[Déchirure][Ori & Ætinis] La cour des Grands

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Depuis la Déchirure jusqu'à la création de l'Empire et de la Bretonnie, revivez ces âges passés de légendes.

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[MJ] Le Gob'
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[Déchirure][Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par [MJ] Le Gob' »

Jeux de pouvoir
Acte I : La cour des Grands
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ImageUne aube brumeuse se levait sur la ville elfique d’A’vallach, en ce début de saison des pluies de l’an 13 du règne du Roi Phénix Caledor Ier. Sise au pied des Monts Anulii, la cité fortifiée gardait depuis toujours l’extrémité Nord de la Marche des Ombres, au beau milieu du fameux royaume de Nagarythe. C’était le domaine de la famille Aen Elle, un nom maintenant bien connu parmi les partisans du Prince Malékith. Alors que les premiers rayons de l’aurore caressaient les toits en aiguille de ses tours vigilantes, des éclats de rire résonnent encore le long de ses grands couloirs. La veille s’était en effet tenue une grande réception en l’honneur du fils du patriarche, Ori Aen Elle, qui fêtait ses quatre-vingt-cinq ans ce jour-là. Sa famille l’avait introduit dans le milieu politique des grandes dynasties de Nagarythe, et même si son propre père n’avait pas pu se rendre disponible pour cette occasion, occupé qu’il était à guerroyer à l’Est pour le compte de Malékith, bon nombre de nobles de différents horizons s’étaient déplacés pour cette grande occasion. La réception avait été somptueuse, victuailles, divertissements, et faste étaient tous au rendez-vous. Les invités étaient restés debout toute la nuit, les sujets de conversation ne semblant pouvoir se tarir. Néanmoins, le jeune Ori n’avait pas vraiment pu s’intégrer à ces discussions, car il ne connaissait que peu de monde parmi les invités, et n’avait pas été présenté en personne à chaque convive. L’occasion était pourtant belle de nouer des liens, beaucoup de familles ayant envoyé leurs membres les plus jeunes, les moins occupés, qui se trouvaient être en grande majorité de l’âge d’Ori. Sa propre grande sœur, Cyrilla Aen Elle, l’avait pris à parti en début de soirée, jouant avec son caractère réservé, lui souhaitant la bienvenue dans ce qu’elle appelait « la cour des grands ». Ori n’avait pas pu échanger plus que quelques mots avec son frère Eredin, pourtant présent lui aussi, mais bien trop affairé, retenu dans des conversations sans fin aux enjeux politiques auxquels Ori aurait bien aimé comprendre quelque chose, car il tenait son frère en très haute estime, et n’aurait demandé qu’à partager davantage d’expériences avec lui, dusse-t-il s’évertuer à appréhender et comprendre les tenants et les aboutissants du jeu politique en Nagarythe.

Alors que la lumière de l’aurore peinait à percer à travers les brumes éthérées qui entouraient les cimes de la ville, Ori se trouvait maintenant sur la Promenade Extérieure, un long corridor couvert qui décrivait un grand arc de cercle au-dessus de la cité. La vue était magnifique, mais à ses jeunes yeux, elle ne constituait rien de plus qu’un spectacle monotone, auquel il s’était habitué à la longue, au point de ne plus réellement savoir en apprécier l’élégance. Contempler ce paysage n’éveillait plus en lui qu’un sentiment de lassitude, et une envie de voir le monde et de voyager davantage qu’il ne l’avait fait au cours des récentes décennies. A ses côtés marchaient son oncle, Tyrosh Aen Elle, qu’Ori considérait comme son père spirituel, tant il l’appréciait, et son frère Eredin, que Tyrosh avait visiblement réussi à soustraire à ses obligations. Quelques minutes plus tôt, son oncle était venu les voir et les avait invités à se dégourdir les jambes le long de la Promenade Extérieure, souhaitant visiblement leur parler en privé. Jusqu’ici, tous trois n’avaient discuté que de sujets sans trop d’importance, mais Tyrosh prit bientôt la parole d’un ton plus grave que précédemment.
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« Ori, nous avons déjà discuté de ce sujet plus tôt aujourd’hui, mais tu dois prendre garde à cet univers politique dans lequel tu mets les pieds. Je ne sais pas qui t’a déjà abordé ce soir pour te demander des faveurs ou te proposer des alliances, mais sache que nulle proposition n’est innocente ou désintéressée en ce monde. Méfie-toi de ta sœur, elle a compris comment manipuler les individus autour d’elle, et ne fait pas de différence avec sa propre famille.


Eredin, je n’ai que peu de conseils à te donner, car tu évolues déjà depuis plusieurs années dans cet environnement délétère qu’est la politique.


Vous êtes tous deux mes neveux, et je ne souhaite que votre épanouissement. N’hésitez pas, l’un comme l’autre, à me rendre visite lorsque vous en aurez assez de jouer le jeu que l’on vous impose. Je connais des gens qui seraient heureux de vous rencontrer, lorsque vous vous serez fait une idée des réels enjeux de notre époque.

Mais ce temps viendra bien assez tôt, mes chers neveux, l’expérience aidant. »

Eredin n’avait pipé mot depuis le début de leur promenade à trois, mais prit enfin la parole, une profonde lassitude se lisant sur son visage alors qu’il levait les yeux vers leur oncle :
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« Oncle Tyrosh, vous avez été comme un père pour mon frère et moi, et nous vous en sommes reconnaissants. Je sais que vos idées pacifistes ne trouvent pas encore d’écho favorable chez les puissants, mais peut-être qu'un jour viendra où vos arguments seront entendus, avant qu’il ne soit trop tard pour notre peuple. Prenez soin de vous, en attendant l’heure, et surveillez vos arrières.

Ori, petit frère, je vous aime, Iroumo et toi, tu le sais. J’aimerais que nous puissions passer davantage de temps ensemble, mais cela me semble hélas impossible en l’état actuel des choses. Père m’a chargé de te remettre un cadeau de sa part, pour fêter ton anniversaire et ton introduction dans le monde des intrigues politiques.

Ætinis, vous pouvez approcher. »
Il s’était adressé à une silhouette féminine encapuchonnée, vêtue de vert, qui les attendait un peu plus loin le long de la promenade. Elle les attendait visiblement, et s’approcha, alors qu’Eridin reprenait :
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« Ætinis Verteflèche nous vient directement du royaume forestier de Chrace, plus à l’Est. Elle a été dépêchée par Père pour te servir de garde du corps et d’homme de main dans tes déplacements futurs. Je sais que cela peut paraître un peu étrange comme cadeau d’anniversaire, mais tu connais Père. Il veut qu’elle reste avec toi jusqu’à nouvel ordre, où que tu iras.

Prends-le sous cet angle : il se soucie de ta sécurité. J’avais eu droit au même traitement de sa part à ton âge. »
Un gobelin inspiré a écrit :Pour toute réclamation ou problème, traversez la forêt et rendez-vous à la Caverne aux Champignons. Mais prenez garde aux vapeurs de bonnet-de-fou...
A l'entrée de la grotte se tient le gobelin : ses vêtements sont crasseux, et ses yeux vitreux. Plusieurs champignons d'une taille impressionnante pendent en grappes à sa ceinture. Dans l'une de ses mains, il tient une feuille d'arbre roulée en cylindre, dont l'extrémité fumante dégage les même fumerolles que celles qui planent lourdement au-dessus de sa tête. Il tire une bouffée de son étrange et longue cigarette, expire ensuite tranquillement par le nez, tout en dévisageant son interlocuteur d'un air rêveur. Puis, il prend la parole, d'une voix cassée, grave et enrouée, comme s'il avait quelque chose de très important à vous chuchoter :


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"Pourquoi cet air si sérieux ?
Écoute-moi bien, voyageur égaré.
Il y a quelque chose dont je voudrai te parler.
En tout temps, en tout lieu, tu dois bien être conscient que :

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En cas de non-respect de ces quelques règles,
Tu serais confronté à cet étrange animal,
Qui du forum régit le Bien et le Mal :
Le Modo, en vérité, créature fort espiègle."

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Un gobelin douteux a écrit :

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Ori Aen Elle
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ori Aen Elle »

L'aube commençait à pointer le bout de son nez, le soleil commençant petit à petit à transpercer la légère brume ambiante. Le climat était humide et légèrement froid, chose normal en saison des pluies au sein de la nation de Nagarythe. Au pied des Monts Anulii, la cité fortifiée gardait depuis toujours l’extrémité Nord de la Marche des Ombres, où se trouvait le domaine de la famille des Aen Elle, une illustre famille, désormais célèbre et proche du Roi sorcier.
De cette belle et majestueuse demeure, construite à partie d'un marbre noir et sombre, on pouvait voir des lumières ornés les nombreuses fenêtres de la demeure. Malgré l'heure, on pouvait encore y entendre quelques éclats de rires, signe d'une fête qui avait battu son plein.
Cette même fête avait été faîte pour moi, le jeune Ori Aen Elle, l'un des plus jeune fils du Général Azurö. Bien évidement, comme à son habitude, mon père n'était pas présent, trop préoccupé à faire la guerre contre les rebelles Azur, servant le sois disant traître roi phœnix.
Dans ce genre de réception, le but était d'introduire une nouvelle personnalité, cela commençait en montrant les richesses que l'on possédait : nourriture, argenterie, art... Tout y passait, cela augmentait la jalousie des autres nobles, mais servait aussi à montrer la puissance de notre clan.
Comme à mon habitude, étant plutôt discret, j'avais tenté de vaguer au sein des différentes salles, dans le but d'écouter les discussions de chacun. N'ayant pas vraiment été présenté, il était compliqué de s'intégrer, la gente masculine m'observant en complotant déjà dans mon dos, me critiquant sûrement tout en me jalousant. Quand à la gente féminine, beaucoup devait déjà se demander comment elle allait pouvoir m'avoir dans leur lit, histoire de s'assurer les faveurs de ma famille... Ainsi était la vie au sein de la noblesse.

Comme à son habitude, ma sœur était venu me voir, fière et en même temps provocante à mon égard, m'adressant la bienvenue dans "la cours des grands". Depuis quelques temps, j'entendais dire qu'elle était lié à des affaires plutôt louches, certains disaient même que ma sœur commençait à devenir plus terrifiante que mon père... Je n'osais concevoir cela...
Mon frère était là lui aussi, libéré pendant une courte durée de ces obligations en temps que commandant de flotte. Eredin était un homme respecté, droit et juste, la noblesse l'avait en estime, et n'avait pas perdu de temps pour le questionner sur les conflits récents. J'avais tenté de m'intégrer à cela, mais n'ayant encore jamais vu la réalité des champs de bataille, il était difficile de donner un point de vue. Bien sûre, j'avais suivi une formation de guerrier et de stratège, mais les livres ne pouvaient apprendre la réalité du terrain.

La brouhaha des discussions m'usa au plus au point, et je décidai de prendre un peu l'air, me dirigeant vers la Promenade Extérieure, un long corridor couvert qui décrivait un grand arc de cercle au-dessus de la cité. La vue était magnifique, mais aujourd'hui, malgré mon jeune âge, elle ne m'émerveilla plus... Trop longtemps, j'avais vu cette cité, j'avais des envie de voyage, de découverte du monde, j'aurais été capable de prendre mes affaires, et de partir loin de tout... Seulement pour découvrir les mystères du monde ! Mais avec mon nom cela était impossible... On ne pouvait renier ses origines.
A mes cotés, mon cher oncle, ainsi que mon frère ainé s'étaient joint à moi, nous discutions de choses et autres, sans réel importances, n'osant sûrement pas aborder des sujets plus graves. Ces moments où nous étions ensemble étaient devenu trop rares...
Mais alors que je pensais que nous allions aborder des sujets plus personnels, Tyrosh ne put s'empêcher de me remettre en garde contre ce nouveau monde dans lequel je venais de mettre les pieds, celui de la politique. Bien sûre, je savais très bien que beaucoup allait tenter de vouloir s'allier à moi dans le but de mener leur propres desseins à terme, mais il était de ma réflexion de découvrir qui me voulait du bien et qui me voulait du mal. Mon oncle me mit aussi en garde contre ma très chère sœur Cirila... Cela amena une pointe d'agacement en moi et je le lui fis comprendre.


"Mon oncle ! Je sais où vous voulez en venir, mais ma sœur reste ma sœur, mon sang ! Et même si je sais comment elle est devenu, j'ai encore confiance en elle."

Mon oncle ne releva pas, continuant à divaguer, il désirait profondément que moi et mon frère puissions passer le voir quand le moment pouvait nous le permettre. Bien sûre cela serait avec plaisir, car même si je n'aimais pas quand nous évoquions le sujet de Cirila, j'appréciais grandement la valeur de sa discussion. C'était un pacifiste, un homme intelligent qui pensait que la négociation était la clé qui pouvait nous sortir de cet guerre de peuple... J'espérais cela aussi...
Eredin était un homme de guerre, mais pacifiste dans l'âme, il savait que les idées de mon oncle n'étaient pas encore entendu, mais cela viendrai un jour, mon frère l'appuierai à ce moment là. Mon frère se mit à parler de moi et de Iroumo, le plus jeune de la famille.


"Et nous t'aimons aussi mon frère, je connais tes obligations. Soit sans crainte, je veille sur notre petit frère quand tu n'es pas là."

Il m'expliqua dès lors, que père m'avait fait un cadeau, alors que je pensais à quelque chose de banal comme une épée, ou une armure, un nom sortit des lèvres de Eredin : Ætinis.
Sortant de l'ombre, une silhouette se dessina, fine et vêtu de vert, le visage masqué par un capuchon. Il la présenta comme Ætinis Verteflèche, elle venait directement du royaume forestier de Chrace, plus à l’Est. Une colère voulait s'emparer de moi, père n'était déjà pas venu me voir, et voila maintenant qu'il me collait un de ces chiens, caché dans mon ombre, à suivre mes faits et gestes. Protection ? N'était ce pas plutôt un moyen de me surveiller ? Pensait il donc que j'étais encore trop jeune et idiot ? Voulant s'assurer que je ne commette pas d'erreur pouvant salir le nom de notre clan ?[/i]

"Comme si j'avais besoin de cela ! Père ne vient pas pour moi, mais il m'offre ce ... cadeau... Je n'ai pas besoin de protection mon frère ! N'est elle pas plutôt là pour m'observer ?! Je ne suis plus un enfant !"

Je m'étais emporté, sachant pertinemment que cela ne mènerai à rien. On m'avait appris à contenir mes émotions, car dans la politique cela pouvait être une preuve de faiblesse. Soufflant un coup je repris mon calme.

"Très bien... Elle restera avec moi... Je n'ai pas le choix de toute façon."
Modifié en dernier par [MJ] Le Gob' le 10 avr. 2016, 23:09, modifié 1 fois.
Raison : +6 xp (total 6). Wikifié.
Ori Aen Elle, Voie de l'aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 14 | Int 11 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | NA 1 | PV 55/55
Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... i_aen_elle
Liste compétences :
• ACUITE VISUELLE (B)
• ALPHABETISATION
• CONNAISSANCE TACTIQUE (E)
• DIPLOMATIE (B)
• ELOQUENCE (E)
• ETIQUETTE (B)
• INTRIGUE DE COUR (B)
• SEDUCTION (B)
• VISION NOCTURNE (E)

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Ætinis Verteflèche
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ætinis Verteflèche »

***Quelques jours plus tôt, à la frontière entre les provinces de Chrace et Nagarythe…***


Après son départ de chez elle, il n’avait fallu à Ætinis que deux jours pour atteindre le camp militaire le plus proche, situé à la frontière entre les provinces de Chrace et Nagarythe. On racontait qu’il constituait une sorte d’arrière-base pour la campagne d’un noble très influent et belliqueux au service du roi Malékith, du nom d’Azurö Aen Elle. Personnellement, la jeune archère ne connaissait pas cette famille, et pour cause : elle avait vécu toute sa vie dans son petit village forestier très pauvre et ne s’était guère intéressée à ce qui se passait au-delà.

A part les nobles locaux qui la dirigeaient et les personnages de tout premier plan au niveau de l’île-continent, elle ne connaissait en fait presque rien à la politique et ses acteurs, et encore moins aux rapports de forces entre les différents protagonistes d'un "jeu" d’une complexité qui dépassait de loin son entendement et dont elle ne pouvait même pas soupçonner l’existence. Une elfe comme elle n’aurait de toute façon rien pu faire de telles connaissances. Jamais Verteflèche n’avait été destinée à avoir un destin hors du commun, à fréquenter la noblesse. Elle n’était qu’une simple roturière issue d’une famille pauvre qui travaillait le bois, une banale archère engagée volontaire parmi des milliers d’autres.

Dans l’esprit d’Ætinis, la situation était très claire, très manichéenne. Il y avait toujours eu une hiérarchie à respecter, pyramidale, avec en son sommet le roi Phénix, puis des nobles importants dont elle ignorait tout, puis d’autres nobles moins importants dont elle connaissait certains membres qui lui étaient directement supérieurs, et enfin le peuple. Pourtant, les évènements récents et la trahison du prince de Calédor dans le but de s’accaparer le pouvoir avaient bouleversé les cartes et brouillé tout le jeu. La pyramide n’avait plus un, mais deux sommets, et par conséquent, tous les niveaux inférieurs en étaient chamboulés. Les uns et les autres, à tous niveaux, choisissaient à qui accorder leur loyauté, et beaucoup restaient encore indécis dans ce bazar indescriptible.

Pour Ætinis et les habitants de son village, le choix avait été facile, les vieilles rivalités entre régions, les clichés et les on-dit avaient depuis longtemps amené les villageois à une quasi-vénération du fils d’Ænarion le Défenseur, celui qui les défendait et faisait la fierté de leur province, bien qu’ils ne l’aient jamais rencontré et vivent durement au quotidien. Ils étaient intimement persuadés que Malékith était un elfe profondément sage et bon, un érudit éclairé et un guerrier hors pair, comme son paternel, et qu’il ne pourrait y avoir meilleur roi pour Ulthuan que lui. A côté de cela, les arrogants Calédoriens, toujours assoiffés de pouvoir, leur prince en tête, ne pouvaient qu’être des menteurs, des félons, des traitres prêts aux pires exactions pour s’emparer illégitimement du trône d’Ulthuan.


Or, donc, étant en Nagarythe, il avait été relativement facile pour Ætinis Verteflèche de récolter sur la route les informations qui la conduisirent au camp militaire des partisans de Malékith le plus proche de sa région natale. L’ouvrage n’était qu’un petit camp de base servant au ravitaillement de l’armée en campagne et à protéger la frontière. Malgré tout, il impressionna la jeune femme par sa taille. La place forte était bâtie en pierre de taille blanche dans une architecture typiquement elfique, mêlant efficacité militaire et grâce, et devait facilement mesurer cinq cent mètre de côté. Face à un tel ouvrage imposant, Ætinis se sentit minuscule, insignifiante, impuissante. Elle se dit que ce devait être là une forteresse imprenable et se demanda ce que devaient ressentir les assaillants qui devaient se lancer à l’assaut de places comme celles-ci non sans appréhension. Après tout, n’allait-elle pas justement s’engager pour défendre son pays et son roi légitime ? N’était-elle pas prête à accomplir son devoir ?

A ces questions, Ætinis n’avait pas la réponse, mais elle était sûre de ses convictions, et prête à se battre pour elles. Serait-elle prête à mourir et à tuer pour la Justice et contribuer à rendre le monde meilleur en servant Malékith ? Elle l’ignorait, mais le pensait. Se mordant la lèvre inférieure, signe de sa nervosité, l’elfe quitta la lisière de sa forêt natale pour s’avancer dans la plaine sur les quelques lieues de terrain dégagé et principalement cultivé qui séparaient les bois adossés aux Annulii des murs de la petite place forte qui lui paraissait déjà si grande…

Arrivée aux gigantesques portes fortement gardées par des archers et des lanciers en uniformes étincelants, la petite elfe s’arrêta et resta un moment bouche bée devant l’édifice, qui de près était aussi impressionnant que de loin pour elle, et tout aussi écrasant. Il se dégageait de cet endroit une telle impression de gigantisme et de puissance que la jeune archère se sentait complètement dominée. Cette impression se renforça lorsqu’elle se rendit compte que perdue dans sa contemplation et ses pensées, elle n’avait pas entendu la remarque que lui avait faite l’un des gardes.

Le pourpre lui monta aux joues lorsqu’elle demanda d’une voix timide « Par…Pardon ? ». On lui réexpliqua, non sans se moquer gentiment de son air perdu qu’il s’agissait pour elle de décliner son identité et ce qu’elle venait faire ici. Emplie d’un soudain élan de fierté patriotique et sans doute pour tenter de se redonner de la constance vis-à-vis de ses futurs camarades, Ætinis s’empressa de répondre qu’elle venait pour s’engager dans les forces du roi Malékith. Ces déclarations enthousiastes, prononcées sur un ton tellement motivé et emprunt de naïveté firent sourire certains des gardes, tandis que les autres hochaient négativement la tête comme pour la prévenir que c’était une mauvaise idée. Mais aucun n’alla jusqu’à contester son choix, tant on voyait qu’elle était déterminée et sûre de vouloir s’engager. Le chef de la garde du portail ordonna donc à l’un de ses hommes de la guider dans la ville jusqu’à l’officier chargé du recrutement, non sans avoir préalablement vérifié sommairement ses dires.

Le trajet à travers l’intérieur du camp fut court, mais plein de découvertes et d’excitation pour notre héroïne. Pour une elfe forestière qui n’avait connu que son hameau et ses quelques dizaines d’habitants, se retrouver brusquement au milieu d’une foule, d’un brouhaha de soldats, armuriers, artisans, médecins et de marchands en tout genre était complètement nouveau. A la fois émerveillée et un peu terrifiée par ce qu’elle découvrait, Ætinis suivait de près le garde qui la conduisait. Tout ce monde, ces centaines de gens qui allaient dans tous les sens, chacun ayant ses propres occupations, ces tentes, ces établis, ces bâtisses, ces ruelles… Il y avait moyen de se perdre ici beaucoup plus facilement qu’en forêt, songea la jeune archère complètement désorientée. Elle ne lâcha pas d’une semelle son guide, et entra lorsqu’il lui ouvrit la porte d’un petit bureau après y avoir frappé.

L’entretien avec l’œil-de-faucon qui la recruta fût relativement bref. En fait, elle s’était attendue et préparée de longue date à bien pire. A cette époque, en effet, l’armée elfique était professionnelle, et tous ne pouvaient pas y entrer, même si Ætinis était loin de se douter que devant l’ampleur de la guerre civile qui se profilait, tous les elfes volontaires et même certains autres seraient obligés de prendre les armes et qu’il n’y aurait pas de réelle sélection dans ces conditions où seul comptait le nombre d’elfes mobilisables.

Donc, quand il fut question de ses motivations, une question de pure routine en général, elle se lança dans une longue tirade passionnée et plutôt désordonnée malgré le fait qu’elle l’avait préparée, sur ce que représentait pour elle son pays, sa province, la fidélité, l’autorité, le système, sur ses valeurs, et sur la légitimité de Malékith et l’ignominie de la trahison du prince Imrik de Calédor et de ses partisans qui mettait en danger le reste des elfes simplement pour assouvir leur soif de pouvoir. Elle parla avec son cœur, avec une passion non dissimulée, tant et si bien qu’au bout d’un bon quart d’heure, l’officier leva la main pour la couper, un petit sourire aux lèvres. Le garde qui l’avait introduite à l’intérieur manqua d’éclater de rire, quant à lui. Anxieuse, la jeune elfe semblait hésiter sur la marche à suivre. Elle n’était pas sûre d’avoir bien fait en observant les réactions du préposé au recrutement et du garde. Nerveuse, elle recommença à se mordre la lèvre inférieure. Ne sachant plus sur quel pied se tenir, elle tripotait un morceau de sa cape avec ses mains tandis qu’elle fixait le sol, visiblement mal à l’aise : elle craignait d’avoir raté quelque chose qui lui tenait vraiment à cœur, d’être refusée dans l’armée de Malékith.

Mais il n’en fut bien évidemment rien, et l’œil-de-faucon la pria de sortir et de lui montrer ce qu’elle valait avec un arc sur le champ de tir, ce qui la rassura un tantinet, puisqu’il n’aurait pas fait tirer une personne vouée à être recalée, non ? D’un autre côté, Ætinis Verteflèche sentait la pression monter à chaque pas qu’elle faisait en s’approchant du champ de tir où s’entraînaient un groupe d’archers.

Sans être une championne, la jeune fille savait se débrouiller avec un arc, mais surtout en situation de chasse. Elle n’avait jamais tiré ou appris à tirer de manière académique, et même si tout le monde la disait très douée dans son village, elle se mit à douter de ses capacités à mesure que la pression montait. Tremblant à moitié, elle se plaça à la distance demandée et encocha une de ses flèches à l’empennage vert caractéristique. « Verteflèche » se concentra alors seulement sur sa cible. Une cible immobile et relativement proche. Du gâteau par rapport aux animaux qu’elle chassait habituellement. Sauf qu’elle n’arrivait pas à faire mouche à chaque fois à la chasse... Presque sans y penser, sans le vouloir, l’archère décocha. La première flèche vola une fraction de secondes et frappa la cible !
*Ouf !* Pensa Ætinis, rassurée : elle pouvait le faire, ce n’était pas si terrible, c’était même plutôt facile. Elle avait elle-même fabriqué son arc et taillé une à une ses flèches, puis avait fendu savamment le bois et y avait inséré les plumes qu’elle avait teintes en vert, sa couleur favorite. Le tout était parfaitement équilibré, ses années de pratique du travail du bois pour aider sa mère et son père à l’atelier lui avaient donné un savoir-faire largement suffisant pour obtenir une qualité plus que satisfaisante.

C’était son arme, ses projectiles, son élément. Pour la première fois depuis qu’elle était arrivée en vue de la place-forte, un sourire confiant s’installa sur le visage de la jeune fille qui lâcha trait sur trait en direction de la cible à une vitesse rare.

Impressionné par la démonstration de la nouvelle recrue, l’œil-de-faucon la félicita en lui disant qu’elle ferait une excellente archère au sein des armées de Malékith, avec ses flèches vertes. Selon lui, même si son tir était encore très perfectible car un peu « brut », « instinctif », avec du travail, elle avait le potentiel pour devenir une des meilleures. Recevoir un tel compliment d’un œil-de-faucon, un maître archer qui savait de quoi il parlait, fit rougir notre héroïne. Et surtout, elle était prise ! Engagée dans l’armée de Malékith ! Ca y était, elle était officiellement une soldate, une archère de Nagarythe !

En vérité, elle se sentait épuisée mais comblée par la journée qu’elle venait de vivre. En tout cas, d’un coup, elle se sentit beaucoup mieux dans la « ville ». Euphorique, Ætinis Verteflèche suivit de nouveau l’œil-de-faucon jusqu’à son bureau et signa tous les papiers que ce dernier lui présentait, même si elle ne savait pas lire. Elle était tellement contente qu’elle aurait pu faire n’importe quoi. L’officier lui annonça la suite : elle devrait rejoindre le fils du général noble qui dirigeait l’armée. Ce dernier, un dénommé Eredin Aen Elle, était apparemment aussi quelqu’un de très haut gradé et d’important même hors de l’armée. Il occupait en effet le rang de maître de flotte de guerre, une sorte de commodore qui dirigeait de nombreux navires de combat pour Malékith, un grade à peine inférieur à ceux des officiers amiraux. Cet homme était également comme son père un noble influent. Bref, encore un héros d’Ulthuan aux yeux d’Ætinis.

En plus des papiers qui prouvaient officiellement qu’elle appartenait à l’armée de Malékith, ou plus précisément à celle de la famille Aen Elle qui était elle-même partisane de Malékith, l’œil-de-faucon lui remit donc une lettre scellée contenant un message pour cet Eredin Aen Elle, et lui enjoignit de le rejoindre au plus vite, en partant dès le lendemain matin. L’ennui était que le manoir des Aen Elle se situait à l’autre bout de la province, presque à l’opposé exact du village de Verteflèche. Il lui faudrait donc plusieurs jours de voyage pour y arriver. D’autant qu’elle devait impérativement se hâter afin de porter la dépêche confiée à destination avant une certaine réunion festive pour l’anniversaire d’un des fils du général Azurö.


***Quelques jours plus tard, au manoir des Aen Elle dans la ville elfique d’A’vallach.***


Jamais Ætinis n’aurait imaginé s’éloigner autant de chez elle aussi rapidement. Elle avait pensé suivre une voie tout ce qu’il y avait de plus classique, de plus banal. Suivre un court entraînement au camp où elle s’était enrôlée, puis suivre ses camarades. Au lieu de cela, elle se retrouvée propulsée seule dans une mission de courrier à travers tout Nagarythe. La jeune femme avait dû mettre les bouchées doubles pour arriver à temps, mais y était finalement parvenue. En chemin, elle s’était même peu à peu habituée à la vue des grandes cités elfes et était maintenant un peu moins visiblement impressionnée par ces constructions et ces foules, du moins extérieurement, car en son for intérieur, elle restait toujours émerveillée et effrayée à la fois par ces environnements encore si nouveaux et si étranges pour elle. Très fière d’elle-même, elle s’était présentée au manoir Aen Elle dans l’après-midi et avait obtenu une audience avec le maître de flotte Eredin.

L’entrevue avec ce dernier avait été brève. Le noble semblait très occupé, et il fallait dire qu’Ætinis ne voulait surtout pas le déranger. Elle lui vouait avant même de l’avoir vu ou connu une sorte de culte réservé aux héros de la nation, tout comme à son père, Azurö. D’une certaine manière, ces deux personnes qu’elle ne connaissait pas étaient l’image même de l’autorité et de la droiture, tout ce qu’elle respectait. Déjà, ils dirigeaient son unité à l’armée, ce qui de facto les lui rendait sympathiques. C’était ses chefs, c’était donc nécessairement les meilleurs ! Cette logique n’était pas guidée par la raison, mais par un sentiment d’orgueil et d’appartenance à moitié fantasmé qui unissait chaque armée sous la bannière d’une même famille noble. Ensuite, ils étaient à la fois des nobles influents, mais également de grands chefs militaires reconnus, d’après ce que lui avait dit l’œil-de-faucon. De tels hommes, qui de surcroît soutenaient la cause de Malékith, le roi légitime et fils du sauveur d’Ulthuan, ne pouvaient donc nécessairement qu’être des elfes d’excellente qualité, des héros comme on n’en parlait que dans les légendes.

C’est avec ses aprioris tenaces et un net sentiment d’infériorité qui l’incita à une humilité décuplée que la jeune archère se présenta devant Eredin, et lui tendit solennellement la lettre scellée, non sans s’être au préalable maladroitement inclinée et présentée en balbutiant. Excitée d’être en présence d’un si grand homme, Ætinis resta au garde-à-vous pendant tout le temps que prit le noble pour sa lecture. Quand il eut terminé, il daigna enfin lever les yeux sur Ætinis à qui il n’avait même pas daigné accorder un regard ou une parole jusqu’ici, et la jaugea de haut en bas. Sous l’inspection de ses yeux inquisiteurs, la jeune archère se sentit dans l’obligation de paraître totalement irréprochable et bien qu’intérieurement chamboulée qu’un elfe aussi important lui accorde la moindre parcelle d’importance, elle bomba la poitrine et tenta de prendre un air le plus « professionnel » possible.

Le noble, à cette vue, hocha affirmativement la tête et déclara pensivement, plus pour lui-même que pour l’archère « Oui, elle fera parfaitement l’affaire... ». Soudain emplie de fierté à l’idée qu’elle allait sûrement se voir confier une mission, Verteflèche s’inclina de nouveau maladroitement aux pieds d’Eredin et lui annonça qu’elle était prête à accomplir n’importe quelle tâche pour lui, pour son pays et pour Malékith. Une telle réaction sembla confirmer le maître de flotte dans son choix, puisque, sans rentrer dans les détails, il affecta à Ætinis sa mission. Elle devrait surveiller et protéger un jeune noble, un officier qui venait juste de terminer sa formation militaire et qui allait se lancer en politique aujourd’hui même, le jour de son quatre-vingt-cinquième anniversaire. L’homme en question semblait apparemment influençable, et son grand frère semblait désirer être informé discrètement des mauvaises relations, erreurs et choix douteux de son cadet. En ces temps troublés, il semblait normal de s’assurer que des serpents persifleurs à la solde du traître Imrik de Calédor ne tentent pas de corrompre la fine fleur de la noblesse elfique, l’avenir du pays. Mais il était cependant étrange de recourir pour cela à une étrangère à la famille. Sans-doute était-ce là une coutume de noble que déléguer les tâches qu’ils jugeaient indignes d’eux. Ou sans-doute était-ce parce que contrairement au peuple, ils étaient trop occupés pour se charger de choses aussi futiles. Quoi qu’il en fût, cela importait en définitive bien peu à la soldate. Peu importait les raisons d’Eredin, elles devaient nécessairement être bonnes. Un tel héros ne pouvait agir que pour le bien de son peuple, de son roi et même de son frère cadet. Et ce n’était pas à elle, une simple roturière bien ignorante des choses de la cité et de la politique, de remettre en doute ou simplement de chercher à comprendre les ordres qu’on lui donnait. Elle était à peine adulte, mais ne connaissait rien à ce monde, elle devait faire confiance à ses valeurs, ses repères, ses supérieurs, et obéir aveuglément aux ordres qu’on lui donnait. Elle n’avait pas à réfléchir, cela, ces gens savaient sans doute bien mieux le faire qu’elle ne le saurait jamais.

Sans aucune hésitation, elle jura sur tout ce qui avait de la valeur à ses yeux d’accomplir la tâche qui était la sienne, si nécessaire au péril de sa vie. Bien entendu, il n’était pas certain que sa vie soit réellement mise en danger dans cette mission et elle avait sûrement exagéré, mais elle avait été emportée par son enthousiasme et sa volonté de bien faire et montrer sa fidélité sans faille et son admiration sans bornes pour sa cause, son pays, son roi et Eredin. Elle ne se rendait pas compte qu’elle paraissait plus ridicule qu’autre chose en l’occurrence, surtout avec son très fort accent rustique typique des habitants des forêts de Chrace. Bien qu’elle ait toujours été Nagarythienne, elle était à proximité immédiate de la frontière qui n’était qu’à quelques centaines de mètres de chez elle et avait donc un accent très fort et symptomatique qui l’identifiait faussement comme une bûcheronne chracienne de basse extraction. Mais après tout, c’était presque ce qu’elle était, et si elle était née un une lieue de l’autre côté de la frontière, la description aurait parfaitement collé.

Eredin Aen Elle ne se formalisa des excès de zèle et d’admiration mal contrôlée de la jeune recrue, mais choisit plutôt de faire comme si de rien n’était. Il ordonna simplement à l’archère de se retirer pour ne pas déranger la fête à venir, et de se tenir prête à son ordre lorsqu’il lui ferait signe et qu’il aurait besoin d’elle. Verteflèche acquiesça et se retira dans le quartier des serviteurs. De là, elle attendit de longues heures en coulisses de la fête qui battait son plein dans le château. Il y avait des choses qu’elle n’aurait jamais imaginées des plats succulents, des serviteurs par dizaines, des couvertes et des décorations d’une richesse et d’une finesse inimaginable. Elle comprenait sans peine qu’elle aurait fait tâche en étant dans la partie « visible » de la fête. C’est pourquoi elle attendit qu’on vienne la mander, ce qui n’arriva qu’à l’aube. Ces nobles avaient donc passé la nuit entière à festoyer, alors qu’elle avait attendu tout ce temps qu’on l’appelle, se forçant à rester éveillée pour être prête dans l’instant quand on aurait besoin d’elle ! Ætinis, qui venait de faire un voyage de centaines de lieurs en plusieurs jours, était complètement fatiguée, éreintée. Elle avait à peine pu grignoter depuis son arrivée au château, n’ayant évidemment pas le droit de se servir dans les plats préparés pour les nobles, et pour gagner du temps, elle n’avait pas pris de déjeuner ni de petit déjeuner ce jour-là, se disant à tort qu’elle aurait le temps de se restaurer une fois arrivée.

Croulante de fatigue et minée par la faim, mais néanmoins regonflée à bloc par le fait qu’Eredin s’était souvenue d’elle et que sa mission d’une importance cruciale selon ses propres mots allait enfin commencer, Verteflèche se rendit à la promenade extérieure où elle était mandée, guidée par une servante attentionnée qui l’avait prise en pitié. Là, elle vit s’approcher en discutant plusieurs elfes vêtus avec des vêtements d’une richesse qui faisaient passer ses habits simples et non lavés depuis une semaine qu’elle voyageait pour des loques puantes à peine dignes d’une mendiante ou d’une esclave particulièrement sale. Très gênée du contraste négatif qu’elle savait à l’avance qu’elle provoquerait chez son protégé et aux yeux des autres nobles, Ætinis n’avait de toute façon pas le choix. Pour tenir ses délais, elle n’avait pas eu le temps de s’arrêter pour faire la coquette ni même prendre soin de son hygiène. C’était la dure loi de l’armée : la mission passait avant tout. Et une fois arrivée au manoir, plus personne ne s’était occupée d’elle, et la jeune elfe s’était donc trouvée désœuvrée et perdue dans un endroit qu’elle ne connaissait pas.

De toute façon, elle n’était pas là pour faire bonne impression ni pour séduire. Elle n’avait jamais été intéressée par ces choses-là de toute manière. Non, elle devrait prouver à tous qu’elle était bien la femme de la situation et qu’elle serait à la hauteur.

D’ailleurs, il était temps, puisque qu’Eredin l’invita à s’approcher pour la présenter au fameux Ori Aen Elle, l’homme qu’elle devait dorénavant protéger et surveiller. C’était l’heure de vérité. Elle ne le lâcherait pas d’une semelle, serait encore plus collante que son ombre si nécessaire, mais elle accomplirait sa mission coûte que coûte, elle l’avait promis !

Mais tant qu’à faire, autant commencer par faire connaissance avec lui, pensa-elle. Du regard, elle dévisagea et examina Ori. Cet elfe qu’elle devrait protéger et surveiller avait beau avoir plus du double de l’âge d’Ætinis –qui pour sa part était vraiment très jeune, tout juste sortie de l’adolescence-, il n’en restait pas moins encore jeune, et la différence d’âge entre eux était minime à l’échelle d’une vie elfique, équivalent à quelques années au plus dans une vie humaine. Plus grand qu’elle le noble était très beau et possédait des yeux incroyables de couleur violette qui retirent le regard vert de l’archère une poignée de secondes.

Puis la jeune elfe baissa son capuchon afin de révéler son visage et de se découvrir en même temps qu’elle s’inclinait en mettant un genou au sol devant les trois membres de la famille Aen Elle. En écoutant comment Eredin la présentait, elle eut un léger pincement au cœur. Même si c’était pour la mission, son supérieur la décrivait comme « un cadeau » qu’on offrait à son frère, comme si elle avait été un vulgaire objet, presque une esclave. Mais non, se reprit-elle vite : c’était certainement une couverture, Eredin n’aurait jamais pu avouer à son frère qu’elle devait la surveiller, il faisait simplement en sorte qu’il l’accepte. Par contre, elle fut déçue de voir que le maître de flotte avait lu en diagonale sa présentation. Car elle n’était pas native de Chrace, mais bien de Nagarythe, et y avait vécu presque toute sa vie, même si elle n’était qu’à quelques centaines de mètres de la frontière avec Chrace, c’était vrai ! C’était sûrement son accent qui l’avait induit en erreur.

Si Eredin avait présenté la venue d’Ætinis Verteflèche comme un cadeau, visiblement, en revanche, ce dernier ne la considérait pas de la même manière. Au contraire, le jeune noble s’emporta. Ætinis avait l’impression de ne même pas exister dans ce monde. Personne ne lui avait adressé la parole, tout le monde l’avait à peine regardé, et on parlait d’elle comme si elle n’était pas là, à la troisième personne, quand on la considérait pas comme un objet ou un chien. Oui, décidément, presque une esclave. Mais finalement il s’était résigné bon gré mal gré à ce qu’elle reste avec lui. Cela annonçait la couleur, mais Verteflèche s’y attendait et n’avait rien contre ce traitement. Au contraire, même si cela faisait mal à son amour propre, elle était la première à reconnaître qu’elle n’était rien dans leur monde et ne serait jamais rien pour ces gens là. C’était comme ça, pour que le monde tourne rond, les nobles devaient diriger, et les roturiers comme elle étaient condamnés à être des outils entre leurs mains. C’était à ce prix seulement qu’on obtenait l’harmonie, c’était juste et nécessaire pour un monde bon, chacun devait savoir rester à sa place, même si cela pouvait être rabaissant ou douloureux.

Faisant fi de cet accueil glacial, ou plutôt de l’absence totale d’accueil pour elle, la jeune elfe se présenta tandis qu’elle était inclinée. Elle avait l’impression d’être ridicule encore une fois, vêtue en forestière et en armes au milieu d’une fête mondaine, dans des vêtements sales et puants, avec un accent horrible caractéristique d’une bûcheronne pauvre de Chrace. Pire, elle n’avait pu avoir de cours théoriques sur comment s’adresser à ses supérieurs, ni sur quels étaient précisément leurs grades et leurs appellations, car elle avait dû partir trop vite du camp, avant d’avoir reçu toute formation pour sa mission si singulière. Au final, elle improvisa donc :


-Bonjour mes seigneurs.

Comme l’aube pointait, elle avait dit bonjour et non pas bonne nuit ou bonsoir, mais elle avait réellement hésité puisque la fête commencée la veille n’était pas terminée. « Mes seigneurs » ne lui plaisait pas, elle savait que ce n’était sûrement pas la formule consacrée, mais elle n’en avait pas trouvée de meilleure pour la circonstance, elle continua donc, mais déjà, sa nervosité reprit le dessus, elle n’était pas à l’aise et cela se voyait, ses mains tripotaient sa cape et elle se mordait souvent la lèvre entre deux phrases :

-Je me nomme Ætinis Verteflèche à cause de heu… Mes flèches…, pour vous servir, seigneur Ori.

Encore une fois, elle s’était emmêlée les pinceaux et se dit qu’elle aurait mieux fait de se taire car elle avait eu l’impression de se ridiculiser aux yeux de tous et le rouge de la honte lui monta aux joues de manière ostensible alors qu’elle se taisait. Elle n’avait pu résister à la tentation de pointer du doigt l’empennage de ses flèches dans son carquois pour occuper ses mains tandis qu’elle parlait sous le stress. Après tout, ce qu’elle avait dit était d’une inutilité totale : elle avait déjà été présentée et ils connaissaient déjà son nom. Et Eredin avait déjà dit à Ori qu’elle serait à son service. Ces nobles étaient forcément très intelligents, beaucoup plus qu’elle ne le serait jamais, ils avaient forcément dû remarquer ses flèches à empennage vert qui dépassaient de derrière son épaule droite et en déduire l’origine de son surnom, même si elle avait fait court, car le surnom avait d’autres explications plus complexes. Et de surcroît il était certain que cela ne les intéressait nullement. Ces gens se fichaient d’elle comme de leur première botte, et elle le comprenait, car à leur place, elle aurait fait pareil. Peu leur importait qu’elle s’appelle « Verteflèche » ou « Noireépée », qu’elle vienne de Chrace ou de Nagarythe. Il fallait qu’elle reste à sa place et qu’elle arrête d’agir comme si elle méritait le moindre de leur regard, ce qui n’était à l’évidence pas le cas.

Honteuse et mécontente d’elle-même, la jeune archère se redressa et attendit, pas certaine de la marche à suivre. Elle ne lâcherait pas son protégé d’une semelle, ça au moins c’était certain. Telle une bonne « homme de main », comme on l’avait décrite, elle resterait en retrait, jamais loin derrière, mais toujours prête si on avait besoin d’elle. Et l’œil vigilant, car elle n’était pas qu’une simple « domestique améliorée » (aussi appelée « esclave »), mais aussi et surtout une garde du corps et une surveillante, mais cela, il fallait le garder secret autant que possible, Ori avait déjà bien assez de doutes comme ça.
Modifié en dernier par [MJ] Le Gob' le 11 avr. 2016, 00:24, modifié 3 fois.
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Ætinis Verteflèche, voie de l'archère elfe
Profil: For 8 | End 7 | Hab 11 | Cha 9 | Int 9 | Ini 11 | Att 9 | Par 9 | Tir 11 | NA 1 | PV 55/55
Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... ertefleche

Equipement et compétences de combat:
Equipement de combat:
-Lame en or marin : 14+1D8 dégâts, 15 parade
-Arc elfique : 30+1D8 dégâts Malus de -2 TIR tous les 36 mètres, précise : (quand vous utilisez une telle arme lors d'une attaque localisée, vous gagnez un bonus de +2 ATT/TIR. Vous pouvez combiner ce bonus avec celui qui est associé au talent Coups précis/Tir précis...)
-Coutelas : 12+1D6 dégâts, 6 parade.

Compétences de combat :
-Adresse au tir (arcs) : +1 en TIR quand utilise un arc.
-Tir en mouvement : annule le malus pour les tirs en mouvement.
-Tir à déclenchement rapide : Sur un test d'HAB réussi, permet de tirer deux projectiles par round au lieu d'un seul (maximum 2), avec un malus de -1 à chaque tir dans ce cas.
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par [MJ] Le Gob' »

Les présentations ayant été faites, un léger malaise tomba sur le petit groupe, qui s’était arrêté au milieu de la coursive : personne ne semblait se décider à reprendre la parole après l’introduction de la jeune elfe. Ætinis se tenait, silencieuse, devant les trois personnages ; Ori devait probablement fulminer intérieurement contre le comportement intrusif de son père. Eridin paraissait sincèrement ennuyé d’être contraint d’embarrasser son frère de la sorte, et d’aucun pouvait comprendre qu’il n’appréciait pas vraiment de servir d’intermédiaire à la figure paternelle pour une telle tâche : le visage fermé, il devait chercher une façon de détourner la conversation de ce sujet dérangeant. Enfin Tyrosh avait observé la scène d’un œil intéressé, visiblement guère surpris par la manœuvre de son propre frère, qui se déchargeait ainsi d’une partie de ses responsabilités paternelle, tout en s’abstenant d’offrir un présent digne de ce nom à son fils en cette occasion. Des quatre individus présents sur cette partie de la Promenade Extérieure, l’oncle paraissait le plus à même de relancer la conversation, mais celui-ci se complaisait dans son rôle de spectateur, préférant observer la façon dont ses neveux allaient négocier leur échappatoire : comme à son habitude, il considérait que rien ne valait l’expérience, et savoir s’extirper d’un sujet déplaisant à l’aide d’une pirouette orale faisait partie des talents utiles de l’orateur habile en politique. Toutefois, un évènement imprévu vint couper court au moment de gêne, alors qu’un cinquième personnage apparaissait en bout de Promenade et les hélait en s’approchant.
Prince Nahël Æthil

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« Ah, Maître des Mers Eridin ! Je n’ai eu de cesse de vous chercher ! »
Le nouveau-venu avait une apparence assez singulière. Le port noble, l’allure altière, il portait de riches vêtements dans des tons sombres, de nuances de noir et de vert. A mesure que le personnage se faisait plus proche du petit groupe, les quatre elfes purent distinguer son visage fier et confiant, fendu d’un sourire qui respirait l’assurance. Le nouveau venu était noble, à n’en pas douter, rien que sa façon de marcher parlant pour elle-même. Il était de plus assez jeune, probablement entre soixante-quinze et cent ans. Ses longs cheveux sombres lui tombaient jusqu’aux épaules, étant coupés bien plus courts de chaque côté de son crâne, quasiment rasés. Sa chevelure se déployait donc uniquement depuis la partie supérieure de son crâne, et était élégamment coiffée, retombant sur sa tempe et sa joue droites tout en laissant l’autre côté de son visage complètement libre. Arrivé à hauteur du petit groupe, l’inconnu dévisagea plus ou moins rapidement chaque personnage, ne baissant les yeux devant aucun, confirmant par ce comportement être d’un rang au moins égal au leur. Son regard croisa d’abord celui de Tyrosh, mais de déroba bien vite pour ensuite survoler dédaigneusement Ætinis, s’attardant un moment sur Ori, avant de fixer Eridin, objet de son attention.
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« La Maîtresse des Mers Aegwynn vous fait mander.

Non pas que j’apprécie servir de valet, mais j’avais affaire dans cette partie du château, et je sais l’attention mutuelle que vous vous portez ces temps-ci, j’ai donc pensé vous porter l’information moi-même. »
L’expression sur le visage d’Eridin se fit méfiante, mais tout habile qu’il était, même lui ne put camoufler une lueur d’intérêt à l’évocation du nom d’Aegwynn, et entreprit donc de tirer sa révérence.
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« Aegwynn vous dites ?

Très bien seigneur Nahël, merci de m’avoir prévenu.

Mon oncle… Ori… »

Et aussi simplement que cela, Eridin s’en fut d’un pas vif et léger le long de la Promenade, manifestement empressé d’aller rejoindre la personne mentionnée. Le dénommé Nahël le regarda s’éloigner quelques instants, puis se retourna vers les trois dernières personnes pouvant lui servir d’interlocuteurs. Tant Ori qu’Ætinis purent remarquer que visage de Tyrosh s’était subitement fermé, une lueur de méfiance courant dans ses yeux auparavant si bienveillants : le nouveau venu n’était pas un Aen Elle, et leur conversation devait donc prendre fin afin de ne pas évoquer de sujet familial sensible devant un étranger. Mais l’inconnu ne parut pas faire grand cas de la défiance de Tyrosh à son égard, et le salua comme si de rien n’était, engageant la conversation.
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« Eh bien, je vous ai privé d’un interlocuteur de qualité. Toutes mes excuses. Je m’en vais de ce pas faire amende honorable en vous gratifiant de ma compagnie.

Mes respects, seigneur Tyrosh. C’est toujours un plaisir. »
La moquerie dans sa voix était si palpable que ses mots en transpiraient littéralement d’ironie. Tyrosh ne répondit point aux salutations, accordant au nouveau venu un bref hochement de tête, lui signifiant évidemment qu’il pouvait s’abstenir de ce petit jeu avec lui, et en venir directement au fait. Ce simple geste de la part du noble eut un effet immédiat sur le noble, qui se retourna vers Ori, son regard passant sur Ætinis comme si elle n’existait pas pour aller croiser celui du cadet des Aen Elle.
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« Seigneur Ori, veuillez excuser mon manque de manière, je ne me suis pas introduit.

Je me nomme Nahël Æthil, et j’ai beaucoup entendu parler de vous. »
Ori avait beau être nouveau dans le monde politique de Nagarythe, il ne pouvait ignorer le nom qui venait d’être mentionné. S’il ne connaissait pas d’individu prénommé Nahël, le nom des Æthil devait forcément résonner en lui comme un coup de tambour. Il en allait de même pour Ætinis : toute novice qu’elle fut dans le jeu politique, un tel nom ne pouvait lui être totalement inconnu, et elle avait dû au moins l’entendre au sein de son village, dans les légendes du temps du Défenseur que l’on contait aux jeunes elfes lors de leur éducation. A vrai dire, tout elfe en Ulthuan avait déjà dû entendre le nom de Valarion Æthil, héraut d’Ænarion le Défenseur lors de la Guerre contre le Chaos. C’est ce personnage qui à la fois portait au combat la bannière du premier des Rois-Phénix, et se faisait l’annonceur du souverain de légende lors de différentes cérémonies. Le nom des Æthil était donc connu dans tout Ulthuan, car le patriarche de cette famille, encore en vie quoique d’un âge vénérable, était l’un des elfes les plus réputés de tous les Royaumes Elfiques, s’étant illustré durant la lutte contre le Chaos. Le fait que ce Nahël Æthil n’ai pas jugé bon de se présenter davantage en déclinant le nom de son géniteur en disait long, et signifiait qu’il attendait de ses interlocuteurs qu’ils fassent le recoupement. Ori et Ætinis avaient de quoi être impressionnés, voire intimidés : si Nahël était réellement le fils de Valarion Æthil, comme il semblait le laisser entendre, alors nos compagnons se trouvaient en présence d’un membre d’une famille auprès duquel même la très prestigieuse lignée des Aen Elle faisait pâle comparaison. Toutefois, en dépit de son comportement condescendant, l’individu semblait plutôt ouvert, et même désireux de faire connaissance avec Ori, alors qu’il reprenait la parole, s’adressant toujours au cadet des Aen Elle :
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« A vrai dire, je souhaitais vous rencontrer, et je regrette que nous n’ayons pas eu l’occasion de nous croiser plus tôt lors de la réception.

La réputation de votre père, et surtout celle de votre frère, vous précède, et encense votre nom de promesses d’excellence.

Je ne doute pas que vous vous révèlerez aussi brillant que vos parents dans le choix de vos alliés. »

La suggestion était à peine dissimulée, mais Ori avait probablement dû relever la proposition cachée dans ces paroles envoutantes. Nahël Æthil avait l’art de parler avec aisance et spontanéité, mais comme pour tout personnage en ce monde, les conseils de Tyrosh s’appliquaient, et Ori devait apprendre à lire entre les lignes pour ne rater aucun détail. Un autre élément significatif était la façon dont Nahël s’adressait à Ori sans utiliser son nom de famille, indice qui devait résonner dans l’esprit du jeune elfe comme une main tendue, car son interlocuteur lui signifiait ainsi le considérer comme son égal, sans juger du prestige de leurs familles respectives.
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« A ce sujet, seigneur Ori, je ne vous ai point encore offert de présent pour l’occasion qui nous rassemblait aujourd’hui. Me permettrez-vous de m’amender en vous invitant à résider quelques temps dans ma demeure, à Tor Æthil ?

Je pourrais ainsi compenser ma maladresse à votre égard, et vous gratifier de présents de bienvenue dans le monde des intrigants, des menteurs et des beaux-parleurs. »
La proposition était évidemment tentante, mais Ori devait en peser soigneusement le pour et le contre. Les enseignements de sn oncle lui revinrent en mémoire : plus le personnage auquel il avait affaire était puissant, plus les avantages qu'il pouvait en tirer étaient importants, mais le risque de se faire lui-même exploiter pour le bénéfice d'autrui s'en trouvait également décuplé. S'il ne souhaitait pas s'engager dans ce partenariat, Ori pouvait probablement se permettre de détourner l'offre, en dépit de son caractère alléchant. D'ailleurs, à en juger par la mine fermée de Tyrosh, il était peut-être préférable de ne pas se mêler des affaires de cette famille Æthil. Mais comme l'avait mentionné son interlocuteur, à lui de prendre de sages décisions en matière d'alliés et d'ennemis.

Il était déjà confronté au premier des choix de son aventure en politique.
Un gobelin inspiré a écrit :Pour toute réclamation ou problème, traversez la forêt et rendez-vous à la Caverne aux Champignons. Mais prenez garde aux vapeurs de bonnet-de-fou...
A l'entrée de la grotte se tient le gobelin : ses vêtements sont crasseux, et ses yeux vitreux. Plusieurs champignons d'une taille impressionnante pendent en grappes à sa ceinture. Dans l'une de ses mains, il tient une feuille d'arbre roulée en cylindre, dont l'extrémité fumante dégage les même fumerolles que celles qui planent lourdement au-dessus de sa tête. Il tire une bouffée de son étrange et longue cigarette, expire ensuite tranquillement par le nez, tout en dévisageant son interlocuteur d'un air rêveur. Puis, il prend la parole, d'une voix cassée, grave et enrouée, comme s'il avait quelque chose de très important à vous chuchoter :


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"Pourquoi cet air si sérieux ?
Écoute-moi bien, voyageur égaré.
Il y a quelque chose dont je voudrai te parler.
En tout temps, en tout lieu, tu dois bien être conscient que :

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En cas de non-respect de ces quelques règles,
Tu serais confronté à cet étrange animal,
Qui du forum régit le Bien et le Mal :
Le Modo, en vérité, créature fort espiègle."

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Un gobelin douteux a écrit :

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Ori Aen Elle
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ori Aen Elle »

Mon énervement avait provoqué un malaise palpable c'était certain. La jeune Archère se décida à se présenter, semblant mal à l'aise et connaissant mal les protocoles utilisés envers la noblesse. Elle parvint à m'arracher un sourire, pas de moquerie mais plutôt d'une certaine compassion. Elle avait dévoilé son visage, elle semblait jeune, légèrement plus jeune que moi. Des traits de visage fins et harmonieux, une jolie jeune femme en sommes, petite et frêle, elle possédait des yeux d'un vert des plus charmant, ressortant encore plus avec sa chevelure châtain foncé. Elle portait dans le dos un arc de manufacture plutôt rudimentaire, il semblait que c'était son arme de prédilection.

Je l'observais un léger moment, me perdant dans mes pensées, voulant la jauger, mais alors que j'allais lui adresser quelques mots, un nouvel interlocuteur fit son apparition sur le couloir de promenade. Un homme se présenta, où plutôt il montra qu'il était à la recherche de mon frère. Je le regardais d'un air tranquille, observant ces effets, l'allure fière, des vêtements riches, un noble de haut rang cela ne pouvait tromper l'œil. Il semblait afficher une expression de confiance inébranlable, chose qui aurait pu m'agacer rapidement, mais restant silencieux, je ne fis aucune remarque. Il possédait une chevelure des plus atypique, et arrivant à notre portée, n'hésita pas à nous jauger du regard, il devait être d'une famille importante pour arriver ainsi. Il observa avec dédain la jeune archère Ætinis Verteflèche, et cela provoqua en moi un agacement encore plus soudain. Je n'avais jamais aimé les gens qui regardait les autres d'un rang social inférieur comme si ils n'étaient rien d'autre que des insectes à écraser sous leur botte...

L'inconnu délivra son message, une certaine Aegwynn recherchant la compagnie de mon frère Eredin. Observant mon frère, d'ordinaire inexpressif, je pus voir en lui apparaître un intérêt soudain à l'évocation de ce nom. Il semblait qu'il connaissait bien cette femme, qui de part son titre commandait aussi une flotte de navire de guerre.
Eredin se retira donc, je lui fis un signe de tête en guise de salut. Grâce à mon frère, je connaissais désormais le prénom du nouveau venu : Nahël. Ce prénom ne m'exprima absolument rien de premier abords.
Mon oncle s'était renfermé sur lui même, les traits du visage serrés, il était certain qu'il n'y aurait plus aucun mot qui sortirai de sa bouche, jamais il n'aurait parler de notre famille devant un inconnu. Le noble décida de rester, voulant offrir sa bonne conversation au Aen Elle... Il salua mon oncle avec une once de moquerie, il était certain que les deux hommes ne n'appréciaient guère. Mais une nouvelle fois, je restais de marbre, ne divulguant aucune faiblesse. C'était l'un des premier noble à venir à ma rencontre, je devais faire bonne impression.
Enfin, ayant vu qu'il avait fait manque de tact en arrivant, il divulgua son nom : Nahël Æthil... Mon cœur se mit à battre la chamade en attendant ce nom de famille. Car oui je le connaissais, si les Aen Elle étaient influant, alors ils faisaient pâle figure face au Æthil. En effet, le plus légendaire membre de cette prestigieuse famille n'était autre que Valarion Æthil, héraut d’Ænarion le Défenseur lors de la Guerre contre le Chaos. A travers tout Ulthuan, ce nom était connu. Je faisais pâle figure face à mon interlocuteur, mais tenait de ne pas me démoraliser pour autant. Le seigneur Nahël fit de nombreux compliments à mon égard, et connaissant le protocole, je savais comment m'y prendre avec ce genre de personne.


"Seigneur Nahël." Il fit une révérence de la tête. "C'est un honneur pour moi de savoir que l'un des descendants du grand Valarion Æthil, souhaite me rencontrer."

Et cela était sincère, je savais bien sûre que toute rencontre de ce type était dans le but d'obtenir quelque chose, et je me doutais bien que Nahël avait une idée derrière la tête, même si il était compliqué de deviner laquel. La famille de cet homme possédant déjà tout. J'avais remarqué qu'il n'utilisait jamais mon nom de famille pour me nommer, cela était signe que lui et moi parlions d'égal à égal... L'homme semblait vouloir me mettre dans de bonnes dispositions, et cela accentua l'idée qu'il avait besoin de moi.
Il proposa de m'inviter dans sa demeure, à Tor Æthil, cette idée aurait pu me réjouir, mais il me fallait réfléchir à la situation, observant du coin de l'œil mon oncle, je vis à sa mine fermé, qu'il n'était guère enchanté par cette proposition... Mais comment refuser une telle offre, Je le savais, il était temps de me créer des contactes, et la main qu'on me tendait pouvait m'y aider. Curieux que j'étais de savoir ce que Nahël me voulait, je pris ma décision.


"Vous m'honorez, et c'est avec plaisir que j'accepte votre proposition."

Disant cela j'évitais le regard de mon oncle, sachant très bien qu'il n'était sûrement pas d'accord sur mon choix. Mon regard repassa sur ma protectrice, ne l'ayant pas oublié, je devais signaler qu'elle serait du voyage.

"Pardonnez ma demande seigneur Nahël, mais à mes cotés se trouvera Ætinis Verteflèche du royaume forestier de Chrace. C'est un cadeau de mon père, et vous savez aussi bien que moi, que je ne peux irriter mon père si je n'honore pas les présents qu'il me fait."
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Ori Aen Elle, Voie de l'aristocrate
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Liste compétences :
• ACUITE VISUELLE (B)
• ALPHABETISATION
• CONNAISSANCE TACTIQUE (E)
• DIPLOMATIE (B)
• ELOQUENCE (E)
• ETIQUETTE (B)
• INTRIGUE DE COUR (B)
• SEDUCTION (B)
• VISION NOCTURNE (E)

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Ætinis Verteflèche
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ætinis Verteflèche »

Ætinis avait vu juste concernant sa maladresse et sentit le malaise monter parmi les trois nobles. Elle faisait doublement tâche. D’une part, parce qu’elle n’était pas noble et tout ce que cela impliquait, notamment en termes vestimentaires et de comportement. D’autre part, parce qu’elle était la seule à ne pas faire partie de leur famille et se sentait comme une étrangère, une intruse qui dérangeait le secret de leurs échanges entre Aen Elle. Il fallait ajouter à cela qu’elle était l’objet d’une tension entre les deux frères et le père par ricochet, puisque c’était à cause de sa présence qu’Ori s’était fâché contre ce qu’il avait tout de suite perçu à juste titre comme une surveillance permanente. Par chance, son statut social jouait pour une fois plutôt en sa faveur : elle était tellement insignifiante à leurs yeux que ces nobles l’oublieraient vite et continueraient à parler comme si elle n’était pas là, et c’était d’ailleurs tant mieux pour la réussite de sa mission.

Verteflèche s’aperçut néanmoins que son protégé la fixait et l’examinait sous toutes ses coutures. C’était plutôt bon signe, car elle risquait de passer l’essentiel de son temps à venir avec cet elfe, et rien n’était plus normal que d’essayer d’en savoir plus sur les gens de son entourage, fussent-ils de simples gardes du corps ou serviteurs, ou les deux comme c’était ici le cas. Pendant un fugace instant, la jeune femme eut même l’impression qu’Ori Aen Elle était sur le point de lui adresser la parole. Mais que ce fût ou non le cas, elle ne le sut pas, car au même instant, un nouvel arrivant sur la promenade extérieure changea complètement la donne, accaparant toute l’attention sur lui.

Il s’agissait d’un elfe mâle à peu près dans la même tranche d’âge que son protégé, et qui semblait tout aussi riche et puissant, si ce n’était plus encore au vu de l’assurance qu’il dégageait. Outre ses vêtements dont la qualité rivalisait avec ceux des autres protagonistes et contrastaient terriblement avec ceux d’Ætinis, ce qui était le plus marquant chez cet elfe était sa démarche assurée et surtout son étrange coupe de cheveux, qui était peut-être à la mode chez les nobles, mais assurément pas dans le village natal de notre héroïne. Rasé de près sur les côtés, le coiffeur avait laissé les cheveux pousser sur le haut du crâne jusqu’à atteindre une longueur presque égale à celle des cheveux d’Ætinis elle-même, toute jeune fille qu’elle était. Cela lui donnait un style très particulier, que l’on pouvait ou non aimer en fonction de ses goûts –personnellement, l’archère trouvait cela tout simplement horrible-, mais qui ne manquait pas d’être remarqué.

D’après ses paroles, l’homme semblait être un ami ou au moins une connaissance assez proche d’Eredin, le frère aîné d’Ori qui était également maître de flotte, celui qui lui avait donné sa mission au nom du général Azurö, puisqu’il avait annoncé à ce dernier qu’une autre noble gradée dénommée maîtresse des mers Aegwynn le cherchait. Apparemment, il régnait entre les différentes maisons nobles une entente cordiale, et peut-être même plus encore.

Il était bon, pensait Ætinis, que les décideurs, les forces vives de Nagarythe et plus généralement d’Ulthuan, en bref tous ceux qui étaient fidèles à Malékith –ce qui dans l’esprit d’Ætinis devait représenter l’écrasante majorité de la population elfe, au moins quatre-vingt à quatre-vingt-dix pour cent d’entre eux- s’entendent bien entre eux. Les traîtres seraient ainsi vite matés et n’auraient aucune faiblesse interne, aucune dissension à exploiter, pensait-elle. Evidemment, cette vision était objectivement complètement fausse, l’archère ne connaissait rien à la situation géopolitique et rien n’aurait pu être plus éloignée de la vérité, tant sur la proportion globale des partisans de Malékith que sur la soi-disant entente parfaite et infaillible entre lesdits partisans.

Bien entendu, le nouveau venu avait encore moins que les autres nobles prêté attention à la plus jeune du groupe. En fait, la roturière était comme transparente à leurs yeux. Eredin prit ainsi congé de son frère et de son oncle. Evidemment, encore une fois, il ne salua pas Ætinis qui ne comptait pas. Tout cela n’était pas pour déplaire à la jeune femme, qui, si elle était légèrement froissée dans son amour propre, aurait été très surprise du contraire et aurait peut-être même trouvé inconvenant qu’un noble s’intéresse un tant soit peu à elle. Après tout, apprendre à connaître quelqu’un, c’était déjà le démystifier, enlever à la part d’imaginaire qu’on avait de cette personne. De toute façon, il était probable qu’avec sa mission, Ætinis ne finisse par connaître par cœur Ori Aen Elle qu’elle devrait surveiller constamment, et même si elle n’y avait pas encore pensé, tôt ou tard, elle finirait par mieux comprendre la noblesse.


En l’occurrence, malgré son rôle subalterne de simple observatrice de la discussion, Verteflèche ne put s’empêcher de se poser des questions sur le mystérieux nouvel arrivant. Qui était-il ? Apparemment, il était connu d’Eredin et de son oncle Tyrosh, mais pas d’Ori. Pourtant, lorsque l’elfe déclina son identité complète pour en informer ce dernier, quelle ne fut pas la surprise de la soldate en voyant la réaction de son protégé. Le second fils de la maison des Aen Elle inclina la tête et salua avec déférence son interlocuteur.

Engourdie par la fatigue et la faim, la garde du corps mit quelques secondes à comprendre la raison d’une telle réaction, le temps d’assimiler les paroles qu’elle venait d’entendre. L’elfe disait s’appeler « Nahël Æthil », et en entendant ce nom, Ætinis n’avait pas tout de suite rapproché ce nom d’un de ceux de celui d’un des héros d’une légende vivante que lui racontaient souvent ses parents lorsqu’elle était encore une enfant. Ainsi, cet homme était le fils ou le petit fils, voire peut-être même l’arrière-petit fils vu son âge, du héraut d’Ænarion le Défenseur lui-même, Valarion Æthil.

Lorsqu’elle fit le lien, la pauvre elfe faillit s’évanouir. Cette fois elle touchait à un personnage qui descendait directement d’un des plus grands héros du peuple elfe, que tous connaissaient. De ce qu’elle en savait, son illustre ancêtre était encore vivant, mais il devait être très vieux, probablement plus que le roi Malékith lui-même. Si elle l’avait su plus tôt, elle se serait prosternée humblement devant le nouvel arrivant et aurait embrassé volontiers le sol foulé par ses pieds. Son ascendant était un des personnages semi-légendaires qui l’avaient inspirée, un de ceux qu’elle avait pris pour modèle. Maintenant, une telle réaction aurait parue plus que déplacée, c’est pourquoi elle se contenta, bouche bée, de mettre un genou à terre en n’osant pas détacher son regard de ce noble, et en craignant autant qu’elle espérait qu’il daigne tourner ses yeux vers elle, tout en sachant qu’il ne le ferrait jamais et qu’elle n’oserait jamais soutenir ne serait-ce qu’une demi-seconde son regard.

Lorsqu’il invita Ori chez lui, dans sa ville, Ætinis dut s’empêcher de secouer son protégé en lui criant d’accepter un tel honneur ! Car avec un peu de chance, IL serait là ! Elle pourrait peut-être enfin voir l’elfe qui avait tué tant de démons, l’un des plus fidèles et des plus proches du plus grand elfe de tous les temps. A part son propre fils Malékith, il n’y avait guère de personne que Verteflèche ne respecte et n’admire plus que Valarion Æthil. Le rencontrer serait une telle chance…

Ses propres parents étaient trop jeunes et n’avaient jamais connu la guerre contre le chaos, ils étaient nés relativement récemment, quelques siècles plus tôt seulement dans la période de calme qui touchait à sa fin et serait ensuite connue comme l’âge d’or des elfes. Même ses grands parents, qu’elle ne connaissait pas, étaient d’après ses parents trop jeunes eux aussi pour avoir connu cette époque de combats épiques. Seuls ses arrières grands-parents, des illustres inconnus dont elle ne savait rien, avaient pu se battre durant cette période.

Et ce n’était pas tout ! Cette famille avait une ville à son nom ! Une ville ! C’était incroyable, même la famille royale n’avait pas cela ! Secrètement, la jeune Verteflèche se mit à rêver qu’un jour une ville porte son nom ou son surnom… Mais elle savait bien sûr que cela n’arriverait jamais, c’était totalement impossible.

Par chance, Ori partageait visiblement le même avis qu’Ætinis et accepta donc la proposition qui lui était faite. Et lorsque son protégé la nomma –non sans reproduire l’erreur de son frère sur son origine, que décidément elle devrait corriger si elle parvenait à trouver un moyen de parler à Ori sans l’interrompre ou paraître grossière, puisqu’il était de toute façon certain que tous ici se fichaient éperdument de ses origines-, elle fut aux anges. Même si elle était encore décrite comme un « cadeau », au moins son nom avait-il été entendu par l’un des plus grands nobles du pays ! Et grâce à un heureux concours de circonstances, elle serait du voyage, elle irait chez lui, elle rencontrerait peut-être Valarion… Elle aurait tout donné pour ça, quitte à passer pour une domestique ou pire.

Des étoiles dans les yeux, la roturière rêvait éveillée, toujours sur un genou en signe de respect. Son esprit fatigué divagua sur toutes les magnifiques choses qui l’entouraient dans cette demeure de riches, et elle faillit tomber de sommeil. Se retenant à grand peine de bailler, la jeune elfe remerciait les dieux de ces rencontres qu’elle avait faite aujourd’hui. Un jour, qui sait, elle sauverait peut-être Ulthuan, elle aussi, en criblant de ses traits les affreux sbires du félon Imrik de Calédor. Et alors que Malékith triompherait, s’ouvrirait une nouvelle ère de paix et de bonheur comme jamais l’île n’en avait connu. L’âge d’or que l’île-continent avait connu suite au sacrifice d’AEnarion et durant le règne de bel-Shanaar n’avait été qu’un pâle prémisse en comparaison de celui qui s’annonçait quand Malékith régnerait. Enfin, tout rentrerait dans l’ordre, la lignée du vrai roi dirigerait avec justice, bonté et sagesse le peuple des elfes qui dominerait le monde. Et elle, Ætinis Verteflèche, serait connue dans le monde entier comme celle qui l’avait aidé à rendre le monde meilleur. Elle serait le modèle de toutes les petites filles… Un jour…

Un bruit la tira de ses rêveries et Ætinis se rendit compte qu’elle avait dodeliné de la tête et failli s’endormir. Il s’en était fallu de peu, mais cela faisait plus d’une semaine qu’elle manquait cruellement de sommeil, puisqu’il lui avait fallu voyager en réduisant le plus possible les pauses pour arriver à temps. Et avec la nuit blanche qui avait suivi son arrivée, elle était vraiment éreintée, sans compter la faim tenace qui n’arrangeait rien.


« Courage, se dit-elle intérieurement, même les nobles petit-déjeunenent… Enfin, je crois. Avec un peu de chance, je pourrais en profiter pour grignoter un morceau. Et ensuite, je pourrais profiter du voyage pour dormir un peu, si le seigneur Ori choisit d’y aller en voiture ».
Modifié en dernier par [MJ] Le Gob' le 12 avr. 2016, 11:14, modifié 2 fois.
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Ætinis Verteflèche, voie de l'archère elfe
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Equipement et compétences de combat:
Equipement de combat:
-Lame en or marin : 14+1D8 dégâts, 15 parade
-Arc elfique : 30+1D8 dégâts Malus de -2 TIR tous les 36 mètres, précise : (quand vous utilisez une telle arme lors d'une attaque localisée, vous gagnez un bonus de +2 ATT/TIR. Vous pouvez combiner ce bonus avec celui qui est associé au talent Coups précis/Tir précis...)
-Coutelas : 12+1D6 dégâts, 6 parade.

Compétences de combat :
-Adresse au tir (arcs) : +1 en TIR quand utilise un arc.
-Tir en mouvement : annule le malus pour les tirs en mouvement.
-Tir à déclenchement rapide : Sur un test d'HAB réussi, permet de tirer deux projectiles par round au lieu d'un seul (maximum 2), avec un malus de -1 à chaque tir dans ce cas.
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[MJ] Le Gob'
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par [MJ] Le Gob' »

Ori et Ætinis avaient donc tous deux fait le lien entre leur jeune interlocuteur et l’illustre Valarion Æthil, vétéran de la Grande Guerre contre le Chaos. Si le seigneur Nahël était son descendant, alors la question se posait à juste titre de savoir s’il était le fils, le petit-fils, ou l’arrière-petit-fils du personnage de légende qui autrefois portait la barrière d’Ænarion le Défenseur. En effet, si le patriarche de la famille Æthil était encore en vie à ce jour, il devait approcher de son deuxième millénaire d’existence, un âge que beaucoup d’elfes n’atteignaient même jamais. Une simple opération de calcul mental permettait de déduire qu’il était probable que Nahël soit en fait au moins le petit-fils de Valarion Æthil, car en vieillissant, les elfes tendaient à se détourner des préoccupations charnelles, et par la force des choses, il était donc rare qu’un elfe d’un âge aussi vénérable cherche à se donner un héritier. Ce genre de préoccupations convenaient plutôt aux elfes qui n’avaient pas encore dépassé le millénaire d’existence, bien que la condition physique des elfes ne se dégrade que très peu au fil des ans, rendant la situation inverse totalement possible, même si peu probable. Des quatre elfes en présence, aucun ne pouvait de toute façon avoir une idée claire sur la question, car la somme de leurs âges respectifs constituait péniblement un tiers de l’âge actuel supposé du patriarche Æthil. Eux-mêmes n’étaient encore qu’à la fin de leur adolescence, et mettaient le pied dans un monde d’intrigues d’une grande complexité, où prendrait place leur vie d’adulte par la suite. Tyrosh était quant à lui le seul elfe présent considéré par la société elfique comme pleinement adulte, ayant environ quatre cent ans, si la mémoire d’Ori ne lui faisait pas défaut.

Pour sa part, le seigneur Nahël semblait relativement flatté de la réaction déclenchée par son nom, et du lien fait avec son ancêtre. Un petit rictus amusé passa fugitivement sur son visage, alors qu’il écoutait la réponse donnée par Ori à sa proposition. Le jeune noble leva alors les yeux vers Tyrosh, qui le foudroyait du regard sans dire un mot, et une lueur de triomphe s’alluma dans ses yeux sombres, comme pour lui dire qu’il gagnait cette manche. Mais la scène ne s’éternisa pas, le seigneur Nahël se tournant bien vite de nouveau vers Ori.

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« A vrai dire, mon grand-père n’a que votre serviteur pour seul descendant.

Mais que cela ne nous empêche pas de discuter stratégie ensemble, seigneur Ori. Vous prendrez bien une collation avant de partir ?

Vos serviteurs s’attelaient à regarnir les tables de victuailles lorsque j’ai quitté la grande salle de réception tout à l’heure. »

L’invitation était claire, et aucun des elfes présents n’avait de raison valable de décliner l’offre à présent que Ori avait accepté la proposition du seigneur Nahël. Ils se remirent donc en marche, Nahël ayant cordialement incité Ori à le rejoindre en tête du groupe. Alors que les deux jeunes nobles poursuivaient leur conversation le long de la Promenade, Ætinis voulut leur emboîter le pas, mais sentit une main se poser sur son épaule droite. Tournant la tête de côté, elle découvrit Tyrosh, qui n’avait pas bougé, et ne manifestait pas la moindre envie d’emboîter le pas à son neveu. Son regard était fixé sur le dos du seigneur Nahël, et un profond mépris se lisait maintenant sur son visage. Après avoir ainsi retenu Ætinis quelques secondes, le temps pour les deux elfes en tête d’avoir parcouru une dizaine de mètres, l’oncle d’Ori murmura, du bout des lèvres, à la seule intention d’Ætinis :
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« Je ne sais pas quelle mission Eridin vous a chargé d’accomplir, mais gardez un œil sur le seigneur Nahël.

Cet elfe est dangereux.

Ori devra se méfier. »
La main posée sur l’épaule d’Ætinis se retira, et Tyrosh s’en fut dans la direction opposée, sans ajouter un mot. Il était clair que l’arrivée de Nahël Æthil avait contrarié ses plans pour la conversation, et qu’il ne souhaitait pas s’éterniser en sa compagnie. L’avertissement donné à Ætinis avait de quoi la troubler, et lui donner à réfléchir pour quelques temps. Se mettant en marche d’un pas rapide, elle eut tôt fait de rattraper les seigneurs Ori et Nahël, d’autant plus motivée que les deux nobles se dirigeaient vers un endroit où elle pourrait se sustenter discrètement et à loisir.

***

Deux heures plus tard, devant les portes de la résidence des Aen Elle, les attendait un carrosse elfique. Tiré par deux chevaux blancs attelés au véhicule, la voiture était de facture assez élégante, et légère, illustrant parfaitement les méthodes d’artisanat des Asur. Le véhicule n’était pas sans rappeler les chars guerriers que l’on trouvait couramment dans certains des Royaumes Elfiques, notamment en Chrace ou en Tiranoc : il était juste plus grand, plus solide, et couvert. A l’avant se trouvait le socle d’un char classique, où jusqu’à deux personnes pouvaient se trouver assis sur un banc, afin de gérer l’attelage. A l’intérieur, de confortables litières avaient été installées, de sorte que l’on puisse s’y tenir assis ou allongé. Le véhicule ne présentait pour d’ouverture sur les côtés qu’au-dessus du niveau des portières : de légers rideaux d’étoffe ornementée pouvaient être tirés, préservant l’intimité des passagers, et leur accordant une forme de protection en les masquant aux regards extérieurs. Il s’agissait donc d’un véhicule somme toute plutôt fastueux, dont on pouvait aisément deviner qu’il ne servait que pour se rendre à des réceptions comme celle organisée ce jour-là par les Aen Elle. En toute autre occasion, se déplacer à cheval était plus rapide, quoique moins commode pour le passager.

Devant le coche les attendaient trois soldats, probablement à la solde de la maison Æthil. L’un d’entre eux se tenait devant les autres. Il s’agissait d’un elfe blond, plutôt imposant, portant un kheïtan léger, une armure composée de cuir épais, d’étoffe et de maille, généralement portée par les voyageurs pouvant se le permettre. L’individu portait également une cape d’un jaune doré assez pâle, qui le faisait ressortir d’emblée au sein du trio, le désignant comme d’un rang différent, probablement supérieur. Son visage d’une grande pâleur arborait une expression neutre alors que ses yeux bleus se fixaient sur Ori, Nahël, et Ætinis, les jaugeant rapidement avant de croiser le regard du seigneur Æthil.

Arthorias, dit "l'Exécuteur"

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« Seigneur Nahël, les préparatifs sont terminés. »
Un gobelin inspiré a écrit :Pour toute réclamation ou problème, traversez la forêt et rendez-vous à la Caverne aux Champignons. Mais prenez garde aux vapeurs de bonnet-de-fou...
A l'entrée de la grotte se tient le gobelin : ses vêtements sont crasseux, et ses yeux vitreux. Plusieurs champignons d'une taille impressionnante pendent en grappes à sa ceinture. Dans l'une de ses mains, il tient une feuille d'arbre roulée en cylindre, dont l'extrémité fumante dégage les même fumerolles que celles qui planent lourdement au-dessus de sa tête. Il tire une bouffée de son étrange et longue cigarette, expire ensuite tranquillement par le nez, tout en dévisageant son interlocuteur d'un air rêveur. Puis, il prend la parole, d'une voix cassée, grave et enrouée, comme s'il avait quelque chose de très important à vous chuchoter :


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"Pourquoi cet air si sérieux ?
Écoute-moi bien, voyageur égaré.
Il y a quelque chose dont je voudrai te parler.
En tout temps, en tout lieu, tu dois bien être conscient que :

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En cas de non-respect de ces quelques règles,
Tu serais confronté à cet étrange animal,
Qui du forum régit le Bien et le Mal :
Le Modo, en vérité, créature fort espiègle."

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Un gobelin douteux a écrit :

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Ætinis Verteflèche
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ætinis Verteflèche »

Le descendant du grand Valarion affichait une mine satisfaite qui ne surprit guère notre héroïne. Cela était normal, car tout fonctionnait au mieux pour lui, puisque l’évocation de son nom avait produit son petit effet et qu’il avait intensément gagné le respect de ses pairs nobles ainsi que la soumission de la roturière. Qui plus était, Ori avait accepté l’invitation qu’il lui avait faite sans faire d’histoire, au grand bonheur d’Ætinis. En réalité, un seul elfe paraissait mécontent parmi eux, et il s’agissait de l’oncle Tyrosh Aen Elle.

Une telle réaction de sa part vis-à-vis de quelqu’un d’aussi prestigieux était bizarre, car un rapprochement entre Ori et Nahël ne pouvait du point de vue de Verteflèche n’être que bénéfique pour les deux familles. D’autant plus qu’apparemment, Eredin Aen Elle et Nahël Æthil se connaissait déjà et entretenaient au moins des relations cordiales, d’après ce qu’elle avait pu voir quelques instants plus tôt. Et au vu de la réussite de l’aîné des frères Aen Elle, il serait bon pour tous que le cadet suive ses traces. En fait, il ne semblait tout simplement pas y avoir de raison de ne pas se réjouir des avances faites par l’héritier des Æthil au seigneur Ori, ou en tout cas pas à première vue. Finalement, la seule raison valable du mécontentement de l’oncle qu’Ætinis put trouver était que sans doute les deux hommes ne s’appréciaient-ils pas.

Cependant, la jeune elfe trouvait particulièrement dommage que le seigneur Tyrosh ne mette pas ses inimités personnelles de côté pour souhaiter le meilleur pour son neveu. Et le meilleur, c’était assurément à Tor Æthil qu’Ori le trouverait, de cela, Ætinis était convaincue, bien qu’elle ne connaisse pourtant rien à cette ville et qu’elle vienne tout juste d’apprendre l’existence de ce Nahël qui était l’unique petit fils du grand Valarion.

Qui plus était, et malgré sa coiffure excentrique, Ætinis trouva tout de suite ce Nahël très sympathique lorsqu’il convia Ori à se rendre au buffet afin de s’y restaurer.


*Voilà qui est une excellente idée* , pensa la soldate, car son nouveau rôle officiel de garde du corps d’Ori lui permettrait légitimement de s’approcher elle aussi des victuailles. Et avec un peu de chance et de discrétion, elle pourrait certainement en profiter pour calmer sa faim.

D’ailleurs, il ne fallait surtout pas qu’elle laisse trop s’éloigner le jeune noble, car outre assurer sa sécurité, elle devait aussi remplir le second objectif qui lui avait été assigné par Azurö et Eredin Aen Elle, à savoir le surveiller, ce qui impliquait de devoir écouter tout ce qu’il disait et à qui il le disait. Sans attendre une seconde de plus, Ætinis s’apprêtait à emboiter le pas aux deux seigneurs, telle une ombre, discrète, insignifiante, mais collante, lorsque le seigneur Tyrosh la retint en plaçant une main sur son épaule.

La jeune elfe ne se serait jamais attendue à une telle réaction de la part de l’oncle de son protégé. Le seigneur, qui manifestement n’allait pas retourner au buffet avec son neveu et Nahël, lui accordait une attention complètement extraordinaire, ce qui n’était pas pour déplaire à l’archère. Parlant suffisamment bas pour qu’elle seule puisse l’entendre, le grand seigneur lui fit une confidence. Il la mit en garde contre la soi-disant dangerosité que représentait Nahël pour Ori, et lui conseilla de le garder à l’œil. De toute façon, même s’il le soupçonnait déjà probablement, comme le laissait penser sa première phrase sur la mission qu’Eredin avait pu lui confier, il était hors de question pour Ætinis qu’il arrive quoi que ce soit à l’elfe dont elle était responsable. Elle veillerait à assurer sa sécurité à n’importe quel prix.

Il paraissait plus qu’étrange aux yeux de la fille de bûcheron que l’oncle Aen Elle émette des doutes sur une famille aussi illustre que celle des Æthil, mais son inimité personnelle altérait probablement son jugement. Quoi qu’il en fût, même si ces soupçons paraissaient hautement fantaisistes et qu’elle ne les partageait absolument pas, ils restèrent imprimés dans un coin de l’esprit de la garde du corps. Malgré tout, on était jamais trop prudente, et le sang n’était pas forcément gage de qualité, preuve en était que le descendant du grand mage et ami d’AEnarion, Calédor « le vrai », n’était autre qu’un sale traître à son peuple et à son roi, un égoïste assoiffé de pouvoir prêt à massacrer des millions d’innocents pour assouvir ses ambitions démesurées. Qu’un être aussi abject puisse descendre directement d’un si grand héros était bien la preuve qu’il fallait toujours rester vigilant, à défaut d’être méfiant.

Ces pensées tournèrent quelques secondes dans l’esprit de notre héroïne, et ses yeux verts foncé se plongèrent dans les yeux clairs de Tyrosh comme pour essayer de sonder son esprit, de lire dans ses pensées. Elle jugea finalement que si Nahël ne présentait pour l’instant aucun danger et était au dessus de toute méfiance et de tout soupçon, cette confiance n’excluait pas un contrôle minimal qui ne serait finalement que sagesse. Aussi hocha-t-elle la tête affirmativement et accorda-t-elle un sourire rassurant avant de répondre à son interlocuteur, sur un ton aussi bas que le sien, d’une voix toujours hachée par son horrible accent, qu’évidemment elle-même n’entendait pas : c’était sa manière normale de parler, ainsi que celle des pauvres bûcherons de Chrace. Pour elle, au contraire c’était les autres qui avaient des accents raffinés et bourgeois que personnellement elle adorait, car cela donnait à chacune de leur parole, même les plus insignifiantes, un charme certain et une impression d’intelligence qui ne sublimerait hélas jamais ses propres mots, elle en avait conscience.


-N’ayez crainte, seigneur Tyrosh. Je ne souhaite que le bien du seigneur Ori et de votre famille, je peux vous l’assurer. Il n’arrivera rien à votre neveu. Quant au seigneur Nahël, il ne ferra aucun mal au seigneur Ori, j’en suis convaincue. Mais là encore, seigneur, j’obéirai à vos ordres, et s’il veut faire du mal à mon seigneur, je serai là pour l’en empêcher.

Ætinis Verteflèche n’était pas très douée pour la politique et la rhétorique, mais comme sa famille, elle avait bon cœur et comme toujours ne souhaitait que le bien de tous. Tout ce qu’elle avait dit à Tyrosh pour le rassurer, c’était la stricte vérité à ses yeux, et finalement eux deux partageaient le même objectif, ils voulaient protéger Ori. Toutefois, pour elle, protéger Ori impliquait également de le surveiller, car elle comptait bien remplir sa mission et protéger son seigneur contre lui-même si nécessaire. En ces temps troublés, certaines personnes pourraient vouloir lui bourrer le crâne de mensonges subtils pour tenter de l’amener sur une voie qui ne ferrait que lui porter préjudice, à lui comme à sa famille et son pays. Oui, la menace n’était pas que physique, elle pouvait venir de n’importe où.

Et en cela, selon elle, Tyrosh avait eu raison de l’inciter à adopter une vigilance constante, y compris à l’égard de Nahël. Après tout, s’il semblait acquis à ses yeux que Valarion était au dessus de tout soupçon et ne pourrait jamais agir contrairement aux intérêts du pays qu’il avait si bien servi, ce n’était pas le cas de son jeune petit-fils qui lui aussi était encore jeune et puissant, et donc plus facilement influençable, même si pour l’instant et jusqu’à preuve irréfutable du contraire, elle l’estimerait avec la même considération qu’elle avait envers son légendaire grand-père. En fait, Ætinis s’était résolue à suivre l’un des proverbes que son père affectionnait d’employer lorsqu’étant enfant elle essayait de l’entourlouper pour avoir le droit de sortir en jouant sur sa confiance : « la confiance n’exclut pas le contrôle ».

Puis l’oncle Tyrosh retira sa main et s’en alla sans rien ajouter. Il était impossible à la jeune fille de savoir ce que ce politicien aguerri, maître de ses expressions et de ses mots pensait, mais elle espérait sincèrement l’avoir rassurée en se montrant franche avec lui. Sur ces entrefaites, elle se rendit compte qu’elle commençait mal à jouer son nouveau rôle. Cela ne faisait que quelques minutes qu’elle était sa garde du corps et déjà elle se laissait distancer par son protégé. Avançant au pas de course pour rattraper son retard, elle fonça au buffet. Là, elle laissa échapper un soupir de satisfaction. Non seulement elle avait retrouvé Ori et Nahël, qui engagés dans une discussion sans grande importance aux yeux d’Ætinis ne lui prêtèrent pas attention –et c’était tant mieux vu ce qu’elle comptait faire-, mais en plus, elle pouvait enfin se servir, chipant le plus discrètement possible des petits fours, des gâteaux, et autres mets tous plus succulents et raffinés les uns que les autres pour satisfaire son appétit…



Une paire d’heures plus tard à peine, Ætinis Verteflèche, Nahël Æthil et Ori Aen Elle arrivaient aux portes de la résidence, où un magnifique carrosse et trois soldats de Nahël les attendaient. Leur chef, un elfe blond grand et costaud, bien équipé et bien armé et vêtu d’une cape jaune, semblait parfaitement apte à assurer la sécurité des voyageurs. Il avait une expression neutre et invita les seigneurs à rentrer dans le confortable carrosse. En tant que membre de l’escorte, et n’ayant jamais appris à monter à cheval, Ætinis devrait s’asseoir sur la banquette à côté du cocher, mais cela ne lui posait aucun problème. Au contraire, elle serait plus stable pour tirer à l’arc si la situation dégénérait sur la banquette d’un véhicule que sur un coursier elfique. Ætinis attendit que les nobles soient rentrés dans le carrosse, puis se présenta aux trois autres soldats, leur tendant la main en souriant, d’un geste à la fois amical et professionnel. Ne connaissant pas les grades de l’armée qu’elle avait pourtant rejointe ni comment appeler un supérieur, elle donna au hasard un grade élevé au chef, afin qu’il ne soit pas vexé si par malheur elle se trompait. De toute façon, elle faisait déjà très « amatrice » comparée à ces hommes lourdement équipés, là où elle était simplement vêtue de sa cape verte. Elle espérait qu’ils ne la discrimineraient pas à cause de son accent.


-Bonjour commandeur. Je me nomme Ætinis Verteflèche, je suis une archère de l’armée de la famille Aen Elle, au service du roi Malékith, et j’assurerai la protection du seigneur Ori durant son voyage. En tout cas, si je peux vous être utile à quoi que ce soit, n’hésitez pas à me le demander.

Ætinis ne se rendit pas compte qu’elle n’avait pas salué règlementairement, car elle n’avait pas présenté ses respects, mais un simple « bonjour », comme si elle était d’un grade au moins équivalent. Mais, elle se tourna vers les deux subalternes et les salua chaleureusement, notamment celui qui serait son compagnon direct de voyage, le cocher.

-Salut les gars ! J’espère que vous savez quoi faire, je suis toute nouvelle engagée…

Leur avoua-t-elle avec un sourire naïf, avant de s'asseoir sur la banquette à côté du cocher, non sans avoir déposé son sac à dos entre ses jambes pour qu'il l'empêche pas de s'adosser confortablement. Elle posa également son arc sur ses genoux et non accroché sur son dos, afin de pouvoir réagir au plus vite en cas d'attaque.
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Ætinis Verteflèche, voie de l'archère elfe
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Equipement et compétences de combat:
Equipement de combat:
-Lame en or marin : 14+1D8 dégâts, 15 parade
-Arc elfique : 30+1D8 dégâts Malus de -2 TIR tous les 36 mètres, précise : (quand vous utilisez une telle arme lors d'une attaque localisée, vous gagnez un bonus de +2 ATT/TIR. Vous pouvez combiner ce bonus avec celui qui est associé au talent Coups précis/Tir précis...)
-Coutelas : 12+1D6 dégâts, 6 parade.

Compétences de combat :
-Adresse au tir (arcs) : +1 en TIR quand utilise un arc.
-Tir en mouvement : annule le malus pour les tirs en mouvement.
-Tir à déclenchement rapide : Sur un test d'HAB réussi, permet de tirer deux projectiles par round au lieu d'un seul (maximum 2), avec un malus de -1 à chaque tir dans ce cas.
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Ori Aen Elle
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par Ori Aen Elle »

Désolé pour ce petit poste à la va vite.
J'étais parvenu à flatter l'ego surdimensionné de Nahël, une bonne chose, le descendant du grand Valarion était un homme intelligent et puissant, j'en étais persuadé, mais il semblait être trop sûr de lui... Le genre de personne arrogante, se pensant au dessus des autres. Pour le moment, il voyait en moi un homme de son calibre, mais pour combien de temps et surtout dans quel but ? Je n'étais pas dupe, sachant très bien que cette courtoisie était due à une idée bien précise, il désirait quelque chose, mais quoi...
Le descendant de la famille Æthil proposa de prendre une collation avant de partir, bien que je n'avais pas vraiment faim, je me décidais à accepter d'un simple hochement de tête. Nous nous dirigeâmes donc en direction de la salle de réception, laissant seul mon oncle ainsi que ma protectrice. Je savais que mon oncle n'était pas d'accord avec la tournure des événements, mais comme il l'avait dit lui même, il était temps pour moi de faire mes choix... Et de les assumer...
Nous marchâmes donc ensemble, discutant de tout et de rien, je lui posais quelques questions sur Tor Æthil, prétextant et inventant des questions, histoire de parler un peu, en profitant au passage pour me servir sur les différents buffets en place.
Du coin de l'oeil, je vis que Ætinis Verteflèche me suivait de prêt, observant mes faits et gestes, chose normale pour son rôle. Il me faudrait un peu de temps pour m'adapter à cela, je trouvais cette protection rapprochée bien stupide... Mais après tout, qu'aurais je pu dire face aux décisions de mon père ?

Deux heures passèrent, où voyant les autres convives restants quitter la grande réception, le seigneur Nahël se décida à m'inviter à quitter les lieux. Enfin, d'ici peu, nous allions entrer dans le vif du sujet. J'étais jeune dans ce nouveau monde, et mon interlocuteur le savait bien, et comptait sûrement là dessus pour obtenir aisément de moi ce qu'il désirait, or croire cela de moi était stupide... Les Aen Elle n'était pas une famille dont on pouvait se servir aisément, mon père me l'avait bien enseigné durant mon enfance. Nous sortîmes dehors, devant l'entrée principale attendait un carrosse magnifique, d'un ouvrage impeccable, sûrement fait par des artisans de renommé. A y regarder de plus prêt, il ressemblait à certain char de guerre que j'avais pu voir dans certains livres sur les connaissances tactiques et militaires. Deux chevaux blancs étaient attachés à ce magnifique ouvrage, je ne pu m'empêcher d'approcher les bêtes et de poser ma main délicatement sur leur cou.


"De belles montures que vous avez ici seigneur Nahël, j'espère en posséder de la sorte un jour."

J'avais dis cela comme ça, en tout innocence, mon regard se porta sur les gardes du corps de Nahël, en particulier un grand elfe blond, assez imposant, armé jusqu'aux dents. Je devais avouer que ce type ne me disait rien qui vaille, car en effet, je pouvais le voir dans son regard, cet homme était un tueur à n'en pas douté, on pouvait voir la mort dans ses yeux. Il semblait que Nahël savait s'entourer... L'elfe blond s'exprima, expliquant que tout était prêt, probablement parlait il des modalités de départ. Suivant le pas du petit fils du grand Valarion, j'entrai dans le carrosse. Et c'est ainsi que je me retrouvais seul et isolé avec mon nouvel "ami".
Avant que la porte du moyen de transport ne se ferme, j'entendis mon "cadeau" commencer à chercher à faire les présentations avec les autres soldats du groupe... La naïveté dont elle faisait preuve était assez déroutante, elle ne semblait en plus ne pas connaître grand chose du protocole militaire... Il faudrait que je règle cela au plus vite, car désormais, les actions qu'elle ferait seraient signés sous mon nom, et donc celui de ma famille. Il était impossible d'imaginer qu'elle puisse me faire honte.


"Ætinis... Je ne veux pas que nous soyons déranger, alors pas d'histoire, comporte toi bien. Nous parlerons plus tard toi et moi."

Car oui, à l'heure actuelle, elle et moi n'avions pas pu échanger un mot, et j'aimais connaître les personnes qui marchaient à mes cotés. De plus, j'avais pas mal de questions à lui poser, sur sa famille, sa vie, son histoire, ce qu'elle avait pu voir du monde, sur son idée du conflit actuel entre Asur... Je n'étais pas un de ces nobles prétentieux, pensant que chacun devait rester à sa place, j'aimais l'idée qu'il était bon de connaître les points de vue de chacun sur tout, c'était cela l'ouverture d'esprit...
La porte du carrosse se referma donc, et désormais face à face avec Nahël, mon regard devint plus sérieux et légèrement plus froid. Il était temps d'arrêter de jouer les naïfs. Le jeu du chat et la souris m'aurait rapidement agacé de toute façon.


"Nous sommes seuls désormais seigneur Nahël... Je pense qu'il est temps pour vous de me dire ce que vous avez derrière la tête non ? J'ai du mal à croire que vous m'invitiez chez vous seulement par plaisir. Je pense que vous avez besoin de moi pour quelque chose... Ai je tort ?"
Modifié en dernier par [MJ] Le Gob' le 15 avr. 2016, 00:32, modifié 1 fois.
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Ori Aen Elle, Voie de l'aristocrate
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• ACUITE VISUELLE (B)
• ALPHABETISATION
• CONNAISSANCE TACTIQUE (E)
• DIPLOMATIE (B)
• ELOQUENCE (E)
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• SEDUCTION (B)
• VISION NOCTURNE (E)

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[MJ] Le Gob'
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Re: [Ori & Ætinis] La cour des Grands

Message par [MJ] Le Gob' »

L’individu au teint blafard ne daigna pas répondre au salut d’Ætinis, se focalisant plutôt sur le seigneur Nahël, dont il attendait visiblement les ordres. Ne se laissant pas démonter par le manque d’attention témoigné, Ætinis s’en fut prendre place à l’avant du carrosse, au côté de l’un des subalternes qui occuperait visiblement le rôle de cocher pour le voyage. Lui aussi était équipé d’un arc elfique, de bonne facture, et à en juger par le soin attentionné avec lequel il déposa son arme à ses pieds, contre le garde-fou avant du véhicule, il était visiblement un archer plus qu’un épéiste. Les cheveux d’un blond tirant carrément sur le blanc, il était moins musclé que les deux autres, et n’avait pas l’air très bavard, mais sembla sortir de sa réserve lorsque Ætinis les salua, son collègue et lui. Un bref sourire fit jour sur son visage, alors qu’il vérifiait une dernière fois que tout était prêt pour le départ. Sa voix était curieusement sourde, et il avait une réelle tendance à laisser ses phrases en suspens, comme s’il cherchait ses mots ou hésitait à en dire trop.
Nalthaël,
archer au service de la maison Æthil


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« Salut à toi, Ætinis puisque tel est ton nom. Visiblement c’est à moi de faire les présentations, alors… Le blême qui discute avec les huiles, c’est le capitaine Arthorias. On le surnomme l’Exécuteur, ce qui en dit long sur son caractère… si tu veux mon avis. Et tu connais déjà le seigneur Nahël, je suppose…

Je ne sais pas quel est ton statut, ni si tu vas être placé sous ses ordres dans un futur proche, mais si un jour c’est le cas… Fais gaffe, il ne tolère pas ceux qui sont preuve de faiblesse.

Mon collègue, le grand elfe costaud là-bas, c’est Ilkar. Il a un caractère un peu… spécial mais n’est pas méchant au fond. Ce que je veux dire c’est que… il aura du mal à te considérer comme une soldate à part entière, parce que tu es… tu vois… enfin, une femme, quoi.

Et moi, c’est Nalthaël. Mais… mes amis m’appellent Nal’. »

Pendant ce temps, Ori et Nahël avaient pris place à l’intérieur de la voiture. Sans plus de formalités, Nahël s’était étendu sur l’une des deux litières, s’appuyant sur l’un de ses coudes, invitant Ori à l’imiter et à se mettre à l’aise sur sa propre banquette. Le véhicule était confortable et assez fastueux, une table basse ayant été fixée au sol entre les deux litières, et qui intégrait dans un structure une coupelle inamovible au creux de laquelle avaient été placés quelques fruits. Visiblement habitué à un tel luxe, le seigneur Nahël continua sa conversation avec Ori. Lorsque son interlocuteur le questionna sur ses projets pour leur coopération, le nobliau ne daigna pas répondre, lui proposant de commencer par un état des lieux de la situation. Aussi commença-t-il à lui exposer les bases de la géopolitique de l’Ouest de Nagarythe alors que le véhicule se mettait en marche sur la route, traversant la ville d’A’vallach avant d’en dépasser les grandes portes :
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« Tor Æthil se situe à environ une demi-journée de voyage en direction de l’Ouest. Nous y serons avant ce soir.

Voyez-vous, seigneur Ori, le seigneur Malékith est actuellement occupé à superviser les affrontements avec les loyalistes à l’Est, notamment à la frontière du Royaume Elfique de Cothique. L’usurpateur Imrik de Caledor, dit le Monteur de Dragons, y a suffisamment de laquais pour nous compliquer la tâche, de sorte que peu de gens ici savent que la guerre est loin d’être à notre avantage.

Mais tout n’est pas perdu. En effet, il nous échoit la charge de tenir la ligne Ouest en l’absence du seigneur Malékith. Ici, le conflit n’est pas ouvert, et c’est heureux, dans un sens, car plus au Sud se trouve le puissant Royaume de Tiranoc, et Tor Anroc, où l’Usurpateur avait sa cour avant de partir en guerre dans les Royaumes Orientaux d’Ulthuan.

Mon grand-père s’est attelé depuis plusieurs années à collecter les allégeances des petites familles nobles de Nagarythe et à la frontière de Tiranoc, pour les rallier à la cause du seigneur Malékith. D’ailleurs, le Prince doit nous rendre une visite dans deux semaines, pour tenir conseil avec mon aïeul.

Je vous propose de résider quelques temps à Tor Æthil, d'y fréquenter la cour de mon aïeul, car il s'agit de la plus importante cour permanente des partisans du Prince Malékith dans l'Ouest de Nagarythe.

Si vous le souhaitez, vous pourrez aussi me prêter main-forte dans le renforcement de notre cause dans l'Ouest, car nous nous devons de rassembler davantage d'alliés que Tiranoc. »
Un gobelin inspiré a écrit :Pour toute réclamation ou problème, traversez la forêt et rendez-vous à la Caverne aux Champignons. Mais prenez garde aux vapeurs de bonnet-de-fou...
A l'entrée de la grotte se tient le gobelin : ses vêtements sont crasseux, et ses yeux vitreux. Plusieurs champignons d'une taille impressionnante pendent en grappes à sa ceinture. Dans l'une de ses mains, il tient une feuille d'arbre roulée en cylindre, dont l'extrémité fumante dégage les même fumerolles que celles qui planent lourdement au-dessus de sa tête. Il tire une bouffée de son étrange et longue cigarette, expire ensuite tranquillement par le nez, tout en dévisageant son interlocuteur d'un air rêveur. Puis, il prend la parole, d'une voix cassée, grave et enrouée, comme s'il avait quelque chose de très important à vous chuchoter :


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"Pourquoi cet air si sérieux ?
Écoute-moi bien, voyageur égaré.
Il y a quelque chose dont je voudrai te parler.
En tout temps, en tout lieu, tu dois bien être conscient que :

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En cas de non-respect de ces quelques règles,
Tu serais confronté à cet étrange animal,
Qui du forum régit le Bien et le Mal :
Le Modo, en vérité, créature fort espiègle."

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Un gobelin douteux a écrit :

Verrouillé

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