause de la tête tranchée et mutilée d’Ælynn et par ses chaînes qui l’empêchaient de se reposer convenablement en le forçant à rester dans la même position intermédiaire, le prisonnier ne semblait pas avoir souffert de torture, ce qui était tant mieux et tendait à prouver qu’elle était dans le bon camp. Car elle n’osait imaginer ce que l’usurpateur Calédor faisait à ses propres prisonniers. Celui-là n’hésitait sûrement pas à les torturer pour les briser, et à les réduire ensuite à l’état d’esclaves. En hochant la tête négativement, elle pensa :
*Voilà où mène la propagande de ce monstre de Calédor qui n’a pas hésité à massacrer tant de princes de noble sang au temple d’Asuryan, et à y blesser notre roi légitime, tout cela pour satisfaire ses ambitions personnelles malsaines. Des gens de bien comme lui ont l’esprit totalement embrouillé, retourné. Il me croit dans le camp du mal, c’est incroyable ! Ne voit-il pas l’évidence ? Et son amie Ælynn, qui espérait la paix… Pourquoi a-t-elle rejoint le camp des traîtres, des menteurs et des tueurs ? Que de vies gâchées à cause de mensonges pourtant grossiers. Il faut qu’il ouvre les yeux !*

Pour Verteflèche, il était en outre hors de question de tuer qui que ce soit de sang froid sans nécessité absolue. Cet homme qui plus que jamais lui inspirait de la pitié était désespéré, mais il ne pensait qu’au négatif. Oui, Ælynn était morte et ne reviendrait jamais. Mais sa vie à lui n’était pas terminée. Il devait défendre des valeurs, et s’accrocher. Renoncer si tôt à la vie était pour elle un acte d’une grande lâcheté, d’une grande faiblesse, et aucunement réfléchi de surcroît, car en se tuant, il aurait lui-même fait du mal à sa famille, aux gens encore en vie qui l’aimaient et voulaient le revoir. Non, la vie n’était pas finie, il pourrait peut-être même retomber amoureux d’une autre elfe, qui savait ?

Et surtout, Ætinis n’avait encore jamais tué personne. Même en situation de combat, elle répugnait à tuer. Elle en était persuadée, les dieux veillaient sur eux et les jugeraient en fonction de leurs actions. Que penseraient Asuryan et Isha d’elle si elle mettait fin à la vie d’un des siens, de son propre peuple, d’une partie de leur création ? Et elle mourrait de peur à l’idée d’ôter sa premier vie, craignant pour son âme de commettre un acte tellement mauvais par nature qu’il en était irréversible. Tuer quelqu’un, prendre une vie de sang froid, c’était au dessus de ses forces actuelles, même si on lui avait ordonné de l’exécuter, elle n’aurait su si elle l’aurait pu.

Ætinis Verteflèche répondit d’une voix aussi douce qu’elle le put à son camarade, mais avec assez de fermeté pour lui montrer qu’elle ne changerait pas d’avis. Il y avait des flammes dans ses yeux lorsqu’elle parla, avec toute la force de ses convictions profondes personnelles. Ce qu’elle disait reflétait tout son être, toute sa façon de penser, tout ce qu’elle était, et à travers sa bouche, c’était son cœur qui parlait :


-Non, il n’en est pas question. Je ne suis pas une tueuse. Je m’en veux déjà assez de ce que j’ai fait à Ælynn et des conséquences de mon acte, même si je sais qu’il était nécessaire à défaut d’être juste et bon. Pense à tous ceux qui toi aussi t’aiment. Ta famille, et peut-être quelque part une autre elfe, qui maintenant ou plus tard t’aimera. Pense à Asuryan, notre créateur et protecteur. Pense à Isha, notre mère à tous qui nous aime. Pense à Ælynn, si elle t’aimait comme tu l’aimes, tu sais qu’elle aurait aimé que tu vives et sois heureux de nouveau.

Tu es jeune, comme moi. Tu dois être fort, même dans ces moments difficiles. Si tu crois que ça me fais plaisir de devoir me battre, tu te trompes, je préfèrerai mille fois vivre une vie tranquille dans mon village forestier à m’occuper de menuiserie. Mais j’ai été élevée comme une vraie elfe de Nagarythe. Je sais que même si c’est dur, je dois me forcer, affronter mes peurs et même mes sentiments en faisant le mal, parce que je me bats pour une cause juste et bonne et qu’il n’y a pas d’autre solution pour éviter un plus grand mal, comme tu crois le faire toi-même, comme Ælynn croyait le faire. Tu la disais pacifiste, pourtant, elle a fait comme moi ce qu’elle croyait nécessaire de faire en se battant pour un camp, même si vous avez été abusés par des mensonges, car Malékith est le souverain légitime d’Ulthuan, il est bon et sous son règne notre Île prospérera comme jamais, une fois l’infâme tyran usurpateur et meurtrier vaincu. Ne te déshonore pas. Ne gâche pas sa mort en baissant les bras. Vis et bats-toi pour une cause honorable.

Après cette défense passionnée de ses idées, Ætinis reprit son souffle et continua, d’un ton un peu moins enflammé, mais toujours sans le quitter des yeux, d’une voix un peu plus faible, pour être sûre de ne pas être entendue du garde, du moins à priori :

-Quant à celui dont tu parles, il s’appelle le capitaine Arthorias. Je ne devrais pas te le dire, mais il m’effraye un peu. C’est lui qui a fait tout cela, hein ? On ne devrait pas traiter un elfe de cette façon, fut-il l’usurpateur en personne. Quant à mutiler un cadavre… Ælynn mérite une sépulture, et je te promets que je vais faire ce qui est en mon pouvoir pour qu’elle trouve le repos, je lui dois au moins ça.

D’une voix plus forte et plus assurée Verteflèche termina :

-Mais n’aie crainte. Mes seigneurs sont bons et justes, tu es dans le camp du roi légitime qui ne veut que le bien de ses sujets. Il n’a aucune intention de faire du mal à son peuple, même si comme toi il s’est rebellé contre lui à la suite de tromperies, et ne tolérerait pas l’utilisation de la torture comme ton camp la pratique. Le capitaine Arthorias ne te ferra rien, sinon quoi je l’en empêcherai. Je le dénoncerai à son seigneur qui assurément le punira et ferra cesser tout mauvais traitement. En plus, j’ai des doutes sur sa loyauté envers notre camp, il vous a quand même traités de « loyalistes », alors que tout le monde sait que c’est nous, les loyalistes !

Ætinis n’avait aucune envie de toucher la tête coupée, mais elle était prête, si cela était possible, à se faire violence et à la décrocher pour aller l’enterrer dignement…
Modifié en dernier par [MJ] Le Gob' le 26 mai 2016, 22:42, modifié 1 fois.
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Ætinis Verteflèche, voie de l'archère elfe
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Equipement et compétences de combat:
Equipement de combat:
-Lame en or marin : 14+1D8 dégâts, 15 parade
-Arc elfique : 30+1D8 dégâts Malus de -2 TIR tous les 36 mètres, précise : (quand vous utilisez une telle arme lors d'une attaque localisée, vous gagnez un bonus de +2 ATT/TIR. Vous pouvez combiner ce bonus avec celui qui est associé au talent Coups précis/Tir précis...)
-Coutelas : 12+1D6 dégâts, 6 parade.

Compétences de combat :
-Adresse au tir (arcs) : +1 en TIR quand utilise un arc.
-Tir en mouvement : annule le malus pour les tirs en mouvement.
-Tir à déclenchement rapide : Sur un test d'HAB réussi, permet de tirer deux projectiles par round au lieu d'un seul (maximum 2), avec un malus de -1 à chaque tir dans ce cas.
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[MJ] Le Gob'
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par [MJ] Le Gob' »

Le seigneur Dranduil était un interlocuteur relativement agréable, comme Ori avait déjà pu s’en rendre compte après seulement quelques minutes de conversation. Le patricien était de plus une connaissance de son père Azuro, même si Ori n’avait jamais entendu son géniteur parler de ce personnage, rendant la présente rencontre d’autant plus fortuite. L’elfe semblait habitué aux milieux courtisans, et se déplaçait avec aisance au sein de la foule de nobliaux, sans éprouver la moindre gêne ni paraître le moins du monde désorienté. Il y avait quelque chose de commode à cheminer au côté du seigneur Dranduil, l’océan de courtisans semblant s’ouvrir naturellement devant lui, de sorte qu’en marchant à ses côtés, Ori avait la curieuse impression que les invités lui cédaient le passage. Il fallait reconnaître que le charisme du seigneur Nagaril était nettement perceptible, sorte de magnétisme presque palpable qui pour certains comme Ori, pouvait donner envie de partager sa compagnie, ou, pour la plupart des autres nobles de cette salle, simplement intimer l’ordre implicite de ne pas le déranger dans sa conversation. Somme toute, la compagnie de Dranduil Nagaril donnait à Ori l’impression de vivre une vision de son avenir, une fois reconnus ses talents de négociateur, précieux pour le camp du seigneur Malékith.

Comme ses pensées dérivaient alors qu’il se projetait dans le futur, Ori se rappela la mission diplomatique que le seigneur Nahël lui avait proposé d’accomplir. Tor Velanor, telle devait être sa destination lorsqu’il choisirait de quitter Tor Æthil pour s’acquitter de cette première tâche au service de son camp politique. Peut-être le seigneur Dranduil savait-il quelque chose au sujet de cette ville qui pourrait se révéler utile à Ori lors de ses pérégrinations futures ? Il décida donc de le questionner à ce sujet. L’elfe avait de toute façon achevé son récit, et semblait disposé à le laisser prendre l’initiative quant au prochain sujet de discussion. La réponse du seigneur Nagaril ne se fit pas attendre, et permit à Ori de relever plusieurs informations intéressantes, dont il saurait tirer avantage lors de son voyage politique à venir.

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« Si mes souvenirs sont exacts, les Velanor sont une famille mineure, dont le domaine est situé plus au Sud d’ici, à mi-chemin de Tor Anroc.

Leur influence n’a jamais été très importante sur l’échiquier politique de Nagarythe, mais dans la situation actuelle, notre progression à l’Est étant enlisée, et les tensions sur ce front Ouest allant croissant, la localisation de leur forteresse revêt un enjeu stratégique certain, puisqu’elle est située à la frontière du Royaume Elfique de Tiranoc.

Leurs allégeances partagées entre les deux royaumes ont contribué à leur faire adopter une frileuse neutralité depuis le début de ce conflit. Il est probable que l’un ou l’autre des deux camps cherche à leur forcer la main dans un futur proche. Et je dois dire que ce n’est pas pour me déplaire, dans un sens ou dans l’autre.

Depuis le début de la guerre, ils font partie de ces nobles insignifiants qui prônent la recherche d’une paix entre les partisans de Caledor et du ceux Prince Malékith.

Leur discours improbable a même réussi à voiler l’esprit de mon propre fils Menethil, auquel j’ai toutes les peines du monde à faire entendre raison encore aujourd’hui. »

Les yeux de Dranduil s’illuminèrent d’une lueur d’humour, alors qu’il ajoutait, pince-sans-rire, sur le ton léger de la plaisanterie :
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« Je rêve d’avoir un fils aussi respectable que vous, seigneur Ori. Un fils qui respecterait les décisions de son géniteur.
Vous semblez disposer de toutes les qualités d’Azuro, et bien plus encore.

Maintenant que j’y pense, vous feriez un superbe gendre au sein d’une famille de prestigieuse lignée.

Qui sait, peut-être devrais-je vous présenter ma fille Cyrielle ? La voilà justement qui arrive. »
A quelques mètres du duo, se dirigeant manifestement vers eux, arrivait en effet une jeune elfe richement habillée, vêtue de blanc et d’argent. Elle portait sur sa chevelure d’or une complexe parure composé d’un élégant diadème d’ithilmar, décoré de plusieurs plumes blanches de part et d’autre de son gracieux visage. Alors qu’elle approchait, Ori remarqua d’emblée l’atypique couleur de ses yeux, avant même que les délicats iris dorés ne croisent son propre regard.
Cyrielle Nagaril,
fille du seigneur Dranduil


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***


A tort ou à raison, Ætinis hésita quelques instants quant à la conduite à adopter devant la requête du prisonnier. Mais plusieurs arguments jouaient en faveur d’un refus, à commencer par le respect absolu de toute vie elfique. Une autre raison, bien que l’archère n’y ait pas pensé, aurait été de se rappeler que le captif était maintenant sous la responsabilité de la famille Æthil, et qu’il n’était pas dans ses attributions, en tant que soldate rattachée à une famille extérieure, d’influer sur le destin de cet elfe, interférant avec les ordres du seigneur Nahël. La droiture de son éducation la poussa finalement à refuser la faveur demandée, au grand dam du prisonnier, dont le visage avait déjà les couleurs du désespoir.

Jetant un regard alentours, Ætinis fut toutefois prise de remords en voyant la tête profanée ainsi suspendue contre le mur opposé. Ce spectacle morbide la mortifiait à un tel point qu’elle rassembla son courage, hésitant à ôter du mur ce qui était devenu un instrument de torture psychologique. Mais avant qu’elle ne puisse esquisser le moindre geste, un bruit de pas retentit dans le couloir, se dirigeant indéniablement vers l’entrée de la cellule. Un instant plus tard, le visage blafard du capitaine Arthorias apparut dans l’embrasure de l’entrée du cachot. Le regard glacial de l’elfe tomba d’abord sur le prisonnier, comme pour vérifier qu’il était toujours dans l’état dans lequel il était supposé se trouver, puis successivement, sur la tête accrochée au mur, avant de finir son état des lieux par une plongée dans les yeux de l’archère.

Une dizaine de secondes passa sans que le moindre mot ne soit prononcé par le capitaine. Puis, les lèvres pincées, celui qu’on avait chargé de l’interrogatoire du prisonnier s’avança dans la petite cellule, passant sans mot dire devant Ætinis pour aller s’accroupir au côté du détenu. Exhibant un long poignard recourbé, le capitaine empoigna son prisonnier par les cheveux, le forçant à relever la tête, ignorant complètement la présence de l'archère. Comme l’elfe enchaîné restait muet, le regard soudainement perdu dans le vague, le capitaine prit la parole d’une voix doucereuse, sur le ton de la confidence, un murmure dans la pièce sombre.

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« Tu n’as pas l’air décidé à me dire ce que je veux entendre.

Je t’avais prévenu qu’après la tête de ta complice, ce serait ton tour.

Ne bouge pas, que je ne te crève pas un œil par mégarde. »
Un gobelin inspiré a écrit :Pour toute réclamation ou problème, traversez la forêt et rendez-vous à la Caverne aux Champignons. Mais prenez garde aux vapeurs de bonnet-de-fou...
A l'entrée de la grotte se tient le gobelin : ses vêtements sont crasseux, et ses yeux vitreux. Plusieurs champignons d'une taille impressionnante pendent en grappes à sa ceinture. Dans l'une de ses mains, il tient une feuille d'arbre roulée en cylindre, dont l'extrémité fumante dégage les même fumerolles que celles qui planent lourdement au-dessus de sa tête. Il tire une bouffée de son étrange et longue cigarette, expire ensuite tranquillement par le nez, tout en dévisageant son interlocuteur d'un air rêveur. Puis, il prend la parole, d'une voix cassée, grave et enrouée, comme s'il avait quelque chose de très important à vous chuchoter :


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"Pourquoi cet air si sérieux ?
Écoute-moi bien, voyageur égaré.
Il y a quelque chose dont je voudrai te parler.
En tout temps, en tout lieu, tu dois bien être conscient que :

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En cas de non-respect de ces quelques règles,
Tu serais confronté à cet étrange animal,
Qui du forum régit le Bien et le Mal :
Le Modo, en vérité, créature fort espiègle."

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Un gobelin douteux a écrit :

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Ori Aen Elle
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ori Aen Elle »

Alors qu'il continuait de marcher en compagnie de son prestigieux interlocuteur, le binôme parvenait à s'immiscer dans la foule avec aisance, à croire que la présence du seigneur Dranduil imposait un telle charisme que personne n'osait se tenir sur sa route, même si Ori faisait bonne figure, il n'en menait pas large face à ce grand seigneur qui semblait tout de même voir le fils de son ami Azurö d'un très bon oeil.
Acceptant de répondre à ses questions, Ori put en apprendre plus sur la famille des Velanor, objet de convoitise des deux factions dans la guerre civil qui rongeait les Asur. Il semblait que cette famille n'avait que peu d'importance sur le plan politique, pourtant la localisation de leur forteresse avait une importance stratégique non négligeable dans le conflit à venir, car elle était situé à la frontière du Royaume Elfique de Tiranoc. Comme Nahël le lui avait dit, les Velanor était depuis le début de la guerre dans une phase de neutralité totale, pour Ori la chose était loin d'être stupide, être neutre aidait à éviter les problèmes, tout en amenant les grandes familles de chaque camps à tenter de convaincre cette famille de rejoindre leur roi, et pour cela, les Velanor pouvait demander bien des choses... Richesse, plus de pouvoir...etc, sans craindre une prise par la force d'un des deux camps de leur forteresse au risque de s'attiser l'animosité d'autres familles alliés au Velanor...
Dans tout les cas, ce discours de neutralité semblait aussi avoir touché d'autres cœurs, puisque le paternel des Nagaril parla de son fils qui semblait avoir dans l'idée d'installer la paix entre les partisans de Caledor et de Malékith... Une idée folle pour sûre, mais Ori pouvait il juger un elfe qui avait dans l'idée de faire arrêter un futur bain de sang ?


"Je pense qu'il est bon d'écouter les avis de tous et chacun, cela pourrait permettre dans sortir une idée constructive, même si la paix que votre fils recherche ne tient désormais plus à grand chose j'en ai peur... Je pense que mon père pourrai vous comprendre, j'ai souvent eu des idées opposées aux siennes"

Le seigneur Ori adressa un sourire à son homologue noble. Puis, le seigneur Dranduil couvrit d'éloge le jeune Aen Elle, le mettant l'espace de quelques instants plutôt mal à l'aise, en effet, il voyait Ori comme un fils qu'il n'avait pas, et rapidement, un sujet que le jeune homme avait tant redouté fut lancé, en effet le mot "gendre" fut prononcé. Ori perdant ses moyens pendants quelques instants, bafouilla quelques mots

"Euh... Seigneur...Je..."

Mais il n'eut pas le temps d'aligner ses mots que déjà, ses yeux plongèrent dans ceux d'une douce et belle créature, si bien que même Ori s'en retrouva subjugué. Ses yeux sombres et violets furent comme absorbés par ceux de la jeune femme, dont la couleur était encore plus unique que la sienne, aussi doré que sa chevelure d'or. Ori l'observa un moment, simplement quelques secondes qui lui parurent de longues minutes, elle possédait un visage fin et gracieux, une démarche des plus agréable à regarder. Vêtu de blanc et d'argent, Ori aurait pu croire qu'elle sortait d'un de ces rêves qu'on ne fait qu'une fois dans sa vie...
La jeune femme arrivant à sa portée, le jeune homme s'inclina respectueusement et avec toute la courtoisie et la galanterie possible, tout en se présentant.


"Seigneur Ori de la famille Aen Elle, je suis heureux de vous rencontrez Dame Cyrielle Nagaril"

Il releva la tête, replongeant ses yeux dans les siens, avant de s'en détacher pour se tourner vers le père de la jeune femme.

"J'ignorais que vous aviez une fille aussi charmante seigneur Dranduil..."
Modifié en dernier par [MJ] Le Gob' le 06 juin 2016, 00:04, modifié 2 fois.
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Ori Aen Elle, Voie de l'aristocrate
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• CONNAISSANCE TACTIQUE (E)
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• ELOQUENCE (E)
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• INTRIGUE DE COUR (B)
• SEDUCTION (B)
• VISION NOCTURNE (E)

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Ætinis Verteflèche
PJ
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ætinis Verteflèche »

Le prisonnier n’eut pas vraiment le temps de répondre aux paroles d’Ætinis Verteflèche, pas plus qu’elle ne put procéder au retrait de la tête tranchée. En effet, dans ces couloirs sinistres résonna le bruit de bottes caractéristique de quelqu’un qui approchait sans prendre la moindre précaution pour dissimuler sa venue, s’accaparant immédiatement toute l’attention de l’archère et de son interlocuteur enchaîné.

Et pour cause ! Le nouvel arrivant n’avait manifestement aucune raison de privilégier la discrétion, puisqu’il n’était autre que celui qu’ils attendaient à voir arriver, à savoir le capitaine Arthorias, aussi surnommé à juste titre « l’Exécuteur ». L’elfe pâle arborait son visage habituel, un visage inexpressif, fermé, indéchiffrable pour la fille de bûcheronne, sa bouche de cannibale, et son regard si inquiétant et si froid, qu’elle détestait sentir sur elle autant qu’elle craignait de le croiser. Par chance pour elle, les yeux tant redoutés se posèrent d’abord sur le prisonnier puis sur la tête tranchée d’Ælynn, et enfin, à son grand dam, se plongèrent dans le vert de ses propres iris. Et puis, pourquoi se trimbalait-il avec un couteau à la main ? L’archère des bois préférait ne pas émettre d’hypothèse à ce sujet, faisant volontairement l’aveugle et la naïve pour essayer de préserver un peu de sa santé mentale.

La simple irruption de cet officier dans la petite pièce avait suffit à mettre mal à l’aise notre héroïne, qui sentit d’un coup tout son courage la quitter lorsqu’elle croisa pendant une fraction de seconde le regard de son supérieur, qu’elle ne soutint pas, baissant instinctivement et immédiatement son regard sur ses pieds. Ætinis n’osa même pas faire mine d’ôter la tête mutilée de son support en présence du redoutable guerrier.

Honteuse, se sachant à la fois trop faible et trop lâche pour lui faire une quelconque remarque, malgré ce que lui criait intérieurement sa conscience, Verteflèche attendit en se triturant les mains nerveusement que l’attention du capitaine se reporte sur le prisonnier. C’était l’occasion ou jamais pour lui fausser compagnie et revenir à des occupations moins oppressantes que celles de la prison.
*Ouf ! Je n’aimerai pas être à la place de ce pauvre elfe, le capitaine ne lui ferra pas de cadeau.* Pensa-t-elle en commençant à s’en aller, tête basse et sans oser lever le regard du sol, de peur de croiser les yeux accusateurs, glaciaux ou suppliants du prisonnier ou d’Arthorias.

Elle n’eut même pas le temps de sortir de la minuscule pièce que ce qu’elle entendit l’arrêta net, la figeant sur place. Cette fois, elle ne pouvait plus se voiler la face, elle ne pouvait plus faire celle qui ignorait ce que son capitaine avait l’intention de faire. Elle ne pouvait plus fuir sa propre conscience et se retrouvait confrontée à un dilemme, car ce qui était clairement une menace de torture parvint à ses oreilles, d’une voix aussi terrifiante que ne l’était le physique de son propriétaire.


*Ætinis, bordel, tu ne peux pas laisser faire ça ! Ce n’est pas toi, ce n’est pas moi ! Arthorias va le torturer dans cette cellule, LE TORTURER ! C’est un prisonnier de guerre, un elfe, comme moi. Isha me pardonne, je sais que devrais réagir, faire quelque chose, l’empêcher de le mutiler. Nous sommes dans le camp des bons, alors je devrais le prouver ! Faire le bien, pour une fois au moins, depuis que j’ai intégré les rangs de l’armée Malékith ! Allez, quoi, Verteflèche ! Il faut que je le fasse pour moi, pour la cause que l’on défend, pour l’honneur de tous. Si je laisse faire ça, comment pourrais-je me regarder dans une glace ensuite, sans me haïr ? Je lui ai déjà pris Ælynn, je ne pas le laisser subir ça, ce serait monstrueux !

Mais zut à la fin! C’est un capitaine, un supérieur, je ne peux rien faire. Et surtout c’est Arthorias, j’ai honte de me l’avouer, mais j’ai trop peur de m’opposer à lui. Et puis, c’est un ennemi, c’est un mal nécessaire, c’est pour le plus grand bien. Comme le seigneur Ori me l’a dit hier soir, je réfléchis trop avec mon cœur. Il faut que je m’endurcisse, que je grandisse. C’est la guerre, et il faut peut-être savoir sacrifier ses principes pour gagner et préserver au final le bien commun.

Mais mince quoi ! Ressaisis-toi, Ætinis Verteflèche ! Tu voudrais raconter ça plus tard ? Tu t’es engagée pour ça ? Tu pourrais laisser faire ça ? Sans tes principes, tu ne vaux rien, tu le sais, tu l’as toujours su, tu l’as toujours dit. J’accepterai de me perdre moi-même pour gagner cette foutue guerre ?

Et pourquoi pas ? C’est peut-être ça, en fait, le vrai courage, l’héroïsme. Savoir sacrifier ce qu’on a de plus précieux. Savoir faire une croix sur son âme, sa conscience, devenir un monstre haï de tous et surtout de soi-même, pour que d’autres puissent vivre en paix. Pour le plus grand bien.

Je ne sais pas ce que je dois faire, j’ai l’impression qu’il n’y a que des mauvaises solutions, que quoi que je fasse, je me haïrais de toute façon pour ma lâcheté, soit d’avoir laissé faire ça, soit de n’avoir pas été assez forte pour laisser faire ça.

Ô dieux, pourquoi me mettez-vous à l’épreuve comme ça ?*


L’esprit paniqué et embrumé de terreur de la fille de menuisière était piégé dans une sorte de cercle vicieux qui tournait à dix mille à l’heure. Il fallait vite qu’elle fasse son choix, et pour rompre le cercle de l’indécision, elle choisit une troisième voie. Se retournant, elle se redressa et pour la première fois osa se confronter au capitaine Arthorias. De la main gauche, elle écarta sa cape d’une cinquantaine de centimètres, assez pour qu’elle puisse facilement tirer son épée nue et attachée à sa ceinture d’un geste lent. Cette arme était le dernier cadeau que lui avait fait son père avant qu’elle ne quitte le foyer. C’est en repensant à lui, à ce solide bûcheron sans peur qui la protégeait toujours et qu’elle adorait tant, qu’elle trouva la force de placer le plat de sa lame contre le flanc du capitaine et de le pousser de côté en lui disant d’une voix résolue, et bien compréhensible malgré son accent. Elle voulait sembler très calme et maîtrisée aux yeux de son supérieur :

-Non. Capitaine, laissez-le donc. Vous êtes bien trop important pour vous occuper d’une tâche aussi subalterne que celle de bourreau ou d’interrogateur. Le commandeur Keltharion Cœur de Dragon ou vous hommes auraient sûrement plus besoin de vous, de vos conseils ou de votre entraînement.

Avec votre permission, je n’ai rien de prévu aujourd’hui, je suis libre, sans aucune responsabilité et je vais m’en charger. Dites-moi simplement ce que vous voulez que je lui demande et je vous promets que j’obtiendrai tout ce que vous voulez savoir en moins de temps qu’il ne vous en faudrait vous-même pour lui extorquer ses informations.

Ætinis ne savait pas trop dans quoi elle venait de s’embarquer, elle avait réagi à chaud, dans l’urgence, avec la solution qui lui paraissait la moins mauvaise sur le coup. En se substituant au tortionnaire, elle soulagerait à la fois sa conscience, car elle ne s’abaisserait pas à infliger des tortures au prisonnier, et en même temps servirait la cause aussi bien sinon mieux que son supérieur, en lui soutirant les informations par un autre moyen, plus sûr que la torture, sous laquelle l’on pouvait finir par craquer et dire n’importe quoi pour que les souffrances cessent, quitte à dire ce que le tortionnaire veut entendre et non la vérité

Par ailleurs, en tirant son épée, elle prouvait sa détermination. Elle affichait ostensiblement qu’elle était forte et prête à faire ce qu’il fallait –ou du moins voulait-elle le faire croire-. Le ton assuré et affirmatif qu’elle avait employé, était aussi voulu. En voulait paraître très sûre d’elle-même, comme si elle était convaincue qu’Arthorias n’aurait pas d’autre choix que d’accepter, pour l’inciter à accepter, justement. Et au fond, elle pensait réellement ce qu’elle disait. Un homme de son rang avait mieux à faire, c’était du gaspillage, du gâchis. Un capitaine expérimenté, proche conseiller du commandant de la garnison, qui jouait les deuxième classe en s’abaissant à effectuer en personne les basses besognes et ne semblait de surcroît respecter aucune loi de la guerre ? C’était ridicule autant que pathétique, et au fond d’elle-même, les soupçons qui avaient été plantés dans son esprit presque depuis sa première rencontre avec Arthorias commencèrent à germer.

Son comportement lâche, sans honneur. Son goût pour la violence, la barbarie, la torture. Son expression pour désigner leurs ennemis dans le feu de l’action « les loyalistes ». Pour une fois, la colère, et l’accusation se mélangèrent dans le regard vert profond de l’archère, qui, l’épée toujours tirée dans la main droite, osa cette fois soutenir le regard de son supérieur, comme pour lui montrer qu’elle n’avait pas peur en cet instant, momentanément protégée par sa sainte et juste colère. Elle le mettait au défi de refuser son offre.

Pour une fois, Ætinis était réellement fière d’elle et se sentait prête à assumer sa position, qui conciliait devoir, honneur et bonté.
Modifié en dernier par [MJ] Le Gob' le 09 juin 2016, 00:24, modifié 1 fois.
Raison : +6 xp (total 25). Wikifié.
Ætinis Verteflèche, voie de l'archère elfe
Profil: For 8 | End 7 | Hab 11 | Cha 9 | Int 9 | Ini 11 | Att 9 | Par 9 | Tir 11 | NA 1 | PV 55/55
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Equipement et compétences de combat:
Equipement de combat:
-Lame en or marin : 14+1D8 dégâts, 15 parade
-Arc elfique : 30+1D8 dégâts Malus de -2 TIR tous les 36 mètres, précise : (quand vous utilisez une telle arme lors d'une attaque localisée, vous gagnez un bonus de +2 ATT/TIR. Vous pouvez combiner ce bonus avec celui qui est associé au talent Coups précis/Tir précis...)
-Coutelas : 12+1D6 dégâts, 6 parade.

Compétences de combat :
-Adresse au tir (arcs) : +1 en TIR quand utilise un arc.
-Tir en mouvement : annule le malus pour les tirs en mouvement.
-Tir à déclenchement rapide : Sur un test d'HAB réussi, permet de tirer deux projectiles par round au lieu d'un seul (maximum 2), avec un malus de -1 à chaque tir dans ce cas.
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Verrouillé

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