[Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

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Depuis la Déchirure jusqu'à la création de l'Empire et de la Bretonnie, revivez ces âges passés de légendes.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Même en retournant dans les « coulisses » de la tente, les oreilles de Susi bourdonnaient encore d’applaudissements. Peut-être un peu à cause de la baisse de tension, peut-être à cause de la soudaine fatigue qui la rattrapait, la clameur paraissait bien plus proche qu’elle ne l’était vraiment.
Au passage, un Folbouffon au visage couvert de sueur, les gouttes perlantes effaçant progressivement le maquillage sur sa face, vint lui donner un tape amicale sur l’épaule avec un grand sourire. Il retourna dans la fosse, les poings sur les hanches, en se plaignant avec de grands bruits de la soudaine disparition de la Halfeline emprisonnée.

Il terminait le spectacle, tandis que Rimi attrapait un grand chapeau à bords larges pour passer dans la foule, le tendre, et récupérer les piécettes que les spectateurs enthousiasmés lançaient à l’intérieur pour récompenser les Halfelins.

Susi n’assista pas à cette scène habituelle. Cachée loin de la foule, elle pouvait retrouver son souffle, et boire un peu de vin clairet qu’un de ses cousins venait de lui amener. C’est au bout de quelques minutes que les deux farceurs retournaient la rejoindre, avec des sourires si larges qu’ils atteignaient presque leurs oreilles.

« Oh c’était chic ! Mate un peu ça Susi, mate ! »

Rimi montra la recette de la soirée sous les yeux de sa petite sœur — ça débordait. Il y avait plein de morceaux de laiton, brun ou avec cette sorte de jaune pâle typique des pièces de qualité médiocre. Mais il y avait aussi des pistoles de l'atelier de Reikdorf, avec une teinte grisâtre, et barrées à l'occasion d'une trace de limage ; elles étaient souvent flanquées du gros marteau à Sigmar, un symbole attendu de la part d’une ville dirigée directement par la religion et son chef le Grand Théogoniste.

« J’arrive pas à y croire — c’étaient juste des curieux, des gens qui avaient rien d’autre à faire de leur Festag…
Mais maintenant, le bouche-à-oreille, ça va y aller fort ! Je suis sûr des marchands y vont venir ! Peut-être des nobles !
Peut-être… peut-être le margrave lui-même ! »


Assmus avait les yeux brillants. Sa rêverie tout éveillé le fit recevoir une lourde tape de la part de Rimi.

« Les margraves ça descend pas de leur palais pour aller dans des petites tentes voir des petites gens ; Mais hé, si on peut remplir le chapeau comme ça tous les soirs de la semaine, je m’en plains pas…
– Les vieux avaient raison ! Le Westermark c’est grand, et génial, et aucun cirque y passe jamais ! Toutes ces semaines passées à se les geler, à avoir des engelures, à pas pouvoir manger… C’est fini ! On va être riche ! Riches avant l’été ! »

Alors qu’Assmus continuait de bredouiller sa joie difficilement contenue, un petit cercle brillant au milieu des piécettes ne put s’empêcher d’attirer l’œil de la contorsionniste.

Il y avait une pièce d’argent parmi les pièces d’argent. Au premier coup d’œil, on aurait juste dit une pistole exactement comme les autres, mais celle-ci avait quelques minuscules différences qui forçaient l'œil à s'arrêter dessus.
Quelques millimètres de plus que les autres pièces, tout au plus. Mais en l'inspectant plus précisément, la Halfeline put voir comment cet argent semblait plus éclatant, plus blanc, plus pure que les autres. Légèrement plus lourde, également.
Elle observa la matrice de la pièce. Et ce que le frappeur avait choisi de marquer sur ce morceau de métal précieux était fort différent de la numismatique du Reikland.

On avait toujours dit à Susi que les Bretonnis étaient des gens sans monnaie, qui n’utilisaient l’or et l’argent pillés chez leurs voisins que pour en faire des bijoux. Mais sur cette pièce, on avait représenté le corps d’un gros dragon envolé, qui crachait des flammes avec son immense gueule pleine de dents.

Cette pièce venait du pays des Barbares qui enlèvent les femmes et pillent les fermes des Reiklander. De ces derniers jours à Baerenthal, elle avait rencontré, aussi improbable soit-il, deux Arabéennes et une demi-douzaine de Mariusbourgeois ; Mais où étaient les étrangers les plus proches de l’Empire ?

Ton XP a été rajouté à ta fiche ; 92 de gagnés depuis le début de notre RP, plus ce que t’avais déjà sur ta fiche, ça te fait 105 XP en tout. Tu es libre de les dépenser. Toutes les compétences coûtent 25 XP, il te suffit juste de justifier de comment t’as pu l’obtenir (Et comme vu précédemment, Vision Nocturne a déjà été acheté avec ton XP de Mordheim donc ça c’est fait — oublie juste pas de le préciser dans le post que tu mettras dans la chapelle, comme ça dans six ans quand Susi prendra sa retraite on l’oubliera pas pour ton nouveau perso :orque: )

Tu es libre d’acheter comme tu le souhaites. Ce qui va se passer, comme je t’ai prévenu, c’est un moment de routine.
La routine, ça veut pas dire qu’il se passe rien ; la routine, ça veut dire que tu ne fais rien d’incroyable qui exige de devoir forcément faire un post entier. Tu continues de faire tes numéros, d’aller rendre visite à Sirrah, et de corrompre le gros chien du prêtre de Sigmar avec du jambon. La routine, c’est aussi l’occasion pour toi de visiter Baerenthal et de découvrir un petit peu plus la ville et les gens qui y vivent — en somme, c’est plein d’informations que tu peux obtenir, et que j’essayerai de disséminer dans mes posts.

Dans ta réponse suivante, tu es libre de mettre fin à la routine dans des mini-scénettes ; Si tu veux parler à ton miroir, si tu veux aller voir un monument en particulier, ou avoir une discussion spéciale avec un membre de ta famille… C’est le dernier moment où tu peux. Parce qu’après, il y a le cambriolage :orque:


------------

Sirrah reçoit un ordre de ta part : Approcher le gamin pour obtenir des infos sur lui, l’endroit où il habite, et l’état du coffre. Comme elle va pas lui arracher tous ses secrets en une fois, je vais lui faire trois jets de charisme pour voir à peu près comment elle s’en sort :
5, réussite de 5
12, échec de 2
7, réussite de 3

→ C’est bon, validé pour sa part

Représentations du cirque : Le cirque Bonchardon souhaite rester à Baerenthal 3 semaines. C’est un moment bien suffisant pour se faire connaître et recevoir plein de fric, puis au bout de trois semaines il devrait y avoir les premières emmerdes (Les gens tolèrent pas de se faire chiper des trucs par les Halfelins bien longtemps…) et de toute façon, avec le début du printemps, cette grosse ville de Baerenthal va soudainement perdre en population car tous les bergers et les paysans vont repartir partout dans la marche du Westermark pour faire paître leurs bêtes.
Tu as deux jets de représentation à faire par semaine, donc six, et ça représentera en gros comment ton numéro se déroule.
Pour ton jet de « routine » je vais choisir l’Hab, avec un bonus de +2 parce que ta représentation était une réussite critique.
16, échec de 2 : +6 s
5, réussite de 9 : +4 p
3, réussite de 11 : +6 p
10, réussite de 4 : +3 p
18, échec de 4 : +6 s
11, réussite de 3 : +2 p

→ Y a juste une journée qui se passe moins bien que les autres. Il reste que c’est globalement positif.
Tu gagnes 16 pistoles rajoutées sur ta fiche. Note que dans les règles que j’utilise pour calculer la « routine », ces pistoles que tu gagnes sont des pistoles nettes qu’il te reste ; la variation de prix ça peut être plein de trucs ; Susi qui a perdu sa bourse sans faire exprès, Susi qui a dû se racheter une nouvelle paire de lacets, Susi qui a payé trop de verres à quelqu’un… Tu passes les trois semaines nourrie, blanchie et logée et le gain des trois semaines c’est 100 % ton argent de poche.

Je te retire 2 pistoles 6 sous pour avoir assez de viande pour corrompre le doggo qui est devenu ton pote.
Jet de corruption de chien : 13. Normalement c’est un échec de 3 mais comme t’as déjà réussi ton premier contact avec lui c’est pas suffisant pour qu’il se retourne soudainement ; le chien peut être considéré comme corrompu.
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Susi Tristepanse Bonchardon
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par Susi Tristepanse Bonchardon »

Baerenthal, ville haute, Festag, den 16 Jahrdrung, fin de matinée.


Voilà une semaine qu'on est installés à Baerenthal, et jusque là tout se passe merveilleusement bien. Notre première représentation au Festag dernier a été une telle réussite que le nom des Bonchardon s'est vite retrouvé sur toutes les lèvres. Enfin... non, je peux être humble devant les inconnus parce que la situation me gêne un peu, mais je ne peux pas me mentir à moi-même non plus : ce n'est pas de ma famille que tout le monde parle, mais... de Tristepanse.

C'est mon nom qui se transmet au bouche-à-oreille, c'est pour mon numéro en particulier que la foule se rassemble tous les soirs. Alors que pour ma première visite de la cage on m'ignorait sciemment, passant à côté de moi et faisant la sourde oreille, aujourd'hui, alors même que je suis toute petite, tout le monde se retourne sur mon passage. Les enfants me courent après pour me demander de faire des figures dans la rue, les maris me regardent en faisant des soupirs à rendre jaloux leurs femmes, et quelques-unes de ces dernières les moins prudes viennent me prendre à parti pour me demander des conseils afin d'obtenir les secrets de ma souplesse.

J'ai un peu de mal à gérer cette situation qui me met plutôt mal à l'aise. Jamais de toute ma vie je n'avais reçu pareil accueil dans les villes que j'ai traversées. Toute cette attention, c'est pas facile à gérer, parce que même si ça me permet de crâner devant la cousine Alice qui est verte de jalousie, j'ai quand même l'impression de ne pas la mériter. Je suis juste une gamine qui s'est rebellée contre ses parents en choisissant une discipline de cirque qui les dégoutait, et si j'ai beaucoup travaillé, je ne peux pas affirmer avoir trimé plus dur que n'importe qui d'autre dans cette ville effectuant un travail physique. Alors quand on m'alpague en public, j'ai tendance à rougir et à bafouiller un peu, même si je m'améliore de jour en jour.
C'est un peu embêtant quand même toute cette popularité, quand on veut se faire discrète pour un chapardage. Là c'est sur, si quelqu'un aperçoit mon visage ne serait-ce qu'une seconde à la lueur d'une torche, il saura immédiatement qui je suis.

Quoiqu'il en soit, j'ai décidé de faire quelque chose de constructif pour ce nouveau festag. La semaine dernière, j'avais déjà trop baguenaudé dans la cage pour me permettre de faire un détour supplémentaire par le temple de Sigmar, mais cette fois j'ai du temps devant moi, alors je m'y dirige avec une démarche assurée. Avec ma bonne réputation du moment, je crains beaucoup moins de me faire jeter dehors une fois là-bas : les miens ont tendance à pas toujours être très respectueux des dieux alors des fois on est mal vus sur les lieux de culte, mais si je me tiens bien je pense que ça ira.

J'y vais pour plusieurs raisons.

Déjà, parce que la moitié de la ville le fait, et je me dis que peut-être j'ai mal jugé cette coutume et que la messe sigmarite est moins barbante ici que dans le Reikland. Je comprend pas trop pourquoi les humains préfèrent vénérer de grands messieurs musclés qui font la bagarre en écoutant des curés parler avec une voix grave, plutôt que de prier des femmes pacifiques et aimantes comme Rhya ou Esmeralda en mangeant des tourtes et en faisant des bisous tout nu dans l'herbe. Mais il doit bien y avoir une raison autre que leurs tendances belligérantes.

Ensuite, bien sur, c'est pour observer le curé du manoir. Depuis que je l'ai vu tout aimant avec sa compagne et que le fils de la lavandière nous a sommairement parlé de lui, je n'arrive pas à me défaire d'une certaine curiosité à son égard. Je suis pas trop sure de ce que je cherche à savoir, mais ça m'arrangerait bien de le voir faire quelque chose d'antipathique, même un tout petit peu, pour adoucir ma conscience lorsque je le délesterais de ses trésors. Jusque là, j'ai jamais cambriolé que de méchants bourgeois, c'est la première fois que je m'en prend à un membre du clergé, et je suis toujours pas tranquille à l'idée que Sigmar finisse fâché contre moi.

On verra bien si j'apprend quelque chose sur lui ou sur Sigmar aujourd'hui.



***



Baerenthal, avenue commerçante, Marktag, den 19 Jahrdrung, fin d'après-midi.


C'est avec un peu d'appréhension que je rentre pour la seconde fois dans la tente d'Aetulff Reginar. Les lieux n'ont pas changé en dix jours : c'est toujours un bazar de bric et de broc, avec des tas d'étagères partout dans lesquelles on ne trouve jamais deux fois le même objet. Le jutone non plus n'a pas changé : même assis, il dépasse encore magistralement de son comptoir, et sa carrure filait toujours froid dans le dos, surtout quand on connaissait ses accointances divines douteuses.

Comme la fois précédente, je commence par m'approcher du petit autel de Ranald, et farfouille dans ma bourse afin de sortir une pistole d'argent que je glisse sous l'une des cartes à jouer. Je ne sais pas quel rôle le Chat a joué dans ma nouvelle popularité, mais dans le doute il convient toujours de le remercier pour la chance prodiguée.

Ce n'est qu'ensuite que je m'approche timidement d'Aetulff. Un peu penaude, j'ai du mal à le regarder dans les yeux, et commence en bégayant avant de retrouver confiance en moi :

- Bon... bonjour herr Reginar ! Je... je vous avait dit que si le costume rencontrait le succès escompté je serais reconnaissante, et ce fut le cas, alors... euh... alors j'ai décidé que j'allais faire une seconde commande ici puisque votre marchandise et le travail de votre fille sont si parfaits ! C'est bien normal de ne pas aller voir la concurrence quand on a déjà trouvé la meilleure qualité de la ville n'est-ce pas ? Je vous fais confiance, forcément... et donc j'ai besoin de vous pour me confectionner une autre tenue sur mesure, une tenue moins... moins ostentatoire.

Je me met à regarder à gauche et à droite avec une mine de conspiratrice, puis parle un peu moins fort afin de ne pas être entendue.

- Je... vous voyez, en ce moment, avec le cirque, tout le monde va voir mon numéro grâce à vous, et du coup les gens parlent beaucoup de moi, me reconnaissent au loin, veulent me parler... la journée, ça va, mais la nuit, moi qui aime beaucoup me balader tranquillement, rôder par-ci par-là en toute discrétion dans le calme, c'est un peu gênant vous voyez. C'est pour cela que j'ai pensé à vous : vous avez de magnifiques tissus aux couleurs très sobres, très sombres, du genre qui pourraient servir à me faire une tenue idéale pour être bien plus furtive la nuit si je voulais éviter d'être vue ou entendue... évidemment, il faudrait éviter que cette commande s'ébruite : ça ferait mauvais genre pour ma réputation...



***



Baerenthal, ville basse, Bezahltag, den 21 Jahrdrung, soirée

On entre toutes les trois dans la gargote de Gotrin, en théorie la plus grande des trois tavernes de Baerenthal, en pratique un boui-boui plutôt sombre et exigu, où les gens s'entassaient sur des tabourets trop étroits. Il y avait bien une grande terrasse en extérieur, mais l'on était encore trop tôt en cette saison printanière pour que le climat permette de se rassemble dehors le soir. On a un peu de mal à se trouver une table avec Sirrah et Serilda, mais on a eu la chance de voir un groupe partir au moment où on arrivait.

Exceptionnellement je ne travaille pas ce soir : hier, la représentation s'est pas très bien passée, je me suis faite salement mal à la cheville quand j'ai voulu me libérer de mes liens, alors aujourd'hui je suis obligée de me reposer. C'est rien de grave, j'ai pas mal quand je marche, mais maman a insisté pour que je prenne une journée à me requinquer en mangeant et en buvant autant que possible. J'en ai profité pour inviter mes deux amies à faire une sortie entre filles : il a fallu un peu insister pour les convaincre, mais puisque la journée Serilda travaille et que les soirs c'est moi, ça aurait été difficile de nous réunir toutes les trois à un autre moment.

Forcément, on a été très remarquées à notre arrivée : déjà que je suis plutôt populaire dans la cage (quoique désormais, une fois sur trois on m'alpague pour me demander si un membre de ma famille n'aurait pas récemment "trouvé" un objet ou un autre), mais avec les cheveux bien rouges de Serilda et la couleur brune de la peau de Sirrah, c'est clair qu'on est incapables de passer inaperçues. Certains semblent ravis de voir les deux belles demoiselles que sont mes amies venir fréquenter leur taudis, d'autres un peu plus misogynes n'appréciaient apparemment pas que des femmes toutes seules viennent s'inviter parmi eux. Grâce à une petite pièce glissée au tenancier, ce dernier s'est néanmoins débrouillé pour qu'on nous laisse une paix toute relative pour le moment.

Si on est venues, c'est avant tout pour s'amuser, alors j'ai payé une bouteille de vin du Reikland pour nous trois. Mon dessein initial, outre le fait de bien rigoler avec mes amies, c'était de désinhiber assez Sirrah pour qu'elle nous parle un peu plus de sa vie et de sa relation avec sa mère - j'ai vraiment envie de savoir si elle se sent prisonnière ou si son quotidien lui convient comme il est. Cependant, mon plan parfaitement rôdé rencontra un obstacle auquel je n'avais pas songé de prime abord : même en prenant garde à lever la corne deux fois moins qu'elles, ma constitution diminuée me permet d'être fin torchée deux fois plus rapidement.

- Evidemment qu'j'ai des conquêtes dans touuuutes les villes où j'passe ! Moi j'peux t'dire qu'après mon numéro, y a pas un homme qu'est pas un peu serré et humide dans ses braies quand il r'part hein ! Y a toute une liste d'prétendants qu'attend mon r'tour partout dans l'Empire, et ouais ! Et ça c'est parce qu'la Susi, elle peut leur faire touuuutes les positions ! T'veux voir ma préférée, celle qui les met tous à mes pieds ? R'garde !

Arf, non, je devrais pas faire ça. Merde trop tard. Je suis en équilibre sur les mains, sur la table, et je mime ce que je ne devrais pas mimer. Je pense même pas qu'on puisse vraiment faire quelque chose comme ça, c'est totalement débile. Que quelqu'un m'arrête par pitié.

- Et ouais, trop chaude la Susi, ça vous épate hein ? Rien à voir avec c'te frigide d'cousine Alice, qu'elle aille bien s'faire f... bah non, du coup, qu'elle reste bien toute seule avec un concombre tiens. Hin-hin-hin, un concombre. Coooncooombre.

Pourquoi je rigole ? Ah, oui, il y a deux fois le mot "con" dans "concombre". Mais je sais pas si ça méritait vraiment que je ne puisse plus retenir des larmes de rire pendant une longue minute. Je finis par m'en remettre, et je prend alors une mine de comploteuse : enfin c'est ce que je crois, parce que mon index tendu qui aurait du être devant ma bouche est actuellement dans ma narine.

- Et vous alors les filles ? Vous êtes tellement, TEEEELLEMENT plus jolies qu'moi, c'est sur qu'avec vot'vie nomade, vous avez des amoureux, des amants, des p'tits biges éplorés qu'attendent qu'vos voyages vous fassent repasser dans leur p'tite cage. Alleeeeez j'veux savoir, racontez-moi !



***


Baerenthal, extérieur de la ville, Aubentag, den 26 Jahrdrung, nuit


Ca fait déjà plus de deux semaines qu'on est là, et qu'on se remplit bien les poches à Baerenthal. On a rarement eu autant de succès, alors on en profite le plus possible, mais on sent bien qu'on arrive bientôt à la fin de notre étape ici. Les bergers et les paysans commencent à quitter les lieux pour aller faire paitre leurs troupeaux. Les commerçants nomades commencent à remballer leurs affaires et se préparent au départ. Les premiers incidents entre humains et halfelins sont survenus dans la ville. Je nous donne une petite semaine encore avant de devoir à notre tour lever les voiles.

Je suis surexcitée. La période est désormais propice au chapardage, je vais enfin pouvoir mettre à profit ces deux dernières semaines de préparatifs. La corruption du fils de la lavandière, l'apprivoisement du molosse, les repérages effectués nuit et jour, les cours de crochetage donnés à Sirrah, tout ça dans l'unique objectif de rentrer dans ce manoir, et le déposséder de ses plus beaux objets.

Mais j'ai besoin d'avoir une dernière réponse avant d'opérer. Une réponse qu'une seule personne peut me fournir, une personne à qui je rechignais de reparler jusque là. Parce qu'elle me file des frissons dans le dos, parce que j'ai autant envie d'entendre ses réponses que je ne les crains.

Je sors le miroir de son sac de sel, et regarde mon reflet fissuré disparaître dans la brume.

- Salut Mori. Tu... tu vas bien depuis la dernière fois ?

Si c'est un méchant esprit, rester polie ne me tuera pas. J'espère qu'il ne m'en veut pas pour l'épisode de la salaison - j'ai pas le choix de toutes manières, je veux pas qu'il aille hanter ma famille.

- Dis, j'ai une question à te poser. Tu... t'as passé pas mal de temps chez Sirrah toi. Alors peut-être que tu sais.

Un soupir. J'ai du mal à poser ma question, mais je ne peux plus reculer maintenant.

- Pourquoi elle est si importante pour Zaniab cette lampe ? Elle lui sert à quoi exactement ?


Notes diverses :
- Mes bracelets de cheville, ma broche et ma tenue de scène restent au cirque pour mes spectacles, je promène pas tout sur moi au quotidien (au risque qu'on me pique des trucs, mais bon c'est la vie de halfelin :D).
- Si Sirrah est ok, j'aimerais qu'elle me renouvelle mon tatouage au henné en fin de période de routine, qui doit commencer à fatiguer pas mal.
- Pour le don à Ranald, il ne correspond pas à 10% de mes gains (16 pistoles) dans le rp, parce que je trouve logique d'aller voir Olovald plusieurs jours avant de faire ma demande des fois que la confection de ce que je demande prenne du temps - après tout le costume j'ai payé un supplément pour qu'il soit prêt dans la journée, cette fois j'aimerais éviter. Néanmoins, considère évidemment qu'au bout des 3 semaines, j'ai bien payé 1 pistole et 12 sous à Ranald, Susi est beaucoup trop superstitieuse pour flouer le dieu des chapardeurs. Par ailleurs, dans l'optique où ma commande est ok pour toi, puisque c'est je suppose Serilda qui va s'occuper de confectionner ça à ma taille, elle aura sans doutes des soupçons sur ce que je compte en faire mais tant pis - selon sa connaissance des signes et gestes sacrés de Ranald, Susi pourra éventuellement croiser les index avec elle aussi afin d'en faire sa "soeur", et la mettre au parfum : qui sait, elle voudra ptet même nous aider :D Je te laisse voir. Ah, et si c'était pas clair, c'est évidemment la tenue de Monte-en-l'air du wiki qui m'intéresse.
Susi Tristepanse Bonchardon, Voie de la voleuse, rang 2.

Profil : For 7 | End 7 | Hab 14 | Cha 12 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 7 | Tir 9 | NA 1 | PV 50/50

États temporaires :
-

Compétences :
- Roublardes : Acrobaties, Contorsionnisme, Crochetage, Déplacement silencieux, Évasion, Vol à la tire,
- Intellectuelles : Acuité visuelle, Langage secret - Jargon des voleurs
- Martiales : Esquive, Résistance accrue, Résistance à la magie(2)
- Divers : Chance, Cuisine, Vision Nocturne

Équipement :
Porté :
- Bolas
- Grenades assourdissantes
- Grappin
- Outils de crochetage
- Boucle d'oreille en or
- Couteau à beurre
- Gibecière
- Lait du Moot

Équipement de voyage (pas systématiquement porté) :
- Costume de scène
- Tenue de Monte-En-l'Air
- Miroir maudit
- Stocks de tabac
Awards \o/
Warfo Award 2021 du meilleur PJ - RP
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"Avec Susi, y a pas de souci !"

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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

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16. Jahrdrung.
Les cloches sonnaient.

Dans une ville de chaumières et de ruines, dans une cité d’anciennes races et de nouveaux-venus, le Temple de Sigmar apparaissait comme un grain de beauté au milieu du visage.
Ce n’était pas un Temple grandiose. Ce n’était pas la cathédrale d’Altdorf, dont Susi avait pu apercevoir le squelette recouvert d’échafaudages, un futur géant qui avait l’âge d’un bébé — la cathédrale était si haute, ou peut-être que Susi était si petite, qu’elle avait l’impression que la grande flèche pouvait chatouiller les nuages.
Mais même sans cet extrême, le fait que ce Temple de Sigmar-ci était une construction humaine, en pierre bien dure, et de facture récente, suffisait déjà bien assez à happer le regard. Il fallait, pour l’atteindre, remonter les rues de la vieille ville, et dépasser des petites tours en bois servies par des sentinelles. Au loin, assise sur une butte entourée de grands arbres qui commençaient tout juste à bourgeonner, l’église était parée de grandes banderoles rouges, représentant parfois une comète brodée de fils orangés, parfois un grand marteau foudroyant un cheval.

Le nombre conséquent d’hommes d’armes en faction ne faisait pas penser à un chemin interdit, car Susi se mêla vite à une petite foule de gens qui discutaient ensemble dans des bribes de murmures, qui, additionnés, bourdonnaient dans les oreilles. Des gens de tous les âges et des deux sexes, et même si la différence était moins évidente, avec des costumes un petit peu variés ; Là, une petite fille en tenue blanche, qui grognait et semblait fort embêtée tandis que sa mère lui remettait en place ses cheveux qu’elle avait dénoués. Ici, un vieux monsieur écrasé sur sa canne, s’arrêtant tous les six pas pour s’éponger le front. Devant, un jeune homme élancé au scalp rasé et aux joues creuses, une peau de loup sur les épaules, comme s’il était un louveteau fidèle d’Ulric — et pourtant, il venait rendre ses hommages à celui qui était un preux Ulricain dans sa vie humaine.

Susi passa le perron. Il faisait sombre. Les murs étaient des murs très épais, en grosse pierre, si bien qu’en remontant la nef, la Halfeline se mit à grelotter de froid. On entendait le moindre petit bruit avec un écho porté par l’acoustique au-dessus de sa tête. C’était simple, épuré, comme le sont les Temples de Sigmar — pas de banc, on prie debout, tant pis pour le vieux monsieur qui allait avoir mal aux hanches. Des lignes droites, une séparation parfaitement respectée entre l’autel et l’endroit où se rangent en colonnes les fidèles. La petite fille capricieuse de tout à l’heure se fit maintenant tirer les épaules par sa mère, engueulée par des chuchotements, pour qu’elle sache où elle devait se tenir et lever la tête.

Aux murs, en profitant d’un petit peu de lumière grâce à de longues mais fines meurtrières crénelant la structure, on découvrait une immense broderie qui faisait tout le tour du bâtiment. Et voilà que, avec des petits personnages cousus, Susi révisait la Vie de Sigmar dont elle ne cessait d’entendre des prêches morcelés à travers le Reikland, avec la verve narrative de missionnaires voulant convertir le petit peuple à cette religion de guerriers nobles.

Il y avait bébé Sigmar, couché dans un lit de paille, enroulé d'un linge soyeux de velours pourpre, pendant qu’une comète à deux-queues éblouissait le ciel de la nuit bleutée. Il y avait enfant Sigmar, entouré de cadavres d’Orques qui avaient des petites croix à la place des yeux, tendant ses mains pour recevoir un gros marteau de la part d’un Nain tout barbu. Il y avait Sigmar jeune homme, agenouillé devant le cadavre de son amoureuse — l’un des rares moments où un homme gigantesque et musclé comme lui était aperçu pleurant. Et puis, Sigmar adulte, accompagné d’une dizaine de petits rois à cheval, chargeant dans une trouée de montagnes une armée de petites créatures vertes. Sigmar d’âge mûr, debout, tandis que dans son dos un monsieur plus petit que lui, une tête de loup sur la tête, tendait les mains pour lui poser une couronne de lauriers autour de son front : l’Ar-Ulric venait de sacrer un Empereur pour toute l’Humanité.
Et puis, il y avait ce Sigmar à la barbe poivre et sel, qui un beau jour, se leva de son trône, posa Ghal Maraz contre le dossier, et partit. Vers l’Est. La route terrestre devint Céleste. Et alors que les yeux de Susi avaient fait tout le tour de sa tête, comme si elle était une chouette, elle voyait le petit personnage de Sigmar les mains liées, s’envolant dans le ciel, pour rejoindre Morr, Shallya, Taal et Ulric qui l’élevèrent tous sur un trône divin au-dessus d’eux tous.

La broderie avait dû demander des jours, des semaines, des mois de travail. Gratter et filer quelques arpents de laine exigeait toute la journée à une couturière — et là, il y avait de quoi requérir des milliers et des milliers d’arpents. Il avait fallu, méticuleusement, mettre des fils verts et bruns pour les Orques, du gris pour les armes, changer les couleurs pour les tenues des guerriers de toutes les Nations et pour les chevelures des humains miniaturés.

Les cloches cessèrent de sonner. Toute petite, Susi s’était retrouvée au milieu d’humains tous debout, et c’est entre deux bras de deux personnes qu’elle apercevait le bout de la nef rectangulaire comme la tête d’un marteau. Il y avait un petit siège vide, le seul endroit où s’asseoir, mais personne ne le prenait, pas même les diacres et les aides-messes qui se mettaient en file droite tout autour — on avait expliqué à Susi, une fois, que ce siège était pour Sigmar. Il fallait juste attendre le jour où il se déciderait à revenir régner.
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Dame Ottilia et son fils étaient au tout premier rang. Et l’amant de la femme était bien ici. Il dépassa les fidèles qui devinrent tout silencieux, alla tout droit devant l’autel, se retourna pour faire face à la foule, et leva son grand marteau de hêtre à la tête d’acier décoré d’une comète.
Et il prononça une phrase :

« Sigmar est le Marteau. Êtes-vous le métal ? »

Et presque à l’unisson, avec des débits différents, certains solennels, certains bégayant, tout le monde répondit — à l’exception, de ce qu’en voyait Susi, du joli garçon avec une peau de loup autour des épaules, qui demeurait les lèvres scellées :

« Je reconnais qu’aucun homme n’est monté au Ciel,
Sinon Sigmar au Marteau Victorieux.
Je reconnais son règne céleste et terrestre,
Et jure de le servir comme éternel sujet, dans cette vie et l’autre. »


Quelqu’un toussa quand un silence de plomb retomba sur le Temple.

Alors, le prêtre se tourna, comme ses diacres et ses assistants. Et, tout en faisant dos à la foule, son visage dirigé vers l’est, il leva ses mains, et commença à parler.
Il psalmodiait dans une langue parfaitement incompréhensible — il utilisait la langue du Peuple Barbu. En Khazalid, il se mit à incanter des prophéties, à implorer la pitié de son Dieu.

Pendant une heure, Susi assista au rite, dans une ambiance assez étrange… Les fidèles Sigmarites semblaient tout tremblants. Quelques fois, le prêtre se retourna pour lire un passage de la vie de Sigmar, et après, il fallait chanter une chanson. Loin d’être un moment agréable, le troupeau du prêtre paraissait inquiet, attendant strictement qu’on s’adresse à eux pour répondre machinalement des paroles ritualisées — on aurait dit que tout Baerenthal était une bande d’enfants sermonnés par un parent, et que le prêtre était leur grand-père à tous.
Mais c’était beau. C’était beau parce que l’homme qui menait le prêche était élégant. Il parlait avec une voix forte, mais sans jamais postillonner ou bégayer. Il racontait des récits de combat. Admonestait ses fidèles à être généreux et disciplinés, à suivre la loi, à être bons et faire preuve de contrition, peu importe ce que ce mot signifiait.

À la fin du rituel, le prêtre reposa son livre et modifia sa posture. Il cessa de garder les mains élevées en l’air, et son ton paraissait moins éloquent. Il but un verre de vin que lui amena un tout jeune enfant de chœur, toussota, et s’adressa avec calme à la foule.

« Sigmar nous a enseigné à faire confiance, à obéir et ne point douter de nos chefs et supérieurs qui règnent en bonne grâce selon Sa Majesté. Mais le doute est comme du pus — il ruine le corps de l’intérieur, l’enfle et vous rend malade. Pour se protéger du doute, le remède n’est pas de l’ignorer, le remède est de l’évacuer.
Alors, ne craignez pas l’oreille de Sigmar dans Sa maison ; Ne soyez pas des courtisans flatteurs, mais des conseillers avisés.
Si vous doutez, il faut en parler, car je sais que les doutes secrets nous lient tous. »


Plein de gens dans la foule se regardèrent mutuellement, un par un, comme des poules. On entendait à nouveau une toux.
On aurait dit un moment gênant à cause de quelque chose dont tout le monde était au courant. Mais pas la Halfeline nouvelle venue, apparemment.

« Non, personne ?
Et toi mon frère, non ? »


Il désigna quelqu’un. Un gros monsieur chauve, qui se raidit comme s’il allait être foudroyé sur place.

« Et toi ? Et toi ma sœur ? Et toi, jeune homme ?
Personne ?
J’ai entendu des rumeurs, pourtant. Que les gens de Baerenthal auraient des avis divergeant sur les décisions de mon supérieur, le père Lecteur.
Cette église est à vous — vous l’avez construite. S’il faut critiquer le culte, c’est ici qu’on le critique, ni dans les tavernes, ni au cirque qui vient tout juste de s’installer. Et on le critique sobre, pas diminué par l’ébriété. »


Il sembla désigner quelqu’un de son regard. Un trentenaire typique avec le visage damé de cicatrices de vérole. Ce trentenaire subit le regard lourd de sens de son prêtre, alors, il chercha des renforts en observant ses voisins dans la foule — tous le dévisagèrent.
Alors, en bégayant, il répondit enfin.

« C’est que, frère vicaire, on-…
J’ai entendu des gens, dire que, ben, c’que veut faire le père Lecteur, c’est… Bah, c’est… Bah…
Bah heu, disons… C’est pas très… Trop… ? ‘fin, certains voudraient des résultats, quoi. »


Le prêtre ne s’énerva pas. Il hochait la tête à chaque mot, comme pour l’encourager à parler.
Mais on lui vola la parole. Une dame rousse haussa la voix, si bien que beaucoup d’yeux se tournaient pour la regarder.

« On implore Sigmar de nous protéger, et on est prêts à se protéger nous-mêmes s’il nous le demande !
Alors pourquoi le père Lecteur il veut pas nous protéger ? »


Et maintenant que une personne avait brisé la glace, tout un tas de paroles fusèrent, une par une.

« On vous aime, frère vicaire, mais c’est un marteau que vous portez !
– Les Bretonnis ils ont pas rejoint Sigmar, c’est nos ennemis !
– Est-ce qu’on va envoyer des missionnaires partout, après ?
– P’têt que quitte à convertir les Bretonnis, on devrait convertir les Peaux-Vertes, c’est presque pareil ! »

Le prêtre leva une main, et tout le monde redevint immédiatement silencieux.

« Sigmar était un être humain. En tant qu’être humain, il était Roi de l’Humanité — et lorsqu’il a lui-même accédé au royaume des Dieux, il fut alors sacré.
Avant Sigmar, il y avait les Dieux et les Hommes ; Aujourd’hui, notre Dieu est homme.
Le père Lecteur est un homme courageux — personne ici ne sera jamais capable de l’accuser d’être autre chose qu’un grand combattant. »


Il attrapa son arme, qu’il représenta à la foule.

« Mais il y a un temps pour présenter la tête du marteau… »

Et il le retourna.

« Et un autre temps pour tendre la hampe, afin de relever ses frères. »

Le discours eut une certaine approbation. Beaucoup firent le signe de la comète, avec deux doigts. Mais il y en avait qui n’étaient pas tout à fait convaincus…

« Les Bretonnis servent une sorcière !
– Ils se sont alliés avec les démons de la forêt.
– Ils enlèvent des enfants, frère Talecht ! Ils attrapent des bébés dans le berceau même !
– Le Lecteur est trop généreux, on devrait tous les faire fuir… »


Frère Talecht — puisque c’était le nom du prêtre que Susi souhaitait dérober — leva sa main à celui qui venait de parler en dernier.

« Tu voudrais les faire fuir ? Jusqu’où ?
– Au-delà de la rivière !
– Et avec une simple rivière pour nous protéger, tu te sentiras plus en sécurité ?
– Faut mettre des palissades, des forts !
– Le margrave en a construit, beaucoup, et pourtant tu as encore peur d’eux, n’est-ce pas ?
– Faut faire le vide au-delà de la rivière, alors ! Rétorqua un autre.
– Les Bretonnis ne sont pas que des guerriers. Veux-tu les déposséder de leurs villages ? Et leurs femmes, et leurs enfants ?
– On a qu’à les enlever ! C’est ce qu’ils nous font depuis un millénaire ! »

À entendre le grondement qui suivit, c’était visiblement cette dernière phrase qui reçut le plus de hourrah. Et voilà que tout le monde se répandait en ripostes, et que ça s’engueulait — certains soutenant Talecht, d’autres ceux qui dénonçaient les décisions du Lecteur dirigeant leur foi.
Le vicaire les laissa tous débattre bruyamment entre eux, pendant un tumulte pesant et bien peu productif. Et lorsque tout le monde fut bien énervé, et se mettait à faire de grands gestes, Talecht tendit son bras, et tapa avec la tête de son marteau contre la pierre de l’autel pour le faire sonner — comme si c’était une enclume.
Et le silence régna.

« Pour faire la guerre, il faut être courageux. Pour faire la paix, il faut être brave. Sigmar était un homme de guerre face à la cruauté de ses ennemis, mais un homme de paix avec ses amis.
Sigmar était un Ulricain, et il était donc un loup — mais là où les Ulricains ont tort, c’est que faire la paix n’est pas digne d’un agneau. Ulric est un Dieu de saison : il règne en hiver, où la vie meurt, et il cède en été, quand le monde change.
Tendre la main le premier aux Bretonnis, ce n’est pas être lâche, c’est être fort. Nous leur avons pris cette terre en représailles de leurs attaques contre le Reikland — nous n’avons pas besoin de frontière avec eux, car nous sommes la frontière. Il n’y a pas besoin de vide et de fortins, car c’est nous, la marche de l’Ouest — Westermark.
Bien sûr que les Bretonnis sont arriérés. Bien sûr qu’ils se lient à de la magie impie, à de la sorcellerie, et qu’ils passent de mauvais pactes. Mais ils ne le font pas par malveillance, ils le font par méconnaissance. Ce n’est pas leur nature qui est mauvaise, car leur nature est humaine, et plus que tout, leur nature est septentrionale : Ils sont nos Cousins. Leurs ancêtres sont les mêmes que les nôtres. Ils ont le corps et le sang de Sigmar avec eux.
Nous n’attaquerons pas les Bretonnis. Nous allons les convertir. Nous allons continuer les missions, et leur offrir la protection du Marteau face aux esprits de la forêt. Et, comme le père Lecteur l’a ordonné, j’interdis à chacun de vous de leur faire du mal, à leurs personnes ou à leurs biens.
Entendez-moi bien : S’ils devaient nous attaquer, nous les détruirions sans aucune pitié. Nous les écraserions, par la hache, l’épée et le marteau. Mais nous ne le ferions que pour nous défendre, jamais en tant qu’agresseurs.
Il n’est pas facile de faire le bien. Mais les Dieux punissent les méchants. Faites-moi confiance, faites confiance au Lecteur, faites confiance au margrave — je jure que je vous protégerai, et que Sigmar vous protégera, vous, vos anciens et vos enfants, face à tout ce qui voudrait vous faire du mal.


Mes diacres et moi-même allons tous vous bénir. Venez donc un par un. »


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19. Jahrdrung.
La caravane des Mariusbourgeois était toujours au même endroit — quand bien même Reginar avait sous-entendu qu’il comptait très bientôt filer. Comme la semaine passée, Susi retrouva la tente, le tas de choses partout, et surtout l’autel de Ranald.
Et elle retrouva le patriarche polygame de la petite mesnie, les pieds sur la table, toujours aussi roux, barbu et tatoué, en train de compter des pièces de laiton qu’il posait en petites tours les unes sur les autres.

Il accueillit la Bonchardon avec un grand sourire terrifiant qui afficha toutes ses dents.

« Hé oui hé oui, tu as une réputation à présent, Tristepanse. On parle de cracheurs de feux, de tape-Gobo, mais visiblement, c’est ton numéro avec les chaînes dont tout le monde arrête pas d’causer.
Rah là là. Si seulement tu étais un chat noir. Tu sais, y a rien qui ressemble plus à un matou noir qu’un autre matou noir — Serilda en avait un quand elle était petite. Il s’était échappé, elle avait pleuré, alors je suis parti le chercher et le ramener. Eh bah le soir même, le petit salopard, il est revenu, du coup, on avait deux chats noirs ! »


Il se releva tout droit, et s’approcha de son étrange autel fait de cartes à jouer et de dés à lancer. Il observa les quelques sous que venait de déposer Susi, et les fit rapidement disparaître sous sa manche, dans le dos d’un client qui était en train de regarder des bougies parfumées.

« Serilda t’aimes bien, et une amie de Serilda, c’est une amie à moi.
Alors, tu sais quoi ? Je vais te transformer en chat noir. Et ça te coûtera, tout juste, hmmm…
…Disons qu’au Westerland, on est les meilleurs pour faire des marchés, pas vrai ! »


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21. Jahrdrung
Gotrin était un homme d'une sympathie rare. Il n’en avait pas l’apparence ; Gros, grand, moustachu, il avait la gueule typique d’homme bourru aux mœurs simples et franches. C’était très trompeur. Gotrin était un tavernier affable, rigolard, qui n’engueulait ni son cuisinier ni les jeunes filles qui s’agitaient dans tous les coins pour transporter les chopes aux clients serrés dans cette grande salle trop sombre et trop étroite. En début de soirée, l’une d’elle avait fait tomber les consommations : il était allé chercher de quoi éponger de lui-même, sans se mettre à hurler comme un bœuf, chose que Susi avait déjà eu l’occasion de voir à Ubersreik.

Les quelques pièces en plus qu’avait payé Susi eurent l’effet escompté. Les trois jeunes filles espiègles et bientôt fines beurrées avaient beau s’attirer des regards noirs de certains, aucun ne s’en approcha. Sans doute que tout gentil qu’était Gotrin, il restait tout de même un gars de six pieds de haut avec des bras larges comme ses cuisses.

Il ne fallut pas longtemps pour que la Halfeline vire pompette. Mais de façon assez fascinante, elle parvint à battre ses deux voisines de tablée ; aussi, loin d’être choquées par les paroles et les gestes malavisés dont elles étaient témoins, elles se mirent à devenir toutes rouges et rire à en grouiner par les naseaux.

« Des garçons ! J’en ai trop ! Trooop ! J’sais pas où donner d’la tête ! Dommage qu’j’peux pas faire comme pôpa, j’aimerais ben en épouser plusieurs, trop dur de choisir !
– C’pas compliqué à gérer ces histoires ?!
– C… Comment ça ?
– Bah y s’ront pas jaloux ?
– Ah ! Bah c’est pas grave, tu fais un tableau ! T’fais un classement ! »

La réflexion fit rire Sirrah, qui en profita pour retaquiner Susi.

« Tu les numéroterais comment, en vrai ? T’mets les Hal-flins en tête ?
– Idéalement faut un homme pour le ménage, pis un pour la cuisine, pis un pour… Les trucs… Les… »

Elle fit un tas de clins d’œils et de gestes de Rhya mimés, de sorte que son sous-entendu était tout sauf subtil.

« Mes garçons y sont tous à Mariusbourg, par c’ntre. ‘fait, l’truc, c’est qu’je les prend dans pas les mêmes îles. Comme ça, y s’croisent pas, malin hein !
– T’en as pas d’ce côté-ci ?
– Pffft. Bah… Nan, en vrai mon père est chiant, d’puis l’hiver dernier j’suis quasi toujours sur mon dos — enfin il est sur mon dos, mais… ‘fait ce soir premier soir d’puis longtemps qu’j’suis libre.
À Mariusbourg j’suis avec ma mère, c’plus sympa.
Mais nous deux on parle de nous, toi t’es chiante Sirrah — allez, crache un peu ! Pourquoi t’es gênée ? On doit d’viner ?
C’est quoi ? T’préfères les filles ? »


Sirrah fit « non » de la tête tout vite. Elle passa ses mains dans ses cheveux frisés, et prit une grande inspiration.

« Nan, nan, c’est… C’est qu’j’en avais un d’amoureux. Mais un vrai, j’veux… ‘fin, un vrai.
– Huh-hun.
– Mais, il était Bretonni, et… Ma mère veut fuir les Bretonnis. Pour ça qu’on est là.
– Ha.
Ha merde. »


Serilda fit la moue. Il y eut un petit silence gênant.

Puis la jeune rousse trouva vite un autre sujet : elle était curieuse de savoir si Susi le faisait avec des humains, ou que des Halfelins — et c’était reparti pour un tour.

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26. Jahrdrung.
Le sombre Origène le Docète, pair des patristiques, réapparut dans le miroir. Pendant une fraction de secondes, son visage était plein, et charnu — il avait une jolie barbichette, de beaux habits de soie, et des cheveux couverts de gras pour lui donner une coiffure élégante.

Mais ça ne dura qu’un tout petit instant. Ensuite, son reflet fut troublé comme si on avait versé une goutte à la surface de l’eau. Et alors, il perdit tous les poils de son caillou, il eut une allure émaciée, des cernes, et un teint grisâtre horrible.

Il n’eut aucun réflexe à être appelé « Mori ». De même, il ne répondit absolument pas lorsque Susi lui demanda comment il allait. Il se contentait de la regarder tout droit, dans les yeux, avec une expression froide.

Après sa question, il continuait toujours de la dévisager, et de rester là, tout droit. Peut-être pour l’intimider.
La Halfeline allait peut-être insister, peut-être lui demander s’il pouvait l’entendre ; Aussi, Origène ouvrit enfin la bouche, et souffla quelque chose.

« Pourquoi me poses-tu cette question, tendre enfant ? Est-ce la curiosité de ton jeune âge ? Ou la méfiance ? Ou est-ce encore pour Sirrah ?
Je t’ai déjà répondu par le passé. Zaniab est une geôlière. La lampe est une prison. Elle l’utilise pour enfermer… Quelque chose.
Tu n’espères tout de même pas que je vais tout t’expliquer comme ça, tout te dévoiler sans rien exiger en échange ? »


Il serra ses lèvres. Tilta un peu la tête de côté. Et il leva un doigt.

« Tu utilises ce miroir pour me poser des questions. Et j’ai déjà répondu à une. Alors, avant que je ne te parle, permets-moi de te rendre cette courtoisie, d’accord ?
Sirrah… Tu as remarqué qu’elle oublie des choses, n’est-ce pas. »


Et il sourit d’une pure grimace de malice.

« Combien de temps penses-tu qu’elle se souviendra de toi, une fois que tu auras rendu la lampe à sa mère ? »

Passage au Temple :
Jet de connaissances générales Empire : 4, large réussite
Jet de résistance mentale : 12, échec de 4. Tu es un peu inquiète du sermon — Sigmar semble puissant, ça se voit.


Passage chez le mercier :
Jet de négociation de Susi : 1, réussite critique
Jet de résistance mentale du mercier : 14

Le prix de la tenue de Monte-en-l’Air baisse de 15 % → c’est tout fait sur ta fiche

Retrait de 1p 8 s (Et pas 1p 12s) pour représenter ton magot que tu remets à Ranald → gain de (1d3) 1 PdC de Ranald, qui apprécie que tu respectes scrupuleusement son commandement.


Passage chez Gotrin :
Je te retire une pistole et quatre sous pour régler toutes tes consommations et le pourboire de Gottwin : ça fait partie de ton argent de poche

Résistance à l’alcool de Susi : 7, réussite de justesse.
Résistance à l’alcool de Sirrah : 10, léger échec du coup → elle se confie un petit peu
Résistance à l’alcool de Serilda : 10 aussi, eh bah parfait, beau tiercé.


Passage avec Mori : 14, réussite de justesse seulement. Il n’a pas envie de jouer, mais il a beaucoup trop d’ego pour pas te répondre.
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Susi Tristepanse Bonchardon
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par Susi Tristepanse Bonchardon »

J'avais bien appris mes leçons de ma première discussion avec Mori : j'avais bien cerné la nature maline de ce vilain esprit, et savait qu'il ne se contenterait pas de répondre directement à ma question. Aussi et comme je m'y attendais, cette fois encore il n'a pas manqué l'occasion de tenter d'instiller des doutes dans mes certitudes. Malheureusement, toute préparée étais-je, il réussit à me déstabiliser en une seule phrase.

Sirrah oublie des choses.

J'avais préféré jusque là mettre ses étourderies sur le compte de sa personnalité. Je m'étais convaincue qu'elle était un peu tête en l'air, qu'elle parlait parfois sans réfléchir, qu'elle ne prêtait que peu d'attention aux détails, et qu'il n'y avait là pas lieu de s'inquiéter outre mesure. Mais maintenant que Mori le dit à haute voix, c'est comme s'il avait pointé la vérité cachée derrière le rideau que j'avais laissé baissé : je suis bien obligée de regarder dans la direction qu'il indique et de cesser d'ignorer ce qu'il y avait derrière la scène. C'est à dire une cage, dans laquelle j'enfermais mes doutes, car les regarder, c'était leur donner vie, ce à quoi je me refusais.

- T'étais beaucoup plus joli avec des cheveux tu sais ?

Si l'homme du miroir veut jouer aux réponses qui mettent du temps à venir, alors je peux aussi aller sur son terrain. Ce n'est pas grand chose, mais ça me donne l'impression de jouer à armes égales avec ce vilain esprit. Et puis ça me donne un petit délai pour organiser mes pensées.

Il y a un autre loup dans la bergerie de mes doutes, que Mori n'a pas soulevé directement mais pour lequel il a préparé le terrain en jouant avec mes attentes. Quitte à me confronter aux idées que je n'osais pas formuler jusqu'alors, autant y aller jusqu'au bout : si la lampe est une prison, alors qui est le prisonnier ?

Je crois que c'est Sirrah. C'est une idée bizarre, et je sais pas vraiment pourquoi elle m'est venue sinon que j'écoute beaucoup trop les histoires de Beauconteur, mais elle fait étrangement sens avec tout ce que j'ai appris d'elle et de Zaniab. Ca n'est pourtant pas très logique : je conçois qu'un mauvais esprit comme Mori puisse être enfermé dans un objet, mais Sirrah est on ne peut plus humaine. Et puis si la lampe était sa prison, pourquoi aiderait-elle sa mère à la retrouver, c'est stupide. Mais même en tentant d'opposer des arguments rationnels à mon intuition un peu folle, je n'arrive pas à me convaincre que j'ai tort.

Mon esprit s'agite dans tous les sens. Est-ce que je fais bien de prévoir mon chapardage avec Sirrah pour acolyte ? Peut-être que je ne devrais pas lui permettre de retrouver la lampe. Peut-être devrais-je y aller sans elle, malgré nos préparatifs communs.

Non.

Je joue le jeu de Mori. Je panique, je bafouille, j'hésite. C'est ce qu'il veut, ça l'amuse de me prendre pour une béjaune. Réfléchis Susi, calme-toi et réfléchis.

C'est Sirrah qui a charmé le gamin, c'est Sirrah qui a fait les repérages du manoir. C'est trop tard pour jouer les monte-en-l'air solitaires, on a besoin l'une de l'autre désormais, on est les deux faces de la pièce que Ranald va jeter en l'air. Si je me fais prendre, c'est toute ma famille qui va en pâtir : pas question de prendre des risques inutiles. Pas question non plus d'aller interroger mon amie arabéenne : si je joue les inquisitrices, elle pourrait perdre confiance en moi, et on va avoir besoin de pouvoir compter l'une sur l'autre lors du chapardage.

Je respire un grand coup, comme si souffler m'aidait à expulser de mon corps les peurs que Mori y avait tenté d'instiller.

- Elle va se souvenir de moi quelques temps je pense, répondis-je calmement. Elle se rappelle encore douloureusement des émotions qu'elle ressentait pour un amant bretonnien qu'elle a été contrainte de laisser derrière elle, donc elle n'oublie pas les choses importantes. On peut perdre facilement les noms, les lieux, les visages, les dates, les histoires mais... pas les émotions.

Y repenser m'attriste. Sirrah a t-elle vraiment eu le choix lorsque se sont croisées les routes de son amant et de sa mère, ou bien Zaniab a décidé pour elle ?

- Je... j'ai envie de savoir qui est enfermé dans la lampe, mais puisque tu as envie que je te parle, Mori, alors je vais parler. Sirrah est mon amie. Je n'ai pas envie qu'elle m'oublie, j'ai envie qu'elle se rappelle pour toujours de moi, et qu'elle chérisse dans son cœur les souvenirs des moments passés ensemble. Mais... est-ce si grave si ce n'est pas le cas et qu'elle m'oublie ?

Je m'assied sur le sol, et offre un sourire aimable à l'esprit.

- Tu sais, nous autres les halfelins, on est pas dans la mémoire de grand monde. De notre vivant, on est jamais que des nomades, des gens de passage. On ne fait pas de guerres, on ne construit pas de villes, on ne fait jamais rien d'important. On... vit nos vies, en tentant de profiter, de s'amuser, d'être heureux sans blesser autrui. Tu... tu crois que c'est mal ? Regarde-toi, "Origène le Docète", tu as surement fait tout un tas de choses, des choses terribles, pour qu'on se souvienne très fort de toi et... aujourd'hui tu es enfermé dans un miroir tout cassé, aux mains d'une halfeline qui a parcouru les routes depuis toute petite et écouté des milliers d'histoires sur le Vieux Monde, mais n'a pourtant jamais entendu parler de ton histoire ou même de ton nom. C'est comme les ruines naines et elfiques qu'on trouve partout : c'est des vestiges de quelque chose qui a surement été important il y a longtemps, mais le temps a tout effacé, et il ne reste plus que quelques contes maladroits déformés par les années. Chercher à tout prix à ce que les autres se souviennent de notre vie dans le futur, c'est peut-être oublier de la vivre dans le présent, tu ne crois pas ?

Je laisse le silence planer une seconde, avant de demander en toute innocence :

- Dis, Mori, tu as déjà été heureux, toi ?
Susi Tristepanse Bonchardon, Voie de la voleuse, rang 2.

Profil : For 7 | End 7 | Hab 14 | Cha 12 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 7 | Tir 9 | NA 1 | PV 50/50

États temporaires :
-

Compétences :
- Roublardes : Acrobaties, Contorsionnisme, Crochetage, Déplacement silencieux, Évasion, Vol à la tire,
- Intellectuelles : Acuité visuelle, Langage secret - Jargon des voleurs
- Martiales : Esquive, Résistance accrue, Résistance à la magie(2)
- Divers : Chance, Cuisine, Vision Nocturne

Équipement :
Porté :
- Bolas
- Grenades assourdissantes
- Grappin
- Outils de crochetage
- Boucle d'oreille en or
- Couteau à beurre
- Gibecière
- Lait du Moot

Équipement de voyage (pas systématiquement porté) :
- Costume de scène
- Tenue de Monte-En-l'Air
- Miroir maudit
- Stocks de tabac
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Origène demeura fort silencieux suite au compliment un peu taquin de la Halfeline ; il se contenta de garder la même gueule froide d’enterrement, même si au moins, ça avait eu le mérite de faire s’estomper son horrible grimace narquoise — preuve que, aussi puéril que c’était, le bon mot de Susi ne l’avait pas totalement laissé indifférent…

Il la laissa donc dérouler tranquillement son raisonnement. Jusqu’à ce que, le plus naturellement du monde, elle parle de son histoire, et surtout, de sa race. Là, Mori ne put s’empêcher de papillonner de ses paupières sans cils, et d’écarter un peu ses lèvres.

« Half… Oh. »

Il ferma les yeux et secoua le bout de son nez. « Oh ». Origène n’avait pas l’air d’être un grand causeur, quand bien même il utilisait de très jolies phrases dans un reikspiel parfaitement maîtrisé, socle d'un vocabulaire soutenu ; mais ce simple « oh » avait contenu toutes les émotions qu’il avait eut besoin de faire transparaître. De la surprise, un soupçon de sidération, et en même temps, un léger apaisement. Avec un mot, c’est comme s’il avait en fait dit : « ooh, c’est pour ça, mais bien sûr, roh ce que je peux être bête, je cherchais compliqué quand c’était si simple… Suis-je vraiment en train de perdre la boule ? ».

Mais quand il rouvrit les yeux, sa voix changea. Elle était difficile à décrire. Peut-être plus sèche. Peut-être plus vive.
Pour une raison ou une autre, Tristepanse venait de toucher une corde sensible chez la tête qui était enfermée dans un miroir.

« Tu connais rien de moi, semi-humaine. Tu sais quelle est l’étymologie du nom de ta race ? Halfelin, du mot « halb ». « Moitié », « morceau ». « Réduit ». C’est ce que tu es, une humaine imparfaite. Et sache que ce n’est pas seulement la taille qui te manque. De là où je viens, les individus de ta race ne servaient que de bouffons, de cuisiniers et de prostituées pour les plus dégénérés de nos patriciens — et je suis certain qu’un millénaire plus tard, l’ordre voulu par la nature n’a pas pu vous extraire de cette position.
N’essaye même pas d’imaginer nous comparer, petit monstre. »


Et il leva le menton, et enchaîna en pérorant à toute vitesse d’une voix de plus en plus désagréable.

« Je n’ai jamais cherché à marquer l’histoire — je suis un homme de l’ombre, dont les nombreuses recherches au service de mon Magnum Opus doivent, par leur nature, demeurer secrètes ; J’ai fondé une secte à mystère, j’ai poursuivi l’étude de vents que l’on ne voit pas, et de sens que tu ne pourras jamais percevoir, toute réduite que tu es. »

Et comme si Susi venait d’ouvrir une écluse le long du Reik, voilà qu’il continua de déverser un flot de paroles.

« Heureux, heureux… Quelle libéralité à utiliser ce mot, comme s’il ne signifiait rien dans ta bouche. J’ai été humain, c’est plutôt ça que tu veux dire — et plus humain que tu ne peux l’être. Oh, ça va être magnifique, quand tu vas attraper la lampe. Comme je rêve de voir ça, c’est sûrement la toute dernière chose à laquelle le prisonnier s’attend, oui ; un sombre et immense gâchis, encore que je préfère que ce soit toi qui t’en empares que Zaniab. Pour le coup, c’est toi qui es aveugle, et non elle… En voilà une jolie ironie, on pourrait en écrire une pièce du grand théâtre — à condition que ce soit une comédie.
Tu n’as rien à craindre de cette lampe. Toi, rien du tout. Mais fait très attention aux hommes auxquels tu tiens. Eux, ils pourraient la désirer… Et être détruits en la frottant. »

Jet de charisme de Susi (Malus : -4, ce que tu lui dis ne lui plaît pas) : 7, réussite de justesse
Jet de self-contrôle de Mori : 19, échec de 5.

Le différentiel est très large ; Mori est en colère, mais au lieu de se fermer ou de te narguer, il peut pas s'empêcher de parler de lui-même.

29. Jahrdrung, 1000 IC.


Le ciel prenait sa lueur orangée, et bientôt, il ferait nuit noire. Quelques légers nuages camoufleront le fin croissant de lune, et les étoiles scintillantes — aujourd’hui, la constellation la plus avancée était celle de Gnuthux le Buffle, signe de la loyauté et de l’opiniâtreté.

Le cirque Bonchardon avait bien fait de venir. Les numéros avaient reçu un grand succès, les Halfelins avaient pu vendre des tourtes et impressionner les habitants du coin. Mais à présent, les premiers conflits venaient de naître, et il y avait de moins en moins de spectateurs qui venaient assister à la contorsion de Susi ; sa grande popularité avait rempli son chapiteau à ras-bord, il y en eut même assez satisfaits pour revenir revoir le lendemain, mais peut-être que tous les habitants qui étaient curieux avaient fini par satisfaire cette curiosité…

Les Bonchardon partaient. Déjà, Papy Beauconteur avait demandé à la cousine Poppy de remballer le kiosque de marionnettes, et il cessait de jouer ses tours et raconter ses histoires aux enfants. Dans deux jours, ils partaient ailleurs dans le Westerland — le margrave et le lecteur de la province étaient absents, car ils se trouvaient dans une autre ville plus petite, et plus au sud, à surveiller la frontière avec les Bretonnis. Les bergers quittaient de plus en plus la ville avec le printemps définitivement installé, les marchands se préparaient à se dilapider soit vers Ubersreik, soit vers les quatorze royaumes des barbares à cheval. Il fallait suivre l’or et l’argent, pour le récolter.

Mais Susi avait une dernière chose à faire sur place.

La météo m’a été confiée par Jodri. Jodri est un bon bot.

Pluie légère, température froide, légèrement brumeux — rien qui change fondamentalement quoi que ce soit au cambriolage. Peut-être un très léger bonus pour toi car il est difficile de distinguer les étoiles, mais bof.

État du ciel : Lune très décroissante. Il fait très sombre si on n’a pas une lumière ou une torche. Tous les tests d’observation visuelle (Et uniquement visuel, tu sais que la perception n’est pas basée que sur ce sens :orque: ) de toutes les personnes dans une zone sombre se font à -4. Grâce à ta compétence « vision nocturne », ce malus est réduit et ne se pratique qu’à -2.
Avec en plus ta tenue noire, dans une ville et sous la nuit, ce malus est aggravé à -5 pour tenter de te découvrir avec les yeux, tant que tu es à une distance plutôt raisonnable.

Grâce à Sirrah, et tes propres repérages et préparations, voilà en gros tous les tas d’informations que tu as pu acquérir :

— Le manoir est un grand bâtiment avec étage, et un petit débarras annexe qui est collé au manoir, qui est aussi haut que le rez-de-chaussée. Il a pignon-sur-rue au milieu d’un quartier fortuné fait de bourgeois et boutiquiers. Il est tout proche de la Vaswasser. En cas d’urgence, il est possible de fuir à travers des petites rues, ou se jeter dans l’eau glacée de ce fleuve.

— Les murs du manoir sont solides, et en pierre. La plupart des fenêtres sont fermées par des volets en bois, mais il y a une toiture qui peut être escaladée depuis la rue.

— Le jardin derrière le manoir est en contrebas d’une grande rue. Il est très facile d’accès : Il n’y a qu’à traverser la-dite rue, grimper sur le parapet, et sauter en bas. Tu l’as déjà fait, y a aucun test à faire, il y a aucune chance de te casser les mollets.
Mais s’il est très facile d’entrer dans le jardin, il est plus difficile d’en sortir. Tu es obligée de grimper, une hauteur de deux mètres. Facile quand t’as le temps de ramasser quelque chose, genre un tonneau, pour monter dessus. Ça risque d’être plus coton si tu es poursuivie.

— Le manoir dispose d’un gros molosse qui garde le jardin dans sa niche collée au débarras. Tu es parvenue à le convaincre avec de la bouffe, et il a accepté des caresses. Néanmoins, il aime aboyer quand il est joyeux, et tu n’as pas vraiment essayé de rentrer dans la maison quand il te voyait…

— La porte de derrière du jardin est verrouillée par un simple loquet très facile. La porte de devant de la maison est verrouillée par un loquet facile. Le débarras n’est pas verrouillé du tout.

— Le rez-de-chaussée, selon Sirrah, comprend : Une cuisine, un cellier, une salle-à-manger, une salle d’eau, et une pièce à vivre avec une cheminée. Il y a pas mal de choses de valeurs mais encombrantes (Style des beaux tapis, des tapisseries…), et des choses de valeurs mais fragiles et bruyantes (De l’argenterie, des couverts…).

— Le premier étage, toujours selon Sirrah, comprend : La chambre de Florian (Le fils d’Ottilia), une chambre d’amis, la chambre à coucher des deux parents, et enfin, le bureau du vicaire Talecht. Toutes ces pièces sont liées entre elles par un couloir. Il y a un long tapis dessus, mais Sirrah te dira que les planches craquent (Elle a très, très bien réussit son jet d’observation ; c’est le genre de détail con qui passe facilement à la trappe :orque: )

— Le bureau du vicaire est, dans le couloir, fermé à clé par une serrure moyenne. Il est accessible depuis une fenêtre, mais côté rue, pas côté jardin. Donc ou bien tu grimpes depuis la rue, ou bien depuis le toit auquel t’as accédé autrement.

— Le bureau comprend un tout petit coffre caché sous le parquet. Sirrah ne sait pas où exactement, ni la difficulté de la serrure, ni s’il y a une clé quelque part ; Florian a juste dit ça sans faire exprès, en plaisantant, alors qu’elle le draguait. Si tu devais chercher la lampe, y a 90 % de chance qu’elle soit dans ce coffre car Talecht prend vraiment soin de cacher avec paranoïa ce coffre.

— Il y a, au bout du couloir du premier étage, une petite échelle qui donne sur des mini-combles mansardés. Peut-être qu’il y a du loot dedans, peut-être que tu peux t’y cacher, aucune idée, elle est pas rentrée dedans.

— Les portes de la ville se ferment alors que le soleil est couché, à 20h. Elles rouvrent le lendemain assez tôt, à 6h. Personne ne peut rentrer ou sortir de la ville, à moins d’avoir de quoi payer un pot-de-vin…

— Le quartier du manoir est un quartier marchand, et donc assez attrayant et actif. Les boutiquiers commencent à fermer vers 18h quand le soleil se couche, mais il y a encore du mouvement dans les rues et des lumières jusqu’à 21h.

— Le jour du cambriolage est un jour de Bezalhtag. Le père Talecht, vicaire, tient au temple de Sigmar une cérémonie tardive pour les travailleurs qui veulent prier avant de rentrer chez eux. L’office est censé se terminer à 21h. Le temps qu’il parle à des fidèles, qu’il traîne et qu’il revienne, il peut être de retour à 22h (S’il est ultra ponctuel) ou jusqu’à 23h (S’il est en retard).

— Les rues deviennent anormalement calmes à 22h. Il y a quasiment plus personne dans le quartier et tout le monde est parti.

— À partir de minuit, la garde de la ville commence des patrouilles dans le quartier vidé. À peu près toutes les demi-heures, des sentinelles passent en duo avec des torches dans le coin. Parce qu’il fait froid et qu’il se passe jamais rien, ils sont généralement peu alertes. Mais parce que c’est un quartier avec du fric à se faire, ils peuvent facilement appeler des renforts s’il y avait un souci…


Tu as toutes les infos nécessaires pour faire le cambriolage. À toi de décider qui vient avec toi (Sirrah, et éventuellement, tu peux recruter un Halfelin… Mais visiblement tu n’as pas voulu le faire vu que tu en as parlé à personne), ce que tu amènes avec toi (Tu as une jolie gibecière très pratique. Tu peux, gratuitement, amener un sac avec toi pour ramasser du loot — mais faudra tenir le sac à la main, ce qu peut être chiant), et à quelle heure et comment tu organises ton trajet. Tu pourras te cacher en ville jusqu’à l’ouverture des portes, mais il faut pas qu’on te trouve déambulant toute seule, ou faudra répondre à des questions.

Et bien sûr, tu peux mettre tout ça en forme et lancer le cambriolage.
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Susi Tristepanse Bonchardon
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par Susi Tristepanse Bonchardon »

C'est cette nuit.

Herr Reginar a eu la gentillesse de m'accueillir pour la soirée dans sa grande tente : une fois le soleil couché et les portes de la cage refermées, rester dans les rues désertes n'aurait pas été judicieux de ma part. Déjà parce qu'attendre dissimulée dans le froid pendant des heures, c'est très pénible, mais aussi parce que même bien cachée ça aurait été prendre le risque d'être remarquée par une patrouille curieuse. J'aurais aussi pu rester chez Sirrah, mais la perspective de demeurer à côté de Zaniab pendant un long moment me mettait mal à l'aise.

Grâce à l'autel de Ranald que le jutone gardait dans sa mercerie, celui que j'ai arrosé de pistoles ces dernières semaines, j'avais déjà choisi de faire assez confiance à Aetulff pour commander ma tenue de monte en l'air, et à sa fille pour qu'elle la couse sur mesure. S'il n'avait pas ouvertement demandé ce que je comptais en faire, je ne le pensais pas assez idiot pour ne pas l'avoir deviné - et puisque son commerce ne se trouvait pas très loin du manoir du vicaire, c'était assurément le meilleur endroit pour patienter. Gentil comme il est, il a même profité de ma présence pour me proposer ses meilleurs porte-bonheurs, exactement ce dont j'avais besoin pour mettre toutes les chances de réussite de mon côté pour mon entreprise nocturne ! Au diable l'avarice, je lui en ai pris trois après avoir vérifié qu'ils étaient pas liés à Olovald : une amulette ronde en bois sur laquelle était dessinée une rosace colorée qui a rejoint ma patte de taupe autour de mon cou, ainsi qu'un petit fer à cheval et une poupée de paille que j'ai glissé dans ma besace.

Je me suis bien préparée pour ce soir. Je suis venue dans la cage sans ma pelisse afin de pouvoir enfiler ma tenue de monte en l'air sans avoir à la ranger dans ma gibecière. Dans cette dernière j'ai fait le grand ménage : j'ai laissé au cirque mes bouteilles de lait du Moot, mon tabac, ma fourchette et ma cuillère. J'ai aussi laissé derrière moi Mori dans son sac de sel - mais pas au cirque, j'avais trop peur qu'un de mes frères le trouve. Vu qu'il avait été particulièrement désagréable avec moi, je suis allée l'enterrer pas très profondément dans la forêt, à quelques centaines de mètres de notre chapiteau, sous un gros arbre facilement reconnaissable. Si jamais je me fais prendre ce soir, ça vaut mieux que personne ne puisse jamais mettre la main sur ce vilain esprit malin. Pour la même raison, j'ai enfoui avec la gourmette en or - elle appartient à un type bien haut sur le pavé, ça attirerait des problèmes si quelqu'un la retrouvait en possession d'un halfelin. J'ai en revanche mis dans ma besace un sac en toile que j'ai plié en boule afin de pouvoir collecter encore plus de trésors sur place.

L'attente est aussi angoissante qu'enivrante. Après des semaines de préparation, je n'avais qu'une hâte : passer à l'action. Tout est fascinant dans l'art du chapardage : la préparation minutieuse, le frisson du danger, la plaisir de braver les lois des hommes, la satisfaction d'avoir opéré au nez et à la barbe de toute une ville, et bien sur le bonheur d'avoir acquis plein de nouveaux trésors. Evidemment, j'ai le cœur qui bat à cent à l'heure et des crampes d'estomac affreusement douloureuses. J'ai réussi à les ignorer en discutant de choses et d'autres avec les Reginar en début de soirée, mais maintenant qu'ils sont tous couchés je suis bien obligée de prendre mon mal en patience, faisant les cent pas pendant que les minutes défilaient. Je n'ai pas pris mon tabac, donc je passe mon temps à malaxer mes porte-bonheurs d'une main tandis que je mordille les ongles et arrache des petits lambeaux de peau de mes doigts de l'autre.

J'ai quelques craintes qui me hantent pendant ces trop longues heures où je ne peux que ronger mon mors en plus de mes ongles. La première, c'est évidemment celle de tout échouer, de me faire prendre par la garde - mais celle-là m'est familière, c'est la cousine de celle qui s'effraie d'une prestation lamentable pour mon numéro de cirque. Mais ces récentes semaines où toute la population de Baerenthal parlait en bien de mes capacités ont renforcé ma confiance en moi, alors cette peur-là je peux l'enfermer dans un petit coin obscur de ma tête, là où elle restera en sourdine.

Ce qui m'embête davantage c'est évidemment toute cette histoire de lampe. Le vicaire Talecht a pas l'air d'être un mauvais bougre, bien au contraire : pour un sigmarite, il a l'air d'avoir les mains de Shallya. Il prêche la paix et pas la guerre, et puis il est mignon avec son amante. Certes, selon son fils adoptif Florian il est aussi ambitieux et n'a pas épousé dame Ottilia pour pouvoir disposer d'elle au besoin, mais il les a quand même tous deux libérés de l'esclavage, c'est pas rien.

Non pas que jouer un air à un brave bige soit plus compliqué qu'un enfumé, c'est jamais que des choses que je leur prend. Les gens riches en ont plein dans leurs grandes maisons, et ils vont pas mourir parce qu'il leur manque quelques bijoux qui me vont mieux qu'à eux. Leur argent qu'ils gardent inutilement entre leurs quatre murs pour faire joli, il est quand même mieux utilisé dans ma famille pour qu'on puisse faire ripaille à quarante dans la joie et l'allégresse. Quelque part, je suis même très serviable : si le vicaire est si sympathique, c'est bien normal que je l'aide un peu à aider des gens dans le besoin qu'il ne voit pas.

Mais justement, s'il est gentil, pourquoi avoir pris la lampe de Zaniab de force ? L'hypothèse logique serait qu'il a senti un autre esprit malin dans cet objet, et a pris la décision d'utiliser son autorité pour mettre la lampe à l'abri de mauvaises personnes. Reste qu'il a décidé de garder ce trésor chez lui plutôt que de le confier à son temple, aux représentants de Sigmar, l'Eglise censée protéger l'Empire. S'il a agi ainsi, il n'y a que deux possibilités : ou bien il n'a pas confiance en ses frères pour ne pas dérober cet artefact comme moi j'ai fait avec le miroir quand je l'ai enterré, ou bien ce qu'a dit Mori est vrai et la lampe lui a jeté un mauvais sort qui fait qu'il veut la garder rien que pour lui.
Je devrais peut-être pas tant me soucier de cette histoire. Après tout, c'est pas vraiment mes oignons - j'aide une amie qui la veut, et j'en profite pour chaparder plein de choses, il n'y a rien de mal à ça c'est clair. Mais à chaque fois que je tente d'enfermer ces pensées dans un recoin de ma tête, elles resurgissent la minute qui suit. Alors je me concentre de toutes mes forces sur le plan de ce soir, me remémorant tout ce que nous nous étions dites avec Sirrah.

On va y aller entre deux heures et trois heures du matin. Elle a fait de nombreux repérages nocturnes, et c'est à cet horaire que le plus souvent il n'y a pas de patrouilles dans les rues. C'est difficile de surveiller les gens à l'intérieur ET à l'extérieur de la maison, alors si les seconds sont absents c'est quand même plus simple.

Quand bien même je me suis embêtée à apprivoiser le molosse qui garde leur jardin, on a finalement décidé que ce n'était pas par la porte de derrière qu'on allait passer en priorité. Déjà parce que je peux pas être certaine de l'attitude du chien à mon égard lorsque je pénétrerais dans la maison : qu'il aboie quelques fois ne serait pas gênant, les patous de Drido ça leur arrive souvent la nuit, mais qu'il vienne pleurer ou gronder à la porte après son repas bien davantage. Ensuite, parce que la hauteur de la palissade est problématique si je dois s'enfuir par là : pousser des gros objets depuis le débarras jusqu'au mur serait fastidieux, et laisser mon grappin pendu au rebord très suspect si par malheur une patrouille venait par ici. Pour finir et surtout, parce que notre actuelle priorité c'est la lampe, et que cette dernière est très probablement à l'étage dans le bureau du vicaire. Plus on passe de temps à l'intérieur, plus il y a de risques qu'on se fasse prendre, donc le mieux c'est de commencer par ce qu'on est venues chercher, et ensuite de profiter des lieux pour mettre tout ce qui brille dans nos poches. En plus, selon Sirrah, le couloir menant à l'étude est voisin des chambres où dorment les habitants, et le plancher qui grince pourrait les réveiller bêtement si on passe par là.

Dans ces conditions, le chemin le plus rapide pour aller au bureau du frère Talecht, c'était encore de passer par la fenêtre. J'ai songé à utiliser mon grappin, mais c'est trop risqué - un mauvais lancer, et la partie métallique bien lourde ira percuter bien fort le volet en bois ou un morceau du toit, risquant de réveiller toute la maisonnée. C'est pour ça qu'on va adopter une autre approche : Sirrah ne fait pas de cirque, mais elle est tout comme moi particulièrement agile et habituée aux acrobaties plus ou moins périlleuses. Elle va donc me faire la courte échelle en bas du mur de pierre puis me soulever au dessus d'elle pour me rapprocher le plus possible de mon objectif, et soit je trouve des prises pour finir mon ascension, soit elle devra me propulser pour que j'arrive à m'agripper à la fenêtre. Une fois là-haut, je pourrais utiliser le couteau en métal de mon arrière grand-père pour soulever le loquet des volets en bois et les ouvrir. Je n'aurais alors plus qu'à me faufiler à l'intérieur, et me mettre à chaparder dans la joie et la bonne humeur.

Quant à Sirrah, elle devra dans un premier temps jouer les observatrices en contrebas. Je vais avoir besoin de garder les volets grands ouverts pour avoir le plus de lumière possible dans l'étude - même si je suis nyctalope, dans l'obscurité totale je ne distingue que les contours de mon environnement et risque de manquer les meilleurs butins. Si une patrouille se pointe, des volets grands ouverts risquent d'attirer l'attention - c'est à ce moment que Sirrah devra me siffler pour que je les referme pendant qu'elle ira se cacher. Elle ne servirait à rien à l'intérieur de toutes manières - elle n'a pas mes yeux, et risquerait d'être davantage un fardeau qu'un atout une fois dans le noir.

Et au pire du pire, si cela ne se passe pas comme prévu, alors on opèrera de manière plus classique : en crochetant la porte d'entrée.

Je regarde la clepsydre à côté de moi. C'est bientôt l'heure.

Je me saisis de ma dernière bouteille de Fée et Liesse - un breuvage acheté chez un apothicaire de Reikdorf qui éveille les sens - et la boit cul sec. Un frisson parcourt mon échine dans les secondes qui suivent, juste avant que la mixture ne commence à faire effet : déjà je distingue mieux les contours des maisonnées dans l'obscurité, et les objets qui m'entourent dans la tente semblent éclairés par le soleil tant j'arrive à désormais les percevoir avec exactitude. Je vérifie que mes cheveux soient bien attachés, puis me saisit à deux mains de ma patte de taupe que je pose fort contre mes lèvres pour l'embrasser. Je sens les poils séchés me chatouiller sous le nez et les griffes me gratter la joue : je me concentre très fort sur le moment, et même si je ne pense pas qu'il m'écoute, j'ai une petite pensée pour le Rôdeur avec qui je vais diner tout bientôt.

J'entend déjà les dés cliqueter, et je ne peux qu'espérer que les jets soient en ma faveur.

J'enfile ma cagoule, puis me met en route vers le manoir du vicaire.
Susi Tristepanse Bonchardon, Voie de la voleuse, rang 2.

Profil : For 7 | End 7 | Hab 14 | Cha 12 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 7 | Tir 9 | NA 1 | PV 50/50

États temporaires :
-

Compétences :
- Roublardes : Acrobaties, Contorsionnisme, Crochetage, Déplacement silencieux, Évasion, Vol à la tire,
- Intellectuelles : Acuité visuelle, Langage secret - Jargon des voleurs
- Martiales : Esquive, Résistance accrue, Résistance à la magie(2)
- Divers : Chance, Cuisine, Vision Nocturne

Équipement :
Porté :
- Bolas
- Grenades assourdissantes
- Grappin
- Outils de crochetage
- Boucle d'oreille en or
- Couteau à beurre
- Gibecière
- Lait du Moot

Équipement de voyage (pas systématiquement porté) :
- Costume de scène
- Tenue de Monte-En-l'Air
- Miroir maudit
- Stocks de tabac
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Il fait tout le temps froid dans cette ville. Il fait tout le temps froid… Comment vous faites pour vivre comme ça ? Bordel, il fait froid !
– Fallait rester à Altdorf si ça te dérangeait, mon garçon. Les montagnes ça vivifie, ça fera du bien à ton gros cul.
– Vivifie, vivifie, d’où qu’t’as appris ce mot sérieux ? Putain, mais quand est-ce qu’il va se coucher Ulric ?! C’est fou !
– Au moins on marche. On se les gèlerait plus à la tour.
– À la tour on peut se faire du feu…
– Tss-tss, calme ta joie, ‘m’fatigue assez comme ça… Bref. C’est ton tour.
– D’acc-co-d’ac. A-Ahem.
LE GUET VEILLE ! IL EST DEUX HEURES, DORMEZ, BONNES GENS, LE GUET VEILLE ! »


Le cri des deux habitants chargés de faire les rondes de ces rues de Baerenthal se réverbéra à travers toute une avenue déserte. Nuit noire, pas une âme dehors, presque toute la cité devait se lover dans les bras squelettiques de Mórr. Un léger vent souffletait, agitant le bout des petites capes fourrées des deux épouvantails bien las qui, lance contre l’épaule, rugissaient le cri de leur emploi à s’en casser la voix.
Ils passèrent devant une ruelle. L’un d’eux était un petit homme poupon et grassouillet — il avait les joues toutes rouges et le froid semblait le mettre mal à l’aise. Il s’arrêta devant la-dite ruelle, et fronça des sourcils d’un air un peu inquisiteur.

« Quoiii, encore ?
– Chh-chut. »


Il leva sa main pour faire taire son comparse.
Cinq secondes où ils sont tous les deux figés.
Le garde met la main à sa ceinture.

« Maoooooooooouuuh. »

Il la retira aussitôt.

« Pfft. C’était qu’un chat.
– T’aurais préféré autre chose ?
– Franchement, je suis pas payé alors non. On y va ?
– On y va. »

Et les deux reprenaient leur route, comme si de rien n’était. Et il n’y avait vraisemblablement plus personne d’éveillé dans le quartier.

Sirrah se décolla du linteau sous lequel elle et sa comparse Halfeline s’étaient planquées. L’Arabéenne avait entièrement changé d’apparence — au lieu de porter ses jolies robes colorées, et ses dizaines de bracelets qui sonnaient dans de petits cliquetis métalliques à chacun de ses pas, elle était habillée à la Reiklandaise ; et surtout, à la façon masculine des Reiklander. Braies bouffantes, gros manteau, avec une chape au-dessus de ses cheveux frisés ; elle avait une apparence qui se noyait bien dans le décor de l’obscurité.
En ça, elle avait une panoplie fort similaire à Susi. Toute de noire vêtue, la Halfeline avait dût retirer ses bottes pour à la place recouvrir ses pieds de grandes bandes de tissus — le meilleur moyen de ne pas alerter quelqu’un de sa présence à cause d’un pas lourd à faire craquer le plancher, ou une semelle qui couinait au pire moment par faute de la pluie. Sur son visage, elle avait une grande cagoule, un sac recousu et tout noir qui camouflait entièrement ses traits et sa physionomie, sinon sa taille. Son apparence était clairement suspecte — des gardes auraient de grandes questions à lui poser, d’être ainsi obscure comme le ciel, une nuit de couvre-feu…
…à condition, bien sûr, que les gardes puissent l’attraper.

Sirrah et Susi quittèrent leur petite cachette. Elles marchèrent rapidement, d’un trot pressé, en restant proches du côté de la chaussée défoncée par des roues de chariots à bras ; il fallait ne pas faire trop de bruit, de peur de réveiller un bon bourgeois semi-insomniaque. Mais c’est sans trop de souci, certainement pas venant de sergents fatigués et frigorifiés, qu’elles finirent bien par atteindre le manoir du vicaire de la ville.

Elles se collèrent toutes les deux au mur. Sirrah chuchota quelque chose, en désignant un tonneau de l’autre côté de la chaussée.

« Je me planquerai là. Si je vois quelque chose, t’entendras un hululement de chouette. »

Après quoi, elle frotta ses mains, vautra son dos contre la solide pierre du manoir, et se courba un peu sur ses appuis. Susi n’eut qu’à s’approcher, poser un pied sur ses mains, et voilà qu’en une impulsion très soudaine et conjointe des deux Ranaldiennes, la Halfeline s’envola en l’air.

Ce fut un jeu d’enfant. Au sens littéral d’ailleurs — escalader des vieilles ruines était un jeu d’enfant pour une acrobate Halfeline. Une façade en pierre, ce n’est jamais tout lisse. Y a toujours des fentes, des trous, un morceau de décoration planqué ça ou là sur lequel elle pouvait se tenir. Si ses petites jambes n’aidaient pas à avoir de l’amplitude, son poids plume lui offrait aisément des possibilités pour s’agripper. Et presque comme l’une de ces chèvres suicidaires qui remontait des falaises, comme elle avait pu en étudier de loin sur le Col de la Dame Grise, voilà que Susi se retrouvait en deux-temps-trois-mouvements suspendue à la fenêtre du bureau du vicaire.

Sirrah, en contrebas, s’éloigna et alla rejoindre sa planque prévue. À présent seule, Susi pouvait s’atteler à ouvrir les volets de la fenêtre.

Là, en revanche, les choses se compliquèrent un peu…

Sortant le couteau de cuisine de son arrière-grand-pépé, Susi tenta de le faire coulisser dans le petit entrebâillement des deux volets. Mais elle avait l’impression, peu importe à quel point elle le remontait, de ne le bouger que dans du vide. Il lui fallut se poser contre le rebord de fenêtre, s’agripper ailleurs, et recommencer à nouveau, pour finalement parvenir à faire ce qu’elle voulait faire. Elle avait perdu du temps et fait du boucan en tapant contre le bois, mais enfin, elle put coincer le couteau dans sa bouche, ouvrir l’un des panneaux en bois, et se glisser à l’intérieur.
Pas de barreaux aux fenêtres, pas de loquets embêtants. Talecht ne semblait pas craindre les monte-en-l’air, ici. Tant mieux pour elle…

Le bureau était une grande pièce, comme seuls les riches pouvaient se le permettre. Ça faisait la taille d’une chambre, peut-être 16m². Grâce au Feyeyès et ses propres yeux entraînés, Susi put découvrir très rapidement tout ce qu’il y avait autour d’elle.

Comme c’était un bureau, il y avait, bien sûr, un bureau. Une chaise devant, trois derrière, toutes de jolis meubles en beau bois verni, les assises doublées de velours — ça devait valoir cher, dommage qu’elle ne pouvait pas partir avec une grosse chaise au-dessus de sa tête. Sur le bureau, du matériel d’écriture — quelques feuilles de parchemin, des petits pots en terre cuite avec de l’encre dedans, des lots de plume. Un gros psautier était posé plein au milieu, un immense volume à la jolie couverture enluminée, signé d'un marteau dessiné d'une encre brillante et violacée. Sûrement son bouquin qui lui servait à dire les prières. Ce genre de volume coûte très cher, car les livres sont exceptionnellement coûteux ; mais pas sûr que Sigmar apprécie qu’on lui vole ce genre de chose…

Dans le premier tiroir, elle découvrit d’autres plumes, trois petites bourses qui semblaient être remplies de quelque chose, sûrement des pièces. Dans un second tiroir, qu’elle fit coulisser prudemment pour ne pas faire trop de bruit, d’autres feuilles de parchemin, un livre de poche plus petit, des tas de liasses de papiers sur lesquels on avait gribouillé plein de mots — peut-être des lettres ou des documents officiels en tout genre. Dans un troisième tiroir, elle trouva quelque chose d’un peu plus fabuleux — une jolie bouteille tout en verre, c’est-à-dire dans un matériau fragile et translucide. Il était rempli jusqu’à un peu plus de la moitié d’un liquide. C’était sûrement un alcool qui coûtait très cher, et qu’il faisait durer avec parcimonie quand des gens étaient invités à discuter ici.

Dans un coin, il y avait une grosse malle coffrée fermé à clé, facile à crocheter. Ce n'était sûrement pas là où il planquait sa lampe, mais il y avait probablement des choses à chiper à l’intérieur.

Au sol, un grand tapis très joli. Susi commença à le replier — pas forcément pour l’embarquer, mais parce que Sirrah avait pu faire cracher au fils de la maisonnée que c’était sous une trappe d’un parquet que le vicaire planquait son petit coffret personnel…

Une fois le-dit parquet dégagé, la Halfeline commença à passer sa main sur les planches, une à une. Assise sur ses genoux, elle tenta de suivre le tracé des lattes, afin de découvrir où il y avait un petit défaut de fabrication, un endroit où cela ne concordait pas…

Malgré la nuit noire, le Feyeyès eut un effet fort salvateur. C’est sans trop de souci, et seulement après avoir méticuleusement mais discrètement fouillé pendant dix minutes, que Ranald et la fortune décidèrent de lancer des dés en sa faveur.

Tout au bout de la pièce, devant un porte-manteau où rien n’était accroché dessus, elle vit que le parquet avait une latte plus petite que les autres. Soigneusement, très soigneusement, elle glissa le couteau d’arrière-grand-pépé dans l’interstice, et débloqua une des planches.

Elle découvrit effectivement un coffret.

C’était une sorte de toute petite boîte faite pour contenir des bijoux. Pas très grand, mais assez pour que ça ne puisse pas rentrer dans sa gibecière, tout de même. C’était une boîte en bois, mais cerclée d’argent, et recouverte de toile qui formait un point de croix élégant. La broderie était un vrai travail, qui représentait une scène épique — la bataille du Col du Feu Noir, avec plein de petits guerriers à cheval qui chargeaient des Orques. On avait décoré le tout d’une petite trentaine de perles, pour rajouter de la valeur à ce bel artisanat.

Il y avait bien quelque chose à l’intérieur. Ça se sentait au poids. Problème : le coffret était fermé à clé. Et en observant la serrure, Susi put se rendre compte que quand bien même ce coffret était tout petit, on avait payé très cher pour mettre en place une serrure de qualité.

Si elle voulait tenter de l’ouvrir ici et maintenant, ça allait mettre du temps. Ouvrir le coffret de force serait aisé, mais très bruyant. Peut-être que si elle trouvait où Talecht planquait la clé…

Retrait de 12 sous pour acheter un mini fer à cheval et encore plus de merde aux Reginars.

Feyeyès consommé — ta vision est améliorée. Vu que tu as déjà la compétence « Vision Nocturne », cela te fait un +2 direct à tes jets de perception. Nice.

Escalader la paroi : C’est assez difficile car c’est un petit peu haut et t’as pas « Escalade » (-2). Mais t’es aidée de Sirrah (+2). Jet brut d’habilité pour voir comment tu t’en sors : 7, très large réussite, c’est à la fois rapide et discret.

Jet pour ouvrir la fenêtre du bureau : 19. Cela prend un tout petit peu plus de temps que prévu.
Relance : 17. Tu y arrives au bout de deux minutes trente à galérer. Ça a peut-être fait du bruit.

Jet de fouille n°1 (Facile : +4) : 1, réussite critique. Rapide et efficace.
Jet de fouille n°2 (Difficile : -2) : 3, large réussite. Tu trouves tout ce que t’étais censée trouver dans ce bureau, sans souci.

Maintenant, il va falloir choisir de ce que tu choisis de prendre, de faire, et quand tu comptes te casser…

Note que, sur le forum, on a pas de système d’encombrement. Mais il est évident que prendre plein de merde risque de faire du bruit et te gêner. Tu as pu grimper dans la maison comme un petit singe. Si tu veux embarquer plein de merde, ça sera plus difficile d’en redescendre.

Pour l’heure, Sirrah n’a toujours pas sonné l’alarme. Tu es dans le bureau depuis 15 minutes max.

Voilà à quoi ressemble grosso-modo le coffret : https://files.dma.org/multimedia/images ... medium.jpg
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Susi Tristepanse Bonchardon
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par Susi Tristepanse Bonchardon »

Que Ranald maudisse les volets en bois pour l'éternité, cette invention du malin ! Le petit loquet métallique qui les maintenait fermés m'a opposé une résistance farouche : ça arrive souvent dans les vieilles maisons humaines. Alors qu'à la construction le mécanisme coulisse parfaitement bien, avec la pluie et l'humidité viennent les problèmes : le métal du loquet se met à rouiller et se gripper, tandis que le vernis des volets finit par tomber et le bois dessous à gonfler, tant et si bien qu'on se retrouve à devoir forcer come une brute en faisant racler le métal contre le bois à chaque ouverture ou fermeture depuis l'intérieur. Alors pour moi, à l'extérieur, en ayant pour seul outil mon petit couteau que je dois glisser dans une fente toute maigre, il a fallu que j'y mettre toute ma force et que je fasse danser mon ustensile dans tous les sens pour péniblement faire bouger le loquet de millimètre en millimètre. Heureusement, rien ne peut vaincre l'acharnement de Tristepanse ! Après de longs efforts et de vilaines douleurs musculaires dans les articulations de mes doigts, j'ai fini par faire céder le petit bout de métal à ma volonté, pour enfin me faufiler dans ce qu'il convient d'appeler "une caverne aux trésors".

C'est pas la première fois que j'opère, alors j'ai mes petites routines. Je sors mon gros sac en lin de ma gibecière, je l'ouvre en grand pour pouvoir y fourrer tout ce que je vais choisir de chaparder, et le pose entre le bureau et la fenêtre. Non pas que je sois spécialement difficile dans mes critères de choix : si ça brille, si c'est joli, ou si c'est cher, je prend ! Maintenant que je suis à l'intérieur du manoir, que je suis en train de chaparder, je suis tellement galvanisée ! C'est incroyable comme sensation : mon cœur qui bat à toute vitesse, et tous mes sens développés et à l'affut comme si j'étais devenue un animal tapi dans les ombres, veillant dans la nuit. Et le danger, le fait de savoir qu'à tout moment une patrouille pourrait me voir, que le vicaire endormi dans la pièce juste à côté pourrait m'entendre, que n'importe quoi n'importe quand pourrait dégénérer, c'est une sensation tellement enivrante ! C'est la même excitation que pendant mon spectacle, lorsque concentrée sur mon tour j'oublie la présence du public, lorsqu'il n'y a plus que moi et le parfait contrôle de mes muscles et de mon corps, lorsque j'exécute une figure complexe en sachant pertinemment que la moindre erreur de ma part pourrait signifier ma chute.

Mais je ne chute pas.

Si j'hésite une courte seconde devant le gros livre de prières enluminé, le premier butin intéressant que j'aperçois dans la pièce, je secoue la tête pour chasser mes superstitions de mon esprit. C'est juste des trucs écrits, Pépé Beauconteur il a pas besoin de livres pour se rappeler de ses histoires et il en connaît des centaines, alors le Frère Talecht il aura qu'à apprendre ses prières par cœur, voilà tout. Et puis je suis une fidèle servante du Rôdeur Nocturne, pas de l'Homme au Marteau : alors je touche mécaniquement ma patte de taupe pour avoir la protection de Ranald, et dépose le bel ouvrage dans mon sac.

Je préfère ne pas prendre les encriers - c'est un coup à ce que l'un d'eux cassent dans mon sac et que ça salope tous mes autres trésors. Par contre, même si je risque d'en abimer quelques-unes pendant le transport, je me gêne pas pour récupérer toutes les plumes que je trouve - elles sont trop jolies, et c'est pas le poids qu'elles pèsent qui vont me gêner de toutes manières. J'enfourne par ailleurs les trois petites bourses bien pleines dans ma gibecière - j'ai appris par le passé que si la situation dégénérait et que je devais courir en abandonnant du lest, c'est mieux de garder au moins un lot de consolation sur soi.

Je ne me gêne pas pour prendre le petit livre que j'ai trouvé : peut-être qu'il raconte des tas d'histoires passionnantes que Poppy pourra m'aider à déchiffrer. Papy Beauconteur sera très content si je peux lui apprendre de nouveaux récits pour sa collection c'est sur ! Je ne touche pas aux parchemins en revanche - c'est peut-être du courrier de sa famille qui est loin ou de son amante, ça serait vraiment pas gentil de lui prendre ça, surtout que j'en aurais pas l'utilité, et qu'au cirque on a largement assez de feuilles de chou pour s'essuyer les fesses.

La bouteille en verre, c'est un trésor à double tranchant - le genre qui se casse facilement et qui n'est pas très pratique à trimballer... et en même temps je suis sure que l'alcool d'un vicaire c'est délicieux et qu'Esmeralda aurait adoré qu'on se partage ça avec Sirrah, ou bien les frérots et les cousins. Tant pis pour la prudence, je me dis que ça sera trop génial de fêter la réussite de ce chapardage en me mettant une cuite avec de l'alcool de riche, alors je cherche comment l'emporter malgré tout. C'est en apercevant la grosse malle fermée que je trouve la solution à mon problème. Après quelques minutes à m'échiner à crocheter sa serrure (ce qui n'est pas évident, j'ai encore mal aux doigts de ma pénible expérience avec les volets), je découvre tout un tas de vêtements sacerdotaux colorés. Exactement ce qu'il me fallait ! J'enroule ma bouteille dans une robe en velours pour la protéger des chocs, et elle rejoint ma collection de trésors, avec une deuxième robe mise en boule. J'ai aussi pris la jolie écharpe en hermine pour la mettre dans ma gibecière : si je dois piquer des trucs qui cliquètent comme des bijoux ou des couverts, je pourrais les protéger dedans !

Bon, je me suis bien amusée, mais il est temps de se concentrer un peu et de récupérer ce que je suis venue chercher. Après une inspection méticuleuse du plancher, j'ai fini par repérer la planque que nous avait très sommairement décrite Florian. Grâce au fidèle couteau de mon arrière-grand-papy, j'ai soulevé sans difficulté la latte amovible, pour sortir de la cachette un magnifique petit coffret sublimement ornementé - et encore, l'obscurité ne lui rendait surement pas grâce. Le contenant à lui seul semblait déjà valoir tous les efforts déployés pour ce chapardage, il devait valoir une véritable petite fortune !

Je suis venue pour la lampe, je dois m'assurer qu'elle est dedans désormais. C'est pas un petit verrou qui va m'arrêter quand même, si ?

Si.

Au début j'y crois, et le cliquetis de la première goupille qui se soulève m'encourage. Mais ce n'est qu'un mirage qui me fait perdre du temps : après cinq minutes à trifouiller le vide, je n'arrive qu'à m'agacer et à perdre patience sur les suivantes. Résultats de courses, je fais un mouvement brusque idiot qui annule ma seule victoire, faisant redescendre l'unique loquet que j'avais vaincu. J'suis comme une boursemolle devant une gaupe : j'ai la motivation mais je reste impuissante.

Pas moyen, je n'y arriverais pas. Pas ici et maintenant en tout cas.

Un craquement dans le couloir. Le plancher qui grince.

Quelqu'un.

Ca explose dans ma poitrine. Est-ce que j'ai fait trop de bruits avec le coffret ? Ou c'est Florian qui a besoin de faire un pipi nocturne ? Je me cache, ou je me tire ?

La malle est encore ouverte. Les volets ne sont plus fermés. Le livre enluminé n'est plus sur le bureau. Le grand tapis qui recouvrait le sol est désormais enroulé dans un coin. J'ai même pas remis la latte en place, toute concentrée que j'étais sur mon coffret, quelle putain de sottarde, maintenant ça sent carrément le fagot pour moi ! Si quelqu'un entre ici, je suis foutue. Je peux bien me cacher sous le bureau ou dans la malle, mais l'alarme sera quand même donnée, et c'est pas sur que je trouve une échappatoire dans la confusion, au contraire. En me cachant, je risque de m'emprisonner toute seule.

Je me précipite vers la fenêtre ouverte en tâchant de ne pas faire le moindre bruit, et me saisis de mon sac d'une main pour y fourrer le coffret que je tenais encore de l'autre - putain il est un peu lourd maintenant, je pourrais pas courir longtemps avec ça. Si je dois le jeter en bas, j'espère que Sirrah aura la présence d'esprit de le prendre avant de détaler. Je reste devant les volets ouverts, la tête tournée vers la porte, tous les sens aux aguets, avec le souffle de Morr qui caresse ma nuque.

Ranald, par pitié, j'ai été une bonne fille, j'ai été une chapardeuse fidèle, j'ai pris soin de la patte de ta taupe, et avec ce que je vais dérober ici je pourrais arroser tes autels comme jamais... alors je t'en supplie, je t'en supplie, fais que cette porte reste close...

Parce que si elle s'entrouvre, je vais devoir sauter avec mon butin, et courir comme si j'avais les putains d'loups d'Ulric à mes trousses.


Jet de crochetage de malle demandé en MP (facile +4) : 17, réussi de justesse, je galère quand même 5 minutes.
Jets de crochetage du petit coffret demandés en MP (très difficile -6) : 4, 14, 10, 19, 12. Nope, 5 minutes perdues en vain.

Résumé des contenants :
Dans le gros sac en lin :
- Gros livre enluminé
- Petit livre
- Une bouteille d'alcool protégée dans une robe sacerdotale :D
- Une deuxième robe sacerdotale
- Le coffret
- Des plumes en vrac

Dans la gibecière :
- Trois petites bourses pleines
- Une écharpe en hermine.
Susi Tristepanse Bonchardon, Voie de la voleuse, rang 2.

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États temporaires :
-

Compétences :
- Roublardes : Acrobaties, Contorsionnisme, Crochetage, Déplacement silencieux, Évasion, Vol à la tire,
- Intellectuelles : Acuité visuelle, Langage secret - Jargon des voleurs
- Martiales : Esquive, Résistance accrue, Résistance à la magie(2)
- Divers : Chance, Cuisine, Vision Nocturne

Équipement :
Porté :
- Bolas
- Grenades assourdissantes
- Grappin
- Outils de crochetage
- Boucle d'oreille en or
- Couteau à beurre
- Gibecière
- Lait du Moot

Équipement de voyage (pas systématiquement porté) :
- Costume de scène
- Tenue de Monte-En-l'Air
- Miroir maudit
- Stocks de tabac
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Collée au rebord de fenêtre de la chambre, Susi ne pouvait plus entendre grand-chose d’autre que son cœur qui battait très fort. Elle en était certaine, à présent : il y avait quelqu’un juste devant la porte. À défaut de pouvoir clairement le voir, en l’absence d’ombre portée dessous, elle avait pu entendre un tout petit craquement dans le coin de son tympan. Quelqu’un attendait devant, comme un con.

Mais la porte ne s’ouvrait pas.

Que faire ? Sauter, malgré tout ? Peut-être que c’est ce qu’il attendait derrière. Peut-être que, très très discrètement, il essayait d’ouvrir la serrure de la porte de l’étude le plus furtivement possible. Est-ce que le temps jouait pour lui, ou contre lui ?

Les secondes défilaient, et elles semblaient être des minutes, tandis que la Halfeline ne pouvait que rester là, crispée.

Et alors, le parquet craqua une deuxième fois. Et des pas lourds sur le tapis se faisaient entendre. Par la sublime fortune de Ranald, l’habitant peut-être encore dans le coaltar, à moitié endormi, avait décidé de lâcher le morceau et même pas s’embêter à ouvrir la pièce pour voir ce qui s’y tramait.

Susi pouvait souffler, et juste demeurer avec ses gouttes de stress et sa poitrine toute emballée. Elle se retourna, et ses yeux distinguèrent mieux l’obscurité de la rue. Elle pouvait voir Sirrah accroupie, de l’autre-côté de la chaussée, collée à un parapet.

Elle se retourna, posa une main près de sa bouche, et elle se mit à hululer comme une chouette.


Jet d’acuité auditive de la personne derrière la porte : 7, réussite de 4.
Jet de discrétion de Susi, sur HAB (Malus : -3, précipitation) : 6, réussite de 4.


4=4. Si égalité, avantage au PJ.
C’est ultra limite.

Jet d’acuité visuelle de Sirrah (Malus : Obscurité) : 1, réussite critique.

Hoouh, houuh.

Jet d’acuité auditive de Susi : 16, échec de 8.

Tu sais que la personne derrière la porte est partie. Mais qu’il ou elle soit retourné dans sa chambre ou descendu au rez-de-chaussée, ça t’en as aucune idée.
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par Susi Tristepanse Bonchardon »

Pas de panique, pas de panique.

Qu'Esmeralda m'étouffe de ses tourtes, évidemment que je panique ! Il y avait quelqu'un, quelqu'un de réveillé, derrière cette porte, j'en mettrais ma main à couper ! Enfin, peut-être pas la main entière, on sait jamais, disons un doigt, mais plutôt l'auriculaire parce que c'est celui qui me sert le moins à part pour me curer les oreilles quand je veux aller en profondeur parce que c'est le plus petit, mais bon, je dois pouvoir vivre avec les oreilles un peu sales. Mais pas le temps pour les réflexions hygiéniques : alors que j'hésitais à mettre fin à ce cambriolage déjà fructueux en quittant les lieux par là où j'étais entrée, voilà que ma complice de crime m'envoie le signal ! Il y a du mouvement dans la rue ! Par les cornes de Taal, pourquoi personne ne dort en pleine nuit dans cette putain de cage ?

Après les jurons, l'action. Je ferme les volets en un éclair : si c'est une patrouille, il est nécessaire qu'elle ne remarque aucune irrégularité au manoir Talecht. Je ne les bloque pas néanmoins, car si je dois sortir d'ici en urgence, il faut que je puisse sauter par la fenêtre à toute vitesse sans me soucier d'un éventuel loquet. Je jette un coup d'œil à mon sac en lin désormais rempli de mes trésors, posé sur le sol à côté de la fenêtre. Ca me fait du bien de les regarder, ça calme ma montée d'angoisse, ça me fait même sourire.

Après l'action, la réflexion. Avec mon cœur qui bat la chamade, c'est pas facile de s'entendre penser, mais c'est pourtant nécessaire pour ma survie que je prenne les bonnes décisions.

Déjà, pourquoi la personne derrière la porte ne l'a pas ouverte pour vérifier la présence d'un intrus ? Il y a en vérité plusieurs possibilités. La première, c'est qu'elle a entendu un bruit, puis s'est convaincue toute seule d'avoir rêvé et que c'était donc inutile de venir vérifier. C'est pas invraisemblable, la nuit souvent on confond un peu le royaume de Morr avec celui des vivants, et on imagine des choses. La seconde, c'est que le bureau étant habituellement verrouillé, la personne n'avait tout simplement pas la clé de la porte pour l'ouvrir - j'ai bien tendu l'oreille, et je n'ai pas entendu de bruit métallique dans la serrure. La troisième bien plus effrayante, c'est qu'elle a bien eu la confirmation auditive que quelqu'un s'était introduit dans le bureau, mais ne connaissant son identité ou le nombre de ses complices présents, avait préféré éviter un affrontement direct pour plutôt aller chercher de l'aide.

Mais maintenant que j'y pense, il y a une coïncidence curieuse. A cette heure-ci selon les repérages de Sirrah, il ne devrait y avoir aucune patrouille arpentant les rues de la ville - et je sais d'expérience que la garde de nuit n'est pas du genre à faire du zèle où que ce soit dans l'Empire. Il y a donc quelqu'un de réveillé dans la rue qui vient par ici, en même temps qu'il y a quelqu'un de réveillé dans le manoir où je me trouve. Un rendez-vous nocturne ? Voilà une théorie intrigante ! Peut-être un amante ou une amante ?

Je pourrais attendre le prochain hululement qui me signalera lorsque la voie sera de nouveau dégagée. Je pourrais oui, mais attendre c'est vraiment ennuyeux. Alors que fouiner partout, et laisser trainer mes doigts comme mes oreilles dans tous les recoins, c'est bien plus rigolo. Qui sait, peut-être même que j'arriverais à trouver la clé du coffret ! Ce serait dommage de forcer sa serrure, il se revendrait beaucoup moins bien s'il est cassé...

J'ai un grand sourire sur le visage. En vrai, je sais que la seule raison pour laquelle je déverrouille la porte du bureau pour en sortir, c'est parce que je n'ai pas envie que le chapardage se termine. J'adore ce moment, j'adore mettre mon nez partout et voler des trésors, j'adore être là où je ne devrais pas être sans que personne ne le sache, en risquant tout ce que j'ai à chaque pas.

Je suis dans le couloir. Je referme tout doucement la porte désormais déverrouillée. Je tend l'oreille, écoute chaque bruit, chaque son. Je ne peux pas trop m'éloigner : il faut que je puisse me carapater par là où je suis entrée à toute vitesse si les choses tournent mal. Mais je dois pouvoir fureter un peu à cet étage avant de décamper : alors avec d'infinies précautions, je longe les murs pour ne marcher que sur les parties du sol où le plancher est le moins usé et a le moins de risques de craquer, et commence à évaluer mes possibilités.

Alors.
Je ne sais pas si certaines portes sont ouvertes, entrouvertes, fermées, ou verrouillées. Et vu que je ne sais pas qui s'est levé tout à l'heure, la prudence prévaut. Voilà à peu près le plan :
- J'écoute TOUT ce qui se passe dans la maison sans bouger, depuis le couloir. Si j'entend du bruit quelque part :
-- Si ça vient vers moi, évidemment, je retourne dans mon bureau et j'attends sagement cette fois en reverrouillant la porte :D
-- Si ça reste loin, j'écoute tout ce qu'il se passe, voire éventuellement si ça semble suspect je m'approche un peu par curiosité pour épier :mrgreen:
- Si je n'entend rien, alors je vais investiguer les chambres. Le but est de tenter de savoir qui dort ou pas. Donc Susi va :
-- Vérifier d'abord la chambre de Florian, puis celle du couple.
-- Elle tente par la vue (porte ouverte, entrouverte, ou fermée par la serrure) et par l'ouïe (contre la porte si fermée) pour entendre ronflements, respirations, etc.

Une fois tout ça effectué, on avisera si je tente une intrusion de la chambre parentale pour y trouver ma clé, des combles pour trouver des trésors inconnus, ou si je retourne dans mon bureau :D

PS : je laisse le gros sac dans le bureau, mais emporte ma gibecière
Susi Tristepanse Bonchardon, Voie de la voleuse, rang 2.

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États temporaires :
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- Roublardes : Acrobaties, Contorsionnisme, Crochetage, Déplacement silencieux, Évasion, Vol à la tire,
- Intellectuelles : Acuité visuelle, Langage secret - Jargon des voleurs
- Martiales : Esquive, Résistance accrue, Résistance à la magie(2)
- Divers : Chance, Cuisine, Vision Nocturne

Équipement :
Porté :
- Bolas
- Grenades assourdissantes
- Grappin
- Outils de crochetage
- Boucle d'oreille en or
- Couteau à beurre
- Gibecière
- Lait du Moot

Équipement de voyage (pas systématiquement porté) :
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